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Sp Ae. my peut pee 3 4 LA PENSEE CHRETIENNE Textes et Etudes SAINT Vincent de Lérins PAR Ferpinann BRUNETIJERE de V Académie francaise ay P. pe LABRIOLLE Professeur a l'Université de Fribourg PARIS - LIBRAIRIE BLOUD ET C* 4, Rug MADAME, 4 1906 Reproduction et Traduction interdites. PREFACE Habent sua fata libelli!... Sil’onvoulait produire un éloquent témoignage de la vérité du proverbe, on n’en trouverait guére de plus mémorable, que la fortune du mince opuscule qui a perpétué jusqu’é nous le nom de Vincent de Lérins. On a des raisons de croire que le livre vit le jour en 434; et ainsi l’antiquité chrétienne, — la seconde antiquité chrétienne, — l’aurait donc déja connu. Le moyen age ne I’a pas ignoré, puisqu’il nous |’a transmis, au lieu de le laisser perdre, comme il a fait tant d’autres écrits, mais il ne semble pas l’avoir tenu en grande estime; et, & ce propos, on a observé que saint Thomas n’en faisait mention nulle part. Quand voici, tout & coup, qu’au début du xvi° siecle, les éditions s’en succédent, et, avec les éditions, les traductions dans toutes les langues de la chrétienté : — 35 éditions au xvi‘ siécle et 22 tra- ductions; 23 éditions au xvi® et 12 traductions: 12 éditions au xvin’° et 12 traductions; 13 éditions VI . SAINT VINCENT DE LERINS au xIx° et 21 traductions! Bellarmin le proclame «un livre tout d’or, libellus plane aureus ». Pierre Pithou, notre Pithou, celui de la Satyre Ménippée, le met au premier rang des livres qui ont décidé son retour du protestantisme au catholicisme; il l’édite et il le commente. Quelques années s’écou- lent; et on pourrait dire sans exagération qu’il n’y a pas un livre des Péres que Bossuet invoque plus volontiers que le Commonitorium, ni plus souvent, dans sa polémique avec les protestants, ou contre Richard Simon, dans ses Avertissements, ou dans sa Défense de la Tradition et des Saints-Péres. Les protestants, de leur cété, ne s’en autorisent pas moins fréquemment que les catholiques; et jusque de nos jours, c’est du Commonitorium de Vincent de Lérins que les Anglicans, — si du moins nous encroyons le témoignage de Newman(1)—se récla- ment contre « les nouveautés » de I’Kglise de Rome. Ainsi font les « vieux catholiques », et quand Dillinger, en 1870, proteste contre la proclamation de linfaillibilité pontificale, cest au nom des régles de Vincent de Lérins! Et, & la vérité, cela 4. Voyez, dans l’Essai sur le développement (trad. Gondon) p. 18, le curieux passage o l’auteur s'efforce de prouver que si l'on peut dégager une « théologie » des principes de Vincent de Lérins, il faut que ce soit celle de l’école anglaise.

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