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Cours conforme au programme de Sciences économiques et sociales de la classe de terminale, série ES (arrêté du 30 Juillet 2002).

Cours : CHAPITRE 2 : Travail et emploi

Introduction
Nous avons vu dans le chapitre précédent d'une part que la croissance était le résultat de la combinaison
des deux facteurs de production que sont le capital et le travail, rendue de plus en plus productive par le
progrès technique, d'autre part que le progrès technique et l'accumulation du capital (c'est-à -dire
l'investissement) jouaient un rôle majeur dans la croissance. De la même manière que nous nous sommes
interrogés sur le rôle joué par le capital, nous allons maintenant nous interroger sur le rôle joué par le
travail dans la croissance économique.

Mais quand nous parlons de " travail ", ou d'emploi, de quoi parlons-nous précisément ? Dans ce
chapitre, nous allons envisager le travail dans sa dimension d'activité productive des hommes et nous
demander comment il contribue à la croissance économique. Par "l'emploi", nous désignerons l'ensemble
des tâches auxquelles sont occupés les travailleurs. L'emploi, c'est au fond la façon dont les entreprises
utilisent le travail des hommes. Cependant, nous ne pourrons pas toujours facilement séparer les
dimensions économique et sociologique du travail et de l'emploi : par exemple, quand les travailleurs
contestent un mode d'organisation du travail, cela a des conséquences directes sur la production. Autrement
dit, nous aurons parfois des regards croisés sur le travail en tant que producteur de richesses.
La croissance dépend bien sûr d'abord de la quantité de travail disponible pour produire. Mais elle dépend
aussi de la façon dont est utilisé le travail - c'est-à -dire la structure des emplois. C'est pourquoi nous
étudierons dans une première partie l'organisation du travail et son impact sur la croissance
économique . Nous avons vu dans le chapitre précédent le rôle majeur joué par le progrès technique pour
expliquer la croissance économique. Nous allons voir plus précisément ici comment il est à l'origine des
transformations des emplois et comment il accroît l'efficacité du travail. Nous étudierons donc dans une
deuxième partie les mécanismes qui relient la croissance économique, le progrès technique et
l'emploi.

1 - Organisation du travail et croissance.


Comment les hommes s'organisent-ils pour produire toujours davantage ? Ils essaient en général de
produire toujours plus efficacement : on peut produire plus en étant simplement plus nombreux, mais, dans
ce cas, la croissance de la production est strictement limitée à l'augmentation du nombre des actifs et le PIB
par habitant n'augmente pas, les individus n'étant pas plus productifs. Transformer l'organisation du
travail a donc pour objectif d'augmenter son efficacité, c'est-à -dire de faire qu'avec la même quantité de
travail, on produise plus. Tout le monde a déjà fait l'expérience que, en s'organisant, on s'acquitte plus vite
de ce que l'on a à faire (c'est vrai aussi pour le " travail " scolaire !).
Il nous faut donc d'abord identifier les différentes organisations du travail dans l'économie moderne, mais
aussi comprendre comment elles ont amélioré la productivité. Ensuite nous pourrons élucider les relations
entre l'organisation du travail et la croissance. Enfin, il sera intéressant de faire un bilan des mutations qu'a
connues le travail au fil de ses réorganisations successives.

1.1 - Quelles ont été les transformations successives de l'organisation du travail ?


Remarque : si les transformations sont "successives", car leur apparition se succède dans le temps,
cela ne signifie pas qu'un mode d'organisation disparaît quand un autre apparaît. Les deux modes
d'organisation co-existent en général, on le verra avec le fordisme et ce que certains appellent le post-
fordisme.

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Organiser le travail, c'est en fait le diviser en fonction de certains principes. Ce sont surtout ces principes qui
se transforment. Mais le principe même de la division du travail, et de la spécialisation qui va avec, est
une constante de l'organisation du travail. Nous avons montré dans le précédent chapitre l'intérêt de
cette spécialisation, nous n'y reviendrons pas ici mais c'est le point de départ incontournable de ce que nous
allons dire maintenant.
Au cours du temps, l'organisation du travail s'est transformée de manière à rendre toujours plus performante
la division du travail. Vous avez déjà vu (en SES en seconde ou en Histoire) que l'on distingue
traditionnellement trois grandes formes d'organisation du travail : le taylorisme, le fordisme et le
toyotisme. Chacune d'entre elles a apporté des solutions particulières pour améliorer les méthodes de
travail.

1.1.1 - Le taylorisme a accru l'efficacité du travail en le parcellisant et en


séparant la conception de l'exécution.
Taylor est un ingénieur américain de la fin du 19è siècle. Il observe que, dans l'industrie, ce sont les ouvriers
qualifiés qui ont une bonne partie du pouvoir car ils sont les seuls à maîtriser les gestes techniques, les
savoir-faire de leur profession. Ils en profitent pour choisir leur rythme de travail (évidemment un peu lent, du
point de vue du patron...) et, donc, freiner la croissance de la productivité. Pour résoudre ce problème et en
quelque sorte déposséder les ouvriers qualifiés de ce pouvoir, Taylor va proposer une " organisation
scientifique du travail " (O.S.T.).
• Les principes de l'OST : division horizontale et verticale du travail
La grande innovation de Taylor, c'est la division verticale du travail, c'est-à -dire que l'on sépare le
travail de conception du travail d'exécution. Les ouvriers font ce que les ingénieurs, qui ont étudié
scientifiquement le processus de production, leur disent de faire. Les ingénieurs déterminent les
façons de produire et les gestes nécessaires pour produire, attribuent à chaque tâche un temps de
réalisation (c'est le " chronométrage "). Les ouvriers n'ont plus à penser (ce qui prendrait du temps),
ils n'ont plus qu'à produire en respectant les consignes données par le " Bureau des Méthodes " (les
ingénieurs).
L'analyse par les ingénieurs du processus de fabrication permet aussi de décomposer la production
en tâches simples ce qui accroît la division horizontale du travail. De même, l'étude scientifique de
l'environnement du travailleur incite à lui laisser à portée de main, en stocks, tout ce qui lui est
nécessaire pour accomplir sa tâche (outils, petites pièces, matières premières). Le but est d'éviter
les déplacements des ouvriers, la " flânerie " et les temps morts, comme dit Taylor. On peut parler ici
de parcellisation du travail. Cette parcellisation et le chronométrage vont aussi permettre de payer
les ouvriers au rendement : le salaire sera directement lié au nombre de pièces fabriquées (" salaire
aux pièces ").
• Les conséquences pour les travailleurs : hiérarchisation des salariés et déqualification du travail
L'organisation taylorienne, parce qu'elle impose au travailleur à la fois une méthode de travail et un
temps pour l'exécuter, implique une hiérarchisation accrue dans l'entreprise. Il faut d'abord beaucoup
plus d'ingénieurs pour définir les méthodes de travail optimales dans tous les domaines d'activité de
l'entreprise. Il faut aussi et surtout des contremaîtres pour contrôler les ouvriers, vérifier qu'ils
appliquent bien les consignes des ingénieurs et respectent les cadences de travail.

Parallèlement, les ouvriers sont dépossédés de leur savoir-faire. Puisque ce sont les ingénieurs qui
déterminent les méthodes de travail, les ouvriers n'ont plus désormais qu'à exécuter les consignes.
L'entreprise a moins besoin d'ouvriers qualifiés et plus besoin d'ouvriers non qualifiés, ce qui lui
permet d'ailleurs de verser des salaires moins élevés. En ce sens, ont peut dire que le taylorisme
déqualifie le travail des ouvriers en les ravalant à des tâches d'exécution.

Ce mode d'organisation du travail transforme donc radicalement les conditions de la production. Le


fait marquant est qu'en contrôlant le travail des ouvriers, l'entreprise peut désormais agir sur

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la productivité de leur travail, et donc réaliser d'importants gains de productivité. Et puisque


ces gains ne sont plus dus à la qualification des ouvriers mais à l'organisation du travail que
l'entreprise leur a imposée, elle n'est plus obligée de les partager. Le taylorisme a ainsi été un
facteur d'augmentation rapide de la rentabilité.
On peut donc remarquer que le taylorisme n'est pas qu'économique, il a aussi des conséquences sociales
importantes. De ce point de vue, on peut ajouter que les travailleurs sont de plus en plus dépendants les uns
des autres, ce qui justifie leur concentration en un même lieu. De même, comme on ne leur reconnaît plus
aucune capacité à organiser leur activité, ils sont aussi de plus en plus dépendants de leurs supérieurs. Ce
sont donc des liens sociaux nouveaux qui se tissent en même temps que se diffuse le taylorisme.
Enfin, il faut noter que le taylorisme, en rationalisant le travail pour le rendre efficace, l'a aussi rendu moins
pénible physiquement, moins fatigant, même si cet aspect a pu être occulté par l'accélération des cadences
de travail que l'OST a par ailleurs imposée.

1.1.2 - ... Tandis que le fordisme a intensifié le travail par le travail à la chaîne et
développé la consommation de masse...
Henry Ford, propriétaire d'une des premières entreprises automobiles, va mettre en œuvre dans ses
usines d'automobiles une nouvelle forme d'organisation du travail qui porte son nom. Quels en sont les
principes ?
• Le fordisme améliore l'O.S.T. en instaurant le travail à la chaîne et la standardisation des
pièces.
Ford (ou ses ingénieurs) imagine un procédé mécanisé de convoyage (c'est-à -dire de transport) des
produits en cours de fabrication d'un ouvrier à un autre. C'est le système de la chaîne, et donc l'instauration
du travail à la chaîne. Concrètement, cela peut être un tapis roulant qui circule devant les travailleurs à une
vitesse qui leur permet de réaliser leur tâche. Les produits peuvent être accrochés en l'air à une sorte de
filin qui défile. On peut tout imaginer, mais le principe est toujours le même : le produit en cours de
fabrication défile devant le travailleur. Celui-ci n'est donc plus maître de son rythme de travail. Le
travail à la chaîne suppose que les différentes opérations de fabrication soient courtes et simples, donc le
travail est très parcellisé, comme dans le taylorisme, peut-être même plus. Le travail à la chaîne suppose
aussi que les ouvriers fassent exactement les gestes requis par le convoyeur et dans les temps imposés par
lui. On a donc encore une division verticale du travail.
Le système fordiste repose aussi sur la standardisation des pièces, c'est-à -dire que d'un véhicule à
l'autre les différentes pièces ont toutes exactement les mêmes dimensions, de manière à pouvoir être
montées sans aucun ajustage (système des pièces interchangeables). Par exemple, il faut que les trous
percés dans une carrosserie de voiture pour monter le rétroviseur aient exactement la taille de la vis que
l'ouvrier suivant va mettre dans ce trou (si le trou était trop petit, la vis n'entrerait pas et toute la chaîne serait
arrêtée). Cela permet d'économiser le temps d'ajustage des pièces qui autrefois ralentissait
considérablement le travail dans l'industrie automobile. En contrepartie, cela implique des produits eux-
mêmes standardisés : les automobiles ne sont plus les produits de luxe du début du 20ème siècle, elles
deviennent des produits plus communs, identiques d'un consommateur à l'autre.
• Mais la grande nouveauté apportée par le fordisme se situe dans la façon d'envisager la production
et ses liens avec la consommation
Les usines Ford produisant des voitures standardisées, elles ne pouvaient plus avoir pour clientèle
privilégiée les classes très aisées consommatrices de produits de luxe. Il fallait plutôt vendre aux classes
moyennes, mais cela supposait de pratiquer des prix très inférieurs. Le système fordiste va ainsi se
caractériser par un usage particulier de ses gains de productivité, privilégiant la baisse des prix pour
conquérir de nouveaux marchés. Parallèlement, Henry Ford s'est rendu célèbre en doublant le
salaire de ses ouvriers par rapport au salaire courant (" Five dollars a day "). Même si cette générosité
apparente servait surtout à retenir ses salariés éprouvés par la dureté du travail à la chaîne, Ford
savait qu'elle pouvait profiter indirectement à son entreprise : tôt ou tard, le pouvoir d'achat
distribué enrichirait sa propre clientèle, et donc permettrait l'accroissement des ventes. Ce que

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l'entreprise perdait en comprimant sa marge bénéficiaire, elle le récupérait en accroissant la quantité


vendue. Le système fordiste innove en ce sens que les conditions de la production sont pensées comme
déterminant aussi celles de la consommation. On a là la base d'une logique productive très différente de
celle du 19è siècle et qui va dominer le 20è siècle : c'est la logique de la production de masse (ou
production en grande série) qui appelle une consommation de masse.
Cette production de masse va elle-même générer ce qu'on appelle des " économies d'échelle " : les frais
fixes de l'entreprise peuvent être répartis sur une plus grande quantité de biens vendus, ce qui réduit encore
le coût de fabrication.
Le fordisme s'est répandu dans les entreprises des pays industrialisés après la seconde guerre
mondiale. L'apogée de ce système a ainsi coïncidé avec la période des "Trente glorieuses", c'est-à -
dire la plus forte et la plus longue période de croissance de l'époque industrielle. C'est pourquoi on a souvent
associé cette croissance avec cette organisation du travail en parlant de "croissance fordiste".

1.1.3 - ... Et que, plus récemment, le toyotisme a permis une réorganisation du


travail qui rend la production plus adaptable et de meilleure qualité pour suivre
l'évolution de la demande des consommateurs.
Le mot toyotisme vient de la marque automobile Toyota. Ce mode d'organisation a donc d'abord été mis
en place dans cette entreprise, puis au Japon en général. Dans un contexte de saturation progressive des
marchés à la fin des années soixante, l'entreprise Toyota comprend avant les autres que pour conquérir des
clients il faudra désormais leur proposer un plus grand choix de produit et des produits de meilleure qualité.
L'organisation du travail qui va se mettre en place dans cette entreprise va répondre à ce double objectif.
• La diversification et l'adaptabilité de la production
Dans le système fordiste qui produit en grande série, on ne peut satisfaire une demande de diversification
qu'en acceptant des stocks importants. Par exemple, si on veut pouvoir offrir le choix de la couleur de la
voiture, il faut produire beaucoup de voitures rouges, bleues, blanches, … dans la mesure où on ne sait pas
à l'avance ce que choisira le consommateur. Cela génère des stocks très importants : les couleurs les
moins choisies attendent plus longtemps avant d'être vendues, et cela coûte très cher.
Toyota a donc développé le principe du juste-à -temps : il faut produire ce que veut le
consommateur, quand il le veut. La production, et donc le travail, sont donc organisés pour répondre le
plus vite possible aux variations de la demande. Concrètement, cela signifie que l'on demande une plus
grande flexibilité aux travailleurs comme aux machines, qui doivent pouvoir " passer " d'une production à
l'autre. Les fournisseurs doivent aussi pouvoir répondre dans les temps aux besoins de l'entreprise. Par
exemple, on ne commandera les sièges à l'équipementier que lorsque l'on démarrera la production de la
voiture. Tout cela suppose une mise en réseau très délicate de toutes les étapes de la production qui
doivent réagir très rapidement les unes vis-à -vis des autres, donc un système de décision dans
l'entreprise moins centralisé et moins hiérarchisé.
• L'amélioration de la qualité
Les entreprises organisées selon le système fordiste avaient un gros problème de qualité : plus les
cadences s'accéléraient, et plus les erreurs se multipliaient, quand il ne s'agissait pas d'actions de
négligence volontaire d'ouvriers en conflit avec l'entreprise ou l'encadrement. Le système de direction très
centralisé ne permettait pas de résoudre ce problème aisément : toute initiative des exécutants étant
proscrite, il n'était pas possible de réparer les défauts sur le champ.
Le système toyotiste va surmonter cette difficulté en revenant partiellement sur la division verticale du
travail. On va redonner plus d'autonomie aux salariés en leur confiant par exemple le contrôle de la
qualité et l'initiative de réaliser les réparations ou encore les corrections ou ajustements nécessaires
dans la production. Cette évolution était rendue d'autant plus facile que le niveau de formation générale
des salariés s'était considérablement amélioré.
De même, le système toyotiste va tenter de lutter contre le désintérêt des ouvriers pour leur travail en
diversifiant leurs tâches, non pas en revenant sur la parcellisation du travail, mais en effectuant une rotation

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des ouvriers d'une tâche à l'autre. Des ouvriers plus motivés se révèleront plus efficaces et plus capables
d'initiatives profitables à l'entreprise.
Le toyotisme a été une façon de résoudre certains des problèmes que posait le fordisme. Cela ne
signifie nullement que c'est la solution miracle : d'une part, le fordisme a su trouver certaines solutions,
d'autre part, le toyotisme lui-même a rencontré des difficultés. Cela montre bien une chose que l'on ne doit
pas oublier : le capitalisme est un système dynamique qui se transforme sans cesse. Il n'y a jamais de
solution définitive ou de remède miracle. Le temps et le moment dans l'histoire sont toujours à prendre en
compte quand on essaie de comprendre comment nos sociétés fonctionnent.

1.2 - La relation entre organisation du travail et croissance.


Nous venons de voir que les différentes organisations du travail transforment profondément l'activité des
hommes dans l'entreprise, que ce soit les relations hiérarchiques, les relations entre les salariés, ou les
relations avec les clients. Mais on ne peut pas transformer les entreprises sans que cela ait des
conséquences sur l'ensemble de l'économie, et notamment sur la croissance. C'est ce que nous allons
maintenant étudier : les relations entre l'organisation du travail et son contexte économique et social. Nous
allons notamment voir comment chaque organisation du travail a été, à un moment donné, un moyen pour
relancer le processus de croissance, et que ces mêmes organisations du travail ont pu, dans un autre
contexte, être au contraire un facteur de blocage de la croissance.

1.2.1 - Le taylorisme, en générant des gains de productivité, a permis d'accroître


la rentabilité des entreprises et de favoriser l'investissement.
• Des gains de productivité affectés principalement à la hausse des profits ...
On a vu que, par la division horizontale et surtout verticale du travail, le taylorisme a permis d'accroître dans
des proportions considérables la productivité du travail. Dans l'esprit de Taylor, ces gains de productivité
devaient permettre d'accroître les profits des entreprises, mais aussi les salaires des travailleurs. En
pratique, les entreprises ont surtout utilisé ces gains de productivité pour améliorer leur rentabilité, ce qui a
contribué à faire détester le taylorisme par les ouvriers, qui en ont souvent subi les contraintes sans vraiment
en tirer avantage.
• ... Ce qui favorise l'investissement nécessaire en période d'industrialisation rapide ...
Pourquoi une telle évolution ? D'abord parce qu'aux Etats-Unis, à la fin du 19ème siècle, la législation sociale
ne permettait guère aux salariés de peser sur le partage de la valeur ajoutée. Ensuite, parce que les
entreprises avaient besoin d'accroître leur rentabilité pour financer les énormes investissements que
réclamaient l'industrialisation et le développement de l'économie américaine. Des profits élevés constituaient
à la fois une source d'autofinancement de l'investissement et un puissant moyen d'inciter les épargnants à
prêter leur argent aux entreprises.
• ... Mais peut poser un problème de débouchés quand l'investissement faiblit.
Cet usage des gains de productivité a permis une forte croissance tant que ces besoins d'investissement
étaient importants. En revanche, il a peu contribué à développer la consommation des ménages. Or, celle-ci
est aussi un moteur de la croissance, et même un moteur essentiel. On en a pris conscience
progressivement dans les périodes de dépression, et plus particulièrement pendant la Grande Dépression
des années 30 : en cherchant à comprimer les coûts de production pour restaurer la rentabilité des
entreprises mise à mal par la crise, on affaiblissait aussi la demande ce qui bloquait le redémarrage de
l'investissement.

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1.2.2 - Le fordisme a également fortement accru l'efficacité du travail, mais les


gains de productivité ont été utilisés pour développer une consommation de
masse.
• Des gains de productivité à la division du travail et à la standardisation.
En matière de division du travail, le fordisme n'est qu'un approfondissement du taylorisme. Les grandes
innovations de Ford sont le travail à la chaîne et la standardisation des pièces, encore qu'en la matière
aussi, Ford n'ait fait que systématiser des évolutions initiées avant lui. Toujours est-il que l'application des
idées de Ford a permis d'accroître la productivité du travail là encore de façon étonnante, jusqu'à la multiplier
par 10 sur certains segments de production.
• Un usage des gains de productivité plus favorables aux salariés et aux consommateurs...
Cependant, on a déjà noté plus haut que la généralisation du fordisme, dans les années 50, s'est
accompagnée d'un partage des gains de productivité plus favorable aux pouvoirs d'achat des
consommateurs, que ce soit par la baisse des prix de vente ou la hausse des salaires. Les
entreprises amélioraient leur rentabilité dans un second temps par l'accroissement des ventes et la
réalisation d'économies d'échelle. Le fordisme résolvait ainsi le problème des débouchés qui s'était révélé
si crucial pendant la grande dépression des années 30. Cette évolution du partage des gains de
productivité devait pour une part au raisonnement des chefs d'entreprise eux-mêmes, qui voyaient bien
l'avantage qu'ils en retiraient. Mais elle devait beaucoup aussi au contexte politique et social de
l'époque, avec des syndicats plus forts, des législations sociales plus favorables aux salariés et un
pouvoir politique généralement attentif à établir un partage plus équitable de la valeur ajoutée.
• ... Qui permet un " cercle vertueux " de croissance.
L'amélioration du pouvoir d'achat des salariés constituait aussi une compensation pour des conditions de
travail toujours pénibles et une perte d'autonomie totale des travailleurs, c'est ce qu'on appelle parfois le "
compromis fordiste ". Quant à la dynamique entre l'offre et la demande que ce système a instauré, elle fut
à la base de la formidable croissance des " Trente Glorieuses " et est parfois qualifiée de " cercle vertueux
de la croissance fordiste " : les gains de productivité permettent l'augmentation du pouvoir d'achat
des salariés, qui stimule la demande de biens et services ce qui accroît la production et donc à
nouveau le pouvoir d'achat des salariés.
Cependant, ces mêmes caractéristiques du fordisme qui ont assuré son succès dans les années 50-60 se
sont révélées néfastes pour la croissance quand le contexte économique et social a changé.
• Des salariés de moins en moins motivés et donc de moins en moins productifs.
D'abord, les salariés se sont de plus en plus révoltés contre les conditions de travail qui leur étaient faites.
La hausse du pouvoir d'achat n'est plus apparue suffisante pour compenser la perte d'autonomie et
la soumission à des cadences " infernales ", surtout aux yeux de travailleurs de mieux en mieux
formés, avec les progrès de la scolarisation, et issus d'une société de plus en plus individualiste. Cela
s'est traduit concrètement par des grèves, parfois violentes, et dont les mots d'ordre étaient de moins en
moins souvent salariaux : en mai 1968, en France, les slogans du genre " métro, boulot, dodo, y en a marre
" exprimaient ce ras-le-bol. Mais la contestation du fordisme passait aussi par des attitudes anti-productives
sur les lieux de travail : hausse de l'absentéisme, coulage de la production (c'est-à -dire, production de
mauvaise qualité), turn over croissant (les salariés changent souvent d'emploi, dès qu'ils en ont " assez "),
contestation des " petits chefs " (c'est-à -dire essentiellement des contremaîtres qui encadrent directement
les équipes d'ouvriers). Résultat : un ralentissement de la croissance de la productivité qui va à
l'encontre des principes mêmes du fordisme. Où l'on voit que des considérations sociales peuvent avoir
des répercussions économiques directes !
• L'incapacité du fordisme à assurer qualité et diversité de la production.
Par ailleurs, le fordisme s'est paradoxalement révélé inadapté à la société de consommation qu'il a contribué
à instaurer. Au début des Trente Glorieuses, les consommateurs cherchaient avant tout à acquérir les biens
de consommation nouveaux : une première voiture, un premier téléviseur ou un premier frigidaire. Mais au

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fur et à mesure que les besoins se sont progressivement saturés, leur exigence s'est déplacée vers
la qualité et la diversité, ce que le fordisme était incapable de fournir, d'une part à cause de son
principe de standardisation maximale des pièces et d'autre part à cause des problèmes de motivation des
salariés que l'on vient d'exposer.
A ce moment, le fordisme, qui avait si bien contribué à la croissance économique depuis la fin de la seconde
guerre mondiale, est devenu un obstacle à la poursuite de la croissance. Son inadaptation à l'économie et à
la société nouvelles ouvrait la porte à l'apparition de nouvelles organisations du travail.

1.2.3 - Le toyotisme trouve de nouvelles sources de gains de productivité et


stimule la consommation par la diversification et l'innovation.
Le toyotisme était d'abord un moyen de répondre aux problèmes rencontrés par le fordisme. Comment cette
organisation du travail a-t-elle contribué à la croissance ?
• De nouvelles sources de gains de productivité.
Taïchi Ohno, le " concepteur " du toyotisme, avait compris avant les autres que, pour améliorer la
productivité à la fin des années soixante, il ne fallait pas accélérer les cadences des chaînes de
montage ou approfondir encore la division du travail, bien au contraire. La source des gains de
productivité se trouvait dans l'amélioration de la qualité des produits. En effet, les défauts des
produits coûtaient fort cher à l'entreprise : soit il fallait les corriger en bout de chaîne, ce qui
consommait du travail supplémentaire, soit on n'arrivait pas à les vendre (gonflement des stocks), et
tout se passait alors comme si les travailleurs n'avaient rien produit ! En retrouvant le chemin de la
qualité, le toyotisme a augmenté la productivité des ouvriers en économisant le temps de
travail dévolu à la réparation des défaut ou à la production de biens invendables.
• La diversification de la production stimule la consommation.
Le principe de la production " juste-à -temps ", en réduisant les stocks, et l'autonomisation des
travailleurs, en réduisant les coûts d'organisation et de contrôle, ont permis d'offrir aux
consommateurs une gamme de biens très diversifiée, sans que cette diversification se traduise
par une dégradation de la rentabilité de l'entreprise ou une hausse des prix qui aurait découragé la
demande. L'offre de biens de qualité et différenciés a stimulé la consommation, ce qui a
incontestablement pu être un facteur de croissance économique.
Dans les années 70, le Japon, pays du toyotisme, ne semblait pas connaître la crise que
traversaient les pays occidentaux dont les entreprises avaient toutes été organisées selon le
système fordiste.
• Un système qui permet des innovations de produits permanentes.
Dans le système toyotiste, la recherche de la qualité ne consiste pas seulement à bien produire un
objet aux caractéristiques définies une fois pour toutes. Il s'agit de chercher en permanence à
améliorer le produit, à trouver constamment le moyen de mieux satisfaire ou séduire le
consommateur. De ce point de vue, le toyotisme repose sur un principe d'innovation de produit
permanente (principe du " Kaïzen "), et ces innovations de produits sont de nature à stimuler la
consommation, on l'a vu au chapitre précédent. Au passage, on découvre là un autre aspect positif
de l'autonomisation et de la motivation des salariés : c'est aussi pour l'entreprise une façon de
mobiliser leur savoir-faire et leur imagination dans la recherche d'innovations.
Est-ce à dire que le toyotisme est l'organisation du travail idéale ? Non, sans doute. En effet, on peut
relever deux difficultés essentielles qui se font jour en ce début de 21ème siècle :
• Une flexibilité du travail qui peut peser sur la consommation.
Le principe de l'innovation et de l'adaptation permanente à la demande impose une grande flexibilité
des facteurs de production et notamment du travail. On peut craindre que la généralisation de
cette flexibilité, si elle prend comme forme le chômage et la précarité, ne se traduise par une
insécurité croissante pour les salariés, surtout dans un contexte de chômage persistant.
Cette insécurité peut à son tour freiner la consommation, soit que les salariés épargnent par

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peur de l'avenir, soit qu'ils ne puissent accéder à l'emprunt faute de pouvoir garantir raisonnablement
leurs revenus futurs.
• Un mode de production écologiquement discutable.
Les interrogations sur la croissance que l'on a abordées au premier chapitre sont de nature à nourrir
une contestation du toyotisme. D'abord parce que le système d'innovation permanente et de
stimulation de la consommation nous amène à renouveler très fréquemment nos biens, ce qui
augmente nos besoins en matières premières et en énergie. Or, on a bien vu que celles-ci n'étaient
pas des ressources inépuisables. Par ailleurs, le système du juste-à -temps, s'il réduit les
stocks, augmentent les flux de transport, notamment routiers : il faut apporter à l'entreprise ce
dont elle a besoin exactement quand elle en a besoin (on dit parfois que dans le système toyotiste,
les stocks n'ont pas disparu, mais se trouvent dans les camions !). Là encore, cette consommation
énergétique n'est pas soutenable à long terme.

1.2.4 - Le développement de nouveaux secteurs et la mondialisation remettent au


goût du jour d'anciennes organisations du travail comme le taylorisme.
On a vu que, dans l'industrie, les organisations du travail se sont succédées chronologiquement, chacune
solutionnant les problèmes rencontrés par la précédente. Cela ne signifie cependant pas que les
organisations du travail les plus anciennes disparaissent, et ce pour plusieurs raisons.
• La diffusion du taylorisme dans les services.
Le développement du tertiaire (voir la deuxième section de ce chapitre) conduit les entreprises de ce
secteur à chercher à faire des gains de productivité importants pour répondre à une demande
croissante. De plus, elles doivent utiliser la main d'oeuvre " rejetée " par les autres secteurs, main
d'oeuvre qui, du fait de sa reconversion, n'a pas toujours des qualifications adaptées au travail
tertiaire. D'ailleurs, pour séduire les consommateurs par la baisse des prix, ces entreprises ont aussi
intérêt à utiliser une main d'oeuvre peu qualifiée. C'est pourquoi on voit le taylorisme se
développer dans les services où il permet, comme naguère dans l'industrie, de faire des
gains de productivité en utilisant une main d'oeuvre non qualifiée. La restauration rapide est un
exemple de taylorisation des services : les gestes de production d'une pizza ou d'un hamburger sont
prévus à l'avance, standardisés, répétitifs et chronométrés, de façon à pouvoir être accomplis par
n'importe qui au moindre coût, à l'inverse d'un grand restaurant où c'est la qualification et la
compétence du cuisinier qui assurent la réussite du produit final.
• Fordisme et taylorisme dans les pays en voie de développement.
Par ailleurs, la mondialisation conduit les entreprises à délocaliser certaines de leurs productions
dans les pays en voie de développement où la main d'oeuvre est meilleur marché, mais aussi moins
qualifiée (voir le chapitre 6). Il est alors utile, dans ces pays, d'organiser le travail sur un mode
tayloriste ou fordiste. Les procédures de production sont pensées une fois pour toute dans les pays
développés et " transportées " dans les pays à bas coût de main d'oeuvre où l'on ne demande pas
aux travailleurs d'innover.
• Mondialisation et partage des gains de productivité.
Enfin, l'internationalisation des firmes fait que, de plus en plus, les consommateurs et les
producteurs ne sont pas situés dans les mêmes pays, ni même dans les mêmes aires
géographiques.Dès lors, il est difficile pour l'entreprise de considérer que les salaires qu'elle
verse vont, même indirectement, alimenter la demande de ses clients. Certains ont vu alors la
base d'une rupture du " cercle vertueux de la croissance fordiste " et le retour à une vision
plus classique du partage de la valeur ajoutée.

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2 - Croissance, progrès technique et emploi.


La représentation la plus répandue du progrès technique, c'est la mécanisation du travail, le remplacement
des hommes par les machines. On pense bien sûr aux chaînes de montages robotisées dans l'industrie
automobile, ou encore aux guichets automatiques des banques. Mais nous avons vu dans le chapitre
précédent que le progrès technique pouvait également agir sur la croissance économique, et donc faire
varier les besoins en travail des entreprises. Plus généralement, le progrès technique transforme le
travail , et ce sont ces transformations que nous étudierons d'abord.
Mais pour que ces transformations puissent se faire, il faut que les travailleurs, en fonction des besoins de
l'économie, puissent facilement changer d'emploi, passer rapidement d'un poste à l'autre, d'une entreprise à
l'autre, ou d'un secteur à l'autre. Cette capacité de l'économie à redéployer continûment sa force de travail,
c'est ce que l'économiste appelle la flexibilité . Nous l'étudierons dans notre dernier paragraphe.

2.1 - Gains de productivité, croissance et volume d'emploi.


Comment le progrès technique et la croissance qu'il engendre agissent-ils sur le volume de l'emploi ?
Nous allons d'abord montrer que fondamentalement, les gains de productivité que permet le progrès
technique permettent de générer des emplois nouveaux. Pourtant, le chômage existe et nous nous
demanderons ensuite si l'on peut établir des liens entre ce chômage que nous connaissons et le progrès
technique.

2.1.1 - Le progrès technique engendre des gains de productivité qui sont source
de richesses nouvelles et permettent de créer des emplois nouveaux.
Le progrès technique a pour objectif explicite d'économiser du travail dans la fabrication d'un bien ou d'un
service. Autrement dit, pour fabriquer le même bien, on utilisera moins de travail qu'avant l'introduction du
progrès technique. On voit donc très clairement que le progrès technique diminue la quantité de travail
par unité fabriquée. Mais affirmer cela ne nous dit rien sur l'évolution de l'emploi qui résulte de l'introduction
du progrès technique. En effet, cette évolution va dépendre d'une part de ce que fait l'entreprise qui innove
des gains de productivité réalisés, d'autre part des effets induits par la décision de l'entreprise sur le reste de
l'économie, effets que l'on peut qualifier d'effets de propagation.
Fondamentalement, les gains de productivité, parce qu'ils permettent d'économiser du travail par
unité produite, sont créateurs de richesses et rendent possible la création de nouveaux emplois . En
effet, en abaissant le coût de production, les gains de productivité permettent la baisse des prix et
l'augmentation des salaires réels. On observe donc une extension des marchés et, pour répondre à
l'augmentation de la demande, les entreprises seront amenées à créer des emplois et à augmenter
leur stock de capital productif, ce qui permettra de réaliser de nouveaux gains de productivité. La boucle
est alors bouclée et le processus peut se poursuivre.
En fonction de l'utilisation qui est faite des gains de productivité , l'extension des marchés obtenue grâce
au progrès technique ne sera pas exactement la même et les effets sur l'emploi non plus :
Vous pouvez vous reporter au chapitre précédent pour revoir ces différents usages.
• Si les gains de productivité sont utilisés à diminuer le prix de vente.
• La baisse de prix va permettre aux consommateurs de bénéficier d'une augmentation de
leur pouvoir d'achat . Ils vont pouvoir exercer leur liberté de choix : consommer davantage
de ce produit dont le prix baisse (il faudra donc fabriquer davantage de ce produit), ne pas le
faire et augmenter leur consommation d'autres biens et services (et alors, il faudra
augmenter la production de ces biens et services), ne pas le faire et augmenter leur épargne
(donc pas d'effet immédiat sur la production). Les choix qu'ils vont faire vont constituer des
signaux pour les autres acteurs de l'économie. C'est bien le rôle des prix dans une économie
de marché (revoyez le programme de Première !). La baisse de prix va aussi se diffuser
dans les autres branches de l'économie dans la mesure où le produit dont le prix baisse

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grâce au progrès technique est utilisé par les autres entreprises pour leur propre production.
• Prenons l'exemple des imprimantes pour l'informatique. Leur prix a considérablement
diminué, en même temps que leur qualité technique s'est beaucoup améliorée. Quelles sont
les conséquences de cette baisse des prix ? D'une part, les ménages, qui font des
imprimantes un usage privé, dépensent moins pour l'achat de leur imprimante, ce qui est un
élément de la décision d'achat, et on sait que la baisse des prix a considérablement dopé les
ventes (et si on vend plus, on produit plus, donc il faut plus d'emplois si la hausse de la
demande est plus rapide que celle de la productivité). D'autre part, les entreprises qui
utilisent leur imprimante dans un but professionnel, intègrent son coût dans l'ensemble des
coûts de production. La baisse du prix de l'imprimante va donc diminuer le coût de
production, ce qui permettra une baisse en retour du prix de vente du produit fabriqué par
l'entreprise. Cette baisse du prix va donc, elle aussi, engendrer une extension du marché, et
ainsi de suite. On peut même penser à un autre effet, indirect, mais tout à fait réel : si les
ménages font désormais leur courrier sur ordinateur et l'imprime grâce à l'imprimante parce
qu'ils ont pu s'équiper du fait de la formidable baisse des prix, la demande de papier se
transforme : on vend moins de blocs de papier à lettre petit format et plus de paquets de
500 feuilles pour imprimante et l'industrie papetière doit reconvertir sa production ! Il y aura
forcément des effets sur l'emploi dans toutes ces transformations. La baisse de prix induite
par les gains de productivité contribue donc à l'accroissement de la taille des
marchés, en même temps qu'à la transformation de la demande . Ce faisant, elle a
donc un effet positif sur le volume de l'emploi (il faut embaucher pour répondre à la
demande supplémentaire).
• Si les gains de productivité sont utilisés à augmenter les salaires.
Dans ce cas, le pouvoir d'achat des salaires augmente, pour les salariés qui travaillent dans
l'entreprise réalisant les gains de productivité. Ces salariés peuvent donc augmenter leur demande
et on retrouve l'extension des marchés dont on a parlé plus haut, avec ses effets positifs sur l'emploi.
Les effets de la hausse de la demande seront plus localisés et globalement probablement moins
importants que ceux résultant de la baisse des prix.
• Si les gains de productivité sont utilisés à augmenter les profits.
Dans ce cas, les capacités de financement de l'investissement vont sans doute s'accroître, ce qui
aura un double effet : d'une part, les investissements seront moins coûteux, donc les coûts de
production baisseront un peu, ce qui peut avoir des effets sur les prix (et on revient au premier
point), d'autre part, si les investissements sont des achats de machines, par exemple, ils contribuent
à l'extension des marchés quand ils augmentent, enfin et surtout, les investissements vont
permettre la mise en Suvre de nouvelles innovations qui vont contribuer à augmenter la productivité.
Le risque est que les capacités de production s'accroissent sans que la demande n'augmente
suffisamment. L'augmentation des profits ne débouche donc pas automatiquement sur une
extension des marchés , et les effets sur l'emploi risquent d'être limités.
• Si les gains de productivité sont utilisés entièrement à diminuer la durée du travail.
On parle ici d'une diminution de la durée du travail sans diminution des salaires. Il n'y a pas alors
d'effet sur les prix ou le pouvoir d'achat. Ce qui s'améliore, c'est la qualité de vie des salariés. Les
effets économiques, en particulier ceux sur l'emploi, risquent d'être limités. En effet, les salariés
disposant de plus de temps libre, on pourrait penser qu'ils vont consommer davantage de certains
services, liés par exemple au tourisme. Mais les salariés ne disposant pas de davantage de revenus,
la hausse de la consommation est peu probable et, en tous cas, limitée. On peut même penser à
des effets négatifs sur certains emplois : par exemple, si le temps de travail diminue, les jeunes
enfants peuvent être confiés moins longtemps à leurs nounous, ce qui diminue l'emploi de celles-ci.
Globalement, il est donc probable que la diminution de la durée du travail issue des gains de
productivité n'a pas d'effet direct sur l'emploi. Evidemment, si l'on diminue sensiblement le temps de
travail sans que la productivité n'augmente, il faudra bien augmenter l'emploi si l'on veut continuer à
fabriquer les mêmes quantités. Notons qu'entre 1950 et 1980, en France, la durée du travail a
considérablement diminué (pas seulement sur la semaine, mais surtout sur la vie) sans
empêcher la forte hausse des salaires réels : cela s'explique par les très forts gains de

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productivité réalisés sur cette période qui ont permis à la fois d'augmenter les salaires et de
diminuer le temps de travail.
Ces raisonnements sont évidemment théoriques. Dans la réalité, les choses ne sont jamais si simples.
Mais ils montrent clairement que le progrès technique, en lui-même, n'est pas destructeur, globalement,
d'emplois : même s'il en détruit certains, c'est pour en créer d'autres (et davantage) ailleurs. L'élément
essentiel est l'extension des marchés qui repose sur l'augmentation de la demande : le progrès
technique crée des emplois dans la mesure où il permet d'accroître les quantités produites et
vendues . Et on a vu que toutes les utilisations des gains de productivité ne sont pas équivalentes du point
de vue des effets sur l'emploi. Concrètement, dans un pays donné, à un moment donné, les effets du
progrès technique sur l'emploi vont dépendre de la façon dont les gains de productivité sont utilisés et du
poids respectif de chacun de ces usages. Mais ces effets dépendent aussi des conditions qui règnent sur les
marchés, marché des biens et services et marché du travail. Au total, du chômage peut donc apparaître .

2.1.2 - Les conditions de mise en oeuvre du progrès technique peuvent expliquer


l'apparition du chômage.
Nous avons vu plus haut que le progrès technique, s'il détruit des emplois, peut aussi bien en créer, et
que ce processus de création-destruction se traduisait par une transformation de la composition de l'emploi,
c'est-à -dire du type d'emplois offerts. Il n'y a donc pas de raison a priori pour le progrès technique soit
globalement une cause de chômage (même s'il en supprime souvent localement). Cependant, nous
savons bien qu' il y a du chômage et nombreux sont ceux qui l'attribuent, au moins pour partie, au progrès
technique. Peut-être que, parfois, les mécanismes de création et de transformation de l'emploi fonctionnent
mal. Dans quel cas cela peut-il se produire ?
• D'abord, l'absence de concurrence (ou une concurrence imparfaite) peut empêcher la baisse des
prix, et donc limiter les gains de pouvoir d'achat.
Si une entreprise est en situation de monopole (ou si plusieurs entreprises forment un oligopole), elle
a le pouvoir de fixer les prix comme elle l'entend, et donc peut ne pas répercuter les gains de
productivité sur les prix pour accroître ses bénéfices. Dans ce cas, la demande ne sera pas stimulée
et il risque de ne pas y avoir de croissance pour compenser les effets négatifs du progrès technique.
Ce cas est important parce que souvent, l'entreprise qui innove se trouve de ce fait en situation de
monopole : elle est la seule à maîtriser le nouveau procédé ou à proposé le nouveau produit. C'est
alors à l'Etat d'intervenir par des lois favorisant une certaine concurrence pour éviter les abus.
• Ensuite, les gains de pouvoir d'achat peuvent ne pas se traduire par une augmentation de la
demande.
Les gains de productivité peuvent être utilisés pour augmenter les salaires ou les profits, ce qui
permet de relancer la consommation ou l'investissement. Cependant, on a vu au chapitre précédent
que la hausse de la rentabilité n'était pas une condition suffisante pour faire redémarrer
l'investissement : il faut encore qu'existe un surcroît de demande et que les taux d'intérêt ne soient
pas trop élevés. La politique économique peut ici s'avérer cruciale en créant de la monnaie ou en
soutenant la demande par le déficit public. De même, l'augmentation des salaires ne se traduit pas
toujours par une hausse de la consommation : les salariés peuvent épargner leur surplus de pouvoir
d'achat, notamment si leurs besoins sont saturés ou s'ils craignent pour l'avenir. D'où l'importance
des innovations de produits qui suscitent de nouveaux besoins et de la politique économique qui
peut stimuler la demande.
• Enfin, les emplois créés peuvent ne pas correspondre aux qualifications des travailleurs.
Par exemple, si le progrès technique a pour résultat que les presse-purée manuels sont remplacés
par des presse-purée électriques (ou par de la purée en flocons !), les travailleurs des entreprises
qui les fabriquaient seront licenciés et les entreprises fermées. Ces travailleurs pourraient trouver un
emploi dans les entreprises qui embauchent, mais souvent ils n'ont pas la qualification nécessaire (le
progrès technique crée aussi de nouveaux métiers !) et n'habitent pas là où les emplois sont créés.
Il y a donc, au moins momentanément, un chômage en hausse. On parle dans ce cas volontiers de
"chômage technologique", et c'est ce type de chômage qui explique l'insistance des gouvernements

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sur le rôle de la formation dans la lutte contre le chômage.


On le voit, le chômage dépend moins du progrès technique lui-même que de ses conditions
d'applications. Et celles-ci appellent souvent des politiques économiques et sociales appropriées. Le
chômage n'est donc pas une fatalité.

2.2 - Progrès technique, croissance et transformation des emplois


Mais le progrès technique n'a pas que des effets sur le volume des emplois, il contribue aussi à
transformer la nature des emplois : d'une part, on observe une mutation sectorielle de l'emploi, d'autre part, il
modifie les qualifications requises des travailleurs.

2.2.1 - Le progrès technique, parce qu'il est inégal, déplace la main d'oeuvre des
secteurs primaire et secondaire vers le secteur tertiaire.
Le progrès technique ne se fait pas dans tous les secteurs au même rythme, autrement dit, les gains de
productivité sont variables selon les secteurs de l'activité économique. De la même manière, la demande
n'augmente pas aussi vite pour tous les biens et services. Cela a des conséquences directes sur la
structure de l'emploi par secteur d'activité , conséquences que nous allons expliquer en comparant le
rythme de croissance des gains de productivité avec celui de la demande dans chaque secteur.
Titre : Répartition de l'emploi par secteur d'activité en France (en % de la population active occupée)

1949 1968 1990 1997 2001

Secteur primaire 30 16 6 4 4

Secteur secondaire 33 37 29 25 23

Secteur tertiaire 37 47 65 71 73

Source : Jean-Pierre DELAS, Economie contemporaine, Ellipses, 2001 et T.E.F.2002-2003 pour l'année
2001.
• Dans le secteur primaire, la demande augmente peu alors que les gains de productivité sont très
forts, donc l'emploi se réduit.
La demande a une assez faible élasticité, que ce soit par rapport au revenu ou par rapport aux prix.
Cela signifie que même si les prix des produits agricoles baissent ou si notre revenu augmente, nous
ne consommons pas beaucoup plus de produits agricoles, et cela parce que nous mangeons en
général à notre faim depuis longtemps et parce que les produits du secteur primaire sont de moins
en moins utilisés dans l'industrie. Pourtant, dans l'agriculture, la productivité a augmenté très
rapidement depuis le milieu du 20ème siècle. Le résultat logique, c'est que l'agriculture s'est
retrouvée avec trop de bras, il a fallu que les agriculteurs, et encore plus les fils d'agriculteurs,
quittent les campagnes. Le nombre d'emplois dans l'agriculture a chuté et sa part dans la population
active n'atteint même pas 3% aujourd'hui en France.
• Dans l'industrie, la productivité a beaucoup augmenté, mais, jusqu'à la fin des années 60, la
demande a elle aussi beaucoup augmenté.
De 1945 à 1975, c'était la période d'équipement des ménages en voiture, en électro-ménager, etc.
Résultat : l'emploi dans le secteur secondaire a continué de se développer jusqu'à la fin des années
60.Depuis, la demande a progressé moins vite (on a surtout une demande de remplacement pour
les produits " habituels ", avec une demande augmentant rapidement pour les produits nouveaux,
comme cela a été le cas des magnétoscopes, par exemple) alors que la productivité a continué
d'augmenter rapidement. La part du secteur secondaire dans l'emploi s'est alors mise à diminuer.

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Aujourd'hui, si l'on inclut le bâtiment dans le secteur secondaire, celui-ci représente environ le quart
de la population active en France.
• Dans le tertiaire, c'est-à -dire les activités de services, les gains de productivité ont été faibles tandis
que la demande s'est accrue fortement, donc l'emploi s'est développé.
• Pendant très longtemps la croissance de la productivité a été lente dans les services car il
était difficile de mécaniser ou d'y automatiser la production. Par exemple, une fois inventée
la machine à écrire (ce qui est déjà assez ancien), la secrétaire n'arrivait pas à augmenter
beaucoup sa production de lettres ; s'il y avait plus de lettres à taper, il fallait forcément
embaucher une autre secrétaire. Par contre, la demande de services est très élastique ,
c'est-à -dire qu'elle augmente rapidement quand les revenus augmentent ( lois d'Engel ).
Les revenus ont augmenté rapidement dans les années 60 et 70, la consommation de
services aussi et le tertiaire a massivement embauché puisque la productivité n'augmentait
que doucement. A. Sauvy a parlé de " déversement " pour désigner ce phénomène de
gonflement du tertiaire qui créait des emplois compensant ceux qui étaient supprimés
ailleurs. Ainsi la santé, l'éducation, les loisirs ont massivement créé des emplois.
• Aujourd'hui, les choses sont moins simples. D'abord parce que le progrès technique
concerne maintenant beaucoup plus les services, au moins certains, qu'avant. La
productivité a donc beaucoup augmenté dans les services reposant sur la production
d'informations et la communication, comme les banques ou les assurances, grâce à
l'informatique. Les créations d'emplois dans ces branches se sont beaucoup ralenties ,
voire se sont arrêtées. D'autre part, depuis 20 ans, les revenus ont relativement peu
augmenté et donc la demande de services, toujours en croissance, augmente moins
qu'avant. Les services bien que créant globalement des emplois ne peuvent plus absorber
tous les emplois supprimés ailleurs. Aujourd'hui, en France, le secteur tertiaire représente
environ 70% de la population active.
Les transformations structurelles de l'emploi à long terme sont très importantes et directement liées au
rythme différentiel que connaît le progrès technique dans les différents secteurs. Mais elles dépendent tout
autant du rythme de progression de la demande, lui aussi très variable selon les branches. C'est donc en
comparant les deux évolutions qu'on arrive à comprendre les transformations structurelles de
l'emploi par secteur.
Soulignons que la structure des emplois par branche ou par secteur n'est pas le résultat de la volonté
des uns ou des autres : ce n'est pas parce que le métier d'agriculteur est trop dur que plus personne ne
veut être agriculteur, mais parce que pour produire une quantité en croissance assez lente, il y a moins
besoin de personnes du fait de la forte hausse de la productivité agricole. Ce n'est pas parce que les
femmes ont envie de travailler dans les services que les emplois dans les services se développent. C'est
parce que la demande de services augmente rapidement alors que la productivité augmente nettement
moins vite. Comme les emplois dans les services sont plus nombreux justement au moment où des femmes
bien plus nombreuses souhaitent exercer une activité professionnelle rémunérée, les femmes vont
massivement travailler dans les services. Il faut veiller à ne pas renverser les causalités !

2.2.2 - Le progrès technique, à long terme, se traduit par le développement du


travail qualifié et la mécanisation du travail non qualifié.
La question est ici de savoir si le progrès technique contribue à une déqualification de la main
d'oeuvre ou pas . Certains le soutiennent et cela mérite examen.
• La substitution du capital au travail a en général pour effet de supprimer des emplois non qualifiés.
Ainsi, les salariés agricoles ont-ils quasiment disparu de la structure socio-professionnelle de la
France. De même, la C.S.P. des ouvriers non qualifiés a vu son nombre diminuer fortement depuis le
milieu des années 1970. Dans ce cas, la machine remplace l'homme et si les effets sociaux liés au
chômage posent de réels problèmes individuels, on n'a parfois pas à regretter les emplois supprimés
: quand les robots remplacent les hommes dans la peinture des carrosseries des voitures, c'est
beaucoup de maladies graves évitées. Cependant, on peut observer que globalement, le nombre

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d'emplois pas ou peu qualifiés n'a pas diminué en France depuis 1960 : si l'on ajoute les
effectifs des employés à ceux des ouvriers, on a une part remarquablement stable dans la
population active (un peu moins de 60% de la population active). On a donc plutôt qu'une
diminution du nombre des emplois non qualifiés un transfert vers les services , et donc vers la
catégorie des employés.
• On observe parallèlement un développement des catégories socio-professionnelles qualifiées
(professions intermédiaires et cadres et professions intellectuelles supérieures), en nombre et en
part dans la population active.
Comment peut-on avoir à la fois une quasi stabilité de la part des C.S.P. peu qualifiées et une
hausse de la part des C.S.P. qualifiées dans un total qui, évidemment, fait toujours 100% ? Cela
s'explique par le fait qu'il s'agit dans les deux cas de C.S.P. salariées. Or il existe aussi des C.S.P.
non salariées (agriculteurs exploitants et commerçants, artisans, chefs d'entreprise) dont la part
dans les effectifs a, elle, fortement diminué depuis 50 ans. L'accroissement de la part des C.S.P.
qualifiées dans la population active accompagne le développement du progrès technique en
rendant possible sa mise en oeuvre .
Il est donc difficile de soutenir que le progrès technique déqualifie le travail puisque la part des
emplois qualifiés a augmenté dans la population active. Mais on ne peut pas dire non plus qu'il le
qualifie : la proportion d'emplois non qualifiés reste stable, même si on en trouve davantage aujourd'hui
dans le tertiaire que dans le secondaire. Nous n'avons pas non plus parlé du coût humain qu'impliquent
parfois ces transformations : il n'est pas facile à un individu de changer de secteur d'activité et/ou de
qualification quand son emploi est touché par le progrès technique. Nous y reviendrons dans la suite du
programme.

2.3 - La flexibilité du travail.


Nous venons de voir que le progrès technique oblige les travailleurs à changer d'entreprise, de secteur
d'activité, de niveau de qualification, et même de métier. Pareillement, les entreprises, en fonction des gains
de productivité et des variations de la demande, voient leurs besoins en main d'oeuvre changer. Ainsi, la
nature et le volume du travail offert par les entreprises a besoin de s'adapter au contexte. La capacité de
l'entreprise à adapter sa main d'oeuvre à ses besoins, c'est ce qu'on appelle la flexibilité du travail .
Cette notion est aujourd'hui très importante parce que les entreprises, évoluant dans un monde de plus en
plus changeant, réclament de plus en plus de flexibilité.
Pour bien la comprendre, il faut d'abord en repérer les différentes formes, et ensuite analyser ses effets
positifs et négatifs.

2.3.1 - La flexibilité du travail peut prendre des formes multiples, mais qui visent
toujours à adapter le travail aux besoins des entreprises.
Les entreprises vont chercher à organiser le travail de manière à pouvoir répondre aux exigences de la
croissance économique. Pour cela, elles peuvent d'abord faire varier la quantité de travail qu'elles utilisent
en fonction de leurs besoins, c'est ce qu'on appelle la flexibilité quantitative , tandis que la flexibilité
qualitative consiste à faire varier les tâches accomplies par les travailleurs. Cette flexibilité peut être
obtenue en recourant à des services extérieurs à l'entreprise (marché du travail ou sous-traitance), on parle
alors de flexibilité externe . La flexibilité interne , elle, est obtenue par un assouplissement des règles de
l'organisation du travail dans l'entreprise.
• On parle de flexibilité quantitative externe quand l'entreprise fait varier le volume de sa main
d'oeuvre en recourant au marché du travail. A court terme, face à une variation de son activité,
par exemple une chocolaterie avant Noël, une entreprise peut embaucher en Contrat à Durée
Déterminée (CDD) ou recourir à des intérimaires. Ainsi, quand l'activité reviendra à son niveau
normal, l'entre prise n'aura pas à licencier, puisque ces embauches auront été prévues pour la durée
de la suractivité. CDD et intérim permettent donc à l'entreprise de faire varier le nombre de ses
salariés en fonction de ses besoins, mais sans avoir à supporter le coût et les tracas administratifs

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Cours conforme au programme de Sciences économiques et sociales de la classe de terminale, série ES (arrêté du 30 Juillet 2002).

liés à des licenciements. Pour améliorer la flexibilité quantitative externe, on peut également
assouplir les règles de licenciement, en le rendant moins coûteux, en raccourcissant les procédures
et en diminuant les possibilités de contestation. Ce type d'assouplissements est régulièrement
réclamé par le patronat français.
• La flexibilité quantitative interne consiste à faire varier le temps de travail au cours de l'année.
Cette flexibilité peut être obtenue par le recours aux heures supplémentaires, mais cela coûte cher à
l'entreprise parce qu'elle doit payer ces heures plus cher que les autres. L'autre possibilité est
l'annualisation du temps de travail, qui n'est plus définit sur la semaine (35 h) mais sur l'année (1600
h). En fonction des commandes ou de la charge de travail prévisible pour la semaine à venir, les
travailleurs auront à accomplir une durée du travail différente. Selon les entreprises, cette durée peut
varier entre 0 heure et 48, voire 52 heures. Il peut alors y avoir une très grande flexibilité du temps
de travail pour les salariés. Une autre possibilité, en particulier dans les services en contact avec la
clientèle, est d'embaucher à temps partiel, et de recourir aux heures complémentaires juste pour les
moments où il y a plus de clients.
• La flexibilité qualitative interne consiste à faire accomplir successivement plusieurs tâches
différentes par le même salarié, en fonction des besoins. C'est ce qu'on appelle aussi la
polyvalence des travailleurs. Un exemple typique est donné par le chef de rayon d'un supermarché
qui peut être amené à tenir une caisse en cas d'affluence de client, ou par le gérant d'un hôtel qui
passe de l'accueil des clients, à la comptabilité, voire au service des repas. On note au passage que
cette polyvalence remet en cause, dans une certaine mesure, la division horizontale du travail !
• L' externalisation , consiste à faire exécuter certaines tâches annexes de la production par des
entreprises extérieures. L'entreprise se concentre sur les tâches essentielles à sa production, celle
qui réclament un savoir-faire particulier, et délègue le reste à des prestataires de services .
Prenons un exemple. La RATP, entreprise des transports collectifs parisiens, a depuis longtemps
externalisé le nettoyage du métro parisien : auparavant, les agents de nettoyage étaient embauchés
par la RATP, bénéficiaient donc du statut RATP en particulier pour les salaires et les horaires de
travail. Depuis l'externalisation, ce sont des entreprises de nettoyage privées qui assurent le ménage
du métro. Les agents de nettoyage ont donc changé de statut en même temps que d'employeur. Ils
appartiennent à des entreprises beaucoup plus petites, en concurrence (le nettoyage est assuré par
des sociétés différentes selon la station de métro). On voit bien l'intérêt que la RATP retire de cette
externalisation : elle a moins d'employés à gérer, elle se contente de passer un contrat commercial
avec les entreprises de nettoyage et celui-ci est plus facile à rompre qu'un contrat de travail ! Ce
sont ces entreprises qui se débrouillent pour fixer les conditions de travail et de rémunération de leur
personnel. En cas de mécontentement, le personnel s'adressera à elles et non plus à la RATP. Ce
raisonnement, qui débouche sur l'externalisation, peut être fait à propos de nombreuses activités
dans l'entreprise. Ainsi les tâches de formation ou de recherche, celles de gardiennage ou de
nettoyage, le calcul des paies, peuvent être externalisées.
Flexibilité quantitative externe et interne, flexibilité qualitative, externalisation sont donc les quatre grands
types de flexibilité auxquelles peuvent avoir recours les entreprises aujourd'hui. Nous avons à chaque fois
présenté les modalités les plus fréquemment utilisées, mais il peut y en avoir d'autres.

2.3.2 - La flexibilité peut renforcer la croissance parce qu'elle peut accroître la


productivité du travail et rendre possible l'innovation.
En quoi la flexibilité du travail est-elle avantageuse pour les entreprises ? Et au-delà , pourquoi est-elle
souvent présentée comme un facteur déterminant de la croissance économique ? Nous allons
présenter quelques éléments de réponses.
• Les différentes formes de flexibilité permettent d'accroître la productivité du travail . Dans chaque
cas, on l'a vu, la flexibilité permet à l'entreprise de n'avoir que la quantité et le type de travail dont
elle a besoin dans l'instant, et donc lui évite de payer des travailleurs à ne rien faire. Par exemple,
une entreprise qui connaît des fluctuations d'activité au cours de l'année, si elle ne recourt pas à une
forme de flexibilité, sera obligée de conserver un surplus de main d'oeuvre pour faire face aux

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"pointes" d'activité. Mais le reste du temps, ces travailleurs seront sous-employés. De même, la
polyvalence permet de faire passer un travailleur d'une tâche à l'autre quand il n'a plus rien à faire.
• Plus généralement, la flexibilité permet une meilleure affectation des ressources de l'économie
. La flexibilité permet une circulation plus fluide des travailleurs des entreprises ou des secteurs qui
stagnent vers les entreprises et les secteurs qui se développent. Si les travailleurs restaient rivés à
leur poste d'origine, les difficultés des entreprises confrontées à un ralentissement de leur activité
seraient accrues, tandis que celles qui se développent et embauchent pourraient ne pas trouver la
main d'oeuvre qui leur fait défaut. Cette fluidité peut être très importante pour faire face et favoriser
l'innovation : rappelez-vous que le progrès technique fait sans cesse apparaître et disparaître
des activités, ce qui suppose un redéploiement permanent des ressources productives,
capital, bien sûr, mais aussi travail.
L'intérêt de la flexibilité est donc fondamentalement de donner les moyens d'une réorganisation continue de
l'économie en fonction des évolutions. Une économie totalement rigide serait une économie qui n'évolue
pas, qui ne connaît pas le progrès technique ni les changements sociaux. Ce n'est bien sûr pas
envisageable, mais la vraie question est celle du degré de flexibilité qu'il est souhaitable d'avoir dans
une société. C'est pourquoi il faut maintenant s'intéresser aux effets pervers de la flexibilité.

2.3.3 - Mais la flexibilité peut aussi avoir des effets néfastes pour les salariés et
même, dans certains cas, faire obstacle à la croissance.
La flexibilité du travail est aussi vigoureusement combattue par certains, notamment les syndicats de
salariés. Ceux-ci reproche à la flexibilité de plus servir les intérêts des seules entreprises que de favoriser la
croissance. Bien plus, la flexibilité, estiment certains économistes, peut aussi avoir des conséquences
nuisibles sur la croissance économique. C'est ce que nous appelons les "effets pervers" de la flexibilité et
que nous allons présenter maintenant.
• La flexibilité peut être utilisée par les entreprises pour contourner le droit du travail et les
conventions collectives. Par exemple, les CDD et l'intérim sont aussi utilisés non pas pour adapter la
quantité de travail aux besoins, mais pour réduire les protections accordées aux travailleurs : dans
ces cas-là , l'entreprise a toujours la possibilité de se débarrasser du salarié quand son contrat arrive
à terme. On imagine aisément la pression que cela permet d'exercer sur le salarié. Récemment,
une grande entreprise automobile française a été condamnée par la justice pour avoir recours au
CDD de façon permanente : ce n'était donc pas un moyen de s'adapter à la demande, mais
bien un mode de gestion de la main d'oeuvre .
• La flexibilité peut aussi avoir des effets négatifs sur la productivité des travailleurs dans
l'entreprise. Quand le travail devient précaire, quand les salariés sentent que l'entreprise peut se
débarrasser d'eux à tout moment, ils ne sont pas incités à s'investir dans leur travail et leur
efficacité peut baisser. De même, si la flexibilité permet d'augmenter la productivité des travailleurs,
cette intensification du travail a aussi des limites : l'accumulation de fatigue et de stress peut
conduire à des arrêts maladie ou des accidents du travail. Enfin, quand les salariés ne restent
pas dans l'entreprise, il n'ont pas le temps de développer et d'acquérir des savoir faire . C'est
donc la performance globale des travailleurs qui peut s'en ressentir.
• La précarisation du travail peut avoir des effets néfastes sur la croissance économique . La
flexibilité du travail, quand elle se traduit par une précarité pour les travailleurs, peut affecter leur
propension à consommer et à investir. En effet, sans travail stable, on est incité à épargner pour le
cas où l'on perdrait son emploi. De même, sans emploi à durée indéterminée, il est très difficile
d'obtenir un prêt auprès d'une banque pour acheter un logement ou faire construire une maison. En
pesant sur la consommation et l'investissement des ménages, la flexibilité peut donc ralentir
la croissance économique.
On le voit, la flexibilité du travail présente aussi des inconvénients majeurs, qui peuvent même annuler ses
effets positifs. Le problème est donc de réguler l'usage de la flexibilité par les entreprises pour en
limiter les effets pervers.

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Au total, la flexibilité du travail est-elle une bonne ou une mauvaise chose pour l'économie ? On voit bien
qu'il n'est pas possible de répondre de façon simple à une telle question. La flexibilité est avantageuse pour
certains et coûteuse pour d'autres. Elle est sans doute nécessaire au bon fonctionnement d'une économie,
mais il faut trouver des compensations et des modalités d'application qui la rendent acceptable aux yeux des
salariés.

Conclusion.
Qu'avons-nous appris dans ce chapitre ?
L'importance du travail et de son organisation pour expliquer la croissance, le rôle moteur du progrès
technique dans l'efficacité grandissante du travail. Mais nous avons vu aussi que l'adéquation entre l'offre
(sur laquelle le progrès technique agit) et la demande de biens (qui dépend entre autres du pouvoir d'achat
et de la répartition de la valeur ajoutée) n'était pas toujours simple. Résultat : du chômage peut se
développer quand les mécanismes ne peuvent pas dérouler tous leurs effets. Nous avons laissé de côté
beaucoup d'aspects liés à ces transformations : les conflits qui peuvent naître à propos de la répartition des
gains de productivité, les effets sociaux de la précarisation de l'emploi et de la flexibilité grandissante de la
gestion de la main d'oeuvre, etc Cependant, la croissance économique et le développement, s'ils sont bien
le résultat de la combinaison du travail et du capital, comme nous l'avons vu jusqu'ici, sont aussi, et à la fois,
facteurs et résultats des changements sociaux qui les accompagnent. Nous allons donc nous intéresser
maintenant, dans la deuxième partie du programme, au changement social tel que nous l'avons défini dans
l'introduction.

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