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sociale classes
La stratification sociale correspond à la division d’une société en plusieurs groupes (ou strates ) hiérarchisées :
• Elle est universelle c’est à dire qu’elle est présente dans toutes les sociétés, aussi bien les plus primitives que les plus modernes,
les plus simples que les plus complexes.
• Elle est omniprésente, c’est à dire que la société est traversée de divisions verticales qui peuvent être fondées aussi bien sur
l’âge, que sur le sexe, la parenté, ou encore la richesse matérielle
La notion de stratification sociale est ambiguë car elle recouvre au moins deux notions en partie contradictoires :
• c’est à dire à des analyse qui interprètent le corps social comme un ensemble de strates hiérarchisées en fonction de critères
multiples (ex : le revenu, le prestige, etc.), dont la présence est nécessaire à la société (du fait de la spécialisation des
tâches) et qui n’entretiennent pas entre elles des relations dominées par le conflit
• un constat : Comme l’indique l’analyse de E Goblot contrairement aux apparences la révolution française qui a
pourtant institué l’égalité civile n’a pas été jusqu’à imposer l’égalité sociale.
• La conséquence : la division de la société en classe ayant des intérêts opposés na pas disparu : « nous n’avons
plus de castes, nous avons encore des classes.
• La rupture essentielle : la société de castes ou d’ordres est figée et rigide, dans une société de classes les
possibilités de promotion et de mobilité sociales sont beaucoup plus nombreuses.
1. Historique
Le concept de classe sociale est datée historiquement, il apparaît au 18 ème siècle dans un contexte bien déterminé :
- une évolution des idées politiques et sociales :
• remise en cause du principe de l’inégalité des droits
• une multiplication des conflits sociaux
- des bouleversements économiques : en particulier une série de révolutions agricoles,, industrielles, etc.
2. Définition
Attention il ne faut pas confondre les notions de classes sociales et de CSP ou PCS :
PCS CLASSES SOCIALES
(Professions et catégories socio-
professionnelles)
BUT - Classer les personnes pour que toutes - Saisir les évolutions de la société
le soient de façon univoque - Tous les individus ne sont pas classés
=> classement exhaustif
- Production de catégories homogènes
CARACTERISTIQUES DE - Définition absolue (on peut définir - Définition relationnelle (on définit au moins deux
LA DEFINITION isolément une catégorie) classes en opposition)
- Repose sur la réponse des individus - Repose sur l’analyse d’un processus d’ensemble
K Marx est le grand d théoricien de la définition réaliste de la classe il développe une sociologie :
- déterministe et holiste : c’est à dire qu’il pose que les individus ne sont pas les acteurs de leur
destin mais qu’ils sont le jouet de structures économiques et sociales qui leur échappent : « Dans la
production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires
indépendants de leur volonté (…). ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur
existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience »
On peut alors en conclure que Marx a une vision matérialiste de l’histoire car l’infrastructure
matérielle conditionne la superstructure idéelle c’est à dire le processus de la vie sociale,
intellectuelle et politique ( par exemple les modes de pensées, les valeurs religieuses, les idées
artistiques.
Marx conteste ce point de vue : selon lui ouvriers et bourgeois ne sont que
formellement égaux :
# L’ouvrier qui ne dispose que de sa force de travail pour survivre doit
absolument travailler quelque soient les conditions qui lui sont
proposées .
Au contraire le bourgeois qui dispose d’un capital peut, grâce à son
épargne, vivre sans que ses usines tournent.
L’ouvrier est donc obligé d’accepter les conditions qui lui sont imposées
par le bourgeois,. Marx écrit : « le rapport officiel entre le capitaliste et le
salarié est d’un caractère purement mercantile. Si le premier joue le rôle
du maître et le dernier le rôle du serviteur. C’est grâce à un contrat par
lequel celui ci s’est non seulement mis au service, et partant, sous la
dépendance de celui là, mais par lequel il a renoncé à tout titre de
propriété sur son propre produit . Mais pourquoi le salarié accepte t’il ce
marché ? Parce qu’il ne possède rien que sa force personnelle »
CONCLUSION : Selon Marx si les capitalistes peuvent exploiter le prolétariat , bien que
bourgeois et ouvriers soient formellement égaux, c’est parce que les premiers ont le
monopole des moyens de production , alors que les seconds n’ont que leur force de travail
Grâce au monopole qu’il ont sur les moyens de production les capitalistes vont fixer selon leurs intérêt
les salaires :
- ils ont réduit le travail au statut de marchandise, et comme toute marchandise le travail a
un prix : le salaire (le prix du travail) va être fixé au minimum assurant la reproduction de
la force de travail c’est à dire qu’il doit permettre :
• à l’ouvrier d’entretenir sa force de travail (sinon il devient inefficace) et
• d’assurer sa descendance (ses enfants prenant sa place quand ils sont devenus adultes).
Pour l’analyse de Marx considérant qu’au XIX° siècle les paysans français ne sont pas une classe
Marx considère en effet que la lutte des classes est une caractéristique structurelle de toutes les
sociétés. : il écrit dans le manifeste du parti communiste : « l’histoire des sociétés n’a été que l’histoire
des luttes des classes : hommes libres et esclaves, patriciens et plébéiens, barons et serfs, maîtres de
jurandes et compagnons, en un mot, oppresseurs et opprimés, en opposition constante ont mené une
lutte ininterrompue, tantôt ouverte tantôt dissimulée ; une guerre qui toujours finissait par une
transformation révolutionnaire de la sociététout entière ou par la destruction des deux classes en lutte . »
La question est alors de savoir si :
• comme l’affirme les libéraux , avec la révolution française, avec la destruction du mode
de production féodale est apparue une nouvelle ère de prospérité, d’égalité dans laquelle
la lutte des classes ne serait plus nécessaire .
• Marx rétorque que « la société bourgeoise moderne élevée sur les ruines de la féodalité,
n’a pas aboli les antagonismes de classe. Elle n’a fait que substituer aux anciennes de
nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles formes de luttes »
• Par contre le mode de production capitaliste a introduit une simplification des
antagonismes de classe. En effet dans la société féodale il existait une pluralité de classes
(les serfs, les compagnons , les maîtres de jurandes , les seigneurs, etc.) alors que dans le
mode de production capitaliste on va vers une bipolarisation de la lutte : « « la
société se divise de plus en plus en deux grands camps opposés, en deux classes
ennemies, la bourgeoisie et le prolétariat ». Il poursuit « de toutes les classes actuellement
adversaires de la bourgeoisie, le prolétariat est la seule classe vraiment révolutionnaire, les
autres classes se désagrègent et disparaissent par le fait de la grande industrie : le
prolétariat au contraire est son produit particulier »
• Mais en renforçant l’exploitation du prolétariat, afin de compenser la chute des taux de
profit (tendance structurelle du mode de production capitaliste selon Marx), la bourgeoisie
accélère la prise de conscience de la classe ouvrière, renforce ses capacités de luttes et
ainsi : « la bourgeoisie produit avant tout ses propres fossoyeurs. Sa chute et le triomphe
du prolétariat sont inévitables ».
Max Weber à une vision de la stratification sociale très différente de celle de Marx :
Tout d’abord il conteste la vision strictement matérialiste et déterministe de Marx. Weber qui
est un théoricien subjectiviste considère contrairement à Marx, que ceux sont les hommes qui
consciemment , tout en ayant une rationalité limitée, qui sont les acteurs de l’histoire . Donc en aucun
cas on ne peut les assimiler à des pâtes à modeler déterminés par des forces productives échappant à
leur conscience.
- Deuxièmement , Weber rejette les conceptions téléologiques ou finalistes telles celles de
Marx. Il considère que rien n’est jamais écrit à l’avance et que le futur est indéterminé. Il fait donc à
Marx le reproche d’avoir pris ses désirs pour la réalité et de ne pas avoir fait preuve de la neutralité
axiologique nécessaire à tout théoricien
- Troisièmement, si Weber ne conteste pas l’existence de classe sociale :
il en a une vision très différente de celle de Marx :
• puisqu’il définit la classe comme l’ensemble des individus qui ont en commun telle ou telle
situation , sans se soucier de savoir s’ils sont par-là véritablement unis. Les membres
d’une classe n’ont donc pas forcément une conscience de classe et ne sont pas
forcément mobilisés dans la lutte (qui est quasiment inéluctable dans l’analyse de
Marx).
• Cela n’empêche pas Weber de considérer que des luttes entre classes sont
toujours possibles, mais là aussi il se différencie de Marx :
chez Marx c’est la lutte qui fait prendre aux individus conscience
des intérêts qu’ils ont en commun, la lutte est donc un pré-
recquis.
Au contraire dans l’analyse de Weber c’est parce qu’ils ont
des intérêts communs et qu’ils en ont pris conscience que les
individus luttent. que les individus luttent : la conscience de
classe précède la lutte.
De plus et contrairement à Marx, Weber considère que les
acteurs en lutte et les formes du conflit évoluent avec les
transformations économiques : rien n’assure donc selon Weber
que le prolétariat et la bourgeoisie demeurent dans le futur les
acteurs centraux de la lutte, de nouveaux acteurs peuvent
apparaître (ex : les classes moyennes).
Enfin selon Weber :
• il existe dans toute société trois sortes de hiérarchies qui correspondent
respectivement à l’ordre économique, à l’ordre social et à l’ordre politique. Il y a certes des
rapports possibles entre les trois hiérarchies, mais elles ne sont pas toujours liées entre
elles de façon nécessaire
• Au contraire dans l’analyse de Marx la bourgeoisie occupant une position dominante dans
la sphère économique va obligatoirement dominée dans les sphères sociales et politiques
III. Les analyses empiriques américaines : les classes vues comme strates
Méthode mise en œuvre : Warner est un sociologue américain qui a essayé de décrire la
stratification de la société américaine en s’installant dans différentes petites villes qu’il a
observé en adoptant une démarche d’ethnologue .
Conclusion : Warner après avoir longuement examiné la vie de ces cités en arrive à la
conclusion qu’ :
• il existe bien des classes sociales aux Etats-Unis.
• Mais il en donne une définition très différente de celle de Marx : « par classe, on
doit entendre deux ou plusieurs ordres de personnes qui sont supposés être et qui
sont effectivement rangés, d’un commun accord par les membres de la
communauté dans des positions socialement supérieurs ou inférieures »
Le conflit social nécessite deux conditions apparemment opposées mais qui sont en réalité complémentaires :
• le conflit est une relation d’opposition entre au moins deux acteurs sociaux ( classes sociales, syndicats, classes d’âge,...).
Le conflit n’est donc jamais solitaire. Ces deux acteurs entrent en lutte, cherchent à l’emporter l’un sur l’autre afin de dominer
le champ social de leur rapport.
• mais en même temps, pour qu’il y ait conflit social, il faut que les acteurs sociaux soient interdépendants et
appartiennent au même système social. Ils ne luttent pas seulement l’un contre l’autre ; ils luttent parce qu’ils ont des
conceptions opposées sur le fonctionnement de la société. Quand ils luttent, ils entrent donc dans un jeu qui les lient.
II. Le conflit, une lutte pour la domination et le pouvoir
Même dans les cas où le conflit semble répondre à des revendications purement économiques (hausse des salaires), cette dimension
n’est jamais suffisante pour comprendre le conflit. En effet, même dans ce cas-là, ce sont deux conceptions antagonistes du
développement économique et social qui s’opposent, donc deux visions du monde alternatives :
• Le conflit n’a pas seulement pour but de remettre en cause une forme de domination, de détruire une société que l’on refuse ;
• il se caractérise toujours une seconde dimension : proposer un autre modèle de développement.
• Le conflit n’est donc pas seulement destructeur et pathologique, il est à l’origine du changement social et donc de l’évolution
de la société.
Le conflit va créer du lien social entre les individus qui vont intégrer un des deux groupes en opposition.
Pour un exemple :
I. Les analyses interactionnistes du conflit : l’analyse de Max Weber : le conflit, agent de socialisation
• ne considère pas que le conflit soit la preuve d’une pathologie sociale. Bien au contraire selon lui, le
conflit est, comme le crime, un phénomène normal dans la société.
• Il lui paraît donc illusoire d’espérer une disparition du conflit et l’avènement d’une société
consensuelle. En particulier, il ne croit pas que la croissance et le développement économique se
produisant dans une économie de marché assureront la suppression du conflit.
B. Mais Durkheim, contrairement à Marx :
Introduction
Comme le notent H Mendras et M Forse, Marx est à l’origine de 4 idées fondamentales pour une
sociologie du conflit :
• le conflit de classe n’est pas un épiphénomène mais un trait structurel de la société, il est
inhérent à sa nature et à son fonctionnement. Toute société est donc caractérisée par la
permanence des conflits.
• le conflit ne met jamais en présence que deux groupes ; en effet, dans une société, tout
conflit d’intérêt se ramène toujours à l’opposition entre ceux qui désirent le changement et ceux qui
ont intérêt au maintien du statu quo
• Marx a vu dans les conflits le moteur principal des changements sociaux.
• Marx est un des premiers à s’être intéressé aux facteurs endogènes qui expliquent le
changement social. Il considère que toute société produit elle-même les éléments qui vont produire
sa propre transformation. Ainsi, l’analyse de la lutte des classes explique le changement par les
contradictions structurales des sociétés et non par l’intervention d’un quelconque deus ex machina.
Selon Marx l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’est que l’histoire de la lutte des
classes. Cette lutte qui dans tous les modes de production s’est caractérisée par l’opposition entre les
deux classes fondamentales conduit soit à une transformation révolutionnaire de la société toute entière,
soit à la disparition des deux classes en lutte :
• Le premier cas est celui de la lutte qui a opposé la bourgeoisie et la noblesse dans la société
féodale et qui a conduit à l’effondrement du mode de production féodal et à l’instauration du
mode de production capitaliste.
• Mais celui ci n’a pas fait disparaître l’exploitation, l’antagonisme de classe , il n’a fait que le
transformer .
Déf ini ti ons : Chaque société peut se caractériser à un moment donné par son mode de
pr oduc ti on qui désigne la combinaison de deux éléments :
• le s forces pr oduc ti ves qui regroupent les instruments de production: la force de travail,
les sciences et les techniques en vigueur, l’organisation du travail .
• le s rappo r ts de pr oduct ion qui correspondent eux au rapport de propriété des moyens
de production (machines, usines) et permettent de donner une définition des classes
sociales selon la place qu’elles occupent par rapport à la propriété de ces moyens.
Pour les différents modes de production qui se sont succédés au cours de l’histoire
Selon Marx, le mouvement de l’histoire s’explique par les contradictions entre les forces productives et
les rapports de production :
• Dans chaque mode de production, les forces productives représentent un élément dynamique
comme le montre l’histoire des inventions, le progrès de la division du travail, etc.
• Par contre, les rapports de production sont en revanche relativement stables et immuables. Il
arrive alors un moment où ils entravent le développement des forces productives.
Pour l’exemple du passage du mode de production féodal au mode de production capitaliste :
* Selon Marx seul le capital variable qui correspond au salaire que reçoit le travailleur crée de la
valeur, le capital constant (machines, matières premières) ne fait que transmettre sa valeur sans rien
ajouter. Or les capitalistes qui se livrent une concurrence effrénée sont obligés pour ne pas faire
faillite d’être compétitifs et de remplacer le capital variable par le capital constant . Ce qui correspond
à une augmentation de la composition organique du capital
• La contrepartie de cette augmentation va être une chute du taux de profit : en effet à mesure que le
capital variable diminue relativement au capital constant la plus value( pl ) que le capitaliste
extorque aux travailleurs , c’est à dire la partie du travail non payée que s’approprie la capitaliste
ne suffit plus à compenser le coût du capital qui s’accroît .
• Le capitaliste ne peut trouver de solution que dans une augmentation de l’exploitation c’est à dire
dans une hausse du taux de plus value ou du taux d’exploitation :
Conclusion :
• constate à partir de ce rapport qu’en augmentant la composition organique du capital (le
dénominateur) le capitaliste ne peut maintenir le rapport (le taux de profit) qu’en élevant le taux
d’exploitation .
• Mais alors cela va être à l’origine selon Marx d’une deuxième forme de contradiction : les ouvriers
se rendant compte qu’ils sont exploités vont se constituer en classe sociale afin de prendre le
pouvoir.
Postulat : Marx considère que la disparition du mode de production capitaliste est inéluctable :
• Il est pris dans ses contradictions internes : principalement la baisse du taux de profit, qu’il essaye
de résorber en élevant le taux d’exploitation
• Mais alors il se heurte à une seconde limite historique : la constitution de la classe ouvrière dans la
lutte, sa prise de conscience qui va conduire à une révolution amenant la fin du mode de
production capitaliste .
Conséquences : La nouvelle société qui apparaîtra alors présentera deux caractéristiques essentielles :
L’aliénation par le travail est caractéristique de la société capitaliste. En effet comme le note R Aron
dans le mode de production capitaliste les hommes sont aliénés et la racine de l’aliénation est
économique (on retrouve le matérialisme historique) .Le travailleur est dépossédé du fruit de son travail
et n’en voit plus la finalité
Selon Marx :
• La révolution prolétarienne amènera la fin du mode de production capitaliste sous l’égide de la
classe ouvrière, comme la révolution bourgeoise a entraîné la disparition du mode de production
féodal.
• Mais il existe une différence notable entre les deux, contrairement à la bourgeoisie, la classe
ouvrière ne va pas confisquer la révolution, elle va abolir les classes en général.
• Marx considère que le conflit de classes est nécessairement ouvert, aigu et violent . Or :
- Mendras et Forsé constatent que : « les données empiriques conduisent au contraire à
penser qu’il ne prend que rarement la forme d’une guerre civile.
- Les changements structuraux qui ont affecté les sociétés occidentales depuis le 19ème
siècle ont abouti à l’institutionnalisation du conflit de classes, si bien qu’une classe opprimée
peut obtenir par la discussion et la négociation des changements de structure ».
Dahrendorf va donc redéfinir la notion marxiste de classe sociale en expliquant les conflits
de classe :
• non plus par la seule propriété des moyens de production,
• mais par le contrôle pour l’exercice de l’autorité.
• En d’autres termes la cause des conflits sociaux doit être recherchée dans cette distribution inégale
de l’autorité qui se traduit par des relations de domination-soumission.
Conséquences : Cette opposition crée à son tour un autre type de conflits : les conflits d’intérêts entre
ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui y sont soumis. Dahrendorf va distinguer deux types d’intérêts:
• les intérêts latents qui sont des intérêts communs mal explicités qui provoquent des conflits,
mais ne correspondent pas à un degré de conscience collective suffisante pour donner lieu à des
groupes d’intérêts. Ils ne constituent que des catégories sociales composées d’individus dont les
intérêts sont identiques, mais qui ne sont pas capables de les défendre de façon organisée.
• Les intérêts manifestes, eux, donnent naissance à des groupes d’intérêts organisés et capables
d’agir sur ces bases .
Conséquences : De la sorte :
• il existe une pluralité de conflits sociaux.
• Les conflits entre groupes étant de nature très variée, on ne peut plus les ordonner comme chez
Marx entre deux grandes classes sociales .
• C’est une des erreurs de l’analyse de Marx que de penser que la domination industrielle implique
nécessairement la domination dans les autres domaines de la société, Etat, Eglise, organisations,
etc.
Conséquences :
• On passerait ainsi d’une société de classes à une société caractérisée par une
stratification complexe. Il en découle une augmentation générale du niveau de compétence
politique et une demande accrue de participation au processus de décision .Les citoyens
n’accorderaient plus leur confiance aux organisations traditionnelles ( parti, syndicat )censées
assurer dans le modèle pluraliste une médiation efficace entre le pouvoir et eux.
• Dans le même temps , on assiste parmi les nouvelles générations de la classe moyenne
à l’apparition de nouveaux enjeux qui proviennent plus de différences dans le style de
vie que de besoins économiques. On peut citer par exemple la protection de l’environnement, le
rôle de la femme, la redéfinition des valeurs qui se substitueraient au conflit entre la bourgeoisie et
la classe ouvrière.
•
Il va s’efforcer de montrer que les conflits sociaux sont caractéristiques d’un type de société et donc, que
quand les sociétés se transforment, les conflits sociaux évoluent :
• Dans la société industrielle les conflits sociaux tournent autour de l’industrie comme chez
Marx.
Pour en savoir plus :
Dans une société , les conflits sociaux sont très divers. Touraine distingue ainsi :
• les conflits d’intérêts qui cherchent à modifier la relation coûts-bénéfices en leur faveur.
• Les mouvements sociaux qui mettent en cause ,au-delà de l’organisation sociale et du
système de décision, les relations de domination au niveau de la société.
• Les mouvements révolutionnaires qui sont plus globaux encore puisqu’ils identifient une
domination sociale à un régime politique.
Remarque : Ces différents types de mouvements sont largement autonomes mais en même temps ils
portent la marque du conflit social central de la société
Exemple :T ouraine prend l’exemple du mouvement ouvrier qui occupe dans les sociétés industrielles
une place centrale :
• même quand les ouvriers revendiquent pour des augmentations de salaire, pour la reconnaissance
d’un droit syndical, pour une reconnaissance institutionnelle,
• derrière se trouve la marque du mouvement ouvrier basée sur la lutte des classes.
Conclusion : Il faut donc pour Touraine rechercher derrière tout conflit le conflit social central
caractéristique de la société dans laquelle il se déroule.
I. Depuis le XVIII° siècle, les conflits sociaux étaient essentiellement des conflits du travail repris
du manuel en ligne Brises)
Depuis que les sociétés sont entrées dans la modernité, depuis le 18ème siècle environ, l’essentiel des conflits sociaux s'est déroulé
sur le terrain du travail et de l’emploi. On peut essayer de comprendre pourquoi : le travail occupe, directement ou indirectement,
l’essentiel de la vie des individus, en temps d’abord (et bien plus au 19 ème siècle qu’aujourd’hui) et aussi parce qu’il est à l’origine
de certaines des inégalités dont nous avons parlé dans le dernier chapitre (revenus en particulier). C’est aussi dans le travail que se
noue une bonne partie des relations sociales qui entourent (et intègrent) l’individu. Pour toutes ces raisons, auxquelles il faut
ajouter la valeur hautement symbolique du travail, les conflits sociaux sont bien souvent nés dans le monde du travail
depuis la naissance du capitalisme.
C’est la première question qu’il faut se poser : pourquoi le travail est-il une source de conflit social ? Nous allons pour cela
réutiliser ce que nous avons vu dans les chapitres précédents, tant sur les inégalités que sur la division du travail - la division, c’est
déjà un peu le conflit ! Mais nous verrons qu’il y a un autre facteur de conflit social, c’est ce que l’on appelle la capacité de
mobilisation d’un groupe social, c’est-à-dire la capacité des individus qui le composent à agir en commun, de façon coordonnée et
au profit de buts communs.
1. - Les inégalités du monde du travail peuvent déboucher sur des conflits.
• Les inégalités suscitent le conflit quand elles ne sont pas acceptées.. Les inégalités font partie du fonctionnement de
l’économie, mais on a vu qu’il est très difficile de leur trouver une justification consensuelle. Les inégalités sont souvent
l’enjeu des conflits sociaux : on se bat pour accroître la part des salaires dans la valeur ajoutée au détriment des profits, ou
pour améliorer sa rémunération par rapport aux autres métiers de l’entreprise.
• Mais les inégalités ne suffisent pas à engendrer un conflit social, parce qu’elles peuvent susciter une compétition
entre les individus plutôt qu’entre les groupes. C’est une analyse somme toute assez classique et assez simple. Si un
individu n’est pas satisfait de sa situation sociale, il peut l’améliorer de deux façons : soit en changeant de position dans la
société en obtenant une promotion individuelle, soit en agissant pour améliorer le sort de tous ceux qui ont la même position
sociale que lui – c’est-à-dire de son groupe social. Dans ce dernier cas, il y a effectivement un conflit collectif. Mais dans le
premier cas, il n’y a qu’une compétition entre individus pour parvenir aux meilleures places offertes par l’entreprise ou la
société. On ne peut pas parler à ce moment-là de “ conflit social ”.
• La plus ou moins grande mobilité sociale entre les métiers joue aussi sur la capacité de mobilisation. S’il existe une
grande fluidité entre les positions dans l’entreprise, si l’on peut facilement obtenir une promotion individuelle, alors un
individu peut espérer améliorer sa situation personnelle par son seul mérite, sans agir au profit de l’ensemble de son groupe
social. Mais si la mobilité sociale est faible, si les métiers restent fermés les uns aux autres, alors les revendications
personnelles passeront d’autant plus par une revendication collective
• les inégalités ne sont pas à elles seules la cause des conflits sociaux.
2 - Ces inégalités et ces conflits finissent par constituer les individus en groupes rivaux.
Les différentes organisations du travail aboutissent toujours à différencier et hiérarchiser les tâches dans l’entreprise, mais cette
division horizontale et verticale du travail est aussi une division des travailleurs, donc une source de conflits potentiels. Comment
passe-t-on de la division au conflit social ? Ce n’est pas si simple qu’on peut le croire. Le point essentiel est que la division du
travail peut renforcer la conscience d'appartenir à un groupe social.
• La division du travail entraîne la différenciation des travailleurs et donc l’émergence d’identités professionnelles
distinctes. Construire son identité professionnelle, c’est revendiquer certaines appartenances, se reconnaître une certaine
position dans le groupe et dans sa hiérarchie, se sentir différent d’autres individus (n’appartenant pas au groupe, en général).
L’identité professionnelle, c’est aussi les valeurs partagées au sein du collectif de travail, au sein d’un métier. Ces valeurs
peuvent changer en fonction de ce que l’on fait dans l’entreprise (on peut penser à la solidarité des mineurs face à la
pénibilité et la dangerosité de leur métier), mais aussi en fonction de ce que l’on est (la féminisation d’un métier peut en
changer les valeurs).
• Les identités professionnelles deviennent facilement concurrentes dans l’entreprise. On veut dire par là que les valeurs
des groupes sociaux s’opposent sur toutes les questions qui concernent l’entreprise, et au-delà la société – un peu comme
une culture et une contre-culture, revoyez votre cours de première. Le premier point d’opposition est bien sûr les inégalités
de rémunérations. Chaque groupe a une idée différente de la valeur des métiers, et donc des inégalités “ justes ” ou
“ injustes ” L’affirmation d’une identité professionnelle fait donc non seulement apparaître un groupe social, mais elle
lui donne aussi un adversaire.
• L’organisation matérielle du travail est un autre déterminant de la construction de la conscience du groupe. Si les
individus sont dispersés et travaillent séparément, sans se rencontrer, il leur sera très difficile de se coordonner pour agir.
Marx expliquait ainsi au 19ème siècle que les paysans français étaient trop dispersés géographiquement pour agir, bien qu’ils
aient eu matière à se révolter. Inversement, le regroupement des ouvriers dans les ateliers puis dans les grandes usines, où
l’on travaille ensemble, fait la pause ensemble, mange ensemble, où l’on se rencontre en allant au travail et en repartant chez
soi, a incontestablement favorisé l’organisation de la classe ouvrière. Plus près de nous, la connexion des individus sur
Internet a facilité la réussite du mouvement des chercheurs, en permettant la circulation des informations, des mots d’ordre
et des pétitions.
• Pour qu’il y ait un conflit du travail, il faut donc qu’il y ait un conflit d’intérêt, autour des inégalités dans l’entreprise. Il
faut aussi qu’il y ait des identités collectives fortement affirmées pour que le conflit prenne une dimension sociale, et
oppose des groupes les uns aux autres. Enfin, il faut que ces groupes se mobilisent, c’est-à-dire que les individus qui les
composent acceptent d’agir ensemble avec des objectifs communs. Mais la relation entre conflit et identité
professionnelle fonctionne également dans l’autre sens. Ainsi, un conflit peut déboucher sur l’affirmation renouvelée et
vivante d’une solidarité retrouvée, et donc reconstituer un groupe social. Ainsi, le conflit des infirmières, au milieu des
années 90, permit à celles-ci d’affirmer et d’afficher une solidarité qui ne s’était jamais réellement exprimée jusque-là et de
s’éprouver elles-mêmes comme membres d’un collectif de travail.
3 - Les conflits portés par ces groupes finissent par déborder du cadre du travail proprement dit pour concerner
l'ensemble de la société
• L’opposition entre ouvriers et bourgeoisie a pris une valeur politique. Au début du 20ème siècle, le clivage entre la
gauche et la droite s’est progressivement confondu avec le clivage entre travailleurs et capitalistes. Au fur et à mesure que
les ouvriers devenaient numériquement plus importants (au détriment notamment des agriculteurs, qui avaient une toute
autre vision du monde), le conflit politique s’est cristallisé sur la question de la propriété, la gauche, représentant les
salariés, voulant “ nationaliser ” le capital, c’est-à-dire exproprier les capitalistes pour qu’ils ne contrôlent plus les
entreprises, et donc pour résoudre le conflit social par la disparition d’un des adversaires ! Symétriquement, la droite
défendait le droit de propriété comme principe, et donc le pouvoir des actionnaires dans l’entreprise. Moins radicalement,
l’enjeu politique entre la droite et la gauche était aussi l’adoption de lois et de règlements qui limitaient le pouvoir des
employeurs sur les salariés (Semaine de 40h, Congés payés, Droit du travail, protection contre les licenciements, mais aussi
indemnisation du chômage).
• L’opposition entre ouvriers et bourgeoisie a pris une valeur culturelle. Chaque groupe a affirmé ses valeurs, et son mode
de vie. La “ culture ouvrière ” était nourrie de la fierté du métier : essentiellement masculin, le travail ouvrier supposait
souvent la force physique, des connaissances et astuces, essentiellement pratiques, qui se transmettaient au sein de l’atelier.
La “ culture bourgeoise ” était ce qu’on appellerait aujourd’hui la culture savante, celle qu’on transmet à l’école et à
l’université (littérature, musique classique, sciences, beaux-arts, …). Les loisirs des deux groupes n’étaient pas non plus les
mêmes, d’ailleurs l’obtention d’un droit aux congés payés en 1936 avait une valeur conflictuelle symbolique : jusque-là les
vacances étaient l’apanage de la bourgeoisie.
• L’opposition entre ouvriers et bourgeois a engendré une véritable ségrégation sociale. Elle était visible dans la structure
des villes, où les “ quartiers ouvriers ” – généralement les banlieues où la périphérie des villes – s’opposaient aux “ beaux
quartiers ” – le centre-ville. Mais on la retrouvait aussi à l’école, puisque les enfants des classes populaires et supérieures ne
fréquentaient pas les mêmes cursus scolaires. Il a fallu attendre 1975 et la création du collège unique pour que tous les
écoliers suivent la même scolarité obligatoire.
• On voit donc que le conflit social, initialement circonscrit à l’entreprise, s’est étendu à toute la société, ce qui justifie que
l’on parle de classes sociales plutôt que de groupes sociaux, puisque les groupes ne rassemblent plus seulement, par
exemple, les ouvriers d’une entreprise, mais tous les ouvriers de la société. De même, le conflit social mérite l’appellation
de “ lutte des classes ” parce qu’il prend une valeur générale.
Rappel historique : Les corporations sont dissoutes par la loi d’Allarde , en 1791. La même année la loi Le Chapelier interdit toute
association en vue de défendre les intérêts communs car l’association des travailleurs est considérée comme une entrave au
fonctionnement du marché. Les syndicats demeurent interdits en France durant la majeure partie du 19ème siècle.
Le droit de grève n’est légalisé qu’en 1864. Et il faut attendre encore 20 ans (1895) avant que le droit syndical ne soit reconnu en
France .
Conséquences : Le syndicalisme s’est donc développé tardivement par rapport à la révolution industrielle. Il faut attendre 1906 pour
que la CGT fixe ses principes d’action dans la charte d’Amiens :
• le syndicat est l’outil des améliorations immédiates, arrachées au patronat dans les luttes quotidiennes (demandes
d’augmentation de salaires, journée de 8 heures, etc.)
• Le syndicat à néanmoins un objectif plus ambitieux (cf. le principe d’historicité de Touraine) : renverser la société
capitaliste, il dispose pour cela d’une arme : la grève générale .
• Le capitalisme disparu , le syndicat sera le groupement de base de production et de répartition.
Définition du syndicat de salariés : association assurant l’organisation et la défense des salariés pour la
reconnaissance et le respect de leurs droits professionnels, économiques et sociaux
Constat : Néanmoins le syndicalisme aura des difficultés à s’implanter en France : il connaîtra deux âges d’or :
• les grandes grèves de 36
• les années 50 durant lesquelles selon A Beuve-Mery : « le syndicalisme a le vent en poupe. Se syndiquer est alors la norme.
Dans une France à reconstruire, à l’échelon local dans une usine, ou une administration, les syndicats sont une structure
d’accueil, un lieu de formation et d’éducation ».
A. Les mutations de la classes ouvrière ( p 148 à 150) : repris du manuel en ligne Brises
Les transformations du travail et les mutations de la classe ouvrière remettent-elles en cause la division de la société française en
classes sociales antagonistes ? C’est ce que pensent certains sociologues, et nous allons présenter leurs principaux arguments.
Le recensement de mars 1999 en France met en évidence la poursuite du mouvement amorcé dès le milieu des années 1970 : les
ouvriers étaient encore plus de 7 millions en 1982, ils étaient 6.5 millions environ en 1990 et 5.9 millions seulement en 1999. Cela
représente une diminution de plus de 15% des effectifs ouvriers entre 1982 et 1999, alors que, dans le même temps, la population
active occupée augmentait. Résultat : la part de la P.C.S. “ ouvriers ” dans la population active occupée a encore plus nettement
diminué que ses effectifs : elle est passée de 32.8% de la population active occupée en 1982 à 25.6% en 1999 (Insee, recensements
de la population), soit une diminution de 22% environ. Aujourd’hui, la part des ouvriers dans la population active est inférieure à
celle des employés.
• la première grande transformation est que les ouvriers travaillent de plus en plus souvent dans les services, comme les
chauffeurs routiers, par exemple. Ainsi, en 2001, il y a plus d’ouvriers travaillant dans le tertiaire que d’ouvriers
travaillant dans le secondaire
• La deuxième transformation touche la qualification des ouvriers : la qualification personnelle des ouvriers s’est plutôt
élevée (il y a davantage de diplômes professionnels) mais ils exercent souvent un emploi dont la qualification est
inférieure à celle qu’ils possèdent (31% des salariés embauchés pour un emploi ne nécessitant pas officiellement de
qualification sont titulaires d’un CAP ou d’un BEP). Le nombre des emplois d’ouvriers non qualifiés avait beaucoup
diminué entre 1982 et 1994 mais il a réaugmenté entre 1994 et 2001. Au total, la part des emplois d’ouvriers qualifiés
dans l’ensemble des emplois ouvriers progresse cependant.
• Taille des entreprises et du collectif de travail( 6 p 185) : parce que la nature du travail a changé, la taille des
entreprises dans lesquelles travaillent les ouvriers a beaucoup diminué. Cela s’explique d’une part par l’automatisation des
tâches de production proprement dites : certaines usines sont aujourd’hui quasi “ désertes ”, d’autre part par le fait que les
ouvriers travaillent de plus en plus souvent dans des entreprises du tertiaire qui sont traditionnellement, en moyenne, de
taille inférieure à celle des entreprises industrielles. Le cadre de travail des ouvriers a donc été bouleversé : les grands
rassemblements ouvriers à l’ouverture des grilles de l’usine ne font bien souvent plus partie de l’expérience vécue par les
ouvriers. Mais le fait que la taille de l’entreprise diminue ne signifie pas que les ouvriers seront plus proches du patron :
en règle générale, ces petites entreprises appartiennent à de grands groupes industriels et financiers et le pouvoir est en
général bien loin du lieu de production.
• Les transformations récentes du travail et de l’emploi (précarisation du travail, suppression de certains emplois non
qualifiés, par exemple d’ouvriers, individualisation de la carrière des salariés, etc…) agissent aussi sur l’identité
professionnelle : les frontières de l’emploi sont plus floues, les métiers se transforment, les horaires sont “ à la carte ”,
l’individu semble triompher et les collectifs de travail semblent moins englobants, moins contraignants pour les individus,
mais aussi moins protecteurs. L’identité professionnelle semble donc moins “ imposée ” à l’individu qui doit bien
davantage trouver ses repères seul pour la construire. Dans ces conditions, on voit bien que la mobilisation en vue d’un
conflit sera sans doute plus difficile à obtenir.
- La précarisation du travail et l’expérience du chômage (qui touche proportionnellement plus les ouvriers que les
autres P.C.S.) dévalorisent le travail ouvrier, tandis que le changement de la nature du travail ouvrier (moins
directement en contact avec la matière et la production) attaquent directement sa spécificité.
- De même, les conditions de vie des ouvriers se sont transformées, semblant rejoindre celles d’une vaste “ classe
moyenne ” : d’une part, les revenus, et donc la consommation, se sont élevés rapidement durant les années 1960 et
1970, permettant aux ouvriers d’accéder aux biens de consommation durables comme la télévision, la machine à
laver ou l’automobile ; d’autre part, les modes de vie des ménages ouvriers se sont également transformés par le
développement du travail des femmes d’ouvriers, l’allongement de la durée de scolarisation des enfants d’ouvriers
et le développement de l’accession à la propriété grâce au crédit.
- Au final, les conditions de vie semblent s’égaliser avec celles d’autres groupes sociaux et les éléments qui
contribuent à forger et à transmettre la culture ouvrière semblent peu à peu disparaître.
Un dossier de libération traduit tres bien la crise de la classe ouvriere :
L’échec des grandes grèves de la fin des années 40, les répercussions de la guerre froide, le manque de cohérence de l’action
syndicale qui hésite entre l’action directe et la négociation par branche vont entraîner un tassement des effectifs qui seront divisés
par deux durant les années 50, avant de se stabiliser jusqu’à la crise actuelle.
• Une érosion de la participation aux élections professionnelles qui se traduit par une montée de l’abstention , un
accroissement du pourcentage des votes en faveur des non syndiqués .
• une hausse de la part des votes en faveur des non syndiqués lors des élection aux comités d’entreprise qui passe de
12% en 1966 à 30% en 1993 avant de redescendre à 25% en 1999.
• Une diminution des conflits du travail (1 à 4 p 164-165) après le record de mai 68 : 15 millions de journées perdus pour fait
de grève ; on observe dans les années 70 , une moyenne autour de 3,5 millions de journées , dans les années 80 la moyenne
passe à 1,5 millions , dans les années 90 elle passe à 500 000 , mais remonte légèrement lors de la reprise économique de
1998-2000 pour atteindre en 2000 : 800 000( p 188)
Pour en voir l’évolution :
•
On constate que les salariés sont certes majoritaire à considérer que les syndicats jouent un rôle irremplaçable dans la
représentation des salariés (63%des ouvriers, 54%des cadres). Mais un pourcentage fort de salariés considèrent que les
syndicats font passer leurs intérêts avant ceux des salariés (55% des ingénieurs,48 % des employés)
Pour les statistiques :
Constat :Il montre que l’existence d’un groupe non organisé d’individus aux intérêts communs , dotés
de moyens d’action et conscients de leurs intérêts n’implique pas automatiquement , contrairement aux
intuitions de type marxiste , l’apparition d’une action collective .
Explications : En effet, quand le produit obtenu par une telle action est un bien ou un service collectif
( ex : une augmentation de salaire pour tous ) et lorsque le groupe est assez large pour que des pressions
ne s’exercent pas sur les individus afin de l’inciter à l’action , alors se produit le phénomène du passager
clandestin ( lson construit son analyse dans une perspective libéral puisqu’il adopte le modèle de l’homo-
oeconomicus égoiste et rationnel) :
• Chaque individu va se dire que puisqu’il peut profiter de l’action sans avoir à agir lui-même,
• il aura intérêt à laisser les autres dépenser de leur temps et de l’énergie pour se procurer les biens
publics.
conséquences : Ceci doit , selon Olson , permettre d’expliquer l’absence de mouvements collectifs : en
France et en Allemagne , les résultats de l’action de la grève s’appliquent à tout le monde ( syndiqués et
non syndiqués ) ; il est interdit de faire une discrimination , ce qui n’est pas une incitation à la
syndicalisation .
Conclusion : Pour que la syndicalisation se développe , il faut que les syndicats offrent à leurs membres
des incitations sélectives
• soit pénaliser le refus de participation à l’action ( ex : dans un petit groupe , rompre la solidarité
peut entraîner une mise à l’écart ) .
• soit accorder des avantages spécifiques : protection juridique du salarié , postes dans l’organisation
, ...
b ) le modèle d’OBERSHALL .
remarque : Son analyse se situe explicitement dans la perspective de celle d’Olson mais elle est
enrichie par une approche sociologique qui cherche à définir quelles sont les conditions sociales
susceptibles de favoriser l’émergence de mouvements sociaux au sein d’une collectivité.
Présentation de l’analyse : Obershall croise deux dimensions pour expliquer la probabilité d’une
organisation et d’une mobilisation d’un collectif :
• Première dimension : la dimension horizontale qui renvoie à la nature des lien sociaux
existant au sein de la collectivité , c’est-à-dire la cohésion sociale du groupe . Obershall
distingue 3 cas :
- relation de type communautaire : famille , village , clan , comme dans les sociétés
traditionnelles .
- relation de type associatif : groupe professionnel , religieux , économique comme dans
les sociétés industrielles .
- contrairement au troisième cas où les relations sociales sont peu développées .
Remarque : Dans ces 2 premiers cas , le sentiment de solidarité du groupe et son potentiel de
mobilisation sont élevés
III. Ces conflits du travail restent présents mais sous une forme différente
• au contraire , à partir des années 30 mais surtout après 45 , avec la création de la Sécurité Sociale , des comités
d’entreprise, des ASSEDIC , enfin avec les lois d’Auroux en 82 , on va observer une évolution qui se caractérise :
- par une reconnaissance institutionnelle des syndicats qui ont contribué à les légitimer et à les intégrer à la société
civile , qui ont donné aux syndicats une audience plus large , des ressources financières en les liant étroitement à
toutes les institutions de la société .
- Une autre conception du syndicalisme s’est développé : le syndicalisme essaye d’économiser la grève ; il l’utilise
comme un moyen de pression , il la brandit comme une menace .
conséquences : Ceci traduit une évolution de la stratégie syndicale : conformément à l’analyse de Simmel :
• jusqu’aux années 30 les conflits sociaux opposaient patronat et syndicats qui chacun développaient une culture et c’était deux
modèles de société qui s’opposaient .
• A partir des accords de Matignon au contraire , on passe de la dyade à la triade : de l’affrontement binaire où chacune des 2
parties en présence pouvait avoir le sentiment qu’elle triompherait totalement et imposerait sa manière de voir à l’adversaire
terrassé , on passe à des rencontres tripartites où la grève n’est plus qu’un moment de la négociation .
• La grève n’est plus alors qu’un signal avertisseur qui demande une intervention des pouvoirs publics .
Conclusion : dès lors les syndicats recourent de moins en moins à la mobilisation sous forme de grève ou de manifestations :la
grève est vue comme pathologique , comme l’échec d’une négociation ( ex : le modèle allemand de référence ) .
Conséquence : Mais alors le syndicat a de moins en moins besoin de syndiqués . P.Rosanvallon pose même la question :
qu’arriverait-il si les syndicats n’avaient plus d’adhérents ?:
• « La légitimité syndicale serait-elle remise en cause ? Pas forcément : un taux marginal d’adhésion n’entraînerait pas de
basculement qualitatif par rapport à la situation actuelle , l’adhérent a en effet cesser de jouer un rôle déterminant dans le
phénomène syndical . »
• Dans la perspective d’une disparition des adhérents , la forme syndicale tendrait à se confondre avec la forme politique , seul
le domaine d’intervention de chacune d’elle les distinguant .
• La légitimité syndicale deviendrait , comme celle des partis d’essence purement électorale ( le parti politique n’a pas besoin
d’adhérents , le nombre d’adhérents n’est pas le critère de sa représentativité , seuls comptent les résultats électoraux )
Apparition d’un nouveau modèle :On assiste d’ailleurs selon P Rosanvallon à une nouvelle conception du syndiqué qui :
• n’est plus considéré comme un adhérent, partageant avec les autres membres du syndicat des valeurs, une culture,
• mais qui devient un client .
conséquences : dans ce contexte , étudier la crise du syndicalisme par rapport à la chute du taux de syndicalisation n’est pas
un bon choix , car l’indicateur n’est pas bon . Pour étudier la représentativité syndicale , il faut étudier les résultats des syndicats
aux différentes élections .
mais cela entraîne une nouvelle conception du syndiqué auquel le syndicalisme français n’est pas encore complètement préparé :
• On aurait d’un côté le délégué syndical qui siégerait dans de multiples commissions , le syndicalisme devenant un métier à
temps plein ;
• et de l’autre côté , le syndiqué qui ne serait plus qu’un client qui adhère pour obtenir des services .
• Ceci n’est pas sans danger car les délégués qui siègent dans les différentes commissions , ne sont plus sur le terrain avec les
salariés , ce qui engendre une coupure entre le mandant ( le syndiqué , l’adhérent ) et le mandataire ( le délégué) .
Conclusion : Dès lors plus que de disparition du syndicalisme ou de crise du syndicat , il faudrait parler d’une évolution structurelle
du syndicat qui s’adapte à une nouvelle forme de société plus complexe et c’est cette adaptation qui fait la crise .
Pour les dangers de la désyndicalisation :
Constat : Depuis quelques années , on observe une montée des coordinations qui mettent en cause le monopole de défense des
droits des travailleurs dont disposaient jusqu’alors les syndicats . Les coordinations se sont multipliées dans les années 80 :
infirmières , cheminots , instituteurs , routiers , ...
Selon Touraine les mouvements sociaux correspondent à une action collective organisée par
laquelle un acteur de classe lutte pour définir les grandes orientation culturelles de la société
(ce que Touraine appelle l’hi sto ri ci té ). Sa définition suppose donc la conjonction de trois
éléments :
• un acteur de classe (ex: la classe ouvrière): c’est le pr incipe d’ident it é.
• un adversaire de classe (ex: la bourgeoisie) : c’est le pr incipe d’opposi ti on .
• un enjeu : c’est le princ ipe de tot al it é.
• ils désignent les objets les plus divers , du moment qu’ils se distinguent de la figure classique du mouvement ouvrier :
mouvement noir , luttes étudiantes aux USA , et partout mouvements écologistes ,féministes , regroupements pacifistes .
• ils mettent en scène de nouveaux acteurs comme les femmes , les jeunes , les classes moyennes .
• ces mouvements ne concernent plus directement les problèmes de la production et de l’économie ; ils se situent dans le
champ de la culture , de la sociabilité , de la ville , des valeurs et paraissent bousculer les formes classiques de gestion du
conflit social et de la représentativité politique .Les NMS mettent l’accent sur l’autonomie, la résistance au contrôle social
• les NMS inventent de nouvelles formes d’organisation et d’actions. Ils sont très méfiantsà l’encontre des structures
traditionnelles auxquelles les individus devaient déléguer l’autorité à des états majors constitués de permanents très eloignés
des préoccupations de la base
• Les NMS n’ont pas pour objectif de prendre le pouvoir , ils visent au contraire à se protéger de l’influence de l’Etat (cf., les
mouvements régionnalistes) et à construire des espaces d’autonomie protégeant les individus.
Conclusion : la sociologie des nouveaux mouvement sociaux est associée à une critique des paradigmes jusque là dominants,
principalement le marxisme
Pour l’exemple du mouvement antinucléaire :
Pour l’exemple du mouvement étudiant :
O Fillieule a étudié les formes actuelles de l’action collective et il a constaté que certains caractéristiques ressortent qui semblent
relativiser l’intérêt d’une analyse en termes de nouveaux mouvements sociaux , il remarque certes que :
• l’activité manifestante se diffuse aujourd’hui très largement dans toutes les CSP,
• que les acteurs des conflits interpellent directement les politiques , faute de croyance en l’efficacité des représentants. Ceci
semble bien traduire une crise de la représentation (cf. coordination).
Mais, contrairement à ce qui s’écrit le plus souvent, la période n’est pas marquée par un changement de nature de la participation
politique :
• l’analyse des revendications portées par les manifestations actuelles ne vient pas corroborer l’hypothèse d’une
modification des valeurs défendues : les valeurs matérialistes sont très largement dominantes : Emploi, hausse du revenu.
Voir les valeurs dévelopées aujourd’hui par les français
• Les mobilisations porteuses de revendications post-matérialistes ( environnement, mœurs ) ne font pas vraiment
recette à l’exception des questions internationales et de l’antiracisme.
• l’hypothèse d’une modification des modes d’engagement politique n’est pas confirmée. Selon elle , la participation aux
mouvements de protestation serait marquée par une extrême fluidité , les individus s’engagent et se désengagent en fonction
du contexte . Il en résulterait un refus net des organisations . La réalité des manifestations françaises vient infirmer ces
considérations puisque plus des deux tiers d’entre elles ( hors Paris) sont organisées à l’appel des centrales ouvrières . Cela
laisse peu de doute sur la domination de la stratégie de la rue par les syndicats . En revanche , il est vrai que les partis
politiques ( surtout les partis de droite et le parti socialiste ) appellent fort rarement à manifester .