You are on page 1of 10
au tableau : Atm CLA. Green DPeommen*/A6 Tit MERCREDI 28 NOVEMBRE 1962 actualité dans notre dialogue. Somme toute, il n'y a rien que ce qui est actuel. C'est bien pour ga qu'il est si difficile de vivre dans le monde, disons, de la réflexion: c'est qu'a la vérité, il ne s'y passe pas grand'chose. Im'arrive, comme ga, de me déranger, pour voir si quelque part, il ne se montrerait pas une petite pointe de point d'interrogation. Je suis rarement ‘récompensé. C'est pour ca qu'il arrive qu'on me pose des questions, et sérieuses. Eh bien, vous ne m’en voudrez pas d'en profiter. Je continue done mon dialogue avec la personne & qui j'ai déja fait allusion deux fois dans mes précédents séminaires, & propos de la fagon dont Jai, la dernigre fois, ponctué 1a différence qu'il y a entre la conception de Varticulation hégélienne du désir et la mienne. On me presse... on me presse den dire plus sur tout ce qu'on désigne textuellement comme un dépassement & accomplir dans mon propre discours, une articulation _plus_précise entre le stade du miroir, et scomme* s‘exprime le Rapport de Rome': entre l'image \ J ous remarquerer que je suis toujours content de m'accrocher 8 quelque spéculaire et le signifiant. Ajoutons qu'il semble rester 14 quelque hiatus, non Sang que mon interlocuteur s'apergoive que, peut-étre, ici, l'emploi du mot hiatus, coupure ou scission, n'est pas autre chose que la réponse attendue. Néanmoins, sous cette forme, elle pourrait paraitre ce qu'elle serait en effet, une élusion ou une élision, et c'est pourquoi bien volontiers j‘essaicrai aujourd'hui de lui répondre. Et ceci d'autant plus que nous nous trouvons 1a strictement sur la voie de ce que j'ai A vous décrire celle année concernant Vangoisse : langoisse c'est ce qui va nous permettre de repasser, je dis repasser, pat articulation ainsi requise de moi. Je dis “repasser" parce que, ceux qui m’ont suivi pendant ces dernigres années —et anéme, sans forcément avoir €é ici, en ‘tous points assidus, ceux qui ont lu ce que j'écris—, ont dores et déja plus que des éléments pour emplir, pour faire fonctionner cette coupure, cet hiatus, comme vous allez le voir aux quelques rappels par quoi je vais commencer. A la vérité, je ne crois pas qu'il y ait dans ce que j'ai jamais enseigné, deux temps : un temps qui serait centré sur te stade du miroir, sur quelque chose de pointé du c6té de l'imaginaire, et puis aprés, avec ce moment de notre histoire qu'on repére par le Rapport de Rome, la découverte que jai faite, tout d'un coup, du signifiant. Dans un texte qui, je crois, n'est plus tres facile dace’s, mais enfin, qui se trouve... dans toutes les bonnes bibliothéques psychiatriques, un texte paru & I'Evolution psychiatrique qui s'appelle "Propos sur la causalité psychique”? — discours qui nous fait remonter, si mon souvenir est bon, juste aprés Ia guerre, en 1946 —, ceux qui siintéressent @ la question qui mest ainsi posée, je les prie de s'y reporter: ils y verront des choses qui leur prouveront que ca n'est pas de maintenant que, cet entre-jeu de ces deux registres, a été, par moi, intimement tressé. (1). J. Lacan, Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, Rapport dia congrés de Rome, 26 et 27 sept. 1953 ; La psychanalyse, vol.t, Paris, PUR, 1956 et ‘Tehou, 2000: Eerits, Paris, Seuil. 1966; Autres écrits, Seuil, 2001 (2). "1, Lacin, Prapos sur la eausaivé psychigue, Journées psychiatriques de Bonneval, 28 sept 1946. Cf. Le probltme de Ia psychogentse des névioses et des psychoses, [Bonnaté, Ey, Pollin, Lacan, Rouart}, Paris, Desclée de Brouwer, 1950 ; Ecrits, op. ctf. 6 or LANGOISSE A la vérité si ce discours a &€ suivi d'un assez long silence, disons. il ne faut pas trop vous en étonner : il y a eu du chemin de parcouru depuis pour ouvrir a ce ‘discours un certain nombre d'oreilles, et ne croyez pas qu'au moment od —si ga vous intéresse, relisez ces Propos sur la causalité psychique —, au moment o@ je les ai tenus, ces propos, les oreilles pour Ventendre, fussent si faciles. A Ia vérité, puisque c'est & Bonneval que ces propos ont été stenust, et qu'un rendez-vous plus récent 4 Bonneval a pu, pour certains, manifester le chemin parcouru’, sachez bien que les réactions 4 ces premiers propos furent assez €tonnantes, Ce terme pudique d'ambivalence, dont nous nous servons dans le miliew analytique, caractérise au mieux les réactions que j'ai enregistrées & ces Propos*, et méme — puisque, on va me chercher sur ce sujet — que je ne trouve pas absolument inutile de marquer qu'd un moment —dont un certain nombre d'entre vous *étaient* déja assez formés pour se souvenir —, qu’ un moment qui était d'aprés guerre et de je ne sais quel mouvement de renouveau qu'on pouvait en espérer — et, je ne peux pas ne pas me souvenir, tout d'un coup, lorsqu'on me raméne a cette époque, de ceci, enfin—, que ceux qui m'étaient certainement pas, individuellement, les moins disposés @ entendre un discours qui était trés nouveau alors — qui étaient des gens situés quelque part, enfin, qu'on appelle politiquement la gauche et méme l'extréme gauche, enfin les communistes pour les appeler par leur nom—, firent preuve, tout spécialement A cette occasion, de cette sorte de chose... de réaction, “de mode, de style, qu'il me faut bien épingler par un terme qui est d'usage courant encore qu'il faut... qu'il faudrait s'arréter un instant avant d’en avancer Femploi: cest un terme tres injuste A Iégard de ceux qui l'invoquent & Vorigine, mais c'est un terme qui a fini par prendre un sens qui est non ambigu —nous aurons peut-étre, dans Ia suite & y revenir — je l'emploie ici au sens courtois c'est le terme de pharisaisme. Je dirai qu’en cette occasion, *danst ce petit verre d'eau qu'est notre milieu psychiatrique, le pharisaisme communiste fit vraiment fonction, 4 plein, de ce A quoi nous avons vu s'employer pour, au moins, notre génération, dans Vactuel, ici, en France, @ savoir: assurer la_permanence de celte_somme aises, OW un certain ordre établi trouve son confort Peux pas ne pas témoigner que cest A leurs toutes spéciales réerves que je dois d'avoir compris & ce moment-Id que mon discours mettrait encore longtemps & se faire entendre. D'od le silence en question, et Vapplication que j'ai mise & me consacrer a, seulement, le faire pénéirer dans le milieu que son expérience rendait le plus apte a lentendre, a savoir, le milieu analytique. Je vous passe les aventures de la suite. Mais si ceci peut vous faire relire les Propos sur la causalité psychique, verrez, surtout aprés ce que ‘je vous aurai dit aujourd'hui, que, d'ores et déja, la trame existait, dans laquelle chacune des deux perspectives que mon interloeuteur distingue, non pas sans raison, s‘inscrit, Ces deux perspectives. elles sont ici ponctuées par ces deux lignes (poinillés] colorées, celle en bleu verticale, en rouge horizontale, que le signe (i) de Vimaginaire et (s) du symbolique ici désignent respectivement. I_y_a bien des facons de vous rappeler que I'articulation du sujet au petit autre et articulation du sujet au grand Autre “ne vivent pas séparés* dais te que je vous démontre. I y aurait plus d'une fagon de vous le rappeler, je vais vous le rappeler dans un certain nombre de moments qui ont déja été éclairés, Ponctués comme essentiels dans mon discours. Je vous fais remarquer que ce que vous voyez 18. dans mon tableau, dans les autres lignes dessinées — vous vou (3). Linconsciemt, 6* Colloque de Bonneval, 1960, Paris, Deselée de Brouwer, 1966, 30 Dedonn*/D D*vous enregistrez 3 ce propos*/ Afi 1 30971*8 ces premiers pr. pos* Desont*/D. AG Déne visent pas & séparee*/ 28 NOVEMBRE 1962 "0 allez voir placer les élémems dont il s'agit—, ce n'est rien dautre qu'un schéma, déja publié dans les remarques que j'ai cru devoir faire sur le rapport Royaumont de Daniel Lagache‘, et ce dessin ol s‘urticule quelque chose qui dépendance de ce gue —le reprenant, ce rapport de Daniel Lagache, mais aussi ‘un discours antérieur que j'avais fait ici, *dés lar deuxitme année de mon séminaire —, que j'appelai respectivement le moi-idéal_et Vidéal du. mai. ~- Qui, teppelons done comment te capnad spéculaire “se trouve inséré, se 7 trouve donc prendre sa_ place, se trouve dépendre. du {uit que le sujet se Desa marque dansleappon"iAf “Gonstitue au licy de l'Autre. Il se constitue, sde sa marque duns le rapport? au que, mpportiGCrde so mane, Signitiant. Déja, rien que dans la petite image exemplaire d'od pant la de son rappon démonstration du stade du miroir, dans ce moment dit jubilatoire ot Menfant sfassume comme totalité fonctionnant comme telle, dans son image spéculuire est-ee que, depuis toujours, je n’ai pas rappelé le rapport essentiel & ce moment de ce mouvement qui fait que le petit enfant, qui vient se saisir dans cette expérience inaugurale de la reconnaissance dans le miroir, se retourne vers celui qui le porte, qui le supporte, qui le soutient, qui est 1a derrigre lui, vers Vadule.. qui se retourne en un mouvement vraiment tellement fréquent, je dirais, Constant, que tout un chacun je pense peut avoir le souvenir de ce mouvement 40 ...et se retourne vers celuir: qui le porte, vers Vadulte, vers celui qui, 1a représente le grand Autre, comme pour appeler, en quelque sorte, ‘son assentiment, vers ce que, & ce moment, l'enfant. dont nous nous efforgons d'assumer le contenu de l'expérience, dont nous Feconstruisons dans le stade du miroir quel est le sens de ce moment, en le Demuation/AGIGT¢nutaion* —faisant se reporter A ce mouvement de “rotation* de la téte gui se retourne et qui revient_vers image, semble lui demander d'enigriner : lf valeur de celle image. Bien sir, ce n'est & qu'un indice, que je vous Afiduc’Tuppelle, * compte-tenu de a liaison inaugurale de ce rapport au “grand Autre & avec cet avénement de la fonction de image spéculaire, ainsi notée comme Downeperentitc toujours par * ia) Drfoution OAK 4 Te rapport le plus étrvit avee multe sujet, cest-U-dite sly _fumetion der Dedes*/H, Afi 1CCI2%et deja Mais faut-il nous en tenir 14? Ft, puisque c'est & Vintérieur d'un teavail que jfavais demandé & mon interlocuteur concernant s+ les doutes qui fui venaient & propos nommément de ce quia avancé Claude Lévi-Strauss dans son livre La pensée sauvage, dont vous le verrez, le rapport est vraiment — j'ai 1? *fait* référence tout @ l'heure a Iactualité — étroit avec ce que nous avons & sovr2 dire cette année. Car je crois que *ce que* nous avons a aborder ici, pour marquer cette sorte de progrés que constitue usage de Ja raison pgvshunalytique, c'est quelque chose qui vient sgpondre, précisément 1") a cette béance ot plus d'un d'entre vous, pour instant, demeure arrété : celle que mogife, tout au long de son développement, Claude Lévi-Strauss, dans nelle sirte-d'opposition de ce quill appelle raison analytique avec la raison, dialectique’ “Er C'est bien, a effel, ‘aiiout de cette Opposition que je voudr instituer, ce temps présent, 1a remarque introductive suivante que j'ai 4 vous hati faire dans mon chemin d'aujourd’hui, Qu’est-ce que j'ai relevé, extrait, du pas: inaugural, constitué dans la pensée de Freud par la Science des réves, sinon enfin, DedmuD ceci que je vous rappelle, *sur+ lequel j'ai mis accent: que abord Yineonscient, & propos du réve, précisément_comme un” Weu, ‘gu ee gee Pl -PeSaliemmest ‘comme ue few, “qu'il. appcile_ein anderer Schauplatz, une autre scéne®, Dés Tabord, dés Ventrée en DeVinwenton*#CC.A6 11 D2vde Jeu de Ta fonction, de -V'inconseients, ce terme et cette fonction de scene s'y Autre scéne"/0.F0 introduit comme essentietle. (4). J. Lacan, Remarques sur le rapport de Daniel Lagache : « Psychanalyse et structure de la personnalité », colloque de Royaumont, juil. 1958, La Psychanalyse, vol. 6, Paris. PUS, 1961 [Tehou, 2001]; Fevits, op. cit. (5). Ch Lévi-Strauss, Lar pensée sauvage, Paris, Plon. 1962, chap. IX. Histoire et dislectiqu. (6), S. Freud, [Die Traumdeutung, 1900, G.W WIM, p.S4i] Linterprétation dev réves, Pasi, PUE, 1971, Vil. 11, La régression, p35 sy, {moment dintroduction par Freud de la anélaphore de Mappareil photographiquel

You might also like