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Le cas pratique
La méthode du cas pratique est celle du syllogisme juridique. La maîtrise de cette méthode
logique du raisonnement est absolument indispensable pour garantir une bonne résolution
d’un cas pratique. Au demeurant, elle assure au candidat peu sûr de la bonne interprétation
des faits, de montrer son bon sens et sa maîtrise de l’exercice, indépendamment du résultat
auquel il est parvenu.
Dans la première étape, notons que les cas peuvent être parfois « bavards » dans l’explication
des circonstances ayant fait naître le problème. Un tel cas de figure est destiné à « brouiller les
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pistes » mais ne doit pas inquiéter. Il ne faut retenir que les faits ayant directement donné
naissance au problème ou ayant une incidence sur sa résolution.
Dans la seconde étape, il est possible que les différents problèmes soient clairement identifiés
en étant déjà séparés, numérotés, les questions étant précises et clairement posées. Dans cette
hypothèse, le travail de cette étape est clairement facilité voire totalement fait. Les questions,
même précises, peuvent être ouvertes ou fermées, c’est-à-dire appelées une seule ou plusieurs
réponses, selon la précision des faits et la ou les règles de droit applicables.
En revanche, si le cas est totalement enchevêtré et que la question est totalement générale ( de
type « quid juris ? »), il est absolument indispensable de procéder au découpage des différents
problèmes et de poser les questions. L’identification des problèmes juridiques à résoudre est
alors un travail supplémentaire, attendu du candidat. Cette identification peut parfois être
aussi importante que la résolution même du problème, aussi ce travail ne doit-il absolument
pas être négligé. De la même façon, on peut aboutir à plusieurs questions si les faits sont
complexes ou imprécis, obligeant le candidat à envisager plusieurs réponses.
Dans la troisième étape, on entre à proprement parlé dans le syllogisme juridique. Il faut
rappeler la ou les règles de droit, étant alors entendu qu’il ne faut pas tomber dans le travers
de « réciter le cours ». C’est à ce moment là qu’il convient d’exposer uniquement la règle de
droit de nature à résoudre le problème. Cette règle de droit constitue le fondement juridique
de la consultation. Il peut s’agir bien sûr de la loi (le Code civil, autorisé à l’épreuve, est alors
un allié précieux), mais aussi du règlement ou de la jurisprudence. Plus rarement, on pourra se
référer à des usages, pratiques professionnelles ou règles de déontologie. Dans ce cas, il est
probable que l’énoncé lui-même ait évoqué et précisé ces règles. Le problème consistera alors
à s’interroger sur ces sources du droit et sur leur valeur juridique. Grossièrement, ces sources
seront essentiellement utiles dans le silence de la loi et de la jurisprudence. Dans le cas
contraire, on se réfèrera plus sûrement à la loi, au règlement ou à la jurisprudence, dont la
force contraignante sera plus importante, en raison de leur supériorité dans la hiérarchie des
normes. Dans l’hypothèse où ces sources professionnelles viendraient contredire la loi, le
règlement ou la jurisprudence, de telles sources informelles devront être totalement écartées.
La mise en œuvre de ces sources informelles est toutefois peu probable et le candidat ne doit
pas être affolé par un quelconque risque.
La majeure est une étape clé, pour vérifier le bon apprentissage des connaissances et la
capacité du candidat à les mobiliser et les restituer correctement. Il convient d’être clair et
pédagogue et de ne pas se contenter d’évoquer la règle. Il faut au contraire l’expliquer et ne
pas partir du principe que le correcteur la connaissant, il comprendra une simple évocation.
Une explication pleine et entière s’impose. Il faut se mettre à la place de l’avocat qui doit
expliquer son action à ses clients, le plus souvent profanes.
Dans la quatrième étape, dite la mineure du syllogisme, il s’agit d’appliquer la règle de droit
au cas d’espèce. Autrement dit, il ne suffit pas d’avoir identifié la règle de droit applicable,
encore faut-il savoir comment elle s’applique à l’espèce. Il convient en particulier de vérifier
si toutes les conditions d’application de la règle sont réunies en l’espèce. Il se peut qu’un
élément de fait, mineur en apparence, conditionne l’application de la règle de droit et doive
notamment conduire à son exclusion. Il faut alors se méfier et ne pas appliquer aveuglément
la règle de droit. Il arrive fréquemment que l’on cherche à piéger le candidat, par des faits qui
donnent l’apparence des conditions d’application de la règle de droit, alors qu’une condition
est manquante ou un peu différente. Il convient donc de bien vérifier l’application de la règle
et de ne pas se contenter de l’évoquer et de conclure directement à son application et donc à la
solution.
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La mineure est une étape essentielle, pour vérifier l’aptitude du candidat au raisonnement
juridique. Elle est la clé d’une bonne pratique du métier d’avocat.
Dans la cinquième étape, il s’agit simplement de lier les étapes 3 et 4, c’est-à-dire la majeure
et la mineure pour aboutir à la solution. Une ou deux phrases suffisent à formaliser cette
étape.
L’expression « commentaire d’arrêt » est consacrée, bien que l’exercice puisse porter aussi
bien sur un arrêt que sur un jugement. Il s’agit d’un commentaire d’une décision de justice, de
quelque juridiction qu’elle émane, même si c’est le plus souvent une décision de la Cour de
cassation.
L’exercice est considéré comme complexe, car il présente deux difficultés principales. La
première est d’éviter la paraphrase de la décision. Il ne faut pas se borner à répéter sous
d’autres termes la solution donnée. La seconde difficulté est d’éviter que l’arrêt ne soit qu’un
prétexte pour réciter le cours et disserter sur des points sans les mettre en relation avec l’arrêt.
1. La préparation
- les thèses
Il faut déterminer les prétentions des parties (arrêt de rejet) ou la solution de la Cour d’appel
(arrêt de cassation).
- le problème de droit
Il faut ensuite poser clairement les questions de droit.
On les trouve en confrontant les thèses en présence. Dans un arrêt de rejet, la thèse de l’arrêt
attaqué est présentée la première et est introduite par la locution conjonctive « au motif que »
et la thèse du pourvoi vient ensuite introduite par la conjonction « alors que ». Dans un arrêt
de cassation, la thèse du pourvoi n’est pas présentée, c’est la thèse de la Cour d’appel qui est
développée. Sa thèse est clairement énoncée : la Cour d’appel retient que… a considéré que…
a énoncé que…
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Il faut être attentif aux textes cités, à la date de la décision et à la juridiction qui a rendu la
décision (le plus souvent la Cour de cassation : quelle chambre ? Attention aux arrêts de
chambre mixte et aux arrêts d’assemblée plénière, très révélateurs).
S’il s’agit d’une décision ancienne, il faut regarder si elle est toujours conforme au droit
positif (lois et jurisprudences postérieures).
S’il s’agit d’une décision récente, il faut la comparer avec le droit antérieur.
Il faut toujours confronter la solution de l’arrêt avec les textes ou les principes qu’il est censé
appliquer. Y a-t-il toujours ajout, déformation, qu’elle est l’interprétation retenue ?
2. La rédaction
Le plan :
Il doit permettre de présenter le sens, la portée et la valeur de la décision, sans toutefois
reprendre cette division ternaire.
Le sens est l’explication de l’arrêt. C’est l’aspect explicatif du cours, lequel cours doit être
utilisé, sans être plaqué. Le cours doit toujours être mis en relation avec l’arrêt.
La portée suppose que l’on s’interroge sur la règle retenue pour déterminer quelle influence
elle peut avoir : cas particulier, règle de portée générale, amorce d’une évolution, revirement
de jurisprudence…
La valeur de la décision implique que l’on porte une appréciation, positive ou négative, que
l’on discute la motivation.
Il est difficile de déterminer dans l’abstrait un plan type pour le commentaire d’arrêt,
précisément parce qu’il doit être très proche du cas d’espèce.
Il est cependant possible d’utiliser un plan type, à condition d’en habiller les intitulés.
Si on peut dégager deux problèmes de droit différents, ils constitueront les deux parties.
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Par exemple : arrêt de rejet rendu par la 1ère chambre civile le 11 mars 1997 contribue à…
La suite est la reprise de la fiche d’arrêt qui doit être clairement rédigée et reprise en
introduction : faits, procédure, thèses (pourvoi ou Cour d’appel), question de droit, solution.
Il faut ensuite annoncer le plan et rédiger les parties, en suivant le raisonnement échafaudé
pour construire le plan. Il convient alors d’expliquer l’arrêt et de l’apprécier (portée, critique
positive ou négative).
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