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Bien des organismes classés ensemble en raison de leur forme ou de leur structure (morphologie
de base) sont maintenant considérés comme appartenant à des classes différentes. Il est évident
que l'utilisation de divisions comme les monères, les protistes, les CHAMPIGNONS,
les VÉGÉTAUX ou les ANIMAUX pour classer les êtres vivants est préférable à la classification
classique qui ne comprenait que les règnes végétal et animal. Les cinq règnes vivants sont répartis
en deux grands super-règnes : les procaryotes (cellules sans membrane nucléaire) et les
eucaryotes (cellules dont le noyau est entouré d'une membrane). D'autres différences au niveau de
la structure nucléaire contribuent à rendre la différenciation évidente et absolue.
Les procaryotes ne comprennent que le règne des Monères, qui est constitué des bactéries, y
compris les Cyanobactéries (anciennement appelées ALGUES BLEUES). La limite inférieure des
Monères est mal définie parce que les virus, dont la structure n'est pas cellulaire, sont parfois
inclus dans cette division. Certains virus sont si peu complexes qu'ils ne sont guère plus que des
molécules autoreproductrices et on hésite à les considérer comme des êtres vivants véritables.
Le règne le moins complexe des Eucaryotes est celui des Protistes. Les organismes de ce groupe
sont essentiellement unicellulaires et possèdent un noyau organisé, de même que des organites
responsables de la photosynthèse, de la respiration cellulaire, du métabolisme, etc. Ce règne est
plutôt disparate. Cependant, les Protistes se reproduisent pratiquement toujours par une forme de
division nucléaire mitotique. Par exemple, le noyau se divise pour former deux nouveaux noyaux
possédant chacun un nombre de chromosomes identique à celui de la cellule mère. Les cellules
eucaryotes sont généralement beaucoup plus grandes que celles des procaryotes.
Selon leur évolution, les Protistes proviendraient des Monères, mais ce processus évolutif demeure
mal compris. Une théorie récente suggère que les structures spécialisées des cellules eucaryotes
(les organites) proviendraient de Monères qui se seraient adaptées à vivre à l'intérieur d'un autre
Monère plus gros. Cette théorie sur l'origine symbiotique est convaincante dans le cas des
chloroplastes (organites photosynthétiques), entre autres pour certaines algues rouges dérivées
des Cyanobactéries, pour les algues vertes provenant d'un procaryote vert comme le Prochloron et
pour d'autres groupes d'algues provenant de procaryotes photosynthétiques disparus ou non
connus.
Bien que cette théorie soit moins convaincante en ce qui concerne les autres organites, elle
demeure plus plausible que certaines des autres théories proposées. Le passage des Monères aux
Protistes s'est probablement produit plusieurs fois au cours de l'histoire de la vie. En fait, les
Protistes ne constituent pas un regroupement « naturel » (c'est à dire un ensemble d'organismes
provenant tous du même ancêtre). Ce règne sert en quelque sorte de fourre-tout dans lequel on
place divers organismes ayant atteint un niveau d'évolution semblable.
Les termes taxonomie et systématique sont devenus pratiquement synonymes, ce qui est un usage
fautif. Le terme taxonomie (ou taxinomie), créé en 1813, englobe les bases, les principes et les
règles de la classification et de la nomenclature (nomination), de même que la structure
hiérarchique; il se rapporte à une méthodologie de support plutôt qu'à une discipline de recherche.
La systématisation n'a véritablement progressé que lorsque la GÉNÉTIQUE est réapparue et que la
cytologie (l'étude de la cellule) s'est développée. Les botanistes en particulier se servent de plus en
plus des données cytologiques pour regrouper les organismes. Grâce à Julian Huxley et à d'autres
chercheurs, la nouvelle systématique s'est répandue aux environs de 1940 et on l'a rapidement
renommée biosystématique. Celle-ci se définit comme l'étude scientifique de la diversité des
organismes vivants et des relations entre les espèces. L'approche générale de la systématique pour
la plupart des espèces se sert de toutes les disciplines appropriées, mais le choix de la discipline
dépend de l'organisme étudié. Par exemple, la cytogénétique, qui étudie les chromosomes à
l'intérieur des cellules, ne peut être utilisée de façon courante pour un grand nombre de
Champignons, puisque leurs chromosomes sont difficiles à observer.
Bien qu'on ait essayé de restreindre son champ d'étude, la systématique est reconnue pour son
utilisation de toute discipline qui complète la morphologie et l'anatomie. Parmi ces disciplines, on
trouve la cytologie, la génétique, la biochimie, l'écologie, la BIOGÉOGRAPHIE, la biologie de la
reproduction, la parasitologie, l'éthologie (étude du comportement animal) et, grâce à l'apparition
des ordinateurs, les analyses mathématiques des données. Les étudiants faisant des études
supérieures en systématique végétale doivent maintenant compléter leur formation en morphologie
par au moins une autre discipline, et une connaissance des méthodes d'analyse statistique et de
programmation des systèmes informatiques est nécessaire à ce niveau. La systématique est donc
au coeur de la biologie. Elle relie toutes les disciplines et explique l'ÉVOLUTION, même si la
complexité de la biologie rend une unification complète difficile, sinon impossible.
La recherche biologique existe depuis longtemps au Canada, mais les chercheurs envoyaient leurs
spécimens en Europe pour qu'ils y soient étudiés. En conséquence, la systématique s'est
développée tardivement au Canada. Cependant, son développement s'est accéléré au début du
XXe siècle. À l'apparition de la systématique au Canada, les universités et les instituts de recherche
canadiens étaient prêts à contribuer à cette discipline élargie. L'apport du Canada a été plus
évident dans l'étude de certaines espèces particulières de fleurs, d'insectes et de champignons.
Disciplines
Les disciplines désignant l'étude de chacun des cinq règnes (bactériologie, protistologie,
mycologie, BOTANIQUE et ZOOLOGIE) sont trop vastes pour être considérées comme des
disciplines individuelles, sauf en ce qui concerne leur introduction générale. Parmi les disciplines
universitaires relatives à la biologie (les disciplines spécifiques à la médecine non comprises), on
trouve : l'anatomie (l'étude des structures internes des organismes), la biochimie, la
biogéographie, la biométrie, la cytologie, la cytogénétique, l'écologie, l'embryologie,
l'ENTOMOLOGIE, l'éthologie, l'évolution, la biologie des pêches, la génétique, le GÉNIE GÉNÉTIQUE,
l'histologie (l'étude des tissus cellulaires), la limnologie (la biologie aquatique, particulièrement en
eau douce), la biologie marine, la microbiologie, laBIOLOGIE MOLÉCULAIRE, la morphologie
(l'étude de la forme et de la structure des organismes), la PALEONTOLOGIE (qui comprend la
micropaléontologie et la PALYNOLOGIE), la PARASITOLOGIE, la pathologie (l'étude des maladies
humaines, animales ou végétales), la physiologie, la taxonomie et la systématique, la toxicologie et
la pharmacologie, ainsi que l'étude de l'ultrastructure cellulaire (l'étude de la structure détaillée des
organites cellulaires).
Succès multidisciplinaires
Presque tous les organismes sont influencés par des facteurs physiques variables, en particulier la
lumière, la température, l'humidité, les précipitations, le vent, la texture du sol et ses nutriments,
l'érosion et le feu. En écologie, non seulement on étudie les relations des organismes entre eux,
mais aussi les relations des organismes avec les facteurs physiques de leur environnement. En
conséquence, la majorité des problèmes biologiques comportent plus de variables qu'un problème
de physique pourrait en comporter. Tous les atomes d'un élément chimique sont identiques, mais
tous les organismes qui ont un mode de reproduction sexué sont différents. Bien souvent, un
problème biologique ne peut être résolu que partiellement, mais un biologiste conscient des
facteurs impliqués peut généralement interpréter le phénomène étudié.
L'étude de divers parasites jette un éclairage nouveau sur les liens évolutifs entre les espèces
végétales et nécessite de combiner la systématique végétale à la mycologie, l'entomologie ou la
nématologie. Le champignon responsable de la rouille et le végétal hôte reflètent leur âge d'origine,
car les compléments génétiques du parasite et de l'hôte sont plus susceptibles d'être compatibles
lorsque ceux-ci sont aux premiers stades de leur évolution. Des années d'études combinant
l'écologie et la biogéographie des parasites et des hôtes ont permis de fournir cette explication et,
finalement, de mieux comprendre l'interaction parasite-hôte et de déterminer l'âge relatif de
nombreux groupes de végétaux.
Le cycle régulier de population du LEMMING à collier est habituellement de quatre ans, mais il est
irrégulier dans certaines parties de l'Arctique. Par le biais d'études microclimatologiques et
écologiques, des zoologistes spécialisés dans la faune sauvage ont découvert que, la chute de neige
étant faible et irrégulière à ces endroits, la température dans les terriers est trop basse pour
permettre un cycle de reproduction normal.
Des études botaniques ont été effectuées dans l'Arctique, au début du printemps, lorsque la glace
marine était encore intacte et que les amas de neige étaient lisses et compactés. Des recherches
en aérodynamique ont montré que le vent peut porter les graines de la plupart des végétaux
arctiques sur de longues distances tout au long de l'année, même si ces graines ne possèdent pas
d'ailes ou de plumes. Elles ont donc tendance à s'accumuler dans les endroits propices à leur
croissance, au pied des amas. La découverte de ce moyen de dispersion a permis d'expliquer la
grande uniformité de la flore relativement jeune de l'Arctique.
Biologie appliquée
La recherche en biologie peut se diviser en trois secteurs qui sont étroitement reliées : la recherche
fondamentale, la recherche appliquée et la technologie. Un bon exemple serait la production
du BLÉ. Le blé cultivé provient de l'hybridation d'espèces sauvages. Les améliorations dépendent
de la justesse de la connaissance des particularités utiles des espèces sauvages. C'est le botaniste
taxonomiste qui fournit cette information. Le généticien spécialiste des céréales développe des
techniques qui permettent le transfert des gènes appropriés dans les plants de blé. Le spécialiste
de la reproduction décide de l'équilibre idéal pour que la nouvelle variété présente les
caractéristiques souhaitées. Finalement, les spécialistes du développement augmentent les stocks
afin d'être en mesure de répondre à la demande des agriculteurs.
Bien qu'une grande part de la recherche en agriculture soit appliquée, il est nécessaire de faire un
retour à la recherche fondamentale pour résoudre certains problèmes, entre autres, dans le cas de
la protection des récoltes, de l'entreposage des aliments, de la pathologie végétale ou de la
médecine vétérinaire. L'inefficacité des premières tentatives pour contrôler la rouille sur la tige du
blé (Puccinia graminis) a conduit à la mise sur pied du Rust Research Laboratory, à Winnipeg. Les
travaux de recherche fondamentale qu'on y a menés ont permis de mieux comprendre la génétique
du blé ainsi que la génétique et l'historique des agents pathogènes responsables des maladies
affectant la plante. Des études systématiques de la rouille chez les végétaux indigènes ont permis
de mieux connaître la biologie du champignon causant la rouille. Pour ce qui est des récoltes en
général, un botaniste, un chimiste ou un mycologue est en mesure de fournir l'information
nécessaire au généticien et au spécialiste de la reproduction; après des tests complets, la variété
améliorée est commercialisée.
Organismes de recherche
Certains articles paraissent dans des journaux étrangers ou multidisciplinaires. Les principales
publications canadiennes (à l'exception des publications du domaine médical) sont : le Canadian
Entomologist, le Canadian Field Naturalist, la Revue canadienne de zootechnie, le Journal canadien
de botanique, le Journal canadien de recherche forestière,Génome (anciennement le Journal
canadien de génétique et de cytologie), le Journal canadien de microbiologie, la Revue canadienne
de phytopathologie, la Revue canadienne de phytotechnie, le Journal canadien de zoologie et Le
Naturaliste canadien.
Bibliographie
Suggestions de lecture : L . Margulis, Symbiosis in Cell Evolution (1981); E. Mayr, The Growth of
Biological Thought (1982).