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Enquête

11 septembre 2001 : les Français en savaient long


LE MONDE | 16.04.07 | 11h08 • Mis à jour le 16.04.07 | 11h47

'est une impressionnante masse de documents. De loin, on croirait une thèse


universitaire. De près, rien à voir. Des coups de tampons rouges "confidentiel-défense" et
"usage strictement national" sur chacune des pages. En haut à gauche, un logo bleu roi :
celui de la DGSE, la Direction générale des services extérieurs, les services secrets français.
Au total, 328 pages classifiées. Notes, rapports, synthèses, cartes, graphiques,
organigrammes, photos satellite. Le tout exclusivement consacré à Al-Qaida, ses chefs, sous-
chefs, planques et camps d'entraînement. A ses soutiens financiers aussi. Rien de moins que
l'essentiel des rapports de la DGSE rédigés entre juillet 2000 et octobre 2001. Une véritable
encyclopédie.

Au terme de plusieurs mois d'enquête sur cette documentation très spéciale, nous prenons
contact avec le quartier général de la DGSE. Et le 3 avril, l'actuel chef de cabinet, Emmanuel
Renoult, nous reçoit sur place, dans l'enceinte de la caserne des Tourelles à Paris. Après
avoir parcouru les 328 pages que nous posons sur son bureau, il ne peut s'empêcher de
déplorer une telle fuite, tout en nous laissant entendre que ce paquet représente la quasi-
intégralité des productions de la DGSE sur le sujet pour cette période cruciale. En revanche,
sur le fond, impossible de lui soutirer le moindre commentaire. Trop sensible.

Il est vrai que ces chroniques des services secrets sur Al-Qaida, avec leurs diverses
révélations, soulèvent quantité de questions. Et d'abord une surprise : le nombre élevé de
notes uniquement consacrées aux menaces d'Al-Qaida contre les Etats-Unis, des mois avant
les attaques suicides de New York et de Washington. Neuf rapports entiers sur le sujet entre
septembre 2000 et août 2001. Dont une note de synthèse de cinq pages, intitulée"Projet de
détournement d'avion par des islamistes radicaux" , et marquée d'une date… 5 janvier 2001
! Huit mois avant le 11-Septembre, la DGSE y rapporte les discussions tactiques menées
depuis le début de l'année 2000 entre Oussama Ben Laden et ses alliés talibans, au sujet
d'une opération de détournement d'avions de ligne américains.

Pierre-Antoine Lorenzi, chef de cabinet du patron de la DGSE jusqu'en août 2001,


aujourd'hui président d'une société spécialisée dans les stratégies de crise et d'influence
(Serenus Conseil), parcourt devant nous ces 328 pages et tombe en arrêt, lui aussi, sur cette
note. Il hésite, prend le temps de la lire et admet : "Je me souviens de celle-là." "Il faut se
rappeler, précise M. Lorenzi, que jusqu'en 2001, le détournement d'avion n'a pas la même
signification qu'après le 11-Septembre. A l'époque, cela implique de forcer un appareil à se

1 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


poser sur un aéroport pour mener des négociations. On est habitué à gérer ça." Mise en
perspective utile pour comprendre pourquoi cette alerte du 5 janvier n'a provoqué aucune
réaction chez ses destinataires : les piliers du pouvoir exécutif.

Dès janvier 2001, la direction d'Al-Qaida se montre néanmoins transparente aux yeux – et
aux oreilles – des espions français. Les rédacteurs détaillent même les désaccords entre
terroristes sur les modalités pratiques du détournement envisagé. Jamais ils ne doutent de
leur intention. Provisoirement, les djihadistes privilégient la capture d'un avion entre
Francfort et les Etats-Unis. Ils établissent une liste de sept compagnies possibles. Deux
seront finalement choisies par les pirates du 11-Septembre : American Airlines et United
Airlines (voir fac-similé). Dans son introduction, l'auteur de la note annonce : "Selon les
services ouzbeks de renseignement, le projet d'un détournement d'avion semble avoir été
discuté en début d'année 2000 lors d'une réunion à Kaboul entre des représentants de
l'organisation d'Oussama Ben Laden…"

Des espions ouzbeks renseignent donc les agents français. A l'époque, l'opposition des
fondamentalistes musulmans au régime pro-américain de Tachkent s'est fédérée dans le
Mouvement islamique d'Ouzbékistan, le MIO. Une faction militaire de ce parti, emmenée
par un certain Taher Youdachev, a rejoint les camps d'Afghanistan et prêté allégeance à
Oussama Ben Laden, lui promettant d'exporter son djihad en Asie centrale. Des livrets
militaires et des correspondances du MIO, trouvés dans des camps afghans d'Al-Qaida, en
attestent.

Alain Chouet a gardé en mémoire cet épisode. Il a dirigé jusqu'en octobre 2002 le Service de
renseignement de sécurité, la subdivision de la DGSE chargée de suivre les mouvements
terroristes. Selon lui, la crédibilité du canal ouzbek trouve son origine dans les alliances
passées par le général Rachid Dostom, l'un des principaux chefs de guerre afghans, d'ethnie
ouzbek lui aussi, et qui combat alors les talibans. Pour plaire à ses protecteurs des services
de sécurité de l'Ouzbékistan voisin, Dostom a infiltré certains de ses hommes au sein du
MIO, jusque dans les structures de commandement des camps d'Al-Qaida. C'est ainsi qu'il
renseigne ses amis de Tachkent, en sachant que ses informations cheminent ensuite vers
Washington, Londres ou Paris.

La formulation de la note française de janvier 2001 indique clairement que d'autres sources
corroborent ces renseignements sur les plans d'Al-Qaida. Selon un dispositif bien huilé en
Afghanistan, la DGSE ne se contente pas d'échanges avec des services secrets amis. Pour
percer les secrets des camps, d'une part elle manipule et "retourne" des jeunes candidats au
djihad originaires des banlieues des grandes villes d'Europe. D'autre part, elle envoie des

2 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


hommes du service action auprès de l'Alliance du Nord du commandant Massoud. Sans
compter les interceptions des téléphones satellitaires.

Un proche de Pierre Brochand, l'actuel patron de la DGSE, nous a assuré que le service
disposait d'une "cellule Oussama Ben Laden" depuis au moins 1995. L'alerte du 5 janvier
s'appuie donc sur un système éprouvé. Alain Chouet, après nous avoir demandé de préciser
qu'il ne s'exprimait pas au nom des institutions françaises, reste laconique mais clair : "Il est
rare qu'on transmette un papier sans recouper." D'autant que ledit papier suit et précède
de multiples rapports de la DGSE étayant la crédibilité des incantations guerrières
d'Oussama Ben Laden.

Dans sa note, la DGSE estime enfin que la volonté d'Al-Qaida de concrétiser son acte de
piraterie contre un appareil américain ne laisse aucun doute : "Au mois d'octobre 2000,
Oussama Ben Laden a assisté à une réunion en Afghanistan au cours de laquelle la
décision de principe de mener cette opération a été maintenue." Nous sommes le 5 janvier
2001, les dés sont jetés, les Français le savent… Et ils ne sont pas les seuls.

Comme toutes les informations évoquant des risques contre des intérêts américains, la note
a été transmise à la CIA par le service des relations extérieures de la DGSE, responsable des
coopérations entre alliés (renommé depuis service des liaisons). Son premier destinataire
est le chef de poste de la CIA à Paris, Bill Murray, un francophone au physique de John
Wayne, rentré depuis aux États-Unis. Nous avons pu établir le contact, mais M. Murray n'a
pas souhaité donner suite à nos demandes. Pierre-Antoine Lorenzi, dont les responsabilités
à la DGSE couvraient alors les questions relatives à la coopération avec les agences
étrangères, ne conçoit pas que ces renseignements-là ne lui aient pas été remis : "Ça,
typiquement, c'est le genre d'information qui est transmise à la CIA. Ce serait même une
faute de ne pas l'avoir fait."

De l'autre côté de l'Atlantique, deux anciens agents de la CIA spécialistes d'Al-Qaida, que
nous avons sollicités, ne se souviennent pas d'alertes particulières envoyées par la DGSE. Ni
Gary Berntsen, rattaché à la direction des opérations de l'agence de 1982 à 2005, ni Michael
Scheuer, ancien responsable de l'unité Ben Laden au siège de la CIA, n'ont gardé en
mémoire des informations spécifiques en provenance de la DGSE.

A Washington, la commission d'enquête du Congrès sur le 11-Septembre, dans son rapport


final publié en juillet 2004, a mis l'accent sur l'incapacité du FBI, de la CIA ou des services
d'immigration d'agréger des données éparses visant certains membres des commandos du
11-Septembre. A aucun moment la commission n'a évoqué la possibilité que la CIA aurait
répercuté au pouvoir politique, dès janvier 2001, des renseignements émanant des services

3 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


français sur le choix tactique d'Oussama Ben Laden d'organiser des détournements d'avions
américains.

Au-delà, le plus confondant, à la lecture des 328 pages de la DGSE, tient peut-être dans la
juxtaposition entre les notes qui alertent sur des menaces – comme celle de janvier 2001 –
et celles qui décrivent très tôt, et avec minutie, le fonctionnement de l'organisation. Dès le
24 juillet 2000, avec la rédaction d'un rapport de treize pages intitulé"Les réseaux
d'Oussama Ben Laden", l'essentiel se révèle consigné noir sur jaune pâle, la couleur des
originaux de la DGSE. Le contexte, les détails anecdotiques et tous les aspects stratégiques
relatifs à Al-Qaida y figurent déjà. Bien souvent, les documents ultérieurs se contentent de
les préciser. Ainsi, l'hypothèse de la mort de Ben Laden – qui a connu un certain succès en
septembre 2006 – prend, dans cette note du 24 juillet 2000, les intonations d'un refrain
connu, mais néanmoins fondé : "L'ex-Saoudien, qui vit depuis plusieurs années dans des
conditions précaires, se déplaçant sans cesse, de camp en camp, souffre également de
problèmes rénaux et dorsaux. (…) Des rumeurs récurrentes font état de sa mort prochaine,
mais il ne paraît pas avoir, jusqu'à présent, changé ses habitudes de vie."

Sur un cliché aérien du 28 août 2000, les agents de la DGSE localisent un homme-clé, très
proche d'Oussama Ben Laden. Son nom : Abou Khabab. Cet artificier d'origine égyptienne,
connu pour avoir enseigné la science des explosifs artisanaux à des générations de
djihadistes, constitue une cible en théorie prioritaire. Dans deux notices biographiques sur
ce personnage, du 25 octobre 2000 et du 9 janvier 2001, la DGSE énumère les
renseignements échangés avec le Mossad israélien, la CIA et les services de sécurité
égyptiens à son sujet. On n'ignore rien de son parcours et de ses déplacements.

C'est également le cas d'Omar Chabani, l'émir chargé d'encadrer tous les militants algériens
venus en Afghanistan, selon la DGSE. Grâce à lui, au cours de l'année 2001, Al-Qaida a mis
des infrastructures à la disposition du Groupe salafiste pour la prédication et le combat
(GSPC), le mouvement terroriste algérien dont le chef historique Hassan Hattab, ex-allié de
Ben Laden, a souscrit en 2006 à la politique de réconciliation nationale du président
algérien Abdelaziz Bouteflika – ce qui avait provoqué l'ire des jeunes générations du GSPC.
Celles-ci ont repris depuis le mois d'octobre la lutte armée délaissée par leurs aînés, en se
réclamant d'un nouveau GSPC – renommé Al-Qaida pour le Maghreb islamique – qui
semble être responsable des attentats du 11 avril à Alger.

En marge des aspects opérationnels sur le fonctionnement d'Al-Qaida, ces documents de la


DGSE proposent un autre regard sur les relais politiques de son chef. Un exemple : dans une
note du 15 février 2001 consacrée en partie aux risques d'attentats contre la base militaire
française de Djibouti, les auteurs relèvent la présence dans le pays du représentant

4 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


d'Oussama Ben Laden pour la Corne de l'Afrique, Nidal Abdel Hay al Mahainy. L'homme,
arrivé sur place le 26 mai 2000 est-il précisé, a, ni plus ni moins, "rencontré le président de
la République djiboutienne".

Mais c'est surtout l'Arabie saoudite qui apparaît comme une préoccupation constante à
propos des sympathies extérieures à l'Afghanistan dont profite Oussama Ben Laden. Les
rapports de la DGSE explorent ses relations avec des hommes d'affaires et diverses
organisations de ce pays. Certaines personnalités saoudiennes ont proclamé leur hostilité à
Al-Qaida, mais, manifestement, elles n'ont pas convaincu tout le monde. Pierre-Antoine
Lorenzi se souvient bien de l'état d'esprit des responsables du renseignement français : "La
DGSE a eu beaucoup de mal à considérer définitivement qu'il n'avait plus de relation avec
la monarchie saoudienne, parce qu'il était en rupture de ban. C'était difficile à admettre."

La note du 24 juillet 2000 mentionne un virement de 4,5 millions de dollars au profit du


chef d'Al-Qaida par l'International Islamic Relief Organisation (IIRO), une structure
directement placée sous la tutelle de la Muslim World League, elle-même considérée comme
l'instrument politique des oulémas saoudiens. Il faudra attendre pourtant le 3 août 2006
pour que des bureaux de l'IIRO figurent sur la liste officielle des organisations de
financement du terrorisme du département américain du Trésor. Au cours de ce mois de
juillet 2000, deux ans après les attentats de Nairobi et Dar-es-Salam, les auteurs de ce
mémo doutent de la sincérité des positions affichées par la famille Ben Laden elle-même :
"Il semble de plus en plus probable qu'Oussama Ben Laden ait gardé des contacts avec
certains membres de sa famille, bien que celle-ci, qui dirige l'un des plus importants
groupes de travaux publics dans le monde, l'ait officiellement renié. L'un de ses frères
jouerait un rôle d'intermédiaire dans ses contacts professionnels ou le suivi de ses
affaires." Selon M. Lorenzi, c'est la récurrence de ces doutes, et plus spécifiquement
l'ambivalence de l'IIRO, qui conduiront la DGSE à se mobiliser avec le Quai d'Orsay, en
1999, quand la diplomatie française proposera aux Nations unies une convention
internationale contre le financement du terrorisme.

Une autre note des services secrets français, datée du 13 septembre 2001, et intitulée
"Eléments sur les ressources financières d'Oussama Ben Laden", réitère ces soupçons à
l'encontre du Saudi Ben Laden Group, l'empire familial. Elle présente aussi un puissant
banquier, autrefois proche de la famille royale, comme l'architecte historique d'un dispositif
bancaire qui "semble avoir été utilisé pour transférer au terroriste des fonds provenant des
pays du Golfe". Une annexe de cette note du 13 septembre 2001 répertorie les actifs a priori
sous le contrôle direct d'Oussama Ben Laden. Surprise, au milieu de structures connues que
le"Cheikh" a dirigées au Soudan, au Yémen, en Malaisie et en Bosnie figure encore, en 2001,
un hôtel situé à La Mecque, en Arabie saoudite.

5 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


Alain Chouet exprime un réel scepticisme sur la volonté des autorités de Riyad
d'appréhender Oussama Ben Laden avant le 11-Septembre : "Sa déchéance de la nationalité
saoudienne est une pantalonnade (…) A ma connaissance, personne n'a mis quoi que ce
soit en œuvre pour le capturer entre 1998 et 2001." En témoigne cette note du 2 octobre
2001 – "Le départ du prince Turki al-Fayçal, chef des services de renseignement saoudiens
: une éviction politique" – qui révèle les dessous de ce spectaculaire limogeage juste avant le
11-Septembre. Les auteurs soulignent "les limites de l'influence saoudienne en Afghanistan
(…) Lors de récents voyages à Kandahar du prince Turki, il n'avait pas réussi à convaincre
ses interlocuteurs d'extrader Oussama Ben Laden."

Et six ans plus tard ? Dans un ample rapport de la DGSE que nous avons pu consulter,
intitulé "Arabie saoudite, un royaume en péril ?" et daté du 6 juin 2005, les agents français
dressent un bilan plus positif des initiatives du régime saoudien contre Al-Qaida. Certains
paragraphes trahissent toutefois des craintes persistantes. Les services secrets français
redoutent toujours les penchants pour la guerre sainte de quelques docteurs de la foi
saoudiens.

Dans sa note, la DGSE estime enfin que la volonté d'Al-Qaida de concrétiser son acte de
piraterie contre un appareil américain ne laisse aucun doute : "Au mois d'octobre 2000,
Oussama Ben Laden a assisté à une réunion en Afghanistan au cours de laquelle la
décision de principe de mener cette opération a été maintenue." Nous sommes le 5 janvier
2001, les dés sont jetés, les Français le savent… Et ils ne sont pas les seuls.

Comme toutes les informations évoquant des risques contre des intérêts américains, la note
a été transmise à la CIA par le service des relations extérieures de la DGSE, responsable des
coopérations entre alliés (renommé depuis service des liaisons). Son premier destinataire
est le chef de poste de la CIA à Paris, Bill Murray, un francophone au physique de John
Wayne, rentré depuis aux États-Unis. Nous avons pu établir le contact, mais M. Murray n'a
pas souhaité donner suite à nos demandes. Pierre-Antoine Lorenzi, dont les responsabilités
à la DGSE couvraient alors les questions relatives à la coopération avec les agences
étrangères, ne conçoit pas que ces renseignements-là ne lui aient pas été remis : "Ça,
typiquement, c'est le genre d'information qui est transmise à la CIA. Ce serait même une
faute de ne pas l'avoir fait."

De l'autre côté de l'Atlantique, deux anciens agents de la CIA spécialistes d'Al-Qaida, que
nous avons sollicités, ne se souviennent pas d'alertes particulières envoyées par la DGSE. Ni
Gary Berntsen, rattaché à la direction des opérations de l'agence de 1982 à 2005, ni Michael
Scheuer, ancien responsable de l'unité Ben Laden au siège de la CIA, n'ont gardé en
mémoire des informations spécifiques en provenance de la DGSE.

6 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


A Washington, la commission d'enquête du Congrès sur le 11-Septembre, dans son rapport
final publié en juillet 2004, a mis l'accent sur l'incapacité du FBI, de la CIA ou des services
d'immigration d'agréger des données éparses visant certains membres des commandos du
11-Septembre. A aucun moment la commission n'a évoqué la possibilité que la CIA aurait
répercuté au pouvoir politique, dès janvier 2001, des renseignements émanant des services
français sur le choix tactique d'Oussama Ben Laden d'organiser des détournements d'avions
américains.

Au-delà, le plus confondant, à la lecture des 328 pages de la DGSE, tient peut-être dans la
juxtaposition entre les notes qui alertent sur des menaces – comme celle de janvier 2001 –
et celles qui décrivent très tôt, et avec minutie, le fonctionnement de l'organisation. Dès le
24 juillet 2000, avec la rédaction d'un rapport de treize pages intitulé"Les réseaux
d'Oussama Ben Laden", l'essentiel se révèle consigné noir sur jaune pâle, la couleur des
originaux de la DGSE. Le contexte, les détails anecdotiques et tous les aspects stratégiques
relatifs à Al-Qaida y figurent déjà. Bien souvent, les documents ultérieurs se contentent de
les préciser. Ainsi, l'hypothèse de la mort de Ben Laden – qui a connu un certain succès en
septembre 2006 – prend, dans cette note du 24 juillet 2000, les intonations d'un refrain
connu, mais néanmoins fondé : "L'ex-Saoudien, qui vit depuis plusieurs années dans des
conditions précaires, se déplaçant sans cesse, de camp en camp, souffre également de
problèmes rénaux et dorsaux. (…) Des rumeurs récurrentes font état de sa mort prochaine,
mais il ne paraît pas avoir, jusqu'à présent, changé ses habitudes de vie."

Sur un cliché aérien du 28 août 2000, les agents de la DGSE localisent un homme-clé, très
proche d'Oussama Ben Laden. Son nom : Abou Khabab. Cet artificier d'origine égyptienne,
connu pour avoir enseigné la science des explosifs artisanaux à des générations de
djihadistes, constitue une cible en théorie prioritaire. Dans deux notices biographiques sur
ce personnage, du 25 octobre 2000 et du 9 janvier 2001, la DGSE énumère les
renseignements échangés avec le Mossad israélien, la CIA et

les services de sécurité égyptiens à son sujet. On n'ignore rien de son parcours et de ses
déplacements.

C'est également le cas d'Omar Chabani, l'émir chargé d'encadrer tous les militants algériens
venus en Afghanistan, selon la DGSE. Grâce à lui, au cours de l'année 2001, Al-Qaida a mis
des infrastructures à la disposition du Groupe salafiste pour la prédication et le combat
(GSPC), le mouvement terroriste algérien dont le chef historique Hassan Hattab, ex-allié de
Ben Laden, a souscrit en 2006 à la politique de réconciliation nationale du président
algérien Abdelaziz Bouteflika – ce qui avait provoqué l'ire des jeunes générations du GSPC.
Celles-ci ont repris depuis le mois d'octobre la lutte armée délaissée par leurs aînés, en se

7 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


réclamant d'un nouveau GSPC – renommé Al-Qaida pour le Maghreb islamique – qui
semble être responsable des attentats du 11 avril à Alger.

En marge des aspects opérationnels sur le fonctionnement d'Al-Qaida, ces documents de la


DGSE proposent un autre regard sur les relais politiques de son chef. Un exemple : dans une
note du 15 février 2001 consacrée en partie aux risques d'attentats contre la base militaire
française de Djibouti, les auteurs relèvent la présence dans le pays du représentant
d'Oussama Ben Laden pour la Corne de l'Afrique, Nidal Abdel Hay al Mahainy. L'homme,
arrivé sur place le 26 mai 2000 est-il précisé, a, ni plus ni moins, "rencontré le président de
la République djiboutienne".

Mais c'est surtout l'Arabie saoudite qui apparaît comme une préoccupation constante à
propos des sympathies extérieures à l'Afghanistan dont profite Oussama Ben Laden. Les
rapports de la DGSE explorent ses relations avec des hommes d'affaires et diverses
organisations de ce pays. Certaines personnalités saoudiennes ont proclamé leur hostilité à
Al-Qaida, mais, manifestement, elles n'ont pas convaincu tout le monde. Pierre-Antoine
Lorenzi se souvient bien de l'état d'esprit des responsables du renseignement français : "La
DGSE a eu beaucoup de mal à considérer définitivement qu'il n'avait plus de relation avec
la monarchie saoudienne, parce qu'il était en rupture de ban. C'était difficile à admettre."

Ousama Bin Laden, la “poubelle des attrocites mondiales”,


serait-il mort après le WTC? ===================’’’’
If bin Laden was dead,
Would the U.S. admit it?
AP Article, 4/26/02, by ROBERT
BURNS
"We're hunting him down," he said.
"We're tracking him down. He's
hiding. We haven't heard hide nor
hair of him for about, oh, since
December, in terms of anything
hard." Rumsfeld said.

Rumsfeld admitting signs of Bin


Laden after mid December were
probably not valid. Dec 7, 2001 tape
Early photo Very ill from Kidney Dialysis
RECENT PHOTOS SHOW A
SICKLY BIN LADEN:

8 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


Reported Funeral mid December 2001: Translation Reported Funeral mid December
on right. 2001

2001 was spent in American hospitals,


Till his death in mid-December

Israeli Intelligence: he died and all new videos are


faked
He had Kidney operation July 4 in Dubai, reports "La
Figaro"
CNN reported 2/1/02 bin Laden aged enormously Translation
Pakistan President Musharraf says he died of Kidney of Funeral
Failure Article in
Doctor says he is extremely ill requiring dialysis Egyptian
Paper:
al-Wafd,
Somebody is trying to convince us Wednesday,
December
that he is still alive 26, 2001 Vol
15 No 4633
October Surprise 2004: From left handed to right
handed? The new tape is fake! News of Bin
November 2002: Lab confirms voice tapes are fake Laden's
September 2002: More bin Laden videos, but voice Death
only? and Funeral 10 days ago
March 2002: bin Laden sends an email from his AOL?
May 2002: Old bin Laden tapes, sent as new tapes Islamabad -
June 2002: Promises of new tapes, which the U.S. A prominent official in the Afghan
media may "choose" not to air. Taleban movement announced
yesterday the death of Osama bin
Who were the terrorists REALLY working for? Laden, the chief of al-Qa'da
organization, stating that binLaden
suffered serious complications in the
lungs and died a natural and quiet
death. The official, who asked to
remain anonymous, stated to The
Observer of Pakistan that he had
himself attended the funeral of bin
Laden and saw his face prior to burial
in Tora Bora 10 days ago. He
mentioned that 30 of al-Qa'da fighters
attended the burial as well as
members of his family and some
friends from the Taleban. In the
farewell ceremony to his final rest

9 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


guns were fired in the air. The official
stated that it is difficult to pinpoint the
burial location of bin Laden because
according to the Wahhabi tradition no
mark is left by the grave. He stressed
that it is unlikely that the American
forces would ever uncover any traces
of bin Laden.

http://www.cnn.com/2002/WORLD/asiapcf/south/01/19/gen.musharraf.binladen.1.19
/index.html

Musharraf: bin Laden likely dead

EXCERPTS:

ISLAMABAD, Pakistan (CNN) --Pakistan's president says he thinks


Osama bin Laden is most likely dead because the
suspected terrorist has been unable to get treatment for
his kidney disease.

"I think now, frankly, he is dead for the reason he is a ...


kidney patient," Gen. Pervez Musharraf said on Friday in an
interview with CNN.

Musharraf said Pakistan knew bin Laden took two dialysis


machines into Afghanistan. "One was specifically for his own
personal use," he said.

"I don't know if he has been getting all that treatment in


Afghanistan now. And the photographs that have been shown
of him on television show him extremely weak. ... I would
give the first priority that he is dead and the second priority
that he is alive somewhere in Afghanistan."
http://www.cnn.com/2002/HEALTH/01/21/gupta.otsc/index.html

Dr. Sanjay Gupta: Bin Laden


would need help if on
dialysis

(CNN)
--Speculation about the whereabouts and
health of Osama bin Laden picked up over
the weekend when Pakistan's president, Gen.
Pervez Musharraf, said he thought bin Laden
had likely died of kidney failure.

CNN medical correspondent Dr. Sanjay Gupta


spoke Monday with CNN's Paula Zahn about bin
Laden's appearance in recently released
videotapes and the possibility that the accused
terrorist leader was undergoing kidney treatment.

ZAHN: For a point of reference, I'd like for you

10 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


to analyze pictures of Osama bin Laden that
apparently were taken prior to September 11.
Describe to us the color and the tone of his skin,
and then I want you to contrast that with pictures
we know to have been taken much later.

GUPTA: You can look [at pictures from a


December 2001 video] and notice that he has
what some doctors refer to as sort of a frosting
over of his features -- his sort of grayness of
beard, his paleness of skin, very gaunt sort of
features. A lot of times people associate this with
chronic illness. Doctors can certainly look at that
and determine some clinical features.

But even more than that, it's sometimes possible


to differentiate the specific type of disease or
illness that he may be suffering from. The sort of
frosting of the appearance is something that
people a lot of times associate with chronic
kidney failure, renal failure, certainly someone
who is requiring dialysis would have that.

He's also not moving his arms. I looked at this


tape all the way through its entire length. He never
moved his left arm at all. The reason that might
be important is because people who have had a
stroke -- and certainly people are at increased risk
of stroke if they also have kidney failure -- he
may have had a stroke and therefore is not
moving his left side. And in the rest of the
videotape, he does move his right side a little bit
more than he does his left. So those are some of
the things that are sort of "of note" here in this
more recent videotape.

ZAHN: I think we need to remind the viewers


once again that the president of Pakistan talked
about [bin Laden] importing two dialysis
machines into Afghanistan. Of course, no one
other than the president of Pakistan right now is
confirming that [bin Laden] in fact needed
dialysis.

GUPTA: That's right. And again, renal dialysis --


talking about hemodialysis -- is something that
really is reserved for patients in end-stage renal
failure. That means their kidneys have just
completely shut down.

The most common cause of something like that


would be something like diabetes and
hypertension. Once that's happened, if you're
separated from your dialysis machine -- and
incidentally, dialysis machines require electricity,
they're going to require clean water, they're going
to require a sterile setting -- infection is a huge

11 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


risk with that. If you don't have all those things
and a functioning dialysis machine, it's unlikely
that you'd survive beyond several days or a week
at the most.

ZAHN: If he had all these things you're talking


about to keep the dialysis machine running, how
much help does he need around him to administer
the treatment?

GUPTA: You certainly need someone who really


knows how to run that dialysis machine. You
have to have someone who's actually assessing
his blood, Osama bin Laden's blood, to see what
particular dialysate he would need, and to be able
to change his dialysate as needed. So you'd need a
kidney specialist, a technician -- quite a few
people around him.
http://www.cnn.com/2002/US/02/01/gen.bergen.cnna/index.html

Peter Bergen: Bin Laden has aged 'enormously'

February 1, 2002 Posted: 1:24 PM EST (1824 GMT)

(CNN) -- On Thursday night, CNN aired


parts of an interview with Osama bin
Laden that the Arabic-language
television network Al-Jazeera recorded
in late October.

BERGEN: He's actually quite similar. I mean, in terms of his demeanor and his
voice -- these kinds of things are quite similar. The big difference is that
he's aged
enormously between '97 and October of last year.

This is a man who was clearly not well. I mean, as you see from these
pictures
here, he's really, by December he's looking pretty terrible. But by December,
of
course, that tape that was aired then, he's barely moving the left side of
his body.
So he's clearly got diabetes. He has low blood pressure. He's got a wound in
his
foot. He's apparently got dialysis ... for kidney problems.

I mean, this is a man who has a number of health problems, apart from the
fact
that anybody running around the Afghan mountains is not going to be in great
shape.
http://www.worldtribune.com/worldtribune/breaking_3.html
http://216.26.163.62/2002/me_terrorism_10_16.html

Israeli intelligence: Bin Laden is dead, heir has been chosen

SPECIAL TO WORLD TRIBUNE.COM


Wednesday, October 16, 2002
TEL AVIV Osama Bin Laden appears to be dead but his colleagues have

12 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


decided that Al Qaida and its insurgency campaign against the United
States will continue, Israeli intelligence sources said.

Al Qaida terrorists have launched a new campaign of economic warfare and


are targeting shipping in the Middle East, according to U.S. intelligence
officials.

The Israeli sources said Israel and the United States assess that Bin
Laden probably died in the U.S. military campaign in Afghanistan in
December. They said the emergence of new messages by Bin Laden are
probably fabrications, Middle East Newsline reported.

But Bin Laden's heir has been chosen and his colleagues have decided to
resume Al Qaida's offensive against the United States and Western allies,
the sources said.

They said the organization regards the United States as the main target
followed by Israel.
"In this case, it doesn't matter whether Bin Laden is alive or not," a
senior Israeli intelligence source said. "The organization goes on with
help from key people."

The sources said Al Qaida has already determined Bin Laden's heir. They
said the heir has not been identified, but is probably not Bin Laden's
son, Saad. Saad is said to be in his 20s and ranked within the top 20
members of Al Qaida.

Earlier this week, Bin Laden's deputy, Ayman Zawahiri, was said to have
released a videotape in which he claims that the Al Qaida leader is alive
and functioning. Bin Laden's voice was not heard on the tape.

A senior Bush administration economic official said last week that another
major Al Qaida attack anywhere in the world could have devastating
economic repercussions.

The FBI warned last week that Al Qaida may be preparing for a major
attack. The warning followed the release of an audio tape featuring the
voice of Zawahiri.

Bombings in Bali aimed at tourists, an attack on U.S. soldiers training in


Kuwait and the bombing of a French tanker in Yemen are signs of the new
campaign, Geostrategy-Direct.com reported in its Oct. 22 edition.

The first attack was carried out last week with the Al Qaida terrorist
attack on the French tanker Limburg, a 157,000-ton ultra large crude oil
carrier, that was bombed as it picked up a pilot before mooring at the
Yemeni port of al Shihr.

One crew member was killed and others were injured in the blast.

According to intelligence officials, a small boat approached at high speed


from the starboard side of the ship and detonated a large explosive
device.

A week earlier, the Office of Naval Intelligence issued an alert to ships


in the Middle East to be alert for Al Qaida terrorist attacks.

13 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN


14 - ENQUETE SUR LE 11 SEPTEMBRE 2001 ET LA MORT DE BIN LADEN

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