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DISCOURIR, ARGUMENTER
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Discourir, argumenter?
Argumentation : spectacle et sens. Des mots. Du discours. Oes objets, du monde, de la société.
Argumenter : construire, agir, déplacer, stabiliser, déstabiliser.
L'espace et le temps : des domaines, des existences, des événements.
Le nécessaire et le suffisant : ce qu'il faut pour faire discours. Ce quil suffit pour un sens en
regard d'autres pour convaincre.
Schématisations, structurations, autrement dit : discours qui à chaque fois, mobilisent des
passés du langage, convoquent des « micro-mondes », invoquent des pouvoirs locaux. Avec
l'ambition de la généralité, du passage à l'universel, d'une « vérité ». C'est vrai que l'opinion
commune préfère la consistance, le stéréotypé1.
Schéma du discours effectivement arrêté chaque fois, à un moment de ses états et des états
en conséquence du langage, des significations, des logiques, des passions. Et se donne comme
arrêt nécessaire : mise en poste du discours, situation d'affût. Sur les significations, les choses, les
sens du monde. Les représentations, les images donc, celles connues, celles « à son sens »
innovées. Ces sens, ces représentations, les voici « naturellement » alors identifiées, déterminées,
proposées et à l'occasion, reçues comme la représentation, le sens du monde, d'un monde. Dès
lors, arguments et discours s'entendent pour revendiquer la logique au-delà des logiques. Mais il
s'agit de ruser. Efficaces ou non selon les cas. Tout dépend du « pouvoir des mots », choisis,
hérités, imposés. Conduite du sens et des sens donc, qui signifie enfin acte notarié d'arrêt d'un
discours sur des lectures, des situations, des êtres. Acte notarié fondamental de toute argu-
mentation, qui ainsi établit son ordre, son plan, son parcours.
Il faut pour cela :
— des lois qui vont réguler ce qu'il faut comprendre et donc dire ;
— des opérations qui vont construire du langagier à partir du langage, marquant,
exprimant les activités cognitives d'un sujet, puisqu'ayant bien pour objet, la constitution de son
discours comme outil de connaissance pour soi, pour autrui ;
.— des règles en conséquence, qui assureront la mise en discours et en « formes » de
ces opérations langagières et de ces lois de pensée assurant d'univers socio-symboliques du dire
et du représenter ;
— des repères de ce fait, qui permettront cognitivement à autrui de comprendre,
d'adhérer ou non, d'accepter ainsi ou pas les frontières du sens définies par le discours, en
termes justement de repérages appliqués aux « réalités » du monde.
Cercles de l'agir discursif, de l'argumenter...
Georges VIGNAUX
NOTES
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Georges Vignaux
7. « La vérité est dans la consistance, dit Poe (Eurêka). Donc celui qui ne supporte pas la consistance se ferme à une
éthique de la vérité ; il lâche le mot, la proposition, l'idée, dès qu'ils prennent et passent à l'état de solide, de
stéréotype (stéréos veut dire solide).» (Roland Barthes par Roland Barthes, Paris, Seuil, 1975, p. 164).
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