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En guise de préface

Petite présentation des Traités d'Aboucara


extraite de
Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastique
par
Dom Rémy CEILLIER
pages 257 à 261
Tome XIX
1754
En effet, l'édition de la PG de Migne suit le même ordre de présentation.
Tout au plus, avons-nous modernisé l'orthographe, et clarifié la présentation.

Historique des premières éditions des traités grecs d'Aboucara


Nous avons sous le nom d'Aboucara plusieurs petits Traités dogmatiques, que Gretzer fit imprimer en Grec & en Latin
à Ingolstat en 1606, avec le Livre d'Anastase Sinaïte, intitulé : Guide du chemin. Ils ont depuis été réimprimés en Latin
dans la Bibliothèque des Pères, à Cologne en 1618, et dans celle de Lyon en 1677; en Grec & en Latin, à Paris en 1624,
dans le premier tome de l'Auctuaire de Fronton-le-Duc; et dans la Bibliothèque des Pères, à Paris en 1644 et 1654.
Mais les ouvrages rapportés dans ces différents Recueils ne sont pas tous de la traduction de Gretzer : il y en a quinze
traduits par Gilbert Genebrard, & imprimés en Latin dans la Bibliothèque des Pères, qui parut à Paris en 1575 et 1576,
& trois dans la Collection de Canisius, mis en Latin par François Turrien, & réimprimés dans le Supplément de la
Bibliothèque des Pères, à Cologne en 1622, et dans celle de Paris en 1654. Celle de Lyon en 1677 contient quarante-
deux opuscules, sous le nom de Théodore Aboucara ; & l'on a eu soin de marquer à la tête de chacun, par qui ils ont été
traduits. André Arnold de Nuremberg en a donné un quarante troisième, qui traite de l'Incarnation. Il fut imprimé à
Paris en 1685 in 8°, avec un Corps de doctrine adressé aux Clercs & aux Laïcs, sous le nom de saint Athanase, & deux
Lettres des Empereurs Valentinien et Marcien à saint Léon. Lambecius fait mention de cet opuscule. Quoiqu'ils portent
tous le nom de Théodore, & que ceux qui les ont donnés au Public ne doutent point que ce ne soit le même, qui, en
qualité de Métropolitain de Carie, assista au huitième Concile général ; le Père le Quien soutient qu'ils sont d'un autre
Théodore, Evêque longtemps auparavant dans la Palestine, ou dans la Syrie, où il y avait beaucoup de Mahométans et
de Sarrasins : et en effet, parmi ces opuscules il y en a qu'on ne peut attribuer à l'autre Théodore, à moins qu'on ne lui
donne beaucoup au-delà de cent ans de vie. Tel est le dix-huitième opuscule, dont l'inscription porte que l'Auteur l'a
composé, sur le rapport que saint Jean Damascène lui avait fait de vive voix des disputes qu'il avait eues avec les
Sarrasins. Or ce Père mourut vers l'an 756, et le huitième Concile général ne finit qu'en 870. Cet opuscule a été publié
en Grec et en Latin par le Père le Quien ; Gretzer ne l'avait donné qu'en Latin de la version de Turrien. Tel est encore le
quatrième opuscule, ou la lettre dogmatique envoyée par Thomas, Patriarche de Jérusalem, aux Hérétiques d'Arménie.
Il est dit que Théodore la dicta en Arabe, et que Michel, Prêtre et Syncelle, qui fut chargé de la porter, la traduisit en
Grec. Ce Thomas était mort près de cinquante ans avant le huitième Concile. Le vingt-septième porte le nom de
Théodore d'Agiopolis, ou d'Antioche. La fin du vingt-huitième ne paraît pas digne de Théodore Aboucara. Aussi
Turrien dit qu'elle ne se lit point dans le manuscrit de Bavière.
Analyse des œuvres grecques
Presque tous les écrits de Théodore Aboucara sont sous forme de dialogues, où il fait parler un Chrétien avec des
Infidèles, des Hérétiques et des Juifs, qu'il instruit des vérités de la Religion, et satisfait à leurs difficultés.
1- Il traite dans le premier opuscule des cinq ennemis dont Jésus Christ nous a délivrés par l'effusion de son Sang ; de
la Mort, du Diable, de la malédiction de la Loi, du Péché et de l'Enfer.
2- Il explique dans le second certains termes philosophiques, comme "substance", "hypostase", dont les Acéphales et
les Sévériens abusaient pour établir leur hérésie, parce qu'ils n'en connaissaient pas la vraie signification.
3- Il prouve dans le troisième, par des arguments tirés de la raison, l'existence d'un Dieu.
4- Le quatrième contient une explication de la doctrine de l'Eglise sur l'Incarnation, et l'apologie du Concile de
Calcédoine.
5- Le cinquième est une courte réponse à une question qu'on lui avait faite, pourquoi nous disons que l'humanité de
Jésus-Christ est la même que celle de Pierre et de Paul ; et que nous ne disons pas que le corps de Jésus-Christ que
nous recevons, est le même que celui de Pierre et Paul. Il dit que la raison de cette différence, c'est que l'humanité est
un terme générique qui comprend toute l'hypostase; au lieu que le corps ne faisant qu'une partie de l'humanité ou de la
nature humaine, il n'est point hypostase, ou personne, mais "de" la personne.
6- Il apporte dans le sixième quelques exemples tirés de la nature, qui peuvent aider à concevoir comment le péché du
premier homme est passé à ses descendants ; et comment par l'Incarnation du Sauveur, l'expiation de ce péché peut se
communiquer à tout le genre humain.
7- Le septième est intitulé : combat de Jésus-Christ avec le Démon. Il y traite aussi de la manière dont Adam fut
vaincu, en ajoutant foi à cet ennemi plutôt qu'à Dieu.
8- 9- 10- Il emploie le huitième, neuvième et dixième à prouver la divinité de Jésus-Christ contre les Arabes & les Juifs
; mais il ne se sert de l'autorité de l'Ecriture que contre ces derniers, faisant voir qu'il est le Messie promis aux
Patriarches.
11- 12- 13- 14- 15- Les cinq opuscules suivants sont contre Nestorius & ses Disciples. Il y prouve que Jésus-Christ est
Dieu et Homme; qu'en lui la nature divine & humaine sont unies en une seule personne.
16- Il continue la même matière dans le seizième, montrant que Marie est vraiment Mère de Dieu, parce que l'union de
ces deux natures s'est faite dans son sein virginal.
17- Il prouve dans le dix-septième, qu'encore que les Saints de l'ancien Testament n'aient pas reçu le Baptême institué
par Jésus-Christ, ils ont toutefois été sanctifiés par la foi qu'ils avaient en ce Sauveur.
18- Le dix-huitième contient les preuves de la divinité de Jésus-Christ, sa naissance miraculeuse, ses miracles,
l'accomplissement des Prophéties en lui.
19- On trouve au-contraire dans le dix-neuvième des preuves, que Mahomet était un Imposteur. Il parait que les
Mahométans citaient, comme de l'Evangile, ces paroles : Je vous envoie un Prophète nommé Mahomet ; & qu'ils
accusaient les Chrétiens de les avoir effacées de leurs exemplaires.
20- Théodore prouve dans le 20° que Mahomet était possédé du Démon.
21- Il établit dans le 21° la vérité de la Religion, par la simplicité des paroles de l'Evangile, et par la pureté de ses
maximes : Renoncer aux plaisirs du siècle ; mener une vie dure et pénitente; souffrir les injures; aimer ses ennemis,
prier pour eux. Comment, lui dit un des plus savants Musulmans, avec qui il était entré en conférence, embrasser cette
Religion ? Théodore répondit : dites-moi, la Créature obéit-elle a un autre qu'au Créateur ? Non, répliqua le Musulman.
Amenez-moi un Aveugle, ajouta Théodore : Je te dis au nom de Jésus-Christ Nazaréen, né de Marie à Bethléem, pris
par les Juifs, crucifié, enseveli, ressuscité, ouvre les yeux. Aussitôt l'Aveugle recouvre la vue. Et par la même
invocation il guérit les Lépreux et fait toutes fortes de miracles. Tous ceux qui le voient, Sages, Idiots, hommes et
femmes reconnaissent que le Nazaréen est Fils de Dieu, et que s'il a souffert, c'est volontairement. On voit bien que
Théodore raconte ici, non ce qu'il avait fait lui-même, mais ce qui s'était fait pour l'établissement de la Religion.
22- Disputant dans le vingt-deuxième avec un Musulman qui se moquait des Prêtres de l'Eglise Chrétienne, en ce qu'ils
faisaient de la même farine deux pains, dont ils en réservaient un pour leur nourriture ordinaire, & distribuaient l'autre
au Peuple en petits morceaux ; il fait voir que comme le pain que nous mangeons, se change par divers degrés en notre
substance, il est aussi changé au corps de Jésus-Christ. Le Prêtre, dit-il, met sur la sainte Table le pain et le vin. Il prie,
& par cette invocation le Saint-Esprit descend sur l'offrande & par le feu de sa Divinité, change le pain & le vin au
corps au sang de Jésus-Christ.
23- Le vingt-troisième est fur la Divinité de Jésus-Christ.
24- Le vingt-quatrième contre la polygamie. Théodore en fait voir l'abus par deux raisons ; la première, c'est qu'elle est
contre l'institution du mariage, Dieu ne donna qu'une femme au premier homme; la seconde, c'est qu'elle n'est point
nécessaire pour la multiplication du genre humain ; autrement Dieu l'aurait permise plutôt au commencement du
monde que dans un autre temps. Il en ajoute une troisième, qui est qu'un homme qui a plusieurs femmes entretient
difficilement la paix dans sa maison.
25- 26- Les vingt-cinquième & vingt-sixième sont employés à montrer que le Fils de Dieu est consubstantiel au Père ;
& que comme le Père engendre de toute éternité, le Fils est engendré de toute éternité. Le vingt-cinquième fut imprimé
en Grec & en Latin dans le premier tome des Pères Apostoliques de M. Cotelier,.
27- 28- Théodore prouve dans le vingt-septième et le suivant, que Dieu est un en trois Personnes, qui ont chacune leur
propriété, quoiqu'elles soient une même substance.
29- 30- Le vingt-neuvième & le trentième ont pour but d'établir l'union parfaite des deux natures dans Jésus-Christ, en
une seule personne.
31- Le trente unième est imparfait, on y prouve contre les Origénistes l'éternité des peines.
32- On montre dans le trente-deuxième qu'il y a en Jésus-Christ deux natures distinctes, et
que c'est selon la nature humaine qu'il a souffert.
33- Le trente-troisième est encore contre l'hérésie de Nestorius.
34- Le trente-quatrième est une question purement philosophique sur la nature du temps.
Théodore enseigne dans les neuf derniers opuscules,
35- que Dieu n'est point Auteur du mal;
36- que la parole de Dieu étant éternelle, on ne peut dire qu'elle ait créée ;
37- que la sainte Vierge Mère de Dieu, n'est point morte mais qu'elle s'est endormie au Seigneur, en lui remettant son
âme dans un doux sommeil ;
38- Sur Jean Baptiste et Jésus Christ
39- que si les Chrétiens s'abstiennent de certains aliments, ce n'est en vertu d'aucune Loi, mais de leur propre choix,
comme il y en a parmi eux qui font profession du célibat, quoiqu'ils ne croient pas le mariage mauvais ;
40- que le corps d'Adam était mortel de sa nature, et que par la grâce divine il était demeuré immortel et
impassible jusqu'à son péché
41- que la mort n'est point une substance, et que par la mort de l'Ange on entend sa chute;
42- que ce qui se dit de la nature divine est commun aux trois personnes de la sainte Trinité ; mais que chaque personne
a des propriétés qui ne sont pas communes aux autres;
43- que c'est la personne du Fils qui s'est incarnée, et que par l'Incarnation la nature divine a été unie à la nature
humaine dans la personne du Verbe de Dieu
NB : Pour des raisons pratiques, j'ai développé les notices des opuscules 35 à 43 qui étaient regroupés en un seul "paquet" dans l'édition de
Ceillier, et j'en ai profité pour en faire une au "traité" 38, dont Ceillier ne disait mot.

La calligraphie placée en illustration reprend les premiers mots de la célèbre homélie de St Grégoire le Théologien* pour la Nativité du Sauveur :
"Le Christ naît, glorifiez-le !"

* St Grégoire de Nazianze, homélie 38


Appendix :
Theodorus Abucara
Opusculum XVIII

ex
PG tomus XCIV

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