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• soit intellectuel pour symboliser la soif humaniste
d'apprendre;
• soit encore moral au Tiers Livre (1546) où les adeptes du
pantagruélisme "jamais ne prendront en mauvaise part choses
qu'ils reconnaîtront venir d'un coeur bon, franc et loyal"
(O.C., t.I, p.401)
• soit enfin philosophique avec la définition du pantagruélisme
au prologue du Quart Livre (1548): "gaieté d'esprit confite
en mépris des choses fortuites" (O.C., t.II, p.12).
http://www.rabac.com/demo/ELLIT/Dossiers/Rabelais.htm
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Il n'y a vraiment pour lui que deux modes d'existence : par
la chair, et par l'esprit : d'un côté, la nutrition, et les
séries multiples de phénomènes antécédents ou consécutifs ;
de l'autre, la pensée, et la poursuite du vrai par la raison,
du bien par la volonté. Des deux cïtés, la nature conduit
l'Ítre par l'appétit, et des deux côtés l'appétit se
satisfait avec plaisir. Toutes les fonctions naturelles
participent de la perfection de l'être, et forment une part
de son bonheur.
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…de ce même culte de la vie, de cette même joie d'être
sortira une égalité sereine de l'âme. Les maux particuliers
s'évanouiront dans la sensation fondamentale d'être et
d'agir ; et du respect des formes de la vie hors de soi comme
en soi découlera la douceur à l'égard des hommes et des
choses, indulgente sociabilité ou résignation stoïque. Ainsi
se fondera le pantagruélisme, "vivre en paix, joie, santé,
faisant toujours grand chère", disposition qui s'épure d'un
livre à l'autre, et s'élève jusqu'à être "certaine gaieté
confite en mépris des choses fortuites".
Mais le pantagruélisme est aussi un appétit de savoir qui ne
se contient dans aucune borne. Et c'est toujours le même
principe qui donne sa forme originale à la curiosité
rabelaisienne. Elle a pour caractère de ne point séparer la
sensation concrète de la connaissance abstraite : ce n'est
point une science de cabinet qui substitue en quelque sorte à
l'univers sensible un univers intelligible, aussi
rigoureusement équivalent qu'infiniment dissemblable. En même
temps que Rabelais veut tout connaître, et demande aux
sciences encore balbutiantes de son temps l'explication de
"tous les faits de nature", il retient soigneusement les
formes de toutes choses et tous les accidents joyeux de
l'individualité. Il ne jouit pleinement des types que dans
les réalités qui les altèrent. Il lui faut de la substance,
de la matière, de la chair, parce que là seulement est la
vie. Et voilà pourquoi, plutôt que mathématicien, ou
astronome, plutôt même que grammairien ou antiquaire,
Rabelais est médecin : médecin à la façon de son temps,
c'est-à-dire physiologiste, anatomiste, et naturaliste à la
fois, médecin de l'école de son ami Rondibilis, dont l'œuvre
fut une Histoire des poissons. Par ce côté, le savant et
l'artiste s'accordent en Rabelais.
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Humanisme
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renouant, par dessus le Moyen-âge et la scolastique, la
culture moderne à la culture antique.
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Betoine: finissantes en poinctes de Sariffe Macedonicque, &
comme une lancette dont usent les Chirurgiens. La figure
d'icelle peu est differente des feueilles de Fresne &
Aigremoine: & tant semblable à Eupatoire, que plusieurs
herbiers l'ayant dicte domesticque, ont dict Eupatoire estre
Pantagruelion saulvaginé. Et sont par rancs en eguale
distance esparses au tour du tige en rotondité par nombre en
chascun ordre ou de cinq, ou de sept. Tant l'a cherie nature,
qu'elle l'a douée en ses feueilles de ces deux nombres impars
tant divins & mysterieux. L'odeur d'icelles est fort, & peu
plaisant aux nez delicatz. La semence provient vers le chef
du tige, & peu au dessoubs. Elle est numereuse autant que
d'herbe qui soit, sphaericque, oblongue, rhomboïde, noire,
claire, & comme tannée, durette, couverte de robbe fragile:
delicieuse à tous oyseaulx canores, comme Linottes,
Chardriers, Alouettes, Serins, Tarins, & aultres. Mais
estainct en l'homme la semence generative, qui en mangeroit
beaucoup & souvent. Et quoy que iadis entre les Grecs
d'icelle l'on feist certaines espèces de fricassées, tartres,
& beignetz, les quelz ils mangeoient après soupper par
friandise & pour trouver le vin meilleur: si est ce qu'elle
est de difficile concoction, offense l'estomach, engendre
mauvais sang, & par son excessive chaleur ferist le cerveau,
& remplist la teste de fascheuses & douloreuses vapeurs. Et
comme en plusieurs plantes sont deux sexes: masle, & femelle:
ce que voyons es Lauriers, Palmes, Chesnes, Heouses,
Asphodèle, Mandragore, Fougère, Agarie, Aristolochie, Cyprès,
Terebinthe, Pouliot, Paeone, & aultres: aussi en ceste herbe
y a masle, qui ne porte fleur aulcune, mais abonde en
semence: & femelle, qui foisonne en petites fleurs,
blanchastres, inutiles: & ne porte semence qui vaille: &
comme est des aultres semblables, a la feuille plus large,
moins dure que le masle, & ne croist en pareille haulteur. On
sème cestuy Pantagruelion à la nouvelle venue des
Hyrondelles, on le tire de terre lors que les Cigalles
commencent s'enrouer.
http://www.renaissance-
france.org/rabelais/pages/quartlivre.html
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était parti. En chacune de ses étapes, il revient à son
maître Pantagruel, pour lui rendre compte de ses progrès
trompeurs; il en reçoit encouragements à poursuivre,
suggestions, critiques ou modèles, mais nulle lumière
nouvelle. Sur la vérité, Pantagruel est plus muet que
Nazdecabre; aucune garantie ne vient faire signe d'un côté
(mariage) ou de l'autre (célibat), même si cette question n'a
de sens que symbolique.
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progression. Dans cette espèce de récit, le narrateur est
plus attentif à varier les différents épisodes qu'à les
assujettir à une finalité déterminée. Le Quart Livre
apparaît, à plus d'un égard, comme un rassemblement de
digressions.
http://www.renaissance-
france.org/rabelais/pages/pantagruel4.html
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UN OS MEDULLAIRE
e ces propos sérieux se dégage en fait une leçon unique. L'objet véritable du savoir ou de la foi se trouve masqué
par les commentaires accumulés, la pratique naturelle ensevelie sous les règles humaines. Il est temps de revenir aux
textes anciens, à 1'.Ecriture, à la nature. Rien n'est dit qui sente le fagot, et les thèses soutenues - si l'on peut
parler ainsi - ne méritent pas l'excommunication. Malgré quelques audaces - de mot plus que de pensée - la leçon vraie
ne serait-elle pas du côté du travail? L'invitation du Prologue, cherchez et vous trouverez, est, comme le suggère V.-
L. Saulnier dans son commentaire sur « L'os medulaire », avant tout incitation à faire effort pour trouver; la simple
mention d'un trésor caché suffit pour transformer le lecteur en chercheur, intelligence qui sommeille ne mérite pas
son nom.
Loin de conclure, Rabelais recommande d'entreprendre une quête. Montaigne, dans le même sens, donne une leçon
identique : « Je propose des fantasias informes et irrésolues, comme font ceux qui publient des questions doubteuses,
à débattre aux escoles : non pour establir la verité, mais pour la chercher. » (1, 56.) Le bateleur et le philosophe
se rencontrent dans une même sagesse.
Si telle est la leçon pour laquelle serait écrit le Pantagruel, avouons que le butin est décevant. L'histoire du géant
n'a sans doute pas ces ambitions didactiques que l'on reconnaît mieux dans les oeuvres ultérieures, plus riches de
propos sérieux et parfois graves. Avant une définition plus morale, le pantagruélisme consiste simplement à « vivre en
paix, joye, santé, faisans tousjours grande chere » (chapitre XXXIV). Aussi est-on amené à considérer autrement le
livre dans son ensemble; du roman à thèse on vient vite au conte à plaisir.
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