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Revue Compendium N°2- Quand J'écris, Je Crie: Semestriel Septembre 2018, #2
Revue Compendium N°2- Quand J'écris, Je Crie: Semestriel Septembre 2018, #2
Revue Compendium N°2- Quand J'écris, Je Crie: Semestriel Septembre 2018, #2
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Revue Compendium N°2- Quand J'écris, Je Crie: Semestriel Septembre 2018, #2

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About this ebook

 Le cri n'annonce pas la fin, l'agonie  mais au contraire c'est le départ d'une modulation  que l'écriture doit suivre. L'écrit tourne au cri intérieur et décrier se confond avec décrire.  Le cri comme écrit qui exprime la vie. 
Le cri, en fissurant le mot, nous permet  d'entrevoir les choses dans leur épaisseur et leur profondeur. 
Nous empruntons avec lui des chemins de traverses métaphysiques. Nous avons fait le choix de textes qui font remonter quelque chose à la surface, certains même faisant exploser les mots, et avec eux, l'unité et la stabilité du sujet et du réel. Poétiques, politiques, polémiques et même spirituels, au fil des pages, nous espérons que nos lecteurs entendront à travers les lignes  ces cris du cœur,  de ce cœur qui a ses raisons. 
Quand j'écris, je crie parait alors comme  une intuition primale ! Une intuition jouant  le même rôle que le "cogito" dans l'ordre de la pensée  mais qui elle au moins  tire l'individu de sa solitude : Que l'on m'entende ou pas, je crie donc nous sommes ! 

LanguageFrançais
Release dateSep 9, 2018
ISBN9781386825944
Revue Compendium N°2- Quand J'écris, Je Crie: Semestriel Septembre 2018, #2

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    Revue Compendium N°2- Quand J'écris, Je Crie - Stanislas Kazal

    Introduction

    Quand j'écris, je crie

    Par Corinne TISSERAND-SIMON

    ––––––––

    Quelle est la nature de ce cri ? Quelle est sa force ? Son retentissement ?

    Pourquoi l’écrivain crie-t-il ?

    Pour dire sa révolte.

    L’écriture et la révolte sont deux compagnes de route indissociables. Encore faut-il examiner ce qui selle leur union. Ainsi peut-on la formuler de diverses façons :

    - L’écriture et la révolte

    - L’écriture de la révolte

    -la révolte de l’écriture

    L’écriture est un engagement. Antonin  Artaud dit « On écrit toujours contre ». Si l’on prend cette citation au pied  de la lettre,  il suffirait de désigner un ennemi et de faire la liste des griefs –réels ou imaginaires- que l’on retient contre lui.

    Le problème est tout autre si  l’on considère qu’écrire est une façon de revendiquer l’injustice d’être né.

    Le monde est construit  sur le principe de l’inégalité, et la civilisation fait miroiter un principe d’égalité.

    Alors, dilemmes, controverses diverses et variées. Ainsi en va-t-il de la poésie qu’Antonin Artaud qui veut détruire car, selon lui, elle empêcherait le Verbe Créateur d’advenir.

    Écrire, c’est s’éloigner du Réel, c’est l’appréhender, le nommer. Pour en être maîtres ?  Ou pour l’anéantir ? Les deux. Peut-être.

    C’est, dans tous les cas, dénoncer l’hypocrisie sur laquelle se fonde le contrat  social. Soulever un pan du voile de « la bien-pensance » qui permet aux hommes d’être ensemble et « de faire société ».

    Il  y ceux qui s’attachent au Verbe, pour défier les lois du  « bon gout »,  mêlent Dieu et la pourriture, réduisant à néant la portée des deux discours, comme Lautréamont.

    La recherche du néant est privilégiée pour que ne survive aucun poncif qui fasse sens, et auquel le bourgeois puisse s’appuyer pour asseoir le discours de l’aliénation.

    La déconstruction du sens est la plus cruelle violence  que l’on  peut infliger  à la pensée. Elle est négation absolue.

    Le refus de tout dogme, soit-il esthétique, est  explicite chez Henri Michaux.

    La révolte, chez Charles Cros, se cristallise au niveau des stéréotypes sur la femme.

    L’écriture de la Révolte peut s’inscrire davantage, et différemment dans le Réel.

    Elle innerve les champs sociologique, syndicaliste et politique. La langue est inféodée à un système de connotation binaire. C’est le règne des « anti ». Le règne des Anarchistes. De ceux qui se nomment comme tels.

    Ils sont légion, -d’aucuns diraient : ils grouillent- entre le XIX° et le XX° siècle...

    Leurs prises de position sont nettes, claires, et sans ambages :

    Ils ne comptent que sur eux-mêmes, répudient toute alliance avec quelque parti que ce soit. Ils ne boivent, ni  ne se droguent, pour ne pas contrevenir  à leur  libre-arbitre.

    Leur révolution  est intérieure.

    Le poète  Armand ROBIN définit « l'anarchiste » comme celui qui est « purifié volontairement, par une révolution intérieure, de toute pensée et de tout comportement pouvant d'une façon quelconque impliquer domination sur d'autres consciences » Armand ROBIN, La fausse parole, Cognac, Le Temps qu'il fait, coll. « Multigraphies » (no 4), 1985)

    Ils exercent directement le pouvoir. Ils ne le délèguent à d’autres pour être « représentés » L’anarchie repose  sur la liberté, parce qu'elle n'admet pas le gouvernement de la volonté, mais seulement l'autorité de la loi, c'est-à-dire de la nécessité.

    Les anarchistes sont contre l’autoritarisme sous toutes ses formes. Parmi leurs cibles préférées, il est bon de rappeler que l’hypocrisie le militantisme, le cléricalisme et le communautarisme ont une place de choix.

    Ainsi en témoignent Albert Libertad, dans son texte Que Crève le Vieux Monde où l’hypocrisie des rituels sociaux est dénoncée.

    Lucy Parson, dans J’Aurais Jeté une Bombe Moi-Même  revendique le mouvement anarchiste  et énumère les raisons d’être anarchiste.

    Ou encore un bakounine, qui se dit « amant de la liberté »

    L’individu est  seul.

    Chaque écrivain est LUI.  Et lui seul.

    Par l’écriture, naît la liberté...

    Corinne Tisserand-Simon

    Antonin Artaud

    Révolte contre la poésie

    ––––––––

    Antonin Artaud, né Antoine Marie Joseph Paul Artaud, à Marseille, le 4 septembre 1896 et mort à Ivry-sur-Seine le 4 mars 1948, est un théoricien du théâtre, acteur, écrivain, essayiste, dessinateur et poète français.

    Nous n’avons jamais écrit qu’avec la mise en incarnation de l’âme, mais elle était déjà faite, et pas par nous-mêmes, quand nous sommes entrés dans la poésie.

    Le poète qui écrit s’adresse au Verbe et le Verbe a ses lois. Il est dans l’inconscient du poète de croire automatiquement à ces lois. Il se croit libre et il ne l’est pas.

    Il y a quelque chose derrière sa tête, autour de ses oreilles de sa pensée. Quelque chose est en germe dans sa nuque, où il était déjà quand il a commencé. Il est le fils de ses oeuvres, peut-être, mais ses oeuvres ne sont pas de lui, car ce qui était de lui-même dans sa poésie, ce n’est pas lui qui l’y avait mis, mais cet inconscient producteur de la vie qui l’avait désigné pour être son poète et qu’il n’avait pas désigné lui. Et qui ne fut jamais bien disposé pour lui.

    Je ne veux pas être le poète de mon poète, de ce moi qui a voulu me choisir poète, mais le poète créateur, en rébellion contre le moi et le soi. Et je me souviens de la rébellion antique contre les formes qui venaient sur moi.

    C’est par révolte contre le moi et le soi que je me suis débarrassé de toutes les mauvaises incarnations du Verbe qui ne furent jamais pour l’homme qu’un compromis de lâcheté et d’illusion et je ne sais quelle fornication abjecte entre la lâcheté et l’illusion. Je ne veux pas d’un verbe venu de je ne sais quelle libido astrale et qui fut toute consciente aux formations de mon désir en moi.

    Il y a dans les formes du Verbe humain je ne sais quelle opération de rapace, quelle autodévoration de rapace où le poète, se bornant à l’objet, se voit mangé par cet objet.

    Un crime pèse sur le Verbe fait chair, mais le crime est de l’avoir admis. La libido est une pensée d’animaux et ce sont ces animaux qui, un jour, se sont mués en hommes.

    Le verbe produit par les hommes est l’idée d’un inverti enfoui par les réflexes animaux des choses et qui, par le martyre du temps et des choses, a oublié qu’on l’avait inventé.

    L’inverti est celui qui mange son soi et veut que son soi le nourrisse, cherche dans son soi sa mère et veut la posséder pour lui. Le crime primitif de l’inceste est l’ennemi de la poésie et tueur de son immaculée poésie.

    Je ne veux pas manger mon poème, mais je veux donner mon coeur à mon poème et qu’est-ce que c’est que mon coeur et mon poème. Mon coeur est ce qui n’est pas moi. Donner son soi à son poème, c’est risquer aussi d’être violé par lui. Et si je suis Vierge pour mon poème, il doit rester vierge pour moi.

    Je suis ce poète oublié, qui s’est vu tomber dans la matière un jour, et la matière ne me mangera pas, moi.

    Je ne veux pas de ces réflexes vieillis, conséquence d’un antique inceste venu de l’ignorance animale de la loi Vierge de la vie. Le moi et le soi sont ces états catastrophiques de l’être où le vivant se laisse emprisonner par les formes qu’il perçoit en lui. Aimer son moi, c’est aimer un mort et la loi du Vierge est l’infini. Le producteur inconscient de nous-même est celui d’un antique copulateur qui s’est livré aux plus basses magies et qui a tiré une magie de l’infâme qu’il y a à se ramener soi-même sur soi-même sans fin jusqu’à faire sortir un verbe du cadavre. La libido est la définition de ce désir de cadavre et l’homme en chute est un criminel inverti.

    Je suis ce primitif mécontent de l’horreur inexpiable des choses. Je ne veux pas me reproduire dans les choses, mais je veux que les choses se produisent par moi. Je ne veux pas d’une idée du moi dans mon poème et je ne veux pas m’y revoir, moi.

    Mon coeur est cette Rose éternelle venue de la force magique de l’initiale Croix. Celui qui s’est mis en croix en Lui-Même et pour Lui-Même n’est jamais revenu sur lui-même. Jamais, car ce lui-même par lequel il s’est sacrifié Lui-Même, celui-là aussi il l’a donné à la Vie après avoir forcé en lui-même à devenir sa propre vie.

    Je ne veux être que ce poète à jamais qui s’est sacrifié dans la Kabbale du soi à la conception immaculée des choses.

    Antonin Artaud (1896-1948)

    Lautréamont

    Celui qui s’intitule lui-même le Créateur !

    Isidore Lucien Ducasse, né à Montevideo (Uruguay), le 4 avril 1846, et mort dans le 9e arrondissement de Paris, le 24 novembre 1870, est un poète français. Il est également connu sous le pseudonyme de comte de Lautréamont. Il est l'auteur des Chants de Maldoror, de deux fascicules, Poésies I et Poésies II, ainsi que d'une correspondance habituellement publiée sous le titre de Lettres, en appendice des œuvres précédentes. On n'a longtemps su que très peu de choses sur son auteur, mort à vingt-quatre ans, sans avoir connu le succès de son vivant..

    Un jour, donc, fatigué de talonner du pied le sentier abrupt du voyage terrestre, et de m’en aller, en chancelant comme un homme ivre, à travers les catacombes obscures de la vie, je soulevai avec lenteur mes yeux spleenétiques, cernés d’un grand cercle bleuâtre, vers la concavité du firmament, et j’osai pénétrer, moi, si jeune, les mystères du ciel ! Ne trouvant pas ce que je cherchais, je soulevai la paupière effarée plus haut, plus haut encore, jusqu’à ce que j’aperçusse un trône, formé d’excréments humains et d’or, sur lequel trônait, avec un orgueil idiot, le corps recouvert d’un linceul fait avec des draps non lavés d’hôpital, celui qui s’intitule lui-même le Créateur !

    Il tenait à la main le tronc pourri d’un homme mort, et le portait, alternativement, des yeux au nez et du nez à la bouche ; une fois à la bouche, on devine ce qu’il en faisait. Ses pieds plongeaient dans une vaste mare de sang en ébullition, à la surface duquel s’élevaient tout à coup, comme des ténias à travers le contenu d’un pot de chambre, deux ou trois têtes prudentes, et qui s’abaissaient aussitôt, avec la rapidité de la flèche : un coup de pied, bien appliqué sur l’os du nez, était la récompense connue de la révolte au règlement, occasionnée par le besoin de respirer un autre milieu ; car, enfin, ces hommes n’étaient pas des poissons ! Amphibies tout au plus, ils nageaient entre deux eaux dans ce liquide immonde !... jusqu’à ce que, n’ayant plus rien dans la main, le Créateur, avec les deux premières griffes du pied, saisît un autre plongeur par le cou, comme dans une tenaille, et le soulevât en l’air, en dehors de la vase rougeâtre, sauce exquise ! Pour celui-là, il faisait comme pour l’autre. Il lui dévorait d’abord la tête, les jambes et les bras, et en dernier lieu le tronc, jusqu’à ce qu’il ne restât plus rien ; car, il croquait les os. Ainsi de suite, durant les autres heures de son éternité. Quelquefois il s’écriait :

    « Je vous ai créés ; donc j’ai le droit de faire de vous ce que je veux. Vous ne m’avez rien fait, je ne dis pas le contraire. Je vous fais souffrir, et c’est pour mon plaisir. »

    Et il reprenait son repas cruel, en remuant sa mâchoire inférieure, laquelle remuait sa barbe pleine de cervelle. Ô lecteur, ce dernier détail ne te fait-il pas venir l’eau à la bouche ? N’en mange pas qui veut d’une pareille cervelle, si bonne, toute fraîche, et qui vient d’être pêchée il n’y a qu’un quart d’heure dans le lac aux poissons. Les membres paralysés, et la gorge muette, je contemplai quelque temps ce spectacle. Trois fois, je faillis tomber à la renverse, comme un homme qui subit une émotion trop forte ; trois fois, je parvins à me remettre sur les pieds.

    Pas une fibre de mon corps ne restait immobile ; et je tremblais, comme tremble la lave intérieure d’un volcan. À la fin, ma poitrine oppressée, ne pouvant chasser avec assez de vitesse l’air qui donne la vie, les lèvres de ma bouche s’entrouvrirent, et je poussai un cri... un cri si déchirant... que je l’entendis ! Les entraves de mon oreille se délièrent d’une manière brusque, le tympan craqua sous le choc de cette masse d’air sonore repoussée loin de moi avec énergie, et il se passa un phénomène nouveau dans l’organe condamné par la nature. Je venais d’entendre un son ! Un cinquième sens se révélait en moi ! Mais, quel plaisir eussé-je pu trouver d’une pareille découverte ? Désormais, le son humain n’arriva à mon oreille qu’avec le sentiment de la douleur qu’engendre la pitié pour une grande injustice.

    Renzo Novatore

    Vers le néant créateur

    Renzo Novatore, nom de plume d’Abele Rizieri Ferrari, né le 12 mai 1890 à Arcola et mort le 29 novembre 1922 à Novi Ligure (Gênes). Antifasciste, poète, philosophe, il est surtout connu pour son ouvrage posthume Verso il nulla creatore et associé au futurisme de gauche.

    Mais aujourd’hui le crépuscule est rouge... Le coucher de soleil est ensanglanté... Nous sommes tout près de la tragique célébration du grand crépuscule social. Déjà le temps a sonné avant l’aube les premiers coups d’un jour nouveau sur les cloches de l’histoire. Basta, basta, basta ! C’est l’heure de la tragédie sociale ! Nous détruirons en riant. Nous incendierons en riant. Nous tuerons en riant. Nous exproprierons en riant. Et la société croulera. La patrie croulera. La famille croulera. Tout croulera, parce que l’Homme libre est né. Est né celui qui, à travers les pleurs et la douleur, a appris l’art dionysiaque de la joie et du rire. L’heure est venue de noyer l’ennemi dans le sang... L’heure est venue de laver notre âme dans le sang. Basta, basta, basta ! Que le poète transforme sa lyre en poignard ! Que le philosophe transforme sa sonde en bombe ! Que le pêcheur transforme sa rame en une formidable hache. Que le mineur sorte des antres étouffants des mines obscures armé de son fer brillant.

    Que le paysan transforme sa bêche féconde en une lance guerrière. Que l’ouvrier transforme son marteau en faux et en haches. Et en avant, en avant, en avant ! Il est temps, il est temps — il est temps ! Et la société croulera. La patrie croulera. La famille croulera. Tout croulera, parce que l’Homme Libre est né. En avant, en avant, en avant, ô joyeux destructeurs. Sous le noir étendard de la mort, nous conquerrons la Vie ! En riant ! Et nous en ferons notre esclave. En riant ! Et nous l’aimerons en riant ! Parce que les hommes sérieux ne sont que des gens qui savent agir en riant. Et notre haine rit... Elle rit rouge. En avant ! En avant, pour la destruction totale du mensonge et des fantasmes ! En avant, pour la conquête intégrale de l’Individualité et de la Vie !

    Le Rétif

    Vers les mirages

    ––––––––

    Victor Serge, dit le Retif de son vrai nom Viktor Lvovitch Kibaltchitch ( Bruxelles, 30 décembre 1890 - Mexico, 17 novembre 1947) est un écrivain libertaire  francophone, né en Belgique de parents russes émigrés politiques.

    Les voyageurs auxquels il arrive de traverser le désert connaissent la plus séduisante et la plus dangereuse des illusions : le mirage. Cependant que, sous le soleil torride, la caravane chemine par la mer de sable, les hommes rêvent à l’oasis, où ils se reposeront enfin dans l’ombre délicieuse des palmiers. Alentour, le désert est sans bornes, et ils savent qu’il leur faut encore de longues heures de marche pour atteindre la halte bienheureuse. Leurs yeux sont las de ne voir sans cesse que le sable jaune, et le ciel limpide. La fièvre couve en eux, et leur désir grandit de voir de l’eau, des plantes, de jouir de l’ombre. Ainsi ils vont ; et soudain le miracle s’accomplit – leur désir éperdu se concrétise. Voici qu’à l’horizon quelque chose se dessine. L’océan de sable disparaît, et des prés verts et fleuris s’étendent à perte de vue... Les yeux émerveillés des voyageurs scrutent ce lointain, et ils voient, ils voient là, tout proche, l’oasis désiré. Les grands palmiers ombreux se balancent au-dessus des maisons blanches où ils se rafraîchiront et se délasseront. Puis un lac s’étend en nappe d’azur. Au crépuscule ils viendront sur ces rives attendre la descente de la nuit...

    Et les voyageurs se montrent du doigt les palmes enchanteresses, les maisons blanches, l’azur du lac. Ils les voient tous et l’espoir du bonheur prochain ranime leurs forces.

    Pourtant il n’y a rien devant eux, rien que le désert monotone, sable et ciel, ciel et sable... Ils n’atteindront l’oasis que plus tard, après des jours d’effort peut-être ; ce qu’ils voient n’est que mensonge, illusion grossière. Mais tel est leur désir

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