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Stratégie de Communication

Le CEA en 1998, Opération « portes ouvertes » ou pas?

M1CST, Gilles Grenot

Travail rendu le 12/03/09 à M. Cabedoche

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Table des matières

I. Introduction 3

II. Définition du problème 3

III. Objectif de la stratégie de Communication 4

IV. Obstacles en travers de l’objectif à atteindre 4

V. Frein principal à la réalisation de l’objectif 5

VI. Définition de la cible principale 6

VII. Brainstorming de suggestions pour atteindre la cible 6

VIII. Rapport Efficacité/ Investissement des différentes suggestions 7

IX. Choix et plan de la suggestion choisie 8

X. Conclusion 9

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I. Introduction

En 1998, le nouveau président de la République de l’époque, Jacques Chirac, annonçait la reprise


des essais nucléaires français. Le nucléaire civil quant à lui avait toujours le vent en poupe et
continuait à représenter la source principale d’énergie française pour les autorités, une source qui a
la fois maintenait l’indépendance énergétique de la France tout en répondant aux besoins
énergétiques des français. Le nucléaire militaire, qui avait été abandonné pendant la période de la
guerre froide, revenait sur l’échiquier géopolitique dans le cadre de la dissuasion et du traité de non
prolifération des armes nucléaires. A l’encontre de ces positionnements politiques, et avec les
images d’Hiroshima et de la catastrophe de Tchernobyl en mémoire, l’opinion publique entendait
rompre avec cette tradition nucléaire française que jusque là elle avait tolérée. Le moment fut donc
venu pour le Commissariat aux Energies Atomiques (CEA) d’intervenir auprès du grand public. Le
service de communication alors tout récent, créé huit ans plus tôt, tenta de rattraper le retard
accumulé en terme communication et également de faire son retour sur la scène médiatique dont il
avait été trop longtemps absent, aux profits des associations anti-nucléaires telles que Greenpeace.
L’opération « Portes Ouvertes » fut donc lancée et ce fut l’occasion pour les français de visiter les
laboratoires du CEA lors de journées dédiées à la rencontre des chercheurs et du public. Les
analyses rétrospectives démontrent que le résultat de cette action fut tout autre que celui escompté,
il ne servit pas la cause du nucléaire. Dans ce travail, nous repartirons du contexte des années 90 et
de l’histoire française du nucléaire pour simuler à nouveau la réflexion en terme de stratégie de
communication que le CEA dut réaliser pour prendre la décision d’organiser l’ouverture de ses
laboratoires aux citoyens français. Nous verrons si en terme de stratégie, c’est cette action que nous
aurions choisie, ou si nous aurions plutôt opté pour un autre type d’action.

II. Définition du problème

Pour établir une stratégie, il s’agit de se centrer sur un problème bien défini que dans le contexte
de l’époque, le CEA aurait voulu résoudre. A la lecture des premiers chapitres du livre Ce
Nucléaire qu’on nous montre de Bertrand Cabedoche, le problème fondamental que nous retenons
est le fait que les français ne voyaient plus l’intérêt du nucléaire tant civil que militaire. Ils
semblaient trouver trop risqué et dangereux – ils se souvenaient surtout du nucléaire les dangers
dévastateurs dont il peut être responsable – de continuer à avoir recours à cette source d’énergie

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alors que les énergies renouvelables, séduisantes d’inoffensivité, faisaient leur apparition dans les
médias. Ainsi, dans l’opinion publique, le nucléaire semblait devenir inapproprié car le compromis
risque/énergie semblait moins avantageux que les nouvelles sources d’énergie en vogue.

III. Objectif de la stratégie de communication

En transcrivant le problème posé au CEA, on peut en déduire l’objectif que ceux-ci doivent alors
viser. A l’issue de cette campagne de communication, le CEA devra avoir convaincu les français
des bienfaits persistants du nucléaire, tant civil que militaire. Même si la France n’est plus en
guerre, et même si l’énergie nucléaire ne représente plus l’aubaine qu’elle a pu incarner au sortir de
cette guerre - la France était en reconstruction et nécessitait de gagner son indépendance
énergétique - le nucléaire persiste à représenter une source d’énergie d’avenir. C’est de cela qu’il
faut convaincre les français, ceci constitue l’objectif de cette campagne.
La question se pose de savoir comment mesurer si l’objectif aura été atteint. Pour cela, le CEA
pourrait se baser sur plusieurs indicateurs de résultats, à savoir :
- la manière dont les sujets « nucléaire » sont traités dans les médias
- mesure de l’évolution du nombre d’adhérents à Greenpeace par exemple
- Créer des bornes CEA d’expression dans les villes sur le nucléaire

IV. Obstacles en travers de l’objectif à atteindre

Pour la réalisation de cet objectif, multiples sont les obstacles qui risquent de porter entrave à la
validation satisfaisante de la campagne de communication. Ainsi, citons les différents obstacles
avec lesquels nous devons compter, classés par ordre décroissant d’importance:
- La connotation du nucléaire en général, qu’on associe avec la radioactivité, les bombes
atomiques (Hiroshima), la catastrophe de Tchernobyl, et plus globalement de toute la
dangerosité qu’elle suscite
- l’ignorance de certains quant au sujet de l’indépendance énergétique et des rapports de
force internationaux
- le lobbying sur les énergies renouvelables

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- l’influence et le crédit accordé à Greenpeace, sa réactivité et sa place prépondérante sur la
scène médiatique
- la conservation des déchets et les méfaits du nucléaire sur l’environnement

V. Frein principal à la réalisation de l’objectif

Parmi ces obstacles, la connotation nucléaire = dangereux semble être le grand frein à la
réalisation de l’objectif. En effet, les médias et les gens ne retiennent souvent que du nucléaire qu’il
est atrocement dangereux. Ils ont en mémoire l’explosion (violence, ampleur) et les conséquences
(morts, cancers, malformations, dégâts matériels) dévastatrices des bombes d’Hiroshima et de
Nagasaki, ainsi que les souvenirs de la catastrophe de Tchernobyl. Ces mauvais souvenirs marqués
dans les esprits et associés au nucléaire renforcent le frein principal. Aussi, le mensonge qui a été
fait auprès des citoyens français qui stipulait que le nuage radioactif émanant de l’explosion de
Tchernobyl renforce encore davantage ce frein, les français n’ont plus confiance.

Cependant, il est des choses sur lesquelles il est possible de jouer. En effet, les français
méconnaissent souvent les raisons avérées de l’explosion de Tchernobyl. C’est peut-être l’occasion
de mettre en avant les systèmes de sécurité et de maintenance mis en œuvre dans les centrales
nucléaires française pour rassurer les foules et expliquer que tout est fait ici en France, pour qu’un
deuxième Tchernobyl n’ait le moindre chance de se produire. Les français semblent également
méconnaître globalement ce qui justifie le positionnement français sur le nucléaire. A savoir
l’indépendance énergétique ainsi que l’armement nucléaire comme arme de dissuasion simplement,
indispensable dans le contexte géopolitique. En expliquant ce que longtemps le CEA a tu, peut-être
que l’opinion publique s’opposera moins au nucléaire. Aussi, il conviendrait d’avertir des français
du faible coût du nucléaire en rapport aux quantités d’énergie qu’il permet de produire, par rapport
notamment à d’autres types d’énergies.

VI. Définition de la cible principale

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La cible principale consiste à éliminer tant que possible la peur que les gens peuvent avoir en
référence à Tchernobyl et aux bombes atomiques. Il faut que les gens cessent de penser le nucléaire
principalement en terme de danger. Ils doivent d’abord penser en terme des bienfaits énergétiques
qu’il est à même de produire, en réponse aux besoin de la France, et à des coûts défiant presque
tout concurrence.

VII. Brainstorming de suggestions pour atteindre la cible

Voici une liste de suggestions à la volée qui permettraient d’atteindre la cible principale :

- 1. créer un musée du nucléaire mettant en scène les installations nucléaires françaises,


pourquoi pas une centrale nucléaire à l’échelle dans laquelle on pourrait se promener
librement, et y découvrir les atouts du nucléaire aujourd’hui, ainsi que le perfectionnement
des systèmes de sécurité
- 2. une exposition mettant en parallèle les défaillances du système de maintenance et sécurité
de Tchernobyl avec les nouveaux dispositifs et infrastructures nucléaires françaises. Une
occasion d’expliquer ce qui a provoqué l’explosion de Tchernobyl et pouvoir se rendre
compte que le CEA met tout en place et tire les leçons du passé pour éviter ce genre de
catastrophe
- 3. Une campagne de pub Télé/ Affiches pour le nucléaire, se centrant sur la sécurité du
nucléaire et sur son utilité persistance.
- 4. Lancer des lignes de standard téléphoniques avec des experts du CEA pour répondre aux
inquiétudes des français sur le nucléaire. Une manière de montrer que le CEA et sur de lui,
et est convaincu de sa légitimité.
- 5. Une série de dessins animés (enfants) ou de Téléfilms (grand public) mettant en scène
l’intérêt, le fonctionnement, et la sécurité du nucléaire. Pourquoi pas un peu comme dans
« Il était une fois la vie »
- 6. Médiatiser et financer des ONG ou des associations pacifiques pour montrer que le CEA
sert de bonnes causes, qu’il est du côté du bien, n’est pas associé que avec la guerre et les
catastrophes.
- 7. Visite de sites de centrales nucléaires.

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VIII. Rapport Efficacité/ Investissement des différentes suggestions

Analysons chacune des suggestions proposées :

1. Créer un musée du nucléaire mettant en scène les installations nucléaires françaises, pourquoi pas une
centrale nucléaire à l’échelle dans laquelle on pourrait se promener librement, et y découvrir les atouts du
nucléaire aujourd’hui, ainsi que le perfectionnement des systèmes de sécurité

Cette suggestion est intéressante, car elle peut permettre au CEA de remplir pile son objectif.
Cependant, la création d’un musée est très onéreuse, aussi, le musée doit être visité pour avoir
un impact. Le fait que celui-ci sera localisé peut limiter l’impact national qu’il aura. En tout
cas, il faudra qu’il soit très médiatisé.

2. Une exposition mettant en parallèle les défaillances du système de maintenance et sécurité de Tchernobyl
avec les nouveaux dispositifs et infrastructures nucléaires françaises. Une occasion d’expliquer ce qui a
provoqué l’explosion de Tchernobyl et pouvoir se rendre compte que le CEA met tout en place et tire les
leçons du passé pour éviter ce genre de catastrophe

Cette suggestion se rapproche de la première. Cela dit, elle présente l’intérêt d’être moins onéreuse,
de pouvoir être itinérante, et donc de ne pas être scellée à un endroit unique sur le territoire
français. Elle est également intéressante car elle permet de rassurer le public en explicitant les
raisons du drame de Tchernobyl et de montrer les systèmes de sécurité et de maintenance du CEA.
C’est un bon compromis car on rassure à la fois sur la dangerosité du nucléaire et on met en avant
les dispositifs du CEA.

3. Une campagne de pub Télé/ Affiches pour le nucléaire, se centrant sur la sécurité du nucléaire et sur son
utilité persistance

Proposition intéressante, chère mais sûrement réalisable. Un bon moyen de montrer que le CEA est
là, et qu’il s’adresse à tous. Aussi, centrer non seulement sur la sécurité, mais également sur l’utilité
persistante du nucléaire permettrait d’atteindre la cible tout en recouvrant plus largement le
problème posé. Informer sur l’utilité en rassurant sur la sécurité par des affiches ou des spots
publicitaires et sûrement un bon moyen de toucher une population large, et de marquer les esprits.

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4. Lancer des lignes de standard téléphoniques avec des experts du CEA pour répondre aux inquiétudes des
français sur le nucléaire. Une manière de montrer que le CEA et sur de lui, et est convaincu de sa légitimité.

Cette proposition est séduisante car elle assure une attention personnalisée aux citoyen français
ou révolté. Elle serait sûrement onéreuse cependant car il faudrait médiatiser un maximum ce
nouveau numéro que l’on pourrait appeler pour se renseigner spécifiquement sur le nucléaire.
Cependant, le coût d’appel devrait être réduit voire gratuit pour que les gens appellent.

5. Une série de dessins animés (enfants) ou de téléfilms (grand public) mettant en scène l’intérêt, le
fonctionnement, et la sécurité du nucléaire. Pourquoi pas un peu comme dans « Il était une fois la vie »

Une proposition sans doute très onéreuse encore, mais qui permettrait d’informer le public, tout
en le divertissant, ainsi que de lui montrer que le CEA s’engage à lui montrer et non pas à lui
cacher ce qu’il fait.

6. Médiatiser et financer des ONG ou des associations pacifiques pour montrer que le CEA sert de bonnes
causes, qu’il est du côté du bien, n’est pas associé que avec la guerre et les catastrophes.

Cette proposition joue sur l’aspect sécuritaire, affectif, bon samaritain, presque maternel dont le
CEA pourrait vouloir donner l’image. Cependant, il serait peut-être assez visible pour les anti-
nucléaires de voir par là une entourloupe communicationnelle envers un acte désintéressé. Il
s’agirait vraiment alors de jouer sur l’image du CEA.

7. Visite de sites de centrales nucléaires.

Sans doute une proposition difficile à réaliser pour cause de sécurité. Et trop localisé d’un point
de vue national, l’impact sera trop faible.

IX. Choix et plan de la suggestion choisie

Nous retenons l’exposition scientifique. L’exposition doit être itinérante (Tour de France),
rester 2 mois par grande ville par exemple, et doit partir en tournée. Elle doit être réactualisable
en fonction de l’actualité. Aussi, il s’agira d’une exposition destinée à tout public, il s’agira

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donc de vulgariser.

Elle comportera plusieurs axes :


- Une partie dévouée à rendre compte de ce qu’est l’énergie nucléaire
- La seconde du fonctionnement d’une centrale nucléaire
- La troisième de l’explication détaillée de ce qui s’est réellement passé à Tchernobyl,
identifier précisément les raisons du drames
- Montrer et expliquer les spécificités des infrastructures nucléaires françaises en se centrant
sur les systèmes de maintenance et de sécurité.
- L’intérêt du nucléaire en France, avec des comparatifs mis en scène par rapport aux autres
sources d’énergie. Expliquer donc, que le nucléaire est le choix le plus censé.

L’exposition devra être à la fois irréprochable de propreté et d’aménagement, et devra dégager un


aspect maternel (sécurisant). Beaucoup de médiateur/ médiatrices humains.

X. Conclusion

Cette étude montre que contrairement au CEA en 1998 qui avait décidé d’ouvrir les portes de ses
laboratoires au grand public, nous n’aurions pas procédé de la même manière. Dans l’objectif que
nous nous sommes fixé, faire venir les gens dans les laboratoires n’aurait eu aucun effet en faveur
de notre cause. Nous nous sommes centrés sur la peur et la connotation que les gens attachent au
mot nucléaire, afin de démystifier cette peur et de pouvoir leur expliquer les enjeux toujours actuels
du nucléaire dans les années 90 . La solution que nous avons choisie consiste à fabriquer une
exposition itinérante sur le nucléaire qui tentera d’expliquer qu’un Tchernobyl en France n’a pas
lieu d’exister, et de pointer la pertinence de continuer à s’approvisionner en énergie grâce au
nucléaire. Pour en arriver à ce choix, dont nous ne prétendons pas être le meilleur, nous avons du
faire des choix. Nous sommes en mesure de justifier les nôtres, mais d’autres auraient sans doute
également pu se justifier. Ainsi, nous apportons une solution, qui sans prétention d’être la
meilleure, nous paraît être fondée.

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