Numéro 1 : 21 Juillet 1883,
LES GRIMACES
ODE AU CHOLERA
dete salue, Choléra!
Nepuis longlemps je Cappelais, depuis
longlemps je Ualtendais. Un moment je at
maudit et je Vai trailé de lache, car ils’ di=
saient que tu ne viendrais pas el que lu
continuerais de Cacharner sur de pauvres
diables de juifs el de lépreux. Et déja ils
se réjouissaient! Mais c’étail un mensonge.
De Damietle, de Mansourah, du Caire ot
lu laisses pourrir au soleil les ‘entrailles
empestées de les morts, tu marches vers
nous, n’est-ce pas? Je sens prés de nous
gronder ton souffle dévastateur et j’entends
s'approcher, majestueux et sinistre, le noir
as2 LES GRIMACES
ombereau dans. lequel tu ela
immondices humaines.
‘Tu viens des fords sacrées de I'Inde, des
fordts sacrées oit sont les sources de la vie.
Cest la vieille Humanité qui, de son loin
lain foyer, porler sa malédietion &
‘Ta mission est sublime el tu dois accom-
plir de superbes besogues. Regarde, nous
Sommes abandonnés, nous n'avons pls q
loi, tw es notre dernier sauvour. Viens!
‘La-bas, un drapeau se bso, un drapeau
A Vombre duquel Ia France allait revivre:
labs, un roi se meurt, un roi sue qui repo-
sient’ tant despérances, un roi vers
‘qi allaient tant denos pritres. Les autres,
fuels sontils? On ne sail. Ils chassent
oyagent et se baignent. OnGils le bras
assez fort pour brandir un sabre, et leur
front est-il fait & la mesure des antiques
couronnes? Sauront-ils, comme aux beau
jours de Brumaire et de Décembre, pous-
ser le poitrail fumant de. leurs chevaus
contre la horde des: bandits qui désl
norent la France, 'épuisent ol. la. ra
fonment? Sauronells, coups do. be
nelles, déloger de leurs repaires les lou
Les GRIMACES 3
atriler, les eampagncy ob
i homme trail et pein,
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pourritures ot
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La mort est belle parfois; auguste et
tloricuse. Elle apt de tah
tio visoges quelle a touchés. Ta
celle que lu lasses tomber,& chugue batle-
ada de Ls ales, est horrible et désespér
verse son sang et on y défend la Patric. Li
Famine est injuste, car elle frappe seule-
ment les petits ot souffrants. Toi, tu seras
justo, tu soras impitoyable, tu seras ép
vanlant; c'est pourquoi je Cui
jen, ear tine sais pis pout-
flve, et peul-dire pourraistn égarer ta
olére: sur des homimes qui ne sont pats
oupables,‘ LuS @RIMACES
Lis GRIMAGES: 8
Autrefois la France était grande et res
peclée, Elle avait gagné tant de gloire
qu'elle avait pu sans honte, it force de sang
versé, subir les désastres de invasion ; elle
lait si riche qu'elle avait pu, sans en tre
uinge, a force d'économies anciennes, jete
dles milliards au vainqueur pour sa rangon
Des hommes la prirent el commencirent
sur elle Pwuvre maudite. Ce que U Alley
wait pu faire, des Frangaisle firent ce
Tniss6 dehout, des répul
cains le renverstrent. Hs s'allaquérent aux
i es, aux respects sécu-
ys. Ils chasserent lo prére de
Yautel, la scour de charité du chevet des
moribonds, et traqutrent Dieu-partout o
la pritre agenouillait ses fiddles devant Ia
Croix oulragée. Comme ils avaient pour d
Varmée, ils Vinsullérent et, tout enti
sx salisants lazis du eafé-concert, L'uai-
forme francais, encore rouge du sang dos
‘essures ils e tratnérent comme une loque
de carnaval, exposé aux risées des foules.
Ils appritent aux soldats & mépriser leurs
chefs, encouragerent la révolte, primérent
Vindiseipline, exaltérent le parjure. Ils
Sacharnérent & tuer dans Came de nics
troupes cet esprit de conqudte, cet amour
enthousiaste du drapea les Patties
point de
grandeur oft elle est aujourd'hui.
Ce. n'élail point asser de la politique de
a bane, il leur fallait ta politique de Por
iH ne fl yas
u prage,pur te dnnpler, ana
fi Sopra, Fale et Fabre
Me Side aut con
Priape vatsocia
ature obsebne 4 lour secours el, pendant
que les livres religious élaient prosorits
des écoles, 'on vi s étaler aux devantures
des libraires, librement protégé, tout ce
se eachail honteusement aw fond det
i
In virilité de tw’ France et que le spectre
des revanches prochaines ne vien-
pas inlerrompre lorgic.
Negarde ; ils n'épuisent pas seulement
Karol Cytrowski, L'Abbé Jules D'octave Mirbeau en Tant Qu'exemple de L'influence de Fiodor Dostoïevski Sur Le Roman Français de La 2e Moitié Du XIXe Siècle