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Copenhague, décembre 2009. - A l'heure où les grands de ce monde,
les sommités, vont de sommet en sommet pour tenter de sauver la planète,
après avoir tenté de sauver le capitalisme mondial, les banques et le
système financier, un reportage aux sommets de la terre, histoire d'observer
ce qu'il s'y passe.
Voyage parmi les paisibles sommets, où l'avenir prend déjà forme.
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□ Sur les hauteurs, la brume.
La pluie, le vent, les bourrasques de neige.
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□ Ruissellement, majestueuse magie,
d'où naissent les ruisseaux, les rivières, les fleuves.
La pente, parfois vertigineuse, offre des recoins, des creux, des
vallées, des lacs, et l'eau chemine, en trouvant le point le plus bas, par des
sentiers qu'elle creuse, dans la roche et la glaise, le sous-sol, sur les hauts
plateaux, comme dans les moindres vallons.
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□ Qu'elle dévale des hauteurs, parfois en catastrophe,
c'est vieille connaissance, avalanches,
et que se rompent les lacs et retenues glaciaires,
en cataractes de glace et de boue,
c'est risque possible, et pas seulement au printemps.
L'été aussi, pour cause de fonte.
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□ En turbulences, les vents, le froid, la chaleur, l'eau elle-même,
attaquent la montagne, la dénudent, la dévalisent... Jusqu'à la limite
où la vie devient possible, c'est un désert à peine soutenable sinon,
une verticale glacée, impraticable.
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□ Splendeur de l'espace, au-delà le ciel, en-deçà, quelques lointains
vivants, maigres buissons, faune craintive, la vie s'accroche jusqu'au
moindre recoin, dès qu'elle trouve de l'eau, de l'air, de la terre, de la
lumière, et un peu de chaleur.
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□ Long travail, de sculpture naturelle, le temps érode les sommets,
creuse les flancs de la montagne, adoucit l'architecture du paysage,
lentement ; patiemment, les cascades et les ruisseaux répandent le limon
fertile, - et vient la vie.
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□ Long métissage de la matière : la terre malaxée, l'air et l'eau,
mélangés, la fraîcheur et la douceur, la lumière solaire, les formes de la
roche, les jeux de la tectonique, et le passage des saisons, la percolation de
l'eau, la gravitation universelle, -et voici parmi les mousses, quelques fleurs
sauvages.
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□ Un feu étrange couve sous l'horizon visible.
Volcans, magma souterrain en discrète ébullition, éruptions, parfois, failles
brutales, fractures invisibles, chaînes en mouvement lent, une incroyable
énergie vibre sous nos pieds, et construit la montagne.
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□ D'immenses énergies s'accumulent et s'échangent pour produire la
moindre goutte d'eau. De minuscules liens en retiennent la molécule. Et le
moindre changement induit des altérations dans cet échange généralisé : à
quelques minuscules degrés près, l'eau se vaporise, ou se condense, elle
redevient liquide ou glace, à quelques mètres près.
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□ Allons-nous manquer d'eau ?
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□ Le déluge a déjà commencé. L'abondance de précipitations, orages,
tempêtes et cyclones, et moussons plus violentes, se traduisent, localement,
par une dégradation de la qualité de l'eau, par des inondations, mais aussi
par une déperdition d'eau douce dans les zones arides.
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□ En altitude, fonte des glaciers et des neiges éternelles, le socle
rocheux se dénude. Mais la disparition de la couche isolante accroît la
dégradation de la roche, qui subit les différences de températures
circadiennes ; l'alternance du froid et du chaud provoque fissures et failles,
puis cassures plus ou moins dangereuses.
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□ Paradoxe spéculatif, l'accroissement de l'effet de serre, et son
accélération aboutissent à une phase de sérieux réchauffement de
l'atmosphère, - dans un premier temps.
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□ Là-haut, du côté des sommets, un petit nuage s'effrite gentiment, et
se condense, petit plumetis déposé en mince verglas. Son voyage
transocéanique s'achève là.
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□ Dans les creux et les recoins de haute montagne, des retenues
naturelles, lacs glaciaires, réserves de fonte des moraines, que parfois la
nature libère, par gravité naturelle.
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□ Les ombres s'allongent, et s'accrochent aux reliefs, quand vient le
soir, et l'automne, et l'hiver. Mais dans l'autre hémisphère, déjà la chaleur
estivale commence à s'accumuler, comme un mouvement de balancier
planétaire.
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□ Nous saurons, dans quelque temps jusqu'où ce mouvement quasi
perpétuel a été déréglé, perturbé, accentué, tout d'abord, - et peut-être, plus
gravement, entravé.
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□ Dans la splendeur glacée et vide des grands sommets de la terre,
germe un avenir désert, et pour preuve, déjà le manque d'eau, là où était
l'abondance, et la générosité.
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□ De même que les étendues vierges de l'Antarctique, le toit du monde
est un sanctuaire. C'est une ressource indispensable, une réserve vitale,
et comme telle, celle-ci est inaliénable.
Une utopie ?
Non, une urgence et une priorité, et même un principe essentiel.
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□ Sur toute la planète, les grandes chaînes montagneuses
collectent recueillent l'eau nécessaire à la vie.
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□ Tout là-haut, l'eau s'arrête dans sa course autour du monde,
elle se recueille dans le froid et la nuit, se condense, et se transforme,
exacte source de vie pour les terres à l'environ, et jusqu'au point le plus bas.
Au plus profond des océans...
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□ Sous les nuages, la brume, la neige, la glace,
puis la source, un peu plus bas.
Bien sûr, l'eau ne suffit pas, elle est seulement strictement nécessaire.
Et nous en sommes exactement comptables.
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□ Plus bas encore, villages et champs, bourgades et villes.
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□ Là haut, un observatoire perché sur des contre-forts abrités,
mesure minutieusement la hausse des températures moyennes, le
recul des glaciers, la perte dans l'épaisseur de la neige, autrefois
éternelle.
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Paco Alpi
Décembre 2009
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Remerciements émus
aux voyageuses et voyageurs,
qui ont exploré ces hauteurs,
et en ont découvert l'immense fragilité.
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