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lumière et la vie. "Le Bien est l'invisible qui fait voir" disait Socrate.
1.1.2. Pythagore : L’immortalité de l’âme et la réminiscence.
Le problème est de savoir comment on peut parvenir au savoir immuable dans un monde sensible et
mouvant. Comment le savoir véritable est-il possible ? Ici, c’est la théorie pythagoricienne sur
l’immortalité de l’âme qui vient au secours de Platon : savoir c'est se souvenir. 1.1.2.1. L’immortalité de
l’âme.
Pour Pythagore les âmes sont liées au corps à titre de châtiment. Le corps est une prison dans laquelle la
divinité les a jetées pour les punir, et il y a migration de l’âme (Karma) en des corps différents, ce qui est
une pénitence. L’âme a le pouvoir de se purifier au cours du cycle de ses migrations et si elle le mérite,
elle atteint le bonheur de la séparation d'avec le corps. Platon adopte cette théorie dans son ensemble. De
même qu’il y a deux mondes (sensible et suprasensible, intelligible), de même l’homme est double et
appartient aux deux mondes: par le corps il est attaché au monde sensible, par l’âme au monde
intelligible. L’âme est immortelle ; elle a préexisté à la naissance de l’homme dans ce monde et survivra à
sa mort. Elle est parente des Idées qu’elle a contemplées jadis, elle en possède le savoir. Mais l’âme s’est
détachée des Idées, elle est tombée dans le monde sensible, elle est prisonnière du corps. “Séma soma”: le
corps est le tombeau (ou la prison) de l’âme. Bref, le souvenir des Idées s’est considérablement obscurci.
1.1.2.2. La réminiscence.
Pour Pythagore, il y a des hommes exceptionnels qui ont une mémoire exceptionnelle et qui se
souviennent de leur vie individuelle antérieures. Platon transforme la théorie pythagoricienne de la
réminiscence : l’âme ne se souvient pas des vies antérieures mais elle peut se souvenir de la
contemplation des Idées. Si connaître c’est connaître le monde par les sens, la connaissance n’est pas
véritable mais simplement opinion, c’est à dire particulière à chacun. Or l’exigence philosophique est
l’exigence du savoir véritable. Pour Platon, cette exigence ne sera satisfaite que si l’on postule
l’immortalité de l’âme, d’une âme qui a contemplé les Idées. C’est parce que l’âme est immortelle, qu’elle
a déjà tout appris que l’on peut résoudre le paradoxe du savoir. Bien que nous vivions dans le monde des
sens, nous pouvons savoir les Idées puisque nous les avons contemplées.
Bref, nous avons gardé le souvenir du savoir que nous possédions autrefois et le progrès de la
connaissance n’est que son rappel de plus en plus clair. Plus opaques seront les murs de la prison, plus
confuses seront les réminiscences.
1.1.2.3 Apprendre c’est se souvenir.
Selon Platon, tout homme sait tout en puissance. Qu’est-ce alors qu’apprendre ? Selon la représentation
courante, apprendre, c’est accueillir quelque chose d’étranger dans sa conscience ; apprendre c’est donc
remplir un espace vide par des choses qui sont étrangères à cet espace même. L’esprit ou l'âme serait une
“table rase”, une tablette de cire sur laquelle rien n’est écrit et qui reçoit de impressions extérieures. Selon
Platon, il y a certes des représentations de choses qui viennent de l’extérieur mais ce sont des
représentations de choses singulières, passagères, des impressions sensibles. Or le véritable savoir est le
savoir de l’universel, de l’Idée et ce qui est universel, ce qui est Idéel, n’est pas dans les choses mais dans
l’esprit. L’universel est déjà dans l’intellect et il faut le découvrir. Apprendre c’est retrouver en soi-même
est le cocher d'un attelage constitué d'un cheval blanc, le tymos et d'un cheval noir, l'épithymia.
2.2. Les quatre vertus cardinales
Chaque partie de l’âme a sa fonction et doit avoir sa vertu : la vertu de l’épithymia est la
tempérance ou modération. Il ne faut pas entendre par tempérance la répression des désirs
sensibles dans le but de satisfaire un seul désir de même nature. Ainsi l’avare réprime ses
autres passions dans le but de ne satisfaire que son désir d’argent. La répression des désirs ne
devient tempérance que lorsqu’elle est engendrée par la compréhension que ces désirs font
obstacle à la vie spirituelle, à la souveraineté de la raison. La vertu du noûs est la sagesse,
qui est la qualité de tout gouvernement raisonnable. La sagesse attache le noûs à la vérité et
au bien. La sagesse c’est le pilote de l’homme. “L’âme est dans le corps comme le pilote est
dans son navire” disait Pascal La vertu du tymos est le courage, qui consiste à maintenir
solidement les commandements de la raison en luttant contre les ennemis intérieurs (désirs
tyranniques démesurés), contre les craintes de toutes sortes. La 4ème vertu, la synthèse des
trois autres, est la justice. Est juste l’homme tempérant, courageux et sage. La justice c’est
l’ordre qui maintient chaque partie à sa place, dans sa fonction, dans sa vertu. Par la justice,
l’homme devient intérieurement harmonieux. La justice est la hiérarchie harmonieuse des
trois parties ; elle est une structure, c’est à dire une disposition de parties multiples dans un
tout. L’harmonie est comparable aux proportions réglant l’accord d’une lyre, harmonie des
trois cordes rendant le son grave, le son moyen et le son aigu. La justice unit dans un
ensemble accordé les trois parties de l’âme (La République p196- 197). L’injustice, au
contraire, c’est le désaccord, la discorde sous les trois formes de l’intempérance, de la lâcheté
et de l’ignorance.
2.3. Les trois vies et les trois classes dans la Cité
2.3.1 Les trois vies
Le problème grec par excellence est le suivant : quel est l’homme le plus heureux ? Quelle est
l’occupation ou le genre de vie qui assure à l’homme le bonheur ? Ce qui commande en l’homme de
l’épithymia, du noûs ou du thymos détermine un genre de vie. Si c’est le principe concupiscible qui
l’emporte, l’homme est dit : "ami des richesses et du gain" parce que c’est principalement à l’aide de
l’argent que l’on satisfait ses désirs physiques. Il s’agit d’une vie appétitive ou chrématistique. Si c’est le
principe irascible, colérique qui l’emporte l’homme est dit : "ami de l’honneur et de la victoire". Il s’agit
d’une vie tymocratique. Si c’est le principe rationnel qui domine, l’homme est dit : "ami du savoir et de
la sagesse". Il s’agit de la vie philosophique. Dans les écoles grecques de philosophie il n’est pas interdit
d’être riche, la richesse n’est pas condamnée en tant que telle. Ce qui est blâmé, c’est de faire de
l’acquisition des richesses la fin de la vie humaine. Or, pour tous les philosophes grecs, la plus belle part
de notre vie c’est le loisir (en grec : skolé) consacré à la réflexion. Il faut de l’argent pour répondre aux
besoins quotidiens mais n’est qu’un moyen en vue d’une fin meilleure. 2.3.2. Trois classes dans la cité.
Aux trois parties de l’âme correspondent trois classes de la cité. A l’épithymia correspond les travailleurs
dont la fonction est de pourvoir aux besoins économiques de la cité.
Au noûs correspond la classe des gouvernants dont la fonction est de conduire la cité par des lois.
Au thymos correspond les guerriers dont la fonction est de défendre l’ordre public.
Ces trois classes sont hiérarchisées selon les aptitudes naturelles que la nature préforme et que
l’éducation sélectionne. Pour Platon, une seule sorte de gouvernement est parfaitement juste :
l’aristocratie. Le gouvernement est confié aux plus sages, les guerriers constituent la 2ème classe, ils
doivent être vaillants, disciplinés et soumis, la 3ème classe doit être contrainte par les guerriers (une sorte
de police) à une tempérance, qui ne lui est pas naturelle, sans laquelle la cité serait ruinée.
3. Désir et passion
L’examen du désir est le prélude nécessaire au choix de la vie la meilleure. Cet examen
dessine une anthropologie c’est à dire une conception de la nature humaine. Le désir semble
être le propre de l’homme. Toute la problématique platonicienne du désir s’ordonne sur le
thème de la purification progressive de l’âme. 3.1. Désir sensible et raison.
3.1.1. Désir sensible ou la démesure.
Le désir sensible a deux caractéristiques :
Il est illimité (en grec : apeiron, peiron : limite). Alors que le besoin exige une satisfaction
modeste, le désir sensible est une appétition insatiable. Le propre du désir sensible est de
changer sans cesse d’objet et de ne se satisfaire jamais (ex : Don Juan). Bref, le désir sensible
vise insatiablement les objets du plaisir que fait miroiter le monde sensible. Il est la marque
d’un manque d’unité et de satisfaction véritable. Il est conscience d’être manque mais il
ignore que la nature des objets qu’il recherche ne pourra jamais le combler. "Aucune
possession sensible ne saurait satisfaire le désir humain". Aussi Platon le compare-t-il (dans
le "Gorgias") à un tonneau percé (mythe infernal des Danaïdes). Il est tyrannique. En
chaque homme existe un tyran qui devient manifeste quand il trouve les conditions
favorables à son actualisation. Il devient manifeste :
-dans l'invisibilité (la République livre 2 p109-110 : l'anneau de Gygès)
-dans le sommeil (la République livre 5 p333-339 : les désirs illégitimes) Bref, le désir
sensible de puissance est innée en chaque homme ; s'il n'est pas moins un désir nécessaire, il
n'en est pas moins un désir "naturel". Quelque soient les aptitudes qui feront de lui un
du regard.
3.2. L'éducation civique
L'homme qui s'est élevé jusqu'à la lumière du bien ne doit pas s'évader dans la contemplation
mais doit accepter sa tâche terrestre. L'évasion est certes une tentation toujours très vive pour
le philosophe mais il lui faut redescendre dans la caverne pour organiser la conduite de
l'individu et de la Cité. Cela ne vas pas sans risques. Malgré son mépris pour la vaine gloire,
le philosophe doit gouverner pour la Cité, car "tant que les philosophes ne seront pas roi dans
les Cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui roi ne seront pas vraiment philosophes, tant
que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant
que les nombreuses natures qui poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts, de façon
exclusive, ne seront pas mis dans l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse aux maux de
la Cité, ni, ce me semble, au genre humain, et jamais le Cité que nous avons décrite tantôt ne
verra pas la lumière du jour" (La République, livre V p229). Allié, unir la philosophie à la
politique, voilà le seul moyen d'assurer le bonheur privé et public, tout les deux sont
inséparables et c'est pour cela que le philosophe doit se charger du pouvoir. La politique est
nécessaire au bonheur, le but de la politique est le bonheur. Désirer la sagesse c'est vouloir
saisir immédiatement les Idées et ne plus les perdre. Mais ici bas, il y a un obstacle
infranchissable : c'est la nature corporelle de l'homme. Désirer; pour Platon, la sagesse, c'est
donc désirer mourir à la vie sensible. En effet, d'après lui, parés la mort, plus rien ne
s'interposera entre l'âme et l'Idée, rien n'empêchera la fusion bienheureuse. La mort, pour
celui qui sait s'y préparer, ouvrira les portes de la connaissance vraie et du bonheur parfait, le
philosophe doit donc s'exercer à mourir. La condition sine qua none du parfait