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Introduction :
Le Droit Administratif régit donc des relations avec des personnes publiques. Mais tout
n’est pas administratif dans ces relations. Qu’est ce qui présente la caractère administratif dans
les relations avec les personnes publiques ? Qu’entend-on par administratif ?
Le Droit Administratif est donc l’ensemble des règles qui régissent, qui s’appliquent à
l’action administrative des personnes publiques.
En réalité, ce ne sont pas toutes les règles mais les règles spécifiques qui s’appliquent à
l’action administrative. Cela réduit le champ de l’action administrative du Droit Administratif.
Ensuite, le Droit Administratif régit, non seulement les relations des personnes publiques
entre elles, mais aussi les relations entre les personnes privés (les administrés) et les
personnes publiques. Enfin, le Droit Administratif peut également s’appliquer aux relations
entre deux personnes privées si l’une des deux agit pour le compte d’une personne publique.
Arrêt Conseil d’Etat en 1942 : MONTEUR
Arrêt Conseil d’Etat de 1953 BOUGUEUN
Dans ces 2 arrêts, le Conseil d’Etat considère que des personnes privées gérant une
mission de nature publique sont soumis aux règles du Droit Administratif. De la même manière,
le Tribunal des Conflits, pour l’arrêt Air France contre BARBIER (15 janvier 1968), considère
qu’une hôtesse de l’air et son mari contre la compagnie qui l’emploi est du ressort du Droit
Administratif. C’est certes un problème dans la relation entre deux personnes privées mais la
personne privée « Air France » gère une mission de service public. Cette précision accroît donc
le champ de l’action administrative soumise au Droit Administratif.
A) Un droit autonome
Cet arrêt possède en lui l’affirmation de la nécessité d’un droit autonome. Mais, si le
principe reste totalement valable, il n’est plus applicable au cas particulier des accidents de
véhicule. Ensuit, l’idée d’autonomie du droit Administratif ne doit pas être mal comprise. Il y a
des ressemblances mais des dispositions différentes. Enfin, cette autonomie est à la fois en
déclin et vitale. En déclin notamment sous l’influence de règles internationales (CEDH) qui
s’appliquent à tout les procès (civils, pénal, administratifs). Néanmoins, elle est vitale car sans
autonomie, pas de raison d’avoir un droit Administratif.
A) Un droit jurisprudentiel
Dans l’affaire BLANCO, il n’existait pas de textes selon lequel les accidents mettant en
cause les véhicules de l’administration devaient échapper au droit Civil. Pourtant, en vertu de ce
principe de la liaison de la compétence au fond, lorsqu’une juridiction administrative est
compétente, il lui est possible de ne pas avoir recours au code Civil mais à des règles spéciales
que l’on va donc regrouper sous l’expression droit Administratif. Le juge administratif sait ce
qu’il n’a pas à appliquer (code Civil) mais n’a pas de texte alternatif à sa disposition. Compte
tenu de ces conditions de décence, le droit administratif est forcément un droit Prétorien, créé
progressivement et de façon pragmatique par le Juge. 4 observations :
– Le droit Administratif comporte de très nombreuses sources écrites
(Constitution, droit européen…). Mais, par rapport à d’autres branches
juridiques, ces textes se sont développés plus tardivement et, en
termes de proportion, la jurisprudence occupe une place plus
importante car quantité de principes ont été imaginés par le juge en
l’absence de texte.
– Le droit Administratif est, historiquement, jurisprudentiel par rejet de
code Civil. Il existe toute une série de codes thématiques (armée, de la
route…) mais ils n’ont jamais été rassemblés dans un seul code. Pas
de code Administratif car le caractère donne une souplesse, une
flexibilisé qui n’existe pas en droit écrit. 9 mars 1951 Conseil d’Etat
contre société des concrets et du Conservatoire : on décide de ne plus
diffuser sur les radios cette société et donc cette société saisi le juge
et dit que c’est injuste. Or, il n’y a pas de loi qui dit qu’il doit y avoir
une égalité de diffusion entre les genres musicaux ou les sociétés. Le
Conseil d’Etat crée donc un principe général du Droit qui est un
principe d’égalité devant le service public. La part jurisprudentielle
permet précisément donc de s’adapter aux circonstances et, pour le
juge, de créer des décisions plus équitables que s’il devait attendre un
texte.
– Ce caractère jurisprudentiel entraine un inconvénient principal :
l’accessibilité. Ensuite, il y a des risques d’incohérence car les
Tribunaux administratif regardent ce que le Conseil d’Etat a fait dans
des cas similaires. Or, pas forcément de cas similaires ou pas les
bonnes sources, pas de précédents peuvent entrainer des décisions
différentes entre les Tribunaux. En termes de sécurité juridique, la part
fortement jurisprudentielle est un inconvénient. En revanche, il y a une
forte capacité à s’adapter aux circonstances, à l’évolution de la
société. Ensuite, le juge administratif français a toujours cherché à
appliquer un certain esprit : la recherche constante d’un équilibre
entre le respect d’une marge d’action pour l’administration et
néanmoins la défense permanente pour les administrés.
– Il existe de plus en plus une inflation normative qui est inquiétante :
« nul n’est censé ignorer la loi » ne marche pas car il faut toujours être
en recherche d’informations sur les textes applicables. Ensuite, textes
de plus en plus détaillés donc diminution de la source jurisprudentielle.
Après 2nde Guerre Mondiale, il ya beaucoup de grands arrêts. A
l’inverse, ralentissement aujourd’hui.
– Dans un souci d’accessibilité, le législateur a, depuis plusieurs années,
entreprit un travail de codification à droit constant avec plein de textes
issus de lois ou de règlements que l’on rassemble dans un code. Il y a
donc plus d’accessibilité mais un certain nombre de grands principes
ne font pas l’objet de textes.
A) Un droit déséquilibré
Affirmer frontalement que le droit Administratif est inégal peut choquer. En réalité, le
droit Administratif met en relation des acteurs de différente nature : personnes publiques et
personnes privées. On considère que les buts poursuivis par ces différentes personnes ne se
valent pas. On proclame la supériorité des buts poursuivis par les personnes publiques sur ceux
des poursuivis par les personnes privées car il en va de l’intérêt général.
Il y a donc une primauté de l’intérêt général des personnes publiques sur l’intérêt
personnel des personnes privées. L’intérêt général correspond à deux buts principaux :
– L’ordre public (code de la Route…) avec des règles du champ de la
police administrative et qui s’appliquent à tous.
– Le service public qui apporte un certain nombre de prestations. C’est,
ici, le champ des services publics tels que les sociétés de transports
urbain, la SNCF…
Tout en respectant ce caractère inégalitaire, l’histoire du droit Administratif est celle d’un
patient rééquilibrage où l’on limite de plus en plus le pouvoir de l’administration et où l’on
augmente celui des administrés. Prosper VEIL (1966) dit que : « Le droit Administratif est un
miracle ». En effet, l’administration s’est volontairement soumise à des règles, certes différentes
de celles du droit commun, et qui lui sont profitables, protectrices mais qui ont le mérite d’éviter
l’arbitraire. Ce caractère conduit à ce que l’action administrative soit première et la réaction des
administrés seconde. Lorsqu’on conclut un contrat de droit Civil, les intéressés concluent en
même temps. En droit Administratif, il y a d’abord l’action de l’administration puis l’administré
aura la possibilité de réagir.
Tout le droit administratif va chercher à trouver un équilibre entre l’action administrative
et la réaction. Concrètement, il faut savoir quels sont les acteurs du droit Administratif et dans
quel but vont-ils pouvoir agir ? quels sont les actes que ces acteurs du droit Administratif vont
pouvoir prendre ?
PARTIE 1 :
Les acteurs
Il faut d’abord rappeler la différence entre Etat Fédéral (dualité entre l’ordre juridique et
politique) et l’Etat unitaire (unité de l’ordre juridique et politique avec un seul système juridique,
un seul Parlement mais cette unité ne signifie pas que l’ensemble du pouvoir appartienne à
l’Etat). On va étudier les modes de répartition internes. Il y a trois notions pour l’Etat unitaire :
– Délocalisation : ce n’est pas une notion juridique. La délocalisation est
un notion géographique qui renseigne sur la localisation spatiale mais
qui n’entraine pas d’effet juridique.
– Déconcentration : c’est le fait, pour l’Etat, de confier à des autorités
réparties sur le territoire, mais qui lui restent hiérarchiquement
soumises, un certain nombre de compétences. Exemple : Un préfet
exerce, au nom de l’Etat, certains pouvoirs.
– Décentralisation : c’est le fait, pour l’Etat, de déléguer des
compétences à des autorités réparties sur le territoire mais ces
autorités sont dotées d’organes élus et s’administrent librement.
Dans un Etat unitaire, la part de la décentralisation est plus ou moins forte. Ainsi,
l’Espagne est très décentralisée alors que la France à longtemps été un Etat unitaire marqué par
une forte tradition centralisatrice. Cela pour unifier la France sous l’Ancien Régime. A la
Révolution sont créées des circonscriptions administratives (départements, arrondissements et
communes). Du point de vue de la décentralisation, sous la IIIème République, au tout début,
deux lois importantes
– 10 aout 1871 : sur les départements
– 5 avril 1884 : sur les communes. C’est cette loi qui prévoit que les
maires soient élus sauf à Paris.
Chapitre 1 :
L’administration de l’Etat
Au sommet de l’administration de l’Etat se trouvent des organes qui ont des
compétences politiques et administratives. C’est le signe de la primauté, dans un régime
démocratique, du pouvoir politique. Ces autorités de l’Etat, on les range donc en deux catégories
selon qu’il s’agit de l’administration centrale ou de l’administration déconcentrée.
I – Le Président de la République
II – Le Premier Ministre
Pour prendre ses décisions, le gouvernement peut s’appuyer sur des organes
administratifs qui lui rendent des avis : les organes consultatifs. Il existe aussi des organes qui
contrôlent l’action administrative après qu’elle se soit produite. Le point commun à ces deux
types d’organes est qu’ils bénéficient d’une certaine distance par rapport aux autorités
administratives, elles ne sont pas intégrées aux sphères des ministères. Cette distance est due
au fait qu’il faille être extérieur pour donner des avis impartiaux ou des jugements.
1) Le Conseil d’Etat
Il ne faut pas confondre le contrôle fait par le Juge et celui effectué par l’administration
elle-même. L’administration a organisé, en son sein, un contrôle exercé par des fonctionnaires
indépendants sur l’activité d’autres fonctionnaires. Il y a deux missions principales : la recherche
d’éventuelles fautes commises par des agents publics et la suggestion d’améliorations du
fonctionnement du service.
Il existe deux catégories d’inspection :
– A vocation interministérielle : avec deux grandes inspections :
l’Inspection Générale des Finances constituée des meilleurs élèves de
l’ENA et l’I.G. de l’Administration chargée de vérifier l’ensemble du
fonctionnement des administrations.
– Propres à un ministère : On y trouve beaucoup de juristes de
formation. Il y a, par exemple, le Contrôle général des Armées, l’I.G. de
l’Education Nationale, I.G. des Services, l’I.G. des Affaires Sociales…
Ces institutions sont créées sous une forme particulière qui les distingue de
l’administration traditionnelle. C’est un concept à la mode avec beaucoup de créations d’A.A.I.
ces dernières années. On en compte une quarantaine aujourd’hui.
Il y en a trois grands :
– Régulation de la communication et de l’information : il existe plusieurs
A.A.I comme la CNIL (créée en 1989), le Commission des sondages,
l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communication Electroniques et
des Postes). Dans ce secteur car c’est un secteur qui met en œuvre
des libertés sensibles telle que la liberté d’expression. On considère
que l’administration est mal placée pour réguler le secteur car elle est
partie prenante.
– Régulation de l’économie de marché : AMF (Autorité des Marchés
Financiers), Autorité de la concurrence…
– Régulation des relations entre les administrations et les administrés :
comme la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs,
le médiateur de la République (créé en 1973) est l’un des plus
importants et est sur le point d’être transformé en Défenseur des
Droits, la HALD (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations)…
A) Quelques exemples
Il vient d’être créé par la révision de la Constitution du 23 juillet 2008 à travers un titre
11bis. Ce Défenseur des Droits remplace le médiateur de la République qui n’avait pas
d’encrage constitutionnel mais aussi d’autres A.A.I. telle que la Commission Nationale de
Déontologie et de la Sécurité ainsi que le Défenseur des Enfants.
La Constitution indique que le Défenseur des Droits veille au respect des Droits et
Libertés par les administrations de l’Etat, les Collectivités Territoriales. ainsi que tous les
organismes investis d’une mission de service public.
Le Défenseur des Droits peut être saisi par toute personne qui s’estime lésée et dispose
de la faculté d’auto-saisine. Etant donné qu’il n’est pas encore en vigueur, on est conduit à
décrire ce que fait le médiateur aujourd’hui pour le décrire.
Le médiateur a été créé par une loi du 3 janvier 1976 et il est nommé pour un mandat de
6 ans non révocable et non renouvelable. Il ne peut recevoir aucune instruction d’aucune
autorité et a pour objet, pour mission de connaitre de tout ce que l’on appelle les « mal
administrations » (dysfonctionnements de l’administration). Tout administré peut saisir le
médiateur pour lui faire part de ses difficultés avec une administration. Chaque année, il
examine un peu plus de 60 000 affaires qui se répartissent en deux moitiés à peu près égales :
une moitié de demandes d’information, d’orientation et une autre moitié de demandes de
réclamations. Le médiateur doit proposer une solution en équité, c'est-à-dire qu’il ne doit pas
seulement examiner la légalité d’une décision mais il doit également s’interroger sur le
caractère équitable de cette décision pour l’administré auquel elle s’applique. Exemple :
pendant de nombreuses années, nombreuses réclamations d’étudiants qui devaient faire leur
service militaire car report au mois d’aout et rattrapage au mois de septembre. La légalité de la
décision est indiscutable car, au 1er aout, l’étudiant pouvait être incorporé. Le médiateur disait,
en équité, de les incorporer plus tard dans l’année. Le médiateur a une autorité morale
supérieure à l’administré lambda donc plus d’influence d’où l’intérêt de recours à une A.A.I. Le
médiateur rend un rapport annuel qui lui permet de suggérer des modifications lorsqu’il constate
la répétition d’affaires similaires. Il dispose également d’un pouvoir d’injonction pour l’exécution
de la chose jugée.
3) Le C.S.A.
Jusque dans les 80’s, l’ensemble des chaines de télé et de radios appartenaient à l’Etat.
Après 1980, éclatement à cause de la privatisation de certaines chaines et le pouvoir politique a
souhaité faire échapper au contrôle du gouvernement de manière à en assurer l’impartialité de
l’information. Dans les 60’s, le ministre de l’information du général De Gaulle avait un bouton
qui le mettait en relation directe avec les journaux télévisés.
L’Etat crée donc une A.A.I. chargée de réguler. En 1982 est créée la Haute Autorité de la
Communication mais, en 1986, cohabitation qui supprime la Haute Autorité pour créer la
Commission Nationale de la Communication et des Libertés. Lorsque la gauche arrive au pouvoir
en 1988, elle supprime la C.N.C.L. pour créer, en 1989, le C.S.A.
Ce C.S.A. est composé de 9 membres : 3 nommés par le Président de la République, 3
par le Président de l’Assemblée Nationale et 3 par le Sénat. On a copié le Conseil constitutionnel.
Le C.S.A. doit surveiller l’exercice de la liberté de communication audiovisuelle, veiller à l’égalité
de traitement, garantir l’indépendance et l’impartialité du secteur public et veiller à la qualité et
à la diversité des programmes et à la défense de la langue française.
Concrètement, jusqu’à présent, le Conseil a un pouvoir de nominations des PDG des
chaines de radio et de télé du secteur public. Maintenant c’est le Président de la République qui
les nomme en Conseil des Ministres. C’est un recul des libertés, un retour en arrière. Mais
connait-on des entreprises détenues à 100% par quelqu'un dans laquelle le propriétaire ne
nomme pas les PDG ? C’est donc plus logique de les nommer en Conseil des Ministres. Ensuite,
le C.S.A. nommait déjà des proches du pouvoir donc autant les nommer en Conseil des Ministres.
Il y a aussi le pouvoir d’autorisation sur l’usage des fréquences. Pouvoir réglementaire en
particulier en ce qui concerne les émissions de campagne électorale et pouvoir de sanction
(pécuniaires, suspension des programmes, saisine des autorités juridictionnelles). Arrêt du
Conseil d’Etat du 8 avril 2009 François Hollande : le Conseil d’Etat annule un refus par le C.S.A.
de faire droit à la demande de François Hollande consistant à comptabiliser le temps de parole
du Président de la République.
On observe depuis plusieurs années une multiplication des A.A.I. que symbolise, par
exemple, la création par la loi du 30 octobre 2007, d’un contrôleur général des lieux privatifs de
libertés. Ces A.A.I. ont parfois un grand succès : la création en 2004 de la H.A.L.D. (Haute
Autorité de Lutte contre les Discriminations) fondés pour lutter contre les discriminations avec
deux pouvoirs : celui de Testing qui consiste à tendre des pièges à des entreprises que l’on
soupçonne de discrimination et le pouvoir de transaction plutôt que de saisine de la Justice qui
consiste, par exemple, à constater que si la H.A.L.D. constate par le testing qu’il y a
discrimination les entreprises qui veulent échapper à une condamnation en Justice peuvent
s’engager pour changer de méthode. Choquant sur le plan du droit mais pour augmenter
l’efficacité.
Le problème essentiel des A.A.I. est que la catégorie apparait de plus en plus hétérogène
au fur et à mesure du développement. On a donné la personnalité juridique à certaines A.A.I.
(autorité des marchés financiers) alors que, en principe, elles ne l’ont pas. Ensuite, certaines
A.A.I. ont beaucoup de pouvoirs et d’autres essentiellement un pouvoir de recommandation
morale. La Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité est extrêmement faible : elle a
été créée mais avec un budget très faible. Sur le plan juridique, on qualifie d’A.A.I. à la fois cette
C.N.D.S. et à la fois le C.S.A. qui est très puissante.
A) Le préfet
Il existe depuis plus de deux siècles mais il a changé d’appellation entre 1982 et 1988
(Commissaire de la République). L’institution préfectorale a été créée par la loi du 29 Pluviôse de
l’An VIII mais a pour ancêtre l’Intendant du Roi sous l’Ancien Régime.
A partir du décret du 14 mars 1964 ont par ailleurs été créés des préfets de régions. le
préfet est une institution au carrefour de l’administratif et du politique. On exige qu’il veille à
l’exécution des politiques décidées au niveau central mais on attend aussi d’eux qu’ils fassent
preuve d’une certaine fidélité à l’égard du gouvernement.
1) Le statut
Il a fallu attendre des décrets de 1950 et 1959 pour voir apparaitre un statut. Les préfets
sont nommés par décrets du Président de la République en Conseil des Ministres sur proposition
du 1er Ministre et du Ministre de l’Intérieur. Il s’agit d’un emploi à la discrétion du gouvernement.
En principe, 4/5 des préfets sont choisis parmi les sous préfets ou les administrateurs civils hors
classe. Les uns et les autres sont sortis de l’E.N.A. et 1/5 des préfets pour lesquels le choix est
totalement discrétionnaire. C’est un statut qui est profondément dérogatoire par rapport à celui
des autres fonctionnaires :
– Les mutations et les avancements sont totalement discrétionnaires.
– Les préfets peuvent se voir infliger des sanctions sans recours aux
instances disciplinaires mais après simple communication au préfet du
dossier.
– Le dossier d’un préfet peut comporter la mention de ses opinions
politiques.
– Les préfets n’ont ni droit syndical, ni droit de grève.
Ces dispositions s’appliquent également aux sous préfets. Conseil d’Etat, 23 avril 2009
(Mr Gigue) sous préfet qui a écrit un article violent sur la politique d’Israël en Palestine. Il a été
démis de ces fonctions. Comme le sous préfet représente l’Etat, les autorités Israéliennes
peuvent avoir l’impression que c’est la pensée de la France.
1) Ses attributions
A) Le sous-préfet
Il existe différentes directions départementales : les gros ministères ont des services
présents dans tous les départements. Par exemple le ministère de l’Equipement et des
Transports avait la DDE. Ces services déconcentrés mettent en œuvre, dans les départements,
les politiques nationales.
Depuis quelques années, on est passée de plus d’une vingtaine de direction
départementale dans chaque département à seulement deux en raison d’un double
mouvement : d’abord de transfert de compétences aux C.T. et, d’autre part, un mouvement de
fusion de ces directions départementales dans un souci d’économie. La réorganisation qui est en
train de se produire est une réorganisation autour de deux seules directions :
– Direction des territoires qui recouvre l’équipement, l’agriculture,
l’environnement…
– Direction de la population et de la cohésion sociale .
La région est une circonscription administrative plus récente que le département : elle
est née par un décret du 14 mars 1964. Il existe 26 circonscriptions régionales dont quatre
outre-mer et celles-ci comprennent à la fois un préfet et des services déconcentrés.
– Préfet de région : institué par ce décret de 1964 et il s’agit toujours du
préfet du département Chef-lieu de la région. Le préfet du Rhône est
toujours celui de la région Rhône-Alpes. Ce préfet cumule les deux
séries de fonctions (fonctions de préfet de département auxquelles
s’ajoutent celle du préfet de région). Il existe cette pratique du
dédoublement personnel car cela s’explique par la volonté de ne pas
créer un « super préfet », c'est-à-dire de ne pas établir de hiérarchie
entre les préfets. Depuis juin 2008, plusieurs textes commencent à
instaurer une supériorité hiérarchique des préfets de régions sur ceux
de départements par facilité pour l’Etat (réunir 26 préfets de régions
plus facile) mais lentement car les préfets de départements ne veulent
pas de cette hiérarchie supplémentaire.
Les préfets de région contrôlent les
actes du Conseil régional.
Ils négocient et concluent les contrats
avec les régions au nom de l’Etat
Ils fixent les grandes orientations en
matière de développement
économique et d’aménagement du
territoire
D’une manière générale, ils disposent
d’un droit de regard sur toutes les
politiques qui nécessitent un champ
d’application territorial plus large que
le seul département.
– Les services régionaux : le préfet de région dirige les services
régionaux de l’Etat qui sont en train de passer d’une trentaine à huit.
On y trouve les affaires culturelles, l’aménagement du territoire, le
logement…
Il y a une grande continuité des politiques même si les époques ne sont pas les mêmes,
les sensibilités sont différentes. Cette modernisation touche essentiellement l’administration de
l’Etat, et, à coté de la diminution du nombre de fonctionnaires de l’Etat, les C.T. embauchent
beaucoup.
Chapitre 2 :
Les collectivités territoriales
La fonction publique territoriale, c’est environ 1 million ½ de personnes, 70% de
l’investissement public. L’Etat unitaire qu’est la France est un Etat de plus en plus décentralisé. Il
y a un débat entre la tradition Jacobine et Girondine qui remonte à la Révolution.
– Tradition Jacobine : courant de pensée privilégiant l’égalité de tous les
citoyens. Et, sur le plan de l’organisation territoriale, la conviction des
Jacobins est que l’égalité ne peut être mise en œuvre que si l’Etat en
est garant. Il faut une certaine centralisation pour assurer l’égalité.
– Tradition Girondine : privilégie la notion de proximité. La meilleure
administration est celle qui est proche des administrés. Concrètement,
cela signifie qu’un maire, qui dans une commune de taille moyenne,
abrite plusieurs écoles, connaitra plus le terrain et donc une meilleure
gestion du personnel. Cette bonne gestion administrative ne peut être
vue que lorsque l’on est proche du terrain. Les Girondins veulent
laisser faire les autorités locales, même si cela conduit à des inégalités
à cause des moyens.
Pendant très longtemps, l’Etat a adopté la vision Jacobine. Mais, de plus en plus, la vision
Girondine se développe. De la Révolution jusqu’au début des 80’s, c’est la tradition Jacobine qui
a été dominante. Cela correspondait à une certaine vision de la République. Ce courant Jacobin
transcende la frontière gauche/droite. A partir du début des 80’s, le courant Girondin prend le
dessus et engage de profondes réformes favorables à la décentralisation. Là encore, le courant
Girondin transcende la frontière gauche/droite. La première réforme (1982 – 1983) est faite par
la gauche. La deuxième est faite par la droite : réforme Raffarin en 2003/2004.
La décentralisation est de plus en plus forte, les C.T. ont de plus en plus de pouvoir.
Jusqu’où peut-on pousser la décentralisation tout en restant dans un Etat unitaire ? S’il y a des
lois calédoniennes et françaises, il y a dualité et donc définition de l’Etat fédéral.
Parmi les manifestations de l’autonomie des C.T., il y a le fait que toute C.T. est une
personne juridique distincte de l’Etat. Ensuite, une C.T. est gérée par des organes élus au
suffrage universel. Chaque C.T. a un budget propre et des ressources propres. Le budget d’une
Préfecture est dépendant du budget du ministère de l’Intérieur alors que celui d’une collectivité
locale peut être augmenté par les impôts. Il existe aussi une autonomie administrative des
collectivités dans la mesure où elles disposent d’une liberté d’action dans le cadre de leur
territoire. Il existe deux mécanismes de répartition des compétences entre l’Etat et le C.T. :
– Les transferts législatifs de compétence : des lois qui délèguent aux
C.T. des compétences. Ces lois sont les Grandes lois de
décentralisation.
– La clause générale de compétence : c’est une disposition qui autorise
une C.T., d’une manière générale, à gérer les affaires qui relèvent de
son territoire. Cela permet aux collectivités de se mêler de questions
que l’Etat ne leur a jamais explicitement transférées. Le Conseil
Général de l’Isère n’a jamais eu de compétence en matière
d’Enseignement Supérieur. Or, les universités demandent des
subventions que la ville de Grenoble et le Conseil Général accepte
grâce à la clause générale de compétence. Dans le cadre de la
réforme envisagée, le rapport Balladur préconise la disparition de
cette clause pour les communes et les départements mais les élus
locaux veulent la sauver.
Le bilan que l’on peut dresser est que cette réforme de 2003-2004 a été très critiquée
car elle ne s’est pas accompagnée de réflexion sur la carte de la décentralisation. Au fond, ce
que l’on fait en 2003-2004 c’est ajouter des compétences aux C.T. sans oser affaiblir un de ces
niveaux, la carte reste la même. Ensuite, l’autonomie financière a été peu renforcée. Elle a été
inscrite dans la Constitution mais les derniers chiffres dont on dispose montre que les communes
ont environ 60% de ressources propres, les départements 56% et les régions seulement 39%.
Troisième critique : certain des transferts auxquels il a été procédé n’ont pas été entièrement
financés. Le gouvernement dit toujours que lorsqu’il transfère une compétence, il transfère à
l’euro prêt les moyens de financement. Les C.T., elles, ont souvent tendance à dire au
gouvernement qu’il leur est transférer des charges mais sans les moyens. Les transferts de
compétences sont effectivement compensés au moment auquel ils ont lieu, mais, ensuite, les
moyens financiers de la part de l’Etat n’augmentent pas. En 2004, transfert du RMI aux
départements donc l’Etat donne les moyens pour l’année en cours, mais, quand le nombre de
chômeurs augmente et qu’il faut donner plus de RMI, l’Etat dit que ce n’est plus son problème.
Depuis l’année dernière se profile une nouvelle étape qui s’est enclenché suite au
rapport Balladur sur la réforme de la décentralisation. Ce rapport a été rendu il y a 6 mois et
s’est d’abord intitulé « il est urgent de décider ».
– Première proposition : une grande réforme de la région capitale en
considérant que Paris n’a pas une taille suffisante par rapport aux
autres capitales européennes et plaide donc pour la création d’un
Grand Paris. Ce projet a été enterré car les élus ne sont pas d’accord.
En revanche, ce qui va se mettre en place est un établissement public
appelé Société du Grand Paris et qui va être chargé de mettre en place
un certain nombre d’équipements pour ne pas se faire ralentir par les
« querelles de clocher ». Il y a une critique de la recentralisation qui se
profile car cet établissement serait géré par l’Etat.
– Deuxième proposition : le rapport propose de grouper les élections
municipales et l’élection des organes délibérants des établissements
intercommunaux. Depuis longtemps, les communes se sont
regroupées dans des établissements intercommunaux pour gérer
certaines compétences. Le problème est, qu’avec le temps, ces
établissements se sont renforcés avec des budgets supérieurs à celui
des communes donc il serait normal de désigner celui qui gère le plus
gros budget qui est actuellement élu au suffrage indirect.
– Troisième proposition : encourager le regroupement volontaire des
départements et des régions afin de diminuer leur nombre.
– Quatrième proposition : supprimer la clause générale de
compétence des départements et des régions. or, faire cela c’est
affaiblir les départements et régions.
– Cinquième proposition : achever la carte de l’intercommunalité en
forçant toutes les communes à participer à ces établissements
intercommunaux et créer un nouveau type d’établissement
intercommunal que l’on appellera Métropole et qui exercerai sur son
territoire une partie des pouvoirs actuellement détenus par les
départements.
– Dernière proposition : fusionner les élections régionales et
cantonales en créant une seule élection de conseillers territoriaux qui
siègeraient à la fois au Conseil régional et au Conseil Général.
Actuellement, il y a des élections cantonales qui élisent les conseillers
généraux qui gèrent le département et d’autres qui élisent les
conseillers régionaux. Etant donné qu’on n’ose pas supprimer les
départements ou els régions, on maintient les deux niveaux de C.T.
mais on regroupe les élections pour n’élire que des conseillers
territoriaux qui siègeront tantôt au Conseil Général et tantôt au Conseil
Régional. Cela consiste à maintenir les deux niveaux avec dans l’idée
qu’à terme les élus se rendent compte que les deux niveaux ne
servent à rien.
Loi du 31 décembre 1982. Cette loi institue à Paris, Lyon et Marseille des Conseils et
Maires d’arrondissement qui sont désignés en même temps que le Conseil Municipal. Ces
autorités d’arrondissement ont des compétences réduites à la gestion des équipements sociaux,
culturels et sportifs et disposent également d’une compétence consultative en matière
d’urbanisme.
S’agissant de Paris, la loi de 1884 prévoyait que l’organe exécutif de la ville de Paris
n’était pas un Maire mais le Préfet de Paris nommé par le gouvernement. Cette absence de
Maire n’est levée que par une loi de 1975 et le premier Maire élu a été Jacques CHIRAC en 1979.
Aujourd’hui, le Conseil de Paris est à la fois plus et moins puissant qu’un autre Conseil municipal.
Plus car il exerce à al fois les compétences d’un Conseil municipal et celles d’un Conseil général.
Mais moins puissant car la plupart des pouvoirs de police du Maire de Paris sont réduits car
confiés à un préfet de police : la préfecture de police de Paris car on considère qu’en raison du
fait que les ministères ont presque tous leur siège à Paris donc il faut plus de protection.
Cette question du traitement différencié de Paris par rapport aux autres villes est
toujours d’actualité : le Conseil constitutionnel, dans sa décision du 6 aout 2009 a censuré la
procédure particulière propre à Paris que le législateur avait prévu pour l’ouverture des
magasins le dimanche.
II – La Corse
La Corse est, sur le plan de la décentralisation, l’illustration sans doute la plus typique
des difficultés qu’un Etat unitaire comme la France peut rencontrer pour reconnaitre une
certaine spécificité, autonomie sans pour autant céder à la désagrégation de l’Etat et sans
abdiquer toute autorité de la République.
Les spécificités de la Corse sont évidentes. Le caractère insulaire pose des problèmes
économiques. L’économie est essentiellement touristique et agricole. Ensuite, il y a un héritage
culturel, historique, identitaire corse qui est réel. L’enjeu est la manière dont le droit
administratif peut intégrer ces spécificités pour donner plus d’autonomie à la région Corse sans
remettre en cause le caractère unitaire de la République. Le mouvement indépendantiste corse
s’est développé à partir des 70’s et se situe à deux niveaux : politique (listes aux élections) et,
pour certains de ses membres, dans la lutte armée. En 1982, la Corse obtient le statut de région
et une loi de 1985 lui donne un statut particulier renforcé par la loi du 13 mai 1991 qui qualifie la
Corse de C.T. sui generis. La Corse est dotée d’une Assemblée de Corse qui élit un Président
mais ce n’est pas lui qui a le pouvoir exécutif car l’Assemblée élit également un Conseil exécutif
qui comprend lui-même un Président. Cette Assemblée de Corse dispose à la fois des pouvoirs
habituellement attribués aux régions mais aussi de quelques aménagements dans certains
domaines, notamment plus de pouvoirs que les autres régions en matière touristique.
S’est enclenché, début 2000, le processus de Matignon mené par Lionel JOSPIN et qui
visait à donner plus d’autonomie avec, notamment, l’enseignement obligatoire du corse à l’école
et en donnant à l’Assemblée de Corse une compétence générale en matière de politique
culturelle ainsi que plus de liberté en matière fiscale et environnementale. Ce processus a été
brutalement interrompu par l’assassinat du Préfet ERIGNAC par des indépendantistes. Cet
assassinat provoque une émotion immense car c’est le représentant de la République que l’on
décide d’assassiner à bout portant. JOSPIN et CHIRAC tiennent un discours commun à Ajaccio et
interrompent le processus. Se déroule une politique de reprise en main de l’Etat, notamment à
travers le Préfet Bernard BONNET qui est sévère. Mais dérive psychologique avec, notamment,
les paillottes qu’il n’arrive pas à faire démonter. Il donne l’ordre à des gendarmes d’aller les
bruler pendant la nuit. La politique de reprise en main de l’Etat qui avait marché jusque la
échoue car, au vue des corses, l’Etat se décrédibilise. Compte tenu de toutes ces années
perdues pour la négociation, le processus de Matignon n’abouti en 2003 qu’à un referendum
visant à fusionner les deux départements (Haute Corse et Corse du Sud) avec la collectivité de
Corse. Mais le ministre de l’Intérieur a tendance à en faire trop et, après trois ans de traque et
quelques temps avant le referendum est attrapé Yvan Colonna. Du coup, les corses votent non
au referendum. Depuis, tous les gouvernements successifs ont décidé de se désintéresser du
statut de la Corse. Il y a donc une politique de main tendu à la Corse pour plus d’autonomie mais
aussi une politique d’affirmation de la République.
III – L’Outre-mer
Pendant très longtemps, les collectivités d’Outre-mer ont été organisées en DOM-TOM.
Depuis une révision constitutionnelle de 2003 complétée en 2007, cette distinction a été
remplacée par une autre auquel s’ajoutent des statuts encore plus dérogatoires.
Les articles 73 et 74 de la Constitution créent le statut de Département et Région
d’Outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane et La Réunion). Il s’agit de régions
monodépartementales avec une collectivité qui exerce les pouvoirs du Conseil général et
régional. Ces collectivités sont régies par le principe d’assimilation législative. C'est-à-dire que
els lois et règlements y sont applicables de plein droit. Sachant que l’article 73 précise que ces
textes peuvent toutefois faire l’objet d’adaptations tenant aux caractéristiques et contraintes
particulières de ces collectivités.
La deuxième catégorie, régie par l’article 74, est la catégorie des Collectivités d’Outre-
mer qui comprend la Polynésie Française, Saint Pierre et Miquelon, les iles Wallis et Futuna et,
depuis 2007, les iles de Saint Martin et Saint Barthélémy qui étaient auparavant rattachées à la
Guadeloupe. Cette catégorie regroupe des collectivités qui bénéficient du principe de spécialité
législative. Cela signifie qu’elles exercent des compétences propres qui leurs sont dévolues par
le statut qui les concerne. Ce statut pouvant leur permettre d’intervenir dans des matières
relevant normalement du domaine de la loi. Cela revient à dire que la collectivité de Polynésie
pourra, à condition qu’elle y soit autorisée par son statut, prendre un acte relevant de
l’Assemblée Nationale ou du Sénat.
IV – La Nouvelle Calédonie
Depuis 1946, c’était un territoire d’outre-mer avec des revendications indépendantistes
très fortes avec les Kanaks et les Caldoches venant de métropole. Sur le plan démographique, la
communauté Kanak est un peu moins nombreux d’où le sentiment de ces derniers que les
blancs ont pris le pouvoir. Mais cette communauté a une démographie qui s’accroit plus vite.
Dans les 80’s, les conflits entre communautés se sont exacerbés au point que la principale
organisation Kanak a, pour une part, dériver dans la lutte armée et cela a conduit la métropole à
réagir par la force en envoyant plus de forces. Le FNLKS décide de prendre en otage une
gendarmerie en 1988 et se repli dans une grotte. Le FNLKS demande des négociations avec les
candidats à l’élection présidentielle en cours. Mais les leaders sont des intellectuels et Jacques
CHIRAC qui souhaite montrer la force qui est la sienne refuse toute négociation et envoie le
GIGN. La moitié des gendarmes sont tués et les indépendantistes. MITERRAND est réélu et
charge ROCARD de régler le problème et il y arrive. Sont conclu, en 1988, les accords de
Matignon puis de Nouméa qui prévoient un statut d’autonomie pour la Nouvelle Calédonie et
l’engagement à organiser un referendum d’auto détermination. L’idée de Rocard est d’organiser
un referendum en Nouvelle Calédonie mais aussi en métropole pour tourner la page.
Ce statut a fait l’objet d’une loi constitutionnelle qui a introduit deux articles (le titre 13)
exclusivement consacré à la Nouvelle Calédonie. Article 76 qui prévoit le corps électoral réduit
qui sera autorisé à se prononcer lors du referendum d’auto détermination : les communautés
Kanak et Caldoche sont à peu près égales mais les Kanaks augmentent donc la crainte des
Kanaks est que les Caldoches continuent de faire venir des gens de métropole pour contrer leur
puissance. Seuls les descendants des habitants de Nouvelle Calédonie en 1988 pourront voter à
ce referendum d’auto détermination. L’article 77 donne un statut sur mesure à la Nouvelle
Calédonie avec un congrès de la Nouvelle Calédonie qui est investi d’un pouvoir en parti
législatif. C'est-à-dire que la Nouvelle Calédonie vote des « Lois de Pays » qui sont spécifiques à
ce territoire et qui relèvent donc directement du domaine de l’article 34. Avec la Nouvelle
Calédonie, on est dans le cas le plus poussé de décentralisation en France et les relations entre
la France et ce congrès sont souvent proches des relations entre un Etat fédéré et un Etat
fédéral.
Chapitre 3 :
Les établissements publics
Ils disposent de la personnalité morale de droit public comme l’Etat et les C.T.
Lors des débats de 1999 accompagnant la loi Chevènement avait été discutée l’idée
d’une représentation directe des ces organes délibérants des EPCI. C’est l’idée d’une élection au
suffrage universel direct pour choisir également les élus siégeant dans ces EPCI et non pas
seulement les élus siégeant dans les Conseils municipaux gérant des budgets moindres. Il reste
que, avec la montée en puissance des EPCI, il y a fort à parier que lors de la prochaine réforme,
cette élection au suffrage universel voit le jour avec l’idée d’un système inspiré de Paris-Lyon-
Marseille (premiers de listes siégeant à la Metro).
En novembre 2005, la Cour des comptes a rendu un rapport très critique sur
l’intercommunautalité pointant plusieurs défauts :
– Une certaine mollesse des Préfets qui laisseraient les stratégies
politiques se faire au détriment de la rationalité des territoires
– Le constat de doublons, et donc de gaspillage, entre les services des
EPCI et cuex de certaines communes : lorsqu’une commune transfère
une compétence à une EPCI, elle devrait redéployer son personnel
mais pas dans la réalité.
– trois niveaux de collectivité (région, département, commune) c’est
déjà pas mal : mais les EPCI font pratiquement un quatrième échelon
d’administration locale. Cela entraine une spirale inflationniste.
Partie 2 :
Les activités
L’originalité de l’organisation administrative française est maintenant évidente et va
dans le sens du caractère inégalitaire du droit administratif en raison des buts poursuivis par
l’action administrative. Cette inégalité n’est donc pas, en soi, choquante étant justifiée par les
objectifs d’intérêt général qui doivent primer sur l’intérêt des personnes privées. Ce chapitre va
justifier l’inégalité, le déséquilibre du droit administratif.
Il y a une évolution historique très nette de l’activité administrative. On est passé de
l’Etat Gendarme (essentiellement chargé de produire de l’ordre dans sa société et faire la guerre
à l’étranger) du lendemain de la Révolution à un Etat Providence qui est un enrichissement de
l’Etat Gendarme. Sur le plan économique, c’est un Etat qui, au cours du XXème siècle, a cherché
à procurer au public un certain nombre de prestations. Exemple : a la Révolution, il ya
seulement six ministères régaliens. Aujourd’hui, une trentaine de ministères avec les six
régaliens qui subsistent et les autres régulant un certain nombre de choses. Il y a, aujourd’hui, le
pôle de l’ordre public (police administrative) et le pôle qui est le champ des services publics.
Chapitre 1 :
La police administrative
Il faut faire attention au terme police. La police, dans le langage commun, désigne un
corps de fonctionnaires, une institution. En droit administratif, la police ne désigne ni des
personnes, ni une institution mais une activité, une mission. C’est l’activité qui consiste à
maintenir l’ordre public en imposant à la libre action des particuliers la discipline exigée par la
vie en société dans un cadre tracé par le législateur. Au fond, ce sont des modalités de vie en
commun.
Le premier moyen d’exercer la police administrative est de prendre des actes qui vont
fixer des normes et qui sont pénalement sanctionnés. La police administrative est une activité
de règlementation. On va, par exemple, autoriser une manifestation de telle heure à telle heure,
de tel lieu à tel lieu et si cela dégénère, sanctions pénales.
Cette règlementation est soit des actes règlementaires, soit une règlementation
individuelle (suspension de permis). Compte tenu de cette dimension de puissance publique, les
actes seront toujours des actes unilatéraux. C'est-à-dire sans avis de la personne à qui elle
s’applique.
En matière de police administrative, les contrats sont bannis. Il y a une formule : les
contrats locaux de sécurité qui est un faux contrat, un acte négocié mais qui n’a pas de force
opératoire.
Il y a une autre dimension de la police administrative qui consiste en des opérations de
terrain (barrages, rondes de police, contrôles coordonnés…). Ces opérations sont des opérations
matérielles de police.
La problématique générale est la recherche d’un équilibre entre ces pouvoirs de police et
le respect des libertés dans un régime démocratique. Le pouvoir de police, par définition, amène
naturellement à porter atteinte aux libertés.
Un seul cas où l’interdiction générale et absolue est possible : lorsque l’on en peut pas
faire autrement.
Chapitre 2 :
Le service public
La notion de service public est pratiquement devenue un mythe en France et c’est donc
une notion employée de manière polysémique. La notion de service public n’a pas la même
signification dans le langage courant et en droit. Dans le langage courant, on confond l’organe et
l’activité. La Poste est une entreprise qui gère, entre autre, des missions de service public mais
ce n’est pas un service public. En droit, le service public est une approche matérielle qui désigne
une mission, une activité. Cette activité peut être prise en charge par des organes de nature très
différente. La distribution de l’eau est partout un service public mais peut être pris en charge
par une entreprise publique, privée ou par la commune.
En droit administratif, le service public a pris une importance considérable au point
d’avoir été qualifié, au début du XXème, de « clé de voute » du droit administratif, comme
notion centrale.
Aujourd’hui, on réfléchit surtout à la confrontation entre le service public français et l’UE.
Les activités de service public existent de tout temps et en tout lieu. Ce n’est pas la disparition
de ces services qui est en cause mais le mode de gestion. Le mode de gestion particulier à la
France consiste à gérer certains services publics d’une manière fortement marquée du droit
public. Concrètement, cela signifie qu’au lendemain de la 2nde Guerre mondiale, on a pris toute
une série d’activités indispensables à la vie en société (Poste, eau, électricité) et on les a confié
à un seul organe qui va avoir la personnalité morale de droit public et que se voit soumis à
beaucoup de règles du droit public (engager des salariés par exemple). C’est ce mode de
gestion qui est actuellement remis en cause.
On aboutit à une définition qui est : le service public est une activité d’intérêt général
assurée ou assumée par une personne publique. Lorsqu’on est en présence d’un service public,
il y a toujours une part de soumission au droit public.
La distinction entre service public administratif et SPIC est consacrée par l’arrêt Union
syndicale des industries aéronautiques (CE, 1956) : le C.E. recours à un faisceau d’indice pour
distinguer un SPIC d’un SPA :
– Quel est l’objet du service ?
– Quelle est l’origine des ressources de ce service ? financé uniquement
par les usagers ou pas.
– Quelles sont les modalités d’organisation et de fonctionnement ?
tourne comme une entreprise privée ou pas.
Arrêt 1930, Chambre syndicale du commerce de détail de Nevers : pose deux conditions
au développement de services publics locaux facultatifs :
– Qu’il existe, en la matière, une carence de l’initiative privée
– Que l’activité projetée présente un intérêt public local
Un cinéma est donc considéré tantôt comme un service public (dans une petite ville où
les cinémas privés ont fermé et où est créé un cinéma municipal), tantôt comme un service
privé. Cela dépend donc de conditions de circonstances de temps et de lieu.
A) Le principe d’égalité
Ce principe d’égalité devant le service public est directement un corollaire du principe
d’égalité devant la loi consacré par la DDHC. Il bénéficie à la fois aux usagers et aux agents.
– Pour les agents : CE, 1954, BAREL, concours d’entrée à l’ENA où tout
les candidats ayant une appartenance au PC ne sont pas reçus. Le CE
réussit à peur que, en raison de leur position politique, trahissent la
France en ce contexte de Guerre froide. Le CE donne raison au
requérant. CE, 10 avril 2009, Mr EL HADDIOUI, concours de gardien de
la paix. Un candidat passe le concours d’officier des gardiens de la
paix. Le C.E. annule le concours à cause des questions posées au
candidat. Le principe d’égalité interdit aussi toute discrimination entre
les associations symphoniques pour l’accès à la radio française (CE,
1951, Société des concerts…). Il y a trois grands fondements qui
permettent de déroger à ce principe et il faut rentrer dans ces trois
fondements pour que la dérogation soit légale et donc recevable :
lorsque la loi déroge à l’égalité : loi
fiscale sur l’impôt progressif par
exemple.
Lorsqu’il existe une différence de
situation qui justifie une différence de
traitement : CE, 30 novembre 2001,
Ministre de la Défense contre Mr
DIOP, problème du gel des pensions
des anciens combattants issus des
colonies françaises. Or, ils y ont le
droit normalement mais gel du
montant de la pension lors de
l’indépendance des colonies. Donc
retraite en fonction du montant au
moment du gel du montant. Le C.E.
considère, en invoquant le principe
d’égalité et la ConvEDH, qu’il ne peut
pas y avoir de discrimination sauf si
elle est fondée sur des justifications
objectives et raisonnables. CE, 1974,
DENOYER et SCHORQUES, bac
entre la Rochelle et Ré. Trois tarifs :
Plus élevé pour étrangers à la
Charente Maritimes, moins élevé pour
habitants de Ré et tarif intermédiaire.
Le CE admet le tarif pour les
habitants de l’île de Ré mais annule la
différence de tarif entre les habitants
de la Charente-Maritime et ceux
habitants en dehors du département.
CE considère qu’il y a une différence
objective de situation entre habitant
de Ré ou non mais pas entre les
habitants du département et les
autres. Le principe d’égalité n’impose
pas de traiter tout le monde de la
même manière, il impose simplement
de traiter de la même manière les
personnes qui se trouvent
objectivement dans des situations
similaires.
Si l’intérêt général le commande : le
C.E. a considéré, dans un avis, qu’il
était de l’intérêt général d’essayer de
remplir à peu près tout les trains
(politique d’écrêtement commercial)
donc peu vendre plus cher des billets
de train à certaines heures et moins
cher à d’autres. Cela est discutable
car c’est l’intérêt financier d’une
entreprise.
Ces lois de 2007 et 2008 ont beaucoup été critiqués car les
dispositions ne sont pas très contraignantes, c’est un peu de la
démagogie et cela ne s’applique pas aux bonnes personnes.
A) Le principe de mutabilité
Partie 3 :
Les actes
Comme toute activité humaine, l’activité de l’administration emprunte deux voies. La
voie de la décision et la voie de l’opération. La voie de l’opération consiste à réaliser des choses
matérielles ou intellectuelles. En réalité, quelque soit leur importance concrète, ces opérations
matérielles n’ont, en droit, qu’un rôle secondaire. En effet, tenir une réunion, raser une maison,
encaisser un chèque ce ne sont que des opérations qui exécutent une décision. Agir par voie de
décision c’est prendre des actes juridiques qui fixent les droits et obligations respectifs des
personnes publics et des particuliers. L’acte juridique de l’administration est un acte de volonté
destiné à introduire un changement dans les rapports de droit au moment où cet acte intervient.
C’est un acte qui modifie un ordonnancement juridique.
Il existe deux grandes catégories d’aces administratifs : les actes administratifs
unilatéraux et les contrats administratifs. Ce qui fait leur distinction est la formation de l’acte.
– Soit l’acte est l’œuvre d’une seule volonté : il s’agira d’un acte
administratif unilatéral. Cette volonté peut être individuelle ou
collective. Si elle est individuelle, il s’agit d’un acte unilatéral. Une
volonté collective est, par exemple, le règlement d’étude adopté par
les 40 membres du conseil de fac.
– Soit l’acte est l’œuvre de deux volontés : il s’agira alors d’un contrat
administratif.
Nous allons voir les instruments de l’action après avoir vu le but de l’action et les
acteurs. Tous ces actes administratifs, unilatéraux ou contractuels, sont soumis à un principe de
légalité qui leur est commun.
Chapitre 1 :
La soumission au principe de légalité
Le principe de légalité domine toute la théorie des actes administratifs car il traduit le
fait que l’administration est soumise au droit. Si un acte administratif n’était pas conforme à la
loi ou à la Constitution, cela signifierait que l’autorité qui le prend (l’administration) fait ce
qu’elle veut sans se soucier de l’avis du peuple (la loi). C’est donc la démonstration que
l’autorité administrative ne peut pas aller contre des pouvoirs qui lui sont supérieurs (le peuple
par exemple).
Quand on parle de principe de légalité, l’expression légalité ne désigne pas la loi au sens
strict mais toutes les normes supérieures aux actes administratifs. C’est un « bloc légal », « un
bloc normatif ». Dans le langage courant, ce principe a donné lieu à l’adage : « nul n’est censé
ignoré la Loi ».
Section 1 : La Constitution
La Constitution est ici entendue au sens de « bloc de constitutionnalité ». C'est-à-dire
que c’est non seulement le texte même de la Constitution que doivent respecter las actes
administratifs mais aussi tout le préambule de la Constitution (la DDHC de 1789, le préambule
de 1946, la charte de l’environnement, les PFRLR).
Lorsque la charte de l’environnement a été adoptée, beaucoup de juristes ont dit que
c’était du « vent ». CE, 3 octobre 2008, Commune d’Annecy, le C.E. reconnait la pleine
valeur constitutionnelle de la charte de l’environnement dont les dispositions doivent être
respectées par les actes administratifs.
Les PFRLR sont identifiés par le Conseil constitutionnel. En 1971, Liberté d’association…
CE, 1996, KONE, le C.E. identifie pour la première fois un PFRLR lui-même consistant à refuser
d’extrader un étranger lorsque la demande d’extradition est dans un but politique. le C.E. est
saisi d’un recours contre un acte du gouvernement français qui fait droit d’une demande
d’extradition d’un autre pays d’un opposant politique dans ce pays. C’est donc une raison
politique. Tradition française de ne pas extrader un étranger lorsqu’il y a un danger pour sa vie
mais pas dans la Constitution donc crée un PFRLR. Cela pose le danger d’un désaccord entre le
Conseil constitutionnel et le C.E. Ce GAJA est donc très mal perçu par le Juge constitutionnel.
Mais, en pratique, on s’aperçoit que le C.E. respecte les trois conditions d’identification d’un
PFRLR auxquelles est attachée le Conseil constitutionnelle (être tiré d’une législation
républicaine, pas d’exception au principe et qu’il soit apparu avant 1946).
Dès 1960, dans un arrêt société EKY, le Juge administratif a vérifié la constitutionnalité
d’un acte administratif. Mais se pose le problème qui est le cas d’un acte administratif qui est
pris en application d’une loi étant contraire à la Constitution. C’est la théorie de la loi écran qui
s’applique jusqu’à maintenant. C’est choquant du point de vue hiérarchique car on fait triompher
la loi sur la Constitution. Mais c’est également logique car le Juge administratif n’a pas à faire un
contrôle constitutionnel. Le Conseil constitutionnel a le monopole du contrôle de
constitutionnalité de la loi mais pas le monopole du contrôle constitutionnel en général. Le Juge
administratif pourra effectuer un contrôle de constitutionnalité des actes administratifs. Lorsque
la loi organique mettant en œuvre la question de constitutionnalité, il sera possible de faire
sauter la loi écran sans remettre en cause le monopole du contrôle de constitutionnalité des lois
par le Conseil constitutionnel (révision de 2008).
L’enjeu est que le Juge administratif français essaye de soutenir cette intégration du
droit international dans la hiérarchie des normes française, y compris lorsque cela donne tort au
législateur français. D’un autre côté, il y a un attachement à ce qu’est l’ordre normatif, dans la
tradition juridique française, qui veut que la Constitution soit au sommet de la hiérarchie des
normes car adoptée par le peuple. Sauf que si un Etat conclue un traité et qu’il essaye de le
neutraliser grâce à sa Constitution, cela est inutile.
– CE, 30 octobre 1998, SARRAN, il s’agissait du problème de la
conformité d’un décret par rapport à un engagement international
sachant que ce décret était pris en application d’une disposition
constitutionnelle. Puisqu’il est pris en application directe de la
Constitution et que, dans l’ordre interne, la Constitution est supérieure
aux traités internationaux donc l’apport de cet arrêt consiste à ne pas
annuler l’acte. En effet, il applique directement une disposition
constitutionnelle.
– CE, 3 décembre 1999, Association ornithologique et
mammalogique de Saône-et-Loire, des actes administratifs
contraires aux directives communautaires restreignant la période de
chasse avaient été annulés. Le législateur prend une loi qui donne
raison aux actes administratifs et qui est contraire aux directives
communautaires. Cette loi intervient, à tort, dans le domaine du
règlement. Pour l’annuler, il faut la déclasser pour en faire un acte
administratif. dans cet arrêt, le Premier ministre refuse de déclasser la
loi pour qu’elle reste en vigueur. Le requérant obtient que puisse être
annulée, par le Conseil d’Etat, le refus du 1er ministre de déclasser la
disposition législative. La disposition devient un acte administratif que
l’on peut attaquer sans difficulté.
– CC, 10 juin 2004, Loi pour la confiance dans l’économie
numérique, le Conseil constitutionnel, dans cette décision, refuse
d’annuler les dispositions d’une loi car elles ne font que transposer
une directive communautaire.
– CE, 8 février 2007, Société Arcelor, c’est le problème d’un décret
qui transpose une directive qui est soumis au C.E. et qui serait
potentiellement contraire à un principe constitutionnel. Le C.E.
distingue deux hypothèses :
Le principe constitutionnel dispose
d’un équivalent en droit
communautaire : le problème se
résume alors en un conflit au sein du
droit communautaire. Dans cette
hypothèse, soit le Juge administratif
considère qu’il n’ya pas de doute
sérieux sur la réalité de ce conflit au
sein du droit communautaire et il
écarte alors lui-même le moyen. Soit
il considère qu’il y a une difficulté
sérieuse et il pose une question
préjudicielle à la Cour de Justice des
Communautés Européennes.
Le principe constitutionnel n’a pas
d’équivalent en droit
communautaire : dans ce cas la, le
Juge confronte en effet l’acte de
transposition au principe
constitutionnel.
– CE, 8 février 2007, GARDEDIEU, le C.E. reconnait la possibilité
d’engager la responsabilité de l’Etat pour réparer l’ensemble des
préjudices résultant de l’intervention d’une loi adoptée en
méconnaissance des engagements internationaux de la France. Cela
veut dire que si l’on subit les effets d’une loi, mise en œuvre par un
acte administratif, prise par le législateur et qui est contraire à ses
engagements internationaux. Depuis Nicolo, on obtient l’annulation de
l’acte. Avec Gardedieu, on obtient des dommages et intérêts en plus.
Hormis quelque cas particuliers liés à la place de la Constitution, tous ces arrêts vont
dans le sens de l’affirmation des normes internationales sur les lois.
Les termes directives et règlements du droit communautaires n’ont pas le même sens
que les mêmes termes en droit interne.
Jusqu’il y a une quinzaine de jours, l’arrêt qui s’appliquait était : CE, 1978, Ministre de
l’Intérieur contre Cohn-Bendit, après les évènements de 1968, Cohn-Bendit est expulsé car
pas de nationalité française. Mais, très vite, libre circulation des personnes donc expulsion pose
problème. Le Ministre ne lève pas l’expulsion et Cohn-Bendit décide d’attaquer le Ministre. Le
C.E. répond que, en raison de son applicabilité indirecte, une directive communautaire ne peut
pas être invoquée à l’appui d’un recours dirigé contre un acte administratif individuel. Sauf que
si on applique cette jurisprudence, il peut arriver qu’un Etat laisse passer le temps, ne transpose
jamais la directive et que donc elle disparait.
– CE, 1989, Compagnie ALITALIA, une Etat a l’obligation de
supprimer un acte règlementaire qui est devenu illégal parce qu’il est
contraire à une directive communautaire dont le délai de transposition
est écoulé.
– CE, 28 février 1992, ROTHMANS, le Conseil d’Etat permet au
requérant d’engager la responsabilité de l’Etat si ce dernier viole le
droit communautaire. On peut donc obtenir réparation mais on ne peut
toujours pas invoquer la directive à l’appui d’un recours individuel.
Le premier élément est la tombée en désuétude de l’exposé des motifs donc on met les
généralités qui devraient s’y trouver dans la loi. Ensuite, les amendements des parlementaires
dégradent la qualité juridique des textes de loi. Enfin, ce qui a été promis et mis dans la révision
de 2008, à savoir la réalisation d’études d’impact, ne se réalise pas ou personne ne s’en
préoccupe.
Les ordonnances de l’article 38, qui sont des actes administratifs intervenant dans le
domaine de la loi, peuvent être attaquées par la voie du recours pour excès de pouvoir. CE,
1962, CANAL.
Ces PGD qui ont souvent acquis, depuis, une autre valeur (textuelle ou constitutionnelle),
historiquement, au début du XXème siècle, ils ont vraiment permis à la France de faire de
grands progrès dans l’établissement d’un Etat de Droit. Trois grandes catégories de PGD :
– Les PGD « libéraux » : issus d’une tradition libérale garantissant un
certain nombre de liberté. Liberté d’aller et venir, liberté du commerce
et de l’industrie, égalité devant l’impôt, égalité devant les charges
publiques, égalité entre hommes et femmes, égalité devant le service
public.
– Les PGD concernant le fonctionnement de la Justice et la protection
des administrés : Tout acte administratif doit pouvoir faire l’objet d’un
recours, règle du non rétroactivité des actes administratifs.
– Les PGD concernant des principes d’équité économique et sociale :
continuité du service public, interdiction de licencier une salariée
enceinte, CE, 1978, GISTI 1, le C.E. identifie le PGD consistant dans
le droit pour toute personne à avoir une vie de famille normale.
Ces dernière années, les Juges administratifs, sans remettre en cause les actes de
gouvernement, en a réduit la portée en utilisant la technique des actes détachables.
– CE, 1993, Royaume–Uni et gouverneur de Hong Kong, Hong
Kong, encore anglaise, demande l’extradition d’une personne et la
France refuse. Le Royaume-Uni va devant le C.E. et la France dit que
c’est lié à sa politique internationale. Le C.E. dit que ce refus
d’extrader est un acte administratif détachable de la conduite des
relations internationales.
– CE, 27 novembre 2000, Association Comité TOUS FRERES,
l’acte mis en cause par l’association devant le C.E. est celui du
Président Mitterrand de faire fleurir la tombe de Pétain à chaque
anniversaire de la victoire de Verdun. Mitterrand dit qu’il a le droit en
tant que Président de faire fleurir les tombes qu’il veut car acte de
gouvernement. C.E. considère que cette décision est susceptible de
faire l’objet d’un recours car acte détachables des actes présidentiels
poursuivant un motif politique. Le C.E. accepte d’étudier ce recours
mais aucun texte sur le fleurissement des tombes donc ne peut pas se
prononcer car un Juge ne se prononce pas en opportunité. Il admet le
recours mais ne dit rien par la suite.
Chapitre 2 :
Les actes administratifs
Unilatéraux
En droit privé, les rapports entre particuliers reposent surtout sur les contrats qui scellent
l’accord qu’à un moment donné deux parties vont prendre. Cette technique contractuelle
manifeste une certaine égalité dans les rapports. Le contrat est le procédé normal d’action en
droit privé.
En droit administratif, le procédé normal de l’action est l’acte unilatéral qui illustre la
relation d’inégalité que l’administration entretient avec les particuliers.
1) Détermination de la compétence
Le plus souvent, les textes ne disent rien sur l’autorité compétente pour modifier ou
supprimer un acte. En l’absence de précision, application du principe de parallélisme des
compétences et des formes : autorité compétente pour faire apparaitre également pour faire
disparaitre.
1) Délégation de la compétence
Elle consiste, pour une autorité, à charger une autre autorité qui lui est hiérarchiquement
subordonnée, d’agir en son nom dans certains cas. Cela évite de surcharger cette autorité
compétente sachant qu’il y a deux formes de délégation de compétences :
– Délégation de pouvoir : elle a des effets très important dans la mesure
où elle dessaisit l’autorité délégante dans les matières concernées. Le
Code d’éducation dit que le Président de l’université est compétent
pour délivrer les diplômes. Il décide de déléguer à tous les
responsables de composantes cette compétence. cette délégation de
pouvoir reste valable même si els personnes investies des fonctions du
déléguant et du délégataire changent. Il y a bien, la, un vrai transfert
de pouvoir. Assez rares car l’autorité compétente renonce
complètement à exercer ses pouvoirs pendant un certain temps.
– Délégation de signature : dans le cas d’une délégation de signature, le
délégant n’est pas dessaisit. Il peut toujours prendre des décisions
dans les domaines concernés mais l’autorité qu’il a désignée va
également pouvoir agir. Le règlement d’étude prévoit la possibilité
d’une levée de défaillance, délégation à la vice-doyenne mais doyen
peut toujours en cas d’absence de la vice-doyenne. Ce n’est plus un
transfert de compétence mais une sorte de coexistence de
compétences. Problème que cette délégation devient caduque dès que
le délégant ou le délégataire change. C’est une relation de confiance.
Les délégations de signature sont très largement répandues pour les
ministres. Ce système conduisait à ce que tout soit à refaire à chaque
remaniement ministériel. D’où le décret du 27 juillet 2005 relatif aux
délégations de signature des membres de gouvernement. Il prévoit
deux innovations :
La délégation du ministre aux
principaux responsables de
l’administration centrale découle de la
seule nomination de ces derniers.
Il rend possible la subdélégation. Le
ministre a délégué ses pouvoirs au
directeur des collèges et lycées.
Lequel délègue au sous directeur
chargé des concours et du
recrutement.
A) L’entrée en vigueur
On ne peut pas savoir d’emblée quelle est la date d’entrée en vigueur d’un acte. Il y a
d’un côté la date d’édiction qui est la date du jour où l’acte a été pris. Mais ce n’est
généralement pas sa date d’entrée en vigueur.
Il faut distinguer la validité d’un acte (date d’édiction) et son opposabilité (aptitude à
produire des effets juridiques à l’égard des personnes concernées). Ce qui va compter, c’est la
mesure de publicité. Ces règles de publicité changent en fonction des actes. Il y en a deux
grandes différentes :
– La publication des règlements : puisque les règlements sont des actes
administratifs à portée générale, ils doivent faire l’objet d’une
publication permettant à tout le monde d’en prendre connaissance.
Les supports de ces publications sont variables (JO, bulletins officiels
des différents ministères, recueils administratifs, panneaux
d’affichages des mairies. A cette publication s’ajoute, pour les actes
les plus importants de C.T., la transmission au Préfet.
– Les actes individuels : ils ne doivent pas être publiés mais notifiés à
leurs destinataires.
Bien souvent, l’administration prend des actes, dit qu’elle se fonde dessus mais les
administrés se plaignent de ne pas y avoir accès. La loi du 11 juillet 1978 garantit aux
administrés un droit d’accès aux documents administratifs. Pour faciliter cet accès, la loi crée
une AAI appelée la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) dont la mission
est de recevoir les plaintes des administrés qui en parviennent pas à obtenir la communication
de l’acte dont elles ont besoin et elle émet un avis (environ 5 000 par an) qui, dans 80% des cas,
est suivi par l’administration. La CADA est composée par un membre du C.E. qui la préside, des
parlementaires, des magistrats judiciaires, administratifs, financiers et des personnalités
qualifiées.
CE, 3 juillet 2006, Ministre de l’Intérieur contre Fédération chrétienne des
témoins de Jéhovah, plusieurs commissions d’enquête parlementaire sur les sectes qui ont
placé les témoins de Jéhovah parmi les sectes sur rapport des RG. Témoins de Jéhovah
demandent les rapports des RG mais refus car documents non public. C.E. donne raison aux
témoins de Jéhovah.
Les actes administratifs entrent en vigueur à partir du moment où ils sont publiés et ils
ne peuvent produire des effets que pour l’avenir et non dans le passé. Ce principe a été affirmé
par CE, 1948, Société du journal L’Aurore, le C.E. considère qu’un acte administratif ne peut
pas être rétroactif. Principe qui fait que les administrés doivent être au courant avant l’entrée en
vigueur dans un souci de sécurité juridique.
A) L’exécution
1) Le privilège du préalable
2) Les sanctions
1) L’exécution forcée
Que ce soit pour l’un comme pour l’autre, il n’y a pas qu’une seule hypothèse. Les
conditions d’abrogation d’une part et de retrait d’autre part vont varier selon la nature de l’acte :
– Distinction actes règlementaires/actes individuels
– Distinction actes réguliers (légaux)/actes irréguliers : pour
l’Administration, il est plus facile de faire disparaitre l’acte irrégulier
car c’est une manière de rectifier une erreur qu’elle a faite.
– Distinction actes créateurs de droits/actes non créateurs de droits : un
acte créateur de droits est un acte qui crée des droits acquis pour ses
bénéficiaires. Actes pécuniaires par exemple car l’idée va être que si
on a octroyé une bourse puis on se rend compte de l’erreur un an
après, on aura du mal à faire disparaitre cette acte car l’argent a été
dépensé. C’est donc plus facile d’annuler un acte qui n’a pas créé de
droits.
A) L’abrogation
La première distinction est à faire entre les actes règlementaires et individuels.
L’abrogation des actes règlementaires est toujours possible et il est même des cas où elle est
obligatoire. L’article 1er de la loi du 20 décembre 2007 relative à la simplification du droit impose
aux pouvoirs règlementaires d’abroger un règlement qui est devenu sans objet ou illégal. C’est
la consécration législative de :
– CE, 1930, DEPUGOL impose l’abrogation d’un règlement devenu
illégal en raison d’un changement dans les circonstances de droit ou
de fait
– CE, 1989, ALITALIA, imposait d’abroger un règlement devenu illégal
en raison d’une directive communautaire.
L’abrogation des actes individuels nécessite de distinguer entre les actes créateurs de
droit et ceux qui en els ont pas.
– Pour les seconds, l’abrogation est possible dans un délai de deux mois
à partir de l’acte lorsqu’un acte est régulier et possible à tout moment
lorsqu’un acte est irrégulier.
– L’abrogation des actes individuels créateurs de droit n’est pas possible
pour un acte régulier (sauf à prendre un acte contraire) et elle n’est
possible, pour un acte irrégulier, que dans les quatre mois qui suivent
son édiction. CE, 6 mars 1999, Mr COULIBALY, dentiste titulaire
d’un diplôme ivoirien mais qui a obtenu une reconnaissance de
diplôme et son inscription dans la liste des chirurgiens de l’Isère. A
l’occasion d’une demande de transfert dans l’Héraut, l’ordre s’aperçoit
qu’il n’existait pas de reconnaissance, d’équivalence entre les
diplômes français et ivoirien. C’est donc un acte individuel créateur de
droit mais irrégulier donc l’Ordre n’avait que quatre mois pour
l’abroger donc trop tard en 2006.
A) Le retrait
Le retrait a ce que l’on appelle un effet rétroactif. Le retrait est tout simplement la
reconnaissance d’un droit à l’erreur pour l’Administration. Mais plutôt reconnu quand les actes
étaient irréguliers et n’avaient pas créés de droit et surtout un temps limité pour réparer
l’erreur.
– Il faut examiner d’abord les actes règlementaires qui ne peuvent pas
être retirés s’ils sont réguliers et ils ne peuvent être retirés s’ils sont
irréguliers que dans le délai du recours contentieux.
– Pour les actes individuels non créateurs de droits, le retrait est
possible.
– Pour les actes individuels créateurs de droit et réguliers : le retrait est
impossible sauf si la loi le prévoit ou si le bénéficiaire en fait le
demande.
– Pour les actes créateurs de droits et irréguliers : il faut, dans ce cas là,
distinguer entre les actes explicites et les actes implicites.
Actes explicites : CE, 2001,
THERNOND, C.E. considère que
l’administration peut retirer un acte
individuel créateur de droit irrégulier
dans le délai de quatre mois suivant
la prise de décision. Laisser un laps de
temps suffisant pour rectifier l’erreur
et la rectifier. Arrêt critiqué car ce
délai a été inventé par le Juge (arrêt
de règlement).
Actes implicites : Loi DCRA de 2000
autorise le retrait durant le délai du
recours contentieux si le Juge n’a pas
encore statué et durant deux mois si
un Juge n’a pas été saisi.
Chapitre 3 :
Les contrats administratifs
L’Administration se distingue des personnes privées en prenant nombre d’actes
unilatéraux. Mais elle use aussi du procédé contractuel. Comme en droit privé, ce procédé
contractuel en droit administratif repose sur un accord réciproque de volontés. On observe un
accroissement important du nombre de contrats conclus par les personnes publiques qui
correspond à une volonté d’assouplir le mode d’action de l’Administration. L’idée étant que
l’Administration va moins souvent agir de manière unilatérale et d’avantage conclure des
contrats qui correspondent à une manière plus souple, plus négociée d’intervention.
Ces contrats sont administratifs tout en étant fondamentalement des contrats. Donc
rapports inégaux, déséquilibré d’où la problématique de savoir comment un contrat administratif
peut-il être un acte qui est un accord de volonté mais en même temps marqué par une inégalité
entre les parties.