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L’ART DE GÉRER SA CARRIÈRE

à l'intention des travailleurs autonomes en

MUSIQUE ET ENREGISTREMENT SONORE

I. VOUS — LE PRODUIT
II. ENREGISTREMENT, CD, STUDIO ET AUTRES CHOSES
AMUSANTES
III. LE MARCHÉ
IV. LES PREMIÈRES ÉTAPES DE LA GESTION DE CARRIÈRE
V. IMAGE ET PUBLICITÉ
VI. LA TOURNÉE
VII. LE MONDE DU NUMÉRIQUE
VIII. LES FINANCES
IX. LIENS
X. TABLE DES MATIÈRES

I. VOUS — LE PRODUIT
D’abord les mauvaises nouvelles ou l’introduction
Qu’on le veuille ou non, l’industrie canadienne de la musique subit d’énormes changements. Ceux qui l’ont dominé pendant
des années sont maintenant sur le qui-vive. Les radios sont détenues par un nombre restreint de joueurs et le nombre d’agents
et de promoteurs a largement diminué. Si votre plan de carrière consistait à signer un contrat avec une maison de disques
établie, vous avez probablement manqué votre chance. Celles qui sont issues du Canada anglais signent et soutiennent
une poignée d’artistes par année et les budgets de promotion ont été coupés radicalement. MuchMusic ne joue presque
plus de vidéos et fait très peu pour soutenir les nouveaux artistes.

Les ventes de disques baissent annuellement et, pendant que le téléchargement légal décolle lentement, l’Internet ne permet
pas vraiment de mettre de l’argent dans les poches des artistes. Pendant que la scène française se porte un peu mieux au
Canada, elle connaît aussi son lot de difficultés.

Cependant, il ne faut pas désespérer. La révolution numérique a redonné aux consommateurs la capacité de choisir parmi
une multitude de nouveaux artistes et aux musiciens, la capacité de se faire connaître davantage. C’est à vous de tirer avantage
de ce nouvel environnement technologique. Plus qu’auparavant, vous pouvez gérer efficacement votre carrière du confort
de votre foyer grâce à votre ordinateur. Évidemment, plus vous comprendrez comment fonctionne cette machine, plus vous
saurez vous y adapter, plus vous risquez de connaître du succès. Par contre, soyez conscient que pour bien réussir, vous devrez
assimiler rapidement une quantité massive d’informations. Si vous lisez ceci, c’est que vous prenez votre carrière au sérieux
et que vous êtes sur la bonne voie.

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Êtes-vous prêt?
Presque toutes les personnes qui chantent ou qui font semblant de jouer d’un instrument lorsqu’elles écoutent la radio ont
probablement déjà songé à quitter leur emploi afin de poursuivre leur rêve de connaître du succès dans l’industrie de la musique.
Mais avant de quitter l’école ou de dire à votre employeur ce que vous pensez vraiment de lui, vous devez vous poser
quelques questions essentielles. La première devrait être : suis-je prêt? Et avant de répondre oui trop rapidement, demandez-vous
comment vous allez faire pour déterminer si vous l’êtes vraiment.

À ce point, vous devriez savoir que l’enthousiasme et les applaudissements de vos parents et amis ne sont pas un bon indica-
teur du succès que vous pourriez avoir. Posez-vous plutôt cette question : avez-vous déjà été rémunéré pour vos services? Êtes-
vous populaire comme auteur, compositeur ou interprète? Pouvez-vous évaluer s’il y a une place pour vous dans l’industrie
de la musique? Est-ce que vous avez quelque chose de nouveau à offrir au monde?

Si vous avez répondu oui à toutes ces questions, alors il est peut-être temps de penser aux moyens que vous prendrez pour
faire avancer votre carrière. Cette décision aura des impacts à tous les niveaux de votre vie. N’oubliez pas que cette journée
ne sera pas de tout repos, mais si vous êtes rigoureux et persévérant, vous pourriez avoir de belles surprises.

Ce guide vous aidera en répondant à quelques questions de base sur la mécanique interne et les particularités de l’industrie
musicale au Canada. Le reste dépend entièrement de vous.

Définir son genre et son style


Définir ce que vous êtes comme musicien ou comme interprète est chose difficile. Certains musiciens se définissent plus aisément
que d’autres. Cela peut être dû à la musique qu’ils ont écoutée en grandissant ou aux références culturelles auxquelles ils
s’identifient. Si les critiques admirent généralement les créations éclectiques et originales, celles-ci ne sont pas encouragées
par l’industrie elle-même. Les producteurs, les maisons de disques, les radios, les médias, tous veulent que vous entriez dans
un moule prédéfini : country, jazz contemporain, folk, classique, hip-hop et une douzaine d’autres. Si vous avez déjà défini
clairement votre son et votre style, c’est tant mieux pour vous. Vous avez une longueur d’avance sur les autres. Si vous n’êtes
pas sûr et certain, cela peut s’avérer utile de réunir quelques personnes de confiance afin de vous aider dans cette tâche.
Invitez vos amis, faites écouter votre musique et demandez leurs avis. Quels postes de radio pourraient jouer votre musique?
Quel genre de personnes pourrait l’écouter et, si vous avez un disque, qui pourrait l’acheter? N’hésitez pas à leur poser des
questions, vous pourriez être surpris des réponses que vous obtiendrez. Cela dit, dans le métier, l’instinct est aussi important
que l’opinion des gens. Chaque artiste doit croire en lui et en la qualité de sa musique ou il n’aura jamais le courage de la
faire découvrir au monde.

Souvenez-vous que vous gagnerez peut-être votre vie grâce à votre art. Si vous demandez aux gens de croire en ce que vous
faites (ou en ce que vous vendez), vous devez être sûr de vous-même. Cela peut s’avérer laborieux et plusieurs artistes ont
de la difficulté à se définir eux-mêmes. Dans le monde numérique d’aujourd’hui, il peut y avoir quelques avantages à être
inclassable et unique, mais il peut aussi y avoir des désavantages; l’industrie de la musique hésite souvent à sortir de son
modèle d’affaires habituel. Vous devez décider quel est le meilleur chemin pour vous.

Pensez à toutes ces annonces publicitaires que vous voyez à la télévision. Les compagnies qui font la publicité de leur produit
connaissent exactement ce qu’ils vendent et ont habituellement un slogan qui définit clairement ce qu’ils vendent et qui dit
pourquoi vous devriez l’acheter. Que ce soit une marque de voiture ou une boisson gazeuse, vous savez exactement ce que le
slogan signifie et ce qu’il évoque. Pour « un véhicule de rêve », « du bon temps », « de la stabilité », « le summum de l’excitation »,
ou peu importe…

Essayez d’écrire un slogan ou une phrase qui résume ou définit votre produit ou votre style. Cette phrase doit être quelque
chose à laquelle vous pouvez toujours vous référer et sa simplicité servira d’assise à votre carrière artistique. Vous ne pouvez

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être tout pour tout le monde et il n’y a aucune raison d’essayer. Dans le vrai monde, il n’y a aucun d’artistes qui sont « un peu
country et un peu rock'n'roll ». En déterminant ce qu’est votre produit, vous déterminerez aussi votre public cible et par
conséquent, votre marché. Voici quelques exemples :

“ La voix de Sébastien Croteau du groupe Globe-Glotters est aussi profonde que les abîmes marins et aussi
rugueux que du papier sablé ”.

“ Susan Smith est une brise de bluegrass saskatois qui souffle et ondule dans la prairie, un solo de banjo
après l’autre ”.

“ The Hateful fait du bruit politique avec leurs guitares hurlantes qui rend confuse l’anarchie même ”.

“ Bill McGillvary évoque les anciens clans de l’Écosse avec ses cornemuses traditionnelles ”.

Ne faites pas deviner aux gens qui vous êtes. Facilitez-leur la tâche.

Maintenant que vous avez une meilleure idée de qui vous êtes, vous avez aussi une meilleure idée de votre public cible et
celui-ci doit pouvoir vous écouter. Beaucoup. Et pour y arriver, vous aurez besoin d’un produit.

Créer son produit, créer sa marque


La première chose à faire, une fois que vous avez enfin défini votre style, est de déterminer votre meilleure musique. Ne vous en
faites pas si celui-ci ne répond pas aux standards de vos idoles. Il doit tout simplement à votre public cible. Pour y arriver, la
première étape est d’enregistrer un démo. Chaque homme ou femme d’affaires a besoin d’une carte de visite et pour un artiste,
le démo a la même fonction que celle-ci. Vous devez donc trouver les moyens de le produire. Celui-ci doit avoir deux ou trois
de vos meilleures chansons. N’oubliez pas que ce sera votre carte de visite et qu’il devra démontrer ce que vous êtes capable
de faire musicalement.

Un démo n’a pas besoin d’être élaboré ou dispendieux mais il doit mettre en valeur vos capacités musicales. En d’autres termes,
il doit vous montrer sous votre meilleur jour. Si vous êtes dans le créneau de musique pour enfants, vous n’aurez certainement
pas besoin de retravailler 100 fois le solo de batterie, mais vous devrez vous assurer que les petits enfants pourront bien entendre
les voix afin de chanter le refrain accrocheur encore et encore. Un chanteur doit choisir des chansons qui étalent ses talents
vocaux. Cela peut être aussi simple qu’un instrument et une voix. Ce qui est important c’est qu’un auditeur moyen puisse
entendre rapidement votre talent.

À cette étape-ci, votre priorité doit être de faire un enregistrement attrayant et non un démo qui contient des chansons qui
feront un malheur à la radio. Tant mieux si cela se produit, mais ce n’est pas le but. Faites simplement la musique que vous
voulez. Une fois que vous aurez choisi quelques chansons, vous pouvez commencer le travail.

N’ayez pas peur de travailler et retravailler chaque pièce afin d’explorer toutes les possibilités de tempo et d’instrumentations.
Jouez avec le style, expérimentez avec différents sons et sonorités. Ensuite, faites-les entendre à différentes personnes et
demandez leurs opinions. Enregistrez les chansons et écoutez-les dans votre voiture, sur votre lecteur MP3, dans les bars
ou dans les fêtes d’amis, chaque fois que vous en avez la chance. Si cela n’a pas l’effet escompté et bien, voyez cela comme
une façon de développer la carapace nécessaire que tout artiste doit avoir pour survivre aux critiques et à l’industrie de la
musique. Si vous vous fatiguez rapidement de votre musique, il se peut que ce soit le cas pour les autres aussi. Soyez honnête
par rapport à votre travail et soyez votre pire critique.

Une fois que vous avez arrangé tous les petits détails, vous devez trouver un moyen de les enregistrer de façon profession-
nelle. Il y a plusieurs moyens d’enregistrer un démo. Les studios professionnels peuvent coûter jusqu’à 1000 $ par jour, mais pour
faire un démo de qualité, vous ne devriez pas dépenser plus de 1000 $ au total. C’est d’abord et avant tout, une forme d’appren-
tissage. De Garage Band (le plus simple logiciel d’enregistrement d’Apple) au véritable studio d’enregistrement, les possibilités sont

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infinies. Il est utile de faire une liste des prix en vigueur en contactant différents studios. Il faut aussi demander à d’autres artistes
de vous conseiller, il se peut qu’ils connaissent déjà un ou des endroits où vous pouvez enregistrer un bon démo à bas prix dans votre
région.

Les studios peuvent établir leur prix en fonction de plusieurs facteurs. Certains vous demanderont de payer pour chaque chanson,
d’autres vous feront à un taux horaire et d’autres à un taux hebdomadaire, tout dépendant de la longueur de la séance de stu-
dio. Les technologies d’enregistrement se sont grandement améliorées avec le temps et sont devenues plus abordables.
Presque n’importe qui muni d’un bon ordinateur et de quelques microphones peut faire un enregistrement maison de
qualité. Auparavant, ce genre d’enregistrement pouvait coûter plusieurs dizaines de milliers de dollars. Dites-vous que les studios
veulent travailler avec vous, il suffit de voir ce que vous pouvez négocier avec eux. Faites votre budget et assurez-vous de le
respecter.

Les subventions pour un démo


Si vous n’avez aucune ressource financière pour réaliser votre démo, renseignez-vous auprès des associations qui représentent
l’industrie de la musique dans votre province. Chaque province en a une et, dans certains cas, vous pouvez devenir membre
de celles-ci moyennant des frais d’adhésion et ainsi avoir accès à des subventions pour un démo et éventuellement un album
complet . Tout ceci peut sembler accablant, mais il faut prendre son temps et faire les choses une à la fois.

Au Canada, le CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes) possède la capacité de réglementer
et de surveiller tous les aspects du système canadien de radiodiffusion (incluant la télévision). Pour qu’un nouveau poste
puisse recevoir une licence lui permettant d’émettre, les radios commerciales doivent contribuer, en retour, au développement
de la communauté artistique. Aujourd’hui, les nouvelles postes ont à donner un petit pourcentage de leur profit à des programmes
d’enregistrement sonore. Renseignez-vous si vos postes de radio locale respectent cet engagement, où l’argent est distribué
et à qui. N’hésitez pas à poser des questions. L’argent du gouvernement est aussi le vôtre.

Dans la plupart des cas, l’argent des subventions n’est pas remboursable. Vous n’avez qu’à amasser les informations requises
et à soumettre votre demande. La demande sera ensuite soumise à un jury d’experts et s’ils croient en votre projet, ils vous
donneront peut-être les fonds nécessaires pour faire un démo ou un album complet. Dans certains cas, le montant total de la
subvention peut couvrir tout le projet, dans d’autres, le montant peut en couvrir la moitié. Chaque province a différents pro-
grammes.

Les formulaires pour obtenir une subvention peuvent être accablants. Ne vous laisser pas intimidés. Chaque canadien a le droit
de faire une demande par conséquent, vous avez aussi ce droit. Appelez les bureaux des subventionneurs et demandez-leur
de l’aide. Leur travail consiste à vous soutenir dans votre carrière artistique. Prenez leur aide et servez-vous de cette occasion
pour apprendre de celle-ci.

Pour avoir accès à une subvention, vous devez avoir un plan de marketing ou un plan d’affaires. Vous pouvez certainement
le faire vous-même, mais nous vous conseillons de demander l’aide d’un professionnel ou d’un musicien aguerri pour tra-
vailler avec vous.

Rappelez-vous que cela peut prendre plusieurs essais avant d’obtenir la subvention. C’est normal. Si vous êtes nouveau et que
vous n’êtes pas encore établi comme artiste, vous devez généralement avoir plusieurs spectacles sous la ceinture afin que l’on
puisse justifier le fait de vous donner de l’argent, ce qui, à son tour, vous mènera à la prochaine étape dans votre carrière.

L’importance d’un spectacle


Dans le monde de plus en plus post-CD, rien ne sera aussi important pour votre carrière que votre habileté à jouer sur scène.
Plusieurs artistes, dont certains très connus, ont pu jouir d’une longue et lucrative carrière (même s’ils n’ont pas eu de chansons

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à succès) grâce à leur habileté à jour devant un public. Votre spectacle, peu importe votre genre musical devrait dégager un certain
niveau de divertissement et doit aussi communiquer aux auditeurs, en plus de votre musique, votre personnalité et vos croyances.

Il y a d’autres avantages évidents au fait de faire un bon spectacle; plus vous jouerez, plus les gens vous verront, plus vous aurez
de chances de vous améliorer. Chaque fois que vous montez sur scène, peu importe la grosseur de la foule, vous devez vous
rappeler que vous construisez un auditoire qui achètera probablement vos disques, vos chandails et qui éventuellement, viendra
vous voir à nouveau.

Les choses à prendre en considération sont les dynamiques, l’instrumentation, la qualité du son, les lieux de spectacles, votre
rapport et votre dialogue avec le public, les compositions originales par rapport aux reprises (covers), etc.

Il y a plusieurs manières de travailler à faire un bon spectacle, il vous faut un plan. Commencez un journal de scène et gardez
une trace des concerts ou des artistes que vous aimez vraiment en spectacle et essayez de trouver ce qui rend ces spectacles
intéressants à vos yeux. Y a-t-il des thèmes communs? Les artistes qui sont en tournée pendant des décennies comme les
Rolling Stones savent exactement ce que leur public veut voir de leur spectacle et ils savent comment livrer la marchandise.
La longévité de leur carrière n’est pas un accident.

Dans vos propres spectacles, essayez de retenir les morceaux, les chansons, les introductions qui ont bien fonctionné et
utilisez-les à nouveau. Tout ceci est important, même si vous avez de bonnes chansons, aucun public ne tolérera un dis-
cours nerveux et évasif ou des remarques marmonnées entre les chansons. Essayez de garder l’énergie et l’intensité à chaque
instant de votre spectacle. Évitez les temps morts entre les pièces. Même s’il s’agit d’un son subtil de basse en arrière-plan,
vous ne voulez pas de temps mort en plein milieu d’un spectacle. Gardez votre public captif en tout temps.

Un bon spectacle est long et difficile à parfaire, mais a une valeur inestimable. Malgré ce qui se produit à Canadian Idol,
le talent est rarement quelque chose de totalement naturel. Cela prend du temps et beaucoup de répétition. Commencez
maintenant et vous serez prêt quand les éclairages s’allumeront sur vous.

II. ENREGISTREMENT, CD, STUDIO ET AUTRES CHOSES


AMUSANTES
Alors, prenons pour acquis que tout le monde aime votre démo et que vos nouveaux fans s’impatientent d’avoir un cd complet.

L’enregistrement peut être une chose très complexe et il y a une limite au nombre d’informations que vous pouvez retenir.
Pour garder les choses simples et directes, notre discussion se concentrera sur les règles générales et sur les pièges à éviter.

Les bons enregistrements ne sont pas une question de mois de travail ou de studios coûteux, mais sont le résultat d’une
préparation judicieuse. Les Beatles ont enregistré la plupart de leurs classiques sur des enregistreuses à quatre pistes qui
nous feraient bien rire aujourd’hui. Il n’avait pas les effets fantaisistes et l’aide électronique que nous pouvons maintenant
utiliser. Au lieu de tout ça, ils ont opté pour la pratique rigoureuse. Les groupes devaient s’organiser dans un monde où l’en-
registrement multipiste existait à peine et les trucs d’édition numérique et d’auto — réglage n’avaient pas vu le jour. Peu im-
porte le niveau de maîtrise électronique auquel vous êtes parvenu, vous devriez suivre leur exemple. Plus vous pratiquerez,
plus les arrangements seront travaillés et sur le tempo, plus les musiciens seront en confiance. Plus vous travaillerez avant de
vous asseoir en studio, plus vous passerez de temps à faire de la bonne musique et moins vous en passerez à déguiser les erreurs
et les mauvaises idées.

Rappelez-vous qu’avec les studios, tout peut être négocié. Ne vous fiez pas aux taux imprimés ou écrits et essayez d’avoir
le meilleur prix possible. Les employés de studio sont reconnus pour leur attitude négative. Si vous enregistrez pour la première
fois, ne travaillez pas avec des gens qui agissent comme s’ils vous faisaient une faveur. Dû à l’augmentation du nombre de

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studios maison, à la nouvelle technologie et aux changements au sein de l’industrie traditionnelle de l’enregistrement, les
professionnels qui travaillent en studio ont du considérablement baissé leur prix. Ils ont besoin de vous pour faire de l’argent
et vous devriez agir comme tel. Si on vous fait de l’attitude, allez ailleurs.

Les jeunes musiciens autogérés (qui se gèrent eux-mêmes) devraient se demander s’il est vraiment utile d’enregistrer un CD
dès le début de leur carrière. Si votre marché se situe chez les plus de trente ans et que vous travaillez en musique popu-
laire, alors vous ne risquez pas grand-chose en enregistrant un cd. Mais si votre marché est plus jeune, orienté vers les clubs
de danse ou les clubs alternatifs, vous devriez peut-être penser d’offrir à la pièce votre musique sur Internet. Les chances
sont que votre auditoire achète très peu de musique en format cd. Si c’est le cas, pourquoi faire un CD? Peut-être que les
sonneries de téléphone cellulaire sont la meilleure façon de vous faire connaître? Les MC de hip-hop mettent souvent leurs
chansons sur des compilations à bon marché. D’une façon ou d’une autre, le temps et les dépenses reliées à la confection
d’un CD complet ne sont peut-être pas pour vous.

Rappelez-vous que cela prend beaucoup de personnes, qui ont de l’expérience dans le domaine de l’enregistrement sonore,
pour vous aider à faire un bon enregistrement et vous devrez faire un budget en conséquence. À moins que vous soyez un
virtuose dans tous ces domaines, vous aurez besoin d’un réalisateur, d’un ingénieur de son, de musiciens de sessions, d’un
studio pour faire le mixage et le « mastering », d’un photographe, d’un graphiste et d’une compagnie pour négocier ou pour
faire le pressage et le transfert sur format cd. Tous les gens avec qui vous travaillerez en studio auront des honoraires déjà
établis, soient à la journée, à la pièce, à la semaine ou au projet. Quelquefois, il arrive que ceux-ci chargent à l’heure, mais
ceci est assez rare dans l’industrie de la musique.

Il est facile de savoir combien tout ceci vous coûtera en regardant votre budget total pour chaque chanson. Construisez des
budgets à petites échelles et additionnez-les ensemble.

Au mieux, cela peut prendre au moins deux heures pour enregistrer chaque partie, alors pour une chanson qui a une partie
de piano, de basse, de guitare, de batterie et une voix principale, cela pourrait prendre jusqu’à dix heures, en plus d’une
heure ou deux pour faire un premier mixage et ajuster les moniteurs de son. Si vous basez votre budget sur ces chiffres (et
que vos musiciens savent ce qu’ils font), vous devriez bien vous en tirer.

Il est très important de garder un carnet de temps de studio lorsque vous enregistrez. Le temps en studio passe très vite.
Généralement, les musiciens épuisent leur budget avant d’épuiser leurs idées. Dans le cas où le carnet de temps du studio
serait différent du vôtre, et surtout si vous avez eu des musiciens de studios et des producteurs qui sont entrés et sortis pendant
la séance d’enregistrement, alors, une situation potentiellement conflictuelle peut être facilement évitée. Personne ne veut
terminer sa séance d’enregistrement sur une mauvaise note. Les studios s’attendent généralement à être payés avant la sortie
de la bande maîtresse; si vous avez à vous battre contre eux et bien ce sera au péril de votre enregistrement.

Votre vie sera plus facile si vous enrichissez votre vocabulaire. Nous discuterons plus loin de l’importance de bien connaître
le vocabulaire de tournée. Il est aussi utile de connaître le jargon de studio. Les employés des studios d’enregistrement parlent
leur propre dialecte et quelques notions de base vous aideront à faire un bout de chemin. Par exemple :

Ingénieur de son — La personne derrière la console de mixage qui branche et place les microphones,
enregistre et positionne les moniteurs.

Réalisateur — Un directeur externe qui suggère des arrangements, dirige le groupe, conseille le chanteur,
supervise la qualité sonore et qui s’assure que le produit final sera aussi bon que possible.

« Headphones » — Écouteurs, casque d’écoute.

EQ — Techniquement, ce terme veut dire « égaliseur ». Il s’agit d’un circuit ou appareil qui divise le spectre
de fréquence en plusieurs bandes qui peuvent être accentuées ou atténuées en fonction des besoins pour
adapter la réponse de fréquence globale. On parle également de « EQ ». Les instruments de musique

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électroniques proposent en outre l'EQ, qui ajuste la voix ou la partie du générateur de son, et l'EQ princi-
pal, qui s'applique au son global finalement émis à partir du bloc d'effet. Suivant l'instrument, le bloc d'-
effet peut être équipé de son propre EQ.

« Tapé » — Il n'y a pratiquement plus aucun studio au Canada n’utilise le « vrai » ruban pour enregistrer,
bien que l’expression « tapé » soit utilisée fréquemment, il désigne plutôt le procédé. Presque tous les stu-
dios aujourd’hui utilisent des logiciels d’enregistrement numérique qui enregistre directement sur le disque
dur de l’ordinateur. Les logiciels d’enregistrement numérique les plus populaires sont Pro Tools, Nuendo et
CUBase.

« Listening » — La commande universelle de studio qui veut dire « cesse de jour, de t’accorder, de parler,
etc. et attend pendant que j’écoute la dernière prise ».

« Rough mix/Final Mix » — Le « rough mix » est un simple mixage des pistes sonores, avec tout ce qui a été
enregistrer et monter assez fort pour que l’on puisse l’entendre. Le « final mix » est une version plus raf-
finée, avec des EQ élaborés, des effets de réverbération, etc. Généralement, cela prend plus de temps et
nécessite un ingénieur de son plus dispendieux.

« Auto-Tune » — L’ami de tous les musiciens, auto-tune est un logiciel qui analyse chaque partie de
musique enregistrée et qui, subtilement, la change afin que celle-ci soit parfaitement en accord. Cela peut
transformer n’importe qu’elle chanteuse en Mariah Carey.

« Mastering » — Le « mastering » est un procédé qui vient après le mixage final, où un ingénieur de son
spécialisé passe votre enregistrement à travers des logiciels spéciaux. La personne responsable du « master-
ing » est celle qui répare les problèmes d’EQ, élimine les bruits qui ne sont pas naturels, etc., et s’assure que
toute la musique sur le CD a le même volume.

Encore une fois, il y a beaucoup de choses à revoir quand on discute de studios, mais pour résumer :
• Connaître exactement son budget et le respecter.
• Pratiquer, pratiquer et encore pratiquer.
• Analyser, rechercher et comparer les studios et leur personnel.
• Négocier les meilleurs taux.
• Garder un journal ou un carnet de notes ainsi qu’une liste des reçus et des chèques qui ont été
encaissés.
• Faire un budget détaillé et une planification rigoureuse pour chaque chanson.
• Signer des contrats qui ont été vérifiés et vont dans le sens de vos intérêts professionnels.
• Mettre des dates de tombée pour la réalisation du projet.
• Payer seulement un acompte et jamais le plein montant en avance.

Un dernier avertissement, quand le jour de l’enregistrement viendra, assurez-vous d’arriver au studio avec les instruments
et amplificateurs en bon état de marche, n’oubliez pas vos piles de rechange, des peaux de batterie et des cordes de gui-
tare supplémentaires, en bref, toute autre chose à laquelle vous pouvez penser et qui pourrait être utile. Ne vous atten-
dez pas à ce que les studios possèdent ce genre d’articles sous la main. Si vous devez courir au magasin au beau milieu
d’une séance d’enregistrement, l’horloge continuera de faire tic tac, et vous aurez à payer tout le monde à ne rien faire.

Le produit final
La plupart des artistes autogérés perdent de façon surprenante de l’intérêt envers leur produit quand ils ont les bandes
maîtresses en main. Après avoir passé des mois et plusieurs milliers de dollars sur leur musique, ils choisissent la pochette
la moins chère possible. C’est une erreur.

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Cela coûtera probablement entre 500 $ et 1000 $ pour avoir une pochette décente, faite par un graphiste bon marché
(et il y autant de graphistes affamés qu’il y a de musiciens…). Assurez-vous d’avoir aussi une photo décente à l’intérieur de
la pochette. Vos nouveaux fans voudront savoir à quoi vous ressemblez, ne leur rendez pas la tâche difficile. Inscrivez la liste
et la durée de chaque chanson à l’arrière. Plusieurs postes de radio utilisent encore les vrais CD et veulent cette information.
Assurez-vous aussi d’avoir un code-barre. Il y a plusieurs manières d’en obtenir un. Ce code est nécessaire si vous voulez
que vos CD se vendent en magasin.

Généralement, vous économiserez très peu d’argent à l’étape de la fabrication, en utilisant une feuille noir et blanc comme
pochette. La plupart des fabricants au Canada vont inclurent les couleurs de base dans leur prix. Faites-vous une faveur, si
vous n’avez pas assez d’argent pour vous payer une pochette décente, attendez avant de la faire. Même les meilleures chansons
au monde ne se déplaceront pas des rayons si elles sont emballées dans quelque chose qui ressemble à un vieil encart publicitaire
ou à un vieux mouchoir.

La distribution du CD
Une des plus grandes sources de frustration pour les musiciens autogérés est la distribution de leur CD. Dans un climat difficile
de vente au détail, les distributeurs sont souvent… par les maisons de disques. La distribution en ligne est compliquée,
déconcertante et comprend beaucoup d’options. Où doit-on commencer?

Tout comme le reste, la première chose à faire est d’effectuer des recherches dans votre localité. S’il y a un petit magasin
de disques indépendant, regardez s’il ne prendrait pas quelques CD en consigne. Généralement, ce sera une entente de
consignation normale, il vous paie seulement quand le CD est vendu. Quelques grosses chaînes de magasins peuvent aussi
avoir ce genre d’entente tout comme certaines boutiques de livres et de cadeaux. Cela dépend de votre marché et de votre
genre musical.

Il y a encore quelques distributeurs indépendants au Canada. Nous vous donnerons plus loin des liens qui vous dirigeront vers
leur site Internet. Comme règle, ceux-ci deviendront utiles lorsque vous aurez une tournée de planifier, une qui est assez grande
pour rendre vos ententes de consigne difficiles à gérer. Généralement, les distributeurs offrent un retour moins important
à l’artiste (entre 3 et 4 $ par cd, ceci dû à leurs dépenses élevées) que vous êtes censé d’avoir et vous aurez à attendre au moins
six mois (ou plus longtemps) avant d’être payé pour le premier envoi. Le côté positif de la chose est qu’ils pourront mettre vos
CD dans les magasins comme Wal-Mart ou d’autres gros magasins qui ignorent habituellement les artistes indépendants.
S’ils sont assez gros, les distributeurs peuvent obtenir une place de choix dans les magasins au lieu d’être enterré dans la
section des indépendants quelque part dans un coin poussiéreux. Plusieurs distributeurs ont même des ententes spécifiques
avec certaines maisons de disques; ils pourront même utiliser les employés et les entrepôts de celles-ci. Si c’est le cas, le sacrifice
financier que vous aurez à faire pourrait vraiment en valoir la peine, surtout si vous connaissez du succès. Dans ce cas, vous
serez bien placé pour attirer l’attention (et la machine promotionnelle) d’une maison de disques.

Si vous ne voulez pas d’une distribution au détail et juste vendre vos œuvres en ligne, il y a plusieurs options. Nous vous donnerons
une série de liens utiles. Rappelez-vous, vendre un album complet vous rapporte plus de profit que de le vendre à la pièce.
Et de plus, dépendant de votre genre, vos ventes de CD pourraient bien se porter. Cela dépend de ce que vous essayez de faire.
Il faut connaître votre marché et prendre une décision informée.

Le cycle d’un produit


Nous pouvons dire avec beaucoup d’assurance que la plupart des musiciens autogérés n’ont jamais entendu parler du cycle
d’un produit ou ne sont tout simplement pas intéressés même s’ils en ont entendu parler.

Ce manque d’égard pourrait vous faire ignorer un élément important de l’industrie de la musique. Comme tout vendeur de biens,

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les détaillants et les maisons de disques croient fermement au cycle d’un produit. Selon leur sagesse d’usage, il y a vraiment
deux possibilités de vente au détail par année (bon temps pour sortir un album). Un au début de l’automne, quand les étu-
diants sont de retour à l’école et recommencent à écouter la radio. L’autre, au début du printemps, après les fêtes, et avant
l’été, quand les mêmes conditions s’appliquent.

Par conséquent, ce n’est pas utile de sortir un album l’été, trop de gens sont en vacances et personne ne lit les médias écrits
ou n’écoute la télévision. Cela ne sert non plus à rien de sortir un album après l’Halloween.

Les acheteurs ne pensent qu’à acheter des cadeaux de Noël et non de la nouvelle musique. Réciproquement, après Noël,
ils n’ont plus d’argent et il serait plus prudent d’attendre un mois ou deux.

Ces règles peuvent vous sembler absurdes, mais elles sont basées sur des années de recherche sur comment les consomma-
teurs achètent leur musique. Vous devriez vous en souvenir lorsque viendra le temps de sortir votre propre musique.

Les maisons de disques


Les maisons de disques sont bien au-delà de ce que vise à faire ce document. Après tout, très peu de musiciens autogérés
choisissent cette route. Par contre, pour les curieux, voici un petit résumé de leur façon de fonctionner au Canada.

Toutes les maisons de disques majeures, qui au moment d’écrire ces lignes (Warner, Universal, EMI ou BMG/Sony) sont
des succursales de compagnies multinationales. Par contre, tous comprennent l’importance de développer les artistes cana-
diens pour le marché national et le marché international. Il y a plusieurs grosses compagnies indépendantes comme Distribution
Select, qui vise presque entièrement le marché francophone, et il y a aussi quelques compagnies du même genre au Canada
anglais. Il y a des centaines de plus petites compagnies dont quelques-unes connaissent un certain succès. La compagnie Art
& Craft basée à Toronto a connu un succès mondial avec quelques groupes émergents, tandis qu’une autre maison de dis-
ques de Toronto, Maple Music, a soutenu énormément la musique canadienne. La maison de disques indépendante Net-
twerk présente des artistes comme Sarah Mclaughlan et les Bare Naked Ladies, des artistes qui sont reconnus mondialement.
Plusieurs maisons de disques sont spécialisées et soutiennent un genre de musique en particulier, comme Stony Plain qui
se spécialise dans la musique western ou Justin Time, qui se spécialise en jazz ou Sonic Unyon, qui se spécialise en musique
punk et alternative.

La plupart des maisons de disques indépendantes ont de très bons liens avec les plus grosses maisons de disques et utilisent
leur réseau de distribution et de promotion de celles-ci. Quelques-unes choisissent d’y aller seules et utilisent les distributeurs
indépendants ou se concentrent sur les ventes en ligne ou par la poste.

Qu’elle soit grosse ou petite, toutes les maisons de disques ont trois fonctions principales.

Premièrement, elles donnent du financement. Faire un bon disque peut coûter cher en fonction de ce que vous enregistrez
et de l’endroit où vous le faites. Les maisons de disques fournissent le financement de départ en espérant avoir un bon re-
tour sur leur investissement et une bonne part des profits espérés. Pensez à eux comme étant des actionnaires qui investis-
sent en vous, en échange d’une grosse part des actions. Deuxièmement, elles distribuent votre produit. Comme artiste
indépendant, il vous sera presque impossible d’avoir votre CD à la vue de tous dans les magasins, d’avoir des commandes
de départ élevées ou d’être chez les gros détaillants. Certaines maisons de disques indépendantes ont assez de muscle et ont
un assez gros volume de ventes pour y arriver. Troisièmement, ils offrent leur expertise et leur soutien en matière de publicité
et de services de placement marketing que les musiciens autogérés ne peuvent espérer avoir, même dans leurs rêves les plus
fous. Vidéos, spéciaux à la télévision, pleine page de publicité imprimée, le genre de choses qui est au-delà des moyens de
la plupart des musiciens, mais qui est chose courante pour les plus grosses maisons de disques.

Bien sûr, il y a LE gros aspect négatif — la perte du contrôle — financier et artistique. En échange de l’argent qu’elles investissent
en vous, les maisons de disques veulent s’assurer que votre musique connaisse du succès. Elles s’attendent à ce que vous

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soyez concentré sur votre carrière, que vous soyez prêt à tourner, bref, que vous soyez prêt à travailler pour vendre vos dis-
ques — et elles vont s’assurer que vous vous commettiez en contrôlant tous les aspects. Ceci est probablement le plus gros
obstacle qui vous empêchera de signer avec une maison de disques. Plusieurs artistes ne travaillent pas bien sous la pres-
sion que peut leur imposer une grosse maison de disques, d’autres s’en accommodent très bien.

Si une maison de disques cogne à votre porte, si petite soit-elle, vous devez vous demander, qu’est-ce qu’elle pourra faire que
vous ne faîtes pas ou n’êtes pas capable de faire? Si la réponse est : pas grand-chose, alors vous devriez y penser à deux reprises.
Si la réponse est : tout, alors vous devez vous asseoir avec un bon avocat. Les ententes avec les maisons de disques, même
celles qui sont censées être simples, sont complexes et peuvent comporter un bon nombre d'aspects légaux et d’implica-
tions que vous ne pourrez déceler vous-même. Laissez tout ceci à un expert.

III. LE MARCHÉ
Qui est votre public? Qui peut le devenir?
Tous les musiciens veulent avoir un public. Que ce soit des centaines de personnes qui crient à un concert rock ou une liste
de courriels amassés au fil du temps, la première chose à faire reste la même. Premièrement, vous devez savoir quel est votre
marché; en fait, vous devez savoir quel est votre marché principal, secondaire et même tertiaire.

En tout temps, ces classifications peuvent changer. Que vous changiez votre musique, que vous fassiez plus d’albums ou que
vous changiez de collaborateurs, tout ceci peut changer ou affecter votre marché. Dans les années 1980, les fans de Madonna
étaient adolescents. La plupart de ces gens sont maintenant des adultes qui ont des familles et des enfants. Aujourd’hui,
elle vend sa musique à des gens qui n’étaient même pas nés quand elle a commencé sa carrière artistique.

Votre marché principal consiste en ceux qui sont les plus enclins à acheter votre musique et à aller voir vos spectacles. Vous
pouvez le quantifier en examinant certaines choses associées à votre public. Par exemple, dans quel genre d’endroit faites-vous
vos spectacles, ou dans quel genre d’endroit aimeriez-vous jouer? Où votre musique est-elle à la mode? Quel genre de radio
joue votre musique et qui les écoute? Généralement, votre marché principal se trouve habituellement proche des endroits
où vous jouez ou des endroits où vous aimeriez le faire.

Par exemple, demandez à votre propriétaire de club favori qui est sa clientèle. Vous découvrirez peut-être que 90 % de sa
clientèle est âgée entre 35 et 50 ans. Maintenant, si vous pouvez jouer là et remplir la place, les chances sont bonnes pour
que ce genre de clientèle fasse partie de votre marché principal, et par conséquent représente votre public cible. Si vous
fréquentez les clubs avec des DJ et que votre musique est bien reçue chez les jeunes qui fréquentent ce genre d’endroit,
alors vous avez trouvé votre public. Vous devriez donc passer la majeure partie de votre temps à trouver des façons de ven-
dre votre musique dans ce genre d’endroit. Ne perdez pas votre temps et vos ressources limitées à courir après des gens qui
n’ont pas une certaine prédisposition pour ce que vous faites.

Votre marché secondaire pourrait représenter entre 30 et 40 % de vos revenus, alors celui-ci peut quand même être important
et mérite votre attention. Un marché secondaire serait un marché qui serait à l’extérieur de votre marché principal et donc
de votre circuit habituel, mais qui peut générer des revenus intéressants. Peut-être travaillez-vous l’été à jouer pour des
touristes ou peut-être avez-vous une version acoustique de votre groupe qui se prête bien aux concerts maison. Peu importe
votre marché secondaire, essayez de lui donner autant d’attention que votre marché principal parce que celui-ci pourrait le de-
venir un jour. La clé du succès est d’en être conscient et de pouvoir vous adapter aux changements.

Votre marché tertiaire peut représenter entre 5 et 20 % de votre revenu. Il est quand même important, mais vous devez sur-
veiller soigneusement le temps que vous y investissez et surtout vous occupez des deux premiers. Un exemple de marché ter-

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tiaire est un album de Noël que vous avez enregistré il y a de cela plusieurs années ou une ou deux fêtes corporatives que
vous faites chaque année. Ce genre de marché peut très bien vous dépanner. Développez ce genre de possibilité pour les
périodes creuses ou pour les périodes où vous avez des trous dans votre horaire.

Comment faire pour prendre contact avec son auditoire?


Vous leur parlez. Identifiez correctement les gens qui font partie de votre auditoire et essayez de les joindre à travers tous
les canaux de communication qu’ils utilisent.

Aujourd’hui, cela est plus facile qu’avant. Les gens font partie de communauté de musique en ligne, vous pouvez utiliser la radio
(publique ou commerciale), faire des annonces à la télévision, faire du podcasting, mettre des annonces dans les hebdomadaires
ou dans les publications culturelles, vous inscrire à des concours de musique et plus encore. Trouver quelles sont les habitudes
des gens qui constituent votre marché principal (et de quelle façon ils dépensent leur argent) et essayer de faire partie intégrante
de leur quotidien. La plupart des canadiens veulent soutenir les talents locaux. Par contre, ils ne veulent pas vraiment sortir
de leurs habitudes pour le faire. Vous devez utiliser tous les moyens mis à votre disposition pour y arriver et faire en sorte
qu’il soit facile pour eux d’aller voir vos spectacles et d’acheter votre musique.

Disons que vous êtes un chanteur de blues et que vous avez identifié votre public cible et que celui-ci est constitué de gens
de 35 ans et plus, qui sont tous issus de la classe moyenne et qui ont des familles. Ils écoutent la radio en conduisant leurs
enfants à l’école, ils travaillent tard et passent très peu de temps en ligne sur Internet et vont rarement voir des spectacles.
Par contre, ils achètent beaucoup de CD de votre détaillant local.

Que faites-vous dans ce cas-là? La première étape consisterait à faire jouer une de vos chansons sur votre poste de radio
locale qui se spécialise en musique contemporaine pour adultes. La plupart des radios ne soutiennent pas vraiment les
artistes indépendants ou les artistes autogérés, mais cela ne veut pas dire que c’est impossible d’y faire entendre une de vos
chansons. Une bonne chanson reste une bonne chanson et si la vôtre l’est, vous avez une chance. Identifiez le poste de
radio le moins écouté de votre localité, car ils sont plus susceptibles de faire jouer de nouveaux artistes et ce sera plus facile
de joindre quelqu’un directement. Plusieurs postes ont comme mandat de faire jouer de la musique locale. Certaines vont
la faire jouer un dimanche soir à minuit, mais au moins, votre musique joue à la radio.

Radio-Canada et les radios communautaires sont plus ouvertes d’esprit et devrait faire l’objet de votre premier arrêt. Donnez
un CD et une trousse de présentation à chaque poste et adressez-les au directeur musical. N’oubliez pas de faire le suivi et
de relancer la personne une ou deux fois si cela est nécessaire, mais faites attention à ne pas devenir trop insistant. Envoyez
aussi votre musique à des postes de radio Internet ou satellite qui jouent le genre de musique que vous faites ou qui ont
un auditoire local. Vous devez aussi afficher suffisamment d’annonces chez votre détaillant local de musique ou tout autre en-
droit qui est susceptible d’accueillir votre auditoire. Participer à un festival familial dans votre ville ou jouer lors d’un spectacle-
bénéfice où les enfants sont présents. Organisez un événement promotionnel à votre magasin de disques et donnez des
échantillons gratuits de votre musique à tous ceux qui achètent de la musique blues.

La clé est de faire coïncider vos efforts de promotion avec les endroits potentiels que votre auditoire fréquente. Vous devez
leur rendre la tâche facile afin que ceux-ci puissent vous connaître. Si votre auditoire est plus vieux, ne commencez pas vos
spectacles à onze heures un soir de semaine. Vice versa, si vous êtes un artiste hip-hop, ne dérangez pas votre poste de radio
locale pour rien. Ils ne feront pas jouer votre musique, peu importe ce que vous faites. Assurez-vous pour que les DJ, les
bars et les clubs de votre localité (ceux qui osent mélanger de nouvelles chansons avec des classiques du genre) aient votre
musique. Surveillez les concours de MC et trouvez où sont vos fans et dans quel genre d’endroit votre musique pourrait être
entendu et donnez-leur votre musique d’une façon ou d’une autre.

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De quel outil avez-vous besoin?


La majorité des musiciens autogérés possèdent un ordinateur. Si vous n’en avez aucun, il serait bon d’en acheter un qui est
équipé d’une connexion haute vitesse et d’un bon graveur de CD/DVD.

Vous aurez aussi besoin d’autres choses. Vous avez besoin d’un courriel, d’un fax, d’une bonne imprimante, d’un plan
d’interurbain pour vos appels interurbains, une carte de crédit, d’un numéro de boîte aux lettres (P.O.BOX) et d’un endroit
pour travailler. Les téléphones cellulaires sont coûteux, mais sont presque devenus une nécessité. En tant que musicien qui
se gère lui-même, vous ne devez pas manquer un appel. En plus, vous allez probablement partir en tournée. Établir une relation
d’affaires avec un fournisseur de téléphone cellulaire vous facilitera les choses quand vous aurez besoin de négocier un plan
pour vos appels interurbains lorsque viendra le temps de voyager.

Quelques artistes de style plus bohémien voudront probablement rejeter ce genre d’outils. La réalité est que, si vous essayez
de construire une carrière artistique (une qui vous fait vivre), vous devrez travailler énormément. Aucun artiste qui a du suc-
cès (ou qui veut en avoir) ne peut ignorer la mécanique de l’industrie musicale. Cela ne veut pas dire qu’il faut se transformer
en capitaliste à cravate. Cela veut dire que vous devez apprendre et comprendre les outils qui vous serviront à faire votre
marketing et les utiliser pour créer et améliorer votre propre carrière. Gardez en tête que cela n’a rien à voir avec votre
image. Une image reste une image, quelque chose à une dimension, une projection de surface de la vraie chose. Ce que vous
portez, ce que vous dites et ce que vous jouez fait partie d’un tout et ce tout, c’est vous, l’artiste. La partie de vous-même
qui est plus orientée vers les affaires doit être une partie séparée, mais elle se doit d’être aussi intense que votre partie artis-
tique.

Devenez bon pour gérer une multitude de données. Si vous travaillez dans d’autres entreprises, employez leur méthode de
classement. La gestion de ces données doit être aussi bonne pour votre carrière artistique que pour l’entreprise pour qui
vous travaillez. Plus vous en savez sur votre auditoire, et plus vous trouverez de façon d’entrer en contact avec lui, plus votre
carrière artistique risque de connaître le succès qu’elle mérite. Et quand vous aurez appris cette leçon, elle pourra vous
servir tout au long de votre vie et vous accompagnera partout où vous irez…

Le « pitch »
Un autre outil de marketing qu’il est nécessaire de maîtriser est l’art du « pitch ». Avec votre slogan, vous avez défini votre
identité artistique (donc, ce que vous faites); maintenant, vous devez établir pourquoi votre marché (votre auditoire) a besoin
de vous. Comment pourrez-vous améliorer leur vie si ceux-ci font partie de votre cercle d’intimes? Est-ce que vous les laisserez
vivre à travers votre musique ou créerez-vous pour eux les meilleures pistes sonores pour leurs fêtes d’amis?

Vous avez besoin d’être présent sur le web. Cela peut se manifester de plusieurs façons, un site Internet, un dossier de presse
électronique, un blogue ou à travers d’autres outils de réseautage à saveur plus sociale comme myspace.com ou facebook.com.
Il y a plusieurs sites de partage et de réseautage pour les musiciens comme sonicbids.com. Il y en a qui sont gratuits,
d’autres ne le sont pas. Vous aurez à juger quels pourraient être les sites qui vous aideront dans votre carrière. Comme ce
genre de choses change constamment, vous aurez à faire certains efforts pour demeurer à jour. Idéalement, vous devriez faire
partie de tous les sites de partage et de réseautage possibles. Regardez ce que les autres artistes dans votre domaine font
et prenez note de ce qui semble bien fonctionner. Ne réinventez pas la roue, allez avec ce qui marche.

Après tout ceci, vous devez quand même continuer à communiquer activement. Même si cela peut paraître un peu cliché, c’est
vraiment ceux que vous connaissez qui déterminent une partie de ce que vous ferez. On ne parle pas ici des personnes importantes
dans les maisons de disques, mais des gens qui font partie de votre communauté musicale. À son niveau le plus simple, l’industrie
de la musique est un jeu de nombre et plus vous pourrez prendre contact avec les gens, plus vous aurez de chances d’avoir
de bonnes ventes. De façon surprenante, plus vous monterez dans l’échelle, plus cela risque de vous arriver. Très peu de
vedettes de rock au Canada et d’autres musiciens populaires sont très riches. La plupart ont dû travailler très fort comme

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indépendant avant d’atteindre leur niveau actuel. Le résultat final est que la plupart des figures importantes au Canada sont
prêtes à aider les nouveaux venus. Soyez polie et vous aurez peut-être la chance de voir à quel point ils pourront vous aider.

Le retour estimé sur vos efforts en marketing est d’environ deux ou trois pour cent (si vous atteignez ce chiffre, nous pouvons
considérer cela comme étant très bon). En d’autres mots, si vous faites un spectacle intime dans un petit café, et que vous
aimeriez avoir 30 personnes qui y assiste, vous devrez joindre ou inviter 1500 personnes. Ce chiffre peut sembler élevé, mais
il n’est pas impossible d’en rejoindre autant.

Les postes de radio touchent des milliers de personnes chaque jour. Même les radios collégiales ou les radios universitaires
ont beaucoup d’auditeurs. Même le journal de rue le moins lu a une chance de joindre des centaines de personnes. Cherchez
les statistiques reliées aux médias que vous convoitez (nombre d’exemplaires vendus ou distribués, nombre d’auditeurs, etc.)
et prenez de votre temps (et de votre argent si vous avez) pour faire le suivi. Rappelez-vous que les médias ont beaucoup de
portée. L’humain moyen a besoin de voir et d’entendre votre message plusieurs fois avant que celui-ci n’entre dans sa mémoire
à long terme. La répétition est la clé.

Les nouvelles formes de marketing


On discute beaucoup dans l’industrie des nouvelles formes de marketing qui ont fait leur apparition durant les dernières
années. Les musiciens autogérés doivent être à l’affût et explorer ce genre d’idées, car elles sont souvent moins coûteuses
et beaucoup plus pratiques pour les musiciens indépendants.

Par exemple, une de ces nouvelles formes de marketing utilise Internet pour répandre un message sur un produit de la
même façon qu’un virus humain, c'est-à-dire en se répandant d’individu à individu à une vitesse incroyable. Quelques
artistes ont créé des vidéos maison qui ont connu beaucoup de succès sur certains sites de partage de vidéos. D’autres ont
connu du succès en plaçant leur musique sur des petits films ou des courts-métrages et sur certains spectacles diffusés en
ligne. Les jeux vidéo représentent aussi une énorme possibilité et elle se trouve souvent sous-estimée par les musiciens qui
œuvrent dans le milieu. Il y a des tonnes de joueurs qui travaillent dans des compagnies indépendantes de jeux vidéo. Essayez
de savoir ce qu’elles recherchent comme sonorité et trouvez une façon de les approcher. Beaucoup d’artistes indépendants
se constituent des équipes de marketing de rue en utilisant leur propre site Web. Ces équipes travaillent localement, pla-
cent des affiches, donnent des encarts publicitaires (ce que l’on nomme flyers) et des CD à certains spectacles et « harcèlent
» les postes de radio à votre place. En retour, ces gens espèrent pouvoir profiter de certains rabais sur les billets de spectacle,
sur vos disques ou tout autre produit dérivé. Les groupes hip-hop et punk dépensent des millions à monter ce genre d’équipes
et ont eu d’excellents résultats. Le concept fonctionne pour d’autres genres de musique aussi, alors, surveillez le genre de
personnes qui se branche à votre site et essayez de les convaincre de vous aider à exploiter cette nouvelle forme de marketing.

La clé de la réussite est de toujours être ouvert aux nouvelles possibilités que peut vous offrir ce genre de marketing et de
les utiliser au maximum. Vous ne savez jamais qui vous pouvez joindre en faisant ce genre de choses, il y a peut-être quelqu’un
qui vous amènera dix personnes à votre prochain spectacle ou une secrétaire qui vous aidera à passer à Lettermen.

Quelles sont les associations utiles?


Chaque association qui œuvre dans le milieu de la musique peut être utile, à condition d’avoir fait ses preuves et d’avoir
aidé un bon nombre de musiciens. Il n’y en a pas vraiment une qui soit gratuite alors il n’y a que vous qui puissiez évaluer
leur valeur à ce stade-ci de votre carrière.

La plupart de provinces ont une association qui représente l’industrie de la musique. Ces groupes sont généralement des organismes
à but non lucratif (OBNL) et sont financés par les cotisations de leurs membres et quelques subventions gouvernementales.
Ces associations travaillent activement à faire reconnaître le travail de leurs membres qui font tous partie de la communauté

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artistique, et ce, tant au niveau provincial que national. À la fin de ce document, vous trouverez une liste des différentes
associations avec des liens menant à leur site Internet. C’est un bon endroit où commencer. Ils offrent parfois du finance-
ment, des ateliers de formation et des conférences sur des sujets touchant la musique. Elles sont toutes très utiles pour faire
du réseautage, se faire voir et se faire entendre. La première étape serait toujours de demander l’avis des artistes de votre ré-
gion sur ces associations. Il y a beaucoup de chances que ce que vous essayez de faire a déjà été fait et vous pouvez apprendre
du succès des autres comme de leurs erreurs.

Sur la côte est, dans les Prairies et au Québec, il y a des conférences régionales et des spectacles de remise de prix qui peuvent
constituer une excellente occasion de vendre ses spectacles et de faire du réseautage. Il y a des associations nationales pour
les auteurs et les compositeurs (National Songwriters Association) et il y a aussi des associations qui représentent un genre
de musique en particulier. Le Conseil ontarien des festivals de musique folk (Ontario Council of Folk Festivals), l’Association
canadienne de la musique country (Canadian Country Music Association), et d’autres du genre peuvent vous aider, tout
dépendant de votre style de musique.

Commencez par visiter votre « cour arrière ». Prenez le téléphone, dites-leur ce que vous essayez de faire et demandez-leur
des conseils. Un petit rappel — à peu près toutes les associations du genre vous coûteront de l’argent. Certaines seront plus utiles
que d’autres. Prenez le temps de bien regarder ce qu’elles offrent et ce dont vous avez réellement besoin. Malheureusement,
plusieurs des événements de type « vitrines de spectacles » au Canada sont très courus et vous demandent de payer une
grosse somme d’argent pour y participer. Certains vous donneront seulement vingt minutes pour présenter votre musique,
à l’intérieur d’un club ou d’un bar miteux, à des kilomètres de l’événement principal, en échange de quoi, vous devrez leur payer
des frais d’adhésion élevés. Posez-vous vraiment la question : est-ce que ça en vaut la peine à ce stade-ci? Vous connaissez
déjà probablement la réponse. Économisez votre argent pour jouer dans cette ville une autre fois et ainsi avoir l’occasion
de construire un vrai auditoire.

La scène francophone
Même si c’est un fait peu connu des artistes qui œuvrent au sein de la scène anglophone, et vice-versa, le Canada a une industrie
francophone parallèle à celle du Canada anglais.

Si vous êtes un musicien ou un auteur-compositeur francophone, vous avez accès à toutes les associations qui offrent du
financement au Canada anglais, et en plus, vous pouvez bénéficier des ressources additionnelles offertes exclusivement
pour la création et la préservation de la culture francophone. Des communautés en ligne aux différents festivals, il y a une
communauté distincte et séparée pour le marché du Canada français.

Si vous êtes francophone, votre premier point de contact devrait être l’association qui représente l’industrie dans votre province.
Si vous ne vivez pas au Nouveau-Brunswick ou au Québec, il vous sera utile de contacter aussi ce genre d’associations
provinciales, car les principaux festivals, maisons de disques, distributeurs, etc., travaillent principalement à partir de ces
deux provinces. Les artistes qui sont des francophones de souche ou qui ont assez confiance envers leur langue seconde de-
vraient savoir que le marché du disque est plus en santé dans les régions francophones que dans les autres. De gros dis-
tributeurs indépendants, une foule de médias indépendants et une population en quête de produits locaux font en sorte
que la scène francophone est beaucoup plus viable que son équivalent anglophone. Il y a énormément d’informations sur les
sites Internet de ces deux provinces (regardez les liens à la fin du document) et cela constitue un bon point de départ pour
vous.

Plus que jamais, les artistes canadiens réseautent avec les cultures francophones à travers le monde. Des ententes de partenariat
à l’international se développent entre la Louisiane (É.-U.), Haïti, l’Afrique, la Belgique, la Suisse et la France en même que
d’autres pays qui ont une communauté francophone sur leur territoire! Plusieurs artistes canadiens ont connu beaucoup
de succès sur ces marchés et ont profité de ces occasions afin de faire des tournées à travers l’ensemble de ces pays.

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Les festivals canadiens qui œuvrent auprès de la communauté anglophone ont aussi comme mandat de faire découvrir la culture
francophone. Vous n’avez pas besoin de vous fier seulement au marché francophone, vous pouvez explorer d’autres possibilités
à travers le Canada. La plupart des artistes francophones concentrent surtout leur effort au Québec et au Nouveau-Brunswick
et néglige le reste du Canada. Rappelez-vous qu’il y a des communautés francophones réparties sur l’ensemble du territoire canadien.
Dans des villes comme Toronto, Winnipeg et Vancouver, on accueille, sur une base constante, des artistes francophones.

Aussi, souvenez-vous des congés associés à la communauté francophone quand vous planifiez vos spectacles. Chaque province
a une association francophone et accueillerait volontiers un artiste francophone pendant la Fête des Acadiens (15 août)
ou pendant la Saint-Jean Baptiste (24 juin). Une autre chose à ne pas oublier est le fait que plusieurs provinces ont des écoles
d’immersion pour les gens désireux d’apprendre le français et celles-ci cherchent parfois des musiciens pour enrichir leur
programme d’études. Ces écoles sont souvent financées par des programmes gouvernementaux et cela représente, pour les
musiciens, une autre occasion de se faire connaître. N’hésitez pas à contacter les écoles qui sont susceptibles d’accueillir
ce genre d’événements quand vous planifiez une tournée.

Les spectacles dans les théâtres sont aussi une bonne occasion pour jouer devant un public divers et éduqué. De façon générale,
ce genre de public n’a pas besoin de comprendre la langue pour être ému par votre prestation musicale. Chaque province a une
association qui œuvre dans ce secteur et qui travaille avec les acheteurs de pièce de théâtre pour présenter des « vitrines de
spectacles » dans les théâtres lorsque ceux-ci planifient leur prochaine saison. Plusieurs de ces offres sont une occasion pour les
artistes francophones qui œuvrent au sein des communautés anglophones d’augmenter la conscience et l’appréciation qu’ils
ont de leur propre identité culturelle. Pour de plus amples informations, visitez notre liste de liens à la fin du document.

Un dernier conseil, particulièrement aux artistes anglophones qui souhaitent percer les marchés du Québec et du Nouveau-
Brunswick : la grammaire et les nuances linguistiques sont très importants pour les amateurs de chansons françaises et, règle
générale, vous devez prendre ces choses très au sérieux. Le fait de traduire vos chansons avec l’intermédiaire de Bablefish.com
et de chanter avec votre accent, ne vous ouvrira pas les portes de ce marché. Cela n’a rien de personnel — les francophones
s’attendent à la même conscience critique de la part de leurs artistes. Du point de vue stylistique, les goûts culturels des fran-
cophones sont légèrement différents de ceux des anglophones. Il vous serait utile de faire un peu de recherche en obser-
vant des chaînes françaises de télévision comme MusiquePlus ou d’écouter la radio francophone. Comme tout le reste,
évaluez le marché et les endroits où il serait approprié de jouer avant de percer ce nouveau marché.

IV. LES PREMIÈRES ÉTAPES DE LA GESTION DE CARRIÈRE


Créer son entreprise
La conception de base de ce projet est que vous devez gérer votre carrière musicale de la même façon dont vous géreriez une
entreprise. Ceci peut sembler un peu simpliste, mais la plupart des musiciens ne conçoivent pas leur carrière de cette façon
et passent leur temps à se demander pourquoi leur compte bancaire ne reflète pas l’immensité de leur talent.

Il y a plusieurs manières de gérer sa carrière. La première étape est de faire un effort pour incorporer légalement votre compag-
nie. Vous pouvez choisir d’être une personne physique qui exploite une entreprise individuelle ou vous pouvez vous associer
avec d’autres collaborateurs et former une société en nom collectif et en commandite. Chaque façon de faire comporte son
lot d’avantages et d’inconvénients et peut être ou ne pas être appropriée pour votre situation.

Être une personne physique qui exploite une entreprise individuelle est une bonne chose pour vous, car vos impôts personnels
sont essentiellement les mêmes que ceux de votre entreprise et cette option est probablement la moins compliquée de tous.
Par contre, au fur et à mesure que votre entreprise grandira, vous devrez considérer les autres formes juridiques et vous devrez
peut-être vous incorporer sous une autre forme.

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Nous examinerons plus loin les problématiques reliées à ces formes d’entreprise et comment faire pour les enregistrer
légalement. Le présent document contient beaucoup d’informations à ce sujet. Ce qui importe maintenant est que vous devez
créer votre entreprise.

Créer une entreprise est relativement facile. C’est de faire évoluer cette entreprise qui demande plus de temps et de travail.
Avec un nom qui est légalement enregistré, un numéro de taxes et un compte de banque, vous êtes en affaire. Félicitations
pour avoir franchi cette étape.

Amateur versus professionnel


À proprement parler, un musicien est quelqu’un qui est rémunéré pour son travail. Un amateur ne l’est pas. Bien sûr, tout n’est
pas noir et blanc et il y a beaucoup de zones grises dans cette affirmation. Qu’en est-il d’un professeur de musique qui passe
ces fins de semaine dans un groupe de jazz? Disons que pour une compréhension plus aisée de ce que nous affirmons, un
professionnel est quelqu’un pour qui l’art est sa carrière et qui dévoue tout son temps libre à trouver des façons de créer
et de vendre sa musique.

Il peut être difficile de choisir de quitter son emploi pour devenir travailleur autonome et, pour un musicien, cela peut être
particulièrement compliqué.

Le nombre d’habiletés et de compétences requises pour devenir un professionnel du monde des affaires est le même que pour
devenir un professionnel de la musique. Être hyper organisé, rigoureux quant à son horaire de travail, respecter les échéances et
les dates de tombée et planifier des mois à l’avance n’est généralement pas des qualités que possèdent la plupart des musiciens.
Ce changement de style de vie nécessite un ajustement majeur.

Adaptez-vous progressivement. Essayez de vous faire un « nid douillet » pour les périodes creuses. Très peu de musiciens font
des sous la première année qu’ils deviennent professionnels. Vous devez avoir des économies avant de faire ce « saut de la foi ».
Un bon crédit ne vous fera pas de tort non plus. Une fois que vous avez décidé de plonger tête première dans votre nouvelle
carrière, assurez-vous d’être assidu à la tâche. Mettez-y quarante heures par semaine et vous aurez sûrement de bons résultats.

Essayez de planifier six mois à l’avance. Cela vous permettra de voir venir d’avance les temps morts. Utilisez ces périodes
pour écrire de la nouvelle musique, pour pratiquer ou pour enregistrer un disque. Cela vous permettra ainsi de faire avancer
votre carrière et vous évitera de faire du sur place.

Les professionnels qui œuvrent en musique commencent généralement à faire du réseautage dès le départ afin de se créer
une base de clients potentiels. Trouvez qui pourrait acheter ce que vous avez à vendre et commencez à faire des appels et
à envoyer des courriels. Rappelez-vous que le pourcentage de retour en marketing est de 2 – 3 %, alors vous devez frapper
à beaucoup de portes. Vous devez absolument éviter de vous isoler dans votre nouveau bureau, sortez, allez voir des spectacles,
rencontrez vos détaillants locaux et utilisez toutes les ressources gouvernementales et institutionnelles mises à votre disposition.

Donnez-vous des objectifs réalistes et ayez une planification chronologique de la façon dont vous générerez de nouveaux
revenus. Ce sera peut-être une tournée, écrire de la musique pour un projet de film ou vendre votre musique pour des messages
publicitaires, peu importe ce que vous faites, soyez précis et mesurez vos activités en fonction de votre plan d’affaires et des
objectifs que vous vous êtes fixés.

Faire rouler la machine


La plupart des entreprises arrivent à peine à couvrir leurs frais les deux ou trois premières années ou fonctionnent à perte.
Ce sont des faits qui ne sont pas agréables à entendre. Pouvez-vous n’avoir aucun revenu et ainsi vous endetter pour les deux
prochaines années? Si la réponse est non, pensez-y avant de vous lancer dans l’aventure. Peut-être est-il mieux de travailler

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à temps partiel pendant que vous bâtissez votre carrière? Peut-être que vous avez des parents ou des amis généreux? D’une
façon ou d’une autre, vous devez être réaliste sur vos revenus potentiels, particulièrement en début de carrière.

Ce sera difficile d’évaluer comment vous pourrez rentabiliser votre entreprise la première année. Vous devez habituellement voir
les fluctuations dues au changement de saison et faire un tour de calendrier afin de véritablement évaluer votre stratégie et vous
donnez une marge de manœuvre nécessaire avant d’y apporter les changements nécessaires. Préparez-vous financièrement à
cette situation. Faites une demande de subventions (voir notre liste à cet effet) et essayez d’obtenir des contrats avec
d’autres musiciens. Basez vos prix sur ce que vous avez appris jusqu’à ce jour. Il y a des chances qu’il existe des gens qui sont
rendus moins loin que vous dans leur carrière. Peut être pourrez-vous les aider et les deux partis pourront ainsi tirer profit de
leur expérience.

Il est très important de documenter soigneusement votre première année, car celle-ci sera déterminante pour le reste de votre
carrière professionnelle. Si vous ne le faites pas, vous ne pourrez pas véritablement planifier et vous risquez de voir les possibilités
d’affaires vous échapper. Garder en tête que les subventionneurs et les banquiers s’attendent à ce que vos documents (et vos
affaires) soient en ordre. Si vous voulez avoir accès à du financement externe, une attitude saine vis-à-vis de tout ça pourrait
vous être bénéfique.

Gardez les coûts d’opérations le plus bas possible. Vous aurez besoin d’un fax, mais pas nécessairement le nouveau modèle
dernier cri. Posez-vous ce genre de question chaque fois que vous achetez quelque chose pour votre compagnie. Ai-je besoin de
ceci ou de cela? Puis-je l’emprunter à quelqu’un? Ce réflexe pourrait, à lui seul, vous faire économiser des milliers de dollars.

Le travail pour lequel vous recevez de l’argent (en même temps que vous gérez votre carrière) pourrait provenir de l’une des
catégories suivantes : revenu provenant de spectacles, revenu provenant d’un éditeur, revenu provenant d’un travail en studio,
revenu de droit d’auteur ou revenu provenant d’un contrat quelconque. Ils sont tous des revenus qui représentent des possibilités
à explorer. Il y en a d’autres.

Le premier genre de structure que vous devriez mettre en place pour votre entreprise est une base de données qui vous permet
de garder vos contacts à jour et de les appeler sur une base courante. Il y a plusieurs logiciels qui vous permettent de faire
ce genre de choses. Si vous êtes trop paresseux pour apprendre à les utiliser, essayez au moins d’écrire ces informations dans
un cahier. D’une façon ou d’une autre, dites que cela est prioritaire pour votre entreprise. Un musicien indépendant que
nous connaissons et qui a connu un certain succès a, malgré tout, toujours fonctionné en dessous du radar de l’industrie
musicale. Pourtant, son attitude relativement à l’organisation de ses tâches a fait en sorte qu’il est devenu millionnaire.
« Je n’ai jamais perdu un numéro de téléphone », a-t-il dit. Ce conseil est bon pour tout musicien qui se gère lui-même.

Facilitez la tâche à ceux qui veulent acheter votre musique ou votre spectacle est une composante essentielle pour faire de
bonnes affaires : il est plus facile de préserver un bon contact que de s’en faire un autre. Prenez soin de vos clients de la
même façon dont vous prenez soin de votre auditoire, car ceux-ci vous donnent aussi des occasions de vendre votre musique.

Si vous pensez à ces contacts comme étant une relation à long terme et bien ils seront là pour vous pendant de nombreuses
années.

Un gérant? Est-ce nécessaire?


Plusieurs musiciens rêvent d’avoir un gérant professionnel et pense que ce dernier leur permettra de se concentrer davantage
sur l’aspect créatif plutôt que sur l’aspect entrepreneurial.

De façon évidente, si vous étiez convaincu de ce fait vous ne liriez pas ce texte. Ceci étant dit, la question mérite quand même
d’être posée.

En termes simplistes, vous avez besoin d’un gérant quand vous avez épuisé tout le temps dont vous disposiez pour faire votre

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travail. En d’autres mots, vous avez besoin d’un gérant quand vous avez trouvé votre place dans le marché (et que vous avez
besoin d’aide supplémentaire pour remplir la paperasse, s’occuper des courriels, etc.) et que les efforts requis dépassent
largement vos capacités.

Avant de faire le grand saut, ayez ceci en tête.

Premièrement, dans l’industrie canadienne, il y a une distinction claire entre le rôle de gérant, d’agent, et de gérant de tournée
même si plusieurs musiciens en début de carrière ne sont pas capables de faire la différence. Le travail du gérant consiste
essentiellement à maintenir et développer la carrière de l’artiste. Cela signifie la négociation de contrats avec des maisons
de disques, de contrats d’édition, d’évaluer les possibilités de tournée pour l’artiste, la publicité, le studio, bref, tout ce qui
peut vous rapporter de l’argent ou vous en coûter. Ils s’occupent de la paperasse et des choses que vous n’avez pas le temps
de faire ou que vous ne voulez tout simplement pas faire. Contrairement à l’image populaire véhiculée par les films, il y a
très peu de gérants qui se mêlent des arrangements musicaux ou qui organisent la vie personnelle des artistes.

Les agents s’occupent de vendre vos spectacles. Point final. Ils ne se mêlent pas de stratégie, d’enregistrement ou du reste.
Les gérants de tournée s’occupent des horaires de tournées, engagent et supervisent l’équipe technique, réservent les hôtels,
les autobus ou les billets d’avion et veillent aux besoins quotidiens des musiciens en tournée.

Voici les mauvaises nouvelles — les gérants et les agents sont presque toujours payés à la commission. Généralement, cette
commission est calculée sur vos revenus bruts et non vos revenus nets. Le revenu brut est la somme d’argent que l’on vous
remet pour faire une activité donnée tandis que le revenu net est votre revenu après dépenses. Par exemple, vous apparaissez
à un gros festival et vous recevez 1000 $ pour votre prestation. Ceci correspond à votre revenu brut. De ce montant, vous
devez déduire le coût des musiciens (à 100 $ chaque) et le coût de location de la voiture (200 $). Ce qui vous reste, 600 $,
correspond donc à votre revenu net. Par contre, votre gérant prend une commission de 20 % sur votre revenu brut alors avant
de faire quoique ce soit, vous devez lui donner 200 $. Additionnez tous ces chiffres et finalement il vous reste 400 $. Oups,
nous avons oublié la commission de 20 % de votre agent qui doit, elle aussi, être prise sur votre revenu brut. Un autre 200 $
s’envole. Maintenant, votre revenu net est de 200 $. Si vous avez besoin de vous acheter des cordes de basse et de payer votre
repas, vous serez rapidement dans le rouge.

Si, dans cet exemple, vous aviez été un musicien qui se gère lui-même, vous auriez fait 600 $. Évidemment, vous auriez eu
plus de travail à faire, mais… bon, vous voyez le problème.

Voici encore plus de mauvaises nouvelles : les gérants professionnels font plus que 20 %. Ceux qui peuvent vous avoir un
contrat de disque ou vous avoir une place de choix dans les tournées internationales voudront peut-être 50 % de vos revenus
bruts. Si vous appliquez ce pourcentage à l’exemple donné ci haut et bien vous auriez perdu 100 $ simplement en partici-
pant au spectacle. C’est pour cette raison que des artistes comme TLC et les Backstreets Boys ont fini par poursuivre leur
gérant. Grâce à ce genre d’entente qui ne fonctionne que pour un des partis, les deux groupes ont rempli des stades, ont
vendu de millions d’albums, mais ont perdu de l’argent tout au long de l’aventure.

Dieu merci, il y a des solutions. Plusieurs musiciens, très occupés, organisent quelques aspects de la gestion de leur carrière
grâce à de l’aide externe, c.-à-d. ils engagent des comptables, des spécialistes des relations publiques et des gérants lorsqu’ils
en ont réellement besoin. Cela peut enlever une pile de paperasse considérable sur le dessus de votre bureau et vous laissez
toute la latitude possible pour garder le contrôle sur les aspects de votre carrière que vous jugez plus importants.

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V. IMAGE ET PUBLICITÉ
Définir son image
Que vous le sachiez ou non, vous possédez déjà une image. Ce que vous portez (que vous soyez un adepte de la mode ou
que ce soit votre mère qui achète vos vêtements), votre coupe de cheveux, vous projetez déjà une image sur les gens qui vous
entoure. Ce n’est peut-être pas la façon dont vous voulez être perçu, mais les gens vous ont déjà étiqueté dès l’instant où vous
entrez dans une pièce : « alterne », « hippy », « rapper », « nerd », etc.

Si vous choisissez d’évoluer dans le monde du divertissement, l’image est une nécessité vitale. Ceci étant dit, pensez-y pendant
un moment et choisissez une apparence avec laquelle vous êtes à l’aise; rappelez-vous que vous risquez de vivre avec pendant
des années. Vous êtes déjà une figure publique. Sinon, vous le serez plus tard. Tout dépendant de votre style, votre auditoire
s’attend à ce que vous jouiez votre rôle à la perfection. Et si vous faites une erreur, ne vous inquiétez pas trop. Certains
artistes ont changé d’image plusieurs fois. Des artistes comme Madonna ont réussi à se réinventer une douzaine de fois. Mal-
gré tout, cela vous aidera si vous choisissez judicieusement. Les bons vendeurs savent que cela prend généralement six secon-
des avant que quelqu’un se fasse une première impression de vous et que cela prend généralement six mois pour la changer.

Cela ne signifie pas que vous devez investir des milliers de dollars dans votre garde-robe, votre coiffure ou votre maquillage.
Malgré tout, l’apparence que vous avez au bureau doit être différente de celle que vous avez quand vous aller faire l’épicerie.
Ce que vous portez doit être en harmonie avec le genre de musique ou d’événements que vous faites. Les adeptes de musique
folk aiment bien que leur héros leur ressemble. Les musiciens de musique classique et de jazz maintiennent habituellement
une apparence plus formelle et plus… classique. Les musiciens de hip-hop sont plus flamboyants et changent constamment.
Vous trouverez sûrement ce qui marchera pour vous. C’est dans la nature humaine de se faire rapidement une opinion.
Assurez-vous de contrôler le plus possible l’opinion que les gens ont de vous.

Dossier de presse électronique (DPE) et autres outils de travail


En tant que musicien qui se gère lui-même, la technologie est votre ami. Un des gros avantages de cette nouvelle ère est
l’élimination des bons vieux dossiers de presse. Il y a de cela une décennie, les musiciens en début de carrière devaient dépenser
près de 1000 $ pour des photos de type noir et blanc, des pochettes, des cartes professionnelles et pour des centaines de pho-
tocopies de leurs articles de presse qu’ils ont accumulés au fil du temps. Une visite au bureau de poste ou au magasin de pho-
tocopie faisait partie du quotidien des musiciens indépendants. Même si quelques dinosaures veulent encore un dossier de
presse en papier (et vous devriez vous en garder quelques-uns sous la main juste au cas), les médias et les acheteurs préfèrent
aujourd’hui les dossiers de presse électronique (DPE). Nous pouvons dire que la façon de faire un dossier de presse électronique
est la même que pour créer un site Internet. Vous y mettez tout ce que vous pouvez, MP3, vidéo, biographie, articles de
presse numérises, les dates de tournée, les critiques, etc. Ensuite, vous pouvez l’envoyer à qui vous voulez.

Sonicbids.com est un site de DPE qui a virtuellement le monopole en ce qui a trait à l’hébergement de DPE. Ils sont situés à
Boston et pour des frais d’adhésion, votre DPE ainsi que votre matériel sonore ou visuel pourra être hébergé sur leur site. Ce
site est devenu extrêmement populaire auprès des festivals et les acheteurs en tout genre, qui n’ont plus besoin de passer au
travers des milliers de dossiers de presse pour trouver ce qui les intéresse. Par exemple, plusieurs festivals canadiens et plusieurs
événements importants dans le domaine musical acceptent seulement les dossiers d’artistes qui font affaire avec sonicbids.com.

Il y a un secret bien gardé ici : les événements qui utilisent exclusivement les services de sonicbids.com reçoivent quelque
chose en retour. En d’autres mots, en tant qu’étranger, vous payez pour avoir quelqu’un à votre événement ou à votre festival
afin qu’il écoute votre musique ou pour qu’il regarde votre colis. Malheureusement, ce genre de pratique rend la vie plus dif-
ficile pour un musicien qui se gère lui-même. Le seul avantage est l’élimination du dossier de presse papier. À la fin d’une
journée, le fait d’envoyer des centaines de dossiers de presse en papier peut s’avérer coûteux pour un musicien.

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Les photos
Une bonne photo est essentielle pour tous les artistes. Si cela est possible, engagez un photographe professionnel, quelqu’un qui
a déjà travaillé en publicité ou avec des modèles. Votre photo devrait être claire et bien éclairée, avec vous ou les autres musiciens
(si c’est une photo de groupe) qui êtes à leur meilleur. Cela pourra vous aider si le photographe a de l’expérience dans le milieu
du divertissement. Aussi, il ne faut pas utiliser une photo qui est trop sombre, trop abstraite ou qui est construite autour d’une
blague que seuls vous pourrez comprendre même si cela peut vous paraître intéressant. Cela risquerait de déranger les gens
des médias et votre photo ne sera jamais utilisée. Les photos numériques rendent les choses plus faciles, mais peuvent comporter
leur lot d’inconvénients. Perdre des heures à attendre pendant que votre ami essaie de vous prendre en photo n’est peut-être
pas une bonne idée. Ce n’est pas parce que vous avez une bonne oreille musicale que vous avez nécessairement un œil de
photographe professionnel. Il est important de connaître ses limites et de laisser les experts faire leur travail.

Une bonne photo prend beaucoup de patience. Un professionnel prend habituellement entre 500 et 1000 photos par séances
avant d’en avoir une qui est satisfaisante. Quand vous avez finalement réussi à en avoir une qui vous plaît, assurez-vous de
la copier sur disque en plusieurs formats différents. Les formats JPEG & Tiff sont les formats les plus couramment utilisés.

Les photos ont des droits d’auteur tout comme la musique alors quand vous payerez le photographe, assurez-vous d’avoir
un contrat qui spécifie que vous détenez les droits d’utilisation relatifs à cette photo ou qu’ils vous ont été cédés. Même
chose pour la pochette de votre CD, pour les dessins imprimés sur vos chandails et pour toutes les images que vous utilisez
dans le cadre de votre travail.

La biographie ou la « bio »
Vous manquerait-il des mots pour vous exprimer?

Il peut s’avérer difficile de trouver les mots pour se décrire de soi-même alors ne vous en faîtes pas trop et ne soyez pas intimidé
si n’y arrivez pas. Un professionnel peut vous venir en aide. Vous connaissez sûrement quelqu’un qui connaît un journal-
iste ou quelqu’un qui a de la facilité à écrire. Il y a de bonnes chances que vous trouviez quelqu’un qui est prêt à faire
quelque chose pour vous en échange d’un montant d’argent.

Si vous avez confiance en vos capacités rédactionnelles, vous pouvez faire une petite recherche. Presque tous les artistes ont une
biographie sur leur site Internet. Trouvez ceux qui sont similaires à votre genre de musique et commencez à lire. Les mauvaises
biographies vous sauteront aux yeux et vous pourrez éviter de faire les mêmes erreurs. Passez outre les blasphèmes, les blagues
que seuls vous comprendrez ou les textes trop fictifs — les gens qui liront votre biographie ne la trouveront pas drôle.

Écrivez un texte de 250 mots (pour la version longue) et aussi une autre version de 50 mots qui résume le tout. Souvenez-vous
de votre slogan. La biographie est un endroit où vous devez absolument l’utiliser. Celle-ci devrait parler de la direction que
prend votre carrière, les faits saillants et devrait contenir la description de votre style de musique. Adaptez-la si votre cible
est le marché local ou régional. Parlez de ce que vous connaissez et ajoutez-y votre touche personnelle.

Ne parlez pas de la fois où vous avez gagné un trophée au 4H Club en 1982 ou votre désir de vous marier et d’avoir des enfants.
La biographie doit parler de votre musique et de votre carrière artistique. Point. Il ne s’agit pas de votre curriculum vitae
personnel non plus. Vous voulez rendre votre musique et votre style intéressant et non avoir un travail dans une bibliothèque.

Avec une biographie, une photo et quelques articles de presse en main, vous avez déjà franchi les principales étapes pour
la confection de votre dossier de presse électronique.

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La campagne publicitaire
Il arrive quelquefois que vos efforts promotionnels se concentrent surtout sur un événement déterminé. Pour beaucoup
d’artistes, il s’agit de leur lancement d’album, mais pour d’autres, il s’agit d’un spectacle ou d’une promotion radio.

Lorsque vous voulez créer une campagne publicitaire intense et efficace, vous devez augmenter votre visibilité et peaufiner votre
stratégie d’ensemble. Cela signifie que vous devez viser dans le mille chaque fois que cela est possible pour créer l’effet désiré.
Concentrez-vous sur des campagnes publicitaires de deux ou trois semaines pour des événements particuliers par opposition
à ce que vous faites habituellement.

Vous devrez planifier plusieurs entrevues à la radio et à la télévision (si cela est possible) locale ou régionale. Assurez-vous que
le message change un peu d’une semaine à l’autre afin de ne pas perdre l’attention de vos auditeurs et de ne pas saturer
votre marché.

Prenons comme exemple, une nouvelle chanteuse mezzo-soprano que nous appellerons Sarah et qui a un récital avec
l’Orchestre symphonique de Vancouver. Trois semaines avant le concert, nous l’entendons en entrevue à Radio-Canada et plus
tard, nous la voyons comme invité spécial à un dîner de charité où elle parle de son spectacle. Elle en profite pour rencontrer
ses admirateurs et leur explique comment ceux-ci peuvent l’aider à promouvoir le spectacle. Deux semaines avant, elle fait
une apparition à la télévision aux nouvelles du soir et participe comme juge invité à une émission de beauté qui se nomme
Miss BC. La dernière semaine, elle fait un nombre important d’entrevues, fait la page couverture de la section Arts et spectacles
du journal de Vancouver et permet à ET Canada de venir visiter la générale, etc.

Les communiqués de presse et les annonces pour le spectacle devraient être envoyés par courriel ou par fax aux médias majeurs
trois semaines avant celui-ci et le message devrait changer subtilement chaque semaine jusqu’au spectacle. Les médias sont
toujours à l’affût de ce qui se passe dans le monde et si vous envoyez votre communiqué une seule fois et que quelque
chose d’autre (un événement ou un spectacle) survient qui est plus important que votre l’événement et bien vous risquez de
tomber très rapidement dans l’oubli. C’est pour cette raison que vous devez le faire parvenir chaque semaine. Il est important
de faire un suivi téléphonique auprès des chefs de section des départements culturels. Un communiqué de presse devrait
pouvoir se lire en trente secondes.

Des échantillons de votre musique devraient aussi être envoyés aux médias plusieurs semaines à l’avance. Plusieurs postes
de radio ont des émissions du genre « ça passe ou ça casse » où les auditeurs jugent les pièces qu’ils entendent, ou ont tout
simplement des chroniques ou des portraits d’artistes. Faites vos recherches et assurez-vous d’avoir le nom, le courriel et
le numéro de téléphone du directeur musical.

Offrez des CD gratuits pour les concours téléphoniques. Cela peut augmenter considérablement votre visibilité et ainsi
faire durer votre campagne de publicité. Les journaux ont aussi une liste des événements à venir et une section pour les cri-
tiques de CD. Trouvez-les et contactez directement les journalistes en plus du chef de section qui s’occupe des arts et de la
culture. Vous aurez probablement à contacter de 3 à 4 personnes pour arriver à vos fins. Vous voulez paraître important?
Acheter une affiche publicitaire. Elles ne coûtent pas si cher et si vous pouvez le faire en partenariat avec d’autres et bien
c’est encore mieux. Les affiches publicitaires sur les autobus et dans le métro sont aussi une bonne idée. Elles procurent une
bonne visibilité et permettent de créer ce que l’on appelle dans le jargon, un « buzz ».

Pour terminer, le bouche à oreille reste le moyen le plus efficace. Parlez de ce que vous faites à tout le monde et assurez-vous
que ce soit fait de façon intéressante et enthousiaste pour éviter que les gens s’en lassent rapidement. Les bonnes histoires
voyagent aussi vite que les mauvaises.

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VI. LA TOURNÉE
Par où commencer
À peu près tous les musiciens rêvent de faire une tournée — l’appel de la route et du grand air, l’anticipation des salles de spectacle
pleines à craquer dans les grandes villes, les hôtels de luxe, l’excitation du voyage dans les pays étrangers… En même temps,
même les musiciens les plus optimistes savent que la réalité est très différente de leurs rêves. Chaque musicien profession-
nel, peu importe leur niveau, a eu, au moins une fois, une expérience désagréable. Vous voyagez des heures avant d’arriver
à une ville éloignée de toute civilisation, vous êtes excité à l’idée de jouer devant un nouveau public, vous vous attendez à un
moment magique et finalement, vous vous retrouvez à jouer devant deux personnes qui sont le barman qui s’ennuie et le
portier qui ne semble pas du tout s’amuser. Et au lieu de coucher dans un hôtel de première classe, vous dormez sur de vieux
draps dans une camionnette qui n’a pas de chauffage et vous avez comme souper un « délicieux » hot-dog.

Il est important de développer une bonne carapace et de ne pas trop s’illusionner. Souvenez-vous, pas d’attentes, pas de
déceptions. Ceci devrait constituer la principale règle de votre manuel de tournée. Ceci étant dit, comment pouvez-vous y ar-
river? Comment pouvez-vous rouler sur la Transcanadienne et laisser votre trace dans le monde de la musique?

Sortez de chez vous


Avant même de songer à prendre la route, vous devez vous poser de sérieuses questions, la première étant : quel genre d’audi-
toire avez-vous réussi à développer au fil du temps? Si la réponse est « aucune », et bien vous n’êtes pas prêt pour la tournée.

Peu importe votre genre de musique, avant que les promoteurs, propriétaires de bars ou de clubs, organisateurs de festivals, etc.,
(que nous désignerons ici sous l’appellation d’acheteurs) ne vous engagent pour un concert ou pour une série de spectacles,
ceux-ci veulent s'assurer que vous soyez réellement un artiste professionnel, c'est-à-dire dédié et sérieux. Vous devez avoir
un son original, être capable de leur apporter un soutien publicitaire adéquat (leur envoyer des affiches qu’ils pourront
utiliser pour la promotion de l’événement), leur procurer un exemplaire (ou plusieurs) de votre disque, avoir de bons am-
plificateurs et de bons instruments et un site Internet. Ce qui est important est que les acheteurs aient le sentiment que des
gens sortiront pour venir vous voir en spectacle.

Votre habileté à fournir toutes les choses que nous avons mentionnées plus haut risque de déterminer le succès que vous
pourriez avoir en tournée. Personne ne va risquer d’investir de l’argent sans savoir ce qui l’attend. Avant que quelqu’un décide
de vous engager, ils auront besoin de preuves concrètes que vous en valez la peine.

La meilleure façon de commencer à tourner est de diminuer les risques économiques de l’acheteur. Si vous êtes un groupe
de musique populaire ou country, essayez de faire les premières parties de groupe plus connu (même ceux qui sont à un
ou deux niveaux au dessus de vous dans l’échelle musicale) ou de jouer dans des spectacles où il y a plusieurs groupes. Les
groupes hip-hop ont besoin de faire la même chose pour se faire connaître. Les artistes de musique jazz et de musique folk
ont aussi besoin de jouer en première partie de groupe plus connu ou de participer à des soirées de type « micro ouvert »,
des festivals gratuits et d’autres événements qui se déroulent dans un climat moins stressant que les salles de spectacle
habituelles. Même les fêtes d’amis peuvent être une occasion à ne pas laisser passer. L’idée est de développer une base qui
vous assurera un bon suivi dans votre localité et qui vous permettra de vous faire voir des acheteurs.

C’est alors que quand, par la suite, vous allez rencontrer les « vrais » acheteurs, ceux-ci ont déjà entendu parler de vous et
vous ne leur êtes pas étranger. Ils pourront enfin vous identifier et mettre un visage sur le nom qu’ils entendent depuis un
certain temps. Si vous avez fait vos devoirs, le reste devrait suivre logiquement.

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Trouver les acheteurs


La plupart des musiciens autogérés travaillent souvent bien en dessous du radar des acheteurs et des agents. Le simple fait
d’essayer de trouver qui sont les acheteurs dans un marché que l’on connaît à peine peut être une corvée en soi.

Encore une fois, notre meilleur conseil est de passer maître dans l’art réseautage. Même s’il y a plusieurs magazines et journaux
qui impriment des listes de salles de spectacle ou d’acheteurs potentiels, celles-ci sont presque toujours incomplètes ou inex-
actes. La meilleure source d’informations est sans aucun doute les musiciens qui vous entourent. Essayez de connaître et de
discuter avec les artistes de votre localité. Et si jamais vous ne trouvez personne qui peut prendre le temps de vous parler, il y
a toujours des sites Internet qui pourront vous aider ou des musiciens qui sont de passage dans la région. Être timide ou
gêné ne vous aidera en rien — si vous ne pouvez pas parler à des étrangers pour trouver ces renseignements, comment pou-
vez-vous monter sur une scène et faire un spectacle?

Dites-vous que les autres musiciens savent déjà qui présentent des spectacles de musique, combien payent-ils et quel genre
de foule se pointera au spectacle. Cette information vaut son pesant d’or. L’attitude du « fait le toi-même » a été grandement
utilisée par les groupes de musique punk des années 80 et aujourd’hui, il y a des réseaux pour tous les genres de musique,
même pour la musique classique. Vous pouvez vous servir de ces réseaux (même en début de carrière) pour planifier de petites
tournées d’une semaine ou deux. Une fois que vous vous êtes établis dans un nouveau marché, vous pouvez vous servir de
celui-ci pour en conquérir un autre. De cette façon, vous avancez lentement mais sûrement.

Comment se faire remarquer


Nous avons déjà discuté de publicité dans ce document, mais ce qui y est inscrit vaut aussi pour ce qui concerne la tournée
de spectacle. Personne ne va voir un artiste qu’il ne connaît pas ou dont il n’a jamais entendu parler. Il doit y avoir quelque
chose qui fait en sorte que les gens sortent pour voir votre spectacle. Le meilleur outil à votre disposition est la publicité.

Il est surprenant de constater à quel point certains groupes ne s’occupent pas de leur propre publicité. Cela ne fait aucun sens.
Faire circuler un communiqué de presse sur le spectacle que vous allez faire, envoyer des affiches et des photographies, etc.,
prends du temps, mais ne coût pas beaucoup d’argent. Le simple fait de faire cela garantit déjà un minimum de publicité.

Même si vous ne pouvez avoir un article dans vos journaux locaux, vos efforts ne sont pas en vain. Envoyez votre dossier de
presse ou votre communiqué à des journaux étudiants et des journées de quartier. Trouvez des radios de collèges ou des
radios communautaires qui reflètent votre style et contactez-les. Radio-Canada favorise parfois les nouveaux venus — envoyez
ce que vous avez à tout ce qui bouge et quelqu’un devrait mordre à l’hameçon.

Même s’il ne s’agit que d’une petite mention, cela vaut quand même quelque chose. Votre nom écrit à quelque part est…
écrit quelque part! Même si vous attirez peu de monde au spectacle, si vous êtes bon, ces gens se chargeront de faire de la
publicité pour votre spectacle.

Comment évaluer sa valeur marchande


Beaucoup de musiciens se torturent en se demandant combien il devrait recevoir pour leur service. En vérité, cela est plutôt
simple, surtout au début de votre carrière. Une chose est sûre, que vous soyez rock, populaire, hip-hop, DJ ou country, vous
pouvez vous attendre à ne rien recevoir pour vos premiers spectacles. Les groupes qui font la première partie de d'autres,
plus connus, sont généralement payés très peu ou ne reçoivent tout simplement rien.

Ce n’est que lorsque vous commencez à faire vos preuves que vous pouvez vous attendre à recevoir ce qui est considéré
comme étant quelque chose d’extraordinaire dans le milieu — une garantie. Une garantie est une somme d’argent fixe, montant,
que l’acheteur accepte de vous payer, peu importe le nombre de personnes qui vient voir le spectacle. Il y a des chances que ce

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montant soit basé sur le nombre de personnes qui se sont déplacées pour votre dernier spectacle. En d’autres mots, si vous
avez eu 100 personnes au dernier spectacle et qu’ils ont tous payé 5 $, cela signifie que vous valez maintenant entre 400 et
500 $. La même règle s’applique dans un petit bar que dans un stade bondé. La plupart des acheteurs de métier vous donneront
d’avance un dépôt de 50 % du montant en garantie, qui sera évidemment déduit du cachet total. Le reste est habituellement
payé après le spectacle. Ceci peut être pratique pour l’artiste comme pour l’acheteur. Pour vous, il s’agit d’une assurance
que, si vous vous déplacez pour le concert, vous serez payé pour celui-ci. Pour l’acheteur qui investit de l’argent, ceci con-
stitue une motivation supplémentaire pour redoubler d’effort afin de s’assurer que le spectacle sera un succès.

Après avoir démontré que vous pouvez vendre des billets ou que vous pouvez vendre un bon nombre de CD sur le marché,
vous pouvez vous attendre à ce que votre valeur marchande augmente en fonction de ceux-ci. Cela s’explique très simplement
par le fait que les acheteurs et les agents n’aiment pas prendre de risques. Si vous remplissez toujours vos salles, cela devrait
se refléter sur le prix que vous faites aux acheteurs. Alors, cela vaut vraiment la peine de travailler dur pour vous assurer qu’il
y ai toujours des gens à vos spectacles même quand vous prenez la route.

Votre valeur marchande peut être plus difficile à évaluer si votre marché n’est pas dans le créneau de la musique populaire,
par exemple, les musiciens qui œuvrent dans le marché de la musique folk ou de la musique classique. Plusieurs musiciens qui
œuvrent dans le classique participent à ce que l’on appelle des spectacles saisonniers ou « saisons ». Dans ce genre de situation,
un acheteur donné présente une série de concerts durant l’année, concerts qui sont vendus au public comme un tout. Les gens
payent donc un seul prix pour voir plusieurs spectacles. De cette manière, l’acheteur n’est pas nécessairement dépendant
des ventes de billets pour vous verser un cachet, car il a d’autres spectacles sur lesquels il peut compter pour recouvrer ses
frais. Cette façon de faire se répercute sur le salaire de l’artiste qui recevra un montant fixe pour l’ensemble de la série au
lieu d’un cachet différent à chaque spectacle. Ce montant fixe est habituellement plus élevé pour l’artiste qui fait ce genre
d’ententes que pour l’artiste qui essaie de le faire en dehors du cadre de la « série ».

La triste vérité est qu’il y a beaucoup de concurrence entre les artistes qui veulent faire partie de ces séries et à moins d’avoir
fait beaucoup de tournées ou d’avoir gagné un prix prestigieux, vous devrez travailler très dur pour y avoir accès.

Le revenu principal des artistes qui œuvrent en musique folk, blues et jazz provient généralement de leur participation à des
festivals. Encore une fois, le montant payé pour ce genre de spectacle est habituellement fixe, tout dépendant de votre
place sur l’affiche et des frais de déplacement que vous avez à payer pour participer à l’événement, etc.

Même si la plupart de festivals de musique folk, blues ou jazz ne paient pas de gros cachet aux artistes, il y en a beaucoup
et si vous arrivez à tirer votre épingle du jeu cela peut représenter une somme d’argent qui en vaut la peine. De nos jours,
plusieurs artistes en musique populaire développent spécialement une version acoustique de leur spectacle pour pouvoir
participer à ce genre d’événements. De cette façon, ils peuvent, eux aussi, profiter de ce marché lucratif.

C’est une chose de déterminer ce que vous valez, mais c’est une autre de réussir à se faire payer. Le Canada (comme le reste
du monde) pullule de promoteurs sans scrupules, de propriétaires de bars douteux, de festivals sous-financés et d’autres
choses du même genre.

Il y a toujours deux façons de se faire payer pour un concert; la première (et la plus sûre) est la garantie dont nous vous avons
fait part plus haut. Malheureusement, les nouveaux artistes se font généralement offrir de « jouer pour la porte ». Il n’y a rien
de compliqué concernant cette façon de faire; quelqu’un se tient à la porte et fait payer chaque personne qui entre. À la fin de
la soirée, l’argent est compté et, basé sur une formule négociée entre le propriétaire de l’endroit et l’artiste, est divisé entre ceux-ci.

Ce genre d’ententes est pratique courante. Cependant, du point de vue du musicien, « jouer pour la porte » est loin d’être
l’idéal. Vous n’avez aucun moyen de prévoir le montant d’argent que vous recevrez donc, vous ne pouvez pas établir de
budget précis et vous dépendez totalement de l’honnêteté d’un étranger pour recevoir votre part du gâteau. Ce genre d’ententes
offre quand même un avantage, si vous avez demandé une garantie et qu’il y a plus de monde que prévu, vous pourriez vous
retrouver avec moins d’argent que si vous aviez « jouer pour la porte ». Dans une entente honnête, vous seriez censé recevoir

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le montant qui correspond à ce que vous valez le soir même et non le montant que vous valiez la dernière fois que vous avez joué
dans cet endroit. Si votre groupe devient plus populaire et qu’il y a un « buzz », vous voulez faire le maximum d’argent possible.

De loin, le meilleur scénario est une « garantie plus la porte ». Ce genre d’ententes offre le meilleur des deux mondes. En
théorie, quand vous fonctionnez de cette façon, vous avez, au départ, une garantie. Puis, après que ce montant et les autres
dépenses reliées au spectacle ont été remboursés, l’acheteur accepte de séparer ce qui reste avec l’artiste.

La plupart des ententes majeures dans le milieu du spectacle fonctionnent de cette manière. Même les spectacles présentés
dans les stades par les groupes comme U2 ou les Rolling Stones ont essentiellement une « garantie plus la porte » et la plupart
des gros acheteurs au Canada ont ce genre de pratique.

L’art de ne pas se faire avoir


l n’y a vraiment qu’un seul moyen de s’assurer que vous ne vous ferez pas avoir — l’acheteur doit signer un contrat.

Si vous avez un contrat signé par les deux parties et si vous honorez vos engagements, vous avez en votre possession un outil
légal qui vous servira si jamais vous n’êtes pas payé pour vos services. La menace d’une action en justice peut faire en sorte
que les acheteurs récalcitrants y pensent deux fois avant de ne pas vous payer.

Devenir membre d’une association professionnelle (ou syndicat) de musiciens (nous en parlerons plus loin) pourrait vous
donner beaucoup de pouvoir de négociation. Ce type d’association existe pour renforcer, au profit des musiciens, les ententes
entre ceux-ci et les acheteurs — leur expérience légale et les moyens qu’ils ont pour faire respecter les conditions de travail
des musiciens sont considérables. Les contrats que vous signez et qui sont sous la responsabilité des syndicats (que l’on
nomme aussi associations professionnelles) sont généralement blindés. Les acheteurs savent que, lorsqu’ils signent ce genre
de contrats, ils devront respecter leur partie de l’entente. Ces associations s’assurent que vous soyez payé selon une échelle
de salaire minimum, ce qui est loin d’être au désavantage des musiciens. Si l’acheteur potentiel ne peut payer les minimums
exigés par ces associations, posez-vous des questions.

Si à la fin du spectacle l’acheteur refuse de payer, vous n’êtes pas sans recours. Ne succombez pas à la tentation de vous battre
ou de partir avec vos recettes sans poser de questions. Si vous avez un contrat approuvé par une association professionnelle,
appelez-les avant de faire quoique ce soit. Si vous ne le faites pas, vous risquez de vous en tirer avec votre dignité intacte, mais
avec un portefeuille vide. Si l’acheteur n’a pas agi en toute bonne foi, vous pouvez aller devant la cour des petites créances.
Plus vous aurez de preuves pour appuyer votre demande, plus ceux qui n’ont pas rempli leurs obligations se retrouveront
coincés.

Avoir des revenus


Nous avons déjà discuté de l’importance des finances pour les musiciens dans ce document, mais il y a un point qui mérite
que l’on s’y attarde.

La pire erreur qu’un musicien autogéré peut faire est de faire en sorte que ses coûts de tournée soient plus élevés que ses
revenus. Avant même de penser à faire une tournée, vous devez avoir un portrait exact de la situation financière. Cela veut
dire pouvoir estimer et évaluer tout ce que l’on fait — l’essence, l’hôtel, la nourriture, les instruments, les assurances, la location
e voiture, les salaires, la bière, etc., toutes les dépenses que vous pouvez imaginer. C’est alors que vous devez évaluer l’argent
qu’il sera possible de faire. Vous devez évaluer le tout avec un sens aigu du réalisme. Si vous faites une tournée d’une semaine
en jouant pour la porte, alors vous devriez vous attendre à un montant peu élevé au niveau des revenus. À la fin de l’exercice,
vous devriez toujours savoir exactement ce que vous allez faire comme argent. Si les finances de la tournée demandent au groupe
de coucher dans une tente ou de manger des boîtes de conserve, faites-vous à l’idée. À moins que vous soyez indépendant

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de fortune, perdre de l’argent n’est pas une option.

Une façon de planifier saine et réaliste vous aidera à tourner et vous permettra de le faire assez longtemps pour, nous l’espérons,
en retirer un peu de sou.

Rester en santé
Cela peut sembler évident, mais rester en bonne santé lorsque vous êtes sur la route représente un véritable défi. Physiquement,
faire un spectacle peut se comparer à une séance d’aérobie de deux heures que vous devez faire chaque soir et si vous n’êtes
pas en forme, votre corps ne pourra fournir l’énergie nécessaire afin de passer au travers.

Vous devez bien vous alimenter, dormir le plus possible et éviter le plus possible de boire de l’alcool et de fumer. Pour les
chanteurs, le repos est vital alors, nous vous suggérons, de parfaire l’art de la sieste. Souvenez-vous que la qualité de votre
spectacle aidera à déterminer si les gens reviendront voir votre spectacle la prochaine que vous serez en ville. Si vous négligez
votre santé, votre spectacle pourrait en souffrir et par conséquent, votre carrière aussi.

L’art mystique du son en spectacle


S’il y a bien une chose dont les musiciens se plaignent constamment, c’est bien d’avoir un mauvais son en spectacle. Que vous
jouiez dans un garage ou dans un stade, il n’y a rien qui puisse rendre un spectacle pénible comme le fait d’avoir des retours
de son (que l’on nomme aussi feedback) qui vous arrache les oreilles, une voix complètement étouffée par les autres instruments
ou un son de batterie qui donne des maux d’estomac. Rares sont les musiciens qui n’ont jamais crié en sortant de la scène
: « Le son était pourri ».

Le son en spectacle est un art en soi et il y a plein de livres qui traitent du sujet. Ce ne sont pas tous les musiciens, même
ceux en autogestion, qui peuvent facilement saisir toutes les subtilités de cet art, que ce soit le placement des amplificateurs,
la compression ou les consoles de mixage. Cela ne signifie pas que parce que c’est compliqué, que l’on ne doit pas y porter
attention, au contraire. Il y a plusieurs règles et stratégies à suivre et si elles sont bien appliquées, celles-ci vous assureront
que le son que vous aurez en spectacle ne sera pas votre ennemi.

1) Simplicité — Que vous ayez un bon ingénieur de son pour le mixage ou que vous tentiez de le faire vous-même à l’aide d’une
console placée au fond de la scène, la meilleure règle à suivre est de garder les choses simples. Cela signifie que tout doit
fonctionner, que les voix soient claires et que les retours de son soient maintenus à un minimum. Si cela veut dire de ne pas
utiliser tous vos super effets sonores ou que le guitariste ne peut pas jouer des dix instruments qu’il a apportés ce soir-là,
le bon sens veut que vous devrez vous y faire. Moins vous avez de microphones, d’amplificateurs et d’autres trucs branchés
sur la scène, moins vous risquez que les choses tournent mal. Tant que vous ne pourrez avoir une équipe professionnelle
avec vous, la simplicité est votre ami.

2) Ne prenez pas les choses trop au sérieux — De toute évidence, vous devriez vous assurer d’avoir toujours le meilleur son
possible. Par contre, ne faites pas l’erreur de croire que votre auditoire s’en soucie autant que vous. Même si la résonance
du bass-drum est une question de vie ou de mort pour votre batteur, ce n’est pas le cas pour les gens dans la foule.
Éventuellement, vous vous retrouverez sur une scène et vous n’aurez pas eu le temps de faire un test de son. Pour beaucoup
de festivals, ce genre de choses est pratique courante. Disons que vous avez quarante-cinq minutes pour faire votre test de
son au festival X; vous pouvez en prendre trente-six pour avoir un excellent son de saxophone ou bien, vous assurez que tout
fonctionne correctement et laissez votre prestation parler d’elle-même. L’auditoire vous pardonnera si votre son n’est pas
parfait; il vous pardonnera moins s’il doit passer trente minutes, assit par terre, à écouter un test de son pour la batterie,
juste pour entendre deux chansons.

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3) Achetez-vous un système de retour sans fil avec écouteurs intra-auriculaires (couramment appelé in-ear monitors). Ces
moniteurs personnels et portatifs sont idéalement adaptés au jeu de scène ainsi qu’à l’écoute mobile de tout type de musique
et vous permettent d’avoir votre propre système de moniteurs partout sur scène. Nous savons que ce genre de technologies
peut être dispendieux. Par contre, si vous décidez de l’acheter, ce sera de l’argent bien dépensé. Si jouez le genre de musique qui
vous oblige à demeurer de longues heures devant les caisses de son et les amplificateurs à haut volume, cela peut vous épargnez
bien des maux de tête (et d’oreilles). Ces jours-ci, vous pouvez vous en procurer un bon pour environ 1000 $. N’oubliez pas que
cela vous permettra de vous entendre clairement peu importe la grandeur de la scène. Plus jamais vous ne jouerez devant
les moniteurs en vous plaignant de ne pas assez entendre la voix, la guitare ou la batterie.

4) Apprenez le vocabulaire — Les musiciens autogérés ne peuvent pas toujours avoir un technicien de son ou de moniteurs.
Pour y remédier, vous devrez apprendre le vocabulaire d’usage afin de communiquer efficacement et rapidement avec la personne
qui exécutera cette tâche pour vous. Apprenez ce qu’est un « AC Drop » ou un « DI ». Par exemple, il ne sert à rien de dire
au technicien de son de « monter le treble ». Il vous regardera d’une étrange façon ou pire, montera quelque chose que vous
ne voulez pas. Apprenez l’échelle des kilohertz et quels sont ces effets sur votre voix ou votre instrument. Pour un technicien
de son, « baisse de 2K » veut dire d’éliminer une mauvaise fréquence au niveau de la bande moyenne supérieure. Cela fera
en sorte d’avoir l’effet escompté plutôt que d’avoir un retour de son inattendu qui vous fera exploser les oreilles.

5) Apportez une plantation de scène — Une plantation de scène est un plan d’une page qui montre en détail l’emplacement
de chaque instrument et de chaque musicien sur scène ainsi que le nombre de prises d’alimentation requises, le nombre de
microphones, de pied de cymbales, etc. Ce plan montre à une équipe où et comment positionner votre matériel sur la scène
et risque d’épargner à tout le monde des heures de frustration. Dans un festival où vous ne connaissez pas les gens avec qui
vous travaillez, cela leur permettra de travailler rapidement et avec beaucoup de précision.

La tournée internationale
Plusieurs musiciens autogérés ignorent la perspective d’une tournée internationale, s’imaginant que cela est bien au-delà
de leur capacité. Ce n’est pas toujours le cas. La plupart des artistes qui évoluent dans des marchés de niche comme les
artistes de musique folk ou de musique jazz, font des tournées partout dans le monde, même s’ils voient rarement l’intérieur
d’une limousine ou d’une chambre d’hôtel cinq étoiles. Plusieurs groupes canadiens de musique punk, de musique métal
ou de musique rap, sont capables de faire des tournées internationales même s’ils ne sont pas très connus à domicile.

Encore une fois, nous pourrions écrire un livre à ce sujet. Par contre, il y a quelques trucs qui vous aideront à vous mettre
sur les rails rapidement. Premièrement, si vous voulez faire des tournées internationales sans le soutien d’un agent ou d’une
maison de disques, vous devez avoir un énorme réseau de contacts. Vous devez trouver des lieux, des acheteurs et des occasions
de jouer qui sont liés spécifiquement à votre style de musique. L’Internet et les autres musiciens sont généralement une
bonne source d’informations. De toute évidence, vous devrez trouver des spectacles qui pourront vous rémunérer d’une
façon ou d’une autre même si cela est sous forme de nourriture ou d’hébergement.

Les tournées internationales, même pour les artistes connus, ne sont pas toujours très lucratives. Les billets d’avion out-
remer, les hôtels et la location de véhicule peuvent faire fondre les profits rapidement. Malgré cela, même si le fait de fi-
nancer ce genre de tournées s’avère difficile, la satisfaction de jouer dans un festival à Paris ou à Berlin peut largement
compenser pour le fait de revenir à la maison sans le sou. Il y aussi plusieurs subventions pour ce genre de tournées et elles
sont habituellement plus faciles à obtenir que celles qui sont pour les tournées à domicile. Les consulats canadiens à l’é-
tranger ont des employés qui peuvent vous assister dans votre recherche de festivals et de contacts auprès des médias à l’in-
térieur de leur pays. Regardez notre liste de liens pour de plus amples informations.

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Les vitrines de spectacles, les concours et autres spectacles gratuits


Presque tous les musiciens, peu importe leur genre de musique, se demandent quoi faire avec ce genre d’événements. Les
« vitrines de spectacles », les spectacles-bénéfices et autres concours peuvent être tentants. Au début de votre carrière, ils sont
indispensables. Ils vous donnent la chance de jouer, parfois de tourner, sans la pression d’avoir à vendre des billets pour le spectacle.
Tous ces événements procurent beaucoup de publicité et sont une occasion idéale d’alimenter votre réseau de contacts.

Par contre, ils ont aussi leurs aspects négatifs. La vérité est qu’il n’y aucun groupe qui a déjà signé un contrat de disque impor-
tant à la suite d’un de ces événements. Ce genre de choses peut aider, mais personne n’est prêt à investir une somme d’ar-
gent sur la base d’une bonne prestation. Vous êtes toujours mieux de suivre le long chemin en vous bâtissant une base
solide de fans et en vous méritant, lentement mais sûrement, le respect de l’industrie. Et comme l’a déjà dit un vétéran de la
scène musicale : « La bonne publicité ne fait pas vivre, si c’est tout ce que l’on a, on peut facilement mourir de faim ». En
d’autres mots, les gens ne paient pas vraiment pour aller vous voir dans ce genre de contexte. Si vous participez à un con-
cours où le public vote ou à un spectacle-bénéfice pour une cause environnementale, le public ne verra pas vraiment la dif-
férence entre cela et un spectacle où vous êtes réellement en vedette. Ils paient pour vous voir — un point c’est tout. Le fait que
vous jouiez gratuitement et que vous n’ayez pas d’argent pour payer votre loyer est votre problème, pas celui de vos fans. Soyez
assez vigilants pour bien balancer les prestations gratuites et les prestations payantes et, à long terme, cela risque d’être plus
bénéfique pour vous

VII. LE MONDE DU NUMÉRIQUE


Internet — Sauveur ou Croque-mitaine?
La pensée courante dans l’industrie de la musique au sujet d’Internet se situe en deux camps. Celui des enthousiastes le conçoit
comme un levier positif, voire même révolutionnaire, dans les changements qu’il apporte aux paradigmes de fonctionnement
de l’industrie. Le partage de fichiers MP3, le site MySpace, le téléchargement ainsi que le phénomène iTunes sont tous des
médias qui modifient la façon dont le public découvre et consomme la musique. L’autre camp, lui, le voit d’un tout autre
angle. Ils estiment qu’Internet a décimé l’ancien modèle d’affaire le remplaçant par de faux espoirs et par de nouvelles règles
déroutantes qui de surcroît laisse les musiciens sans réelle participation financière dans leurs créations.

D’une certaine façon, les deux camps disent vrai. Il est certain qu’Internet a irrévocablement changé la face de l’industrie
de la musique. Au moment d’écrire ces lignes, les gens téléchargent plus de chansons que d’albums. Et, la prolifération des
sites de réseautage social et de diffusion de vidéoclips participatifs a fourni aux musiciens ambitieux de puissants outils pour
entrer en contact avec leur public. Qu’on le veuille ou non, les sites de partage et de téléchargement de fichiers continuent
de proliférer, et tout ça, au bénéfice du consommateur.

Malheureusement, les résultats sont plus mitigés pour l’artiste moyen. Le secret bien gardé des sites comme iTunes est que
l’artiste gagne probablement moins d’argent pour la vente de téléchargements que pour la vente de disques compacts (CD).
De façon générale, les consommateurs qui visitent de tels sites cherchent des chansons spécifiques, mais ils n’achètent
habituellement pas l’album complet. Ce fait porte un sérieux coup économique à l’artiste. Même celui avec un contrat de
disque désavantageux peut gagner au moins 3 $ par CD, alors que les artistes indépendants et autogérés font souvent plus.
Télécharger une chanson coûte généralement moins d’un dollar. De ce dollar, l’artiste peut se compter chanceux s’il reçoit
quinze sous. Faisons le calcul en comparant cent CD vendus par opposition à mille chansons téléchargées sur Internet.

• 1000 CD @ 3$ = 3000 $
• 1000 téléchargements @ 0,15 $ = 150 $

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Stupéfiant, non? Qui plus est, l’engouement pour le téléchargement de fichier a décimé les détaillants de disques traditionnels.
Comme de moins en moins de gens achètent de CD, les compagnies de disques, les détaillants et les distributeurs ont vu
leurs marchés décroître voire même s’effondrer pour la plupart. Cela signifie moins d’endroits pour vendre votre musique, moins
de concurrence et moins de gens désireux d’investir dans la mise en marché, la promotion croisée, les enregistrements, etc.
Sachant que la raison de vivre d’iTunes est de mousser la vente de iPods, certains en viennent même à douter de la profitabilité
des services de téléchargements musicaux.

Que faire? Témoins de leur industrie qui s’effondre, les compagnies de disques mènent un combat désespéré. Vous ne
voulez pas vous monter sur ce navire qui coule.

Tirer profit d’Internet


Tel qu'il a été mentionné dans le paragraphe d’introduction, Internet peut s’avérer une arme redoutable dans votre arsenal.
La clé du succès dans l’environnement Internet est d’ignorer l’ancien modèle d’affaires. La vente au détail de CD n’est plus
le principal conduit vers le consommateur. Sa validité commerciale demeurera, mais vous ne devriez pas construire votre
carrière sur ce modèle.

À la place, vous devriez porter votre attention vers ce dont Internet se nourrit et ce que vous avez à offrir : du contenu. Internet
est l’outil parfait pour diffuser de l’information à la vitesse de l’éclair. Cependant, comme force créatrice, il n’est d’aucune aide.
Cet outil de communication a désespérément besoin de créateurs, tels les artistes autogérés, pour combler les goûts et attentes
de ce dont les gens ont envie de voir, d’entendre et ultimement, d’acheter.

Le truc est de joindre les gens pour qui votre musique pourrait avoir un certain intérêt. Approcher les sites payants tels iTunes
est relativement facile, sauf qu’une fois vos chansons offertes sur ces services, quelles sont les personnes qui les téléchargeront?
Il y a des millions de chansons sur iTunes, sans compter les sites compétiteurs, comment ferez-vous pour vendre vos œuvres?

C’est ici que vos efforts seront récompensés. La plus importante démarche de tout musicien sensible au pouvoir d’Internet est
de se construire une communauté d’auditeurs et d’admirateurs. Vous devez héberger votre propre site Web et créer des profils
sur le plus de sites de réseautage social possible. Si vous avez des extraits visuels, offrez-les sur les sites de vidéos participatifs
et efforcez-vous d’en faire leur promotion. De plus, faites répertorier votre musique sur les radios Internet comme pandora.com.
Même s’ils vous payeront probablement des sommes dérisoires, ils peuvent néanmoins attirer l’attention sur vos projets.
Vous devez également être l’affût des sites où se rassemblent les adeptes de musique comme la vôtre. Du coup, invitez ces
fans potentiels à visiter votre site et assurez-vous que lorsqu’ils y seront, qu’ils y seront bien accueillis avec un site des plus
interactif. Ces nouveaux adeptes doivent ressentir un lien profond avec la personnalité de l’artiste. Paradoxalement, malgré
le caractère impersonnel des interactions dans l’univers numérique, il n’en demeure pas moins qu’elles facilitent le pont entre
l’artiste et le public.

Votre site doit inclure votre musique sous forme d’échantillons pour l’écoute ainsi que disponibles à l’achat. Un contenu
visuel attrayant et des sections « nouvelles » et « dates de tournée » continuellement mises à jour sont recommandés. Toute
autre idée rehaussant l’attrait général est la bienvenue. Par exemple, un certain groupe de musique offre un pari sportif contre
les membres du groupe aux visiteurs du site. D’autres tiennent régulièrement des séances de clavardage. Plusieurs musiciens
ont des journaux personnels, des blogues et s’assurent d’encourager l’interactivité par l’entremise de sections dédiées aux
commentaires de leurs fans sur leurs sites. Le but est de créer une communauté de gens, qu’importe leur provenance, qui
porte un intérêt marqué pour votre musique.

Avec de la chance, cette communauté sera des vôtres lors de vos futurs concerts ainsi que de fervents consommateurs de
vos albums. Une fois rassemblée, cette communauté peut croître exponentiellement par le bouche à oreille.

Plus vous offrez de contenu, tant numérique que sous d’autres formes, à vos consommateurs potentiels, meilleures sont
vos chances. Un détaillant traditionnel doit vendre une certaine quantité afin de couvrir ses dépenses, alors que la création

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d’un magasin et d’une communauté en ligne est peu dispendieuse. Vendre une chanson ici et une autre par là peu générer
des revenus substantiels. Comme vous n’avez pas à débourser des frais de fabrication et de distribution, l’entreprise peut
s’avérer aussi lucrative que la vente de CD. Cependant, n’oubliez pas de protéger votre musique avec des Mesures de Pro-
tection Technique. Le fait d'offrir vos œuvres sur iTunes ou MySpace ne change rien à votre propriété intellectuelle. Soyez
prudent avec ces sites qui n’offrent aucune garantie par rapport à vos droits d’auteur. Personne ne peut vendre vos chan-
sons sans votre autorisation, sauf si vous avez négligé de lire toute cette paperasse.

Il est également suggéré de vous procurer un code ISRC (c’est-à-dire : International Standard Recording Code). Ce code
unique et permanent pour les œuvres musicales facilitera leurs suivis et les paiements de redevances qui découlent de leur
utilisation. L’Association de l’Industrie canadienne de l’Enregistrement ou CRIA (voir le lien) en assume la gestion.

Dans la nouvelle ère post-CD, les concerts sont votre principale source de revenus, et ce, malgré tous les efforts mis de l’avant
pour vous démarquer dans l’univers virtuel. Cependant, Internet demeure un outil de choix pour se créer un public. Voyez
Internet comme une façon de vous enraciner dans le milieu et d’y grandir.

Bien sûr, tout cela exige un travail colossal. Si vous l’utilisez comme un allié plutôt qu’un ennemi, vous ne pourrez vous soustraire
de l’effort soutenu que cela exige. Dans n’importe lequel des genres musicaux, chaque musicien se doit de générer de l’engouement
pour son travail. Rien ne vaut Internet pour créer de l’engouement. Votre travail en sera un d’allumeur. Faites le bien et vous
sortirez gagnant.

Avertissement
Depuis peu, un mouvement idéologique s’installe dans l’industrie de la musique enregistrée qui suggère aux créateurs de
ne pas perdre leur temps à espérer être payé pour leurs chansons. Offrez vos chansons et laissez-les faire leur bout de
chemin tandis que vous vaquerez à votre activité principale, la tournée.

Il y a encore beaucoup de résistance par rapport à cette idéologie donc ne vous sentez pas obligé de vous hâter à rendre
tout votre catalogue disponible sur Gnutella. Pas encore. Mais en bon gérant de votre propre carrière, vous devez garder
l’œil ouvert sur toutes les possibilités, car vous ne pouvez faire du rattrapage. Internet façonne constamment le modèle d’affaires.
Restez à l’affût et vous serez bien placé pour la prochaine révolution.

VIII. LES FINANCES


Être réaliste
Le meilleur conseil que l’on puisse donner à un musicien autogéré concernant ses finances est d’être réaliste.

Bien avant de quitter votre emploi ou l’école et de faire de la musique à temps plein, vous devez regarder de façon froide,
distante et lucide votre situation financière. Se gérer soi-même veut aussi dire être travailleur autonome. Cela signifie aussi
que vous laisserez le monde confortable des assurances, des régimes de retraite et tous les types de protection qu’un emploi
régulier peut vous donner.

Vous devez apprendre à tenir vos livres de manière professionnelle, ce qui revient à dire que vous devez posséder des connaissances
minimales sur la façon dont sont taxées les entreprises. Vous devrez établir votre crédit — vos parents ne partiront pas en tournée
avec vous pour payer vos factures. D’abord et avant tout, vous devez être honnête avec vous-même quant à vos entrées et
sorties d’argent.

Rien de tout cela n’est très compliqué. Malheureusement, cela est très ennuyant et c’est souvent la première chose que l’on

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remet à demain. Personne ne veut faire carrière en musique pour remplir de la paperasse. Par contre, si vous planifiez faire
une véritable carrière au sein de l’industrie musicale, vos connaissances en matière de finances seront aussi importantes que
vos connaissances musicales.

La tenue de livre
Il n’est pas donné à tous les musiciens autogérés de se payer un comptable professionnel, particulièrement en début de carrière.

Cela ne veut pas dire que vous devriez vous cacher la tête dans le sable en attendant que les problèmes de taxes et de crédits
disparaissent d’eux-mêmes. Il n’y a aucune excuse valable pour ne pas apprendre les rudiments de la tenue de livre. Au
mieux, vous économiserez de l’argent, au pire, vous éviterez les problèmes qui risqueraient de vous mener en court.

L’ordinateur que vous utilisez a probablement un tableur. Un tableur (ou chiffrier électronique) est un logiciel permettant
de manipuler des données numériques et d'effectuer automatiquement des calculs sur des nombres stockés dans un tableau.
Il est ainsi possible d'automatiser des calculs complexes mettant en jeu un grand nombre de paramètres en créant des
tableaux appelés feuilles de calcul. Ainsi, le tableur est un outil pouvant servir aussi bien pour des activités de secrétariat
afin de saisir et d'organiser de nombreuses données, mais aussi à un niveau stratégique et décisionnel en permettant de créer
des représentations graphiques synthétisant les informations. À la limite, vous pouvez vous procurer un grand livre avec quatre
colonnes. La première est celle des revenus (les entrées d’argent), la deuxième, vos dépenses (vos sorties d’argent), la
troisième, vos taxes et la quatrième colonne, votre total. À la fin du mois, il faut que le montant total indiqué dans votre
livre soit le même que celui de votre compte bancaire. Si vous avez tout fait correctement, les deux montants devraient concorder.

Les taxes
Les musiciens autogérés se retrouvent souvent avec des problèmes reliés aux taxes. La raison est toujours la même — ils n’ont
tout simplement pas payé ce qu’il avait à payer. Les musiciens ont la mauvaise habitude de traiter leur entreprise comme
si elle existait dans un monde fantastique où les taxes et la paperasse s’évaporent avec le temps.

De toute évidence, cela est complètement ridicule. Quelques efforts vous éviteront bien des problèmes.

Il y a deux sortes de taxes sur lesquelles vous devez porter votre attention. La première est la taxe sur le revenu. Aussitôt que
vous êtes rémunéré pour un spectacle, même s’il s’agit d’un montant de 200 $, vous devez inscrire ce montant dans la
colonne des revenus. Mettez 20 % de ce montant de côté et envoyez-le au gouvernement. Faites cela religieusement et vous
n’aurez jamais peur de répondre au téléphone!

De toute évidence, cela est un peu simpliste, mais le principe de base est clair. Les promoteurs, les organisateurs de concerts,
les acheteurs, les agents et les propriétaires de club ne retiennent jamais cette taxe pour vous. Personne ne la collectera et
ne la paiera en votre nom. Quatre fois par année, en tant que musicien autogéré, le gouvernement s’attend à recevoir un
paiement basé sur votre catégorie fiscale. La façon la plus simple est de tenir vous-même vos livres. Vous devriez déjà avoir
un grand livre qui servira à vos finances, et si vous n’en possédez pas, achetez-en un maintenant. Vous devriez aussi ouvrir
un compte bancaire pour votre compagnie, ou si vous êtes une personne physique qui exploite une entreprise individuelle,
ouvrez-en un pour vos revenus provenant vos activités musicales. Dans une des colonnes de votre livre de comptes, prenez
note de chaque montant que vous recevez. Faites une autre colonne juste à côté avec le montant qui correspond à ce que
vous devez en taxe sur le revenu. Peu importe ce qu’il arrive, gardez le montant que vous devez en taxe à votre institution
financière et vous ne paniquerez pas lorsque viendra le temps d’effectuer un paiement. À la fin de l’année, remplissez votre
déclaration fiscale et si vous avez tenu vos livres de la bonne façon, vous ne devriez pas avoir de problèmes.

Cela s’applique aussi si votre compagnie est incorporée. Tout comme les personnes physiques qui exploitent une entreprise

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individuelle, les compagnies incorporées paient la taxe sur le revenu, font des paiements chaque trimestre et remplissent
leur déclaration fiscale à la fin de l’année. Par contre, il y a de légères différences que vous devez connaître (comme
le taux d’imposition, etc.). Vous devrez aussi établir un historique de paiement harmonieux avec le gouvernement.

Si vous faites vos paiements à temps et que vous êtes au-dessus de vos affaires, vous devriez éviter d’avoir à payer des
sommes ou des intérêts supplémentaires.

La taxe sur les produits et services (TPS) et les autres taxes de vente (Au Québec, il y a la TVQ) sont un peu plus com-
pliquées. La TPS est une taxe fédérale imposée sur la plupart des produits et services fournis au Canada. Chaque entre-
prise et autres fournisseurs de services doivent la facturer et la collecter. Dans les provinces de l’Atlantique, il y a quatre
provinces qui ont combiné leur taxe de vente provinciale à la TPS. La taxe de vente harmonisée (TVH) est une taxe provin-
ciale et comporte les mêmes règles fondamentales de fonctionnement que la TPS et s'applique au taux unique de 15 % sur
la même assiette de biens et de services. De ce taux, sept points de pourcentage représentent la composante fédérale et huit
points de pourcentage, la composante provinciale. Que vous soyez incorporé ou non, vous devrez la collecter et la payer.

Si vous êtes organisé (et comme musicien autogéré, vous devez l’être), la TPS/TVH ne devrait pas vous causer trop de maux
de tête. La plus grande erreur que font les musiciens est qu’il collecte la TPS et la TVH, mais ne la paie pas au gouverne-
ment. Par exemple, vous recevez 1000 $ pour jouer à un festival. La plupart des organisations paient automatiquement
la TPS et la TVH; vous avez votre chèque et à votre grande surprise, il y a 140 $ de plus que prévu. Ne vous faites pas avoir,
ce n’est pas un cadeau, mais bien la TPS et la TVH que les organisateurs ont ajoutés au montant total. Dans six mois,
quand vous recevrez votre facture de Revenu Canada, vous devrez rembourser ce montant.

Encore une fois, la façon la plus facile de ne pas avoir de problèmes est de tenir vos livres de manière rigoureuse. Comme tra-
vailleur autonome, chaque fois que vous recevez un paiement, vous devriez collecter la TPS et la TVH. Chaque fois que vous
faites un paiement, vous devriez prendre en note le montant de TPS et de TVH que vous avez payé. À la fin de chaque trimestre,
additionnez les deux colonnes et soustrayez les taxes que vous avez payées des taxes que vous avez collectées. La différence
correspond au montant que vous devez à Revenu Canada. Vous aurez besoin d’un numéro de TPS/TVH du gouvernement
pour commencer le processus (les adresses de Revenu canada et de Revenu Québec se trouvent à la fin du document dans
les liens utiles). Vous pouvez faire votre demande en ligne. C’est alors que vous aurez un compte avec le gouvernement et
vous êtes en affaire.

Si cela vous semble contraignant, gardez ceci à l’esprit : dans quelques mois, vous aurez à payer encore plus de TPS et de
TVH que ce que vous avez collecté. Si vos livres sont à jour, le gouvernement vous remboursera la différence. Si vous ne
vous êtes pas inscrit et que vos livres sont en désordre, vous ne verrez jamais la couleur de cet argent. Il faut aussi savoir
que le plafond pour collecter la TPS/TVH est de 30,000 $ par année. Si vous faites plus que cela comme fournisseur de
services, vous êtes légalement obligé de collecter et de payer les taxes. Il est de mieux de le savoir maintenant que d’essayer
de vous reprendre des années plus tard, quand vous vous serez fait prendre.

Les taxes de vente s’appliquent seulement lorsque vous vendez un produit, par exemple, un CD. Il y a quelques provinces
qui exigent que vous remettiez ces taxes directement au gouvernement respectif. Dans les provinces atlantiques, elles sont
incluent dans la TPS. Les Albertains sont chanceux, car eux ne paient pas de taxe de vente. D’une façon ou d’une autre,
vous devrez évaluer votre situation et, si nécessaire, vous inscrire auprès de votre autorité provinciale en matière de taxes. Les
employés sont là pour vous aider à démarrer le tout et pour vous aider à comprendre la tonne de paperasse que vous de-
vrez remplir. Encore une fois, si vos livres sont à jour et que vous avez fait ce qu’il faut, il ne devrait pas y avoir de situations
problématiques. Cela peut même s’avérer plus facile que vous ne le croyez. Vous pouvez aussi vous référer à la partie de
ce document qui s’intitule : Les premières étapes de la gestion de carrière pour plus de détails sur la façon de gérer vos
taxes personnelles et vos taxes d’entreprises.

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Les dépenses déductibles


Il y a beaucoup de mythes parmi les musiciens à propos des dépenses déductibles. En règle générale, il s'agit de toute
dépense raisonnable engagée pour gagner un revenu d'entreprise et vous pouvez donc déduire de vos revenus les dépenses
courantes engagées dans l'année en vue de gagner ces revenus. Elles incluent habituellement l’achat d’instrument de
musique, les transports, etc.

Comme tout ce qui concerne les taxes, ce n’est si simple que ce que les musiciens peuvent croire. En théorie, vous pouvez
déduire le coût d’une nouvelle guitare de vos revenus et ainsi baisser le montant de taxes que vous avez à payer. Par contre,
vous seriez peut-être mieux de faire une déduction de l'amortissement — qui est la différence entre ce que vous avez payé
et ce que cela vaut réellement, un montant qui diminue avec le temps . Cela est aussi vrai pour l’achat d’équipement comme
une camionnette ou un ordinateur, etc. Vous pouvez déduire la plupart de vos dépenses d’entreprises, et même les intérêts
que vous payez sur un prêt d’entreprise. Par contre, vous ne pouvez pas déduire chaque repas que vous achetez pour
quelqu’un d’autre, vos coupes de cheveux, vos revues de musique ou d’autres choses du genre.

Les différentes lois à ce sujet sont très claires sur ce qui est considéré comme étant déductible de vos impôts. Avant de vous
convaincre que d’être musicien vous a libéré de vos dépenses, prenez un guide traitant des taxes et lisez-le. Les règles
changent constamment alors vous devez rester vigilant et demeurer informer. Les travailleurs autonomes sont vérifiés avec
une régularité déconcertante. Si vos reçus semblent faux, vous aurez à payer la différence et les intérêts en plus. Déclarer
faillite ne vous aidera pas non plus. Les dettes fiscales ne disparaissent jamais.

Le crédit
Établir un bon crédit est vital pour tous travailleurs autonomes, mais cela peut s’avérer difficile. Les institutions financières et
les compagnies de cartes de crédit surveillent de près ceux qui n’ont pas un salaire régulier, même si leur revenu est très élevé.

Malheureusement, pour un musicien en tournée, la carte de crédit est devenue une nécessité. Louer des véhicules, acheter
des billets d’avion et payer pour les chambres d’hôtel est devenu presque impossible sans une carte de crédit. Même si vous trans-
portez de gros montants d’argent sur vous, vous risquez d’attirer une attention que vous voulez éviter lorsque vous êtes en
voyage.

Il y a deux solutions. Nous vous suggérons d’établir un bon crédit avant de devenir un musicien autogéré. Faites plusieurs
demandes de carte auprès de différentes institutions financières et utilisez-les judicieusement. Si vous payez votre dû
régulièrement, vous établirez un bon crédit. Il est important d'avoir des antécédents en matière de crédit. Si vous n'en avez pas,
vous pouvez commencer à en établir en utilisant une carte de crédit — dans la mesure où vous en faites un bon usage! Si vous
agissez de la bonne façon, les compagnies de carte de crédit seront heureuses d’augmenter votre limite de crédit. S’il est déjà
trop tard pour vous, faites une demande pour des cartes de crédit prépayées. Ce sont des cartes de crédit qui vous permet-
tent d’y déposer un certain montant et de les utiliser de la même façon qu’une vraie carte de crédit ou comme une carte de débit.
En ce qui concerne les gens qui exigent des cartes de crédit comme méthode de paiement, ce genre de cartes fait office de
cartes de crédit et vous permettra de louer des voitures, etc., sans avoir à faire signer votre mère comme cosignataire à
chaque fois.

Peu importe la route que vous choisissez, souvenez-vous de la règle d’or des cartes de crédit : payez votre balance chaque
mois. Si vous ne pouvez pas, payez autant que vous pouvez. Des paiements réguliers sont la clé pour établir de bons antécé-
dents en matière de crédit. De cette façon, quand vous magasinerez pour une hypothèque ou pour un prêt pour l’achat d’une
voiture, votre institution financière sera contente de faire affaire avec vous, même si vous êtes un travailleur autonome qui
joue de la clarinette dans un ensemble de musique Klezmer.

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Les syndicats
À un moment ou à un autre de votre carrière, vous devrez vous joindre à un syndicat de musiciens comme la Guilde des musiciens
et musiciennes du Québec (GMMQ) ou la Fédération américaine des musiciens (FAM). La plupart des grands ensembles
orchestraux l’exigent, tout comme certains festivals ou lieux de spectacles. Si vous faites une prestation à Radio-Canada,
vous devrez aussi avoir votre carte de membre du syndicat.

Plusieurs musiciens qui sont semi-professionnels hésitent à devenir membres; ils font une erreur. Comme travailleur autonome,
vous avez besoin de tous alliés possibles et les syndicats sont des alliés naturels. Les syndicats établissent les conditions mini-
males d’engagement pour leurs membres et les plus gros offrent généralement d’autres formes de protection . Ils ont plusieurs
ententes (que l’on nomme entente collective) avec les orchestres, les propriétaires de bars (ceux que l’on appelle « acheteurs
» dans le présent document), etc., et ils offrent des programmes d’assurances collectives à leurs membres. Ils surveillent les
endroits qui accueillent des musiciens et s’assurent que les acheteurs et que les maisons de disques traitent les musiciens
avec tout le respect qui leur est dû. Ils ont des ententes collectives avec les maisons de disques qui permettent aux musi-
ciens de recevoir des paiements supplémentaires (et autres droits connexes) pour les séances d’enregistrement qui se font
avec un contrat approuvé par ceux-ci. Pour un petit montant d’argent, vous pourrez profiter de la force du nombre que pro-
curent ces syndicats. Si votre contrat est un contrat approuvé par les syndicats, ils peuvent vous venir en aide si vous avez
des problèmes à vous faire payer en fournissant une aide légale. Souvenez-vous, si vous ne signez pas les contrats qui sont ap-
prouvés par les syndicats, vous ne pourrez pas recevoir leur aide.

Les syndicats ont aussi des ententes qui permettent facilement d’obtenir un visa pour les membres désireux de jouer aux
États-Unis. Les tournées en sol américain peuvent être très lucratives, mais malheureusement, la paperasse que vous devez
remplir peut être dispendieuse ou difficile à obtenir. Dans ce cas, l’assistance des syndicats est inestimable. Certains offrent
aussi des régimes d’assurance-maladie et des régimes d’assurance pour vos instruments de musique. Ces différents régimes
sont souvent difficiles à obtenir pour un musicien indépendant.

Beaucoup de bars vous demanderont de jouer pour moins que les conditions minimales d’engagement établies par les syndicats.
Faites très attention à ce genre d’offres; à la fin de la journée, vous devez quand même vous assurer d’être rémunéré de façon
juste et convenable pour vos services. Nous savons tous que les artistes en début de carrière jouent pratiquement pour
rien. Si vous prenez l’habitude de jouer pour moins que les conditions minimales d’engagement établies par les syndicats,
c’est l’ensemble des musiciens qui risque d’en souffrir.

Les contrats
Nous pourrions écrire un livre complet sur ce sujet. Les contrats avec les maisons de disques peuvent avoir plus de cent pages
et devraient se retrouver entre des mains expertes et spécialisées. De toute évidence, ce ne sont pas les vôtres. Les vôtres sont
expertes et spécialisées pour une autre facette du métier.

Aussitôt que vous commencerez à faire des prestations, vous rencontrerez différents types de contrats. Les contrats d’engagement
pour une prestation unique ont habituellement une page ou deux et sont assez directs. Encore une fois, nous pourrions écrire
un chapitre au complet sur chaque type de contrat, mais il y a quand même, comme pour le reste, des règles de base à suivre.

Un contrat est un document qui a une valeur légale. Cela vous oblige, comme musicien, à vous présenter sur les lieux et à
faire une prestation. En retour, si vous respectez votre partie de l’entente, le producteur du spectacle devra aussi respecter sa
partie. Si vous n’avez pas de contrats et que les choses tournent mal, ce sera votre parole contre la leur et vos chances d’être
rémunéré pour vos services seront grandement diminuées. Les syndicats de musiciens offrent d’excellents contrats, qui dictent

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clairement les règles pour toutes les parties. Même si vous ne faites pas partie d’un syndicat, votre modèle de contrat devrait
être le même. Votre contrat devrait contenir une explication claire de qui fera une prestation, du contenu musical, de la durée de
la prestation, de la méthode de paiement et tout ce qui peut être inclus dans ce genre d’entente, c’est-à-dire la nourriture,
les chambres d’hôtel, les frais de location d’équipements, etc. Assurez-vous que le coût de location du système d’amplifi-
cation général et du système d’éclairage soit couvert. Si vous avez à louer ce genre d’équipements, votre paiement ne sera pas
le même du tout.

Si les acheteurs ne veulent pas signer de contrats approuvés par les syndicats (de façon réaliste, plusieurs ne le feront pas),
utilisez ces contrats comme modèle et écrivez-en un vous-même. Si l’acheteur refuse de signer un contrat, demandez-lui
pourquoi.

Plusieurs acheteurs et organisateurs de concert vous demanderont de signer leur contrat maison. Encore une fois, soyez très
vigilant. Il est trop tard pour agir ou se plaindre une fois que le contrat est signé, surtout si vous n’aviez pas remarqué que
l’acheteur exige que vous portiez des habits de scène et que vous devez débourser vous-même pour la location de ceux-ci.

Les différences provinciales


Chaque province a ses spécificités fiscales. Le pourcentage des taxes provinciales, les dépenses déductibles et autres subtilités
financières varient d’une province à l’autre. Si vous travaillez seulement à l’intérieur de votre province, vous devriez déjà être
informé des lois et des particularités propres à celle-ci.

Si vous faites des tournées nationales, cela peut devenir un peu plus compliqué. Disons que vous êtes résident de l’Alberta,
où il n’y pas de taxe sur la vente. Par ailleurs, si vous faites une prestation à Moncton et que vous êtes payé par l’acheteur
qui réside au Nouveau-Brunswick, vous devrez collecter et payer la TPS. Cela revient encore à la façon dont vous tiendrez
vos livres de comptes. Plus ils sont à jour, moins les choses seront confuses lorsque viendra le temps de payer le gouvernement.

Si vous faites des tournées internationales, cela peut s’avérer encore plus complexe. Chaque pays a sa particularité et vous
demandera quelque chose de différent. Le gouvernement canadien traite les revenus provenant de l’étranger sur le même
pied d’égalité que les revenus provenant du Canada. N’essayez pas de le cacher. La plupart des pays où vous partez en
tournée ont généralement des ententes de réciprocité avec le Canada en ce qui concerne les taxes. Vous vous ferez prendre
si vous tentez de les camoufler et vous en subirez les conséquences. Si vos revenus provenant de l’étranger sont importants
(plusieurs milliers de dollars par année), il est dans votre intérêt de retenir les services d’un comptable.

Quoi faire quand le groupe se sépare?


Même si rares sont les collectifs de musiciens qui pensent à cette éventualité lorsqu’ils pratiquent dans leur sous-sol, chaque
groupe doit se créer une entente qui spécifie les termes d’une séparation. En d’autres mots, vous devez vous entendre sur la
manière de diviser les profits (ou les pertes) et décidez qui garde le nom du groupe si quelqu’un quitte ou est renvoyé du groupe.

Ces ententes ne doivent pas être compliquées, mais elles doivent être spécifiques. Le principal piège pour les musiciens qui vivent
ce genre de choses concerne tout ce qui touche ce que l’on nomme dans le jargon l’effet « coucher de soleil ». La loi n’est pas
claire à ce sujet, mais il y a beaucoup de précédents. Effectivement, si un musicien a aidé à développer une certaine valeur
marchande pour un groupe, même après qu’il a quitté le groupe, il devrait recevoir une compensation pour son travail. Cela peut
représenter un poids énorme pour les musiciens qui poursuivent le travail, ils auront à payer, régulièrement, au musicien sor-
tant, un certain pourcentage de leur profit. À certaines occasions, cela s’étale sur plusieurs années. Comme la lumière d’un
coucher de soleil, les paiements diminuent avec le temps, mais peuvent être quand même dispendieux. Le nom d’un groupe,
même pour un groupe en début de carrière, est très important. Vous voulez être sûr, pendant que tout le monde est encore

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ami, qui le gardera advenant une rupture. Ce genre de choses devra aussi faire partie de l’entente écrite entre les membres
du groupe.

Financement et bourses
Heureusement pour les Canadiens, les gouvernements fédéraux et provinciaux (et parfois municipaux) reconnaissent la
valeur des produits culturels et la difficulté pour les artisans de bien gagner leur vie.

En réponse à l’importance de l’identité culturelle canadienne, les trois paliers gouvernementaux octroient des bourses pour
les arts par l’entremise d’enveloppes budgétaires prévues à cet effet.

De façon générale, une bourse est un prêt non remboursable qui requiert une demande en bonne et due forme ainsi qu’une
preuve du sérieux de votre démarche artistique. Il y a plusieurs types de bourses offertes et la plupart demandent de remplir de
nombreux formulaires. Si votre démarche est sérieuse et professionnelle, cette forme de financement est certainement à
votre portée.

Voyons ce dont vous avez besoin :

Certaines bourses sont destinées uniquement aux ensembles à but non lucratif. Par exemple, les chorales amateurs, la musique
destinée au jeune public et aux ensembles dont le répertoire est d’intérêt pour les groupes axés sur le patrimoine d’un peuple.

La plupart des bourses portent sur la viabilité commerciale et elles soutiennent activement la santé de l’industrie musicale
canadienne. Des bourses ont été créées pour l’aide à la production de maquettes, d’albums, de tournées, de vidéoclips, de
sites Internet, de plans de mise en marché, de développement de projet, de composition musicale, etc. La musique ciné-
matographique est également de plus en plus reconnue au Canada.

Avant de commencer votre démarche, vous devriez avoir vos documents en ordre et à portée de main. Vous aurez besoin d’une
biographie ou d’un curriculum vitae, d’un plan de mise en marché ainsi que d’un historique de vos expériences et de vos pro-
jets accomplis en tant qu’interprète. Si cela est possible, vous devriez également inclure des lettres de recommandations de personnes
actives dans l’industrie.

Un plan typique de mise en marché comporte cinq à dix pages qui identifient les éléments suivants : le style musical, votre
marché cible, les avantages et inconvénients de votre démarche artistique, les occasions de croissance future, les tendances
en vigueur dans votre créneau, votre plan pour les séances d’enregistrement, la distribution de vos CD ainsi que votre ex-
périence de tournée. Votre biographie devrait se résumer en 250 mots.

Lorsque tout cela sera préparé, commencez à regarder la demande elle-même. Il est extrêmement important que vous compreniez
la section portant sur le budget de votre projet. Certaines demandes de bourse financent les pertes anticipées associées à
la mise en œuvre de votre projet, alors que d’autres exigent uniquement une preuve de votre besoin en matière de financement.
Bien que peu de bourses financent les projets à 100 %, la majorité requiert que vous fassiez état de votre capacité à assumer
la moitié des frais encourus.

Assurez-vous d’avoir des estimations de coûts le plus exactes possible pour chaque poste budgétaire. Contactez tous les fournisseurs
avec qui vous ferez affaire, incluant la location de véhicules, afin d’obtenir leurs prix. Les employés des prêteurs sont expérimentés
et bien informés sur les prix en vigueur dans l’industrie. Par conséquent, il serait mal avisé de gonfler vos dépenses.

Il est important que vous gardiez une copie de votre demande complétée avant de la mettre à la poste — si vous êtes chanceux et
que vous obtenez la bourse, vous en aurez besoin pour le détail de votre dossier. Bien entendu, le budget soumis est celui sur lequel
le prêteur vous octroiera la bourse et il deviendra votre budget opérationnel, d’où l’importance d’utiliser des montants réels.

Bourse en main, vous entamerez la mise en œuvre de votre projet et se faisant il est fortement recommandé de toujours payer
par chèque ou carte de crédit. Plusieurs bourses exigent des preuves d’encaissement ou des relevés mensuels de carte de

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crédit. Sans compte chèque cela est impossible. Garder vos factures et relevés dans un endroit sécuritaire.

La bourse vous sera fort probablement payée en deux versements : un joint avec la lettre d’acceptation et l’autre à l’échéance
de votre projet. Si tel est le cas, vous serez ravi d’avoir gardé vos relevés bancaires et de cartes de crédit.

Édition musicale et droit d’auteur


Le droit d’auteur et l’édition musicale sont pour plusieurs des concepts mystérieux. Tous ont déjà entendu quelqu’un dire
« Ne vends jamais tes droits d’édition », ou encore, ont entendu les rumeurs entourant certains artistes connus abandonnés
et sans le sou. Comment faire pour éviter cela? Et, de quoi s’agit-il exactement?

Strictement parlant, un droit d’auteur est conféré au concepteur de toute création originale dès que celle-ci est complétée. Cette
protection légale empêche tout utilisateur d’utiliser votre œuvre et d’en tirer profit sans autorisation et/ou sans reconnaître
votre paternité dans ladite œuvre. Ce droit d’auteur est la chose la plus importante que vous possédez. Même si la guerre
sur la propriété des œuvres musicales causée par Internet bat son comble, ne souscrivez pas au mythe que la musique devrait
être gratuite — vos droits d’auteur ont beaucoup de valeur à bien des égards.

Alors que le cadre légal entourant l’introduction du droit d’auteur est complexe, sa pratique est fort simple. Vous n’avez qu’à
fournir une preuve matérielle que vous avez créé et fixé l’œuvre en question à une date précise. Un CD de vos œuvres ou le symbole
universel du droit d’auteur sur votre site Internet est amplement suffisant. (Voir le lien ci-dessous pour savoir comment procéder)

Bien sûr, l’œuvre doit être originale. Affirmer que vous avez envoyé une bande à Beyoncé et qu’elle a plagié votre chanson
ne fonctionnera pas. Les grandes compagnies de disques et les artistes connus ont cette règle d’usage de ne jamais écouter
des bandes non sollicitées. S’ils le font, ils sont scrupuleux à l’égard des droits d’auteur. En fait, ils se doivent de l’être étant
donné l’ampleur économique des enjeux.

L’édition musicale génère des millions de dollars. Le terme plutôt confus d’« édition musicale » est un anachronisme. Le
terme vient historiquement de l’époque où la musique en feuille était l’unique mode de distribution de la musique. De nos
jours, le terme englobe l’industrie de la perception des diverses redevances générées par la consommation de musique. Les
éditeurs n’impriment pas la musique, ceci est une autre affaire.

Il est important de ne pas non plus confondre les éditeurs et les compagnies de disques : les éditeurs vendent des droits sur
des chansons et les compagnies de disques vendent des CD et des DVD. Par exemple, si une agence publicitaire sélectionne
une chanson pour la nouvelle publicité de vêtements de son client, elle contactera l’éditeur pour obtenir les droits par l’entremise
d’une licence forfaitaire.

Droits et redevances
Il y a plusieurs types de droits pour lesquelles les éditeurs perçoivent des sommes d'argent. Pour l’artiste autogéré, les plus
significatifs sont les droits d’exécution publique et de synchronisation.

Chaque fois qu’une de vos chansons sera jouée à la radio, dans un restaurant, un magasin de vêtement, sur un site Internet,
à la télévision, quelqu’un a l’obligation légale de vous verser des redevances (quoique minimes.) Il est certain qu’un artiste ne
peut faire le suivi et la perception de tous ces droits. En réponse à ce problème, on a créé la Société Canadienne des Auteurs,
Compositeurs et Éditeurs de Musique ou SOCAN. L’adhésion à celle-ci est peu coûteuse et ils s’occupent de distribuer vos
redevances trimestriellement. La SOCAN a aussi des ententes avec d’autres sociétés à travers le monde. Donc, si vous percez
et devenez une vedette au Japon, vos actifs y seront protégés. Au Québec, la SPACQ est une société professionnelle qui protège
les droits et négocie des ententes avec des producteurs pour le compte de ses membres auteurs et compositeurs.

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Le droit de synchronisation est également un terme anachronique : il provient du temps où le son devait être synchronisé
à l’image dans les films. En termes simples, il s’agit de la redevance que l’on vous verse lorsque votre œuvre est incorporée
à une série télé, un film, un jeu vidéo ou tout autre produit audiovisuel. Si quelqu’un utilise vos chansons de ces façons, ils
doivent vous dédommager monétairement. Malheureusement, les barèmes des droits de synchronisation sont plutôt mal
définis et, de nos jours, les artistes y renoncent souvent en échange de la visibilité que ces utilisations procurent. Cependant,
il y a un cadre législatif qui leur assure une compensation financière, et si jamais l’occasion se présentait de vendre vos
droits soyez bien conscient des enjeux. La SOCAN est la meilleure source d’information pour le musicien autogéré. Contactez
un de leurs représentants et demandez leurs conseils sur les montants auxquels vous êtes en droit d’exiger. Encore une fois,
personne ne peut utiliser vos chansons sans votre autorisation préalable.

Protection du droit d’auteur


La meilleure façon de vous protéger contre certains personnages malveillants du monde de l’édition musical est de devenir
vous-même un éditeur. La première étape consiste à fonder votre propre maison d’édition. Si vous avez déjà une compagnie
incorporée ou une co-entreprise, rien ne vous empêche d’utiliser celle-là, mais si ce n’est pas votre cas, vous devrez en ouvrir
une. Il s’agit simplement de remplir les documents prescrits par les autorités de votre province respective. Les avocats et les
notaires sont en mesure de vous assister moyennant un montant d’argent à leur discrétion, mais, en le faisant vous-même
vous vous épargnerez ces sommes. Dans la plupart des provinces, il en coûte environ 250 $ pour incorporer une nouvelle
compagnie. Faites de vous-même ou vos collaborateurs les actionnaires. Choisissez d’abord un nom d’entreprise et contactez
ensuite votre bureau local du Registraire des Entreprises et ils sauront vous assister dans le processus.

Comme nouveau propriétaire de votre propre maison d’édition, vous pourrez postuler à la SOCAN pour y devenir membre du
collège des éditeurs. Par la suite, vous devrez transférer les droits sur vos œuvres à cette compagnie dont vous êtes le propriétaire.
Cela peut sembler complexe, mais les employés de la SOCAN sauront vous guider. Noter que la moitié des sommes perçues
par la SOCAN peuvent être versées au compte d’un éditeur « officiel ». Si vous n’êtes pas un éditeur ou n’êtes pas signé avec
un éditeur autre que vous-même, la totalité des redevances vous seront versées en votre nom personnel.

Si vous avez bien compris, cela signifie que si votre musique est entendue hors de votre chambre à coucher, vous recevrez des
chèques de la SOCAN tous les trois mois environ. Ces sommes peuvent être minimes, mais c’est tout de même un bon départ.

Lorsque les problèmes surviennent


Dans ces cas où vous croyez que votre musique est utilisée sans votre autorisation, il y a plusieurs avenues auxquelles vous
pouvez songer. Alors que vous êtes censé avoir adhéré à la SOCAN, commencez par questionner leurs agents pour avoir leur
opinion. Ils ont les connaissances pratiques et les ressources pour poursuivre les gens. Leurs moyens financiers leur permettent
de se faire des ennemies — chose que vous ne voulez pas en tant qu’artiste autogéré.

Une autre source de conflit, plus commun celui-là, est celui entre les membres d’un même groupe ou entre des collaborateurs
à la suite du succès de chansons écrites il y a plusieurs années. Plusieurs groupes connus se sont dissous à la suite de disputes
sur l’apport créatif respectif de chacun des membres et la répartition équitable des sommes perçues.

Même si vous ne faites que « jammer » dans votre garage, en matière de création musicale, il est recommandé d’emblée
d’établir qui est responsable de quoi. Dès la composition terminée, assurez-vous de délimiter clairement l’apport de chacun,
car la mémoire et l’égo sont, la plupart du temps, des éléments qui ne sont pas fiables. Ces discussions peuvent être lassantes,
voire même difficiles, mais il est plus sécuritaire de régler ces questions tôt. Divisez la pièce par cent et donnez des points
pour les paroles, la musique et l’arrangement. Plusieurs groupes répartissent les droits également entre tous les membres,
d’autres ont des formules plus complexes. D’une façon comme d’une autre, même si vous notez simplement qui a fait quoi
dans telle chanson sur un bout de papier, assurez-vous au moins que toutes les parties le signe. Vous serez content de

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l’avoir fait lorsqu’une vedette utilisera votre chanson ou si Pepsi demandai à avoir les droits pour une campagne publicitaire.
Voulez-vous vraiment partager les fruits de votre labeur avec le batteur qui ne venait même pas assister aux répétitions?

Les contrats d’édition


Si vous êtes chanceux, on vous offrira peut-être un contrat d’édition. Plusieurs éditeurs offrent leurs services au Canada et signer
avec l’un d’eux offre plusieurs avantages. Ils ont les contacts requis pour placer vos chansons dans des films, des émissions
télévisées, des jeux vidéo ainsi que des messages publicitaires. Ils peuvent également soumettre votre musique à des artistes
qui n’écrivent pas leur propre musique. Avoir quelqu’un dans votre équipe qui fait la promotion de vos œuvres sera pour
vous un atout non négligeable. D’ordinaire, les éditeurs paient des avances sur des revenus futurs anticipés, ce qui peut être
très intéressant en début de carrière lorsque l’argent se fait plus rare. De plus, ils aident financièrement à la production de
maquettes, de « vitrines de spectacles » et d’autres événements promotionnels. Bien sûr, vous devrez rembourser l’avance
à même les redevances que vos œuvres généreront, mais, somme toute, un éditeur demeure un membre de votre équipe qui
peut réellement faire avancer votre carrière.

Dans les années 50 et 60, les éditeurs étaient reconnus pour offrir des contrats lamentables à leurs clients. En fait, c’est de
cette façon que les Beatles ont perdu les droits de la plupart de leurs chansons. Mais force est de constater que de tels contrats
sont plutôt rares de nos jours. Il existe des protections juridiques pour prévenir de tels contrats insidieux. Habituellement, les
éditeurs acquièrent une partie de vos droits pour une durée limitée et non plus tous vos droits à perpétuité. Il est toujours
recommandé de consulter un avocat si un éditeur venait qu’à vous faire une offre. Pour obtenir des noms, appelez votre
section locale de la Fédération américaine des musiciens des États-Unis et du Canada, car il est fort probable que l’avocat
de votre papa ne connaisse rien à l’édition musicale. Engagez un professionnel. C’est votre futur dont il est question. Lorsque
votre carrière de musicien de spectacle sera terminée, des redevances continueront d’affluer et vous devez vous assurer que
vous serez apte à encaisser votre dû.

Utilisation du matériel d’autres artistes


Il y a deux questions en cause ici. La première concerne l’interprétation. Tous ont commencé leur carrière en interprétant
les chansons des autres. Cela ne pose aucun problème d’ordre légal. Mais, cela peut devenir problématique à partir du moment
où vous en faites des enregistrements.

La Loi canadienne sur le Droit d’Auteur stipule que vous devez faire deux choses avant d’enregistrer une chanson qui appartient
à autrui. La première est l’obtention de l’autorisation écrite du compositeur et de l’auteur. La seconde est le paiement de
redevances mécaniques lors de la fabrication de vos CD et/ou DVD.

Nous n’avons pas élaboré sur les redevances mécaniques dans ce texte, car la plupart des musiciens autogérés n’ont pas à
s’en soucier. Encore, il s’agit d’un terme archaïque qui fait référence à l’époque et au processus de fabrication des disques
vinyles. De nos jours, les maisons de disques (dans le cas du CD) ont la responsabilité de payer ces redevances mécaniques
pour toutes les chansons sur leurs produits et à tous les auteurs qui sont visés.

La majorité des auteurs/compositeurs/interprètes qui fabriquent et vendent leurs propres CD ne se paient pas de redevances
mécaniques à eux-mêmes. Pourquoi diviser ses revenus sans raison valable? Cependant, si vous utilisez les œuvres d’autres
individus, vous êtes dans l’obligation de leur verser des redevances.

Dans la pratique, plusieurs artistes indépendants ne le font pas, plus particulièrement les artistes folk et jazz, et s’exposent
à de graves conséquences. Lorsque la partie adverse prendra connaissance de vos actes, vous serez probablement poursuivis
en justice. À tout le moins, on exigera que vous retiriez vos CD des tablettes. L'Agence Canadienne des Droits de Reproduction
Musicaux Ltée (CMRRA) est une organisation mise en place par les grands éditeurs pour collecter auprès des utilisateurs

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les droits mécaniques de ses membres. Le taux en vigueur est de 0.077 $ par chanson par disque fabriqué. Il est fortement
suggéré de régler vos comptes avec la CMRRA afin d’éviter des désagréments.

La question de l’autorisation est plus ombragée. Quoique dans la pratique il s’avère souvent frustrant d’obtenir une réponse des
détenteurs de droits de succès à la mode, il est quand même recommandé d’avoir des autorisations écrites pour enregistrer ces
chansons. Si vous payez les auteurs et leur créditez leurs chansons sur la jaquette de votre album, vous vous en sortirez indemne
(sauf si, vous mutilez horriblement la chanson originale). Le remixage sans autorisation est également proscrit. Gare à vous si
on vous prend!

L’échantillonnage
La question de l’utilisation d’échantillons est plus complexe. Un échantillon est un extrait d’une musique préexistante d’un autre
artiste que vous incorporez dans un de vos enregistrements. Très prisé dans le monde du hip-hop et de la musique populaire,
l’échantillonnage est très peu utilisé par les artistes jazz, country, classique et folk.

Pour ce type d’utilisation, c’est sans équivoque : vous devez obtenir l’autorisation écrite du compositeur, de l’artiste, de sa compagnie
de disques ainsi que de l’éditeur de la chanson échantillonnée avant de l’enregistrer. La libération des droits pour un échantil-
lon pour s’avérer très dispendieux. Il est possible que l’on demande, en plus d’un paiement, un crédit et une part des rede-
vances mécaniques de votre chanson. Certains ayants droit vont même jusqu’à exiger une avance sur vos redevances futures.

Quoique l’utilisation illégale d’échantillons est chose commune, l’industrie perçoit très mal ce genre de pratique. À coup
sûr, vous perdrez si on vous prend et les conséquences sont souvent très sérieuses. À titre d’exemple, le groupe Verve a
perdu tous les droits associés à leur succès Bittersweet Symphony lorsqu’on a découvert qu’ils avaient utilisé illégalement
un échantillon tiré d’une chanson des Rolling Stones. Après des millions de dollars de frais juridiques, la chanson tourne
encore quotidiennement dans les postes de radio, mais le groupe n’en tire aucun revenu.

Et finalement…
L’édition musicale ainsi que les droits d’auteur peuvent porter à confusion et même les experts ont souvent des informations
qui sont périmées. Si vous avez des questions sérieuses à ce sujet, nous vous conseillons de consulter le site Internet de Patrimoine
canadien, www.music.gc.ca. Ce site contient un bon nombre d’informations sur le milieu de la musique qui sont mises à
jour régulièrement. De plus, des tableaux sont offerts et expliquent comment l’argent relatif aux droits d’auteur et aux
droits d'exploitation voyage entre les différents intervenants pour finalement se rendre jusque dans les poches des artistes.

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IX. LIENS (Vous trouverez des liens additionnels dans la version anglaise de ce document )
Données économiques sectorielles
www.statcan.ca/francais/freepub/87-008-GIF/about_f.htm
Statistique Canada — Guide de la statistique de la culture

www.culturescope.ca/ev_fr.php
Culturescope — Observatoire culturel canadien — Accueil

www.stat.gouv.qc.ca/observatoire/organis_obs/index.htm
Observatoire de la Culture et des Communications du Québec — Accueil

www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/culture_comnc/art_interpretation/freq_spectacles/mai_juin05.htm
Statistiques du spectacles au Québec

www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/culture_comnc/enreg_sonore/index.htm
Statistiques du disques au Québec

Ressources professionnelles en ligne et bases de données de contacts


www.culture.ca/francais.jsp
Culture.ca — Passerelle culturelle du Canada

www.sopref.org
SOPREF (Soutien aux artistes autoproduits et micro-producteurs)

• www.sopref.org/tiki-index.php?page=bdma_presentation
BDMAWeb (base de données sur abonnement)
• www.sopref.org/wikisopref
WikiSopref (informations thématiques sur abonnement)

www.artere.qc.ca
Artère — Outiller la relève (pluridisciplinaire)

www.adisq.com/doc/repertoire.aspx?s=e
ADISQ (producteurs Québec)

www.rideau-inc.qc.ca
RIDEAU (producteurs et agents de spectacles Québec et Canada)

www.aplas.ca/Filtre
APLAS (répertoire des petites salles du Québec)

www.irma.asso.fr
iRMA (France)

Démarrage d’entreprise
strategis.ic.gc.ca/SSGF/me00071f.html
Stratégis / Industrie Canada

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www.infoentrepreneurs.org/servlet/ContentServer?pagename=CBSC_QC/CBSC_WebPage/
CBSC_WebPage_Temp&c=CBSC_WebPage&cid=1077799515805&t=AddLinktoWebPage_fr&lang=fr
Info-entrepreneurs

www.req.gouv.qc.ca/nous_joindre/nous_joindre.htm
Registraire des entreprises du Québec

www.emploiquebec.net/francais/individus/msemploi/soutien.htm
Programme STA (Soutien aux travailleurs autonomes) (Québec)

www.emploiquebec.net/francais/individus/msemploi/volontaires/index.htm
Emploi-Québec / Jeunes Volontaires (Québec) — Premières expériences d’entreprenariat

Formation
music.gc.ca/index_f.asp
La musique c’est mon affaire

www.culturalhrc.ca/home-f.asp
CRHSC — Conseil des ressources humaines du secteur culturel (Canada)

www.culturalhrc.ca/careersinculture/NHT/f/01-01.htm
Oyez ! Oyez ! Carrières en enregistrement sonore

www.adisq.com/doc/even-formation.html
ADISQ — Sessions de formation

www.spacq.qc.ca/html/texte.asp?id=53
SPACQ — Ateliers professionnels

www.sopref.org/tiki-index.php?page=ateliers
SOPREF — Ateliers et conférences

www.gestiondesarts.com
HEC — Chaire de gestion des arts (séminaires en ligne)

www.calq.gouv.qc.ca/regions/crc.htm
Conseils régionaux de la Culture (Québec)

www.cqrhc.com
CQRHC — Conseil québécois des ressources humaines en culture

www.irma.asso.fr
iRMA (France)(fiches thématiques)

www.irma.asso.fr/spip.php?rubrique47
iRMA (France)(formations)

Financement aux artistes


www.culturecanada.gc.ca/index_f.cfm
Portail - Culture, patrimoine et loisirs du Canada

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www.calq.gouv.qc.ca/artistes/chanson.htm#dep
Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ)

www.canadacouncil.ca/home-f.htm
Conseil des arts du Canada

Financement aux entreprises


www.culturecanada.gc.ca/index_f.cfm
Portail — Culture, patrimoine et loisirs du Canada

www.musicaction.ca
Musicaction — Enregistrement sonore et initiatives collectives

www.sodec.gouv.qc.ca/disque.php
SODEC (Québec) — Disque et spectacle

www.factor.ca
Factor — Enregistrement sonore (Projets de langue anglaise)

www.fondsradiostar.com/accueil/index.asp
RadioStar — Promotion de l’enregistrement sonore

www.videofact.ca/programs/videofact_en
Videofact et PromoFact — Vidéoclips et promotion électronique (site en anglais et formulaires en français)

Associations
www.sopref.org
SOPREF (information à la relève)

www.spacq.qc.ca/html
SPACQ (auteurs-compositeurs, commandes musicales et service de dépôt d’œuvres)

www.musiccreators.ca/wp/?page_id=10
Canadian Music Creators Coalition (en français)

www.socan.ca
SOCAN (droit d’exécution)

www.sodrac.com/francais/index.html
SODRAC (droit mécanique)

www.gmmq.com/public/fr/index.asp
Guildes de musiciens du Québec (syndicat de musiciens)

www.uniondesartistes.com
Union des artistes (syndicat de chanteurs)

www.soproq.org/site_dynamic/fr/Accueil/index.php
SOPROQ (droit voisin du producteur d’enregistrements)

www.uniondesartistes.com/index_artisti.aspx
Artisti (droit voisin de l’interprète)

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www.apem.ca
APEM (éditeurs)

www.musicmanagersforum.ca/index_f.html
MMF (Music Managers Forum Canada)

www.apasq.org/portrait.htm
APASQ (techniciens de son et d’éclairages)

www.capacoa.ca/site/index.php
CAPACOA (regroupement pluridisciplinaire de diffuseurs et agents d’artistes)

Distributeurs
www.distributionselect.ca/fr/index.asp
Select

secure.dep.ca/fr/default.asp
DEP

www.localboutique.org
LOCAL et LOCAL Numérique (IODA)

www.fusion3.com
Fusion 3

www.outside.on.ca/home.php
Outside

www.bros.ca/catalogue/index.php?language=fr
Production Bros. Inc.

www.statikdistribution.com/home.html
Statik Distribution

www.plages.net
Distribution Plages

www.cdbaby.net
CD Baby (distributeur numérique international — en anglais)

Médias choisis
www.bandeapart.fm
Bande à Part (et Sirius Canada)

www.voir.ca/une.aspx?zone=1VOIR

www.bangbangtemort.com
Bang Bang

www.icimontreal.com
ICI Montréal

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longueurdondes.com
Longueur d’Ondes (France)

www.canalvox.com/barometre
Le Baromètre (Canal VOX)

www.arcq.qc.ca
Association des radios communautaires du Québec

www.radiorfa.com
Association des radios communautaires du Canada et Réseau Francophone d’Amérique

www.ncra.ca
NCRA-ANREC (radios communautaires de campus)

www.cruradio.ca
Coalition des radios universitaires de langue française

www.radio-canada.ca/radio
Radio-Canada

www.francodiff.org/accueil_02.php?lng=1
Francophonie Diffusion

www.culturehebdo.com
Culture Hebdo (agence de presse culturelle en ligne)

www.xmradio.ca/whatisxm/index.cfm
XM Radio satellite

www.galaxie.ca/fr/0/0.php
Galaxie (Service de musique continue de Radio-Canada)

Internet
www.bluetracks.ca/index.php?&screen_width=1024
Bluetracks (téléchargements MP3)

www.tonality.ca
Tonality (téléchargements MP3)

www.indemusicshop.com
Indé Music Shop (téléchargements MP3)

www.sincever.com
Sincever (vente physique par Internet)

www.sonicbids.com
Sonicbids (dossiers de presse électroniques — en anglais)

www.artistshare.com/home/default.aspx
ArtistShare (financement collaboratif — en anglais)

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www.weedshare.com
WeedShare (vente en ligne et financement collaboratif — en anglais)

www.garageband.com
Garageband (promotion — en anglais)

www.futureofmusic.org
Future of Music Coalition (groupe de pression musique et Internet — en anglais)

cf.myspace.com
MySpace Music (Canada en français)

www.democrazik.com/informations.asp
Democrazik (Communauté virtuelle spectacle)

www.cafesonique.com
CaféSonique (Communauté virtuelle)

www.foxytunes.com/planet
Foxy Tunes (agrégateur musical — en anglais)

Concours et vitrines
www.rideau-inc.qc.ca
Bourse RIDEAU

www.roseq.qc.ca
Vitrines du ROSEQ

www.vuesurlareleve.com
Vue sur la relève

www.francouvertes.com
Les Francouvertes

www.ficg.qc.ca
Festival International de la chanson de Granby

www.festivalenchanson.com
Festival en chanson de Petite Vallée

www.sacef.com/1_0/index.html
Ma première Place des Arts

www.festivalletremplin.com
Le Tremplin de Dégelis

www.chansonenfete.qc.ca
Festival de la chanson de St-Ambroise

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Francophonie canadienne
animusique.ca
ANIM (Promotion et services collectifs pour la francophonie canadienne)

www.ecma.ca/m_29.asp
ECMA — Association de la musique de la Côte est

www.plages.net
Distribution Plages (Acadie)

www.musicnb.org/mnbf_whatsnew.php
Musique NB (Nouveau-Brunswick)

www.eg2007forums.com
Société acadienne du Nouveau-Brunswick — États généraux

www.radarts.ca/g_01.cfm?PAGEID=ContenuDePage.cfm&NoPage=19
Radarts — Réseau atlantique de diffusion des arts de la scène

www.zof.ca/zof/home/index.cfm?id=9
Zof Montréal

www.apcm.ca/fr/Services_2.html
APCM (Ontario)

www.reseauontario.ca
Réseau Ontario

www.reseaugrandsespaces.ca
Réseau des grands espaces

www.rafa-alberta.ca
RAFA (Alberta)

www.ccafcb.com
CCAFCB (Colombie-Britanique)

www.rimouest.ca
RIM Ouest (Industrie du disque de l’ouest)

Exportation
www.pch.gc.ca/progs/ac-ca/progs/rc-tr/progs/pcrc-trcp/index_f.cfm
Patrimoine canadien — Routes commerciales

www.dfait-maeci.gc.ca/world/embassies/menu-fr.asp
Ambassades canadiennes (Attachés culturels commerciaux)

www.mdeie.gouv.qc.ca/page/web/portail/ministere/service.prt?svcid=BOTTIN2&page=details.jsp&iddoc=46241
Délégations du Québec

www.french-music.org/exportguidebooks.php
Canada Export Guidebook

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www.sopref.org/tiki-index.php?page=international
SOPREF (Guide pratique France-Québec-Canada)

Histoire et archives biographiques


www.qim.com
Québec Info Musique (ressources biographiques)

www.collectionscanada.ca/4/4/index-f.html
Bibliothèque et archives Canada — Le gramophone virtuel

www.chansonduquebec.com
Le développement historique et le fonctionnement de l'industrie de la chanson québécoise

Blogs et bonus
hype.non-standard.net
The Hype Machine (répertoires des blogs musicaux — en anglais)

www.blogotheque.net
La Blogothèque (répertoires des blogs musicaux)

scenelocale.forumactif.com
Scène locale (Blog)

www.mcturgeon.com/blog
Vu d’ici (Blog)

sokborey.blogspot.com
Musique 2.0 (Blog)

podmodernisme.blogspot.com
Podmodernisme (Blog)

www.montrealshows.com
Montreal Shows (Calendrier)

www.quebecpunkscene.net
Québec Punk Scene (Calendrier spécialisé)

www.hhqc.com/site/index.php
Hip-Hop Québec (Webzine)

www.33mag.com/index.php
33MAG (Webzine)

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X. TABLE DES MATIÈRES


I. VOUS - LE PRODUIT
D’abord les mauvaises nouvelles ou l’introduction
Êtes-vous prêt?
Défiinir son genre et son style
Créer son produit, créer sa marque
Les subventions pour un démo
L’importance d’un spectacle

II. ENREGISTREMENT, CD, STUDIO ET AUTRES CHOSES AMUSANTES


Le produit final
La distribution d’un CD
Le cycle d’un produit
Les maisons de disques

III. LE MARCHÈ
Qui est votre public? Qui peut le devenir?
Comment faire pour prendre contact avec son auditoire?
De quel outil avez-vous besoin?
Le « pitch »
Les nouvelles formes de marketing
Quelles sont les associations utiles?
La scène francophone

IV. LES PREMIÈRES ÉTAPES DE LA GESTION DE CARRIÈRE


Créer son entreprise
Amateur versus professionnel
Faire rouler la machine
Un gérant? Est-ce nécessaire?

V. IMAGE ET PUBLICITÉ
Définir son image
Dossier de presse électronique (DPE) et autres outils de travail
Les photos
La biographie ou la « bio»
La campagne publicitaire

VI. LA TOURNÉE
Par où commencer
Sortez de chez vous
Trouver les acheteurs
Comment se faire remarquer
Comment évaluer sa valeur marchande
L’art de ne pas se faire avoir
Avoir des revenus

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Rester en santé
L’art mystique du son en spectacle
La tournée internationale
Les vitrines de spectacles, les concours et autres spectacles gratuits

VII. LE MONDE DU NUMÉRIQUE


Internet — Sauveur ou Croque-mitaine?
Tirer profit d’Internet
Avertissement

VIII. LES FINANCES


Être réaliste
La tenue de livres
Les taxes
Les dépenses déductibles
Le crédit
Les syndicats
Les contrats
Les différences provinciales
Quoi faire quand le groupe se sépare
Financement et bourses
Édition musicale et droit d’auteur
Droits et redevances
Protection du droit d’auteur
Lorsque les problèmes surviennent
Les contrats d’édition
Utilisation du matériel d’autres artistes
L’échantillonnage
Et finalement...

IX. LIENS

X. TABLE DES MATIÈRES

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