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CANADA COUR D'APPEL PROVINCE DE QUEBEC DISTRICT DE MONTREAL N= CA: 500-10- GUY TURCOTTE, domicilié au 507, CS. : 700-01-083998-093 Place dArmes, bureau 1700, Montréal (Quéve0), H2Y 2W8, district de Montréal PARTIE REQUERANTE - accusé SA MAJESTE LA REINE PARTIE INTIME - poursuivante. REQUETE POUR PERMISSION D'EN APPELER {Article 675 (1)b) du Code Griminel et articles 21 et ss des Régles de la Cour d’appel en matiére criminelfe) A L'UN OU L'UNE DES DES JUGES DE LA COUR D'APPEL, LE REQUERANT EXPOSE : 1 Le 6 décembre 2015, l'appelant a été trouvé coupable du meurtre au deuxiéme degré de ses deux enfants par un jury présidé par le juge André Vincent, J.C.S. Le 5 janvier 2016, l'appelant s'est pourvu en appel des verdicts de culpabilité pour les motifs de droit suivants : a) le juge de premiére instance a erré en disant au jury qu'll ne devait tenir ‘aucun compte de Teffet de la crise suicidaire sur l'état mental de lappelant au moment des événements; b) le juge de premiére instance a donné des directives de nature a semer la confusion dans l'esprit du jury quant a effet de intoxication sur la défense de non-responsabilité criminelle; ©) le juge de premiére instance a erré dans ses directives relatives & la notion de «savoir que [les actes commis parl'appelant] étaient mauvais». Lors du prononeé du verdict de culpabilité, le jury a choisi de ne faire aucune recommandation quant au nombre d'années devant s'écouler avant que Vappelant puisse présenter une demande de libération conditionnelle. Le 18 décembre 2015, le juge du procés a entendu les représentations des parties quant a cette question. Le 15 janvier 2016, dans un jugement écrit joint la présente requéte, le juge du procs a : * condamné l'appelant a l'emprisonnement a perpétuité sur chacun des deux chefs d'accusation de meurtre au deuxiéme degré; ‘* fixé & dix-sept (17) ans le délai préalable a la considération d'une libération conditionnelle par la Commission des libérations conditionnelles sur chacun des chefs d’accusation. * rendu lordonnance prévue a l'article 109 (1) et (2) b) du Code criminel lui interdisant d'avoir en sa possession arme et munitions telles qu'énumérées audit article 109, et ce, a perpétuité. "rendu l'ordonnance prévue a l'article 487.051 (1) a) du Code criminel autorisant Is prélévement de substances biologiques aux fins d'analyse génétique. U'appelant désire obtenir ta permission d'en appeler de la décision fixant a dix- sept (17) ans le délai préalable 4 une demande de libération conditionnelle, et ce, pour les motifs suivants : L'imposition d'une période d'inadmissibilité a la libération conditionnelle de 17 ans n'est manifestement pas indiquée et découle des erreurs de principe commises par le juge du procs : i, il n'a pas tenu compte de fa jurisprudence a I'effet qu'une période d'inadmissibilité de plus de 15 ans ne se justifie qu’en présence d'un Pronostic de dangerosité convaincant alors qu’en l'espéce, le juge lui- méme a reconnu que l'appelant ne représentait qu'un faible risque de récidive; ii. it n’a pas respecté le principe de proportionnalité en détournant de son sens l'état mental du requérant au moment de causer la mort de ses enfants, contrairement a la preuve faite au procds. Ce faisant, il a erré gravement dans son appréciation de la culpabilité morale de l'appelant. 7 10. 1. Concernant le premier point, 'appelant soumet que le juge a écarté, sans fournir aucune raison, le principe reconnu par catte Cour dans larrét Lemieux 52 Tout eny apportant les nuances qui s'imposent dans une telle étude comparative, force est de constater qu'objectivement le seuil des quinze ans ne peut étre franchi que sie pronostic de dangerosité est convaincant, compte tenu de la gravité de I'infraction et surtout de la personnalité du linquant. R. c, Lemieux, [1997] J.Q. no 583 (C.A.) — Souligné par 'appetant Cette jurisprudence a été suivie par la Cour supérieure dans les décisions R. c. Bissonnette, 2007 QCCS 5623, par. 20; R. ¢. Beaudoin, 2010 QCCS 5770, par. 17; R. c. Carrier, 2013 QCCS 1732, par. 38; et R. c. Romain, 2014 QCCS 5090, par. 29. En lespéce, le juge a reconnu que les rapports d'évaluation démontraient que appelant représentait un risque minime pour la société (voir par. 53 du jugement dont appel). Concernant le deuxiéme point, 'appelant reconnait que le juge a correctement Snoneé Ie droit en affirmant que la peine devait reftéter le degré de culpabilté morale de I'appelant (par. 40 du jugement). Le juge a d'ailleurs cité le passage suivant de larrét Nasogaluak dans lequel le juge LeBel écrit que... sans égard au raisonnement servant d’assise au principe de la proportionnalité, le dearé de censure requis pour exprimer la réprobation de la société a éaard de infraction demeure dans tous les cas contr6lé par_le_principe selon lequel_la_peine infliaée a un délinquant_doit correspondre a sa culpabilité morale et non étre supérieure a celle-ci. Par conséquent, les deux optiques de la proportionnalité confluent pour donner une peine qui dénonce I'infraction et qui punit le délinquant sans excéder ce qui est nécessaire. R. c, Nasogaluak, 2010 CSC 6, [2010] 1 RCS 208, par. 42; cité au par. 46 du jugement dont appel — Souligné par l'appelant Or si le juge de premiére instance insiste fortement dans ses motifs sur divers facteurs aggravants au volet « gravité de l'infraction » du principe de Proportionnalité, il ne tient aucun compte des facteurs prouvés lors du procés et qui sont de nature alténuer le degré de culpabllité morale de l'appetant, en particulier la maladie mentale et la crise suicidaire qui caractérisaient son état mental au moment des meurtres. 12. 13, 14, 15. 16. Il est vrai que le jury a conclu que l'appelant n'avait pas démontré, par prépondérance de preuve, quill souffrait d'un trouble mental qui le rendait incapable de juger de la nature ou de ta qualité de ses actes ou de savoir quills étaient mauvais. Néanmoins, la preuve faite au procés et la longueur des délibérations du jury démontrent que cette défense était sérieuse et que l'on ne peut écarter le rdle important joué par la maladie mentale dans la séquence des événements conduisant aux deux meurtres. Le juge de premiére instance a dailleurs reconnu le sérieux du moyen de défense de non-responsabilité criminelle (par. 64 du jugement dont appel). Or nulle part dans ses motifs le juge ne prend-il en considération le fait que Vappelant a commis les meurtres alors quill souffrait d'une maladie mentale et qu'il se trouvait, en plus, dans un état de grave crise suicidaire. Au contraire, le juge écrit (par. 4 du jugement dont appel) que l'appelant a tué ses deux enfants «de sang-froid», une conclusion déraisonnable et incompatible avec la preuve. En négligeant d'accorder la considération voulue au facteur maladie mentale et, Par extension, a la crise suicidaire, le juge est allé a l'encontre de la jurisprudence de cette Cour et des cours d'appel d'autres provinces a leffet qu'en présence de maladie mentale, et surtout lorsque celle-ci a contribué de maniére importante & la commission de l'acte criminel, on doit accorder moins d'importance aux critéres d'exemplarité et de dissuasion générale : R. c. Martin, 2012 QCCA 2223, par. 37 a 44, ainsi que les diverses décisions analysées dans cet arrét, L’appelant demandera a la Cour d'appel de : ACCUEILLIR l'appel; CASSER la décision rendue par le juge de premigre instance en date du 15 janvier 2016 fixant & dix-sept (17) ans le délai préalable a la présentation d'une demande de libération conditionnelle; Y SUSBSTITUER tout autre délai moindre que cette Honorable Cour jugera appropriée. Lors du procés, lintimée était représentée par M° René Verret, 2828, boulevard Laurier, Tour 1, bureau 500, Québec (Québec), G1V 0B9 — télécopieur : 418 643-7462; et M° Maria Albanese, procureurs aux poursuites criminelles et pénales, 2800 boulevard Saint-Martin Ouest, bureau 1.02, Laval (Québec), H7T 289 — télécopieur : 450 686-8678. 17. Pour les fins de son appel, I'appelant élit domicile au bureau d'un de ses procureurs, M° Pierre Poupart, 507, Place d'Armes, bureau 1700, Montréal (Québec) H2Y 28, POUR CES MOTIFS, PLAISE A LA COUR: ACCGUEILLIR la présente requéte ; ACCORDER a lappelant la permission d'appeler de la décision du 15 janvier 2016 rendue par le juge André Vincent, de la Cour supérieure du district de Saint- Jéréme, dans le dossier portant le numéro 700-01-083996-093 et fixant a dix-sept (17) ans te délai préalable a la présentation d'une demande de libération conditionnelle ; DEFERER Iaudition dudit appel sur la peine a la formation de la Cour qui entendra appel des verdicts de culpabilité, tel que prévu a larticle 56 des Réglos de la Cour d'appel du Québec en matiére criminelle; RENDRE toute autre ordonnance requise pour les fins de la justice. Montréal, te 12 févrior 2016 Pierre Poupart Ronald Prégent Félix R. Larose Procureurs du Requérant-Appelant CANADA COUR DIAPPEL PROVINCE DE QUEBEC GREFFE DE MONTREAL N%: 500-10 GUY TURCOTTE N*: 700-01-083996-093 REQUERANT - accusé c. SA MAJESTE LA REINE PARTIE INTIMEE - poursuivante LISTE DES ANNEXES ANNEXE 1: Jugement sur la détermination de la peine ANNEXE 2: Jurisprudence A Montréal, le 12 février 2016 Pietre Poupart Procureur du requérant CANADA COUR D'APPEL PROVINCE DE QUEBEC. GREFFE DE MONTREAL N°: 500-10 GUY TURCOTTE N°: 700-01-083996-093 REQUERANT - accusé °. SA MAJESTE LA REINE PARTIE INTIMEE - poursuivante LISTE DES AUTORITES 9 . Lemieux, [1997] J.Q. no 583 2 . Beaudoin, [2010] QCCS 5770 . Bissonnette, [2007] QCCS 5623 2 . Cartier, [2013] ACCS 1732 . Romain, [2014] ACCS 5090 PRPRRABD fe ¢. Martin, (2012] QCCA 2223 AFFIDAVIT Je, soussigné, Pierre Poupart, domicilié au 507, Place d'Armes, bureau 1700, Montréal (Québec), H2Y 2W8, affirme solennellement ce qui suit 1. Je suis le procureur du requérant et je suis personnellement au courant de tous les faits allégués dans la présente requéte; 2, Tous les fats allégués dans la requéte & laquelle le présent affidavit est joint sont vrais & ma connaissance personnelle. EN FOI DE QUOI, J'AI SIGNE A MONTREAL, CE 12 FEVRIER 2016 Pierre Poupart Procureur du requérar Affirmé solennellement devant moi a Montréal, ce 12 février 2016 Bresma on gud + 2408 AVIS DE PRESENTATION Me René Verret, 2828, boulevard Laurier, Tour 1, bureau 500, Québec (Québec), GiV 0B9 — télécopieur : 418-643-7462; Me Maria Albanese, Procureure aux poursuites criminelles et pénales, 2800 boulevard Saint-Martin Ouest, bureau 1.02, Laval (Québec), H7T 289 ~ télécopieur : 450 686-8678 PRENEZ AVIS que la requéte pour permission d'appeler de la peine sera présentée devant un juge de la Cour d'appel siégeant a |'Edifice Ernest-Cormier, situé au 100 rue Notre-Dame Est, a Montréal, le 23 février, 9h30, en salle RC18. VEUILLEZ AGIR EN CONSEQUENCE. A Montréal, le 12 février 2016, Piefre Poupart Procureur du requérant-accusé Ne 500-10 Ne 700-01-083996-093 COUR D'APPEL DU QUEBEC DISTRICT DE MONTREAL GUY TURCOTTE PARTIE REQUERANTE — Accusé SA MAJESTE LA REINE PARTIE INTIMEE - Poursuivante Requéte pour. permission den appeler (Asticles 675 (1) b) du Code enimine! et articles 21 ot ss. des Régles de la Cour d'appel en matiére enminetle) Original Pierre Poupart 507, Place d’Armes, bureau 1700, Montréal (Québec) H2y 28: (514)-526-0861 (514)-526-9646

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