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LES PRINCIPES D’UNE BONNE ISOLATION

Matière λ Coefficient de conductivité thermique (λλ)


Cuivre 380,000 W/mK de quelques matériaux
Acier doux 52,000 W/mK
Béton 1,500 W/mK On réalise entre autres qu’en étant 9 500 fois plus conducteurs qu’un isolant stan-
Verre 1,150 W/mK dard, des fils de cuivre d’une surface cumulée de 1 cm2 traversant un isolant laissent
Eau 0,600 W/mK passer autant de calories que 9 500 cm2 soit près de 1 m2 d’isolant.Voilà pourquoi
Sapin 0,120 W/mK
Isolant courant ≈ 0,040 W/mK
il faut faire le maximum pour éviter toute traversée d’isolant, limiter l’emploi de
Air sec immobile 0,024 W/mK canalisations, ossatures ou visseries métalliques… (voir paragraphe sur les ponts
Isolants sous vide ≈ 0,008 W/mK thermiques p. 36 et suiv.).

La résistance thermique : R
Plus l’épaisseur « e » d’un matériau est importante, plus le flux de chaleur qui
cherche à le traverser rencontre de résistance. Cette résistance se calcule par
l’opération : R = e/λ.
Plus R est grand, plus le matériau est isolant.
e est exprimé en mètre, R en mètre carré kelvin par watt (m2K/W).

En pratique, on utilise :
– le coefficient λ pour exprimer la performance d’un matériau pris en tant
T° ext. T° int.. que matière (tel type de laine de verre, de feutre de bois…) ;
– la valeur R pour les matériaux pris en tant que produits (le rouleau de laine
de verre de marque X et de Y centimètres d’épaisseur, telle brique de terre
cuite14…).

Mais il faut relativiser cette valeur R donnée pour un produit car une mise en
Extérieur ou local
moins chauffé Local chauffé œuvre inadaptée ou un vieillissement prématuré peut la faire chuter. Nous
verrons par exemple plus loin qu’avec les ponts thermiques induits par le
Résistance thermique. type de mise en œuvre, cette valeur R peut être divisée par plus de 2 (voir
Un matériau d’épaisseur « e » et de
conductivité thermique « λ » oppose au tableaux p. 38 et 39) et qu’avec une mauvaise étanchéité à l’air, elle peut l’être
passage de la chaleur une résistance par près de 5 (voir p. 39). De fait, la valeur R d’un produit n’informe que sur la
thermique R avec R = e/λ. contribution potentielle maximale de ce produit (et très rarement atteinte) à
la résistance thermique de la paroi.

Définition

Le terme isolant thermique est souvent utilisé de façon générique. Mais une
définition en est proposée par la norme NFP 75-101 : « Est appelé isolant thermi-
que un matériau dont la résistance R est supérieure ou égale à 0,5 m2K/W et le
lambda inférieur ou égal à 0,065 W/mK. »

14. Pour les matériaux discontinus (brique alvéo-


laire, parpaing de ciment…) on trouve également
l’appellation « lambda équivalent » (λeq.) qui est
le lambda moyen de la brique, du parpaing…

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QU’EST-CE QU’UNE ISOLATION ÉCOLOGIQUE ?

Isolation seule Isolation + parement lourd


(équivalent à 5 cm béton)
Matériau R Amortissement Déphasage R Amortissement Déphasage
(densité / conductivité / chaleur spécifique ) (m2K/W) (%) (heure) (m2K/W) (%) (heure)
10 cm de laine minérale 3 99,8 0,34 3,02 75,3 3,17
(25 kg/m3 / 0,036 W/mK / 935 J/kgK)
20 cm de laine minérale 5,85 97,8 1,29 5,88 72,9 4,14
(25 kg/m3 / 0,036 W/mK / 935 J/kgK)
30 cm de laine minérale 8,71 90,2 2,76 8,73 67 5,62
(25 kg/m3 / 0,036 W/mK / 935 J/kgK)
30 cm de fibre de bois souple 7,64 53,5 7,06 7,66 39,6 9,85
(40 kg/m3 / 0,04 W/mK / 2 050 J/kgK)
30 cm de fibres de bois haute densité 7,64 13,4 14,44 7,66 9,9 17,16
(120 kg/m3 / 0,04 W/mK / 2 050 J/kgK)
Contribution de diverses isolations au déphasage et à l’atténuation des flux de chaleur66.
Ce tableau montre que :
– pour un même isolant, contribution au déphasage et amortissement n’augmentent pas pro-
portionnellement à l’épaisseur ou à la résistance thermique ;
– un isolant dense et à chaleur spécifique élevée permet d’augmenter fortement le déphasage
et l’amortissement67 ;
– un parement intérieur à inertie (par exemple 5 cm de béton) n’améliore qu’insuffisamment
l’amortissement et le déphasage, le principal de l’effet restant dû à la densité de l’isolant.
Il faut également noter :
– qu’aussitôt que l’étanchéité à l’air n’est plus effective devant l’isolant, cette capacité à dépha-
ser et à atténuer le flux de chaleur n’existe plus, particulièrement avec les isolants à faible den-
sité ;
– que pour être probant, un calcul de déphasage et d’amortissement doit se faire sur une
paroi complète (l’orientation joue, ainsi que le type et l’épaisseur des parements…).

➤ Déphasage et amortissement du flux de chaleur sont


quantifiés dans les fiches « mur » et « toiture »
du chapitre 3.

Plafond en carreaux de terre cuite dits Contre toutes les nuisances (humidité,
« parefeuilles » sous isolant en chènevotte surchauffes…), il est toujours plus efficace
(conception J.-P. Oliva). d’intervenir en amont. Ici, la végétalisation 66. Calcul réalisé par Bruno Jarno/Arcanne
On peut renforcer la capacité thermique de des toitures est un excellent moyen d’après la méthode matricielle (norme NF EN ISO
la toiture avec le choix d’un parement d’annuler l’effet capteur des couvertures 13786) pour un flux de chaleur d’été moyen (sous
couverture : température extérieure minimale :
intérieur lourd, mais cela ne suffirait pas avec (voir fiche T08, p. 224). Architecte F. Nicolas.
15 °C, température extérieure maximale : 55 °C).
un isolant trop léger. Photo J.-P. Oliva. Photo J.-P. Oliva. Pour le parement béton : densité de 2 300 kg/m3
et chaleur spécifique de 1 000 J/kg.K.
67. La forte capacité thermique des matériaux
présente également des vertus capitales en cas
d’incendie (voir p. 78).

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LES MATÉRIAUX D’ISOLATION RAPPORTÉE

Les fibres de bois • Panneaux semi-rigides de fibres de bois À gauche Fibres de bois en vrac.
à faible densité (≈ 40 kg/m3). Servant à Photo J.-P. Oliva.
l’isolation entre ossatures (fiches M08, Au milieu Panneau de fibres de bois.
Les fibres fines de bois sont obtenues par
M. 12, T05…), ils sont parfois utilisés en Doc. Steiko.
défibrage de chutes de bois résineux.
composition avec d’autres matières, par À droite Panneaux de fibres de bois (sarking*).
Elles peuvent être utilisées à ce stade en Doc. Gutex.
vrac mais sont le plus souvent transfor- exemple chanvre/bois/textiles.
mées sous forme de panneaux. Pour ce • Panneaux rigides de moyenne densité de 18 à 30 mm, ces panneaux semi-iso-
faire, une pâte épaisse est formée par (≈ 60 à 120 kg/m3) pour remplissage lants, très perspirants, sont rendus hydro-
adjonction d’eau, puis, après ajout d’adju- entre ossatures, mais également pour phobes par des adjonctions de bitume,
vants, coulée, laminée et séchée entre couches d’isolation thermique et/ou pho- de paraffine ou de latex. Généralement
120 et 200 °C. niques contre les bruits d’impact sous bouvetés*, ils assurent l’étanchéité à l’air
Un autre procédé, mais à haute tempéra- chapes ou planchers (fiche P02). côté extérieur (fiches M05,T03…).
ture, permet de n’utiliser que très peu • Panneaux haute densité, supports d’en-
d’adjuvant, voire aucun, la lignine du bois duits, de chapes ou de toiture. Ces pan- • Enfin, d’autres fibres de bois plus ou
étant le principal agglomérant. neaux sont souvent composites avec en moins rigides entrent en association avec
Pour les produits les moins denses sou- couche externe un panneau pare-pluie* des éléments structurels pour en atténuer
vent nommés « laines de bois14 », il hydrophobe collé (fiches M04, T04…). les ponts thermiques (fiche T03) ou pho-
existe un procédé de façonnage à sec, D’autres panneaux composites compor- niques, voire les supprimer.
mais qui, lui, réclame plus d’adjuvants. tent des couches de compressibilité
décroissante pour pouvoir s’adapter aux Principales caractéristiques
Présentations / Domaines d’utilisation supports irréguliers (voir p. 142 et 151). Voir tableau ci-dessous.
Les fibres de bois en vrac • Difficilement inflammable (M2 à M4,
Les fibres sont traitées avec du sulfate • Parallèlement à ces produits isolants, de Euroclasse E). Ne propagent pas la
d’ammonium et du sel de bore. Elles se nombreux panneaux « techniques » exis- flamme, transmettent peu la chaleur (voir
mettent en œuvre manuellement pour tent tel les pare-pluie* pour sous-toitures p. 78), n’émettent pas de gaz toxiques
des remplissages ponctuels, mais plus ou murs à ossature bois. D’une épaisseur spécifiques, sauf les produits adjuvantés
généralement par insufflation. Les carac-
téristiques et méthodes de pose sont Produit Fibre de bois Panneau Panneau rigide Panneau rigide-
très proches de celles de la ouate de cel- en vrac semi-rigide moyenne forte densité
lulose (voir p. 121). faible densité densité
Densité (ρ) en kg/m3 38 à 45 35 à 50 60 à 120 140 à 280
Les panneaux de fibres Conductivité thermique 0,038 à 0,042 0,038 à 0,042 0,038 à 0,042 0,038 à 0,055
Les panneaux isolants à base de fibres de (λ) en W/mK
bois se trouvent sous de nombreuses Chaleur spécifique 1 600 à 1 600 à 1 600 à 1 600 à
présentations pour répondre à des fonc- (c) en J/kg.K 2 300 2 300 2 300 2 300
Résistance à la diffusion 1 à 2 1à2 3à5 3à5
tions multiples.
de vapeur d’eau (µ)
Bilan par UF avec ρ = 40*-80**-160*** kg/m3 ; λ = 0,04 W/mK
14. Selon les normes en vigueur (EN 13168 et EN
Bilan CO2 en kg CO2eq (1) – 1,46* – 9,58** – 18,56***
13171) et contrairement aux appellations usuelles, Énergie grise en kWh (1) 43* 61** 122***
le terme « laine de bois » devrait être réservé aux (1) La fibre de bois en vrac n’étant pas renseignée dans la base de données de référence, nous pouvons
panneaux que nous nommons « fibragglos ». juste extrapoler un meilleur bilan que les panneaux semi-rigides.

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LES ISOLANTS VÉGÉTAUX

À gauche Caissons porteurs remplis de fibres


de bois. Doc. Lignatur.
À droite Panneaux pare-pluie. Doc. Pavatex.

au bitume. Doivent être revêtus de pare- Impact sur la santé Les fibragglos
ments incombustibles. Précautions à prendre en phase chantier,
• Comportement à l’humidité : ouverts à particulièrement pour les mises en Les fibragglos15 sont des panneaux fabri-
la vapeur d’eau et bons régulateurs œuvre en vrac et lors de la coupe des qués à partir de fines lanières de bois
hygroscopiques. Putrescibles en cas d’hu- panneaux. Pas de nuisances connues résineux, minéralisées, puis enrobées,
midité persistante. excepté les gaz dégagés en cas d’incen- selon les fabrications, de ciment, de chaux
• Non consommables par les rongeurs, die, particulièrement par les produits hydraulique, de plâtre ou de magnésie.
difficilement dégradables si moyennes ou bitumés. Ceux-ci sont de toute façon à
fortes densités. exclure à l’intérieur. Présentations / Domaines d’utilisation
• Bonne stabilité dans le temps, y compris Les panneaux sont de différentes épais-
sous charges si la densité est adaptée. Appréciation seurs (de 15 à 100 mm) et leurs faces
• Bonne contribution au confort d’été. Si dans les matériaux « puits de car- peuvent recevoir un enduit, ou rester
• Bonnes performances phoniques bone », les isolants en fibres de bois ont apparentes et surfacées pour offrir un
contre les bruits aériens et/ou les bruits des concurrents dans leur présentation à effet décoratif et acoustique.
d’impact selon la densité. faible densité, ils sont quasi incontourna- Vu leur lambda très moyen, les panneaux
bles dans les produits plus techniques de fibbraglo ne sont pas considérés
Impact sur l’environnement (panneaux supports d’enduits, panneaux comme de véritables isolants, mais peu-
• Bilan carbone de bon à excellent. éner- pare-pluie*, compléments d’éléments vent apporter des compléments à un sys-
gie grise corrélée principalement à la structurels préfabriqués...). Ces matériaux tème d’isolation :
densité des produits : de moyenne à très denses nécessitant beaucoup d’énergie à – en tant que supports d’enduits sur
élevée. la production, les fabricants travaillent à la murs à ossature bois (fiches M12 et M14)
• Matière première renouvelable, valori- mise au point de matériaux de plus en ou isolations par l’extérieur (fiche M05).
sant de plus des coproduits. La ressource plus légers pour un emploi donné. C’est Dans cet usage, les panneaux doivent
est largement excédentaire, même si par exemple le cas pour les toitures avec être d’une épaisseur minimale de 25 mm
localement une concurrence peut s’ins- de nouveaux panneaux faible densité uti- et issus d’une fabrication spéciale, préala-
taller avec le bois-énergie* (granules ou lisables en pose sarking* (voir fiche T04). blement séchés en usine pour éviter tout
plaquettes). retrait ;
• Pollutions principales : essentiellement Principaux fabricants – comme fonds de coffrages en sous-
celles des liants et adjuvants quand il y en www.isonat.com (Buitex®) faces de dalles ou en parements inté-
a : bitume surtout, mais aussi fibres de www.sotextho.com (Fibris®) rieurs. Le fibragglo est alors destiné à res-
texturation (polyesters…). Plusieurs www.gutex.de/fr (Gutex®)
ter apparent, principalement pour ses
fabricants substituent peu à peu à ces www.homatherm.fr (Homatherm®)
qualités acoustiques.
produits des adjuvants moins polluants www.kronofrance.fr (Kronospan®)
www.pavatex.fr (Pavatex®)
(polyoléfines, paraffine…), voire naturels
www.hofatex.eu (Hofatex®)
et biodégradables (fécule, amidon…). www.steico.de (Steico®)
• Réutilisable en fin de vie selon le type www.unger-diffutherm.com (Unger
de pose. Sinon, valorisation en humus. Diffutherm®)
Pour les présentations bitumées, dont le www.unalit.fr (Unalit®)
recyclage est difficile, la valorisation en www.lignatur.ch (Lignatur®)
énergie semble aujourd’hui la seule voie. www.celit.de (Celit®)
15. Dont la dénomination officielle (ou plutôt nor-
malisée) est « laine de bois », voir note p. 106.

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LES MATÉRIAUX D’ISOLATION RAPPORTÉE

À gauche Chènevotte en vrac. Photo J.-P. Oliva.


À droite Pose de panneaux de chanvre. Doc.
Thermohanf..
Page de droite Coupe de laine de chanvre à la
meuleuse. Doc.Technichanvre.

Le chanvre ment en composition avec d’autres Impact sur l’environnement


matières : chanvre/lin, chanvre/coton… • Chènevotte : excellent bilan carbone,
Le chanvre (Cannabis sativa), plante • Fibres longues, ou filasse, en vrac pour très faible énergie grise.
annuelle cultivée chez nous depuis les insufflation, projection ou calfeutrement. • Laine : bilan carbone neutre, énergie
Celtes, donne deux types de fibres : lon- • Feutres pour sous-couches phoniques. grise de faible à moyenne selon la densité.
gues pour les tissus, les cordages, la pape- • Matière première renouvelable, et à
terie et les isolants en panneaux ou en Principales caractéristiques court terme (plante annuelle). La culture
rouleaux, et courtes, la chènevotte ou Voir tableau ci-dessous. du chanvre est particulièrement écologi-
« anas de chanvre », longtemps considé- • Sensible au feu (M2 à M4, Euroclasse E). que : pas de désherbants, pas d’intrants
rée comme un sous-produit. Chènevotte en vrac et laines doivent être chimiques ni de pesticides, très peu de
Traditionnellement affectée à la litière ani- mises en œuvre avec un parement besoins en eau. Cantonnée à quelques
male pour ses capacités absorbantes ou à coupe-feu. En cas d’incendie, pas de déga- départements français il y a 10 ans
la jardinerie pour sa difficile putrescibilité, gements de gaz toxiques spécifiques (sauf encore, elle se décentralise et alimente
la chènevotte est utilisée comme isolant avec les produits utilisant du bitume). de plus en plus de petites filières locales.
en vrac ou granulat pour bétons allégés • Comportement à l’humidité : matériau • Pollutions principales : essentiellement
depuis les années 1990. résilient en cas d’humidité accidentelle, celles de la production des fibres de tex-
mais putrescible en cas d’humidité pro- turation, bitume… Des essais pour rem-
Présentations / Domaines d’utilisation longée. Perméable à la vapeur d’eau, placer les fibres polyesters des laines par
La chènevotte en vrac volant hygroscopique de bon (laine) à des colles à base de fécule ou de caséine
• Chènevotte brute : granulat plus ou très bon (chènevotte). sont en cours (voir également « Le lin »
moins gros (de 5 à 30 mm de long) • Non consommable par les rongeurs, p. 114).
incluant ou non quelques fibres longues peu dégradable. • Gestion en fin de vie : la chènevotte en
(filasse) pour des remplissages isolants à • Bonne durabilité et stabilité si la mise vrac est facilement réutilisable ou recycla-
sec ou des conglomérats humides. (Pour en œuvre est adaptée et la densité suffi- ble en agriculture. Pour les présentations
ces derniers, y compris la fabrication des sante pour le vrac, fixation mécanique texturées liées au polyester ou bitumées,
blocs, voir p. 113.) pour la laine… si un réemploi n’est pas possible, le recy-
• Chènevotte enrobée de bitume pour • Bonne contribution de la chènevotte clage est difficile. La valorisation en éner-
mise à niveau de planchers anciens. au confort d’été. gie semble aujourd’hui la seule voie.
• Chènevotte « minéralisée » pour la ren- • Performances acoustiques intéressantes
dre moins sensible à l’humidité, au feu18… en tant que « ressort ».
• Chènevotte fine (< 8 mm) pour
enduits de finition.
Les laines de chanvre Produit Chènevotte en vrac Laine de chanvre
Densité (ρ) en kg/m3 90 à 115 25 à 40
• Panneaux ou rouleaux d’isolant texturé,
Conductivité thermique (λ) en W/mK 0,048 à 0,06 0,039 à 0,042
à base de fibres longues pour isolation
Chaleur spécifique (c) en J/kg.K 1 950 1 300 à 1 700
rapportée entre ossatures, éventuelle- Résistance à la diffusion de vapeur d’eau (µ) 1 à 2 1à2
Bilan par UF avec ρ = 110*-30** kg/m3 ; λ = 0,05*-0,04** W/mK
Bilan CO2 en kg CO2eq – 34,38* – 0,78**
18. Vu le bon comportement de la chènevotte
brute et l’absence de comportements améliorés Énergie grise en kWh 6* 52**
indiquée par les premières études comparatives, Bilans environnementaux établis par analogie avec la paille de céréales, la chènevotte n’étant
nous préférons le produit non traité. pas renseignée dans la base de données Baubook.

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LES ISOLANTS VÉGÉTAUX

Impact sur la santé Les briques et « bétons » Au milieu Malaxage du conglomérat


À part les précautions d’usage en phase chènevotte/chaux. Photo S. Courgey.
de chanvre À droite Béton de chanvre banché.
chantier particulièrement nécessaires vu
la difficulté de coupe des laines de chan- Photo S. Courgey.
Partant de l’excellent bilan environne-
vre (photo ci-dessus), pas de nuisances mental du chanvre et de la durabilité de Principales caractéristiques
connues excepté les gaz dégagés par les ses fibres, la filière a travaillé depuis 20 ans Voir tableau ci-dessous.
produits bitumés, notamment en cas d’in- sur un nombre important de formula- • Comportement au feu : de peu à
cendie. tions et de mises en œuvre de conglo- moyennement sensible en fonction de la
mérats isolants (ou « bétons de chan- proportion de liant.
Appréciation vre19 »). Aujourd’hui, l’expérience et les • Comportement à l’humidité : lors du
Par la polyvalence des utilisations des nombreuses recherches scientifiques gâchage, le comportement très hydro-
produits qui en sont issus et son excellent aboutissent à une bonne connaissance du phile de la chènevotte requiert l’emploi
bilan environnemental, le chanvre est sans comportement de ces mélanges dont les de liants spécialement formulés. En cours
conteste une plante « phare » de l’éco- plus légers peuvent être considérés de vie : matériau résilient en cas d’humi-
construction en France. Cependant, le comme des isolants à part entière. dité accidentelle, mais putrescible en cas
bilan mitigé des produits texturés (pan-
d’humidité prolongée (d’où la prudence
neaux, rouleaux…) devrait inciter le Présentations / Domaines d’utilisation recommandée pour les utilisations sur
milieu du bâtiment à des conceptions Mélanges à base de chènevotte, d’un liant terre-plein). Perméabilité à la vapeur
techniques permettant une utilisation (généralement de la chaux formulée), et d’eau de forte à moyenne. Très bon
plus générale de la chènevotte, laissant d’eau. Le dosage en liant est très variable volant hygrothermique.
alors à d’autres filières la valorisation de la selon l’usage qui en est fait : blocs préfa- • Non consommable par les rongeurs, et
« fibre noble » (textile, plasturgie…). briqués, conglomérat banché* ou projeté difficilement dégradable (milieu rendu
à la machine, enduit isolant… (voir particulièrement hostile en présence de
Principaux fabricants tableau ci-dessous et fiche M13). chaux).
• www.agrofibre.com (Canahabitat®)
• www.bcb-tradical.fr (Chanvribat®)
• www.chanvre-mellois.com (Chanvre Produit Brique Mélange Mélange Mélange Mélange
mellios®) Chanvribloc® « Toit » « Mur » « Sol » « Enduit »
• www.chanvre.oxatis.com (LCDA pour « La Densité (ρ) en kg/m3 300 250 420 500 800
Chanvrière de l’Aube ») Conductivité thermique (λ) 0,06 0,06 0,10 0,10 0,17
• www.isonat.com (Buitex®, Isonat®, en W/mK
Natisol®) Chaleur spécifique (c) 1 700 De 1 500 (mélange « enduit ») à 1 700
• www.isover.fr (Florapan®) en J/kg.K (mélange « toit »)
• www.meha.de (Meha®) Résistance à la diffusion 4,5 10 à 13 selon densité et humidité
• www.sotextho.com (FibraNatur®) de vapeur d’eau (µ)
• www.steico.fr (Canaflex®) Bilan CO2 en kg CO2eq 2,70 – 9,00
• www.thermo-hanf.de (Thermo-Chanvre®) Énergie grise en kWh 79 60
• www.technichanvre.com (Technichanvre®) Bilans environnementaux établis d’après la base de données Baubook : chènevotte renseignée
• www.terrachanvre.com (Terrachanvre) par analogie avec la paille de céréales, liant formulé renseigné par analogie avec le ciment.
• http ://effireal.ifrance.com (Effiréal®)

19. Les deux auteurs de cet ouvrage furent parmi


les tout premiers à s’y engager en 1989.

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MP Chapitre 3 def 25/02/10 11:03 Page 197

LES PLANCHERS SUR ESPACES NON CHAUFFÉS

Isolation de dalles existantes P06


Pour l’isolation des dalles existantes donnant sur l’extérieur ou sur un espace
non chauffé, le choix sera d’isoler « par-dessous » excepté si les murs du
bâtiment sont (et restent) isolés par l’intérieur, et/ou si la face inférieure de la
dalle est peu accessible. Les solutions sont alors similaires à celles présentées 1
en fiche P02 et P03 mais avec une épaisseur d’isolant accrue de l’ordre de
25 %, les déperditions étant plus importantes que sur terre-plein.

Exemple de base
Pose en sous-face de dalle existante d’un complexe isolant constitué de cou-
ches de laine isolante croisées.
3
Caractéristiques thermiques et environnementales 4 2
1 Sol existant (généralement dalle + chape
Coef. de déperdition thermique U (W/m2K) / R (m2K/W) 0,19 / 5,32 + carrelage) (≈ 20 cm)
Pertes dues aux ponts thermiques intégrés 11 % 2 Ossature bois (chevrons* 10 cm x 6 cm
Capacité thermique intérieure quotidienne (kWh/m2K) 18 (très forte) croisés)
Capacité thermique intérieure séquentielle (kWh/m2K) 67 (forte) 3 Rouleau de laine de mouton
Épaisseur supplémentaire pour atteindre le niveau « passif » 5 cm (2 cm x 10 cm)
Bilan « CO2 » du m2 de paroi – 13 kg CO2eq 4 Panneaux de feutre de bois bouvetés*
Bilan « énergie grise » du m2 de paroi 39 kWh perspirants (1,8 cm)

Mise en œuvre / Points sensibles 1.


• En présence de canalisations sous dalle (eaux usées, gaines électriques,
VMC*…) la pose de l’isolant doit être ajustée et les joints des traversées
canalisations/plafond doivent assurer une très bonne étanchéité à l’air.
• Le panneau de plafond et son éventuelle finition doivent être perspirants :
(Sd cumulé ≤ 0,20 m maximum).
• La gestion du pourtour de dalle est de première importance car les déper-
2.
ditions par le pont thermique dalle/murs deviendront vite majoritaires. Outre
l’isolation des hourdis* périphériques (voir photo page suivante, en haut) :
– si les murs sont isolés par l’extérieur : descendre en façade l’isolant d’au
moins 70 cm au-dessous du niveau bas de la dalle. Côté intérieur et sur murs
de refend*, de 50 cm sous plafond ;
– si les murs sont isolés par l’intérieur (cette solution non souhaitable est parfois
la seule possible), on peut réduire les ponts thermiques en isolant les refends* 3.
sur une hauteur de 50 cm sous plafond et par une des solutions suivantes :
– bandeau isolant en façade plus isolation des murs sous dalle (schéma 1),
– isolation complémentaire du sol par le dessus (même avec une épais-
seur réduite) (schéma 2),
– enduit isolant en façades (voir fiche M10) plus isolation des murs
sous dalle (schéma 3) ; 4.
– pour les murs de refend* il est nécessaire de descendre l’isolation de 50
cm au-dessous du plafond (schéma 4) ;
– si les murs sont à isolation répartie : la situation est proche de celle de l’iso-
lation intérieure sauf si à l’origine un isolant conséquent a été placé en nez de
dalle, auquel cas aucune correction n’est nécessaire.

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MP Chapitre 3 def 25/02/10 11:04 Page 211

LES RAMPANTS ISOLÉS PAR-DESSUS

LES RAMPANTS* ISOLÉS PAR-DESSUS


(avant pose de la couverture)
Isolation entre les éléments T03
de charpente 1

Malgré l’habitude de poser l’isolation après la couverture, ce qui entraîne 2


généralement l’utilisation de matériaux texturés, l’isolation par le dessus est
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de loin préférable car elle permet un choix d’isolants beaucoup moins oné-
reux et à meilleur bilan environnemental.
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Exemple de base 6
Mise en œuvre d’isolant de forte épaisseur entre chevrons* porteurs. En
construction neuve ou en réhabilitation si dépose complète des anciens che- 7
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vrons*.
1 Couverture en tuile, compris liteaux
Caractéristiques thermiques et environnementales 2 Contre-lattage (4 cm minimum)
3 Panneaux pare-pluie* en feutre de bois
Coef. de déperdition thermique U (W/m2K) / R (m2K/W) 0,12 / 8,06 (22 mm)
Pertes dues aux ponts thermiques intégrés 6% 4 Botte de paille, fibres perpendiculaires au
Capacité thermique intérieure quotidienne (kWh/m2K) 15 (forte) flux de chaleur (36 cm)
Capacité thermique intérieure séquentielle (kWh/m2K) 29 (moyenne) 5 Chevron* porteur (poutre en « I » à
Déphasage (heure) / Atténuation du flux de chaleur (%) 18 h / 9 % âme isolée) (36 cm)
6 Panneaux de bois type OSB* (20 mm)
Épaisseur supplémentaire pour atteindre le niveau « passif » 9 cm
7 Panneaux de terre armée + enduits
Bilan « CO2 » du m2 de paroi – 64 kg CO2eq
terre (25 mm +10 mm)
Bilan « énergie grise » du m2 de paroi 150 kWh

Mise en œuvre / Points sensibles


• La gestion des hauts de murs doit assurer une continuité de l’isolation avec
les panneaux de toiture, sans ponts thermiques et inétanchéités à l’air.
• Les panneaux OSB* assurant entre autres l’étanchéité à l’air et la régulation
de la vapeur d’eau (Sd ≈ 4 m), leur pose se doit d’être particulièrement ajus-
tée (voir encadré p. 45).
• La hauteur des poutres en I et la longueur (à la demande) des bottes per-
mettent des dimensions entre axes élevées ce qui peut générer une écono-
mie d’échelle. Attention néanmoins à ajuster l’épaisseur des panneaux et la
section des lattes au support de couverture. Les poutres en I peuvent être utilisées en
pannes et non en chevrons* rampants. Dans
cette réhabilitation, l’isolant s’encastre entre
Impacts sur la santé les murs existants pour ne pas modifier la
Voir p. 206. volumétrie d’origine. Photo V. Keller.

Bilan écologique / Avis général


•Cette solution présente un excellent bilan environnemental pour une forte
isolation et un moindre coût financier. On peut encore réduire ce coût d’in-
vestissement en fabriquant soi-même les poutres en I et en choisissant un
autre plafond (plaque de plâtre, enduit terre ou plâtre sur canisses…).

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