You are on page 1of 8

Sujet : Dans quelle mesure la mondialisation contribue-t-elle à éradiquer la pauvreté et à réduire les

inégalités ?

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a confirmé que la Chine est devenue le premier exportateur
mondial en 2009, détrônant pour la 1ere fois l’Allemagne, avec des exportations de 1.202 milliards de dollars.
La Chine, pays très pauvre il y a 20 ans est donc dans un processus de rattrappage des PDEM, car sa
croissance économique a été très rapide ces dernières années : la prévision de croissance pour 2010 est de près
de 10%. Cette croissance très rapide s’explique par une stratégie particulière : l’insertion dans la
mondialisation que le FMI définit comme « l’interdépendance économique croissante de l’ensemble des pays
du monde, provoquée par l’augmentation du volume et de la variété des transactions transfrontières de biens
et de services, ainsi que les flux internationaux de capitaux, en même temps que par la diffusion accélérée et
généralisée de la technologie. » .Cette ouverture internationale a ainsi assuré une augmentation rapide du
PIB/hab et une réduction des inégalités tant au niveau intérieur qu’au niveau international. Une différence ne
devient une inégalité qu’à partir du moment où elle est traduite en termes d’avantages ou de désavantages par
rapport à une échelle de valeurs ; elle est donc toujours relative.
L’exemple de la Chine confirme ainsi l’analyse libérale pour qui la mondialisation assure automatiquement
une réduction des inégalités entre pays, car l’ouverture aux échanges favorise la convergence des économies.
Pourtant, la Chine n’est peut-être pas un très bon exemple tant au niveau des résultats : les inégalités à
l’intérieur du pays se sont accrus qu’au niveau de la stratégie : la Chine a mis en place une politique très
volontariste, basée sur une protection de son marché. Ainsi, l’intégration dans la mondialisation n’est ni une
condition nécessaire, ni suffisante pour assurer la réduction des inégalités.

I. Pour les libéraux, La mondialisation assure automatiquement une éradication de la pauvreté et


réduction des inégalités entre pays

De nombreux exemples confirment la conception libérale qui considère que l’intégration d’un pays dans la
mondialisation entraîne une convergence des économies

A. Une éradication de la pauvreté

1. Constat

On remarque une corrélation entre ouverture des économies et niveau moyen de revenu par habitant d’un pays
.
Les pays fermés qui ont refusé l’insertion dans les échanges mondiaux ont un PIB/hab faible : 2138$ en 1990
et une croissance économique faible : en moyenne le PIB/habitant a augmenté de 0.6% entre 1990 et 2000. En
revanche, les pays ouverts avaient un PIB/hab plus élevé en 1990 : 4062$ et leur croissance a été très rapide :
1.4% par an en moyenne entre 1990 et 2000.(doc 2)
L’ouverture a donc permis la croissance, une augmentation des richesses qui permet de subvenir aux besoins
essentiels d’une plus grande partie de la population. L’exemple de la Chine, qui s’est ouverte
économiquement est alors probant : la part des chinois vivant avec moins de 1$ par jour a été divisée par 2
entre 1990 et 1999 ; elle est passée de 31,5% à 17,4%. La réduction de la pauvreté a aussi été rapide dans les
campagnes : la part des personnes pauvres est passée de 42,5% en 1990 à 24,9% en 1999 (doc3).

2. Explications

Ainsi « plusieurs études économétriques récentes tentent de faire apparaître une relation systématique entre
mondialisation et croissance- ainsi qu’entre croissance et réduction de la pauvreté. Le message est clair :
ouvrez votre économie, libéralisez-là et elle croîtra ; et avec cette croissance, viendra une réduction de la
pauvreté » (doc 6)
Les échanges internationaux peuvent être de nature différente : des échanges de biens et services, de capitaux
ou de technologies, mais ils assurent tous croissance et réduction de la pauvreté.
a. Les échanges de biens et services

Historiquement, le premier type d’échange est celui de biens et services. Dès le XVIII° siècle, Ricardo a
montré que si un pays échange des biens et services, il doit se spécialiser : abandonner des productions pour
se concentrer sur certaines où il dispose d’ un avantage comparatif, c’est-à-dire qu’il est compétitif sur cette
production. Hecsher, Ohlin et Samuelson ont montré que l’origine de l’avantage comparatif réside dans la
dotation factorielle d’un pays : plus celui-ci est riche dans un facteur de production, plus son coût sera faible
et plus le pays aura intérêt à se spécialiser dans la production du bien exigeant une forte proportion de ce
facteur.
L’ouverture est alors « un moyen d’améliorer l’allocation de ressources » (doc4). Comme le pays concentre
ses efforts sur les secteurs où il est le plus efficace, la productivité globale des facteurs de production
s’accroît : le pays peut produire plus avec autant de moyens de production. La croissance augmente, ce qui
assure une hausse du niveau de vie moyen. Les échanges internationaux améliorent aussi la situation de la
population grâce aux importations : le pays peut se procurer des biens de meilleure qualité et à un prix plus
bas. C’était un des arguments de Ricardo au XVIII° siècle : l’importation de blé bon marché pouvait assurer
une alimentation à meilleur prix aux ouvriers, ce qui engendrait une hausse des profits et une relance de
l’investissement.

b. Les échanges de capitaux

La mondialisation ne se traduit pas seulement par des échanges de biens et services ; il y a de plus en plus
d’échanges de capitaux, notamment des IDE , c’est-à-dire un investissement direct quand l’investisseur
étranger possède 10% ou plus des actions ordinaires ou de droits de vote dans les entreprises. Ces IDE
engendrent de la croissance car ils apportent des capitaux et de la technologie.
En effet, les pays qui n’arrivent pas à assurer la satisfaction des besoins essentiels sont pauvres. Ils ne peuvent
donc épargner et investir pour se lancer dans un processus de croissance. La seule solution est alors d’attirer
les capitaux étrangers qui permettent la rupture du cercle vicieux de Nurske : les pays pauvres sont pauvres
car ils sont pauvres. Les investissements étrangers assurent alors une entrée de capitaux qui permet
d’augmenter la production et donc de réduire la pauvreté.

c. Les échanges de technologie

Les IDE n’ont pas seulement un effet quantitatif, mais un effet qualitatif : les IDE n’apportent pas seulement
du capital, mais les technologies des PDEM ( doc 4). L’ouverture des économies favorise alors « la diffusion
du savoir et de la technologie ». Les pays qui s’ouvrent bénéficient alors des technologies les plus récentes,
sans avoir eu à mettre en place des dépenses coûteuses de recherche-développement. Les IDE assurent alors
une augmentation rapide de la productivité ; les pays passent alors à une croissance intensive qui leur permet
de réduire la pauvreté.

Rostow va plus loin en montrant que plus un pays commence sa révolution industrielle tardivement, plus sa
croissance économique est rapide, car il bénéficie des avancées technologiques des PDEM . La
mondialisation entraîne ainsi une réduction des inégalités entre pays.

B. Et une réduction des inégalités

1. Une réduction des inégalités de revenu

a. Constat

Pour l’Asie en développement, la mondialisation a contribué à la réduction des inégalités : celles-ci ont
diminué de 0,5% par an . Les deux facteurs essentiels sont le développement des exportations ( qui ont permis
une baisse de 0,5% par an en moyenne) et la libéralisation des droits de douane ( elle aussi responsable d’une
baisse de 0,5% par an en moyenne)

b. Explications

Ce phénomène est ainsi symptomatique de la convergence des économies mise en évidence à la fois par
J.S.Mill et Heksher-Ohlin et Samuelson (HOS).

i. L’analyse de J.S.Mill

En effet, selon J.S.Mill , les pays pauvres sont les grands gagnants de l’échange international ; car, ils se
caractérisent par des capacités de production généralement plus réduites que celles des pays riches, en raison
de la faiblesse de leurs capacités d’investissement et par une demande plus faible en raison de la faiblesse du
revenu des ménages. Ainsi, les marchés dans lesquels sont spécialisés les pays pauvres se caractérisent par
une sous-production déterminant une hausse des prix alors que ceux des pays riches connaissent une
surproduction (résultant de la forte capacité de production du pays riche et de la faible capacité d’absorption
du pays pauvre) engendrant une baisse des prix.
Selon Mill, l’échange international se caractérise alors par une amélioration des termes de l’échange des pays
pauvres : le prix de leurs exportations augmente plus rapidement que le prix de leurs importations. Ils peuvent
alors importer une quantité croissante de biens avec la même quantité d’exportations. Les écarts entre pays
riches et pays pauvres diminuent du fait de l’évolution du prix des biens et services

ii. L’analyse de HOS

Les inégalités vont être réduites aussi grâce à l‘évolution du coût des facteurs de production. C’est ce que
développe l’analyse d’HOS . A l’origine un pays est spécialisé dans la production qui utilise intensément le
facteur le plus abondant donc le moins cher ; mais, suite à cette spécialisation, l’utilisation du facteur
abondant va s’intensifier, ce qui à terme va augmenter son coût : le facteur devenant plus rare .Au contraire le
facteur rare voit son utilisation diminuer puisque le pays importe les biens nécessitant son utilisation, le
facteur rare devient alors plus abondant et donc moins coûteux.
Ainsi, au départ les PDEM qui sont riches en capital et pauvres en travail ont des niveaux de salaires plus
élevés et des niveaux de taux d’intérêt plus bas que ceux des pays émergents où le capital est rare et le travail
abondant. Grâce à la mondialisation, le salaire des PDEM diminue, celui des PDV augmente ; le taux d’intérêt
dans les PDEM s’accroît, celui des PVD baisse. Il y alors un phénomène de convergence des économies.

A cette réduction des inégalités internationales s’ajoute une baisse des inégalités à l’intérieur des pays.

2. Une réduction des inégalités internes

La mondialisation économique et financière se traduit par une réduction des inégalités internes

a. Constat

i. Les effets de la mondialisation économique sur les inégalités

Certains exemples montrent ainsi que les pays qui se sont fermés aux échanges de biens ont connu une
augmentation des inégalités : le Népal a vu son ouverture commerciale baisser de 0,05% sur la période et le
coefficient de Gini qui mesure les inégalités augmenter de 15% (doc1).
En revanche, les pays qui se sont insérés dans la mondialisation économique ont connu une réduction des
inégalités : le Nicaragua a vu son ouverture augmenter de 0,1% et le coefficient de Gini a baissé de près de
10% sur la période.
ii. Les effets de la mondialisation financière

Le même constat s’opère en ce qui concerne la mondialisation financière. Les pays qui se sont fermés aux
échanges de capitaux ont vu leurs inégalités augmenter : la Côte d’Ivoire a vu son ouverture financière
diminuer et le coefficient de Gini a augmenté de 10 %( doc 1).
En revanche, les pays qui ont accepté les capitaux étrangers ont connu une réduction des inégalités internes
(doc 1) : la République Kirghize a connu une croissance de son ouverture financière de 0,5% sur la période et
son coefficient de Gini a diminué de 25%.

b. Explications

Selon les libéraux, la mondialisation assure de la croissance qui entraîne automatiquement une réduction des
inégalités selon Kuznets.
Dans les sociétés traditionnelles où le PIB/hab et les inégalités réduites, car la faiblesse de la croissance
empêche tout surplus à partager. Dans la première phase de croissance, celle-ci se traduit par une
augmentation des inégalités car la croissance nécessite un taux d’investissement élevé, donc un taux
d’épargne élevé. Comme ceux sont les plus riches qui ont le taux d’épargne le plus élevé, il faut accepter une
hausse des inégalités. Passé un certain seuil, l’augmentation du PIB/hab se traduit par une réduction des
inégalités. La forte augmentation de la richesse générée par la croissance économique va permettre aux pays
ayant connu un décollage économique d’améliorer le sort de la population et d’assurer le bien-être de la
population , car cette augmentation de la richesse permet d’augmenter le niveau de vie et d’améliorer le
mode de vie : la consommation augmente et se transforme ( cf lois d’Engel ) et de prendre en charge les
dépenses d’infrastructure ( d’éducation , de santé ) : la population est plus instruite et en meilleure santé.
Comme la population est plus riche et plus instruite, les revendications changent d’après R.Inglehart : de
matérielles, elles deviennent immatérielles. La population souhaite alors plus de liberté, plus d’égalité.

Les libéraux développent ainsi une vision particulièrement optimiste de la mondialisation : celle-ci assure
automatiquement une éradication de la pauvreté et une réduction des inégalités tant à l’intérieur d’un pays
qu’entre pays.

II. Mais la mondialisation ne réduit pas automatiquement les inégalités

Or, comme l’écrit J.Stiglitz (doc 6), « cette théorie ne tient pas. La croissance a parfois des retombées
positives sur les pauvres- et parfois non». Il n’ y a donc absolument pas d’automaticité dans la relation entre
mondialisation, pauvreté et inégalités. Certains pays y gagnent : c’est le cas des pays d’Asie du sud-est et de
la Chine. Mais prendre ces exemples comme preuve des bienfaits de la libéralisation des échanges et des
économies est peu pertinent : ceux sont des pays où l’intervention de l’Etat a été très forte pour créer des
conditions préalables à l’ouverture.

A. La mondialisation ne fait pas que des gagnants : les inégalités entre pays et les inégalités
internes ne se réduisent pas

La mondialisation n’entraîne pas automatiquement une réduction des inégalités entre pay , ni à l’intérieur des
pays. Ainsi, la pauvreté absolue mesurée par l’incapacité de subvenir à ses besoins essentiels est réduite, pas
la pauvreté relative qui se mesure par rapport au niveau de vie de la société.
1. La mondialisation n’entraîne pas automatiquement une réduction des inégalités internes

a. Constat

i. L’exemple de la Chine

Le cas de la Chine que est si souvent mis en avant par les libéraux en est un bon exemple (doc3) : alors que la
Chine dans la période 1990- 1999 s’est fortement ouverte, les inégalités se sont accrus : l’indice de Gini est
passé de 0,35 à 0, 42. Les inégalités ont surtout augmenté dans les régions les plus ouvertes : dans les villes,
le coefficient de Gini est passé de 0,23 à 0,3, alors que dans les campagnes il est passé de 0,3 à 0, 34 .
Ainsi, ni la mondialisation financière, ni la mondialisation économique n’ont assuré à tous les pays une
réduction de leurs inégalités internes. Il n’y a en effet aucune corrélation ente ces inégalités

ii. Les conséquences de la mondialisation économique sur les inégalités

Ainsi, le pays qui a connu la réduction la plus forte de ses inégalités est la République Kirghize dont
l’ouverture commerciale a diminué de 0,3% sur la période. Deux pays ayant connu la même croissance de
l’ouverture commerciale : Kenya et Macédoine ( plus 0,05% sur la période) ont eu des évolutions des
inégalités très différentes : le Kenya a vu ses inégalités diminuer (baisse du coefficient de Gini de 15%), alors
que c’est le contraire pour la Macédoine ( hausse de 10% du coefficient de Gini).
De même, le Burkina-Faso et l’Ukraine ont connu une baisse des inégalités équivalente ( le coefficient de
Gini a baissé de 10%) , mais l’Ukraine a connu une croissance de son ouverture commerciale de 0,05% sur la
période, alors que le Burkina-Faso l’ a réduit (doc1).

iii. Les conséquences de la mondialisation financière sur les inégalités

Cette absence d’automaticité se remarque aussi quand on étudie la mondialisation financière.


La Bolivie et le Sénégal ont connu la même ouverture financière (plus 0,05%), mais les inégalités ont
augmenté en Bolivie (le coefficient de Gini a augmenté de 15%, alors qu’elles se sont réduites au Sénégal ( le
coefficient de Gini a diminué de 15%).
De même, les inégalités ont augmenté au même rythme à la Jamaïque et à Hong-Kong (le coefficient de Gini
a augmenté de 10%). Cependant, la mondialisation financière s’est élevée à la Jamaïque (plus 0,05% sur la
période), s’est atténuée à Hong Kong (-0,15%)

b. Explications

Ainsi, l’insertion dans les échanges mondiaux, même si elle assure de croissance, ne contribue pas
obligatoirement à la réduction des inégalités. D’autres éléments doivent être pris en compte.

i. Quelles sont les modalités de l’insertion

Quand un pays s’insère dans le commerce mondial en jouant sur sa compétitivité-prix , c’est-à-dire en offrant
des produits à bas prix, il faut que le coût du travail reste faible. La mondialisation peut alors se traduire par
une hausse des inégalités : la majorité de la population conserve le même niveau de revenu, alors qu’une
minorité s’enrichit.

ii. Comment les fruits de la croissance est répartie

Tout dépend alors de la manière dont sont partagées les richesses. Or, rien ne dit que cette croissance va servir
au plus grand nombre. Ainsi, les fruits de la croissance peuvent être répartis de manière équitable et favoriser
les plus démunis ou bien ils peuvent servir à effectuer des dépenses inutiles au développement (dépenses
militaires ou pharaoniques : « éléphants blancs »)
2. ni une réduction des inégalités de revenus

Les inégalités à l’intérieur des pays peuvent s’élever, comme les inégalités entre pays , car tous les pays ne
gagnent pas à la mondialisation.

a. Constat

i. Pour l’ensemble des pays (doc 5)

Quand on raisonne en terme mondial, on se rend compte que la mondialisation entraîne une légère hausse des
inégalités qui résulte surtout du jeu des IDE. Les IDE entrant génèrent une augmentation des inégalités de
0,5% par an en moyenne sur la période

ii. Les PDEM (doc 5)

La mondialisation contribue à l’augmentation des IDE dans les pas avancés. Certes le rôle des échanges de
biens et services assure une réduction des inégalités : de 0,25 % par an en moyenne pour les importations,
mais les échanges de capitaux entraîne une augmentation des inégalités beaucoup plus forte : les IDE sortant
génèrent une hausse des inégalités de 1% par an en moyenne.

iii. Les pays en développement

Et contrairement à ce qu’affirment les libéraux, tous les PED ne connaissent pas une amélioration de leur sort.
Quand on prend l’ensemble des PED, la mondialisation n’a entraîné qu’une très faible baisse des inégalités.
Comme les pays d’Asie en développement ont connu une forte baisse des inégalités du fait de la
mondialisation (0 ,5% par an en moyenne), on peut en déduire que les inégalités dans les autres PED se sont
fortement accrues.

b. Explications

Ainsi, tous les PED n’ont pas profité de la mondialisation. Cela dépend d’abord du type de leur spécialisation.

i. L’influence de la spécialisation

En effet, contrairement à ce qu’affirment les libéraux, la spécialisation dans les produits primaires typiques
des PED ne permet pas à un pays de s’enrichir. Plusieurs raisons sont avancées par Prebisch et Singer.
Contrairement à ce qu’attendait Ricardo, les gains de productivité dans le secteur des matières premières ont
été presque aussi importants que dans le secteur industriel (le progrès technique a compensé la loi des
rendements décroissants). Mais la répartition de ces gains entre prix, salaires et profits a été opérée de
manière très différente dans les pays du Sud et du Nord.
Les gains de productivité dans les activités primaires se traduisent par des baisses de prix pour les PVD, car
l’excédent de main d’œuvre et l’absence d’organisations syndicales entravent une redistribution des gains de
productivité sous forme de salaires. Au contraire, dans les PDEM, les prix, malgré les forts gains de
productivité, se maintiennent ou augmentent, en raison de la rareté du travail (durant les 30 Glorieuses) et de
l’existence de syndicats puissants qui demandent et obtiennent des augmentations de salaire. Les gains de
productivité des pays du Sud profitent donc uniquement aux pays du Nord.
De plus, les marchés des PDEM sont caractérisés par une structure oligopolistique qui freine la concurrence
par les prix. Au contraire, les producteurs de matières premières se livrent une concurrence acharnée afin
d’exporter leur production, ce qui se traduit par une baisse des prix des matières premières, relativement aux
biens industriels. Cette tendance est encore accrue par le monopole dont bénéficient les pays développés dans
le domaine de la recherche et de l’innovation, qui leur permet de fixer les prix, alors que les produits
primaires, étant des biens traditionnels, peuvent être réalisés par n’importe quel producteur, pourvu que les
conditions naturelles soient propices.
Cette baisse des prix est encore renforcée par la faiblesse de l’élasticité-prix des matières premières, du fait
des lois d’Engel : d’après les lois d’Engel, les élasticités-revenu des produits industriels sont plus fortes que
celles des produits primaires. En effet, on constate, que, quand le revenu augmente, la part du revenu
consacrée aux produits primaires diminue en raison d’un phénomène de saturation de la demande, qui est
donc peu dynamique. Pour les pays producteurs de biens primaires, la demande étant inférieure à l’offre, les
prix baissent. Ils chutent d’autant plus que les pays industrialisés substituent aux matières premières des biens
issus du progrès technique plus résistants et plus légers (ex : le carbone à la place de l’acier pour les coques de
bateaux). En revanche, a part du revenu consacrée aux produits industriels augmente, la demande étant
dynamique, cela permet aux producteurs d’accroître leur prix.
Ainsi, selon Prebisch, les PVD ne retirent aucun avantage du commerce international, qui se traduit pour eux
par une croissance appauvrissante.

ii. Le rôle des IDE et des FTN

La mondialisation financière ne permet pas non plus la réduction des inégalités entre pays. Les IDE des FTN
répondent à un objectif précis : assurer le maximum de profit. C’est pour cela qu’aujourd’hui les Firmes
Transnationales développent une stratégie productive : dans ce cas , la conquête du marché local
d’implantation n’est plus la raison essentielle de l’implantation de la filiale . En effet, la production de la
filiale atelier qui est spécialisée dans la fabrication d’une partie du produit sera exportée vers le pays qui
prendra en charge le montage final. On assiste alors à une véritable Division Internationale des processus
productifs. La firme transnationale va implanter ses filiales dans les pays en fonction de la capacité de chaque
pays à effectuer au moindre coût la pièce ou le sous-ensemble qui lui a été confié. Ceci conduit à une
véritable internalisation de la production, les relations entre les filiales et la maison-mère donnant lieu à un
véritable commerce intra-firme .
Les IDE sont donc limités et partagés inéquitablement (doc 7). Certains pays sont favorisés : « en témoigne la
Chine qui se taille une part de lion dans ces deux domaines depuis 20 ans » ; d’autres sont marginalisés :
ceux qui n’ont aucun atout à proposer ; des pays qui n’ont aucune réserve de matière première, qui ont une
population analphabète, qui connaissent une instabilité politique. C’est le cas des pays d’Afrique qui
s’enfoncent dans la pauvreté.

B. Pour que l’ouverture soit une réussite, les caractéristiques endogènes du pays sont
déterminantes

Ainsi, pour que l’insertion dans les échanges internationaux favorise une réduction des inégalités, des
conditions préalables sont indispensables. Pour P.N.Giraud, « la mondialisation est un facteur favorable au
rattrapage des pays du Sud qui savent en tirer parti » (doc7) Comme l’affirme J.Stiglitz : « la mondialisation
et la croissance sont des phénomènes endogènes, qui résultent de politiques spécifiques » (doc 6). Avant de
s’ouvrir, l’Etat doit alors mener une politique spécifique qui peut prendre plusieurs axes.

1. Attirer des capitaux étrangers

Les capitaux étrangers sont attirés par des pays où la rentabilité est forte. L’Etat peut alors agir de deux
manières : des aides ou des subventions aux entreprises, une politique d’éducation qui permette de qualifier la
population. Les FTN disposeront alors d’une main d’œuvre assez qualifiée et productive.
L’action sur la mondialisation financière peut aussi être couplée par une influence sur la mondialisation
économique.

2. S’insérer dans les échanges de biens et services de manière efficace

Comme toutes les formes de spécialisation ne se valent pas, le rôle de l’Etat est donc de créer des avantages
comparatifs dans des secteurs porteurs où naturellement le pays n’en a pas. Contrairement aux apparences et
aux dires des théoriciens libéraux, l’Etat n’est pas absent, il applique une politique qui, selon M.Fouquin, tend
à concentrer les efforts sur les secteurs compétitifs et à abandonner les secteurs, dans lesquels le pays n’a pas
d’avantages ; car, contrairement aux affirmations de Ricardo, une adaptation passive aux avantages naturels
ne suffit pas : l’expérience de tous les pays en développement, y compris de ceux qui ont le mieux réussi, est
en faveur d’un certain volontarisme : dans les phases de démarrage du processus de développement, l’Etat
doit choisir les secteurs prioritaires qui doivent être créés ou développés
C’est la stratégie mise en place par les pays d’Asie du sud-est avec « une politique volontariste de promotion
des exportations ». Avant d’exporter , l’Etat met en place une protection douanière pour créer ces avantages.
Mais c’est un protectionnisme éducateur typique de List. Le pays en retard doit alors appliquer une stratégie
protectionniste, qui contrairement à la théorie développée par les libéraux n’est pas défensive mais offensive.
En effet, son industrie n’étant pas compétitive, il doit dans un premier temps la protéger par des barrières
douanières qui lui offriront un marché captif (le consommateur en contrepartie subit un coût : il paye plus
cher des biens de moins bonne qualité). Mais ces barrières douanières ne seront que provisoires ; au fur et à
mesure, les industries naissantes vont gagner en maturité, vont devenir plus compétitives, les barrières
protectionnistes pourront alors progressivement être réduites.

Selon les libéraux, la mondialisation est une condition nécessaire et suffisante pour assurer une suppression de
la pauvreté absolue et une réduction des inégalités tant à l’intérieur d’un pays qu’entre les pays. L’exemple
des pays d’Asie du sud et notamment de la Chine corrobore cette conception. Pourtant, prendre l’exemple de
la Chine comme une preuve des bienfaits du libéralisme économique et de l’ouverture des économies n’est
pas pertinent. En effet, la Chine s’est d’abord fermée pour créer une industrie compétitive, elle ne s’est
ouverte que dans un second temps. Pour que la mondialisation assure une réduction des inégalités, des
conditions préalables doivent être mises en place. Les pays qui se sont ouverts en se spécialisant dans des
produits primaires ont connu une croissance faible et les écarts entre les pays riches se sont accrus.
Les inégalités ne se résoudront pas automatiquement, mais seulement s’il y a une volonté politique, c’est-à-
dire un choix de société. Les inégalités ne se réduiront que si la majorité de la population considère que les
inégalités sont injustes. Or aujourd’hui, la conception libérale prédomine : les inégalités sont considérées
comme justes, car elles rémunèrent des talents et du travail différents et efficaces car elles assurent la
croissance.

You might also like