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COPPEMNEWS 23/24 Bimestriel du Coppem, année 6 n.

23/24 Nov 2006

PALERME
GÉNÉRALE
24/25 NOVEMBRE 2006
10èmeASSEMBLÉE
L'ÉDITORIAL
DE PIERO FAGONE

COPPEMNEWS Un “pépin” pour la paix. La reconnaissance que le Coppem confère, avec le Prix “Seme d'arancia” (Pé-
bimestriel édité par le Coppem pin d'orange), à deux personnalités de prestige telles que Madame Suzanne Mubarak et Carlo Azeglio
Enregistrement Tribunal de Palerme
n°22 du 23/12/1986. Ciampi, pourrait trouver dans cette définition son sens le plus authentique et profond car la paix est la
base indispensable pour entreprendre de réels processus de croissance et de développement écono-
mique, pour promouvoir la diffusion de la culture et réaffirmer les droits fondamentaux de l'homme et
de la démocratie. En bref, une dimension nécessaire à la cohabitation civile et au progrès économique
DIRECTEUR et culturel. Et c'est justement à tous ces caractères que semble s'être inspirée l'intense activité de la Pre-
Fabio Pellegrini
SOUS-DIRECTEUR mière Dame égyptienne et du Président honoraire de la République italienne auxquels, aujourd'hui, les
Lino Motta Villes et les Régions de 35 Nations adhérentes au Coppem entendent manifester leur plus vaste consi-
DIRECTEUR RESPONSABLE dération et souligner le rôle joué en vue de l'affirmation des valeurs de la solidarité et de la promotion
Piero Fagone
RÉDACTION humaine. Le pépin d'orange a, en Méditerranée, une valeur symbolique, toute particulière car il té-
Roberta Puglisi moigne de rapports millénaires au sein de cette région et traduit efficacement la perspective de renais-
Giovanna Cirino sance d'une zone si tourmentée.
Nino Randisi
redazione@coppem.org
Le Coppem, dès le début de son activité, s'est fixé l'objectif de contribuer à la recomposition du tissu
TRADUCTION politique, social et économique du milieu méditerranéen en utilisant le levier formidable des autono-
(en français) mies locales, à même d'exprimer des formes modernes de coopération et de réaliser une vaste solidari-
Flavia Marzialetti
(en anglais) té. A titre d'exemple nous pouvons citer certaines initiatives significatives: le Projet (promu par
Stefania Di Caro l'ONU) de coopération côtière entre certaines villes dramatiquement touchées par le terrorisme: Aqa-
Roberta Italia ba, Eilat, Gaza et Sharm-el-Sheik, celui qui voit l'Ismett (Institut méditerranéen pour les transplanta-
Alessandra Prudente
Nicola Spagnolo tions et les thérapies d'excellence) de Palerme se projeter vers toute la région et les pays arabes, et les
(arabe) Projets Ecomemaq pour la sauvegarde du maquis méditerranéen et Medins pour la tutelle de la cultu-
Sonia Yakoubi re immatérielle et la valorisation des territoires méditerranéens.
PROJET GRAPHIQUE
Luigi Mennella Le point sur ces initiatives et sur d'autres déjà en chantier sera fait à l'occasion de la X Assemblée Gé-
IMPRIMERIE nérale qui sera ouverte, de manière significative, par la cérimonie de remise du Prix “Seme d'arancia”.
Officine Grafiche Riunite Donc, en prenant la voie de la coopération et d'un engagement commun solidaire, les Pouvoirs locaux
Palermo
ont la possibilité de contribuer, de façon déterminante, à améliorer les conditions de vie des commu-
nautés concernées, à promouvoir le développement économique et la croissance civile et culturelle et,
de cette façon, à faire progresser immanquablement les rapports entre les Etats. L'élargissement à l'Est
de l'Union Européenne a fait naître la crainte que l'insertion des pays de l'Europe orientale porte pré-
judice à la politique de rééquilibre le long de l'axe Nord-Sud. Le vice-ministre des Affaires Etrangères
d'Italie, Ugo Intini, dans une interview que nous publions dans ce numéro, nous rassure en disant que
“il ne s'agit pas de deux processus destinés à se neutraliser réciproquement, et je dirais même le contrai-
COPPEM
Via E. Amari, 162
re, il est fondamental qu'ils aillent de pair selon une idée moderne d'intégration, qui concerne tant le
90139 Palermo (Italia) secteur économique et commercial que l'aspect politique”. Intégration qui a son point de repère dans
tel. +39 091.662.22.38 la politique de partenariat et, en particulier, dans les partenariats territoriaux, instruments opération-
www.coppem.org nels efficaces afin de réaliser de nouvelles perspectives économiques et politiques plus avancées.
Coppem News, qui franchit la ligne d'arrivée du premier quinquennat de publications, a suivi avec une
INTERNATIONAL RELATIONS OFFICE attention particulière l'évolution du Processus de Barcelone, a enregistré ses affirmations partielles et
Adnan Kahveci Bulvari No:78 ses nombreux insuccès, mais a surtout mis en lumière les programmes élaborés et a donné voix aux su-
Bahcelievler, Istanbul (Turkey)
jets qui se sont mesurés dans le difficile pari de récupérer les valeurs de la coopération, de la solidarité
Tel: +90 212 441 10 95
www.anadolubil.edu.tr et de la cohabitation dans la région méditerranéenne, en faisant pression sur la force et sur l'engage-
ment des communautés locales.
c/o Governorate Benha C'est à travers cette optique que le Coppem, en collaboration avec le Facm (Forum algérien pour la ci-
Kornish El-Nil st.
113111 Egypt toyenneté et la modernité), a approfondi, lors d'un congrès à Alger, les perspectives de développement
tel: 0020.13.32.32.280 de la coopération entre villes et régions euro-méditerranéennes. Coppem News s'est inspiré de ce
qalyubiya_gov@hotmail.com congrès pour dédier un onglet sur la réalité de l'Algérie, pays traversé par de grands ferments de réfor-
me moderne mais également théâtre de résistances qui freinent les processus d'avancement culturel, ci-
vil et économique. Tout comme pour le Congrès, cette initiative éditoriale a été réalisée avec le pré-
cieux apport du Facm.
NOUVEAUX CHEMINS POUR LE DÉVELOPPEMENT
RELANCÉ UN “PLAN MARSHALL” POUR LES PAYS DE LA RIVE SUD
DE SALVATORE CUFFARO PRÉSIDENT DE LA RÉGION SICILIENNE

ros pour les prêts, l'assistance technique et


les capitaux-risques à disposition d'entre-
prises de différents Pays de la rive sud. Et
toutefois, si l'initiative de l'Ue n'aura pas
d'essor et si les Autonomies locales ne se-
ront pas pleinement impliquées, la date de
2010 pour la création prévue de la grande
zone de libre échange pourra être difficile-
ment respectée. Aujourd'hui, la Méditer-
ranée est au cœur du débat politique et les
problèmes qui tournent autour d'elle et en
son sein concernent toute la communau-
té internationale. Je crois fermement, et je
pense ne pas être le seul, qu'aujourd'hui
tous les Gouvernements, toutes les ré-
gions doivent faire en sorte que tous les
de gauche: Adly Hussein, Salvatore Cuffaro, Salvatore Cilento
Pays doivent être mis en mesure d'assurer
à leurs habitants, outre la liberté d'expres-
sion et de mouvement, la possibilité de sa-
La remise du Prix “Seme d'arancia” à Ma- redevienne une mer de paix, de dévelop- tisfaire des nécessités fondamentales telles
dame Suzanne Mubarak et au Président pement et de solidarité. Du Maroc à l’Al- l'alimentation, la santé, le travail, le loge-
honoraire de la République italienne Car- gérie, de la Grèce à Crète jusqu'à l'Egypte, ment, l'éducation, sinon la frustration
lo Azeglio Ciampi revêt une importante Pays avec lequel nous avons lancé diffé- poussera de plus en plus les gens à devoir
valeur: avec cette initiative, le Coppem a rents projets de partenariat, nous voulons émigrer. Nous ne pouvons pas et nous ne
voulu, d'un côté, remarquer l'engagement continuer sur le chemin d'une efficace co- pourrons jamais avoir la conscience tran-
et le dévouement de deux grandes person- opération solidaire, en réaffirmant le rôle quille si nous renvoyons les gens désespé-
nalités à la cause de la paix et à la promo- de la Sicile comme force motrice pour la rés, qui arrivent dans le seul espoir d'une
tion civile et culturelle des communautés croissance de la Méditerranée. La Confé- vie meilleure. En tant que Président de la
en Méditerranée, de l'autre, elle a enten- rence de Barcelone, en établissant le par- Région, j'ai honte que tant de personnes à
du placer les valeurs de cohabitation civi- tenariat euro-méditerranéen, avait indi- la recherche d'une aide soient considérées
le et de progrès auxquels aspirent les Villes qué trois grands domaines dans lesquels à l'instar de quotas à évacuer. La Sicile
et les Régions des deux rives. Le long de la développer une importante coopération: s'offre comme avant-poste, avec d'autres
voie du partenariat, d'importants objectifs la démocratie et la sécurité, le partenariat régions méditerranéennes européennes,
de coopération et de solidarité, vraiment économique et financier, la coopération de cette contre-offensive de la solidarité et
impensables en présence de l'incessant dans le domaine social et culturel. La réa- de la vie, par rapport à une invasion paci-
conflit au Moyen-Orient, sont en train de lité nous a imposé de nous mesurer avec fique mais inévitablement dramatique et
se réaliser petit à petit. La Sicile, le Cop- d'autres impératifs: le terrorisme et l'im- déstabilisatrice. Nous devons mettre cette
pem ont favorisé la mise en place d'un migration illégale. Après dix ans, en tra- nouvelle “question méditerranéenne”,
processus original de croissance globale çant le bilan, en grande mesure décevant, sans plus hésiter, au cœur de la politique
qui fait pression sur d'importants secteurs du Processus de Barcelone, un plan d'ac- étrangère communautaire. Celles-ci sont
tels l'organisation civile, la formation, les tion commun en matière d'immigration les motivations qui m'ont convaincu à
biens culturels et l'environnement, le tou- et de justice et sécurité, thèmes qui ne fi- lancer l'idée d'un plan de développement
risme, les activités productives et com- guraient pas dans la Déclaration de 1995, extraordinaire pour les Pays de la rive sud
merciales. Le Coppem est un instrument a été convenu. Rappelons que la Banque de la Méditerranée, un plan Marshall du
important pour le travail que la Sicile européenne des investissements (Bei) a troisième millénaire qui puisse devenir un
veut effectuer pour que la Méditerranée été autorisée à affecter 1,5 milliards d'eu- exemple concret de solidarité.

NOVEMBRE 2006 1
SUZANNE MUBARAK
«POUR SA GRANDE SENSIBILITÉ ET SON ENGAGEMENT CIVIL GÉNÉREUX PRODIGUÉS DANS LES MUL-
TIPLES INITIATIVES CONDUITES SOUS LE SIGNE D'UNE SOLIDARITÉ EFFICACE, DE L'AMÉLIORATION DES
CONDITIONS DE VIE DES PLUS FAIBLES ET DE LA PROMOTION DE LA CONDITION FÉMININE”

cités de lecture des enfants et des jeunes. - Maurice Pate Award, décerné par le
Parmi ses nombreuses initiatives: l'insti- Comité Exécutif de l'Unicef pour son dé-
tution de la Société égyptienne de l'En- vouement et son engagement pour la sur-
fance et de Progrès – d'importance vitale vie, la protection et le progrès des en-
dans la reconstruction des écoles après le fants (1989);
tremblement de terre de 1992 – le Musée - Honorary Fulbright Award, pour les ac-
d'Histoire national pour enfants Suzanne tivités dans le domaine du développe-
Mubarak et le texte unique de la législa- ment et de l'éducation des enfants
tion sur les mineurs. La loi définit le (1992);
cadre des droits qui sauvegarde les mi- - Enrique de la Mata International Prize
neurs, notamment à l'égard de ceux qui for Peace par la Fondation Together for
sont sans abri ou qui subissent des abus. Peace, pour son engagement pour la pro-
Engagée dans la défense des droits des motion du développement des enfants et
femmes, la Première Dame est également pour soulager les souffrances des victimes
Présidente de la Direction de Conseil de catastrophes naturelles (1992);
National de l’Enfance et la Maternité et - Paul Harris Fellow, pour la collabora-
Suzanne Mubarak
du Comité National des Femmes. Elle est tion offerte dans la promotion d'une
également connue pour ses formidables meilleure compréhension et relations
participations aux œuvres humanitaires. amicales entre les peuples du monde
Suzanne Mubarak, Première Dame En qualité de présidente de l'Association (1992);
d'Egypte, est née dans la province égyp- Egyptienne du Croissant-Rouge, Mada- - Health for All Gold Medal, la distinc-
tienne d'El Menya. me Mubarak a été très active pour four- tion la plus élevée de l'Organisation
Après avoir complété sa formation à nir une aide importante à la Palestine, au Mondiale de la Santé, pour ses remar-
l'école féminine Ste Claire, elle a obtenu Soudan et à la Bosnie. A travers le Crois- quables contributions en vue de la quali-
une Maîtrise ès Sciences Politiques à sant-Rouge, Madame Mubarak a lancé té de la vie des femmes et des enfants
l'Université Américaine du Caire en avec succès la campagne nationale pour d’Egypte, ainsi que pour son engagement
1977. En 1982, elle a obtenu un Master la transfusion de sang sain. personnel pour l’effort international vi-
en Sociologie. C'est justement la sociolo- Sur la scène internationale, Suzanne sant à intégrer le domaine de la santé
gie qui, depuis toujours, est l'un de ses in- Mubarak est admirée pour ses contribu- dans le processus du développement;
térêts et qui reflète son engagement in- tions dans le cadre de la reconnaissance - International Book Award, remis par
ébranlable au service de la communauté. des droits des femmes et des mineurs. El- l'International Book Committee pour ses
Pendant des années la Première Dame a le a participé à d'innombrables confé- efforts exceptionnels pour la promotion
contribué de façon significative au pro- rences internationales y compris la de la lecture en Egypte (1995);
grès de la société par le biais de l'institu- Conférence sur la réforme économique - Prix Highest Honor de la Soka Univer-
tion et la sponsorisation d'innombrables pour les femmes africaines à Genève en sity (1995);
associations et organisations non gouver- 1992. Elle a été le principal rapporteur Le Diplôme de doctorat en Loi de la part
nementales. Elle est la fondatrice et la lors du Séminaire des Premières Dames du Westminster College, New Wilming-
Présidente de la Société de Soin intègre africaines sur la condition des femmes et ton, pour les formidables résultats obte-
établie en 1977 au soutien des activités des enfants en Afrique ainsi qu'à la se- nus en faveur du peuple égyptien et pour
sociales, culturelles et éducatives pour les conde session du Conseil spécial de haut les nombreuses initiatives qui ont obte-
enfants et les jeunes et elle s'emploie pour niveau aux Nations-Unies à New-York nu l'appréciation de la communauté in-
instituer des bibliothèques pour enfants en 1993. Son activité intense a obtenu ternationale;
en Egypte. En 1991, la Première Dame de significatives reconnaissances égale- - American World Book Association for
lance une campagne nationale pour le ment au niveau international. Parmi les Publication Award, pour avoir favorisé la
programme étendu “Lire pour tous” qui prix qui lui ont été décernés, revêtent publication de livres et pour son engage-
s'est traduit avec l'amélioration des capa- une importance particulière: ment dans la campagne “Lire pour tous”.

2 COPPEMNEWS
CARLO AZEGLIO CIAMPI
“POUR AVOIR OFFERT, AVEC SON ACTIVITÉ INTENSE, UN EXTRAORDINAIRE TÉMOIGNAGE D'ENGA-
GEMENT POLITIQUE ET CIVIL DANS L'AFFIRMATION DES VALEURS LES PLUS ÉLEVÉES DE LA DÉMOCRA-
TIE ET DE LA PAIX”

exercer un rôle de transition. Durant la référence pour les renouvellements


XIII législature il a été Ministre du Tré- contractuels. Par ailleurs, le gouverne-
sor, du Bilan et de la Programmation ment Ciampi a engagé la privatisation
Economique, des gouvernements Prodi de nombreuses entreprises publiques,
(d'avril 1996 à octobre 1998) et D'Ale- enélargissant et en précisant le cadre de
ma (d'octobre 1998 à mai 1999). Depuis référence normatif et en réalisant les
1993 Gouverneur honoraire de la premières opérations d'abandon (parmi
Banque d'Italie et depuis 1996 membre lesquelles, dans le secteur bancaire, celle
du conseil d'administration de l'Institut du Crédit italien, de la Banque commer-
de l'Encyclopédie Italienne. Il a recou- ciale italienne, de l'IMI). En tant que
vert de nombreuses importantes charges Ministre du Trésor et du Bilan des gou-
au niveau international, dont celles de: vernements Prodi et D'Alema, Ciampi a
Président du Comité des gouverneurs de contribué de manière déterminante au
la Communauté européenne et du Fonds respect des critères de convergence pré-
européen de coopération monétaire (en vus par le Traité de Maastricht, permet-
1982 et en 1987); vice-président de la tant ainsi la participation de l'Italie à la
Carlo Azeglio Ciampi
Banque des règlements internationaux monnaie unique européenne, dès sa
(de 1994 à 1996); président du Groupe création. Parmi les mesures les plus si-
Consultatif pour la compétitivité au sein gnificatives de cette période rappelons la
Carlo Azeglio Ciampi, Président hono- de la Commission européenne (de 1995 manœuvre corrective de la politique de
raire de la République italienne, est né à à 1996); Président du comité interinal bilan effectuée en septembre 1996 par le
Livourne le 9 décembre 1920. Après du Fonds Monétaire International (d'oc- gouvernement Prodi, qui a permis un
deux maîtrises ès Lettres et en Droit ob- tobre 1998 à mai 1999). D'avril 1993 à abattement de plus de 4 % de la dette
tenues à la prestigieuse Ecole Normale mai 1994, Ciampi a gouverné durant nette des administrations publiques par
Supérieure de Pise (la première en 1941, une phase de transition institutionnelle rapport au produit intérieur brut, ce qui
la seconde en 1946), à vingt-six ans il et économique difficile. Le référendum représentait le critère de convergence le
fait partie de la famille toute aussi presti- électoral et la conjoncture défavorable plus difficile à atteindre pour notre Pays.
gieuse de via Nazionale: autrement dit il caractérisée par un ralentissement de la Le 13 mai 1999 a été élu au premier tour,
entre dans 'équipe très sélectionnée de la croissance économique exigeaient des dixième Président de la République Ita-
Banque d'Italie, engagé et appelé à prê- réponses immédiates. Le gouvernement lienne. Son mandat a terminé en mai
ter son service dans différentes filiales, Ciampi a garanti l'application de la nou- 2006. Depuis le 15 mai 2006 il est séna-
en exerçant une activité administrative velle loi électorale approuvée par le Par- teur de droit et à vie et il est inscrit dans
et d'inspection d'entreprises de crédit. lement, à travers le travail complexe le groupe Mixte du Palais Madame. Car-
En 1960 il est appelé à l'administration pour la détermination des collèges et des lo Azeglio Ciampi est également l'au-
centrale de la Banque d'Italie, dans le circonscriptions électorales et le passage teur, outre de nombreux articles et inter-
Bureau d'Etudes, dont il a été le direc- d'un Parlement qui s'est rénové profon- ventions, également de certaines publi-
teur en juillet 1970. Secrétaire générale dément entre la XI et la XII législature. cations, dont nous signalons "Conside-
de la Banque d'Italie en 1973, Vice-di- Sur le plan économique les interven- razioni Finali del Governatore della
recteur général en 1976, directeur géné- tions les plus significatives ont été Banca d'Italia dal 1979 al 1993" (Consi-
ral en 1978, en octobre 1979 il a été vouées à la constitution du cadre institu- dérations Finales du Gouverneur de la
nommé Gouverneur de la Banque d'Ita- tionnel pour la lutte contre l'inflation, à Banque d'Italie de 1979 à 1993), "Sfida
lie et Président du Bureau Italien, chan- travers l'accord gouvernement-parte- alla disoccupazione: promuovere la com-
gements et fonctions qu'il remplira jus- naires sociaux de juillet de 1993, qui a petitività europea" (Défi au chômage:
qu'au 28 avril 1993. D'avril 1993 à mai notamment mis fin à tout mécanisme promouvoir la compétitivité européen-
1994 il a été Président du Conseil, en d'indexation en identifiant dans le taux ne) et "Un metodo per governare" (Une
présidant un gouvernement appelé à d'inflation programmée le paramètre de méthode pour gouverner).

NOVEMBRE 2006 3
UN PÉPIN POUR LA PAIX
LA CÉRÉMONIE DE REMISE À PALERME LE 24 NOVEMBRE
DE GIOVANNA CIRINO

cidentale. L'épouse du Président égyptien veut se libérer de l'indifférence et qui peut


Hosni Mubarak, Présidente, entr'autres, trouver, dans l'art, un instrument d'enga-
du Conseil d'administration de la biblio- gement civil. Le Pépin d'orange est un
thèque d'Alexandrie d'Egypte, et un des langage artistique, un signe qui unit l'Es-
Présidents les plus aimés du Belpaese, reti- pagne, la Sicile, l'Afrique du Nord, le
reront ce prix le 24 novembre à Villa Mal- Moyen-Orient, Israël et la Palestine, dans
fitano. Le Pépin d'Orange est une œuvre une mer unique. Un pépin qui n'est pas lié
qu'Emilio Isgrò, poète visuel, peintre, ar- à l'ensemencement saisonnier mais qui se
tiste, qui jouit d'une célébrité internatio- veut symbole éternel d'un parcours com-
nale, a dédié aux peuples “de bonne vo- mun «pour ne pas se rendre à la dégrada-
lonté” comme signe de paix, prospérité et tion et au découragement» pour utiliser
confiance en un futur plus juste. C'est une les mêmes mots que l'artiste. «L'art, en
scuplture réalisée en tuf, résine, agrumes tant que signe de renaissance et de rachat,
et déchets vulcaniques, donnée, le 21 est nécessaire dans tout processus de
mars du 1998, à sa ville natale Barcellona construction, précise Isgrò. J'espère que ce
Pozzo di Gotto, province de Messine, avec pépin continuera à germer au sein de tous
une cérimonie en présence de 200 maires les peuples de la Méditerranée et, qu'à
Suzanne Mubarak, Première Dame égyp- venus de l'Europe toute entière. Cette l'ombre régénératrice de ce symbole, les
tienne et Carlo Azeglio Ciampi, Président œuvre, d'une hauteur de plus de six jeunes pourront grandir sous le signe de la
honoraire de la République italienne, sont mètres et exposée en plein air sur la place liberté et de la tolérance». La ville de Pa-
deux personnalités euro-méditerra- de l'Ancienne Gare, semble exploser du lerme expose depuis 2001, à Palazzo Ziino,
néennes particulièrement engagées dans ventre de la terre sicilienne, lieu de la mé- une œuvre de cet artiste sicilien, intitulée
la promotion du dialogue entre les peuples moire et de rencontre entre les cultures “ La rotta dei catalani” dont les protago-
vivant sur les deux rives du Mare nostrum, euro-méditerranéennes. Ce Pépin nistes sont des fourmies, humbles ou-
qui depuis toujours nourrit et embrasse de d'Orange révèle la maturité créative vrières de la paix, symbole de confiance
nombreuses civilisations. Le Coppem, à d'Emilio Isgrò et fait partie des “détails en la vie, représentantes de cette ardeur
l'occasion de sa X Assemblée Générale de grossis” qui, comme les “lettere estratte” méditerranéenne au travail, témoin d'un
Palerme, leur décernera le prix Seme (“lettres tirées au sort”), représente une de passé culturel qui a donné sa grandeur à
d'arancia (Pépin d'Orange), comme re- ses étapes artistiques les plus importantes. cette zone du monde et qui se veut être le
connaissance pour l'activité qu'ils ont Ce pépin a été grossi 9.000 fois: un géant meilleur souhait pour un futur où la paix
exercée, considérée comme un pont im- de la nature qui s'impose dans un contex- ne soit pas une utopie mais quelque chose
portant entre les cultures islamique et oc- te urbain à requalifier, dans une ville qui qui puisse se construire chaque jour.

Artiste, écrivain et dramaturge, Emilio Isgrò est un sicilien qui vit à Milan mais qui retourne souvent sur son île. Après son
début en 1956 avec son recueil de poèmes Fiere del Sud, il a dirigé, de 1960 à 1967, les pages culturelles du quoti-
dien Il Gazzettino. En 1964, il commence à produire les célèbres Cancellature, en exposant dans des Musées et des
Galeries prestigieuses à Munich, Hannover, Stuttgart, Bonn, Amsterdam, New-York, Turin, Anvers, Londres et Toyama. En
1985, il a réalisé à Milan, commissionnée par le Théâtre de la Scala, l'installation multimédia La veglia di Bach et, en
1998, le gigantesque Seme d'arancia, inauguré à Barcellona Pozzo di Gotto, dans la province de Messine, comme sym-
bole de renaissance méditerranéenne à même de relancer les intentions sociales et civiles qui sont l'un des caractères les
plus importants de l'œuvre de cet artiste. Plusieurs fois invité à la Biennale de Venise, il obtient en 1977 le premier prix à
la Biennale de Sao Paulo. En 2001, la Ville de Palerme lui a dédié une grande exposition anthologique à Santa Maria
Emilio Isgrò
dello Spasimo. Dans son histoire d'artiste, complexe et polyvalente, son activité d'écrivain et de dramaturge, consolidée
par la création de la monumentale Orestea di Gibellina (1983/84/85) et par une série de romans et de livres en vers
toujours accueillis avec la plus grande ferveur par le public et par la critique, revêt également une importance absolue.
En 2003, il reçoit le Prix San Pellegrino pour la poésie avec son recueil Brindisi all'amico infame.

4 COPPEMNEWS
ÉGYPTE ET ITALIE UNIS POUR LA PAIX
LA SATISFACTION DE L'AMBASSADEUR DU CAIRE POUR LA RECONNAISSANCE À SUZANNE MUBARAK

Les relations entre l’Italie et l’Egypte se tion entre le Nord et le Sud. Madame
basent sur un maximum de confiance et Mubarak encourage la culture de la Paix
de collaboration réciproque. La promo- dans toute la région de la Méditerranée
tion de la part de l’Union Européenne et donc la remise du “Seme d'Arancia”
de programmes de recherche, en colla- signifie que vous avez saisi la valeur d’un
boration avec les Pays de la rive Sud de engagement prodigué avec constance et
la Méditerranée, a donné une forte im- dédition.
pulsion à l’Egypte en faveur d’une plus Madame Mubarak est fondatrice et
grande ouverture à l'égard des Pays limi- présidente du Suzanne Mubarak Wo-
trophes. Surtout dans le domaine des men's International Peace. De quelle
Biens Culturels l’Egypte est depuis tou- façon cette institution affronte-t-elle
jours parmi les principaux partenaires le problème des droits des femmes?
de l'Italie. En outre, de façon cohérente Madame Mubarak est une leader qui se
avec les critères établis alors, noir sur bat pour donner voix aux femmes dans
blanc, en 1995, par la Déclaration de notre région. Il est important que les
Barcelone, les rapports entre ces deux femmes aient les mêmes opportunités
Ashraf Rashed, Ambassadeur de la République Arabe
d'Égypte en Italie
Etats deviennent de plus en plus intrin- que les hommes, dans les études, la re-
sèques. Des accords bilatéraux de plus cherche et le travail afin d’améliorer
en plus intenses, donc, coopération et leur condition. Je suis orgueilleux de
interaction et, surtout, un chemine- pouvoir dire qu’en Egypte il y a de nom-
ment commun vers le Processus de Paix breuses femmes actives dans l’économie
au Moyen-Orient. Ce sont certains des et que plus d’une femme est ministre du
objectifs qui émergent de l’interview ci- Gouvernement. Je voudrais ajouter que
après de l'Ambassadeur de la Répu- parmi les ambassadeurs égyptiens dis-
blique arabe d'Egypte, Ashraf Rashed, persés dans le monde, trente cinq sont
invité du Coppem, les jours derniers, en des femmes. Nous devons certainement
vue de l'arrivée de la Première Dame, travailler encore pour une reconnais-
Suzanne Mubarak, épouse du président sance plus complète du rôle de la femme
égyptien Hosni Mubarak, qui sera à Pa- car nous retenons que ce rôle soit fon-
lerme le 24 novembre prochain pour re- damental pour leur croissance tant au
cevoir le prix “Seme d'arancia” (Pépin sein de la société que de la famille.
d’orange) pour son engagement au cours Que pensez-vous du niveau actuel des
de ces années dans la promotion de la relations entre l’Egypte et l’Italie?
coopération entre les peuples de la Mé- Je crois que les rapports entre l’Italie et
diterranée et dans la poursuite des ob- l'Egypte soient fortement en expansion.
jectifs de paix et de justice. Nous avons une histoire commune et
Monsieur l’Ambassadeur, dans le des caractères semblables. En Egypte, les
cadre des rapports entre l’Italie, la Si- investissements italiens continuent de
cile et l’Egypte, que pensez-vous de la croître et, dernièrement, la Banque San
remise de ce prix à Madame Mubarak? Paolo a acquis la Banque Alexandrine.
Nous sommes contents pour Madame Je parle de cet événement uniquement
Mubarak car le prix qui lui sera remis car il témoigne la confiance que nous
par le Coppem témoigne également avons à l’égard des hommes d’affaires
d’une reconnaissance des efforts que italiens. Il est clair que les investisse-
l’épouse du Président est en train de fai- ments s’entrecroisent; par exemple, le
re pour le dévelopement et la coopéra- propriétaire de la compagnie télépho-

NOVEMBRE 2006 5
Suzanne Mubarak Women’s International Peace

nique Wind est égyptien. Quand je par- stabilité et pour mettre fin à la violence, Dans le processus de Paix au Moyen-
le de similitudes entre les deux peuples, est celle de résoudre le conflit palesti- Orient, la Déclaration de Barcelone,
celui égyptien et celui italien je ne me nien. La reconnaissance de deux Etats, pour déployer toutes ses potentialités,
réfère pas uniquement aux caractéris- celui de la Palestine et celui d'Israël, aurait peut-être dû rechercher un lien
tiques personnelles ou sentimentales, conduirait à la paix et à la sécurité pour possible avec l’initiative des Etats-Unis?
mais également aux profonds intérêts les deux peuples. En réalité, au cours de Les Etats-Unis et l'Ue ont un poids
qui nous unissent. ces années, il n’y a jamais eu un réel considérable dans le processus de paix.
L'Egypte a eu le courage d’entre- processus de paix, à cause des différents Les Etats arabes ont manifesté une posi-
prendre la voie de la paix basée sur le accords non appliqués. C'est un mo- tion claire, en 2002, à l’occasion de la
droit international. A votre avis quel ment historique où il n’y a aucun espoir, Conférence de Beyrouth. Alors, ils ont
rôle sont en train de jouer ces deux les gens souffrent et meurent. La seule offert la paix en échange de la libération
Pays? certitude est que le problème ne peur des territoires occupés et la reconnais-
L'Egypte et l'Italie doivent partager les être affronté par l’usage de la force. Il sance des droits du peuple palestinien.
mêmes objectifs pour continuer et in- faut comprendre ce qui ne va pas, car il A Beyrouth, les Etats arabes ont deman-
tensifier le processus de Paix au Moyen- n’existe aucune justification plausible à dé au Président du Sommet de former
Orient. L'Italie joue un rôle fondamen- la mort des civils. un comité spécial, composé de certains
tal et déterminant. L’Etat italien a pris Vous parlez d’accords non appliqués. de ses Etats membres et du Secrétaire
une position leader au Liban pour Les critères fixés par la Déclaration de Général de la Ligue des Etats arabes,
mettre fin à l'oppression, avec l'envoi Barcelone, selon vous, après dix ans, avec le devoir de développer les
des troupes de paix. Dans l’histoire, ont-ils atteint les objectifs? contacts nécessaires afin d’assurer à cet-
l'Italie a toujours eu une claire idée po- Le Processus de Barcelone a débuté en te initiative le soutien le plus ample au
litique. trois dimensions: Stabilité et sécurité, niveau international et notamment
La Paix et la résolution du conflit au développement économique et culture. l’accord des Nations-Unies, du Conseil
Moyen-Orient sont encore loin. Du Malheureusement je dois constater que de Sécurité, des Etats-Unis d'Amérique,
point de vue arabe quelle est la clef ? les objectifs n’ont pas été pleinement de la Fédération Russe, des Etats isla-
La clef pour obtenir la tranquilité, la atteints. miques et de l'Union Européenne.

6 COPPEMNEWS
SPÉCIAL
ALGÉRIE
SPÉCIAL ALGÉRIE

INTERVENTIONS DE

TAYBE ZITOUNI/ MOHAMED BEDJAOUI/ ABDELKADER GOUTI/ LINO MOTTA/ ZERFA ZAHIA/ NOURREDDINE SBIA/ AHMED BENBITOUR/ ABDELHAK LAMIRI/
ANDI/ FACM/ ZEROUALI YOUCEF/ MOULOUD MZEIANI/ZEROUALI YOUCEF,/ BABA-AHMED MUSTAPHA/FAHRI BOUMECHAAL/ABDELGHANI MEGHERI

L'histoire de la Méditerranée est en grande partie histoire de villes, de communautés intensément engagées non seulement dans les échanges commerciaux mais
aussi dans la diffusion de la culture et de la science.
Bref, un long fil continue à unir les différentes réalités de la Méditerranée, qui disposent aujourd'hui de nouveaux instruments pour étendre la coopération au sein
d'une vision moderne du développement et de la croissance civile.
Les Autonomies locales apparaissent comme le moteur d'un difficile processus inexorable de collaboration solidaire au sein d'un cadre, d'un périmètre tracé au ni-
veau supranational.
En somme, si l'Ue a ébauché la physionomie du Partenariat et a tracé les lignes d'une politique euro-méditerranéenne, ce sont les Villes et les Régions qui doivent
fournir un contenu concret aux choix effectués au niveau des Etats.
C'est justement le rôle des Pouvoirs territoriaux qui a été au centre d'une intéressante rencontre que le Coppem et le Facm (Forum algérien pour la citoyenneté et la
modernité) ont tenu à Alger, sous le Haut Patronage du Ministre des Affaires Etrangères. “Perspectives de développement de la coopération entre les Villes et les Ré-
gions euro-méditerranéennes”: ce thème a été au centre des travaux et a servi de point de repère pour une analyse critique des politiques nationales et européennes
en matière de Partenariat. D'un côté, la dimension internationale avec laquelle les pouvoirs locaux doivent désormais se mesurer, de l'autre, les rapports entre ces
mêmes pouvoirs et les autorités centrales des Etats respectifs, alors qu'en arrière-plan incombent les thèmes très actuels liés à la paix et à la sécurité, authentiques
questions préalables pour le développement économique et la croissance sociale et culturelle.
Le congrès d'Alger a constitué également l'occasion pour une forte projection de la réalité algérienne, engagée dans la conquête de nouveaux objectifs le long du che-
min de la modernisation et d'une cohabitation civile plus avancée. En s'inspirant de l'intense débat à Alger, “Coppem News” a jugé bon d'étendre l'analyse sur la si-
tuation de ce pays et sur les processus qui sont en train de la traverser. C'est ainsi que “Coppem News” non seulement a recueilli certaines des interventions les plus
significatives enregistrées lors de cette rencontre mais il a également demandé à certaines personnalités illustres de tracer un profil des secteurs les plus importants
de l'économie algérienne et d'illustrer les processus évolutifs gravés dans l'organisation civile et présents dans la société algérienne. C'est de cette façon qu'est née
l'initiative de dédier, comme il l'a été fait par le passé pour d'autres pays, un “Spécial” dédié à l'Algérie et réalisé grâce à la précieuse collaboration du Facm.

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VILLES ET RÉGIONS SUJETS DE CROISSANCE


LE DÉFI DU CHANGEMENT BANC D'ESSAI POUR LES AUTONOMIES LOCALES
TAYBE ZITOUNI, MAIRE D'ALGER

Les collectivités locales subissent actuellement les sion de la volonté et des énergies. Le développe- être endigué par une intégration des catégories
contrecoups d'une crise structurelle induite par des ment local consiste a intégrer les collectivités dans touchées et cela par le truchement de différentes
mutations au niveau politique économique et so- le processus de répartition de la richesse nationa- formes d’organisation (associations coopéra-
cioculturel. L'enjeu actuel consiste en l'évolution le, a cet effet il convient de procéder à une évalua- tives…). • Il n’est pas exclu que les élus locaux se
contradictoire de la dynamique du système poli- tion exhaustive de la situation actuelle qui prévaut concertent avec leur pairs des autres assemblées
tique qui connaît des pesanteurs en son centre au sein des assemblées qui constituent le principal autrement constituées à l’effet de conjuguer un ef-
mais des transformations plus rapides à la périphé- outil d'essor régional. fort commun de développement local ou régional
rie. La problématique actuelle consiste à agir dans LES ASSEMBLÉES LOCALES DANS L'EFFORT DE et cela dans une vision de stratégie nationale ou
le sens d'enrailler les contradictions Induites par DÉVELOPPEMENT: de solidarité inter – Communale.
les changements politiques vers des objectifs de • A la lumière de la jeune expérience de démocra- LA GESTION DES ASSEMBLÉES LOCALES:
confortement de l'Etat et cela par la volonté des tisation du pays il résulte à travers l'analyse de Les objectifs assignés aux élus locaux dans le
institutions et des hommes. Un Etat voire une na- l'exercice du pouvoir local que les élus de la majo- cadre des missions qui leur ont été assignées
tion ne peut se pérenniser se développer que par la rité quoique traditionnellement rompus à sa pra- consiste en: • La gestion rigoureuse et efficiente
faveur de ses structures et fondamentalement de tique ne semblent pas disposer d'une aptitude à se des finances publiques locales. • La recherche de
ses assemblées élues. Les assemblées locales no- constituer unilatéralement en alternative de déve- gisements financiers ainsi que la création de ri-
tamment constituant la pierre angulaire de l'édifice loppement sans recours a la participation des tiers. chesses au niveau local. • La mise en adéquation
d'un état doivent impérativement assumer pleine- • La mise a l'épreuve des autre composante de des actions des assemblées avec les attentes des
ment les prérogatives qui leur sont dévolues. Le ri- l'assemblée induit un apport substantiel dans la citoyens par leur implication et leur association
page des prérogatives d'une assemblée élue, la maturation de la décision. Ainsi il y a efficacité no- dans les décisions. • Le renforcement des outils
dérive de sa démarche fait encourir le risque cer- table si cette même décision est soumise a évalua- de la communication à l’effet d’améliorer l’écoute
tain d'un désordre politique qui ne saurait soustrai- tion et appréciation auprès de la population des citoyens. •L’amélioration de la qualité dans les
re l'Etat d'une déliquescence. Notre pays traverse concernée. • Il ressort a travers l'expérience que missions de service publique. • La création d’un
actuellement une étape cruciale marquée notam- les actes dans lesquels la participation des ci- espace de synergie dans la perspective de fédérer
ment par un débat pluriel ponctué par des faits de toyens est intégrée la municipalité bénéficie d'une l’ensemble des potentialités animées de volontés
conjoncture. L'intégration des mutations straté- efficience dans le résultat, ainsi qu'une économie d’améliorer leur environnement. • Une répartition
gique du pays dans le concert des faits de la mon- de ses ressources. • Le cas de décision du COVIL- équitable des ressources et une allocation efficien-
dialisation place la Commune a parer aux consé- LE a démontré que tous les programmes initiés en te par le lancements d’action de développement
quences induite en aval et lui dicte l'obligation commun accord avec les représentants et les comi- durable. • La réalité dans la gestion des objectifs
d'intervenir en amont a l'effet de répondre a la tés de citoyens ont non seulement eu l'agrément ainsi exposés obéit a une logique de fonctionne-
pression permanente de la demande sociale. Les des citoyens mais aussi l’assurance de leur ges- ment qui fait que la Commune est confronté régu-
assemblées locales aussi bien que le collège des tion. • Il est indéniable que le prétoire du COVILLE lièrement a la mise en œuvre de ces paramètre en
élus ne doivent qu'y participer car il y va de leur ne soit pas limité à une simple caisse d’enregistre- adéquation avec la politique de l’Assemblée a l’ef-
devoir et de leur responsabilité nonobstant les at- ment de la doléances ou de la demande mais doit fet de soulager la ville et ses citoyens des pesan-
tentes citoyennes du fait qu'elles constituent le constituer un espace d’écoute et de concertation teurs socioéconomiques. • L’entretient permanent
principal objectif de leurs missions, le credo de leur citoyenne afin d’éviter que la commune en tant des espaces urbains et l’environnement citoyens
préoccupation ne doivent aucunement entre occul- qu’édifice de base de l’Etat soit réduite a un simple dicte au gestionnaire l’impérative mission d’adap-
tés. La politique nationale a besoin d'un nouveau résidu administratif. • Il est vital que le dispositif ter ses réflexes a la réglementation en vigueur tou-
souffle voire même d'un second le citoyen algérien mis en place par l’Etat à la disposition des assem- te en se mettant a la disposition de l’écoute de la
en dépit des difficultés quotidiennes est appelé à blées soit mobilisé à la faveur des citoyens. • La population. • Cette tache délicate est surtout moti-
son corps défendant à s'impliquer, il doit assumer conjoncture économique politique et socio-culturel- vée par le fait que l’Elu de l’assemblée est en per-
encore une fois sa responsabilité au titre de la na- le exige l’entreprise d’un management des assem- manence a la recherche de la préservation de l’Etat
tion qu'il constitue du moment qu'il l'a créée. Le blées qui doit passer de l’étape de la gestion des social et de lui faire éviter de dériver vers l’Etat pé-
devoir du citoyen consiste à ne pas délaisser le ter- moyens vers celle des contraintes. • La faiblesse nal. • La bonne gouvernance des administré ne
rain politique et à participer pleinement à la mise des budgets des assemblées pourrait être pallié pourrait avoir de sens que si l’élu municipal s’in-
en place d'un pouvoir politique qu'il reconnaîtra par un recours aux volontés et aux énergies lo- tègre dans des stratégie de développement du-
dans sa légitimité. A cet effet le cadre des assem- cales. • Il y a lieu de considérer que le chômage rable avec une vision de sans se soucier des
blées locales constitue l'espace idoine d'expres- croissant d’une grande frange de la population doit scores réalises.

NOVEMBRE 2006 9
SPÉCIAL ALGÉRIE

PARTENARIAT PLUS PROCHE DES CITOYENS


MOINS DE BUREAUCRATIE ET PLUS DE PARTICIPATION
MOHAMED BEDJAOUI, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ALGÉRIEN

et de divers défis, mais j’y vois plutôt un argu-


ment supplémentaire qui devrait nous pousser à
unir nos efforts et à faire tout notre possible
pour construire ensemble des ponts d’amitié et
de compréhension entre nos peulpes et nos so-
ciétés, et pour faire face aux tentatives de frac-
ture et de discorde».
«Je peux affirmer affirmer à ce propos que pour
sa part, l’Algérie n’épargnera aucun effort pour
contribuer au rapprochement entre nos en-
sembles et que son souhait est de pouvoir par-
ler, un jour, d’un seul ensemble, l'ensemble euro-
méditerranéen. Notre forte conviction – soutient
le ministre – est que le fait de s’intéresser à la
coopération entre les villes, aux problèmes des
citoyens, des municipaliés, des associations et
Alger, Mosquée
des petites et moyennes entreprises, pourrait
constituer une nouvelle façon de contribuer à la
reconstruction de notre partenariat».
L'Algérie est aujourd’hui un pays qui reste forte- ce en matière de politique managériale des A Barcelone, récemment, à l’occasion du som-
ment lié au Partenariat euro-méditerranée par villes, d’économie urbaine, de bonne gouvernan- met euro-méditerranéen entre les Chefs d’Etat
rapport aux modestes résultats atteints en thè- ce, de développement durable, de coopération et de Gouvernement, ils se sont accordés sur
me de coopération. Le développement des Pays décentralisée et de politique participative des ci- un certain nombre de mesures en faveur d’une
de la Méditerranée a besoin d'économies de toyens, sont des secteurs capables de représen- meilleure ouverture de notre partenariat vers la
marché compétitives, d'intégration régionale et ter de vraies passerelles afin de réussir à at- société civile et ils invitent à de plus grands ef-
de coopération effective entre tous les parte- teindre l’objectif principal qui est celui de créer forts en direction de la coopération transfronta-
naires. Toutefois ce processus, selon le ministre une zone de paix et de prospérité partagée». lière et de la coopération décentralisée. «Je
des Affaires Etrangères, Mohamed Bedjaoui, ap- «Ces échanges en faveur du développement lo- confirme, en outre - conclut Bedjaoui - que l'Al-
paraît faible, peu visible car, selon lui, nombre cal – poursuit le diplomate - et que nous espé- gérie réitère sa disponibilité et son engage-
des instances n’ont pas réussi à impliquer les rons denses et rentables, seront, je le crains, in- ment envers la société civile, qui adhère, égale-
populations, les villes et les réseaux urbains des suffisants s’ils se limiteront à un flux de mar- ment, au concept de coopération transfrontaliè-
deux rives de la Méditerranée. «Aujourd’hui, si chandises et de services et s’ils cachent ou né- re, qui donnera tout son sens à notre proximité
ce processus a de grands problèmes de visibilié, gligent l’élément moteur, le facteur humain». En et qui ajoutera incontestablement, une dyna-
c’est parce qu'il est resté, il faut l'admettre, af- effet, pour être authentique et pleinement signi- mique nouvelle au partenariat euro-méditerra-
firme Bedjaoui, prisonnier de rencontres offi- ficatif, le partenariat global, tant au niveau offi- néen. Autrefois nos villes des deux rives de la
cielles entre fonctionnaires et gestionnaires de ciel que moins formel des collectivités locales, Méditerranée constituaient une vraie pépinière
pratiques bureaucratiques». Le processus euro- des ONG et de la société civile, a besoin égale- pour les échanges et un fourmillement de cul-
méditerranéen a donc le devoir d’être soutenu ment d’être alimenté par un rapprochement tures et de sciences, qui ont favorisé une formi-
par certaines interventions de correction qui, jus- entre nos populations, par une libre circulation dable renaissance. Des villes comme Tlemcen,
tement, lui confèrent toutes possibilités de suc- des personnes et par un dialogue culturel per- Bejaia, Cordoue, Séville, Venise, Fès, Le Caire
cès auprès des premiers destinataires et bénéfi- manent. «Il n’est ni cohérent ni productif que, ont certainement inspiré d’éminents penseurs,
ciaires de ses réalisations, qui sont les popula- alors que nous nous engageons dans un parte- érudits et inventeurs. Ces derniers ont semé le
tions, la société civile et d’autres organismes et nariat privilégié, se dressent entre nous des poli- fruit de leur savoir tout autour de la Méditerra-
acteurs locaux du développement. tiques restrictives en matière de circulation des née comme l'illustre Ibn Khaldoun dont cette
Le ministre des Affaires Etrangères est convain- personnes. Certainement, la conjoncture interna- année l’on commémore le six centième anniver-
cu que «le partenariat, les échanges d’expérien- tionale est difficile et délicate, faite de tensions saire de sa mort».

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ALGÉRIE CONTINENT À DÉCOUVRIR


L'INDUSTRIE TOURISTIQUE LIÉE À UN TERRITOIRE HÉTÉROCLITE ET RICHE EN TÉMOIGNAGES
ABDELKADER GOUTI, CHARGÉ D’ETUDES ET DE SYNTHÈSE, MINISTÈRE DU TOURISME

tout un univers. Ici, la notion d’espace sante à souhait, qui a permis, ici, de donner à
rejoint celle de l’absolu d’autant que l’artisanat d’art une inspiration inépuisable en al-
rien n’est moins désert que le Sahara. lant à la rencontre de la civilisation –mère du
Une vie intense s’y exprime sous de Maghreb.Dans la poterie, par exemple, le réper-
faux airs de néant: celle des éléments toire abondant en symboles obéit à des lois
– sable, vent, soleil, pluie même – en- strictes, de source multimillénaire.Pareille re-
gagés dans une sculpture éblouissan- marque est valable pour les autres arts popu-
te de la nature ; celle de la faune et laires.Qu’il s’agisse d’une poterie des M’sirda
de la flore qui ont produit ici d’in- (Nédroma), des Mâatkas (Kabylie) ou de Djemila
croyables stratégies d’adaptation ; (Sétif),d’un bijou des Béni-Yenni ou des Aurès,
celle des hommes enfin dont le com- d’un plateau en cuivre ciselé de Constantine ou
bat existentiel s’est traduit par l’inté- de Ghardaïa, d’un tapis du Djebel Amour ou des
gration d’une spiritualité et d’une es- Nementchas, ce travail inspiré par la poésie po-
thétique présentes dans les geste les pulaire se plie à des règles ancestrales. Chaque
plus anodins. Le Sahara est l’endroit objet présente une beauté à la fois plastique et
ou la réalité se déguise en mythe. mystique qui reflète, dans sa variété et ses ri-
C’est aussi l’endroit où l’on peut vivre chesses, l’Algérie tout entière.
l’extraordinaires aventure de se dé- C’est dans ces arts populaires que se manifeste
couvrir soi-même la où pourtant les encore la pensée même qui engendra les civilisa-
étendues sans fin devraient nous tions méditerranéennes leurs philosophies et
pousser à nous croire insignifiants. leurs croyances. D’une manière générale, il n’est
Alger C’est au Sahara que se trouve le plus pas une ville ou un village qui ne puisse s’enor-
vaste musée au monde à ciel ouvert: gueillir de posséder un passé historique, un patri-
des milliers de gravures et peintures moine archéologique classé, une station balnéaire
Mer, Montagne, désert: c’est sans doute ici, dans rupestres dont les premières précédent de cin- ou thermale notoirement connus. Quand ce n’est
des modes de vie façonnés par le milieu, qu’il quante mille ans les pyramides égyptiennes. pas le cas, on s’efforce, ici et là, de puiser dans
faudrait parler d’entité spécifiquement algérien- Ce n’est pas tout: les contrastes géographiques et quelque tradition orale ou de promouvoir une ini-
ne. L’Algérie est une terre multiple, ou l’art et climatiques sont si frappants en Algérie qu’il est tiative culturelle. L’essentiel étant toujours de
l’histoire transparaissent indéfiniment. L’Afrique, des périodes ou les uns peuvent se baigner aux susciter le contact avec les autres, de nouer des
l’Orient, la Méditerranée y fusionnent pour former Andalouses (Oran) ou à Sidi –Fredj prés d’Alger relations nouvelles et de se donner l’occasion de
un seul levain. En témoignent les innombrables tandis que les autres font du Ski à Chréa ou à Tik- traduire en actes concrets ce sens important de
constructions militaires, les monuments religieux jda. Les sites naturels d’une beauté éblouissante l’hospitalité.
et funéraire, les palais, les édifices publics et pri- y décorent avec magnificence des contrées ou le Que ce soit donc à Timimoun – l’Oasis rouge –
vés, sans oublier les riches collections d’objets de calme absolu se le dispute à un indicible espace avec sa verdoyante palmeraie et ses multiples
toutes sortes légués par ces aires de civilisation. en se conjuguant à la marche inexorable du trésors ; à Ghardaïa et sa pentapole à l’architec-
Le tout parsème à foison un territoire dont le temps. Tlemcen et son prestigieux passé de capi- ture originale ; à Tipaza, ancienne ville romaine
sous-sol n’a pas encore fini de livrer tous ses se- tale Abdelwadite ; Constantine , L’Antique Cirta de négoce, témoin patenté du souci religieux de
crets. Le visiteur ira à la rencontre de messages punique et romaine ; Annaba la coquette ; Médéa l’époque avec sa multitude de nécropoles et de
«vivants » que véhiculent ou abritent, immuables, l’Altière ; Aflou et ses fameux tapis Djebel Amour basiliques ; à Bejaia (l’Antique Naciria) et à Skik-
les casbahs millénaires d’Alger, de Constantine et ; Béjaia la Hammadite… Ces cités parmi tant da, villes portuaires lumineuses ; à Oran, avec la
leurs légendaires maisons – terrasses, l’attrayan- d’autres présentent des tissus urbains aussi an- mosquée du Pacha, ses fortifications espagnoles,
te Kabylie et ses indomptables hameaux de crête ciens que ceux d’Alger, d’Oran ou de Cherchell. le musée Demaeght ; à El –Kala et de son parc
sur la tranquillité desquels veille le majestueux Un pays s’exprime par son art. Formes, couleurs national ; à Batna et des gorges impressionnantes
Djurdjura, les Aurès historiques et leurs incompa- et matières traduisent le visage d’un peuple riche de Rhoufi ; à Timgad l’Antique ; à Lambaesis d’où
rables forêts de cèdres et d’aleps. Enfin, le Saha- de traditions artisanales et artistiques. se dégage une forte empreinte romaine – elle fut
ra unique et fascinant qui, à lui seul, constitue C’est une géographie gâtée par la nature, sédui- le camp de la troisième légion d’Auguste-, c’est,

NOVEMBRE 2006 11
SPÉCIAL ALGÉRIE

LE “CAPITAL SOCIAL” POUR LA ZONE DE LIBRE ÉCHANGE


VALIDITÉ DES PRINCIPES DE LA DÉCLARATION DE BARCELONE MAIS DE NOUVEAUX CONTENUS SONT NÉCESSAIRES
LINO MOTTA, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU COPPEM

Il y a quelques mois, nous avons célébré le dixiè-


me anniversaire de la déclaration de Barcelone à
Barcelone et au Caire. L'opinion générale est qu'il
faut introduire de profondes innovations dans la
politique euro-méditerranéenne afin de pouvoir ré-
pondre pleinement aux objectifs préfixés. Pour le
Coppem, les trois piliers de la déclaration de Bar-
celone demeurent valables: paix et sécurité; parte-
nariat économique et financier; partenariat social
et culturel. La question essentielle sur laquelle
tout le monde doit réfléchir est que, bien que des
résultats non négligeables aient été obtenus au
cours de ces années, il reste encore beaucoup à
faire. Les pays de la rive sud de la Méditerranée Annaba
n'ont pas encore été mis dans les conditions
d'aboutir à d'importants résultats dans la politique
du développement. Nous tous le savons que le des contenus du partenariat euro-méditerranéen part de l'Europe pour seconder le développement
problème des problèmes est celui de la paix et de doit également subir des modifications substan- durable. Récemment, le Coppem a ouvert ses bu-
la sécurité. Sans la paix, il n'y a pas d'investisse- tielles. 2010 approche. La zone de libre échange reaux au Caire, à Istanbul, à Rabat et d'autres bu-
ments ni de développement. L'engagement du prévue, peut-elle se réaliser dans ces conditions? reaux de représentation sont prévus à Bruxelles, à
Coppem, comme tous nos collègues le savent, a et Nous devons faire en sorte que la formation du Poznan et à Dubaï. Pourquoi pas à Alger? Réflé-
doit de plus en plus viser à la création des condi- “capital social” prime, en valorisant les territoires chissons la-dessus. Le Coppem considère l'Algérie
tions pour le dialogue et pour les solutions poli- et les ressources productives et intellectuelles. Il un pays stratégique pour la politique euro-méditer-
tiques des conflits; parfois les pouvoirs locaux et n'existent pas de modèles préfabriqués dans une ranéenne. Avec nos collègues algériens, nous
régionaux peuvent faire un pas de plus par rapport politique de développement. Chacun part de sa chercherons à donner notre contribution à la crois-
aux gouvernements nationaux. Mais la politique propre réalité, mais il faut un grand effort de la sance de ce grand État.

chaque fois, invariablement, vers une seule destination que l’on se rendrait: l’Al- Concurrentielle, capable de satisfaire les motivations d’un large segment du mar-
gérie dans toute son authenticité, sereine et vivace à La fois. ché international des voyages. La destination Algérie, épouse ainsi parfaitement
les qualificatifs: diversité, originalité, Authenticité.
L’ALGÉRIE DESTINATION ALTERNATIVE ET D’AVENIR 2. La richesse du patrimoine culturel, historique et civilisationnel fait de l’Algérie
un véritable carrefour des civilisations et terre de prédilection du tourisme cultu-
Le Bassin Méditerranéen, région la plus visitée dans le monde, commence à at- rel et cultuel de plus en plus recherché.
teindre des seuils de saturation inquiétants, sur le double plan de la fréquenta- 3. L’existence de l’un des plus beaux Sahara au monde, renfermant des sites clas-
tion touristique et la surexploitation des sites. L’Algérie, est l’un des rares pays sés patrimoine Mondial et réserve de la biosphère, comme la région du Tassili,
Méditerranéens qui fait exception à cette situation, en raison de la préservation connue comme étant le plus Grand Musée à ciel ouvert dont la notoriété est avé-
quasi-totale de son patrimoine naturel et cultuel. Par ailleurs,de part l’étendue de rée dans le domaine du tourisme d’aventure et de dépaysement.
sa superficie, recelant des espaces et des sites touristiques diversifiés, de part 4. La proximité de l’Europe, peut être également considérée comme un élément
également la richesse de son patrimoine culturel matériel et immatériel, de son d’attractivité supplémentaire.
histoire et de sa civilisation, l’Algérie est qualifiée aujourd’hui par les spécialistes 5. Et enfin la volonté des pouvoirs publics de développer le tourisme et de rehaus-
du tourisme Mondial, comme étant la destination touristique alternative et d’ave- ser ce secteur au rang des secteurs créateurs de richesses, dans le cadre de la mi-
nir dans l’espace Méditerranéen. Cette affirmation est étayée par les constats se œuvre d’une stratégie décennale de développement du tourisme en Algérie.
suivants: Cette stratégie accorde au volet encouragement de l’investissement la priorité
1. L’Algérie, terre de tous les tourismes, grâce à l’existence d’un gisement touris- des priorités afin de rattraper le déficit en lit que connaît le tourisme en Algérie
tique exceptionnel, pouvant être transformé à terme, en une offre touristique. et évalué à environ 120 000 lits nouveaux.

12 COPPEMNEWS
SPÉCIAL ALGÉRIE

LES INSTRUMENTS DU MARCHÉ FINANCIER ALGÉRIEN


LA PERSPECTIVE DES RÉFORMES POUR L'AFFIRMATION DE L'ÉCONOMIE DE MARCHÉ
ZERFA ZAHIA, ENSEIGNANTE EGB, CADRE À LA COSOB

La création d’un marché financier en Algérie Le lancement de la toute première opération de Leasing Corporation. Le montant total des obli-
constitue un axe important des réformes écono- placement de titres en public est intervenue en gations émises à atteint 140 milliards DA et est
miques devant doter le pays d’instruments éco- 1998 à travers un emprunt obligataire émis par négocié sur un marché de gré à gré, excepté
nomiques et financiers modernes à même de la SONATRACH proposant une rémunération les obligations SONELGAZ qui ont fait l’objet
contribuer efficacement à l’avènement d’une très attractive, soit un taux d’intérêt fixe de d’une entrée en bourse en date du 29 mai
économie de marché. Son développement doit 13% par an. Suivront trois opérations d’émis- 2005.
collaborer à assurer la transition vers un finan- sion d’actions par les entreprises publiques L’année 2004 à été marquée par un autre fait
cement plus concurrentiel de l’économie natio- économiques: ERIAD SETIF –augmentation de saillant visant à donner un nouveau souffle au
nale et une incitation à l’épargne publique des- capital de 20%-, le groupe pharmaceutique marché financier Algérien et à moderniser son
tinée à l’investissement productif dans le cadre SAIDAL et L’EGH EL AURASSI –ouvertures de fonctionnement. Il s’agit de la mise en place
d’un marché financier fluide, transparent et capital de 20%-. Avec l’entrée en activité du d’un dépositaire central des titres dénommé Al-
concurrentiel. Le chantier de mise en place de marché boursier d’Alger en septembre 1999, gérie Clearing et qui représente le dernier
ce marché a débuté en 1990, cependant il n’est ces actions tout comme l’obligation SONATRA- maillon essentiel à la chaîne pour permettre
devenu opérationnel qu’en 1998. Ce décalage CH, ont été introduites officiellement à la cote, par une gestion dématérialisée des titres, un
temporel a permis de réunir les conditions donnant ainsi naissance au parquet de la bour- fonctionnement du marché selon les standards
préalables à l’émergence du marché financier se d’Alger et marquant de ce fait un tournant internationaux en termes de délais et de sécuri-
tant sur le plan juridique que sur le plan institu- significatif dans la concrétisation des réformes té de traitement des opérations. Dans le même
tionnel. Au plan juridique, cette étape a été économiques. L’activité boursière est passée de ordre d’idées, il convient d’indiquer que le
marquée par la modification en 1993 du code 108 millions DA en 1999 à 720 millions de DA conseil des participations de l’Etat (CPE) avait
de commerce qui a introduit de nouveaux ins- en 2000 avant d’amorcer une chute du volume opté en 2004 pour la privatisation partielle en
truments financiers en énumérant les différents des transactions qui a atteint en 2005 le niveau bourse de onze entreprises du secteur public
types de valeurs mobilières pouvant être dérisoire de 4 millions de DA. Cette situation par vagues de 3 à 4 entreprises, ces ouvertures
émises par les sociétés par actions, ainsi que est due essentiellement au nombre insignifiant de capital sont censées servir à relancer l’acti-
la promulgation du décret législatif n°93-10 du des titres cotés et à la faiblesse des taux de vité du marché boursier. Ainsi, le passage à la
23 mai 1993 relatif à la bourse des valeurs mo- rendement des actions qui se situaient à des dématérialisation des titres, le lancement d’une
bilières qui constitue la loi cadre du marché fi- niveaux inférieurs aux taux créditeurs servis par série d’emprunts obligataires et la confection
nancier Algérien. Au plan institutionnel, cette les banques. Cinq ans après son lancement, le d’une liste d’entreprises à privatiser par le biais
même étape a été caractérisée par la mise en constat est que la bourse d’Alger est restée de la bourse sont autant d’actions initiées du-
place des institutions de fonctionnement du dans un état embryonnaire, ce qui a amené les rant cette dernière période afin de promouvoir
marché à savoir: autorités publiques à mettre en place à partir le marché financier Algérien.
• La Commission d’Organisation et de Sur- de la fin de l’année 2003 une série de mesures Il faut rappeler que le marché financier Algé-
veillance des Opérations de Bourse «COSOB», visant à favoriser la relance du marché finan- rien est à ses débuts et qu’il évolue dans un
chargée de la régulation du marché et ayant cier Algérien. environnement où la culture boursière est enco-
pour principale mission de surveiller et d’orga- En effet et à partir du dernier trimestre de l’an- re très insuffisante et dans un système finan-
niser le marché des valeurs mobilières en vue née 2004, après la promulgation de la loi 03-04 cier en pleine mutation. Dans ce cadre, l’Algé-
de protéger les épargnants; du 17 février 2004, modifiant et complétant le rie est appelée à développer davantage le mar-
• La Société de Gestion de la Bourse des Va- décret législatif 93-10, une dizaine d’entre- ché financier à travers notamment, un plan de
leurs «SGBV», constituée en la forme de socié- prises ont eu recours à l’émission d’emprunts privatisation d’une certaine ampleur, la cotation
té par action dont le capital est souscrit par les obligataires pour financer leurs besoins d’in- de certaines valeurs phares, la densification du
intermédiaires en opérations de bourse chargée vestissement à moindre coûts en évitant le marché obligataire, la mise en place d’un cadre
de la gestion des transactions en bourse; risque de change et de taux puisque l’entrepri- adéquat pour le marché de gré à gré et le déve-
• Les intermédiaires en opérations de bourse se ne paye pas la prime de risque liée à la no- loppement d’un second marché pour les petites
chargés de la négociation des valeurs mobi- tation du pays. Citons parmi ces entreprises: et moyennes entreprises. L’objectif escompté
lières; SONATRACH, Air Algérie, SONELGAZ, l’ENTP, est de parvenir à ériger une place financière à
• Une société d’investissement à capital va- l’ENAFOR, CEVITAL, Algérie Télécoms, la Socié- même d’assurer un apport considérable dans le
riable. té de Refinancement Hypothécaire et l’Arab financement des entreprises.

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SPÉCIAL ALGÉRIE

L'ALGÉRIE SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE


LES STRATÉGIES POUR ASSURER AU PAYS UNE PRÉSENCE INFLUENTE À L’ÉTRANGER
NOURREDDINE SBIA, ECONOMISTE, PRÉSIDENT DU FACM

Timgad

L’Algérie a engagé des actions d’envergures sur b) La participation active à l’édification du NE- économie, de maîtrise de la gestion et de bonne
plusieurs plans. Ces actions ont consisté particu- PAD (New Economic Partnership for African De- gouvernance en tant que norme et facteur de
lièrement: velopment) ou nouvelle initiative pour le déve- stabilisation politique et en tant que référence
• En la restauration de la sécurité, la consécra- loppement de l’Afrique; pour toute modernisation politique, économique,
tion de la concorde civile et la réconciliation na- c) La conclusion de l’accord d’association avec culturelle et sociale ;
tionale ; l’Union Européenne ; • et des changements profonds des attitudes
• En l’institution d’un dialogue social comme d) Les initiatives d’adhésion de l’Algérie aux es- comportementales et intellectuelles de nos res-
méthode de Gouvernance, induisant une plus paces économiques régionaux, tels que l’asso- sources humaines qui devront accompagner le
grande implication du citoyen dans la gestion ciation européenne de libre échange (AELE) et processus de mutations structurelles en cours.
des affaires publiques, à travers le mouvement les zones de libre échange maghrébin et arabe ; Cette structure dichotomique nécessite, pour sa
associatif ; e) Ainsi que la relance et l’accélération du pro- mise en œuvre, l’élaboration de stratégies te-
• En la promotion de programmes sociaux inno- cessus d’adhésion de l’Algérie à l’OMC qui de- nant compte des enjeux actuels:
vant, à savoir la mise en place notamment: 1. meure un choix stratégique et incontournable • articulant le politique, l’économique et le social,
de nouvelles formules en matière de logements pour notre pays. • et impliquant les élites, les compétences et
(tels que l’AADL) ; Les exigences de cette réinsertion dont la confi- les scientifiques, afin de produire une pensée
2. et les nouveaux dispositifs d’emploi et de pro- guration s’appui notamment sur le triptyque: structurante et efficiente, capable de lire et
tection sociale. • accords d’association avec l’Union Européenne; d’accompagner les mutations que le pays a en-
• En l’initiation et la mise en œuvre de grands • adhésion à l’OMC ; gagé, dans l’espoir de construire un Etat moder-
chantiers de réformes; • et adhésion aux espaces économiques régio- ne et une société ouverte à l’universalité.
• A réunir les conditions nécessaires à la relan- naux de libre échange, fondent la stratégie algé- La réflexion approfondie, globale et exhaustive,
ce économique; rienne d’intégration à l’économie mondiale. en cours, permettra à coup sûr, de tracer les
• Et enfin, à la réinsertion de l’Algérie sur la Cette stratégie devra se traduire par une double grandes lignes d’une action concertée des pou-
scène mondiale à travers notamment: injonction: voirs publics et de la société civile à la faveur
a) La présence significative de notre pays dans • une action soutenue de mise à niveau, de ren- d’une réinsertion harmonieuse de notre pays
les grands forums mondiaux ; forcement du potentiel de compétitivité de notre dans la scène mondiale.

14 COPPEMNEWS
SPÉCIAL ALGÉRIE

LA DIFFICILE VOIE DES RÉFORMES


LA BONNE GOUVERNANCE CLEF DE VOÛTE DU PROCESSUS DE CHANGEMENT
AHMED BENBITOUR, ANCIEN CHEF D'ÉTAT

L’Algérie ainsi que l’ensemble des pays de la Ré- et l’échec des réformes du secteur réel, cratique a permis à un seul parti de canaliser le
gion du Moyen Orient et d’Afrique du Nord, appa- • la croissance économique d’avant les réformes mécontentement et se présenter comme seul ca-
raissent comme les grands perdants de la globali- et la stagnation d’après les réformes? pable d’enlever la légitimité de l’ancien système.
sation. Effectivement les pays de cette région ont L’objet de cette présentation est d’étudier l’expé- Mais alors, il aurait utilisé la démocratie pour ins-
enregistré durant les deux dernières décennies la rience algérienne dans la gestion des réformes taller un régime théocratique, totalitaire. De ce
stagnation économique et la lassitude des élites. pour proposer des réponses à cette double ques- fait, le processus électoral était en voie d’aboutir
Pourtant dès la moitié des années ‘1980, l’Algérie tion. Par cette présentation je vais essayer de à la confiscation du processus démocratique. La
s’est engagée sur la voie «conseillée » par les Ins- partager avec vous quelques conclusions tirées question qui s’est posée alors, était: fallait-il in-
titutions Financières Internationales, dans le mou- de mon expérience dans la participation à la terrompre le processus électoral pour sauvegarder
vement de la globalisation marquée par le « conduite des réformes économiques en Algérie le processus démocratique même si cela devrait
Consensus de Washington », à savoir: durant les quinze dernières années. engendrer la violence terroriste ; ou bien laisser
• la stabilisation macroéconomique, Jusqu’à la fin des années ’1980, l’Algérie était faire et aboutir à une confiscation du processus
• l’ajustement structurel, caractérisée par: démocratique? Donc l’interruption du processus
• la privatisation. • un système autoritaire de parti unique, sur le électoral était vue par ses promoteurs comme un
De même que des réformes institutionnelles en plan politique, acte de sauvegarde du processus démocratique.
vue de la «bonne gouvernance». • un système d’économie administrée, sur le Ce fut l’arrêt du processus électoral avant le
L’Algérie a réussi dans la mise en œuvre de la plan économique. deuxième tour du scrutin. A l’opposé, il y a eu
stabilisation macroéconomique. Par contre le pays Deux événements vont servir de démarreur aux beaucoup d’hésitations dans la mise en œuvre
a enregistré de faibles performances dans l’ajus- réformes politiques et économiques. Ce sont la des réformes économiques, c’était la frilosité, en
tement structurel, la privatisation et les réformes chute du prix du pétrole en 1986 qui a fait tomber particulier en ce qui concerne le règlement du
institutionnelles. Par ailleurs, l’étude de l’écono- les recettes d’exportations de US$ 12,7 Milliards problème de l’endettement extérieur et la restruc-
mie algérienne, sur la période 1970-2002, permet en 1985 à US$ 7,9 en 1986 et les manifestations turation du secteur productif public.
de constater que cette économie a enregistré une d’Octobre 1988. Pour faire face à ces deux situa- Au plan institutionnel, les réformes économiques
forte croissance économique durant la période tions, les autorités algériennes se sont engagées ont notamment touché l’autonomie des entre-
1970-1985 et une faible croissance, sinon une dans un important programme de réformes écono- prises publiques, l’organisation du commerce ex-
stagnation durant la période 1985-2000. (6% par miques avec l’appui de la Banque Mondiale et le térieur et l’abolition des monopoles de juré, la pri-
an en 1970-1985 et 1,3% depuis 1986, c’est à di- F.M.I. ainsi que dans une révision de la Constitu- vatisation de l’agriculture, l’assouplissement des
re moins que les 2,2% de croissance démogra- tion pour autoriser l’existence de plusieurs partis relations de travail, la libéralisation des condi-
phique, soit une croissance négative du revenu politiques et ouvrir la voie à la démocratie. Ce fut tions de l’investissement privé, la mise en place
per capita de –0,9% par an pendant 15 ans !). le début d’une double transition: de nouveaux mécanismes de protection sociale.
Pourtant, les autorités du pays ont adopté, durant • une transition politique pour le passage d’un Au plan macroéconomique, elles ont englobé la
la première période, des politiques économiques système autoritaire de parti unique à un système politique du crédit, la structure et le niveau des
dont tous les éléments s’opposent aux méca- démocratique avec plusieurs partis. taux d’intérêt, le taux de change, la politique fis-
nismes de marché tels que décrits dans la littéra- • une transition économique pour le passage cale, la libération des prix. Effectivement, la part
ture de l’économie libérale: contrôle du crédit, d’une économie administrée vers une économie des prix libres dans l’indice des prix est passée de
maintien de taux d’intérêts réels négatifs, mani- de marché. 10% en 1988 à 77% à fin 1993. Cette libération
pulation des taux de change, contrôle et subven- Au départ s’est posée la question du rythme de des prix ne s’est pas accompagnée d’une inflation
tion des prix, contrôle du commerce extérieur, in- mise en œuvre des réformes: thérapie de choc ou galopante et ceci grâce à la politique monétaire
tervention de l’Etat dans tous les secteurs d’acti- gradualisme? L’option retenue par les autorités al- mise en œuvre qui a permis l’absorption de l’ex-
vités économiques, choix du modèle structuraliste gériennes était la thérapie de choc forte dans les cédent monétaire. Le rapport de la masse moné-
de l’import-substitution etc. réformes politiques et le gradualisme lent dans taire (M2) au Produit Intérieur Brut (PIB) est passé
Durant la deuxième période l’Algérie a connu la les réformes économiques. Autrement dit on a de 88% en 1988 à 53% en 1993. Le taux de chan-
mise en œuvre de réformes économiques impor- voulu aller très loin dans la transition vers la dé- ge est passé de 4,85 DA / US$ en 1987 à 24 DA/
tantes. Comment expliquer cette double contra- mocratie: naissance d’une soixantaine de partis US$ en 1993. C’est cinq fois sa valeur nominale.
diction dans: politiques, liberté de la presse, ouverture du Par rapport à un niveau 100 en 1985, le taux de
• le succès de la stabilisation macroéconomique champ médiatique. Cette thérapie de choc démo- change réel n’était plus que 30 à fin 1992. C’est

NOVEMBRE 2006 15
SPÉCIAL ALGÉRIE

une dépréciation réelle importante pour un pays visionnement du secteur productif et de l’écono- s’est accrue. Malgré une stabilisation macroéco-
qui enregistre un excédent de la Balance du mie en général, le traitement de la dette extérieu- nomique bien établie, une aisance financière ja-
Compte Courant. C’est un effort d’autant plus im- re a présenté une contrainte majeure à la crois- mais égalée auparavant et le règlement du pro-
portant qu’il était accompagné d’une libération sance économique. blème de l’endettement extérieur, l’économie al-
des prix et des taux d’intérêt et que la contrainte Il a également réduit les effets positifs des ré- gérienne est toujours en attente du lancement
devises imposait aux entreprises de s’approvi- formes économiques. De fait la population a eu à des réformes de «deuxième génération». Cet
sionner en intrants à crédit aggravant de ce fait subir les effets perturbateurs des réformes écono- exemple montre que si la stabilisation macroéco-
leur surendettement par les pertes de change. miques sur les circuits de distribution et les cir- nomique est une condition nécessaire à la relance
Au plan fiscal, il y a eu la mise en place de la cuits de production sans bénéficier de la croissan- économique, elle n’est pas suffisante.
Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) et la simplifica- ce et la création d’emplois attendues. Le nombre L’Algérie a très bien réussi son programme de
tion de l’impôt sur le revenu. Si cet effort de maî- de chômeurs avait atteint 1,5 millions et il devait stabilisation macroéconomique, pourtant la crois-
trise de la gestion globale de l’économie a eu arriver 250 000 jeunes chaque année sur le mar- sance économique nécessaire aux règlements des
pour effet d’éviter la dégradation de l’activité éco- ché du travail. C’est pour faire face à de gros problèmes sociaux n’est pas au rendez-vous, par-
nomique qui a accompagné ce type de réformes risques d’aggravation des problèmes que le gou- ceque les réformes structurelles du secteur réel
dans d’autres pays, il n’a malheureusement pas vernement algérien s’est engagé, à partir de n’ont pas été mises en œuvre au rythme néces-
permis l’atteinte des taux de croissance écono- 1994, dans un programme d’approfondissement saire. Comment expliquer par cet exemple, la
miques nécessaires à la stabilité sociale et poli- des réformes économiques appuyé par un Accord réussite dans la mise en œuvre de la stabilisation
tique. Le taux de croissance moyen en termes de Confirmation d’un an suivi d’un Accord de faci- macroéconomique d’une part et l’incapacité à lan-
réels du PIB a été de +0,4% entre 1988 et 1993, lité de financement élargi de trois ans avec le cer les réformes structurelles dans le secteur réel,
bien inférieur aux 6% nécessaires. Le pays s’est Fonds Monétaire International. d’autre part? Je propose trois critères pour ré-
efforcé à maintenir sa solvabilité et son image de Ces programmes ont permis un traitement appro- pondre à cette question:
marque sur les marchés financiers internationaux prié de l’endettement extérieur dans le cadre du (i) – la nature des ressources disponibles dans
au prix de sacrifices importants à des moments rééchelonnement de la dette extérieure au Club l’économie,
cruciaux de son histoire. En effet pour faire face à de Paris et au Club de Londres. C’est donc la rec- (ii) – la gestion de la mise en œuvre des ré-
leurs engagements au titre de la dette extérieure, tification vers une politique graduelle dans la formes,
les autorités algériennes ont dû s’imposer une transition politique et sans aller dans la thérapie (iii) – le rapport de forces entre les gagnants et
austérité très contraignante, matérialisée par des de choc en économie, marquer un pas décisif vers les perdants, au regard du processus de décision.
excédents importants de la Balance Commerciale. les réformes économiques par la libéralisation du
Les importations de 1992 ou 1993 représentaient commerce extérieur, la convertibilité commerciale 1. Explication du succès de la stabilisation
en volume la moitié de leur niveau de 1985! Du- du dinar, le programme de lutte contre l’inflation, macroéconomique:
rant les trois années 1991-93 qui ont précédé le le rééchelonnement de la dette extérieure et le
rééchelonnement de la dette extérieure, c’est à maintien des équilibres financiers intérieurs et ex- 1.1. LA NATURE DES RESSOURCES
dire en plein crise politique, économique et socia- térieurs, à partir de 1994. DISPONIBLES:
le, l’économie algérienne a dû réaliser des trans- A la fin de la décennie ’1990, l’économie algé- Les hydrocarbures jouent un rôle important dans
ferts nets (paiement du principal et des intérêts rienne continuait à être déprimée avec un niveau l’économie algérienne. Ils représentent plus de
moins nouveaux crédits) de l’ordre de neuf (9) mil- faible des importations, des dépenses budgé- 95% des recettes d’exportations et plus de 60%
liards US$ soit une moyenne de trois milliards taires insuffisantes et mal affectées, une aug- des recettes fiscales. De ce fait, la politique du
US$ par an. Ceci est rendu possible grâce à un mentation du taux de chômage et une baisse du taux de change a permis de réaliser les objectifs
excédent de la Balance Commerciale de 10,6 Mil- revenu réel et du niveau de vie. L’économie était budgétaires et de Balance de Paiements sans me-
liards US$, soit une moyenne annuelle de 3,5 mil- plus fortement dépendante des recettes pétro- sures coercitives. Le glissement du taux de chan-
liards US$. Le ratio du service de la dette exté- lières dans le financement du Budget de l’Etat. La ge ; 4,70 DA/US$ en 1986, 35,09 DA/US$ en
rieure est resté supérieur à 50% pendant dix ans dépendance alimentaire s’est aggravée. La baisse 1994, 66,64 DA/US$ en 1999 ; a permis de main-
et a enregistré une moyenne annuelle de 75% du- du pouvoir d’achat devenait une contrainte effec- tenir un niveau croissant de recettes fiscales grâ-
rant les six années qui ont précédé le rééchelon- tive à la relance de l’économie par le secteur pri- ce à la fiscalité pétrolière, ce qui a rendu possible
nement. Ainsi par son effet sur le volume des im- vé. Les infrastructures de bases se sont détério- une politique de transferts sociaux plus généreu-
portations et par conséquent la baisse de l’appro- rées de façon importante. L’économie informelle se pendant l’ajustement tout en réalisant l’équi-

16 COPPEMNEWS
SPÉCIAL ALGÉRIE

libre budgétaire et même des excédents! Ce mê-


me glissement du dinar a permis le maintien du
volume des importations à leur niveau d’avant les
réformes malgré la libéralisation du commerce
extérieur et par conséquent une meilleure répon-
se aux choix des consommateurs tout en réalisant Bejaia
l’excédent de la Balance Commerciale pour pour-
suivre la politique de désendettement extérieur.
mise en œuvre de la décision est très rapide et 2.3. LE RAPPORT DES FORCES ENTRE
1.2. LA GESTION DE LA MISE ceux qui ont la capacité de réagir (les syndicats LES GAGNANTS ET LES PERDANTS AU RE-
EN ŒUVRE DES RÉFORMES: patronaux et ouvriers) sont informés et consultés. GARD DU PROCESSUS DE DÉCISION:
Celle-ci s’est appuyée sur quatre composantes. Ce sont là, les principales conditions qui ont per- Contrairement à la stabilisation, le processus de
(i) Une équipe homogène peu nombreuse a été mis le succès des réformes pour la stabilisation décision concernant l’ajustement Structurel est
choisie pour négocier les accords avec les institu- macroéconomique en Algérie. lent et exige l’accord de plusieurs intervenants.
tions financières internationales et suivre la mise Par exemple la transparence nécessaire dans le
en œuvre des programmes. Cette équipe a gardé 2. Explication de l’incapacité de lancer les processus de privatisation exige que:
sa mission tout au long du processus des ré- réformes dans le secteur réel: • l’évaluation des actifs soit réaliste, loyale et
formes, même si les gouvernements ont changé. appliquée avec consistance
(ii) Le suivi de la mise en œuvre des programmes 2.1. LA NATURE DES RESSOURCES: • le programme de privatisation soit porté à la
a été confié à un comité présidé par Le Premier La place importante des hydrocarbures dans connaissance du public pour s’assurer de son
Ministre et qui se réunissait une fois par semai- l’économie permet à celle-ci de fonctionner com- soutien
ne. me une économie de rente. Le comportement des • le programme soit perçu comme ne favorisant
(iii) Il y a eu une politique de communication ci- opérateurs publics et privés dans une économie pas un groupe au détriment de tous les autres
blée envers les tenants des enjeux. C’est ainsi de rente se distingue par: groupes, etc...
qu’avant et après chaque négociation avec les • il n’y a pas un besoin d ‘exporter dans les sec- Le temps nécessaire pour réaliser ces travaux
institutions internationales, le gouvernement or- teurs non traditionnels pour couvrir leurs besoins est utilisé par les groupes de pression (syndicat
ganisait une réunion regroupant les représentants d’importations. des travailleurs, syndicats patronaux, clients fa-
du gouvernement, du syndicat ouvrier, du patronat • il y a une tendance chez le secteur privé pour vorisés, nouveaux importateurs qui profitent de
public et du patronat privé. créer des lobbies et des groupes de pression pour libéralisation du commerce extérieur...) pour sa-
(iv) Les gains budgétaires réalisés sur la suppres- tirer avantage des incitations du gouvernement boter la privatisation par la propagande, la ca-
sion du soutien des prix ont été systématique- plutôt que de travailler à tirer un avantage des lomnie... Ceci est encore plus vrai s’agissant
ment et totalement affectés au filet social. opportunités de marché. d’une économie de rente.
• rôle important joué par l’économie informelle
1.3. LE RAPPORT DE FORCES ENTRE pour compenser les défaillances de l’économie Conclusion
LES GAGNANTS ET LES PERDANTS AU REGARD formelle. Comme on peut le constater à travers cette ex-
DU PROCESSUS DE DÉCISION: Ici la nature des ressources devient un frein à la périence, il est plus facile de réussir la stabilisa-
Les décisions relatives à la stabilisation macroé- prise de décision pour les réformes structurelles. tion macroéconomique que de lancer le proces-
conomique, à savoir: la dévaluation de la mon- sus d’ajustement structurel. Si, aujourd’hui nous
naie, la suppression des soutiens aux prix, la libé- 2.2. LA GESTION DE LA MISE maîtrisons bien les conditions de succès dans la
ralisation du commerce extérieur..., sont en géné- EN ŒUVRE DES RÉFORMES: stabilisation macroéconomique, nous avons à
ral prise par un nombre très restreint de per- Au contraire de la stabilisation, l’ajustement travailler fort pour trouver les clés du succès de
sonnes au niveau le plus élevé de la hiérarchie de structurel, notamment la privatisation, implique l’ajustement structurel, plus précisément com-
l’Etat. La préparation de la décision se fait dans la des personnes au niveau du gouvernement, de ment briser le cercle d’influence? La réponse se
plus grande confidentialité. Cette situation ne l’entreprise, du syndicat et quelquefois du parle- trouve dans un engagement fort du leadership
permet pas aux perdants de contrer la décision à ment. D’où la difficulté de réaliser le consensus dans la mise en œuvre des réformes institution-
l’avance qui, une fois prise, s’impose à tous. La pour la prise de décision. nelles en vue de la « bonne gouvernance ».

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SPÉCIAL ALGÉRIE

L'ENTREPRISE ET LES DÉFIS DE LA GLOBALISATION


ABDELHAK LAMIRI, CONSULTANT INTERNATIONAL, PDG DE L’INSTITUT INTERNATIONAL DE MANAGEMENT

L’Entreprise Algérienne fait face à plusieurs dé- 2. L’amélioration des processus de régulation • Prendre en charge les doléances de ceux qui
fis: L’intensification de la compétition Nationale, 3. La débureaucratisation craignent le changement.
l’ouverture aux marchés internationaux, le 4. Introduction de plus de rigueur dans les déci- • Préparer l’Entreprise de sorte que la demande
contrat de libre échange avec l’Union Européen- sions de politique économiques du Pays ( Simu- provienne de la base (sensibilisation, informa-
ne et l’adhésion à l’ O.M.C. culminant le proces- lateurs…). tion, formation…).
sus d’ouverture. Il serait opportun de penser que 5. Mobilisation de l’intelligence Nationale afin
dans ce contexte nous ne pouvons qu’évoquer de concevoir une stratégie ouverte, cohérente et RECENTRER L’ENTREPRISE SUR SES FACTEURS
brièvement les contraintes et les opportunités globale CLES DE SUCCES
offertes à nos Entreprises qui n’ont plus le 6. Accélérer le rythme des réformes écono-
temps de tergiverser. Les bouleversements at- miques et sociales Il est universellement admis que les deux fac-
tendus auront de nombreux avantages et cer- 7. Concevoir un timming de réforme précis mais teurs clés de succès de toute Entreprise sont:
tains inconvénients. Tout dépend de la rigueur flexible. 1. La gestion de l’intelligence humaine.
de la préparation. Le management «intuitif, soli- En conclusion, il s’agirait d’introduire une ingi- 2. Le Management de l’information.
taire, familial et archaïque», deviendra de plus niérie globale cohérente autour d’une vision de Ce sont les 20 % de facteurs qui produisent 80
en plus rare. Ceci induira une amélioration de la notre role dans la globalisation. Ceci servirait à % de chances de succès. Il faudrait donc leur
productivité; qui va en profiter de cette amélio- éviter les faux débats du genre: Faut-il privatiser accorder le temps et les ressources nécessaires.
ration? Deux scénarios sont possibles: l’Agro-alimentaire, que doit-on faire des surrec- L’Entreprise Algérienne, publique ou privée, né-
1. L’Economie Mondiale aspirera tout gain de pro- tifs ? Faut-il faire du choc ou du gradualisme ? glige ces axes d’efficacité.
ductivité dès lors que la mise à niveau des entre- Ces questions ont été quasiment tranchées par
prises et des institutions publiques est ratée, la science et l’expérience. Il n’est point question REORIENTATIONS STRATEGIQUES
2. Le bien être s’améliorera en Algérie à condi- de les aborder dans ce contexte, par contre,
tion d’améliorer la qualité de la régulation et le nous allons développer les grandes lignes de Le repérage stratégique ne peut plus attendre. Il
management des entreprises économiques. conduite à mener par l’Entreprise Algérienne. faudrait éliminer ce qui ne marche pas et surtout
Nous voyons donc que l’issue final dépend de ce qui ne marchera pas. Le timming de l’abandon
nous même et de nos capacités à gérer le chan- LES DEFIS DE L’ENTREPRISE ALGERIENNE est une question technique. Il y a lieu d’investir
gement au niveau macro et micro-économique et rapidement les champs porteurs ou on peut dis-
l’interaction avec la méso-économie. Ceci n’est Frantz RIEGER qualifiait les décideurs des PVD poser d’atouts et valoriser ses forces. Le dia-
pas chose aisée, vu le nombre d’échecs passés. d’intuitifs et ceux des pays développés d’Analy- gnostic stratégique devient une nécessité. Il peut
tique. Le grand défi est d’opérer des mutations être externalisé ou initié à l’aide d’un coaching.
LE CONTEXTE MACRO-ECONOMIQUE culturelles afin d’être analytique. Le dirigeant in- L’entreprise aura l’occasion d’explorer, à travers
tuitif pense que toute idée qui lui vient en tête le BENCHMARKING, ses atouts et ses failles.
Jamais l’Algérie n’a accumulé tant d’atouts pour est forcément vraie: un dirigeant analytique la L’analyse peut déboucher sur la nécessité d’un
accélérer ses réformes économiques léthar- met à contribution. Avant de décider sur un sujet partenariat. L’Entreprise Algérienne fait face à la
giques. Nous pouvons en citer au moins trois: il se pose trois questions: complexité internationale. Il lui est difficile de
1. Une marge de manœuvre politique très éten- 1. Que connaît la science sur ce sujet? concurrencer le Japon, l’Europe et les U.S.A. sur
due favorisée par une multitude de facteurs dont 2. Quelles sont les expériences d’échecs et de les produits de haute technologie. Il est égale-
la sécurité, les élections et le reste. réussite? ment impossible de concurrencer l’Inde et la Chi-
2. Une stabilisation macro-économique qui dure. 3. Quelles sont les leçons tirées?. ne sur les activités à forte composante salariale.
3. Des ressources énormes induites par un mar- La formation de tous à tous les niveaux est le Il faut donc trouver des niches spécifiques ou des
ché pétrolier favorable. facteur le plus performant dans les mutations activités qui ne s’internationalisent pas.
Ces développements positifs ne produisent pas culturelles. Il s’agit donc d’introduire un manage-
pour autant Systématiquement une croissance ment du changement et de rupture. Ce dernier à LA MISE A NIVEAU
économique durable et équitable. De nombreux ses règles, ses lois et ses mécanismes. Nous
autres conditions restent à mettre en place. pouvons en citer: C’est une opération de dernière chance. Il faut
Nous pouvons citer entre autres: • Identifier les adeptes du changement distinguer entre: Assainissement, Redressement
1. La clarification stratégique. • Créer des exemples de réussite et mise à niveau. Cette dernière passe parfois

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SPÉCIAL ALGÉRIE

La Basilique de Djemila

par des décisions douloureuses, car il s’agit de 6. Revoir le dispositif managérial en un tout intégré 3) Sensibiliser le reste des entreprises à entre-
normaliser l’activité en fonction de la productivi- (réorganiser, améliorer ses tableaux de bord….) prendre des actions stratégiques et opération-
té internationale. 7. Introduire progressivement une démarche et nelles rigoureuses.
une approche qualité: ISO, qualité totale (pro- Le C.N.C. aura besoin au moins d’un Consultant
AMELIORER SON MANAGEMENT OPERATIONNEL gressivement). National ou International pour faire le travail
L’entreprise algérienne, publique ou privée, n’a d’évaluation.
Nous avons toute une multitude de mécanismes pas pu digérer les pratiques du management
à introduire au sein de toutes les fonctions. moderne. Les dirigeants sont polarisées sur les CONCLUSION
Mais «le diable est dans les détails». L’erreur équipements et les crédits. Cette Culture Hard
coûte chère. Les entreprises algériennes ont à sous-estime les préoccupations « SOFT »… Les Il n’est pas attendu ni plus, ni moins qu’une ré-
introduire les principes de la bonne gouvernan- hauts managers pensent également que la mise volution managériale. Ce que nous n’avons pas
ce. Les entreprises privées doivent s’éloigner de à niveau des ressources humaines concernent su faire en vingt ans, il va falloir le faire en cinq
la gestion artisanale. Voilà, quelques actions im- les personnels subalternes seulement, alors ans. L’échec conduirait à la disparition. Les acti-
portantes qu’elles ne mènent pas toujours qu’ils doivent être les premiers à s’améliorer. vités qui s’internationalisent (la vaste majori-
convenablement. Ces signes sont tout a fait négatifs. Plus de la té…) connaîtront de profonds bouleversements:
1. Qualifier les ressources humaines: (Dépenses moitié des P.M.E. actuelles risquent de dispa- positifs pour certains et négatifs pour d’autres.
de Formation/Personnel) raître dans les cinq prochaines années. Il y a lieu Le C.N.C. ne peut se substituer aux PME/PMI. Il
2. Investir dans l’information et surtout la de tirer la sonnette d’alarme et aider le maxi- leur offre une vision d’expert qui les éclaire sur
connaissance des marchés: (Dépenses informa- mum de P.M.E. à réussir leur mise à niveau. les défis et les moyens de les relever. Il reste à
tion / valeur ajoutée) Le C.N.C. propose des actions suivantes: l’écoute pour entreprendre toute action salutai-
3. Développer la concertation: (Nombre de sug- 1) Mise au point avec les entreprises qui ont sui- re. Le C.N.C. considère que le processus de mise
gestions émises/effectifs) vi la mise à niveau; à niveau est insuffisant tant en quantité qu’en
4. Moderniser son système de rémunération: 2) Communiquer avec le reste des entreprises qualité. Il serait intéressant d’entreprendre plus
(Rémunération - variable / Frais de personnel ) afin de leur éviter les erreurs de mise à niveau d’actions afin d’approfondir la démarche et la
5. Introduire une gestion centrée autour des ré- des premières entreprises et capitaliser sur les rendre plus compatible avec les besoins des
sultats constitue l’essence du management. points forts de l’expérience. opérateurs économiques.

NOVEMBRE 2006 19
SPÉCIAL ALGÉRIE

DE NOUVELLES STRUCTURES POUR FAVORISER LES


INVESTISSEMENTS
L'ANDI POUR LA DÉCENTRALISATION AVEC SON GUICHET UNIQUE AU NIVEAU LOCAL
ANDI - AGENCE NATIONALE DE DÉVELOPPEMENT DES INVESTISSEMENTS

nécessaires à la réalisation de l’investissement •


la franchise de la TVA pour les biens et services
•un taux réduit en matière de droits de douane
pour les biens importés.
b) Les avantages après constat de mise en exploi-
tation: • Une exonération pendant une période de
dix ans d’activité effective, de l’impôt sur le bénéfi-
ce des sociétés (IBS) et de l’IRG sur les bénéfices
distribués, du versement forfaitaire (VF) et de la
taxe sur l’activité professionnelle (TAP) • Une exo-
nération, à compter de la date d’acquisition, de la
taxe foncière sur les propriétés immobilières • Le
report des déficits et des délais d’amortissement.

LES GARANTIES ACCORDÉES


AUX INVESTISSEMENTS:
Rhoufi
• Le traitement identique des personnes phy-
siques et morales algériennes et étrangères;
• Le transfert du capital investi en devises et des
L’Agence de promotion, de soutien et de suivi des essor particulier au développement local, permet- revenus qui en découlent;
investissements (APSI), après plus de huit années tra l’accès à l’information en matière d’opportuni- • Le transfert du produit de la cession ou de la li-
d’existence et suite à l’ordonnance n° 01-03 du tés économiques locales et assurera une meilleure quidation avec son éventuelle plus value.
août 2001, disparaît et est remplacée par une nou- localisation des projets. Selon l’ANDI, quatre vingt cinq (85) projets d’inves-
velle institution dénommée Agence Nationale de tissements ont été concrétisés en 2005 pour une
Développement des Investissements (ANDI). Cette LES AVANTAGES DE L’AGENCE NATIONALE DE valeur globale de 1,5 milliard de dollars depuis la
agence, dotée de la personnalité morale et d’une DÉVELOPPEMENT DE L’INVESTISSEMENT création de l’Agence en 2001. Quelques 7.000 pro-
autonomie financière a pour missions: • D’assurer Deux régimes d’investissements sont prévus: le ré- jets d’investissements nationaux et étrangers ont
la promotion, le développement et le suivi des in- gime général et le régime dérogatoire. été recueillis par l’Agence, pour une valeur de
vestissements • D’accueillir, d’informer et d’assis- 1.000 milliards de dinars (12 milliards de dollars).
ter les investisseurs résidents et non résidents • 1. Le régime général prévoit: • un taux réduit Les projets les plus importants ont touché la télé-
De faciliter l’accomplissement des formalités en matière de droits de douane pour les équipe- phonie, la production des matériaux de construc-
constitutives des entreprises et de concrétiser des ments importés • une franchise de TVA pour les tion, le tourisme ; parmi les projets réalisés ou en
projets, à travers les prestations d’un guichet biens et services • une exemption du droit de mu- cours de réalisation dans le cadre de l’ANDI, la ci-
unique décentralisé • D’octroyer les avantages liés tation pour toutes les acquisitions immobilières. menterie de M’sila et dans le secteur du tourisme,
à l’investissement dans le cadre du dispositif en vi- 2. Le régime dérogatoire: Il concerne les inves- la construction de deux villages touristiques par
gueur • De gérer le fonds d’appui à l’investisse- tissements réalisés dans les zones dont le dévelop- une société de tourisme ainsi que 14 unités de
ment visé à l’article 28 de l’ordonnance • De s’as- pement nécessite une contribution particulière de dessalement d’eau de mer (en partenariat avec
surer du respect des engagements souscrits par les l’Etat et ceux présentant un intérêt particulier pour AEC), le réaménagement de la zone côtière de Mo-
investisseurs durant la phase d’exonération. l’économie nationale. hammadia et un projet baptisé « Alger Médina ».
L’organisation et le fonctionnement de l’Agence a) les avantages liés au titre de la réalisation de
sont fixés par voie réglementaire ; la décentralisa- l’investissement: • l’exemption du droit de muta- Sources: « Liberté économie » in El Watan – Rap-
tion de l’Agence au niveau local contribuera au tion pour toutes les acquisitions immobilières • port CNES 2004 – ONS 2004-2005 – ANDI Com-
rapprochement de l’investisseur de l’organe chargé l’application du droit fixé en matière d’enregistre- munication
du développement et du suivi de l’investissement. ment du taux réduit • la prise en charge partielle Article extrait de « l’Annuaire économique et social
Cette implantation de structures décentralisées ou totale par l’Etat, après évaluation de l’Agence, – Algérie: état des lieux » - Rachid BENYOUB – Ka-
pourvues de leur propre guichet unique donnera un des dépenses au titre des travaux d’infrastructures lima Communication – 3ème édition – 2006.

20 COPPEMNEWS
SPÉCIAL ALGÉRIE

LA POLITIQUE SOCIALE DE L'ÉTAT


LES EXPÉRIENCES MÛRIES ET LES INTERVENTIONS LÉGISLATIVES EN CHANTIER
FACM - FORUM ALGÉRIEN POUR LA CITOYENNETÉ ET LA MODERNITÉ

Les différentes constitutions adoptées par le LE SOUTIEN DIRECT AUX CATEGORIES SO- • Les projets de développement communautaire
pays depuis l’indépendance ont toutes consacré CIALES DEMUNIES Cette composante du projet d'appui au filet so-
le principe de justice sociale et du droit du ci- cial a été marquée par la clôture du programme
toyen à l’épanouissement économique, culturel Le soutien direct aux catégories sociales défavo- pilote sur 03 wilayas et l'engagement de l'en-
et social. Dans ce contexte, «les conditions de risées s'effectue à travers le Fonds Social de Dé- semble des 63 projets de travaux et 15 projets de
vie des citoyens qui ne peuvent pas encore, ne veloppement géré par l' Agence de Développe- fournitures retenus dans le cadre d'un program-
peuvent plus ou qui ne pourront jamais travailler ment Social (ADS) créée par décret n° 96 - 232 me complémentaire sur 34 wilayas grâce aux re-
ont été garanties» par les constitutions de 1976, du 29 Juin 1996. Le bilan des actions menées en liquats de crédits dégagés à partir de l'enveloppe
1989 et de 1996 (Constitution de 1976: articles direction des populations – cibles fait ressortir prévue pour le programme pilote.
64 et 65; Constitution de 1989: article 56; Consti- que le nombre de bénéficiaires du filet social à la • Programme d'action sociale de proximité:
tution de 1996: article 59). Aussi, les dispositifs fin de l’année 2004 est évalué à 611.575 pour ce Le volet action sociale du programme d'appui au
mis en place visent à prendre en charge les caté- qui est de l'allocation forfaitaire de solidarité filet social a été marqué par la mise en place et
gories de population ciblées par les dispositions (AFS) servie aux personnes du 3ème âge et aux le soutien de 28 cellules de proximité activant
constitutionnelles à travers des programmes dont handicapés chefs de ménage sans ressources. sur le territoire national au niveau des quartiers
l’objectif est d’assurer la satisfaction des besoins Pour ce qui est de l'Indemnité pour participation déshérités et des poches de pauvreté.
essentiels et leur intégration socio-professionnel- aux travaux d'intérêt général organisés par les
le. Compte tenu des objectifs assignés, l’action communes, le nombre de bénéficiaires de ce dis- L’AIDE FINANCIERE AUX HANDICAPES
sociale de l’Etat, expression et matérialisation de positif, pour la période 1999 à 2004, est de
la solidarité nationale, est modulée en fonction l’ordre de 931.000 emplois et le montant mobili- L' action des pouvoirs publics en matière d'aide
de la nature des besoins et de la catégorie de sé pour la période s’élève à 37milliards DA. financière aux personnes handicapées s’est tra-
population ciblée. Elle s’est exercée à travers L'impact financier des prestations servies dans le duite par l’allocation de pensions et indemnités à
trois canaux principaux: cadre du dispositif de filet social est évalué à fin 360.468 personnes à fin 2004 dont: Enfance as-
• Le soutien direct aux catégories sociales défa- 2004 à 20,61 milliards de DA. Depuis 1997, le sistée et protection de l’enfance: 28.214; In-
vorisées et démunies; dispositif de filet social a été renforcé grâce à un firmes, incurables et vieillards: 107.575; Alloca-
• L’aide financière aux handicapés programme d’appui financé par un prêt de la tion de cécité: 96.279; Handicapés à 100 %:
• La prise en charge résidentielle et l’aide à la Banque mondiale. Ce programme d’appui a porté 128.400. L’impact financier de l’aide financière
réinsertion des catégories particulières de popu- sur la mise en œuvre: est évaluée pour l’année 2004 à 6,9 milliard DA.
lation. • de chantiers de travaux d’utilité publique à Les efforts en matière d’aide sociale durant ces
haute intensité de main d’œuvre (TUP-HIMO) ; dernières années ont été orientés essentielle-
• d’un programme de développement commu- ment vers l’amélioration et la rationalisation de
nautaire; la gestion des dispositifs de l’aide sociale afin
• de cellules d’action sociale de proximité . d’assurer une plus grande maîtrise des dépenses
• Les travaux d'utilité publique à haute intensité et un meilleur ciblage des populations dans le
de main d'œuvre(TUPHIMO) besoin.
Le programme de TUPHIMO porte sur la réalisa-
tion de travaux dans le domaine routier, de l'as- LA PRISE EN CHARGE RESIDENTIELLE DES CA-
sainissement-viabilisation, de l'agriculture et fo- TEGORIES PARTICULIERES DE POPULATION
rêts et de la petite hydraulique.
Par ailleurs, les activités d’entretien des routes, Un réseau de plus de 250 établissements spécia-
des travaux forestiers, de la petite hydraulique et lisés de protection sociale et trois grands centres
de l’assainissement, lancés par avis d’appel de formation assurent une prise en charge rési-
d’offre et cahier des charges, outre l'emploi dentielle à plus de 18.500 personnes handica-
qu'elles génèrent, ont permis le développement pées ou en difficulté sociale. En outre, des pro-
de micro -entreprises (tâcheronnat), avec à leur grammes de formation visant l’élévation de la
tête d’anciens chômeurs qui ont pu,par ce biais, qualification des personnels intervenant aussi
assurer leur réinsertion dans le monde du travail. bien au niveau de la prise en charge résidentielle

NOVEMBRE 2006 21
SPÉCIAL ALGÉRIE

que des dispositifs d’aide sociale et du filet so- taires a permis l'essor et l'extension du mouve- milles des pensionnaires modulée en fonction de
cial sont mis en œuvre à travers trois centres na- ment associatif à caractère social qui apporte leur revenu;
tionaux de formation et des actions de coopéra- ainsi une contribution active en complément à • L'établissement et la détermination de normes
tion. Ces actions s’inscrivent dans l’optique de l'action des pouvoirs publics. en matière de protection sociale.
l’amélioration de la qualité des prestations four- • La mise en place des structures décentrali- Dans ce cadre, la mise en place des instruments
nies aux populations concernées et de l’accrois- sées de la Protection Sociale qui sont chargées susceptibles de mesurer le seuil de pauvreté
sement de l’efficience des structures et des dis- d'encadrer la mise en œuvre des dispositifs et constituera une des actions majeures en la ma-
positifs de protection sociale. En plus des aides mesures prises dans le cadre de la politique sec- tière.
déjà existantes de nouvelles formules de soutien torielle. La définition de ces normes permettra une
ont été introduites à travers le conventionnement meilleure maîtrise des paramètres sociaux ainsi
par la Sécurité Sociale d’officines pharmaceu- LES INSUFFISANCES DE L’ACTION SOCIALE qu'une meilleure appréciation de la nature et de
tiques favorisant ainsi l’accès aux médicaments l'ampleur des besoins. Des travaux ont été enta-
pour les personnes démunies. Parallèlement à Malgré les efforts consentis par les pouvoirs pu- més dans ce sens et ont permis de définir trois
l’octroi d’allocations et à la prise en charge en blics, un certain nombre d'insuffisances ou de la- types de seuil de pauvreté en fonction des be-
milieu spécialisé, l’Etat à travers des mesures in- cunes continuent de caractériser l'action sociale soins à satisfaire. Il s’agira, dès lors, de conférer
citatives d’ordre fiscal et parafiscal favorise l’in- de l'Etat. Elles ont trait pour l'essentiel à: un caractère normatif a ces seuils et d’en faire
sertion sociale et professionnelle des personnes • La faiblesse des mécanismes de ciblage des un instrument de mesure et de quantification des
handicapées. populations éligibles à l'aide de l'Etat qui en limi- moyens à mobiliser et des populations nécessi-
te fortement l'efficacité et l'impact . tant un soutien de l’Etat.
EVALUATION DE L’ACTION SOCIALE DE L’ETAT • L'absence de normes et d’objectifs quantifiés • L'élaboration de la carte sociale du pays: cet
ne permet pas de juger de l’efficacité de l’action outil indispensable, permettra de préciser les
Ainsi, l’évaluation de la politique d’action sociale de l’Etat en matière de protection sociale ni profils et les zones de pauvreté et déterminera
mise en œuvre par l’Etat durant ces dernières an- d’évaluer les restes à réaliser dans ce domaine. les moyens et les actions à mettre en œuvre. La
nées fait ressortir un certain nombre d’éléments • La faiblesse du taux d'utilisation des capaci- mise à jour périodique de cette carte permettra
positifs qu’il y a lieu de consolider en même tés d'accueil des établissements spécialisés en d'évaluer l'efficience des programmes initiés et
temps qu’elle montre quelques faiblesses qu’il raison d'une part,des progrès en matière de pro- d'opérer les réajustements nécessaires.
importe de prendre en charge afin d’améliorer grammes de prévention (notamment en direction • L'harmonisation des aides sociales de l'Etat
l’efficience de l’action de l’Etat en direction des des handicaps visuels et moteurs ) et d'autre afin d'éviter des superpositions et des chevau-
groupes fragiles de population. part, d'une répartition spatiale inadéquate. chements d'aides attribuées par différents ca-
• Le dispositif résidentiel actuel ne permet pas naux et secteurs .
LES POINTS FORTS DE L’ACTION SOCIALE: la prise en charge des handicapés adultes rom- • L'amélioration du dispositif législatif et régle-
pant ainsi la continuité des actions entreprises mentaire visant à privilégier l'insertion profes-
Au chapitre des satisfactions de l’action sociale en faveur des handicapés. Ceci limite considéra- sionnelle à l'allocation d'indemnités.
de l’Etat, il y a lieu de relever que: blement leurs chances d’insertion sociale et pro- Dans ce cadre, des mesures incitatives et des
• Les transferts sociaux de l'Etat ont permis fessionnelle. structures devront être mises en place pour favo-
d'assurer à de larges couches de population dé- • L’objectif d’insertion socio-professionnelle des riser et promouvoir l'emploi des catégories de po-
favorisées un niveau de consommation minimum. personnes handicapées n’est pas soutenu par pulation fragilisées et/ou handicapées.
Dans beaucoup de cas, ces transferts ont consti- une véritable démarche inter-sectorielle • La diversification de la nature des prestations
tué l'unique ressource de ces ménages. • Les mécanismes de contrôle à priori et à pos- dans le domaine de l’action sociale de l’Etat à
• La distribution des ressources aux populations teriori des critères d'éligibilité aux différents dis- travers la prise en charge de nouveaux besoins
démunies a permis de limiter dans une conjonc- positifs, notamment le filet social, ne sont pas autre que pécuniaires par notamment le dévelop-
ture difficile, l'extension de l'exclusion et de la systématiquement mis en œuvre. pement des actions de prévention et par l’organi-
marginalisation et de maintenir une certaine co- sation et l’encadrement de l’aide et de l’action
hésion du tissu social. LES MESURES EN COURS POUR AMELIORER socio-sanitaire à domicile.
• Le développement d'un vaste réseau d'établis- L’EFFICACITE DE L’ACTION SOCIALE DE L’ETAT • La mise en place de Fonds spéciaux destinés à
sements spécialisés de protection sociale ( 251 prendre en charge le paiement des allocations
structures ) a permis de prendre en charge des Compte tenu de la nature des insuffisances qui familiales, les frais de trousseaux, de fournitures
catégories de population fragilisées tels que les caractérisent l'action sociale de l'Etat, un certain scolaires, de livres en faveur des enfants des fa-
handicapés, les personnes âgées, les enfants pri- nombre d’actions sont initiées et mises en milles démunies et/ou sans revenus pour éviter
vés de familles ainsi que les enfants orphelins de œuvre afin d’accroître l’efficacité des dispositifs les exclusions scolaires. Ces fonds pourraient
parents victimes de la tragédie nationale. de protection sociale et leur impact sur le bien également être destinés au financement partiel
Ces établissements, en plus de la prise en charge être des populations concernées. Elles portent des cantines scolaires pour lutter contre la mal-
matérielle et psychologique, assurent aux pen- notamment sur: nutrition.
sionnaires l'accès à la formation et à l'éducation • La redéfinition de la carte d'implantation des • Une mobilisation plus active des dons et la mi-
augmentant ainsi leurs capacités d'intégration infrastructures de protection sociale; se en œuvre d'un cadre susceptible de canaliser
sociale et professionnelle. • La recherche d’une participation au finance- la générosité des citoyens ainsi que des institu-
• L'assouplissement des procédures réglemen- ment des structures de protection sociale des fa- tions publiques et privées.

22 COPPEMNEWS
SPÉCIAL ALGÉRIE

LA LONGUE MARCHE POUR L'ÉGALITÉ


LA CONDITION FÉMININE A BEAUCOUP ÉVOLUÉ MAIS LES VIEUX PRÉJUGÉS RÉSISTENT ENCORE

condition essentielle du développement durable.


Sur un autre plan, le code de la nationalité algé-
rienne permet à la femme algérienne de léguer
la nationalité algérienne à ses enfants ; ceci
constitue une première dans la région MENA
(Middle East and North Africa).
Au cours de cette dernière décennie marquée
par un contexte économique, social et sécuritai-
re difficile, la femme algérienne s’est affirmée
comme un acteur incontournable de la vie éco-
nomique et sociale. C’est ainsi que des progrès
constants ont été réalisés en matière de partici-
pation de la femme à la prise de décision et son
accès aux fonctions supérieures de l’Etat:
• au titre des fonctions supérieures de l’Etat, il
y a lieu d’indiquer la présence de quatre (04)
Khalida Messoudi
femmes dans l’actuel gouvernement, (02) am-
bassadrices, une femme Secrétaire générale de
ministère, quatre Chefs de Cabinet de minis-
L’Etat Algérien a montré un grand intérêt pour la vant la loi, sans que puisse prévaloir aucune dis- tères, une (01) femme wali nommée en 1999,
question de la femme qui s’est traduit par la mi- crimination pour cause de naissance, de race, de deux (02) walis hors cadre, trois (03) secrétaires
se en place d’un certain nombre de programmes, sexe, d’opinion ou de toute autre condition ou générales de wilayas, quatre (04) inspectrices
de stratégies, de mesures institutionnelles et de circonstance personnelle ou sociale » et les dif- générales de wilayas et sept (07) chefs de daïra
lois visant à accompagner l’évolution socio-éco- férents codes énoncent le principe de l'égalité • dans le domaine de la magistrature, la femme
nomique des femmes algériennes. C’est entre les citoyens. Au niveau des textes juri- occupe des postes importants de Présidente du
d’ailleurs au titre de sa démarche globale d’ad- diques fondamentaux, il n’existe aucune barrière Conseil d’Etat (01), (03) présidentes de Cour, (34)
hésion aux instruments internationaux des droits à l’insertion socio-économique et socio-profes- présidentes de tribunal sur un total de 56, (115)
de l’homme (plus particulièrement ceux visant le sionnelle des femmes et ce, dès le lendemain de juges d’instruction sur un total de 404, (11) Pré-
renforcement des droits de la Femme) que l'Al- l’indépendance nationale. Le code du travail ne sidentes de section dont cinq au Conseil d’ Etat
gérie a ratifié en 1996 la Convention des Na- fait aucune discrimination fondée sur le sexe. La et six à la Cour Suprême. Sur un Nombre total
tions Unies sur l’élimination de toutes les législation garantit à la femme l’égalité des de 2811 magistrats 922 sont des femmes ;
formes de discrimination à l’égard des femmes droits et des devoirs et interdit toute discrimina- • Une femme occupe le poste de vice gouver-
et la Convention sur les droits politiques de la tion. La Constitution accorde notamment à la neur de la banque d’Algérie ;
femme dont elle a déposé l’instrument de ratifi- femme des droits politiques, le droit au travail et • Les Facultés des Sciences de la Nature, des
cation de ce traité en août 2004. L’Algérie a éga- une participation à toutes les sphères de la vie Lettres et l’université des Sciences et de la
lement adhéré aux Conventions internationales socio-économique. Technologie sont dirigées par des femmes ;
pertinentes élaborées dans le cadre de l’ Organi- Un code de la famille algérienne qui régit les • La femme algérienne est de plus en plus pré-
sation Internationale du Travail, et notamment la droits et obligations de la femme (à l’instar des sente dans les différents corps de l’Armée, de la
Convention de juin 1951 sur l’égalité de rémuné- codes Tunisien et Marocain) a été promulgué en Gendarmerie Nationale et dans le secteur de la
ration entre la main d’œuvre masculine et la 1984. La reconnaissance du rôle actif dans le police nationale.
main d’œuvre féminine pour un travail à valeur processus de développement reste un acquis En matière de travail et d’émancipation écono-
égale, ratifiée et la Convention sur la discrimina- stratégique en ce sens que cela a amené le pou- mique, le nombre des femmes travailleuses s’est
tion en matière d’emploi et de profession. L’éga- voir à envisager de modifier ce code pour ouvrir considérablement accru même si leur taux global
lité entre les citoyens est d’abord garantie par la voie à de nouveaux équilibres fondés sur reste faible.
les dispositions de la Constitution qui dispose en l’égalité entre les hommes et les femmes, uni- L’intégration de la femme dans la vie active et
son article 29 que « Les citoyens sont égaux de- versellement reconnue aujourd’hui comme une dans la formation, son engagement sur le mar-

NOVEMBRE 2006 23
SPÉCIAL ALGÉRIE

Le niveau d’instruction des femmes reste un fac-


teur déterminant dans la mobilisation au niveau
de la vie associative (52 % sont d’un niveau
d’instruction supérieur), qui constitue depuis la
fin de la « décennie noire » du terrorisme un es-
pace de mobilisation par excellence des femmes
algériennes aspirant à l’indépendance écono-
mique et à une plus grande implication dans les
activités socio-économique et politique du pays.
Le travail est l’objectif immédiat après les
études; beaucoup comptent approfondir leur for-
mation par une spécialité.
L’accès progressif des femmes au travail ré-
munéré, sous la pression de la nécessité ou
de la volonté de s’affirmer, a eu tendance à
privilégier la rentabilité du diplôme sur le mar-
femmes algériennes
ché de l’emploi. En exerçant une activité en
dehors de l’espace domestique, les femmes
algériennes accèdent à des formes de sociabi-
ché du travail et sa participation aux instances construit à partir d’une expérience profession- lité et de cultures nouvelles qui introduisent
de décisions sont des indicateurs importants de nelle. La majorité des femmes entrepreneurs des changements dans le mode de vie tradi-
son accession à l’autonomie économique et de mobilisent, pour la mise en œuvre de leurs pro- tionnelle structurellement fondé sur la division
son rôle d’agent du développement. Il faut noter jets, des fonds personnels ou familiaux ; le re- sexuelle des rôles.
également les actions engagées par l’Etat pour cours aux prêts bancaires restant faible du fait La législation en matière de sécurité sociale est
la promotion du rôle économique et social des de la méconnaissance des mécanismes y affé- venue renforcer la protection de la femme tra-
femmes rurales, qui ont permis d’ enregistrer rents, mais surtout des contraintes liées à la vailleuse en prévoyant, notamment la protection
des résultats allant dans le sens de l’améliora- lourdeur des procédures bancaires. Les femmes de la maternité. Elle prévoit également la possi-
tion du taux de leur participation dans la sphère entrepreneurs bénéficient en outre des diffé- bilité pour les femmes, de partir en retraite à 55
de production avec une population active agrico- rentes aides octroyées dans le cadre des dispo- ans (au lieu des 60 ans requis) avec la possibili-
le de 18% qui s ‘investit dans les domaines ré- sitifs de l’ANSEJ (Agence Nationale de Soutien té de réduction d’un an par enfant à charge et
servés à l’homme et une implication de plus en à l’Emploi des Jeunes) et l’ANGEM (Agence Na- ce, dans la limite de trois enfants.
plus grande a la gestion locale des territoires ru- tionale de Gestion du Micro crédit). Malgré ces problèmes, en somme naturels, et
raux. Le travail rémunéré reste une réalité pour L’implication des femmes dans les espaces so- bien que la part des femmes ayant un emploi
les unes et une aspiration pour la grande majori- cio-politiques reste aussi globalement très faible reste faible par rapport à l’ensemble des occu-
té des femmes algériennes. Le travail des (5,5 %) bien qu’en constante augmentation. Les pés, la participation de la femme algérienne à
femmes se présente d’abord comme une activité femmes s’impliquent essentiellement dans l’ac- l’édification du pays est devenue la préoccupa-
urbaine pour plus de 70 % d’entre elles. L’activi- tivité associative, dans les clubs sportifs, dans tion centrale des femmes elles-mêmes mais
té rémunérée des femmes est exercée pour près les syndicats et dans les partis politiques (une également des pouvoirs publics. Ce thème béné-
de 60 % dans le secteur public (le plus dévelop- femme est chef d’un parti politique). ficie d’une certaine priorité dans les débats,
pé) et 40 % dans le secteur privé (en pleine ex- L’implication dans les organisations (associa- dans les différentes manifestations culturelles et
pansion depuis l’insertion de l’Algérie dans tions, partis politiques, clubs sportifs, syndicats) dans les revendications de la population fémini-
l’économie de marché). Et les femmes activant est une pratique majoritairement urbaine. L’im- ne. Enfin, la femme algérienne continue de lutter
dans le secteur privé sont plus présentes dans plication dans les activités socio-économiques et contre certaines attitudes et comportements ré-
l’informel que le formel. la formation apparaissent actuellement comme trogrades encore persistants pour accompagner
L’idée de projet est pour la majorité, liée à la for- un facteur favorisant l’activité civique organisée les changements et l’évolution de la société vers
mation reçue et au savoir faire personnel des femmes. la modernité et la pleine citoyenneté.

24 COPPEMNEWS
SPÉCIAL ALGÉRIE

MICRO-CRÉDIT POUR L’EMPLOI DES JEUNES


LES INSTRUMENTS TRADITIONNELS QUI IMPLIQUENT LA SOCIÉTÉ CIVILE SONT À RÉFORMER
MOULOUD MEZIANI, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU FACM

La situation alarmante du chômage est bien sûr


davantage aggravée par le fait que les 80 % des
chômeurs sont des jeunes de moins de trente
(30) ans et que 75 % sont des primo deman-
deurs. A partir de 1990, le Gouvernement déci-
dait de mettre en place un nouveau dispositif, le
Dispositif d’Insertion Professionnelle des
Jeunes, destiné à élargir les actions de soutien
à l’emploi des jeunes, en faisant financer par un
Fonds public d’Aide à l’Emploi des Jeunes non
seulement des emplois salariés à durée limitée,
mais aussi l’auto emploi des jeunes (artisans in-
dividuels, coopératives artisanales de production
et de serviceS…) ainsi que des actions de for-
mation-adaptation en milieu professionnel et de
formation à distance. Il a été développé par la
Alger, Casbah
suite, une série d’autres dispositifs de création
d’activités, depuis les « gros investissements »
gérés par l’Agence Nationale de Développement
de l’Investissement(ANDI) jusqu’au micro crédit rienne, ce qui offre peu voire très peu de cré- devait entrer en activité dès 2004 ;
géré par deux institutions: l’Agence Nationale de neaux d’activités d’où la concentration des entre- • de confier à la Caisse d’Assurance Chômage le
Gestion du Microcrédit (ANGEM) et la Caisse preneurs potentiels autour des projets orientés financement et la gestion du micro crédit pour
Nationale des Assurances Chômage (CNAC), en essentiellement vers les services (transports, les promoteurs de micro projets âgées entre 35
passant par la micro entreprise administré par Kiosques Multi-Services, confections.) qui et 50 ans, essentiellement provenant des assurés
l’Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des connaissent de la sorte une rapide saturation et contre le chômage, en fin de droit.
Jeunes (ANSEJ). Le point commun de tous ces en même une limite pour le dispositif. Une autre Le traitement spécifique du chômage des jeunes
dispositifs est leur gestion administrative par les limite reste le faible taux de qualification et d’ex- passe en grande partie par la micro entreprise et
institutions créées à cet effet et par les banques périence des jeunes entrepreneurs potentiels qui la Très Petite Entreprise. Mais il reste évident
chargées de financer les projets. Aucun de ces n’ont ni les aptitudes, ni la faculté, ni la volonté que ce genre de dispositifs ne peut pas à lui seul
dispositifs ne fait appel ou implique directement (surtout pour affronter le parcours du combattant régler le problème de chômage des jeunes pour
ou indirectement le mouvement associatif, érigé pour sécuriser les banques) pour devenir de différentes raisons:
certes embryonnaire et non préparé, mais cepen- vrais entrepreneurs et managers. L’autre limite tous les jeunes chômeurs ne sont pas ou ne peu-
dant prêt s’impliquer. La formule micro entre- est constituée par la disponibilité des locaux à vent pas être entrepreneurs; ils n’ont pas tous les
prises est adoptée – avec la création de l’Agen- usage professionnels et par les problèmes inex- capacités, ni la culture, ni la volonté nécessaires
ce Nationale de Soutien à l’Emploi des tricables que connaît le secteur du foncier indus- pour créer, gérer et rentabiliser un projet de pro-
Jeunes/ANSEJ. Cette nouvelle formule ou dispo- triel en Algérie. Le dispositif du micro crédit est duction de biens ou de services qu’elle que soit
sitif de micro entreprises, mise en oeuvre depuis basé sur la promotion de petites activités et du l’envergure du projet (micro entreprise ou même
1997, consiste à aider les jeunes de 19 à 35 ans travail indépendant, essentiellement à domicile. micro crédit); l’économie algérienne étant forte-
à créer leurs propres entreprises à travers des Après quatre années de mise en œuvre, le bilan ment extravertie, les créneaux pouvant être in-
prêts bancaires à taux bonifiés et des prêts non des actions n’a pas pu répondre aux attentes des vestis sont forcément limité; les autres créneaux
rémunérés (PNR) assurés par l’ANSEJ. populations concernées et aux effets escomptés peuvent rapidement être saturés ou devenir peu
Cette formule est considérée comme étant la pa- par les pouvoirs publics. Le Gouvernement a dé- rentables; les conditions et modalités de créa-
nacée, sauf qu'il est nécessaire souligner un cer- cidé par la suite de: tions de micro entreprise et de TPE sont encore
tain nombre d’éléments fondamentaux qui carac- • de créer une nouvelle agence entièrement dé- lourdes et rebutantes et pour les jeunes ayant les
térisent la situation socioéconomique du pays, à diée à la gestion du micro crédit: l’ANGEM ou aptitudes, elles demeurent encore découra-
savoir:le caractère extraverti de l’économie algé- Agence Nationale de Gestion du Micro crédit qui geantes; le système bancaire actuel est peu en-

NOVEMBRE 2006 25
SPÉCIAL ALGÉRIE

CENT MILLE ENTREPRISES POUR RENFORCER


L'ÉCONOMIE
CET OBJECTIF EST INDIQUÉ DANS LE PROGRAMME DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE 2004 – 2009
ZEROUALI YOUCEF, CES MINISTÈRE DE LA PMEA

La PME joue un rôle moteur dans la relance des entreprises et 81,1% de la population active tion de l’ordre de 9 ,5 % par rapport à l’année
activités et la croissance économique. Ce rôle (support for small and Medium seize enterprises 2004. L’effectif employé en 2005 est de
est justifié par la part de plus en plus importante in Spain. ELMERCADO de Valores/ November- 1.157.856 salariés dont 888.829 salariés par le
qu’elle occupe dans toutes les économies du December 1998 p. 22). En Algérie une loi concer- secteur privé et 192.744 artisans. Des mesures
monde, qu’elles soient dominantes ou émer- nant la PME a été promulguée en 2001 (loi de soutien d’aide et d’appui ont été mises en
gentes. De nombreux pays ont, pour les uns, ré- d’orientation sur la promotion de la petite et œuvre par le ministère de la Petite et Moyenne
solu et dépassé les situations de crise écono- moyenne entreprise). Cette loi définit la PME et Entreprise et de l’Artisanat, notamment:
mique, et pour les autres annoncée de manière annonce les principes généraux de soutien et • Création d’un Fonds de Garantie des crédits
vigoureuse leur développement grâce, essentiel- des aides destinés à faciliter l’exercice des acti- bancaires octroyés aux PME (FGAR). A décembre
lement, aux PME, quand celles–ci ont trouvé un vités, à développer de nouveaux mécanismes de 2005, le FGAR a octroyé 85 garanties de crédit
terrain favorable à leur épanouissement. Et dans financement, à rendre les PME plus compéti- équivalent à 1.636979490 de dinars pour des
ces situations, la majorité des emplois crées ain- tives, à encourager l’émergence de nouvelles ac- projets d’investissement dont le montant global
si qu’une part prépondérante des exportations tivités, à favoriser la sous-traitance et à rendre est de 5.873865.94 DA, et devant générer 3.252
de biens et de services sont réalisés par elles. l’information économique plus accessible aux emplois. Le montant des crédits a été de
Une étude faite par Fernando BECKER ZUAZUA entreprises. 3.647.149818 DA soit 62% du montant global de
nous montre que la santé de l’économie Euro- Au sens de la loi sus-cité le nombre de PME fin l’investissement.
péenne dépends beaucoup des PME: 99,8% des décembre 2005 est de l’ordre de 245.842 PME • création d’une caisse de garantie des crédits
entreprises de l’union Européenne sont des PME. privées dont 96072 artisans ce qui veut dire que d’investissement aux PME. Son capital autorisé
Elles génèrent 66,2% de l’emploi. Les pourcen- plus de 95% des entreprises algériennes sont est de 30 milliard de DA.
tages sont même élevés en Espagne: 99,9% des des PME. Le nombre de PME a connu une évolu- • création de centres de facilitation et de pépi-

MICRO-CRÉDIT POUR L'EMPLOI DES JEUNES (SUIVI DE PAGE 25)

clin et peu préparé à s’impliquer fortement ou tout au moins suffisamment dans tiels que ne le sont les institutions bancaires conventionnelles. Cette approche
le financement des micro entreprises et des TPE ; le manque flagrant de locaux du micro crédit par l’implication pleine et entière, mais responsable, de la socié-
à usage professionnel et le problème du foncier industriel constituent des freins té civile devra être privilégiée au détriment de l’approche institutionnelle
non négligeables pour la promotion de la création d’activités. conventionnelle de type agences d’Etat qui fonctionnent de manière mécanique
La micro entreprise et la TPE sont un véritable réservoir de création de richesses et surtout bureaucratique, même si la volonté de bien faire existe de la part des
et d’emplois pour les jeunes ; il reste possible de créer près de 100 000 entités gestionnaires. Le système bancaire doit également être mobilisé selon des for-
par an pour peu que les modalités, les conditions et l’environnement administra- mules et des interventions à revoir dans le cadre de l’assouplissement et de
tif soient des facteurs d’accompagnement et non des facteurs bloquants. Mais l’ouverture sur le marché (financier et monétaire). Pour cela, il est impératif de
le développement et la réussite des dispositifs de micro entreprises et de TPE revoir dans le fonds la loi sur les associations et la loi sur la monnaie et le cré-
n’iront pas sans le développement de l’investissement lourd dans les secteurs dit, dans le sens d’une plus grande ouverture sur la société civile, y compris
public ou privé de la PME/PMI, des infrastructures de base, de l’agriculture et de dans la possibilité ouverte aux associations de faire du « lobbying » auprès de
l’hydraulique, des télécoms et des nouvelles technologies, ainsi que des pro- bailleurs de fonds nationaux et surtout internationaux, d’accéder à des dons et
grammes de soutien social et de solidarité, notamment à travers les emplois aux prêts destinés à développer le micro crédit et les micro projets de production
d’attente. Bien que le micro crédit en Algérie ne vise pas à lutter contre la pau- de biens et services dont le marché local, encore en friche, a besoin - et lutter
vreté extrême comme c’est le cas dans de nombreux pays sous-développés ou ainsi par ce biais ( qui n’en est qu’un ) contre le chômage en général et le chô-
en voie de développement, il n’en demeure pas moins qu’il a beaucoup à gagner mage des jeunes en particulier. La logique d’intervention repose sur la participa-
s’il faisait siennes les règles générales régissant ce type d’actions, en impli- tion active de la société civile, de la population visée dans le cadre du micro cré-
quant en particulier le mouvement associatif qui serait à la base des institutions dit, la responsabilisation des bénéficiaires et le renforcement des acteurs
de micro finance, plus souples et plus proches des petits entrepreneurs poten- (agences d’animation du développement local, banques, élus locaux…).

26 COPPEMNEWS
SPÉCIAL ALGÉRIE

TAB.1. EVOLUTION DE LA POPULATION DES ARTISANS 2002-2005

nières d’entreprises au niveau local. Les pépi-


nières sont des structures d’accueil et d’appui 2002 2003 2004 2005
aux jeunes créateurs d’entreprises pour les as- Production de biens 38346 43435 45126 50139
sister dans la phase de démarrage de leur activi-
Production de services 23901 26151 30140 32574
té à travers la mise à disposition de lieux d’im-
plantation de leurs entreprises et de conseils. Traditionnel et art 9276 10264 11466 13359
Les centres de facilitation constituent un espace TOTAL 71523 79850 86732 96072
d’animation économique destiné à rendre l’infor-
mation disponible et d’assister les nouveaux en-
trepreneurs à concrétiser leurs projets d’investis-
sement par une assistance technique adaptée.
• Création d’une agence nationale pour la pro- des offres de services en direction des grandes de signaler que, parmi les mesures prévues ou
motion de la PME (décret exécutif n° 05-165 du entreprises donneurs d’ordres, ce qui fait acqué- déjà mises en place, figurent les maisons et mu-
3 mai 2005). rir au mouvement de choix des entreprises rece- sées de l’artisanat et les centres de savoir faire
Sur un autre plan des actions de mise à niveau veurs d’ordre une transparence certaine et une locaux et les centres d’estampillages, qui sont de
ont été prises. Un premier programme a été en- égalité de chances aux PME. Un autre organe de véritables vecteurs de développement local et ru-
gagé en 2000 avec l’assistance du PNUD (pro- concertation et d’appui aux PME a été mis en ral, particulièrement de par la nature de l’activité
gramme des Nations unies pour le développe- place par le ministère de la PMEA. Il s’agit du auxquelles elles ont trait. Je dois conclure par di-
ment) et de l’ONUDI (organisation des nations Conseil National Consultatif (CNC) dont les mis- re que beaucoup d’observateurs voient dans la
unies pour le développement industriel). sions concernent la promotion du dialogue entre création de 100000PME annoncée dans le pro-
Il consiste en un financement mixte de les PME et les associations patronales d’une gramme de Mr le Président de la République
1.200.000 $US de l’ONUDI et 120 millions de DA part, et avec les pouvoirs publics d’autres parts. (2004-2009) un défi qui interpelle le Ministère de
du Ministère de l’industrie. Les trois opérations la PMEA. Ce défi peut être réalisé dans la mesu-
pilotes de ce programme concernent une cin- EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT re où on constate de nos jours une répartition
quantaine d’entreprises publiques et privées. DE L’ARTISANAT: géographique des PME avec un recentrage en di-
Un second programme (Euro développement Le secteur de l’artisanat, au sens large (artisanat rection des wilayas du sud, dont certaines se dis-
PME) s’étalant sur 6 années. Il cible 4000 PME de production de biens, de services et l’artisanat tinguent par un nombre de PME assez proche de
constituant un potentiel de croissance. Il se traditionnel) connaît une certaine avancée de- celles, des hauts plateaux, voir même du nord. A
concentre sur les entreprises dont la taille varie puis l’adoption d’un plan d’action. Le plan a pour titre d’illustrations, Ghardaïa compte 4229 PME
entre 5 et 20 emplois. L’essentiel de ces entre- objectif de réhabiliter l’artisanat dans sa voca- et se situe au niveau de Jijel avec 4.694 PME ou
prises appartient au secteur privé. Un program- tion économique et sociale. A titre indicatif le de Tlemcen avec 4.509 PME ou de Ain Defla
me de mise à niveau des PME, s’étalant sur une nombre d’artisans a évolué comme suit au cours avec 4372 PME ou de Bouira avec 4076 PME.
période de 6 années, a été mis en place par de ces dernières années (tab.1) Cette tendance confirme que les programmes
notre département ministériel. Une enveloppe de Le plan d’action du développement du secteur de spéciaux de développement et de désenclave-
1 milliard de dinars est confiée à l’agence natio- l’artisanat prévoit une batterie de mesures orga- ment régionaux et que les dispositifs de soutien
nale de développement des PME pour la mise en nisationnelles, techniques, fiscales et financières adaptés peuvent se traduire par des résultats
œuvre de ce programme. Le souci de renforce- à même d’assurer la valorisation du patrimoine probants. D’autant plus et au titre du program-
ment de la communication et l’information inter- artisanal pour en faire un vecteur de développe- me complémentaire de développement pour les
entreprises a conduit le Ministère de la PMEA, à ment des potentialités humaines et matérielles wilayas du sud, l’Etat a réservé 680 millions de
la mise en place, en plus d’un Conseil National au niveau local. Les principales actions inscrites dinars et 3 milliards de dinars pour la bonifica-
de la Sous-Traitance d’un réseau de Bourses de au titre de ce plan portant sur l’adaptation du tion des taux d’intérêt de crédits bancaires des-
Sous-Traitance (04) à qui a été confiée la mis- dispositif législatif et réglementaire régissant tinés à l’Agriculture et aux PME. En un mot le
sion de création et de vulgarisation de l’informa- l’artisanat et les métiers aux mutations écono- secteur de la PMEA en tant qu’un choix de dé-
tion sur les disponibilités de sous-traitance algé- miques et sociales du pays, et le développement veloppement économique et social hors hydro-
riennes et étrangères. Ces structures constituent de programmes de formation, d’apprentissage et carbures pourrait être une véritable alternative
un excellent moyen, voire, une véritable vitrine de manifestation thématiques. Il serait opportun pour un future meilleur.

NOVEMBRE 2006 27
SPÉCIAL ALGÉRIE

RESSOURCES ET DÉPENSES PUBLIQUES


DIVERSIFIER LES INVESTISSEMENTS SELON UN PROGRAMME DE CROISSANCE ADHÉRENT AUX BESOINS DU PAYS
BABA-AHMED MUSTAPHA, ECONOMISTE, MEMBRE FONDATEUR DU FACM

L’Algérie est confrontée à ce défi: les recettes ex- est à peine besoin de préciser que la PME se trou- l’informel ont priorité sur les assurés démunis
térieures que déverse l’exportation des hydrocar- ve, alors, pénalisée dans la recherche de la cou- alors que la caisse sécurité sociale couvre une
bures donnent le mirage de la richesse: dans le verture de ses besoins financiers par des concours bonne partie du budget des hôpitaux. La dépense
conscient populaire, les milliards de Dollars US bancaires. Elle ne peut pas accéder, a fortiori, à publique reste largement otage de l’avatar histo-
doivent satisfaire les attentes sociales. Il ne s’agit des emprunts obligataires sur un marché en voie rique du populisme. L’exemple le plus symptoma-
pas de se prononcer sur le bien fondé de ces at- de formation. La grande entreprise privée est, tique est celui de l’enseignement et de la forma-
tentes: il nous suffira de les confronter aux pra- quant à elle, courtisée par toutes les banques de tion professionnelle ; les jeunes sortis des écoles
tiques et au discours politique qui les entretien- la place. Pour être complet, il convient de souli- professionnelles ne maîtrisent pas le savoir-faire
nent et les encouragent. Le produit des hydrocar- gner que le niveau relativement modeste du total et ne sont pas reconnus comme professionnels ;
bures prend pour une très large part la forme de des emplois bancaires, compte tenu des res- quant aux universitaires, ils sont rares à posséder
devises. C’est par les recettes extérieures que sources disponibles, tient à la position particulière le savoir qu’ils sont sensés avoir acquis. Le pays
nous commençons la présentation des ressources des entreprises publiques: un certain nombre vit la situation paradoxale où plus il dépense d’ar-
et de leur évolution. Entre 1999 et 2005, les expor- d’entre elles n’ont pas d’avenir et posent problè- gent pour former les jeunes, plus il a besoin de
tations de biens et de services sont passées de 13 me pour ce qui est de leur éligibilité au finance- faire appel à des compétences étrangères. L’admi-
à 48,8 milliards de Dollars US. La part des hydro- ment bancaire. nistration est dramatiquement sous encadrée
carbures y entre respectivement pour 11,9 et 45,6 La création des richesses a besoin d’entreprises quand il faut organiser et conduire les réformes.
milliards de Dollars US. L’augmentation des res- qui aient les moyens de leurs ambitions. Alors que Le savoir et le pouvoir d’innovation sont, aujour-
sources extérieures révèle un tel degré de vulnéra- la loi de finances 2005 a organisé un dispositif de d’hui, la véritable richesse des nations: ils confè-
bilité de l’économie algérienne qu’il est permis de subvention d’exploitation ex ante des entreprises rent la puissance économique et la reconnaissan-
se demander si l’autonomie de 27 mois à l’égard publiques non performantes, le traitement ex post ce politique. L’Etat entend réserver le pactole du
des importations met effectivement le pays à et non transparent sur le plan budgétaire des défi- pétrole et du gaz aux infrastructures économiques:
l’abri de lendemains difficiles en cas de retourne- cits de ces entreprises a été maintenu. Il prive le les infrastructures sociales ne mobilisent que fai-
ment de la conjoncture comme en 1985. Il faut re- Parlement des moyens de contrôle et donne au blement le surplus de recettes, au point que par
lever ici que le niveau des exportations hors hy- syndicat des travailleurs un moyen privilégié et exemple les mauvaises conditions dans lesquelles
drocarbures qui mesure, bien sûr avec les importa- exorbitant de négociation avec le gouvernement. vivent les étudiants contribuent sans aucun doute
tions, la compétitivité de l’économie nationale n’a Les dépenses d’assainissement financier ont long- à la médiocrité de leurs résultats.
pas atteint le milliard de Dollars US. La particulari- temps été imputées au budget d’équipement, L’Etat a pris deux mesures fondamentales:
té des hydrocarbures en Algérie est de supporter alors qu’il s’agit de couvrir des pertes en capital • la priorité est donnée aux infrastructures éco-
un taux de fiscalisation élevé et de concentrer les de ces entreprises, et non de la formation de capi- nomiques;
flux financiers au niveau de 3 acteurs écono- tal fixe. Echappent également au contrôle parle- • leur financement est assuré en totalité par la
miques principaux: le Trésor, la SONATRACH (la mentaire de l’utilisation effective de la ressource ressource publique.
société pétrolière nationale) et la banque de cette les fonds inscrits dans les « charges communes » L'Etat engage la quasi-totalité des recettes en-
dernière, la BEA (banque extérieure d’Algérie). Le dont le montant a cru de façon très importante. Au grangées dans les infrastructures de transport et
degré de dépendance des finances publiques à surplus, le Parlement est tout simplement privé du les grands ouvrages hydrauliques, unités de des-
l’égard des hydrocarbures est passé de 62 % en contrôle que confère la loi de règlement budgétai- salement d’eau de mer comprises. L’histoire de
1999 à 76,3 % en 2005. Cette mesure vaut pour re et ce, depuis plus de 20 ans. Le budget de fonc- l’Algérie indépendante montre que les importa-
les recettes fiscales. Les dépenses de l’Etat n’ont tionnement ne remplit même pas la vertu propre à tions sont totalement inélastiques à une baisse
pas évolué au même rythme que les recettes ; la dépense publique: contribuer à réduire les in- des moyens de paiement extérieurs: même «l’éco-
elles ont quand même plus que doublé. égalités sociales. Le même manque de discerne- nomie de guerre» en 1993 n’a pas permis de
Le secteur bancaire est en situation de surliquidi- ment dans la destination des dépenses dites so- contenir les importations. La voie choisie par l’Al-
té: un total de ressources de 1212 milliards de Di- ciales ou considérées comme telles se retrouve gérie est volontariste: elle parie sur le maintien
nars est proprement gelé. De 2002 à 2005, les cré- dans le domaine de la santé: la médecine qui du marché pétrolier au niveau de ses données
dits à l’économie ont augmenté de 40% à 1778 continue à être gratuite bénéficie en réalité à ceux fondamentales actuelles. Est-elle assurée de l’ef-
milliards de Dinars. Les banques sont décriées qui, de par leur position sociale ou leurs introduc- ficacité de la dépense?
pour leur frilosité, voire même pour des comporte- tions, ont accès aux structures de santé publiques La bonne gestion de la dépense publique renvoie
ments qui ne procèdent pas de la commercialité. Il ; de façon à peine caricaturale, les négociants de aux règles qui régissent le domaine de cette dé-

28 COPPEMNEWS
SPÉCIAL ALGÉRIE

pense:toutes les phases de la dépense budgétaire


sont organisées par des lois et des règlements. Le
choix du partenaire procède par voie d’offres ou de
consultation par application du code des marchés
publics. Le visa de la commission des marchés
compétente et celui du contrôle financier sont exi-
gés avant toute dépense sur le marché. La Caisse
Nationale d’Equipement et de Développement
(CNED), créée pour veiller, pour le compte du mi-
nistère des finances, à la pertinence des caracté-
ristiques technico-économiques des projets, n’est
pas encore vraiment opérationnelle. Cette Caisse
doit s’intéresser également pour le compte de l’ad-
ministration du budget qui n’en a plus les moyens,
à la cohérence intersectorielle et intra-sectorielle
de différents projets. Une telle mission est fonda-
mentale pour des projets aussi structurants que Timgad
l’autoroute ou le rail.
L’essentiel du programme d’investissements pu-
blics lancé pèse sur un nombre très réduit – quatre l’Etat a son revers: pour échapper au reproche de • La revalorisation de la fonction voire de la mis-
ou cinq – d’opérateurs économiques publics. La retards, les gestionnaires peuvent succomber à la sion d’enseignant passe d’abord par une reconsi-
force de frappe de ces acteurs est très limitée: les tentation soit de passer sur des éléments contrac- dération fondamentale des conditions matérielles
cadres qui doivent normalement en constituer la tuellement à la charge des titulaires des marchés, faites aux enseignants à tous les niveaux ; le rôle
colonne vertébrale sont sensés être des ingénieurs soit de fermer les yeux sur des insuffisances et des de l’enseignant est primordial dans la formation de
et des techniciens rompus aux techniques et aux malfaçons. la société toute entière et ce n’est pas parce que
technologies. Or, on a vu que le niveau de forma- Les partenaires sont conscients de cette situation l’enseignant n’est pas en situation de monnayer
tion a fortement baissé ; de plus, les meilleurs sont et peuvent l’exploiter à leur profit. C’est dire que ses services comme d’autres commis de l’Etat qu’il
soit aspirés par les entreprises étrangères en Algé- l’argent ne garantit pas à lui seul que les projets doit être sanctionné.
rie, soit attirés par l’émigration. Le système n’est soient bien réalisés ni même réalisés tout simple- • L’Etat doit agir sur tous les facteurs de démoti-
pas orienté vers la reconnaissance du mérite: au ment dans les délais. On peut même soutenir que vation et de désincitation à l’égard des métiers
contraire, l’échelle sociale des valeurs verse, au le pays est assuré qu’il ne réalise pas les projets manuels: la formation professionnelle doit cesser
contraire, une prime aux fervents de la débrouillar- au moindre coût. La bonne gouvernance écono- d’être le parent pauvre des cursus et acquérir ses
dise et du trabendo . Pour les ingénieurs et techni- mique suppose naturellement une gouvernance po- titres de noblesse. Ce sont les pays où la formation
ciens qui restent, même s’ils sont intrinsèquement litique avisée. Celle-ci n’existe que si les différents aux métiers est performante qui sont assurés de
compétents, ils ne sont pas toujours avantageuse- pouvoirs jouent effectivement leur rôle constitu- l’utilisation optimale du capital humain et même
ment intégrés dans des équipes ; ils peuvent être tionnel. Le Parlement doit, pour cela, être le point d’une productivité globale des facteurs élevée et
simplement marginalisés. L’absence de motivation de départ et le point d’arrivée de tout le processus durable. Une véritable révolution doit être menée à
qui en résulte vide alors de toute substance leur en matière de dépense publique. Il a besoin d’être l’intérieur du système de formation globalement
apport. Le sommet de l’Etat est la source de toute impliqué financièrement, mais aussi sur le plan considéré, qui est seule garante de la qualité des
impulsion politique; il s’érige en même temps en technique, dans l’inscription des programmes et produits dans tous les circuits de formation: le cur-
point de départ des décisions économiques d’une opérations budgétaires ; il doit pouvoir connaître ex sus long de l’université – et de grandes écoles –
quelconque importance. Pour ce qui est du pro- post des réalisations, c’est-à-dire de l’utilisation de considéré comme la voie royale doit cesser d’être
gramme complémentaire de soutien à la croissan- la ressource qu’il a autorisée. Les infrastructures sacrifié au profit des moins bons ; le nivellement
ce, la gouvernance politique veut constituer par el- bien conçues et bien réalisées contribuent au dé- doit se faire par le haut.
le-même une véritable locomotive d’entraînement veloppement du marché local par une plus grande • La société doit vivre une véritable refondation
pour les réalisations des infrastructures. fluidité des transports de marchandises et une plus de valeurs dans ce domaine: le système des pas-
L’ambitieux programme d’investissement est pré- grande mobilité des personnes. Les projets lourds se-droits qui prévaut toujours pour l’accès aux
senté comme étant celui du Président de la Répu- comme l’autoroute et le développement du rail différentes filières de formation doit cesser. Ce
blique. Dès lors, le premier magistrat du pays ne constituent des investissements indispensables. Ils n’est rendre service ni à l’intéressé ni encore
peut pas ne pas se sentir l’obligation de réaliser sont fortement structurants pour l’économie du moins à la société que de l’admettre dans une
les projets dans les délais, conscient que tout re- pays. Mais, s’ils participent largement à l’améliora- formation donnée un jeune qui n’a pas les com-
tard lui serait inévitablement imputé. En laissant tion du cadre de vie, ils ne sauraient constituer à pétences requises.
de côté les considérations strictement politiques, eux seuls les bases d’un potentiel de croissance Il faut donc apporter de véritables bouleversements
on peut dire que la tentation est grande chez les durable. Dans ce domaine, les obligations à la à des pratiques sociales prégnantes et dont on ne
autorités de supposer que la disponibilité de la res- charge de l’Etat sont multiples. Certaines sont de peut soupçonner les petites gens. C’est sans aucun
source doit être le garant des performances. L’iden- nature financière et doivent mobiliser la ressource doute plus difficile que de dépenser de l’argent pu-
tification du programme à la plus haute autorité de publique; d’autres relèvent de l’ordre social: blic pour réaliser des projets.

NOVEMBRE 2006 29
SPÉCIAL ALGÉRIE

UNE STRATÉGIE EFFICACE POUR LE DÉVELOPPEMENT


L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER (IDE) POUR EXPLOITER LES POTENTIALITÉS DE LA GLOBALISATION
FAHRI BOUMECHAAL, CONSEILLER AUPRÈS DU MINISTRE DES PARTICIPATIONS ET DE LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS

La politique algérienne de développement vise à turés nécessite une réorientation totale du systè- des années 1980, suite à la crise de l’endettement
atteindre une rapide croissance économique, ré- me industriel: passer de la fourniture de produits de nombreux pays ont opté en faveur de l’investis-
sorber le chômage et relever le niveau de vie et de de basse qualité destinés à une clientèle locale sement étranger et ont mis en place des législa-
bien être des populations. Elle vise également captive, à un système industriel dont la production tions ouvertes favorables à leur attraction. L’Algé-
l’établissement d’un système économique effi- est destinée à l’exportation requiert d’être compé- rie a, dès 1989, adopté le principe de liberté de
cient. Durant quatre décennies l’Algérie a opté titif au niveau de la qualité et des coûts. Le déve- commerce et d’industrie. Ramené à l’investisse-
pour un système économique de développement loppement d’une forte demande domestique des ment ce principe s’est matérialisé dans la pratique
d’économie administrée. L’économie algérienne produits manufacturés made in Algeria ne peut à une simple déclaration à caractère informatif et
doit être profondément réorganisée. Le noyau dur que renforcer le caractère soutenu et durable de statistique consistant à enregistrer l’expression de
de cette nouvelle économie sera une industrie ba- l’industrialisation du pays. Le marketing devient la volonté de l’investisseur. L’idée était acceptée
sée sur une technologie moderne.En vue d’at- fondamental dès qu’il s’agit de vendre sur les mar- que les investisseurs privés, parce qu’ils risquent
teindre cet objectif notre pays aura à utiliser le po- chés internationaux. La commercialisation des pro- leurs propres fonds, sont bien placés pour identi-
tentiel extraordinaire qu’offre la globalisation ainsi duits et le contrôle de la qualité nécessaires à la fier la faisabilité de leurs projets. À cette époque
que les nouvelles méthodes de production qui ap- compétitivité sur les marchés internationaux ne le système déclaratif signifiait que l’Etat conserve
paraissent à travers le globe en utilisant comme s’acquièrent pas instantanément. Le test décisif son droit souverain d’octroyer les avantages en
instrument privilégié l’investissement direct étran- indiquant que notre pays désire adhérer de façon fonction des objectifs qu’il se fixe. Il peut exclure
ger (IDE). La mise en œuvre de cette stratégie de- déterminée aux règles du système économique certaines activités ou certains biens du bénéfice
mande, de la part des autorités publiques, une global, est d’adhérer à l’OMC. La structure de l’or- des avantages. Ce coté discrétionnaire a été perçu
grande rigueur et un effort considérable de mobili- ganisation industrielle: i) la taille des entreprises négativement. Aujourd’hui nous cherchons à rap-
sation de ressources. L’action des autorités pu- industrielles: l’Algérie a entamé depuis le début procher le cadre juridique du système déclaratif.
bliques concernera une action directe (production des années 80 le découpages des grandes entre- Ce sera une progression constante vers la mise en
de « biens publics » et une action de soutien aux prises d’Etat en des unités beaucoup plus réduites place d’un système déclaratif total. Souple, fluide
entreprises. L’IDE constitue alors un des leviers les répandues à travers le territoire national et cette et transparent le cadre juridique régissant l’inves-
plus appropriés sur lequel se fonde la stratégie in- stratégie devrait être continuée ; ii) le degré de tissement est ainsi mis en adéquation avec les as-
dustrielle et cela d’un double point de vue: i) de concentration dans les différents secteurs indus- pirations des partenaires et des candidats à la réa-
par les capitaux qu’il peut mobiliser et le transfert triels: notre pays continuera à encourager la lisation d’actions de coopérations qui ont la liberté
des technologies qu’il permet, l’IDE constitue un concentration des petites entreprises en unités de choisir les opportunités qui leur paraissent cor-
facteur de développement économique et indus- plus grandes, en utilisant des méthodes s’inspirant respondre aux objectifs qu’ils recherchent. Concer-
triel pour notre pays ; et ii) du fait des déséqui- du marché telles que les incitations fiscales et nant le traitement de l’investissement étranger on
libres commerciaux des échanges avec l’Union eu- autres procédés de la même nature. Un dévelop- peut affirmer que si notre politique est d’attirer
ropéenne, largement en faveur de notre pays, les pement technologique endogène: le processus de des IDE et de les utiliser comme levier ne nos poli-
accords d’association euro méditerranéens for- maîtrise des procédés technologiques est à la tiques, nous devons i) adopter, dans le domaine
ment un cadre privilégié pour l’attraction des IDE merci de toutes sortes d’externalités: les entre- économique, un cadre législatif et réglementaire
en provenance d’Europe. L’IDE jouera également prises apprennent en interactions avec d’autres clairement établi et en harmonie avec les sys-
un rôle important dans la commercialisation des entreprises (fournisseurs, acheteurs, consultants, tèmes légaux des pays d’origine de l’investisse-
productions nationales ainsi que dans la restructu- compétiteurs) ainsi qu’avec les institutions spécia- ment ; ii) renforcer la précision de la réglementa-
ration de l’industrie algérienne afin que cette der- lisées en matière de formation ou de savoir. En tion ou de la régulation du cadre du marché ; et iii)
nière puisse manufacturer des produits de qualité particulier elles doivent apprendre à gérer le pro- rationaliser la pratique des affaires en adhérant à
à destination des marchés national et internatio- cessus d’acquisition des technologies. À cet effet l’OMC. En règle générale tout investissement na-
nal. Les éléments fondamentaux caractérisant une le cadre institutionnel de l’investissement évolue tional ou étranger, doit bénéficier d’une incitation
économie de marché ont déjà été accomplis: rapidement pour s’adapter et offrir un cadre de la part du gouvernement. L’objectif de la poli-
l’agriculture, le commerce et la gestion des entre- friendly aux aspirations du monde des affaires. tique de restructuration de notre industrie est de
prises publiques et privées répondent aux incita- L’investissement est un élément essentiel des re- la rendre efficiente, profitable et compétitive sur
tions du marché. Mais beaucoup d’autres élé- lations de partenariat. Le cadre législatif et régle- les plans domestique et international. Le gouver-
ments n’y répondent pas. L’adoption d’une poli- mentaire reste un facteur déterminant en matière nement adoptera également une politique active
tique basée sur l’exportation de produits manufac- de promotion de l’investissement. Dès le début de renforcement de la densité du tissu industriel.

30 COPPEMNEWS
SPÉCIAL ALGÉRIE

FUTUR “BOOM” POUR L’INDUSTRIE RÉCEPTIVE


PLUS DE 800 PROJETS POUR DE NOUVEAUX HÔTELS DANS L'ATTENTE D'ÊTRE APPROUVÉS
ABDELGHANI MEGHERBI, PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ D’ALGER

tiques, avait été vent tous du standing international. Il est réconfor-


remplacée en tant d’apprendre qu’un processus dynamique avait
1980 par une été enclenché, en vue de faire du tourisme un sec-
autre stratégie teur jouissant de tous les attributs d’une industrie
de développe- et ce, bien qu’appartenant à la sphère du tertiaire
ment touristique, dans la sériation classique. C’est ainsi que 30.000
accordant la pri- lits représentant environ 300 projets sont présente-
mauté à la de- ment en cours de réalisation sur la côte algérienne
mande interne qui s’étend, rappelons-le, sur 1.200 kms. Outre ce
en matière de qui précède, 250 autres projets sont agréés par les
loisirs et de dé- autorités compétentes et regroupant 20.000 lits
tente. Cette nou- sont en souffrance, pour des raisons financières,
velle option, essentiellement. Quant aux dossiers d’investisse-
orientée priori- ments, déposés par des promoteurs algériens, ils
Tipaza, village romain tairement au bé- sont au nombre approximatif de 800. Evidemment,
néfice des natio- ce sont les plus crédibles qui seront retenus et ce,
naux, était ac- en fonction de critères réalistes et objectifs. Voilà
Le tourisme était devenu, essentiellement au début compagnée de la mise en œuvre d’un programme pour ce qui concerne les investissements afférents
des années 1960, aux yeux des experts internatio- anti-pénurie (PAP) qui n’avait pas manqué de sou- aux promoteurs nationaux. A propos des investis-
naux, outre l’ONU, le FMI et l’OCDE, presque syno- lager quantité de familles et de citoyens confrontés sements étrangers, le groupe des Emirats Arabes
nyme d’industrie lourde, par rapport au processus durant une longue période à de grosses difficultés Unis « Immar » a, par exemple, jeté son dévolu sur
de développement qu’avait connu l’Europe. C’est dans leur quotidienneté, étant donné la non dispo- une zone d’expansion touristique dans la région
dans un tel contexte et un tel état d’esprit que mê- nibilité de divers produits de consommation sur le d’Alger, sur la côte, dont la superficie est de plus
me certains pays pétroliers, telle que l’Algérie, par marché (agro-alimentaire, électro-ménager, pièces de 80 hectares. Le projet en question est en cours
exemple, avaient opté pour un tel choix, sans pour détachées, etc…). Le secteur du tourisme, dans ce de finalisation au niveau des préparatifs avec le
autant aller jusqu’à confondre tourisme et «indus- nouveau contexte, n’est plus perçu sous une concours du Ministère du Tourisme. Dans le même
trie industrialisante». L’option touristique avait été double optique interne et externe, selon les hu- contexte, il convient de citer aussi le groupe « Ac-
bel et bien intégrée dans une vision globale de dé- meurs et les fluctuations du moment, mais à tra- cor », associé à l’homme d’affaires algérien Djillali
veloppement dès 1966, déjà, la veille du lancement vers une vision globale: le produit touristique à Mehri, qui a manifesté le désir de construire 25 hô-
du Premier Plan national de développement pour la mettre à la disposition aussi bien de la clientèle tels de standings différents, totalisant quelques
période triennale 1967/1969. Une telle option nationale qu’étrangère, selon la demande et la loi 3.600 lits. Ajoutons à ce qui précède nombre
considérée comme stratégique, est connue sous du marché international. Ce qui suppose, d’un côté, d’autres projets, soit en cours de réalisation, soit
l’appellation significative de « charte du tourisme l’identification exacte des besoins à satisfaire des en cours de conception et d’élaboration des dos-
». celle-ci visait la concrétisation de trois objectifs uns et des autres et, de l’autre côté, des investis- siers, et visant essentiellement Alger, Oran,
fondamentaux et complémentaires: l’apport de de- sements à la hauteur desdits besoins, sans Constantine et Tlemcen, De ce qui précède, il ap-
vises, la création de postes d’emploi, enfin l’inté- omettre – cela va de soi – la qualité des presta- paraît éminemment souhaitable et mutuellement
gration du pays au marché international du touris- tions offertes au client ainsi que leur prix. Toujours profitable, que des promoteurs européens du sec-
me. Ce qui explique la construction de complexes selon les normes internationales. Quoiqu’il en soit, teur du tourisme se joignent à ceux qui sont déjà à
touristiques balnéaires dans les régions d’Alger l’Algérie ne peut offrir actuellement que 81.000 lits pied d’œuvre, afin d’aider l’Algérie à sortir aussi
(Moretti, Sidi Fredj, Tipaza) et d’Oran (les Anda- en tout et pour tout, dont la majorité d’ailleurs ( les rapidement que possible du système économique
louses) ainsi que des hôtels de type saharien, dans quatre cinquièmes) ne répond point aux normes rentier, synonyme de mal-développement, et lui
le sud du pays. Il est évident que de telles struc- universelles dans le domaine considéré. En un mot, permettre d’ériger une économie polyvalente et
tures d’accueil, d’un standing fort élevé, étaient une vingtaine de milliers de lits échappent à la dé- performante, fondée sur l’imagination créatrice et
destinés à une clientèle étrangère jouissant d’un gradation et à la vétusté. Ce qui est minime, pour le travail productif à même de rendre possible une
pouvoir d’achat important. Une telle stratégie, à la ne pas dire dérisoire, par rapport, aux 230.000 lits vie digne pour la génération présente et un avenir
suite de changements socio-économiques et poli- dont dispose la Tunisie, par exemple, et qui relè- fécond pour les générations futures.

NOVEMBRE 2006 31
PROJETS POUR LA RELANCE DE LA COOPÉRATION
À PALERME LA X ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU COPPEM
DE NINO RANDISI

représentant de l'Organisation des


Villes Arabes; Jeremy Smith, Secrétaire
Général du Conseil des Communes et
des Régions d'Europe; Obaid Salem Al
Shamsi, représentant de la ville de Du-
baï; Lucile Schmid, Vice-présidente de
la Région Ile-de-France. La matinée se
conclura par une intervention du Vice-
ministre des Affaires Etrangères italien
Ugo Intini. Les travaux de l'Assemblée
se poursuivront le lendemain à Villa
Malfitano avec les relations, comme
déjà mentionné, sur les instruments fi-
nanciers de cette organisation et avec
la présentation officielle de la V Com-
mission qui s'occupera de “l'Egalité des
IX assemblée générale du Coppem
Chances”. Le programme des activités
du Coppem pour l'année qui va bientôt
se conclure a été dense d'activités et de
Les travaux de la X Assemblée Généra- du Forum Algérien pour la Citoyenne- rendez-vous, en commençant par la ré-
le du Coppem auront également lieu té et la Modernité, Nourredine Sbia union qui a eu lieu en janvier et qui a
cette année à Palerme, à Villa Malfita- (Algérie), par le Vice-président de la servi pour préparer la troisième Confé-
no. Le rendez-vous est fixé pour les 24 Fondation Internationale Blue Cres- rence des Villes Euro-arabes. Le calen-
et 25 novembre. A cette occasion les cent, Muzzafer Baca (Turquie) et par drier des rendez-vous s'est poursuivi en
délégations et les représentants des ins- Carmelo Motta. La dixième Assemblée février avec les inaugurations officielles
titutions locales les plus importantes Générale, qui s'ouvrira le 24, sera pré- de différents bureaux de représentation
provenant des 35 pays de la zone euro- cédée par la cérémonie de remise du du Coppem à Rabat et au Caire, en
méditerranéenne seront présents. Prix “Seme d'Arancia”. A cette occa- mars, avec la réunion des membres du
Outre les procédures rituelles (prise sion, après l'intervention du Président Groupe Fondateur ERIMED, en avril
d'acte des variations et du redressement de l'Ars Gianfranco Miccichè qui don- avec l'inauguration du Bureau de repré-
du Budget prévisionnel 2006 et du Bud- nera les salutations de toute la députa- sentation du Coppem à Instanbul, en
get prévisionnel pour l'exercice 2007) tion sicilienne aux participants, inter- mai avec la IX Assemblée Générale et
l'Assemblée procèdera à l'élection du viendront Diego Cammarata, Maire de en juin à Alger avec la réunion des re-
Président, des Vice-présidents et du Se- Palerme; Francesco Musotto, Président présentants des pouvoirs institutionnels
crétaire Général de cette organisation. de la Province de Palerme; Omar El décentralisés. Dans la capitale de l'Al-
Les charges sont actuellement recou- Bahraoui, Maire de Rabat et premier gérie, le Secrétaire Général Lino Motta
vertes respectivement par Salvatore Vice-président du Coppem; Adly Hus- est intervenu sur les développements de
Cuffaro, Président de la Région sici- sein, Vice-président du Coppem; Luigi l'organisation de la Conférence Euro-
lienne, par le Député et Maire de Ra- Cocilovo, Vice-président du Parlement Arabe des villes à la lumière de la qua-
bat, Omar El Bahraoui (Maroc), par le européen; Abdalla Abbas, Acting Di- trième réunion préparatoire qui a eu
Gouverneur de Qalyubya, Adly Hus- rector – ONU Habitat; Pier Virgilio lieu à Rome le 6 juin. Motta a confirmé
sein (Egypte), par le Directeur exécutif Dastoli, Directeur de la Délégation en l'importance de la valeur politique du
de l'Association des Villes polonaises, Italie de la Commission Européenne; programme de Coopération entre villes
Andrzey Porawski (Pologne), par le Ian Micallef, Président de la Chambre de l'Egypte, de la Jordanie, d'Israël et de
Maire de Nea Halkidonia, Nikolas Pa- des Pouvoirs Locaux du CPLRE - l'Autorité Nationale Palestinienne qui,
pamikroulis (Grèce), par le Président Conseil d'Europe; Ahmad Al Adsani, après l'annonce officielle donnée à l'oc-

NOVEMBRE 2006 33
Le Conseil de Présidence du Coppem s'est réuni le 1er octobre 2006 à Chania, dans l'île de Crète, accueilli dans la salle de la Municipalité
par son Maire Kiriakos Virvidakis, membre rapporteur de la III Commission du Coppem “pour la coopération économique et financière”, qui a
souhaité la bienvenue aux participants de la part de la ville et qui a participé aux travaux. Sous la Présidence du Vice-président du Coppem Ni-
kos Papamikroulis et avec la participation du Vice-président Adly Hussein, Gouverneur de Kalyubiya (Egypte), du Président de la II Commission
Jan Mans, du Président fondateur Fabio Pellegrini et du Secrétaire Général Carmelo Motta, les principales activités en cours du Coppem, la com-
position et les candidatures de la V Commission pour l'“Egalité des chances”, récemment constituée, ont été réalisées ainsi que les phases pré-
paratoires du Congrès international des Villes Euro-Arabes au programme à Dubaï en mars 2007, dont le Coppem est l'un des organisateurs et
de la prochaine Assemblée Générale du Coppem (Palerme 24-25 novembre 2006). il a été en outre confirmé qu'à l'occasion de cette Assem-
blée aura lieu l'édition du Prix “Seme d'arancia” qui sera remis à la Première Dame de la République Arabe d'Egypte Madame Suzanne Mu-
barak aini qu'au Président honoraire de la République italienne le Sénateur Carlo Azeglio Ciampi, à laquelle ont été invitées d'éminentes per-
sonnalités institutionnelles de la zone euro-méditerranéenne et de l'organisation des Nations-Unies. Le projet Ecomemaq sur la sauvegarde du ma-
quis méditerranéen, dont le Coppem est chef de file et la région de Crète partenaire, a été illustré. Lors de cette réunion Ali Abu Ghanimeh
(membre du Coppem, Université de la Jordanie) a fourni une contribution concrète alors que le responsable technique de la Région Crète, Ko-
stas Strataridakis, a donné la pleine disponibilité de son Administration pour concerter avec le Coppem de futures initiatives de projets.

casion du Workshop à la Fiera del Me- la création d'un network de Foires de la cette direction que les représentants de
diterraneo de Palerme, continuera avec Méditerranée; la réalisation du work- la Turquie (la Foire d'Antalia, par
une autre réunion programmée à shop “Artisanat pour le Développe- exemple, avait déjà envoyé une
Sharm El Sheikh en octobre. Toujours ment Local” avec la participation de re- ébauche d'accord entre foires qui est en
à Alger, le point sur les principales ac- présentants de secteur provenant de cours d'examen), le bureau touristique
tivités de projets du Coppem a été fait neuf Pays méditerranéens et avec la d'Haifa (Israël) et la Hollande avaient
dont, la participation comme partenai- présence de représentants des Ambas- en effet manifesté leur intérêt. Dans le
re au projet “Biens Culturels et Déve- sades en Italie de l'Egypte, de la Jorda- cadre du projet City to City (C2C) –
loppement Local”; la présentation à la nie, de l'Autorité Nationale Palesti- Plural identities and urban contexts:
Commission européenne d'un projet au nienne et avec un message de l'Ambas- new approaches for migratory policies”,
sein du programme MED PACTE; l'ap- sadeur d'Israël; et enfin la perspective le Coppem a présenté une proposition
probation de la part de la CE du projet d'organiser à Palerme en octobre un dans le cadre du volet 3 de ce même
Ecomemaq (valorisation du maquis mé- workshop sur la problématique des projet qui prévoit la mise en œuvre de
diterranéen) au sein du programme In- transports. Après l'été, les activités ont projets pilote. Réseau de laboratoires
terreg Archimed, du projet Medins (ca- repris en octobre avec une réunion du territoriaux – RELATE est le Projet Pi-
talogage des biens culturels immaté- Conseil de Présidence à Crète qui a vu lote (PP) transnational, dont le Cop-
riels) au sein du programme Interreg la participation des rapporteurs des pem est partenaire. Ce projet aborde le
Medoc, du projet Sun & Wind (archi- Commissions. Le thème des transports thème des mouvements migratoires
tecture bio-climatique) au sein du pro- est affrontée de manière approfondie dans la zone euro-méditerranéenne.
gramme Life, du projet City to City au dans le cadre de la III Commission. C'est un support pour le développe-
sein du programme Interreg; dévelop- Toujours à Crète l'idée de créer des ré- ment de modèles de comparaison et de
pement du projet “Regional Coastal seaux de foires de villes est lancée. Cet- planification entre différentes cultures
Cooperation” entre villes de l'Egypte, te proposition est née après que la Fiera qui peuvent assurer l'égalité des droits
de la Jordanie, d'Israël et de l'Autorité del Mediterraneo de Palerme avait or- pour les immigrés et les communautés
Nationale Palestinienne sur le thème ganisé en mai un workshop sur l'artisa- locales ainsi qu'une contribution
du tourisme dans la zone d'intérêt com- nat local, symbole de liaison entre les consciente pour ceux qui partagent des
mun; le lancement de l'initiative visant pays euro-méditerranéens. C'est dans cultures et des espaces dans le respect

34 COPPEMNEWS
d'Initiative Communautaire Interreg
III B – Archimed. Ce projet, coordon-
né par le Coppem, voit la participation
de prestigieuses Autorités Internatio-
nales dans le domaine de la recherche,
comme l'Institut Agronomique de la
Méditerranée (IAM) de Bari, de l'Uni-
versité de Bari et du Polytechnique Na-
tional d'Athènes. En outre, le partena-
riat se compose de la Région de Crète
(Grèce), du PIT Déméter (qui com-
prend environ 13 Autorités territoriales
de la province d'Agrigente) et de l'Au-
torité Générale du Ministère de l'Envi-
ronnement de la République Islamique
de Libye. A Crète, enfin, les objectifs
Gianfranco Micciché Président de l'Assemblée Régionale Sicilienne – ARS
du projet ECOMEMAQ, les méthodo-
logies pour sa réalisation et ses actions
pilote qui seront mises en place en Sici-
des différences pertinentes à une socié- bilisation avec pour objectif l'implica- le, en Pouilles et à Crète ont été illus-
té multiculturelle. Et toujours le Cop- tion des communautés locales des zones trés. A ce propos, une plus étroite col-
pem, dans le cadre des activités de la II du projet RELATE. En ce qui concerne laboration entre la Région Crète et la
Commission, coordonnera l'Unité 2 du le projet de coopération régionale cô- Municipalité de Chania, pour la créa-
projet Relate – Sensibilisation et com- tière, interrompu à cause de la situation tion d'un projet pilote sur le territoire
munication. La responsabilité de cette au Liban, le conseil de présidence a fait de l'antique capitale crétoise, est sou-
unité prévoit toutes les activités savoir que les contacts pour l'organisa- haitée. Une année riche en initiatives,
concernant la communication inter- tion d'autres réunions sont en cours de réunions et projets pour le Coppem qui
partenariale, et le Coppem aura un rôle reprise. Toujours en octobre, dans la s'apprête à organiser sa dixième Assem-
fondamental concernant les activités salle du conseil de Chania, a eu lieu la blée Générale. Pour l'année prochaine,
de sensibilisation grâce à l'usage de son présentation du Projet “Ecomuseum of au programme, la participation à la III
réseau international. Dans cette phase the Mediterranean Maquis” - ECO- Conférence des villes Euro-arabes qui
il définira le plan des activités de sensi- MEMQ – financé par le Programme aura lieu à Dubaï.

Des entrepreneurs égyptiens du secteur agroalimentaire, textile, confection, métallurgique et mécanique, guidés par Mohammed Ateya Ibrahim El
Fayoumi, Président de la Chambre de Commerce du Gouvernorat de Qalyubiya, seront en Sicile du 20 au 24 novembre prochain pour participer
à un Workshop promu par la Chambre de Commerce du chef-lieu. Le programme de travail de la délégation égyptienne prévoit également une sé-
rie de visites auprès des entreprises dans la Sicile occidentale, des rencontres avec des représentants du monde productif et commercial ainsi qu'une
visite au musée diocésain de Catane. Les rapports économiques entre l'Italie et l'Egypte ont toujours été très étroits. Notre pays est en effet le premier
marché pour l'écoulement des exportations égyptiennes et le troisième fournisseur de l'Egypte avec une balance commerciale fondamentalement équi-
librée. Sur le plan des investissements directs, la présence italienne continue à avoir une croissance significative. Par exemple les entreprises italiennes
qui ont investi en Egypte sont déjà nombresues. La ville de Palerme a été récemment un carrefour pour de nouvelles ententes fructueuses. Au début
de cette année, en effet, plus de cinq cents entrepreneurs provenants de l’Italie et de 13 pays de la Méditerranée se sont donnés rendez-vous pour
nouer des rapports économiques et industriels, conclure des coentreprises et promouvoir des investissements. La délégation égyptienne, au terme de
l'intense programme de rencontres et de réunions, prendra part aux travaux de l'Assemblée Générale du Coppem. (n.r.)

NOVEMBRE 2006 35
PARTENARIATS TERRITORIAUX POUR L'INTÉGRATION
INTERVIEW AU VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ITALIEN UGO INTINI
DE ROBERTA PUGLISI

L'élargissement de l'Ue le long de


l'axe Ouest-Est influence-t-il en
quelque sorte, et négativement, la
tentative de récupérer les déséqui-
libres Nord-Sud traditionnels?
Je suis convaincu que la vraie clef de
voûte pour le développement est l'in-
tégration contextuelle des systèmes
méditerranéens le long de la ligne di-
rectrice Nord-Sud et le long de celle
Ouest-Est. Ce ne sont pas deux proces-
sus destinés à se neutraliser récipro-
quement, et je dirais même le contrai-
re, il est fondamental qu'ils aillent de
pair selon une idée moderne d'intégra-
tion, qui concerne tant le secteur éco-
Ugo Intini (à droite) durant sa visite d'Etat à Paris
nomique et commercial que l'aspect
politique. Le chemin à parcourir est
encore long: c'est un fait que, alors que
Le Parlement européen, en traçant que justement les crises moyenorien- la rive nord de la Méditerranée, celle
un bilan de la politique euro-méditer- tales et la persistance de celle que je re- européenne, a sûrement trouvé son
ranéenne de l'Ue, dix ans après la tiens être la "mère" de l'instabilité ré- unité économique, et elle est en train
Conférence de Barcelone, a été très gionale, à savoir la question israélo-pa- d'atteindre de plus en plus celle poli-
critique et a affirmé explicitement lestinienne, confirment la nécessité de tique, on ne peut pas en dire autant de
que les résultats du partenariat n'ont relancer l'Euro Med vers une plus effi- la rive Sud. Il faut que cela soit clair
pas correspondu pleinement aux at- cace la perspective politique, pour pour tout le monde que la paix, la sta-
tentes générales. Réalistiquement contribuer à la construction de ce cli- bilité et le développement en Europe
parlant, pensez-vous que cette poli- mat de confiance réciproque qui jus- dépendent de la paix, de la stabilité et
tique puisse être relancée? Et de qu'à présent faisait défaut dans la zone. du développement en Méditerranée. Il
quelle façon le gouvernement italien L'Italie en particulier entend se prodi- est avant tout nécessaire, pour une co-
entend-il contribuer? guer afin que les efforts soient concen- opération euro-méditerranéenne plus
Il faut donc être réalistes, certes, mais trés dans ces secteurs qui conduisent à efficace, que nos partenaires arabes
il faut également savoir saisir les op- des résultats plus concrets, résultats travaillent pour garantir une plus
portunités offertes par le processus eu- que les personnes peuvent toucher du grande cohésion et unité entre eux.
ro-méditerranéen. Le Parlement Euro- doigt. Je pense à la coopération contre On ne peut éviter de relever, par
péen tape dans le mille lorsqu'il met en le terrorisme, à la protection civile, à exemple, que pour les nombreux pro-
évidence qu'il y a encore de nom- l'énergie, à l'environnement, à la co- jets de coopération politique et finan-
breuses potentialités inexprimées. Mais opération en matière migratoire. Sans cière mis en œuvre depuis la naissance
nous ne devons pas oublier que l'Euro négliger bien entendu le dialogue entre de l'Euro Med, l'un des principaux
Med continue à être un forum indis- cultures, l'engagement pour surmonter obstacles reste la clôture de la frontiè-
pensable pour la coopération, le seul – les préjugés et les stéréotypes diffusés, re entre l'Algérie et le Maroc. Nous at-
et cela ne me semble pas une circons- pour démentir les lieux communs: en tendons de nouvelles propositions, in-
tance futile – où Israël s'assied aux cô- plus d'être un instrument immatériel telligentes, constructives, en d'autres
tés de Pays qui ne le reconnaissent pas décisif de coopération, je le considère mots imagination et courage politique,
ou avec lesquels il n'a aucune relation également comme un réel investisse- qui, à dire vrai, ne manquent pas. J'ai
diplomatique normale. Je dirais plutôt ment politique. été par exemple très favorablement

36 COPPEMNEWS
touché par la proposition que les Egyp-
tiens ont avancé au Forum Euro-médi-
terranéen d'Alicante fin octobre, en
demandant l'assistance aux européens
sur les nouvelles technologies pour dé-
velopper des sources énergétiques al-
ternatives, comme l'énergie solaire, et
en offrant en échange la restitution en
hydrocarbures de tout ce qu'ils réussi-
ront à économiser. Je crois que des ini-
tiatives spécifiques et ciblées comme
celle-ci puissent être fort utiles, alors
que le cadre plus général de la poli-
tique internationale est par la force
des choses destiné à être plus com-
plexe, également du fait que tous les
Alger, 13 août 2006. Rencontre avec le Premier Ministre Algérien Abdelaziz Belkhadem
Pays européens ne participent pas à
l'exercice euro-méditerranéen, mais
uniquement les Pays qui, de par leur
histoire et leur géographie, sont plus ter la coopération dans les secteurs lement grâce à l'action italienne que
proches du monde arabe. d'intérêt commun également au ni- le nouvel intrument de Proximité et
Quel rôle attribuez-vous aux Autono- veau des pouvoirs locaux. Partenariat, 1'ENPI, pourra financer
mies Locales dans le but d'une straté- Les expériences mûries jusqu'à pré- des initiatives bilatérales et multilaté-
gie de développement efficace fondée sent, également à travers le Coppem, rales qui impliqueront les autorités ter-
sur la coopération et la solidarité? qui réunit les villes et les régions ritoriales qui donnent sur le même bas-
Je crois que les pouvoirs locaux puis- d'Europe et de la rive Sud de la Mé- sin maritime. D'après mon point de
sent exercer un rôle important pour diterranée, se sont articulées en des vue, il est indispensable de valoriser
promouvoir une plus grande intégra- formes inouïes de collaboration beau- l'impact de l'ENPI sur les Pays bénéfi-
tion entre les Pays des deux rives de la coup plus avancées par rapport à la caires afin que cet instrument contri-
Méditerranée, surtout à travers l'in- politique des Etats nationaux et ont bue de manière incisive à surmonter
tensification des partenariats territo- assumé un caractère fortement posi- l'écart entre conditions politiques et
riaux. Sous cet aspect, je note favora- tif. Selon vous, comment pourront- attentes de développement. L'impor-
blement que les Régions italiennes elles être soutenues et renforcées? tante nouveauté est que des pro-
sont en train d'exercer une action pro- Nous nous sommes déjà engagés dans grammes conjoints entre les territoires
pulsive. Je vois que Autorités locales cette direction, et nous entendons à des Etats membres et des Pays proches
et régionales sont en train de s'impli- l'avenir intensifier nos efforts. Je rap- qui partagent une frontière terrestre
quer de plus en plus dans le Partena- pelle qu'au cours des négociations sur ou maritime seront financés. Cela est
riat Euro-méditerranéen, et cela peut les Perspectives Financières de un réel saut de qualité pour la Poli-
nous aider beaucoup pour faire face l'Union Européenne pour la période tique Européenne de Proximité. Dans
aux défis communs, pour échanger nos de 2007 à 2013 l'Italie s'est prodiguée ce cadre nous avons lancé également
expériences. J'aime rappeler, à ce pro- de façon particulière afin que des res- un Programme Multilatéral sur le Bas-
pos, que le Programme de travail quin- sources adéquates soient destinées aux sin Méditerranéen spécifique, qui im-
quennal concordé lors du Sommet de projets conjoints promus par les Auto- pliquera les régions côtières des Etats
Barcelone de l'année passée prévoit rités pas seulement centrales mais éga- membres et des Partenaires Méditerra-
que les Partenaires Euro-méditerra- lement locales, tant des Etats néens. Il me semble que l'on est sur la
néens passent à l'action pour augmen- Membres que des Pays tiers. C'est éga- bonne voie.

NOVEMBRE 2006 37
LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET DROITS CIVILS
CONGRÈS À RABAT POUR ANALYSER LES PROBLÈMES DE LA SÉCURITÉ ET DES LIBERTÉS INDIVIDUELLES

Le terrorisme est considéré dé- sommes habitués à entendre


sormais comme la forme mo- toujours le “son de cloche” oc-
derne de la guerre. Quelle dé- cidental mais, cette fois-ci, le
finition peut-on donner de ce point de vue a été plus vaste.
phénomène terrifiant qui en- Bien que partageant fonda-
sanglante le monde et qui mentalement la condamna-
continue à répandre la ten- tion du terrorisme internatio-
sion, la peur et le doute? Et nal et la nécessité de le
quelles mesures pourront être contraster avec des instru-
adoptées pour l'endiguer et ments communs de la part des
l'anéantir? Et comment conci- différents états, la clef de lec-
lier d'éventuelles mesures qui ture musulmane est fortement
portent atteinte à la sphère conditionnée par d'autres éva-
délicate des droits de l'homme luations. D'un côté, l'on se
tout en les tutélant? C'est à soucie de souligner que cer-
ces questions que le congrès taines situations sont le fruit
sur “Droit international et lut- de formes de terrorisme d'état
te contre le terrorisme. Justice (cette référence concerne les
et principes des droits de attaques palestiniennes vues
l'homme”, qui a eu lieu à Ra- comme une réponse à la poli-
bat, a cherché de donner une tique d'occupation d'Israël).
réponse. Sur l'initiative des De l'autre, l'anti-américanis-
Jeunes Avocats, de l'Union me a été et est une sensibilié,
des jeunes arabes en coordina- une culture, diffuses au sein de
tion avec le Conseil mondial ces peuples: il a certainement
des jeunes contre le terroris- augmenté après la réponse
me. La rencontre, sous le pa- USA au 11 septembre, mais
tronage de la Ligue des Pays Rabat, les remparts de la ville dans son noyau essentiel il ne
arabes, s'est déroulée en parte- diffère pas de nombreuses
nariat avec le Ministère de autres formes d'“orgueil natio-
Grâce et Justice du Maroc. Les inter- mains, ce n'est qu'à ce moment-là que nal” diffuses dans différents pays du
ventions des représentants de l'ONU, l'on comprendra alors que ceux qui les monde, qui refusent que leurs destins et
de l'UNESCO et de l'ALECSO, outre ont tués sont des terroristes. Vincenzo leurs affaires soient hétérodirigés.
celles d'experts, de politiciens et de Militello, titulaire de la chaire de Droit L'Islam parle de paix et de soumission.
membres des Institutions, ont approfon- Pénal de l'Université de Palerme et di- Il y a cependant certaines réalités dont
di l'examen de cette matière complexe, recteur du Département de Sciences Pé- nous ne pouvons pas nous cacher", a
analyse rendue encore plus difficile du nales et Criminologiques, a représenté dit Ziauddin Sardar auteur du livre in-
fait que l'on n'a pas toujours une per- le Coppem à Rabat. titulé "Pourquoi le monde déteste-t-il
ception complète de la dimension tra- Professeur Militello, durant le l'Amérique". Justifiez-vous, en
gique du terrorisme. Il a été dit que ce congrès, la définition de terrorisme a quelque sorte, le sentiment anti-améri-
phénomène ne sera pas entièrement été analysée sous ses aspects les plus cain dans les pays islamiques ?
compris tant que nous ne verrons pas variés. Quel point de vue a particuliè- Sans aucun doute, le choix d'une inter-
mourir notre famille, nos voisins, sa- rement attiré votre attention? vention armée pour établir des valeurs
chant qu'ils n'ont rien fait, pas un seul En premier lieu, la possibilité de consi- immatérielles telles la liberté et la dé-
crime, pas un seul acte de violence, dérer le problème terrorisme à partir de mocratie présente toujours des risques
qu'ils n'ont jamais eu de fusil entre les l'optique musulmane. En général nous très élevés de compréhension des signi-

38 COPPEMNEWS
volonté des communautés islamiques de
s'ouvrir sur le monde occidental.
Partagez-vous l'hypothèse que la lutte
contre le terrorisme comporte pour
tous les citoyens un prix à payer, en
termes de limitation de la liberté?
Il est incontestable que tout phénomè-
ne criminel, qui a le caractère de la sub-
version et qui retombe sur les biens pri-
maires de la personne, induit dans la
collectivité une exigence de tutèle à la-
quelle correspond, d'autant plus rapide-
ment que l'attaque est plus grave – une
réponse également de type pénal, avec
les limitations à la liberté de tout le
monde qui lui sont liées. Le terrorisme
Rabat, Palais Impèrial
en particulier est caractérisé par ses fi-
nalités d'engendrer au sein des collecti-
vités des sensations d'insécurité diffu-
fications relatives. Personnellement, je tiques, religieux et économiques – qui sée. Et c'est un fait que la réponse de la
crois qu'elle ne doive pas être exclue fa- retombent sur la façon dont les deux part des Etats soit elle aussi une inter-
ce aux violations de masse des droits mondes se regardent réciproquement. vention de type pénal, qui limite la li-
fondamentaux, par rapport auxquels les L’approche américaine – et peut-être en berté individuelle. Il est vrai qu'un Etat,
instruments de droit pénal internatio- général occidentale – par rapport aux surtout s'il est démocratique, doit inter-
nal, bien qu'étant des plus avancés, se diversités musulmanes doit trouver un venir à différents niveaux (social, éco-
révèlent insuffisants. Mais dans le cas juste compromis entre respect des spé- nomique, culturel) mais il est impen-
de l’intervention USA en Iraq toute si- cificités culturelles qui ne heurtent pas sable qu'il n'agisse pas également au ni-
gnification possible dans la direction les principaux droits fondamentaux et veau pénal. Je crois qu'il soit simpliste et
indiquée a été absorbée – au moins dans harmonisation des marchés. illusoire de penser à une réponse au ter-
la représentation collective – par l’exi- Revenons au congrès de Rabat, croyez- rorisme qui ne prévoie pas également
gence de maintenir intacts les gise- vous que, à cette occasion, il y ait eu l'usage des normes pénales. Pour termi-
ments pétroliers. D’autre part, les poli- une diversité dans les intentions ou, au ner, je voudrais souligner que sur le mo-
tiques de soutien au développement contraire, une sorte d'unanimité pour dèle de la Conférence de Rabat, nous
d'origine occidentale dans des pays affronter le problème terrorisme? devrions avoir ici chez nous la capacité
comme l'Afghanistan et l'Iraq soit elles Selon moi le choix des organisateurs de de discuter encore au sujet de thèmes
doivent être encore entamées (en rai- structurer le congrès de façon interdisci- liés à la tutèle internationale des droits
son de l'exigence prééminente d'assurer plinaire a été très positif. Le fait d'en- de l'homme, en convoquant une centai-
des conditions de paix sociale) soit elles tendre parler des écrivains, et non pas ne de représentants du monde islamique
sont encore épisodiques et loin de réus- des juristes, qui ont une approche sûre- et un nombre très limité mais très quali-
sir à intervenir sur les conditions struc- ment plus vaste, même si moins tech- fié d'experts occidentaux. Ce n'est que
turelles des sociétés respectives. Quant nique, aide à saisir le phénomène égale- de cette façon que les représentants du
au problème plus général de la confron- ment d'un autre point de vue. Les écri- monde islamique n'auraient pas la sen-
tation entre civilisations différentes, vains musulmans, en effet, n'attribuent sation d'être encerclés mais plutôt d'être
j'ai la sensation que la complexité du pas la faute du radicalisme islamique partie intégrante d'un dialogue sur un
problème réside justement dans la stra- uniquement à la politique occidentale, problème crucial pour toute l’humanité
tification de différents éléments - poli- mais ils admettent également une faible contemporaine. (r.p.)

NOVEMBRE 2006 39
RÉSEAUX FRONTALIERS POUR LA COOPÉRATION
LE COPPEM À LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE KARS AVEC SON VICE-PRÉSIDENT MUZZAFAR BACA

Encore une fois le Coppem a pris part à le domaine et la politique de cette orga- de Kars et membre du Coppem, a expri-
une conférence sur un grand rayon au nisation concernant ces thématiques. mé sa détermination à mettre sur pied
sujet de la coopération frontalière et Nikola Sobot (Directeur Exécutif de des projets de coopération frontalière
l'abolition des tensions entre les civilisa- l'Eurorégion EuroBalkans), Gregory avec ses contreparties de la Géorgie, de
tions. Le Vice-président Muzzafer Baca a Connor (Directeur du Centre Coopéra- l'Arménie et de l'Azerbaïdjan et il a de-
été le modérateur de la Conférence Co- tion Frontalière), Rune Rafaelsen (Se- mandé l'assistance des organisations in-
opération Frontalière Régionale et Au- crétaire Général de la Coopération ternationales pour promouvoir la paix
torités Locales dans le Caucase qui a eu Frontalière de Barents), Janos Lukacs dans la région du Caucase. Plus de 200
lieu à Kars le 16 septembre 2006. Cette (Directeur de la Fondation des Car- participants se sont réunis dans la Salle
conférence, organisée par la Municipali- pates) et Kai Hoelshaner (Administra- de Conférences de la Kafkas University
té de Kars et par l'INTA a mis au point teur Délégué de Regio Gesellschaft de Kars, surtout des ambassadeurs de di-
les opportunités pour créer de nouveaux Schwarzland-Oberhein, ont présenté vers pays à Ankara, des maires des pays
réseaux frontaliers de coopération et des des exemples de bonnes pratiques de limitrophes et des représentants de di-
activités communes. Baca a exprimé le leur région dans le cadre d'Interreg et verses organisations internationales
désir du COPPEM de contribuer à ces des campagnes pour la coopération fron- comme Mme Gesche Karrenbrock, Re-
activités et a expliqué de façon générale talière de l'Ue. Naif Alibeyoglu, Maire présentante de l'HCR en Turquie.

FORUM EUROPÉEN POUR LA GESTION DES


CATASTROPHES AU NIVEAU LOCAL ET RÉGIONAL
DE JAN MANS, PRÉSIDENT FORUM EUROPÉEN POUR LA GESTION DE LA CATASTROPHE AU NIVEAU LOCAL ET RÉGIONAL (WWW. EFDM.NL)

En quoi consiste réellement la gestion des catastrophes? Quel type d'aide devrait être offert aux victimes? Que devrait-on faire com-
me post-assistance? Que faire pour la reconstruction? Comment affronter la cohue des médias? Ce sont ici quelques-unes des questions
qui ont été posées récemment à Strasbourg pour affronter les problèmes liés aux risques de désastres environnementaux et naturels. A
cette occasion, il a été demandé d'instituer, en accord avec le Coppem, un Forum Européen pour la Gestion des catastrophes au ni-
veau local et régional en coopération avec le Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux auprès du Conseil de l’Europe et la section
hollandaise du Conseil des Communes et des Régions d’Europe. Ce programme prévoit de recueillir, de résumer et de diffuser les don-
nées acquises de sorte que d'autres puissent en tirer profit. Il s'agit d'un réseau international de personnes et d'organismes qui courent
le risque d'une catastrophe. La participation à ce réseau consiste non seulement à recueillir mais aussi à donner des informations
concernant ses propres expériences. Ceci n'aidera pas à prévenir les désastres, mais contribuera au développement d'une façon effica-
ce d'affronter une calamité. Le thème abordé à Strasbourg avait déjà été discuté, en novembre 2004. En effet, le Congrès des Pouvoirs
Locaux et Régionaux auprès du Conseil de l’Europe avait organisé une rencontre entre les représentants des zones et des municipali-
tés urbaines qui ont subi une catastrophe ou qui en courent le risque. Entr'autres: Toulouse (désastre industriel), Enschede (désastre
feux d'artifice), Chernobyl (désastre nucléaire), Arménie (tremblement de terre) et Galltür en Autriche (désastre avalanches).

40 COPPEMNEWS
ÉCOMUSÉE POUR LE MAQUIS MÉDITERRANÉEN
PROJET COMMUNAUTAIRE COORDONNÉ PAR LE COPPEM
DE NATALE GIORDANO COORDINATEUR PROJET ECOMEMAQ ET CONTACT IV COMMISSION COPPEM

La sauvegarde et la valorisation des terri-


toires avec maquis méditerranéen. Ceci
est l'objectif du projet “Ecomuseum of
the Mediterranean Maquis”, présenté les
14 et 15 septembre dernier, auprès des lo-
caux de la Sala Rossa de l'Assemblée Ré-
gionale Sicilienne. Ce projet, financé par
le Programme d'Initiative Communau-
taire Interreg III B – Archimed et coor-
donné par le COPPEM, voit l'implica-
tion de prestigieux Organismes Interna-
tionaux qui interviennent dans le domai-
ne de la recherche: l'Institut Agrono-
mique de la Méditerranée (IAM) de Ba-
ri, l'Université de Bari et l'Ecole Poly-
technique Nationale d'Athènes. En artemisia vulgaris
outre, la Région de Crète (Grèce), le PIT
Demetra, qui comprend environ 13 Pou-
voirs territoriaux de la province d'Agri- ment et le marketing territorial. Le Cop- et les entreprises à même de soutenir la
gente et l'Autorité Générale du Ministè- pem, donc, est appelé à impliquer les ins- production, la commercialisation et la
re de l'Environnement de la République titutions du territoire sicilien, telles l'As- promotion des produits du maquis médi-
Islamique de Lybie ont adhéré au projet sessorat du Territoire et de l'Environne- terranéen qui interviennent dans l'indus-
“Ecomuseum of the Mediterranean Ma- ment ainsi que les nombreuses Com- trie gastronomique, esthétique et phar-
quis”. Ce projet prévoit, dans un délai munes, Divisions des Parcs et les acteurs maceutique (comme l'artémisie, l'origan,
maximum de 18 mois, la mise en place de la Programmation Négociée (PIT, la sauge, etc). La formulation stratégique
de districts écomuséaux, dans le maquis PIR, Pactes Territoriaux) en vue de la de ce projet, qui sera développé égale-
méditerranéen, à travers une série d'ac- Programmation des Fonds Structurels ment au niveau transnational, sera affi-
tions intégrées, de recherche appliquée 2007-2013 et de leur lien avec la Poli- née au cours des prochaines réunions du
et de projets pilote locaux. Ecomemaq tique de Voisinage de l'Union Européen- Comité de Gestion, dont la première est
s'insère dans les activités de projet, pro- ne. Le but est celui de constituer une prévue à Bari en novembre, sous la coor-
mues par la IV Commission de travail du table programmatique pour encourager dination de l'Institut Agronomique de la
Coppem. En effet, à travers la gestion des la constitution de districts écomuséaux Méditerranée. C'est ce qui a été établi au
ressources environnementales et cultu- qui soient l'idée-force de marketing de cours de la Réunion du Conseil de Prési-
relles, l'on vise la valorisation des terri- territoires à la vocation touristico-artisa- dence du Coppem, qui s'est tenu à Cha-
toires et la promotion du développement nale. Ecomemaq, de façon concrète, pré- nia, Crète, le 1er octobre dernier. Au
local. Dans ce contexte, sera développé voit la réalisation de trois études de faisa- cours de cette même réunion, il a été en
un modèle de gestion flexible de district bilité, pour la période 2007-13, pour dé- outre concordé qu'un des projets pilote à
écomuséal, à même d'être transféré, utili- finir des scénarios en Pouilles, en Sicile développer dans le territoire grec soit
sé et répliqué également dans d'autres et à Crète, auxquels feront suite les pu- réalisé de concert avec l'administration
territoires qui, à travers la promotion du blications et huit projets locaux de mise communale de Chania, guidée par son
COPPEM, feront partie du Réseau en place de districts écomuséaux: deux Maire Virvidakis, membre du Coppem,
Transnational des districts écomuséaux. en Sicile, trois en Pouilles et trois à Crè- en renforçant ainsi les principes de co-
“Ecomuseum of the Mediterranean Ma- te. Seront appelés à participer à la mise opération promus par le Comité Perma-
quis” prêtera une attention particulière en place de ces districts, outre les institu- nent, qui confirme son propre rôle de
afin que soit défini un cadre stratégique tions locales, également les opérateurs promoteur des rapports de développe-
et programmatique pour le développe- privés, les coopératives, les associations ment local, partagé et participé.

NOVEMBRE 2006 41
UN HÔPITAL VIRTUEL POUR LA MÉDITERRANÉE
RELANCE DES ENTENTES ENTRE LA SICILE ET RABAT AVEC L'APPORT DE L'ISMETT
DE FRANCESCO SAMMARITANO PERSONNE DE CONTACT DE LA I COMMISSION DU COPPEM

représentants d'ins- boration entre la Région Sicilianne et la


titutions publiques Région de Rabat avec pour objectif la
et privées maro- formation, à travers le support de l'Is-
caines parmi les- mett, du personnel médical et infirmier.
quels le délégué ré- • l'instauration de formes de coopéra-
gional du Ministère tion également au niveau national
de la Santé Ed Dine entre le Centre National Transplanta-
Bennati, Said Oul- tions, le Centre Régional Transplanta-
bacha Secrétaire tions Sicilien, l’Ismett et le Gouverne-
d'Etat chargé de la ment du Maroc, pour la définition d'un
formation profes- accord de jumelage entre le Maroc et
sionnelle et Amine l’Italie qui prévoie, entre autre, la sen-
El Hassani, Direc- sibilisation de la population locale sur
teur du Centre Hos- le thème du don d'organes mais aussi
pitalier Ibn Sina de l'organisation de centres spécialisés
Rabat. Le thème pour le prélèvement.
abordé durant cette Au-delà de cette initiative spécifique, le
journée a été l'orga- Coppem et l'Ismett, depuis longtemps,
nisation du système ont déjà envisagé la possibilité de réali-
sanitaire du Maroc ser deux initiatives conjointes concer-
avec une référence nant respectivement:
particulière au rôle • l'établissement d'un plan de forma-
que les communau- tion pour le personnel sanitaire et para-
tés locales et territo- sanitaire provenant des pays arabes ad-
riales peuvent exer- hérents au Coppem, à tenir éventuelle-
cer pour améliorer ment à Palerme sous la gestion politico-
Rabat vue du Mausolée Mohamed V le système sanitaire institutionnelle du Coppem, scienti-
du pays. L'Ismett, le fique de l'ISMETT et avec le support lo-
seul Institut étran- gistique de l'Anfe (Association natio-
Au sein du cadre de coopération mené ger invité à cette rencontre, y a partici- nale familles émigrées);
par le Coppem, la Région de Rabat et la pé avec une intervention intitulée: • la réalisation de l'Hôpital virtuel eu-
Région Sicilienne ont signé, en octobre “L'expérience de l'ISMETT en Sicile en ro-méditerranéen comprenant une liai-
2005, un protocole d’entente visant matière de transplantations d'organe: son télématique entre les structures hos-
l'intensification de la coopération entre propositions de coopération”. La pré- pitalières euro-méditerranéennes les
ces deux régions dans différents secteurs sentation a été divisée en trois parties: plus importantes, de façon à permettre
dont celui de la médecine. Sur la base la première dédiée à l'activité générale le diagnostic en temps réel et par voie
de cet accord, le Président du Conseil de l'Ismett, la deuxième à l'activité de télématique d'éventuelles pathologies
Régional de la Région de Rabat Abdel- recherche, la troisième, enfin, à l’activi- du patient et à fournir immédiatement
kébir Berkia a invité l'Ismett, en sa qua- té de formation et aux possibles secteurs les soins appropriés.
lité d'Observateur permanent du Cop- de coopération avec le Maroc. En ce qui Ces deux initiatives, cohérentes avec
pem, à la journée d'étude sur le thème: concerne l’activité de formation l'ac- les impératifs du Protocole d'entente
“La politique sanitaire dans la région de cent a été mis sur les secteurs possibles qui institue le Centre de Coordination
Rabat-Salè–Zemmour-Zaer: réalité et de coopération entre différents orga- socio-sanitaire euro-méditerranéen, se-
perspectives”. Ont pris part aux travaux, nismes. Dans ce domaine, deux actions ront présentées dans le cadre des tra-
qui ont eu lieu le 8 juin 2006 auprès du ont été identifiées: vaux de la I Commission du Coppem, à
siège du Conseil Régional de Rabat, les • mise en place d'une activité de colla- l'occasion de la X Assemblée Générale.

42 COPPEMNEWS
PROJET MEDINS POUR LES IDENTITÉS CULTURELLES
INITIATIVE POUR LA SAUVEGARDE DE LA CULTURE IMMATÉRIELLE ET LA VALORISATION DES TERRITOIRES

La tutelle, la promotion et la valorisa- Villes de la Culture Immatérielle. Me- élément de tutelle, également un instru-
tion du patrimoine culturel immatériel dins recueille, de manière innovante, ment de développement durable. En
des régions euro-méditerranéennes est les méthodologies de mise en place des l'espèce ce projet prévoit dans la phase
le thème du Projet Medins, financé principales orientations internationales concernant les études, l'analyse des
dans le cadre du Programme d'Initiative des politiques culturelles, à partir de la orientations pour les politiques de valo-
Communautaire Interreg III B – ME- très importante Convention UNESCO risation du patrimoine immatériel des
DOCC. Les principaux objectifs de ce du 17 octobre 2003, dont le présent pro- différentes régions partenaires, l'analyse
projet concernent la sauvegarde des jet constitue la première réalisation des systèmes scientifiques de catalogage
identités culturelles qui risquent forte- dans le bassin euro-méditerranéen. Ce en vigueur de leur patrimoine culturel
ment l'extinc- immatériel et des
tion à laquelle acteurs, publics
elles sont sujettes et privés impli-
et leur transfor- qués dans la pro-
mation en res- duction et la dé-
source pour le finition et l'insti-
développement tution d'un sysè-
social, écono- me de catalogage
mique et culturel du patrimoine
des territoires eu- culturel immaté-
ro-méditerra- riel. Dans cette
néens. Ce projet, phase les Autori-
dont le chef de tés Locales se-
file est l'Assesso- ront assistées par
rat des Biens les Universités
Culturels de la participant au
Région sicilien- Projet, dont les
ne, voit la parti- activités seront
cipation de 18 coordonnées par
autres parte- Unimed, Union
naires prove- des Universités
nant, outre ceux de la Méditerra-
de l'Italie, égale- née, également
ment du Portu- partenaire du
gal, de l'Espagne, Projet. Les Ac-
de la Grèce, de tions Pilotes
Malte, du Maroc, Palerme (Italie), le marché de la vucciria concernent prin-
de l'Algérie, de cipalement la
la Tunisie, de définition d'un
l'Egypte et du Liban. Nombre de ceux- projet enfin prévoit l’élaboration d'un système de certification internationale,
ci sont des Régions et des Municipalités système de catalogage dans les régions la définition d'un logo et d'un label de
faisant partie du COPPEM, qui y parti- partenaires visant l'identification et la qualité et de réalisation du site internet.
cipe ayant pour rôle principal la coordi- classification de leur patrimoine cultu- Les résultats obtenus feront l'objet
nation des Autorités Locales partici- rel immatériel ainsi que l'élaboration d'échanges d'expériences et, avec les ré-
pantes mais également pour objectif la d'un modèle transnational flexible, vi- sultats des analyses des besoins et des
diffusion de leurs résultats et la création sant leur valorisation, promotion et di- points de force des territoires impliqués,
d'un Réseau Euro-méditerranéen des vulgation, en en faisant ainsi, outre un ils constitueront la base de la phase de

NOVEMBRE 2006 43
marché historique deviendra la vraie
scène de la représentation interdiscipli-
naire, en le transformant ainsi dans le
set de l’identité culturelle méditerra-
néenne, de ses diversités et de ses ra-
cines communes. A travers la mise en
scène les objets et les produits œnogas-
tronomiques réalisés selon des tech-
niques et des recettes cataloguées com-
me patrimoine immatériel, les récits et
les chants, les expressions musicales,
théâtrales, scéniques, plastiques, vi-
suelles, ludiques ou littéraires des ar-
tistes méditerranéens, outre les rites, les
fêtes et les manifestations populaires re-
ligieuses et païennes cataloguées dans
Nabuel (Tunisie), marché
toutes les régions partenaires, seront les
protagonistes de l'acte final de ce projet.
En définitive, l'espace scénique de la
l'élaboration des Routes de la Culture pologues. Cette action aura pour objec- Ville, deviendra l'espace de confronta-
Invisible le long des parcours qui valori- tif de recréer le long des routes, les tion, d'échange et de rencontre entre
sent la culture immatérielle du territoi- places et dans les cours des immeubles différentes âmes de la Méditerranée,
re, tant à travers les lieux de la culture de la Vucciria, un itinéraire dans la mé- dvisant l'enrichissement spirituel des
qu'à travers les événements, les recettes, moire de la Méditerranée, en le racon- bénéficiaires, leur divulgation et la re-
les objets. En définitive les itinéraires tant à travers sa culture vivante. De cet- découverte des racines culturelles com-
proposeront des voyages et des sugges- te manière l'espace physique de tout le munes. (n.g.)
tions méditerranéennes à travers ce que
l'on identifie comme les lieux, les sons,
les saveurs, les formes et les savoirs qui Aswan (Ègypte), marché
caractérisent l’identité culturelle du ter-
ritoire. Medins, enfin, prévoit égale-
ment l'activation de processus de spec-
tacularisation de la culture immatérielle
parmi lesquelles se distingue la réalisa-
tion d'un événement artistique multi-
disciplinaire au marché historique de la
Vucciria de Palerme. Prendront égale-
ment part à cet événement les produc-
teurs de la culture immatérielle impli-
qués dans les laboratoires et dans les ac-
tions artistiques précédemment réali-
sées, dont des artistes, des artisans, des
cortèges et des associations culturelles.
Seront en outre impliqués des cher-
cheurs, des architectes, des scéno-
graphes, des archéologues et des anthro-

44 COPPEMNEWS
X ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU COPPEM
1ER PRIX “SEME D'ARANCIA” - RÉUNION DES QUATRE COMMISSIONS
24/25 NOVEMBRE 2006

AGENDA

JEUDI 23 NOVEMBRE 2006 15h00 X ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SAMEDI 25 NOVEMBRE 2006


(Villa Malfitano, Via Dante 167, Palerme) (Villa Malfitano, Via Dante 167, Palerme)
14h00: Conseil de Présidence

Enregistrement des participants 08h30: Ouverture des travaux


VENDREDI 24 NOVEMBRE 2006
(Sala Gialla, Palais des Normands) Ouverture des travaux de la part du Prési- II Commission: “Immigration et Emigration,
dent d'âge actions et instruments de la coopération
09h00: Manifestation pour la remise du Prix Vérification des pouvoirs des nouveaux entre villes et régions euro-méditerra-
“Seme d'Arancia” à Madame Suzanne Mu- membres et procédures de désignation néennes ”; Président: Jan Mans
barak et au Président Honoraire Carlo Aze- Election du Président, des Vice-présidents et Présentation des activités de la Commission:
glio Ciampi du Secrétaire Général du Coppem Alessandra Prudente
Préside: Salvatore Cuffaro, Président du Bilan des activités 2002 – 2006 du Secrétaire Rapporteur: Harrie Jeurissen
Coppem, Président de la Région Sicilienne Général Interventions des membres de la Commission
Etablissement de la V Commission pour Interventions externes
Ouverture des travaux: “l'Egalité des chances” Dessein d'un plan d'action pour de futures
Gianfranco Miccichè, Président de l'Assem- Election du Président et des Vice-présidents activités
blée Régionale Sicilienne de la V Commission
Prise d'acte des variations et du redresse- III Commission: “Le développement local: la
Interventions: ment du Budget prévisionnel 2006 décentralisation des pouvoirs et les instru-
Diego Cammarata, Maire de Palerme Budget prévisionnel pour l'exercice 2007 ments opérationnels”; «Intégration euro-mé-
Francesco Musotto, Président de la Province Nommination du Commissaire aux comptes diterranéenne des réseaux stratégiques in-
de Palerme et membre du Parlement européen extérieur pour l'année 2007 frastructurels: l’exemple des transports»;
Omar El Bahraoui, Maire de Rabat et Premier Président: Abdelkarim Misbah
Vice-président du Coppem 16h30: Travaux des Commissions Présentation des activités de la Commission:
S.E Adly Hussein, Gouverneur de Qalyubiya Présentation travaux des Commissions – Mi- Paolo Carrara
etVice-président du Coppem chele Raimondi, Coordinateur Programmes Rapporteur: Kiriakos Virvidakis
Luigi Cocilovo,Vice-président du Parlement et Projets Interventions des membres de la Commission
Européen Interventions externes
Abdalla Abbas, Coordinateur Etablissements I Commission: “Expériences de participation Dessein d'un plan d'action pour de futures
Humains Spéciaux – ONU Habitat – Bureau des pouvoirs locaux et régionaux euro-médi- activités
de Genève terranéens”; Président: Ian Micallef
Pier Virgilio Dastoli, Directeur de la Représen- Présentation des activités de la Commission: IV Commission: “Culture et Tourisme: promo-
tance en Italie de la Commission Européenne Francesco Sammaritano tion et gestion des zones culturelles”; Prési-
Ian Micallef, Président de la Chambre des Rapporteur: Said El Dakkak dent: Falah Al Omoush
Pouvoirs Locaux du CPLRE du Conseil de Interventions des membres de la Commission Présentation des activités de la Commission:
l'Europe Interventions externes Natale Giordano
Ahmad Al Adsani, Représentant de l'Organi- Dessein d'un plan d'action pour de futures Rapporteur: Petros Filippou
sation des Villes Arabes activités Interventions des membres de la Commission
Jeremy Smith, Secrétaire Général du Conseil Interventions externes:
des Communes et des Régions d'Europe 17h30: Présentation de la V Commission Dessein d'un plan d'action pour de futures
Obaid Salem Al Shamsi, Représentant de la “Egalités des chances”: Giovanna Cirino activités
ville de Dubaï
Lucile Schmid, Vice-présidente Ile de France 18h00: Clôture des travaux Clôture des travaux de la X Assemblée Gé-
nérale du Coppem
Conclusions: Ugo Intini, Vice-ministre italien 19h00:Villa Igiea, rencontre entre Madame
des Affaires Etrangères Mubarak et la V Commission du Coppem
ASSEMBLEA REGIONALE
SICILIANA

REGIONE SICILIANA
PRESIDENZA

PROVINCIA REGIONALE
DI PALERMO

COMITÉ PERMANENT
POUR LE PARTENARIAT EUROMÉDITERRANÉEN
DES POUVOIRS LOCAUX ET RÉGIONAUX

10èmeASSEMBLÉE
GÉNÉRALE
PALERME
24/25 NOVEMBRE 2006
ARS - ASSEMBLÉE RÉGIONALE
SICILIENNE (SALA GIALLA) H 9,00
OUVERTURE DES TRAVAUX
1ÈRE EDITION DU PRIX “SEME D'ARANCIA”
VILLA MALFITANO h 15,00
ASSEMBLÉE
TRAVAUX DES COMMISSIONS

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