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Histoire - Patrimoine
Université de Bretagne Sud
2001
Pegot Ogier
L’aventure
du Nouvelliste du Morbihan.
Du journal à l’écran.
Sous la direction de René Estienne
AVANT-PROPOS
Introduction
En effet, les journaux ont l’avantage de la diversité des opinions et du détail au plus
près des réalités vécues localement ; notamment celles relayées par la presse provinciale. Ils
conservent leur valeur de témoin du temps présent, et deviennent éléments tangibles, fixant
l’événement sur le papier.
Quand un article nous concerne particulièrement, nous le découpons et il est archivé
précieusement. La presse participe au tissage de la trame de notre mémoire individuelle et
collective. Les périodiques relus quelques années plus tard deviennent un conservatoire des
faits, avec une analyse de peu de recul, plus ou moins partiale, résultant du traitement
« à chaud » de l’actualité.
En Bretagne la mémoire avait retenu certains titres emblématiques, La Dépêche de
Brest, L’Ouest Eclair, Le Nouvelliste du Morbihan. C’est bien peu représentatif de la richesse
éditoriale de la presse bretonne de la seconde moitié du dix-neuvième siècle à la Seconde
Guerre mondiale. En Morbihan, un recensement de la presse de cette époque fait état de 226
titres d’information générale et politique. A peu près la moitié de ceux-ci ont été publiés à
Lorient. Le Nouvelliste du Morbihan est celui qui connut la plus longue durée. Ce journal
diffusé de 1887 à 1944, s’inscrit dans un véritable lignage de presse éditée à Lorient, de la
création de la Feuille hebdomadaire de la ville de Lorient en 1790 au dépôt de bilan de
Liberté du Morbihan en 1995.
La presse ancienne locale est une base documentaire précieuse pour les chercheurs
en histoire ou les curieux en quête de mémoire.
Cette source historique donne au rythme de sa parution la matière qui alimentait les
conversations, l’actualité politique, économique, sociale. Les faits divers, les comptes rendus
d’audience des tribunaux apportent l’éclairage cru sur la société et les mœurs qui les
suscitent. Le journal local, par la présentation sélective, son interprétation des faits nous
donne le regard des contemporains sur eux-mêmes. Sa lecture aujourd’hui peut permettre de
retrouver le vécu d’un territoire, sa vie matérielle et sa culture.
Lorient sous la Troisième République est une ville portuaire en pleine mutation
urbaine et économique. Au terme du dix-neuvième siècle la reconversion militaro-industrielle
réussie, l’espace portuaire de Lorient va se développer dans les domaines marchands et
halieutiques de Kergroise à Keroman. Le journal relate au jour le jour ce changement des
crises de la pêche côtière à l’inauguration du slipway du port de pêche, se fait l’écho de
l’expansion urbaine de la ville. Témoin des grands drames de son siècle, cet organe
d’information local donne une identité aux victimes des catastrophes naturelles et à
l’hécatombe du premier conflit mondial. Ses colonnes relatent fidèlement les changements de
la société.
Les lames de fond de l’histoire européenne vont bouleverser le bel optimisme du
progrès en cours. La défaite consommée en 1940, le quotidien humiliant de l’occupation, la
reprise des communiqués militaires victorieux des U.Boote vont placer le journal au cœur de
la tragédie. Les bombes, l’exode des réfugiés, le relais de la propagande de Berlin et de Vichy
scellent le destin du titre lorientais exilé à Vannes. Il disparaît dans les lendemains vengeurs
de la Libération.
La presse à Lorient est riche d’une tradition éditoriale où s’inscrit le Nouvelliste. Des
générations de titres de presse ayant paru de la Révolution à la Seconde Guerre mondiale le
précèdent et l’accompagnent dans son développement.
L’aventure du Nouvelliste dure cinquante-huit années, elle peut être retracée de sa
fondation en 1886, à sa disparition en 1944, grâce aux collections archivées.
Les collections du Nouvelliste conservées au fils des ans, sont devenues un des
supports de la mémoire collective morbihannaise et lorientaise. Le plan de microfilmage et de
numérisation de la presse ancienne du Morbihan est l’aboutissement de la logique d’une
gestion moderne du patrimoine écrit. Celle-ci tend à répondre au double enjeu de la
conservation par le transfert sur un support plus durable et du retour au public de son héritage
culturel.
De la fin du XVIIIe siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les archives attestent
l’existence d’au moins 140 périodiques d’information publiés à Lorient.
Les sources
11
Dépôt légal.
Deux auteurs, contemporains du Nouvelliste, ont écrit sur l’histoire de la presse
lorientaise. Le premier en 1884, René Kerviler2 dans son Essai d’une bibliographie des
publications périodiques de la Bretagne en dresse un état détaillé. L’autre, Louis Chaumeil en
1936, dans le numéro du cinquantième anniversaire du Nouvelliste3, brosse une esquisse de
l’histoire de la presse lorientaise.
René Kerviler écrivait en 1884, dans son introduction à Essai d’une bibliographie des
publications périodiques de la Bretagne :
« La bibliographie des périodiques constitue le chapitre le plus difficile à aborder de
la science bibliographique. La plupart de ces publications sont éphémères ; on les conserve
rarement complètes : et pour les journaux bretons en particulier, nous avons constaté avec
peine qu’on n’en retrouve de collections, sauf des exceptions très rares, ni chez les
imprimeurs, ni dans les greffes des tribunaux, ni dans les bibliothèques des municipalités, ni
dans les archives départementales. Après dix ans de recherches, nous croyons cependant être
parvenus à découvrir le cycle à peu près complet de nos publications périodiques dans
quelque ordre d’idées que ce soit, et nous présentons aujourd’hui les résultats de notre
travail aux lecteurs du Bibliophile Breton, en les priant de vouloir bien nous adresser toutes
22
Kerviler (R), Essai d’une bibliographie des publications périodiques de la Bretagne. Département
du Morbihan, Rennes, Librairie Ancienne et Moderne de J. Plihon, 1884
33
historique repris dans : Chaumeil (L), Esquisse d’une histoire de la presse lorientaise (brochure n°6)
in Histoire et petite histoire de Lorient, tome I, Lorient, Imprimerie du Nouvelliste du Morbihan,
1939
44
Louis Cren (Lorient 1881 – 1962) a été instituteur, adjoint au maire de Lorient, sous-ingénieur des
travaux publics, président des amis du vieux Lorient, secrétaire général de la fédération nationale
d’instituteurs de France et des colonies, Officier de la Légion d’Honneur, Croix avec palmes, médaille
d’Arras, Commandeur des Palmes Académiques. Il a notamment rédigé en 1940 « Histoire générale
des rues de Lorient – Monographie des rues de Lorient» et en 1946 « Mon vieux Lorient ».
55
Coisel (N), Bibliographie de la presse française politique et d’information générale 1865 - 1944 /
56 Morbihan, Paris, Bibliothèque Nationale, 1977.
les rectifications ou tous les compléments qui seraient à leur connaissance. En pareille
matière, on n’est jamais certain de n’avoir rien laissé échapper ».
Les groupes de presse les plus marquant sont représentés sous formes
d’organigrammes. (nota : les journaux paraissant uniquement à l’occasion des élections sont
n’ont pas été retenus.)
Pour le groupe L’Abeille, les noms des responsables sont Charles Gousset, Eugène
Grouhel, de 1842 à 1871, puis Louis Chamaillard jusqu’en 1917. Sa ligne politique de passe
du mouvement réformateur, à celui des républicains puis des bonapartistes pour basculer
après le second empire vers le parti des blancs. Des liens existent avec La Croix du Morbihan
où l’on retrouve Louis Chamaillard en compagnie de Xaxier Hostin. Dans ce groupe se
tiennent aussi Le Lièvre de la Morinière, Loeïz Herrieu, André Mellac et Roger Le Bayon.
Le lignage dont est issu Le Nouvelliste du Morbihan est explicité dans le chapitre le
concernant.
L’Abeille – Le Morbihannais – La Croix du Morbihan
Journaux édités à Lorient de 1842 à 1917
1842 – 1847
L’Abeille
Réformateur
Hebdo
1847 – 1848
Journal de Lorient
Information / républicain
Hebdo
1848 –1848
Le Patriote breton
Républicain
Tri-hebdo
1848 – 1849
L’Union démocratique
Républicain
Bi-hebdo
1849 – 1871
L’Abeille de Lorient
Bonapartiste / légitimiste
Hebdo / bi-hebdo
1871 – 1879
Journal du Morbihan
Blanc / catholique
Tri-hebdo
1872 - 1917 1879 – 1917 1891 – 1893
LeCourrier des campagnes Le Morbihannais Le Télégramme
Blanc / catholique Blanc / catholique Infos locales
hebdo Tri-hebdo Quotidien
1893 – 1895
Le Lorientais et le
Télégramme réunis
Blanc/catholique
Hebdo
1891 - 1906 1892 – 1894 1899 – 1899
La Croix du Morbihan La Liberté Les Nouvelles lorientaises
Blanc / catholique morbihannaise Blanc/catholique
hebdo Blanc / catholique Hebdo
tri-hebdo
1907 – 1907
Le Réveil breton et la Croix 1905 – 1944
du Morbihan Dihunamb
Régionaliste / catholique Culturel breton
Hebdo Mensuel
1872 – 1876
L’Impartial lorientais
Républicain
Bi-hebdo
1883 – 1894
Le Phare des campagnes
Républicain
Hebdo
1879 – 1914
Le Phare de Bretagne
Républicain
Bi-hebdo
1887 – 1901
L’Avenir de la Bretagne
Républicain
tri/bi-hebdo / hebdo
1902 - 1903
Le Petit Breton
républicain
hebdo
Fédération républicaine indépendante
1903 – 1911
L’Union libérale du
Morbihan
Républicain
Hebdo
1912 – 1914
L’Indépendance
républicaine
[Fédération républicaine
indépendante]
républicain
hebdo
1921 – 1924
Liberté du Morbihan
[Fédération républicaine
indépendante]
républicain
hebdo
1802 – 1812
Le Courrier de Lorient et du
Morbihan
Infos locales
Bi-hebdo
1812 – 1843 1842 – 1842
Affiches, annonces et avis La Revue de Lorient
divers de la ville de Lorient. Annexe d’un journal
Infos locales parisien
Bi-hebdo Mensuel
1843 – 1858
Le Lorientais
Légitimiste
Puis
Bonapartiste
Hebdo
1882 - 1884 1859 – 1886 1883 - ?
L’Annonce Bretonne Le Courrier de Bretagne La Korrigane
Républicain Bonapartiste Culturel
Hebdo puis Bi-hebdo
1883 - 1884 Républicain
Le Nouvelliste du Morbihan Bi-hebdo
Républicain
Hebdo
1886 – 1944 1893 –1895
Le Nouvelliste du Le Biniou
Culturel
Morbihan 1895 – 1915
Information / républicain Le Clocher breton
Bi/tri-hebdo / quotidien Culturel
1917 -1920 1919 – 1942
L’Ouest maritime L’Ouest républicain
Information / républicain Information / républicain
Bi-hebdo Hebdo
-------------------------------
1917 - 1920 1923 – 1942
Le Nouvelliste de Lorient L’Eclair du Finistère
Information / républicain Information / républicain
Bi-hebdo Bi-hebdo / hebdo
1944 – 1944 1923 – 1942
Le Morbihan libéré Le Petit Lorientais
Quotidien Annonces – Hebdo
1944 – 1995
La Liberté du Morbihan
Quotidien
IDÉOLOGIES DES ORGANES POLITIQUES ET D’INFORMATION DE LA PRESSE
LORIENTAISE.
Les journaux publiés à Lorient véhiculent les grandes idéologies du temps. Il faut
attendre la fin du Second Empire pour que les opinions s’affrontent, Bleus contre Blancs, Le
Phare de Bretagne, républicain et laïque contre son contre-modèle, Le Morbihannais.
La Grande Guerre est un césure marquante concernant la presse lorientaise. Ala fin du
conflit nous constatons la disparition d’une grande partie des titres, notamment ceux des
Blancs.
Il est possible à partir de l’étude des notices des titres de classer les journaux lorientais
par grandes familles politiques. Le premier journal imprimé localement date de 1790, il était
républicain, organe de la Révolution.
Le parti des Blancs est représenté de 1871 à 1914 par 11 titres. Les bonapartistes vont
successivement bénéficier du soutien de quatre journaux jusqu’en 1883.
La vie du journal, les idées qui l’animent, son évolution commerciale, le miroir qu’il
nous renvoie de son temps sont autant d’éléments qui nous incitent à considérer la valeur de
ce patrimoine.
De cet ensemble documentaire il est possible de réunir des données sur l’histoire
matérielle du Nouvelliste, des hommes et des idées qui l’animaient. Ces éléments qui
présentent la vie du journal à son avantage, sans aucun recul critique sont quasiment les seuls
qui existent pour évoquer l’histoire du Nouvelliste.
Toutefois, concernant les dernières années du Nouvelliste nous avons une interview
d’Alexandre Catherine dans Lorient Hebdo n°76 et 77 (semaines du 14 et du 21 septembre
1974),. Nous disposons également d’éléments dans l’Histoire de la spoliation de la presse
française (1944-1955) de Hisard et dans La presse bretonne dans la tourmente6 (1940-1946)
de Freville.
66
Cet ouvrage se réfère au compte-rendu du procès du Nouvelliste lors de la période d’épuration, il
serait consigné aux Archives d’Ille et Vilaine à Rennes.
1 - 1 UN TITRE : LE NOUVELLISTE DU MORBIHAN
Le Nouvelliste du Morbihan est un organe de presse qui s’inscrit dans une lignée de
titres qui se succèdent à Lorient tout au long du 19e siècle pour se prolonger jusqu’en 1995.
7
77
Dans un article du dimanche 1er janvier 1922 un éditorialiste du Nouvelliste du Morbihan fait état
des ancêtres lorientais du journal.
Le Courrier de Bretagne est un bihebdomadaire, publié à Lorient du 8 septembre
1859 au 21 octobre 1886. Il est dirigé de 1859 à 1883 par L.J. Victor Auger, puis de 1883 à
1886 par Druilhet-Lafargue, au 100 de la rue du Port.
Selon ses propres termes, le journal souhaite informer ses lecteurs dans les domaines
politiques, maritimes, agricoles par le biais de ses correspondants départementaux, régionaux,
et parisiens. Un feuilleton est publié régulièrement, signé par des écrivains amis du directeur.
Ce titre lorientais à vocation départementale est diffusé à Lorient, Vannes, Ploërmel et
Pontivy.
Malgré sa place marquée dans la presse régionale son tirage baisse vers 1880. Le 25
mars 1883 le journal passe aux mains de Druillet-Lafargue, républicain indépendant. Le
journal change radicalement de tonalité politique tout en conservant la même forme.
L’imprimerie Druilhet-Lafargue garde le même titre, la même parution et le même format au
Courrier. Le sous-titre change et devient Courrier de Bretagne - Journal Lorientais.
Le titre principal est accompagné par un second journal, L’Annonce Bretonne, journal
hebdomadaire, commercial, industriel, de 1882 à 1884.
88
Informations issues du premier numéro du Courrier de Bretagne.
sachant que l’année 1842 des Affiches, annonces et divers avis de la ville de Lorient porte le n
°41.
Dans le premier numéro du Nouvelliste il est écrit : « …Le Nouvelliste qui a été dans
le principe une annexe du Courrier de Bretagne, l’un des plus anciens journaux politiques et
qui depuis longtemps a fait autorité dans le département, a changé de propriétaire et est
aujourd’hui une fusion de ces deux feuilles. »
Le journal démarre son existence, paraissant deux fois la semaine, daté du mardi et le
vendredi, au prix de 10 centimes.
Alexandre Cathrine choisit le Nouvelliste du Morbihan, comme titre pour son journal.
Pour lui, son sens est simple : il apporte les nouvelles du Morbihan.
Un sous-titre complète la formule initiale « Organe des intérêts du département ».
Reprenant la suite du Courrier de Bretagne, Le Nouvelliste du Morbihan n’est pas l’organe
d’un parti.
Avant 1883, le journal était engagé du côté des bonapartistes. Idéologie divisée et
rapidement obsolète après la défaite de 1870 et le décès du prince impérial Eugène Louis-
Napoléon, en 1879 lors des combats du Zoulouland en Afrique du sud. En 1885 elle soutient
Boulanger puis en 1893 se confond avec la droite monarchiste et révisionniste.
L’image du Courrier étant brouillée, c’est le titre de Nouvelliste du Morbihan qui est
choisi, ce nom étant utilisé au préalable par une édition hebdomadaire annexe du Courrier de
Bretagne.
Le sous-titre du Nouvelliste varie pendant la guerre 14/18 pour devenir Journal
Républicain. Feuille d’Annonces Judiciaires et Commerciales, puis en 1921, Journal
Républicain Quotidien. Feuille d’Annonces Judiciaires et Commerciales. Après 1941 il reste
Quotidien du Soir. Journal d’Annonces Judiciaires et Commerciales.
Le succès commercial du Nouvelliste dans la région lorientaise vient du fait qu’il reste
tout au long de son existence un organe de presse de proximité, dosant avec habileté ses
informations nationales, locales et départementales. Journal grand public, républicain modéré,
il revendique une certaine impartialité.
L’objectif des rédacteurs est « de rendre compte de tout ce qui est capable
d’intéresser les lecteurs, de différents niveaux d’éducation et de toutes les sensibilités
politiques, en réalisant une synthèse de ce qui s’écrit dans les journaux d’opinions diverses ».
Ils réalisent de fait une revue de presse facile à lire reprenant les éléments essentiels des
informations générales.
Pour André Degoul9, avant la création du Nouvelliste il n’y a pas de journal local à
Lorient, « les feuilles qui existaient alors étaient surtout des feuilles d’opinion, dont le rôle
était de soutenir telles ou telles doctrines, telles ou telles personnalités. ». Le Nouvelliste est
né de l’idée de « réaliser un journal de tous, accessible à tous, indépendant et impartial ; être
le journal pratique, le journal utile et, en même temps le journal honnête et sain10 ».
99
André Degoul, conservateur de la bibliothèque municipale de Lorient de 1933 à 1939. Après le
décès d’Alexandre Cathrine, père, en 1920, il est rédacteur en chef du Nouvelliste jusqu’en 1923.
( voir l’article sur A. Degoul dans le Nouvelliste du 14/12/1932 et sa biographie dans Un siècle de
journalisme breton de Lucien Raoult).
1010
André Degoul, discours lors des obsèques d’Alexandre Cathrine.
Le commentaire d’un autre Lorientais contemporain est plus critique, selon Louis
Cren, dans un historique succinct de la presse locale, « ce journal à faits divers était
pauvrement rédigé ; très lu par la population ouvrière et commerçante de notre ville. »
La critique est sans nuances sur la qualité rédactionnelle, mais elle reconnaît la
popularité du journal à Lorient.
La presse régionale suit les mêmes courants que ceux de la presse parisienne, mais le
développement de l’information locale et la création des éditions multiples vont lui permettre
de s’attacher une clientèle rurale
La presse de province entre les deux guerres augmente son tirage au détriment des
journaux de la capitale. En parallèle s’effectue une concentration des titres absorbés par
d’autres, plus forts.
Les progrès techniques ont donné à la presse de province un avantage sur la presse
parisienne ; les grands quotidiens régionaux ont créé à Paris des bureaux de rédaction qui
transmettent les informations recueillies de toutes parts. Le journal de Paris arrive donc en
Province avec un léger décalage par rapport à son concurrent local.
Cette presse, en 1939 est rattachée à deux syndicats, celui des quotidiens de province
ou le consortium de la presse régionale catholique, qui à lui seul contrôle alors onze
quotidiens et une quarantaine d’hebdomadaires.
Dans l’Est deux titres dominent, L’Eclaireur de l’Est de Reims et L’Est républicain de
Nancy. En Alsace on trouve avant-guerre une presse généralement bilingue, Les Dernières
Nouvelles de Strasbourg, La France de l’Est de Mulhouse et L’Elässer Bôte.
Dans le Midi, à Marseille le plus ancien Le Sémaphore remonte à 1828, mais les plus
gros tirages concernent le Petit Marseillais, le Petit provençal et Marseille-Matin. A Nice on
trouve L’Eclaireur de Nice et Le Petit Niçois. A Montpellier il y a L’Eclair et Le Petit
Méridional, à Toulouse, La Dépêche des frères Sarraut dont l’influence rayonne sur 30
départements et L’Express du Midi.
A Bordeaux, trois grands journaux se partagent le lectorat, La Petite Gironde qui tire
chaque jour plus de vingt éditions, La France de Bordeaux, et La Liberté du Sud-Ouest.
1111
Histoire de la presse parisienne, René Mazedier,Edition du Pavois, Paris 1945 ( p 270).
Dans le Centre de la France paraissent Le courrier du Centre à Limoges, La Tribune à
Saint-Etienne, Le Centre à Montluçon, L’Avenir du Plateau central et Le Moniteur à
Clermont-Ferrand, La Dépêche du Centre à Tours et le Journal du Loiret à Orléans.
Dans l’Ouest, le plus ancien est Le Journal de Rouen fondé en 1762. Citons encore,
Cherbourg Eclair, le Journal du Havre et La Dépêche de Rouen.
La concurrence
1212
A few facts about France, Service d’Information – Mission militaire de liaison administrative,
( US Army) 1944
1313
Le Sillon (1894-1910), revue de Marc Sangnier, prônant un catholicisme social.
14
30 000 exemplaires
15
5 000 exemplaires
16
15 000 abonnés
L’Ouest-Eclair refoule petit à petit le Nouvelliste de la partie orientale du département.
Son édition du Morbihan date de janvier 1921, celle de Lorient arrive fin novembre 1941.
La concurrence lorientaise
Ses concurrents engagés dans le débat idéologique sur sa droite, pour le parti des
Blancs, Le Morbihannais(1879-1917) et Le Courrier des campagnes (1872-1917).
Lorient, sous la Troisième République voit donc sa presse locale vivre une véritable
explosion de titres. En affinant les chiffres, on peut voir évoluer la multiplicité des parutions.
Ainsi de 1886 à 1914 il existe 63 titres paraissant à Lorient. Sur ce nombre 47 ont une
existence supérieure à une année, 24 supérieure à 3 ans, 15 supérieure à 10 ans.
17
Ce chiffre n’inclut pas les journaux publiés à l’occasion d’élections.
1897 1898 2 Mer (La)
1898 1899 2 Lorientaises soirées
1898 1899 2 Vérité (La) lorientaise
1899 1899 1 Nouvelle (Les) lorientaises
Sur l’ensemble de la presse lorientaise à cette époque 23 ont une existence supérieure
à une année, 17 supérieure à trois ans, 12 supérieure à 10 ans.
Le récit détaillé de ses événements est relaté dans le chapitre concernant Alexandre
Cathrine fils.
Il semble manquer aux journaux morbihannais un organe commun leur donnant plus
de poids face à des problèmes communs. Au mois d’août 1890 est fondé le syndicat de la
presse morbihannaise ; il se déclare ouvert à tous les journaux du département, sans exception
d’opinion.
Quelques temps plus tard Alexandre Cathrine fonde avec d’autres directeurs de
journaux l’Association professionnelle des journalistes de l’Ouest, il y prend une place
éminente.
Ce nouveau statut se confirme, lorsque le 24 juin 1938, il reçoit dans ses bureaux, le
Congrès du Syndicat des Quotidiens de Province. Une quarantaine de journaux est représentée
sous la présidence d’Ernest Gaubert. Alexandre Cathrine, est le trésorier de cette association.
1 – 2 LA DYNASTIE CATHRINE
Le Nouvelliste du Morbihan, tout au long de son histoire, est le journal d’une famille.
Cette dynastie par ses publications et son implication dans la vie locale va marquer de son
empreinte la cité lorientaise de la fin du dix-neuvième siècle à la Seconde Guerre mondiale.
Le Courrier de Bretagne est acheté à la veuve de Druillet-Lafarge par les deux frères
Charles et Alexandre Cathrine pour fonder Le Nouvelliste du Morbihan le 30 décembre 1886.
Le capital investit se monte à 4 000 francs or, la moitié de cette somme est constituée
d’un emprunt. Alexandre devient bientôt l’unique propriétaire, Charles prenant en charge
l’imprimerie.
La dot est investie dans l’achat d’une rotative Marinoni à quatre pages, pouvant tirer
12 000 exemplaires à l’heure. Alexandre déménage au 93 de la rue du Port.
1814
Auguste, Charles ; le prénom de sa sœur n’est pas cité dans les écrits d’Alexandre Cathrine parus
dans le Nouvelliste.
Devenu notable de Lorient, il reçoit les palmes académiques des mains du ministre de
la Marine, Pierre Baudin, en 1913, lors des fêtes du lancement de la Provence. Par deux fois il
siège au Tribunal de Commerce comme juge (la seconde fois en 1920) Dans le monde de la
presse, il est reconnu. C’est un des fondateurs, et un membre important de l’Association
professionnelle des journalistes de l’Ouest.
Habile administrateur et travailleur infatigable, il a accompli en quelques années
l’essor de son organisation de presse.
Ses deux fils sont mobilisés. L’aîné, Alexandre, officier de complément dans
l’infanterie, puis dans les chars, revient après 43 mois de service en première ligne. Georges,
le second, étudiant en médecine, est réformé en 1917, après avoir été gazé sur le front de la
Somme, en avril. De retour, gravement malade, il décède des suites de ses blessures, fin
septembre 1925.
Après la guerre, Alexandre Cathrine crée en juin 1920 un second organe de presse
moins centré sur Lorient, L’Ouest Républicain. Ce nouveau journal est dirigé par son fils
Alexandre.
Charles Cathrine, est né à Kérentrech (Lorient) en février 1868. Tout comme son frère,
il a fait son apprentissage à l’imprimerie Chamaillard de Lorient. Après la fondation du
Nouvelliste en 1886, il prend la tête des services de l’imprimerie dont il dirige l’ensemble des
évolutions techniques tout au long de sa carrière. Dans le domaine social, il est l’un des
créateurs de la société de secours mutuels « L’Industrielle », dont il est le président quelques
années. Il décède à la fin du mois de décembre 1933, après être resté paralysé depuis le début
du mois d’avril de la même année.
Le 14 novembre 1920, Alexandre Cathrine, fils, annonce en première page qu’il prend
la direction du Nouvelliste. Il écrit « Le meilleur hommage que je puisse rendre à la mémoire
du créateur de ce journal, est de maintenir son œuvre dans la ligne de conduite qu’il avait
tracée. »
Le fils aîné a 26 ans quand il succède à la direction du journal de son père. Il devient le
directeur du Nouvelliste et plus tard administrateur délégué de la société de Presse de Basse-
Bretagne. Un triumvirat gère l’affaire, le fils aîné est épaulé par sa mère et son oncle Charles.
Alexandre Cathrine, fils – en 1936
Alexandre Cathrine poursuit l’expansion du Nouvelliste. Il fait adapter les ateliers aux
évolutions techniques de l’imprimerie et entreprend des agrandissements ; il inaugure en 1926
les nouveaux immeubles du Nouvelliste.
Alexandre Cathrine revendique sa qualité d’ancien combattant. Chevalier de la légion
d’honneur, au printemps 1923, Croix de guerre (5 citations), il s’est notamment distingué
comme lieutenant au 505e régiment de chars de combat lors de l’offensive en 1918. Malgré ce
passé militaire élogieux, il ne s’engage pas dans le domaine politique. C’est un personnage au
caractère vif et au tempérament autoritaire.
Il se présente un esprit ouvert, intéressé par l’évolution du monde. Il se dit inspiré par
Herbert Spencer19 et écrit en 1926, dans le Nouvelliste que « l’avenir nous réserve des
sociétés dont nous ne pouvons même pas soupçonner la forme ».
En 1931 la situation évolue, l’abbé Trochu est évincé par la famille Desgrés du Lou-
Hutin. Le fondateur de l’Ouest Eclair s’allie alors avec le journal Le Petit Parisien qui
cherche à s’implanter en province. Il fonde L’ouest-Journal et Frédouet quitte Lorient pour le
rejoindre.
2016
Propriété de son épouse, fille d’Ernest Lemoine, Vice-Président du Conseil Général décédé depuis
peu.
La drôle de guerre d’Alexandre Cathrine.
Alexandre Cathrine est mobilisé à Lorient en qualité de Commandant des P.I.L (points
importants du littoral) de la Loire à Brest. Il inspecte les différentes zones et ouvrages de la
défense côtière en compagnie du Général Paris, commandant de la place de Lorient et du
Capitaine de vaisseau Laboureur, Major général de la Marine.
Au retour de son inspection Cathrine est averti que l’Amiral de Penfentenyo suspend
la parution du Nouvelliste. En l’absence du directeur et de la commission militaire de censure
le rédacteur en chef Paul Fauchoux a édité une édition spéciale annonçant l’entrée des
Allemands en Pologne.
De Penfetenyo est furieux que l’on bafoue ainsi son autorité. Cathrine est mis aux
arrêts sur le « Condé », navire mouillé à l’entrée de l’arsenal. L’épouse de Cathrine assure
l’intérim à la direction du journal.
L’Amiral froissé d’avoir été désavoué menace alors de donner sa démission. Cathrine
est affecté dans une compagnie du dépôt au 65e de Nantes. Au mois de décembre 1939
Cathrine est hospitalisé pour une crise de rhumatisme articulaire. Il reste en convalescence
jusqu’au mois de mai 1940. Il est nommé au service de presse du ministère de la guerre à
Paris. Il voit l’effondrement militaire français et l’exode.
De retour à Lorient au début du mois de juin, après avoir été réformé pour raisons de
santé, il reprend la direction du journal. Le personnel est réduit et le Nouvelliste est soumis à
une commission locale de censure.
Il fait confiance aux choix du maréchal Pétain mais reste hostile à l’égard des
autonomistes bretons, il gêne les plans des Allemands. Il est convoqué en novembre 1940 à
Angers aux bureaux de la Propaganda-Staffel Sud-West. Il maintient son attitude insoumise
face au nouveau chef de la Propaganda-Aussenstelle à Vannes et en octobre 1941, campant
sur ses positions, il est molesté par un censeur allemand22.
2117
Lorient Hebdo n° 77 / semaine du 21 au 27 septembre 1974 / p 12.
2218
Hisard (C), Histoire de la spoliation de la presse française (1944-1955), La Librairie Française,
Paris, 1955. ( 494 p) ( p 124-127)
Interné dans un premier temps au camp de Segré23 (Maine et Loire), il rejoint sa
famille à Paris. Il se trouve en résidence surveillée, contraint à pointer quotidiennement à la
Gestapo, jusqu’à la Libération.
Début août 1944, après la libération de Vannes, le Nouvelliste est interdit de parution
par le nouveau pouvoir qui s’installe. Il va être remplacé par La Liberté du Morbihan, dirigée
par Paul Chenailler, dit colonel Morice dans la résistance.
Alexandre Cathrine qui proteste énergiquement n’en a pas finis avec les règlements de
compte de l’épuration. Après enquête, il a été découvert qu’il a fait personnellement
commerce avec les Allemands. Il a vendu les vins de sa cave aux troupes d’occupation qui
avaient réquisitionné son domicile lorientais. Le procès s’ouvre le 15 mars 1946. Cathrine est
condamné à cinq ans de prison et à la confiscation du quart de ses biens. La peine est atténuée
ultérieurement par une mesure de grâce.
Alexandre Cathrine, doublement atteint par les procès d’épuration, réagit au sortir de
la prison par la création du « Groupement National de la Presse Spoliée Injustement
Condamnée », il est particulièrement virulent dans sa demande de révision de son procès de
presse.
2319
Interview d’Alexandre Catherine dans Lorient Hebdo n°76 et 77 (semaines du 14 et du 21
septembre 1974), pages 12 à 14.
Mais, faut-il ne retenir que cet épilogue un peu trouble pour cerner la personnalité de
ce bouillant personnage de la vie lorientaise ?
Le journal traite à chaud l’événementiel national et local, et il est rare que des
chroniques de fond abordent les problèmes de société. Il évoque la vie politique sans
s’engager dans ses propos et traite les sujets sensibles sous forme de revue de presse.
2420
Coisel (N), Bibliographie de la presse française politique et d’information générale 1865 - 1944 /
56 Morbihan, Paris, Bibliothèque Nationale, 1977.
Le journal lorientais souhaite s’inscrire dans une démarche complétant l’éducation
des citoyens, diffusant l’information à tous, non plus réservée à l’élite. Attachée à la notion de
quatrième pouvoir, la rédaction du Nouvelliste se réfère à la déontologie des journalistes, à
leurs droits et à leurs devoirs envers la société.
Les journaux d’opinion qui ont une grande influence dans le débat idéologique sous la
Troisième République visent un public restreint. Le lectorat populaire préfère se référer à un
journal généraliste, qui présente une revue de presse relatant les débats politiques et l’avis de
l’opinion publique. Le Nouvelliste s’inspire de ce constat.
Le Nouvelliste est une entreprise de presse qui souhaite réussir et être diffusée auprès
d’un large public. Il va donc utiliser les ficelles des journaux populaires d’information, rédiger
des articles faciles à lire, sur des sujets qui touchent le plus grand nombre, adopter un prix
plancher. Les progrès de la presse répondent à une soif de lire des populations, résultat du
développement de l’instruction publique.
La formule d’un journal départemental d’information indépendant des partis semble
réussir, le Nouvelliste trouve son équilibre financier, par ses ventes. Sa popularité attire les
annonceurs, les insertions publicitaires compensent la faible marge bénéficiaire du prix de
l’exemplaire. Le journal s’inscrit dans la logique de presse initiée par Emile Girardin.
2521
sous la législature du Cartel des Gauches
Cette formule déontologique fonctionne en adéquation avec une logique commerciale
aboutissant à une domination du Nouvelliste à Lorient. Bien qu’il rejette l’étiquette de
mercantile, force est de constater qu’il devient une entreprise de presse solidement implantée
au niveau départemental.
Cette ligne directrice hors des partis doit être confrontée à l’épreuve du siècle. Est-ce
que cette philosophie politique originellement proche des orléanistes va respecter son
impartialité affichée tout au long de l’existence du Nouvelliste ?
A propos des élections législatives de septembre 1893 Le Nouvelliste fait une revue
des journaux morbihannais en citant les différentes prises de position de chacun sans que lui
s’engage.
Les conflits sociaux sont couverts par le Nouvelliste, notamment quant il y a émeute.
C’est particulièrement le cas en août 1903, lors des grèves des ouvriers-paysans des Forges
d’Hennebont.
L’année suivante, le 2 juin 1904, le journal titre : « Graves incidents – bris et
incendie / L’Anarchie se dessine ». Après deux mois de grève, une manifestation d’ouvriers
menuisiers, charpentiers et maçons se terminait violemment à Lorient, par l’incendie du
chantier Moreau. Les propos du Nouvelliste à ce sujet étaient ceux d’un journal modéré,
relatant ces événements en déplorant les dégâts causés, mais sans enflammer les passions.
Toutefois cette impartialité politique ne l’empêche pas de prendre des positions pour
défendre Lorient. Le 22 janvier 1920, il publie une lettre ouverte au Ministre de la Marine, à
propos de la question du port militaire de Lorient et du démantèlement de l’arsenal.
Son engagement dans la vie économique de l’époque lui vaut en 1925, la Médaille
d’Honneur de la Ligue Maritime et Coloniale.
Au mois de mai 1925, après la victoire du bloc des gauches aux élections municipales
à Lorient, il est à remarquer que plusieurs collaborateurs du Nouvelliste ont été élus sur cette
liste. Les noms de Le Bourgo (1er adjoint), Svob (socialiste unifié, Maire de Lorient), le Dr
Roux et Brangoulo.
Le Nouvelliste apporte dans son numéro du 4 mai 1928 un témoignage intéressant sur
la vie politique dans le Morbihan. Dans un article intitulé « Coup d’œil rétrospectif sur les
élections morbihannaises » il nous donne l’ensemble des résultats des élections législatives de
toutes les circonscriptions du Morbihan de 1881 à 1928.
En 1929, Alexandre Cathrine fils est à la tête du journal depuis 9 ans. A l’occasion des
élections municipales du mois de mai le Nouvelliste se félicite d’avoir « coopéré à
l’éducation civique des citoyens en mettant sous leurs yeux tous les documents de nature à les
éclairer et à leur permettre de se faire eux-mêmes une opinion personnelle sur les questions
débattues. »
Le Nouvelliste se dit « républicain et démocrate », il souhaite « une République
Démocratique et Populaire », il s’en remet à la souveraineté du peuple et au verdict des
suffrages.
En 1935 Le Nouvelliste déroge à son impartialité politique le 1er mai 1935 en faisant
l’éloge de la municipalité sortante : « L’œuvre féconde de la municipalité Jules Le Grand. Le
chapeau de l’article est sans ambiguïté : « Un souci de l’intérêt des lorientais – Une gestion
sage et prudente des finances de la ville – Des réalisations sociales bienfaisantes – Des
travaux d’urbanisme d’une importance considérable – Une sollicitude agissante à l’égard de
nos sociétés sportives, telle est en résumé l’œuvre de la municipalité sortante. »
Jules Le Grand avait été élu en 1929 à la tête de la liste de la Fédération Républicaine,
Radicale et Radicale-Socialiste. En 1935, il se retire du jeu politique local.
Si l’intérêt du Nouvelliste reste mineur dans le champ politique, en général, c’est avant
tout sur le terrain de la proximité que le journal prend sa consistance.
Dès l’origine il s’annonce Journal des intérêts du département, diffusant les arrêtés
administratifs territoriaux et les nominations dans les différents corps de l’Etat et du clergé.
Journal des faits locaux, il relate les faits divers, informe sur l’état civil et les comptes
rendus des tribunaux.
Journal maritime, agricole, industriel et commercial, il annonce les nominations et
les arrêtés concernant la marine marchande et le mouvement des ports, les cours des céréales,
le résultat des concours et des comices, les adjudications du département.
Il se veut également littéraire et récréatif, publiant en feuilleton les romanciers en
vogue. Il se présente enfin comme un organe de publicité efficace.
Le Nouvelliste propose une synthèse des informations nationales. Il donne les prises de
position des journaux parisiens, et diffuse les nouvelles internationales des agences de presse.
Les éléments qu’il communique dans tous les détails sont les nouvelles de proximité.
La rédaction rassemble les informations de la journée. Les faits d’importance locale et les
nouvelles relatives aux différentes communes du Morbihan, et plus particulièrement à Lorient,
sont la matière première privilégiée.
Le Nouvelliste du Morbihan est plus qu’une simple raison sociale. Son esprit est à
chercher dans la richesse du monde éditorial à Lorient sous la Troisième République. La vie
de la presse locale est foisonnante, éditeurs imprimeurs répondent à la demande d’un lectorat
en développement.
A Lorient les ouvriers, employés, commerçants, militaires, et les marins en tout genre
font une ville jeune, à la population active, renouvelée en partie par la rotation des effectifs et
des fonctionnaires. L’agglomération est une zone urbaine attractive pour la campagne
environnante, un bassin d’emploi intégré dans un réseau de villes moyennes côtières et
intérieures.
Sous la Troisième République Lorient n’a rien à voir avec un gros bourg rural. C’est
une ville dont l’extension portuaire force la mutation.
La vie de la cité n’est pas figée par le poids ou le pouvoir d’une bourgeoisie
sclérosante; la vie culturelle, sociale et politique y est active, les esprits sont ouverts, c’est un
terreau idéal pour la presse locale.
Entre les deux guerres Le Nouvelliste, qui paraît quotidiennement le soir, se veut
comme « une lettre intime que les Lorientais écrivent aux Lorientais pour leur donner des
nouvelles de leur quartier, des nouvelles des membres de leur famille, des nouvelles de leurs
amis et de leurs compatriotes, et aussi donner des avis et des conseils susceptibles de les
renseigner et de les guider dans leurs activités de chaque jour ? »
Journal populaire local et généraliste, il est une chronique fidèle de ce qui a composé
la vie de la cité et des ports de Lorient. La vie urbaine qui est évoquée dans ces 58 années a
disparu. L’agglomération reconstruite après la guerre a perdu la quasi-totalité de son
patrimoine architectural civil, des pans entiers de sa mémoire culturelle sont partis en fumée.
Toute la richesse de la vie éditoriale d’avant-guerre a été effacée.
Après avoir très succinctement évoqué les grands traits de caractère qui ont animé la
ligne éditoriale du journal, voyons quelles formes a pris cet organe de presse au fil du temps.
1 – 3 L’HISTOIRE MATÉRIELLE DU NOUVELLISTE
Le journal paraît dans un premier temps sur un petit format à 4 colonnes. Il s’élargit à
5 colonnes en août 1893, puis passe à 6 le 19 octobre 1899. Le Nouvelliste est tiré sur 4 pages
jusqu’au mois d’août 1914. Pendant la guerre il paraît généralement sur 2 pages.
En 1921 il reprend progressivement sa forme à 4 pages. A partir de mars 1926 il est
publié sous un format plus réduit, sur 6 à 8 pages (voire plus pour certains numéros, 12 à 16
pages). Il conserve cette formule jusqu’à l’occupation en 1940.
Le parcours du Nouvelliste
Le lancement du journal
Le premier numéro qui paraît le jeudi 30 décembre 1886 est confectionné le 26 et 27.
Il est imprimé le 28 par l’Imprimerie Lorientaise ; l’ancienne imprimerie du Courrier de
Bretagne dont le gérant est A. Guyomar.
Durant les années qui suivent le journal garde la même forme, les pages intérieures
s’étoffent avec l’ensemble des éléments ayant trait à la vie locale et aux faits divers le
feuilleton et les rubriques « Variétés, Chronique lorientaise », « Marine ».
La dernière page est toujours réservée à la publicité.
Journal grand public, il doit répondre dans la forme et le fond à la demande de son
lectorat, s'il ne veut pas fléchir face à la concurrence. Le matériel et les ateliers servant à la
fabrication du journal vont changer en fonction de la montée en puissance du titre.
En 1892, Le Nouvelliste a déménagé de ses ateliers trop exigus du 100 rue du Port27, il
s’est s’installé dans un immeuble 93 rue du Port ; ce n°93 est devenu par la suite le n° 87.
2722
Dans ce bâtiment en 1926 se trouvait le café Victor-Massé. En 1936, il porte l’enseigne de La
Cigale Bar : un buste de Gutenberg marquait le souvenir de son ancienne destination.
Le succès du Nouvelliste se confirme, il étoffe son contenu, le 6 août 1893, il
augmente son format. Il est imprimé sur des feuilles de 53 x 40 cm, sur quatre pages à cinq
colonnes. L’intitulé du journal est modifié pour devenir Journal d’information –Feuille
d’annonces Judiciaires et Commerciales. Mais, une baisse sensible de la qualité du papier est
à noter, et de nombreux défauts d’impressions sont relevés. Au niveau de la présentation
générale, la mise en page est plus tassée et le titrage reste minimaliste.
La progression des ventes du Nouvelliste est constante. De 1000 puis 2000 en 1887, le
tirage monte à 5000, 6000, puis 10 000 exemplaires.
Le jeudi 19 octobre 1899 le format change à nouveau. Il est publié toujours sur quatre
pages, mais sur 6 colonnes ; le tirage passe à 15 000 exemplaires ; il atteint 20 000 après
1900.
Le Nouvelliste agrandi offre plus de contenu au détriment d’une mise en page dense.
Les rubriques s’étoffent.
En première page « Au jour le jour » est une rubrique qui reprend les informations nationales
et internationales, ainsi que les faits divers. La « Chronique locale » diffuse les nouvelles
concernant Lorient, notamment dans les domaines de la vie politique, économique, sociale,
culturelle et tout ce qui compose le quotidien. Le feuilleton est placé en bas de page.
En page deux, la « Chronique locale » continue puis cède la place, aux « Dépêches du
jour » (les dernières nouvelles), puis à la « Chronique départementale ». Cette rubrique donne
les informations générales du Morbihan et les renseignements utiles (horaires des marées,
foires…).
Les nouvelles concernant les villes du département s’étalent sur les deux pages
intérieures, de Ploemeur à Malestroit. En dernière page se trouvent la publicité, les annonces
légales et celles des particuliers.
Le journal sort le lundi soir, daté du mardi, le mercredi soir, daté du jeudi et le
vendredi soir, daté du dimanche. Des agrandissements et une modernisation du matériel sont
nécessaires, les ateliers sont installés dans un immeuble 18 place Bisson à Lorient.
Paraissant trois fois la semaine le tirage au numéro baisse quelque peu. Il faiblit à
peine une année pour se rétablir à 20 000, passant de 40 à 60 000 journaux par semaine.
Le Nouvelliste du Morbihan est devenu au fil des ans un pavé indigeste à la mise en
page étouffée.
Sur six colonnes les articles se suivent sans aération.. La taille des caractères d’imprimerie a
été réduite. En réaction à cette dérive le 1er janvier 1914 le Nouvelliste du Morbihan annonce
son intention de produire pour le printemps « le journal de la famille tri-hebdomadaire à 6 et
8 pages, dans le format à six colonnes des journaux de Paris ». Cette intention de proposer un
contenu plus équilibré disposant d'une mise en page plus agréable se conjugue avec
l’acquisition de nouvelles machines d’imprimerie.
Pendant la guerre le tirage du Nouvelliste est désormais quotidien. Les nouvelles locales sont
réduites ou absentes au profit des informations plus générales et des nouvelles de la guerre,
sous le contrôle de la censure.
2823
Cette photographie de 6 sur 8 cm, paraît sur une colonne ; elle nous montre Fortuné Guézel,
quartier-maître mécanicien de Quiberon, mort dans le naufrage du sous-marin Lutin à Bizerte le 16
octobre 1906.
Le journal malgré les difficultés met un point d’honneur à paraître régulièrement,
s’attachant à donner au jour le jour les nouvelles de tous les fronts sur lesquels se battent les
morbihannais.
Cette parution sous trois titres différents permet à Alexandre Cathrine de contourner la
réglementation régissant la consommation de papier journal. Il réussit ainsi à perpétuer un
tirage quotidien déguisé.
Des explications sont fournies par le journal lui-même sur ce subterfuge. Le vendredi
09 avril 1920, dans la Chronique locale, il est écrit : « Après avoir géré les intérêts généraux
de la presse et assuré la répartition du papier journal, depuis plus de deux ans, l’«Office
national de la presse » vient de disparaître…Ses décisions, pendant qu’il fonctionnait avaient
force de loi…Lors de l’augmentation du prix des journaux, afin de maintenir le principe du
journal à un sou, nos lecteurs savent que le Nouvelliste du Morbihan fit paraître
alternativement, Le Nouvelliste de Lorient et L’Ouest Maritime…A la suite de la réunion
d’hier mercredi, l’«Office » ayant vécu, les décrets sur la presse sont de fait abrogés. Les
journaux redevenus libres pourront paraître sur le nombre de pages et au prix qui leur
plaira, à la condition que le papier ne manque pas…Aussi le Nouvelliste du Morbihan
2924
Ernest Bion, contremaître typographe au Nouvelliste depuis sa fondation, président honoraire de la
Société de Secours Mutuels L’Industrielle (fondée par Charles Cathrine), décoré de la Médaille du
Travail.
reprend t’il dès aujourd’hui son titre si connu dans le Morbihan et si apprécié par nos
concitoyens depuis trente-quatre ans. »
Après la prise en main du journal par Alexandre Cathrine, fils, en novembre 1920, une
certaine évolution se fait sentir dans la présentation, le titrage est moins minimaliste. Des
illustrations sont ajoutées en première page (dessin, cartes), mais globalement la lisibilité reste
peu attractive. La présentation doit évoluer vers un journal plus agréable à la lecture, s’il veut
maintenir son succès, face aux autres journaux qui modernisent leur mise en page.
La première page relate les informations nationales et internationales, avec les faits
divers nationaux. La deuxième est consacrée à Lorient. La troisième est pour Vannes, les
diverses informations concernant le Morbihan (la zone sud morbihannaise en général Vannes,
Auray, Hennebont, Lochrist, Plouay, Languidic…), on y évoque aussi les environs de Lorient,
les nouvelles régionales, le sport dans le Morbihan, le théâtre, le chant, la musique, les
syndicats et société, la rubrique des pertes et trouvailles, l’état civil de Lorient et de
l’arrondissement. Les annonces et la publicité restent sur la quatrième page.
Mais il faut attendre l’automne 1921 pour trouver un journal dont la présentation devient plus
claire et plus aérée ; les articles sont titrés, et sous-titrés lisiblement, il y a même des chapeaux
notamment pour les informations internationales, quelques illustrations égayent l’ensemble,
mais les photographies restent assez rares.
Evolution de la mise en page 1922 -1936
Le Nouvelliste du Morbihan au début des années 1920 étend son influence hors de
Lorient. Il fonde deux bihebdomadaires, l’Ouest Républicain et l’Eclair du Finistère.
L’Ouest Républicain est créé en 1919 et l’Eclair du Finistère en 1923. Ces deux
journaux d’information dans le ton du Nouvelliste visent les populations rurales, côtières et
urbaines du sud de la Bretagne. Ils paraissent jusqu’en 1942.
Dans le premier numéro on peut lire : « …Le Nouvelliste franchit aujourd’hui une
nouvelle étape en créant son Supplément illustré. Ses lecteurs y trouveront de semaine en
semaine, la reproduction photographique des principaux événements locaux et régionaux ; ils
y trouveront les portraits des personnalités lorientaises et morbihannaises ; les informations
de la semaine seront ainsi complétées par les documents photographiques se rapportant aux
évènements récents. Le Supplément comprendra également une partie littéraire et
humoristique très soignée, de nombreuses distractions et jeux d’esprit.
Toutes les mesures ont été prises pour que l’exécution parfaite de la partie
photographique fasse du Nouvelliste-Illustré un document précieux pour la vie locale et
régionale, document que l’on aura plaisir et intérêt à conserver… »
Les années trente : vers un journal moderne
Le 26 septembre 1929, le titre du Nouvelliste change une dernière fois pour devenir Le
Nouvelliste du Morbihan – Quotidien Républicain – Feuille d’Annonce Judiciaires et
Commerciales
Dans les années trente la présentation du journal est devenue plus claire. Titres,
illustrations, mise en page aérée, publicités disséminées à chaque page font du Nouvelliste un
journal moderne.
Et la guerre arriva…
Fin juin 1940, après la débâcle, le journal continue à paraître régulièrement, soutenu
en cela par l’organisation de propagande allemande. A partir de 1943, et son déménagement à
Vannes, le format du journal change et sa pagination est réduite en 1944 à deux feuillets de 32
x 26 cm. Le journal disparaît en août 1944 dans l’effervescence de la Libération.
La rédaction du journal
L’équipe rédactionnelle.
Les chefs des agences hors Lorient sont messieurs Régnier pour Vannes, Rouyer pour
Quimperlé et Sevette pour Pontivy.
3025
Renan Saïb, pseudonyme d'André Degoul, conservateur de la bibliothèque municipale de Lorient
de 1933 à 1939. Après le décès d'Alexandre Cathrine, père, en 1920, il est rédacteur en chef du
Nouvelliste jusqu'en 1923.( voir l'article sur A. Degoul dans le Nouvelliste du 14/12/1932 et sa
biographie dans Un siècle de journalisme breton de Lucien Raoult)
Le journal du soir démarre quotidiennement (sauf le dimanche) dès 7 heures. C’est le
moment de la première réunion de rédaction.
1926
La matière essentielle du journal, les nouvelle locales sont fournies par les reporters ou
chroniqueurs. Ils couvrent au plus près tout ce qui se passe à Lorient.
Les journalistes sont répartis par catégories d'information, marine, faits divers, sport
ou par zones territoriales, les quartiers de Lorient et les cantons d'arrondissement. Disposant
parfois d’une automobile, ils couvrent l’actualité de leur secteur « le calepin à la main et la
montre en poche. »
Une équipe de chroniqueurs, se fait l’écho de la vie de l’agglomération lorientaise.
D’autres chroniqueurs relatent les faits se déroulant à Paris, Brest, Toulon, Cherbourg,
Rochefort.
Les informations générales concernant la France, les colonies et le reste du monde
proviennent des agences de presse françaises et étrangères ou de correspondants. Le
Nouvelliste reste en contact avec toutes les régions du globe 24 h sur 24.
1936
Les nouvelles s’accumulent sans hiérarchisation. Un tri est réalisé au fur et à mesure.
Les informations sont classées chronologiquement, et par un ordre d'importance.
Dans un deuxième temps l'accent est mis sur chacune d'elles et un titre est choisi ; il
est plus ou moins apparent, selon la hiérarchisation de l'information.
Un des soucis affichés du Nouvelliste est la véracité. La rapidité de transmission des
informations, dès cette époque, nuit souvent à la précision de celles-ci, et parfois les démentis
succèdent aux communiqués. En règle générale, un recoupement des nouvelles et le contrôle
de la source est opéré. La rédaction opère une confrontation entre les nouvelles des feuilles
d'agence, les plis spéciaux, télégraphes ou appels téléphoniques de ses correspondants, les
« hors sac » avec ce qui a déjà été imprimé au cours de la nuit par les divers journaux du
matin.
Après cette première sélection, les informations sont mises en ordre, intégrant les
nouvelles qui lui arrivent tout au long de la journée, et les précisions de dernière minute, les
échos de la vie parlementaire, des informations de l’étranger, les cotations de la bourse, les
résultats sportifs.
Au cours des heures de la matinée arrivent les comptes-rendus des rédacteurs locaux :
faits divers, tribunal correctionnel, conseil de guerre, conférences, concerts, nouvelles du Port
et de l'arsenal.
Vers midi, la rédaction fait le point en intégrant les informations des correspondants de
Paris et des divers arrondissements maritimes. Un filtrage et une hiérarchisation de l'actualité
sont opérés de façon à bien doser ce qui va remplir les colonnes du journal ; choix forcément
arbitraire.
Les feuilles de copie préparées sont passées à l’imprimerie, entre les mains du metteur
en page, chef de l'atelier de composition.
L'imprimerie du journal.
L’imprimerie du Nouvelliste.
Outre le journal l’imprimerie du Nouvelliste propose ses services aux particuliers, aux
professionnels et aux administrations. Elle fournit des imprimés pour le commerce, des cartes
de visite, des travaux pour les administrations, des affiches de tous formats….
Le journal qui paraît le 30 décembre 1886 est publié en petit format de quatre
colonnes. Les débuts sont assez difficiles, le Nouvelliste est imprimé sur une machine à un
cylindre qui peut tirer 800 exemplaires à l’heure.
En août 1893 le Nouvelliste évolue, le format est agrandi, l'impression se fait sur 5
colonnes. Il est tiré sur une nouvelle machine, une presse Marinoni, qui donne 3 600 numéros
à l’heure. Le tirage commence à 17 heures et ne se termine pas avant 21 heures. Les ateliers
disposent quelques mois plus tard d’une machine à réaction à 2 cylindres.
1926
La première rotative
Le Nouvelliste est remis plié en huit aux dépositaires, de manière à ce que le lecteur
puisse lire le Nouvelliste grand format, sans avoir à déployer une grande feuille. Pour lire le
Nouvelliste de sa première page à la quatrième, il suffit de quatre mouvements, alors qu'un
journal plié selon l'ancienne méthode exigeait, pour être lu avec la même commodité douze
ou quinze pliages et dépliages successifs.
Les machines linotypes du modèle en service au journal ont été construites par la
Mergenthaler31 Linotype Company de New York, représenté par la Société Linotype
Française de Paris. La machine linotype compose et fond automatiquement les caractères
typographiques par clichés de lignes entières. Les machines habituellement en service sont à
deux et trois magasins, ce qui permet, à l'aide d'un coup de levier, de passer d'un caractère à
l'autre en changeant le jeu de matrices. Les sous-titres sont composés à la machine. Les titres
seuls, comme d'ailleurs les annonces, restent composés à la main.
Ces machines permettent un gain réel de productivité. Les lignes tombent à la vitesse
maximale de 7 000 caractères typographiques à l'heure par machine. Les linotypes permettent,
s'il le faut, de publier le même jour, à cinq heures du soir, les événements qui se passent
jusqu'à une heure avant.
Au lendemain de la guerre, trois nouvelles linotypes viennent constituer avec les deux
premières un groupe capable de répondre à toutes les exigences. L'évolution matérielle est le
31
Horloger d'origine allemande installé aux Etats Unis - modèle mis au point définitivement en 1891.
reflet de l’importance économique du groupe de « Presse de Basse Bretagne », en 1936
s'alignent, devant les marbres 10 linotypes, dont deux à chauffage électrique.
La reproduction photographique
Le Français Emile Baudot met au point le premier télescripteur. Si le texte peut être
transmis par ce système il faut attendre le début du vingtième siècle pour faire passer les
images par le canal des signaux électriques. En 1907, le Français Edouard Belin crée un
appareil qui permet par ses signaux analogiques de transmettre des photos à distance, il s’agit
du bélinographe. Son premier essai se fait sur la ligne Paris-Lyon-Bordeaux. Le transmetteur
portatif entre en service en 1913, le premier reportage photographique est transmis de Lyon à
Paris en 1914. Les Etats-Unis sont joints en 1920. En août 1921 le premier bélinogramme par
radio est expédié de la station américaine d’Annapolis vers les laboratoires de Malmaison.
L’utilisation des ondes hertziennes permet une diffusion tout azimut du texte et des images.
En 1926 la rotative Marinoni de 1914 est remplacée par une puissante machine
pouvant imprimer jusqu’à 36 000 journaux à l’heure, en plusieurs couleurs, sur 16 pages
illustrées.
Construite par la société Winkler-Fallert à Berne (Suisse), elle est montée en janvier
1926 dans les ateliers de la place Bisson, à Lorient. L’imprimerie du Nouvelliste est la
première en France à recevoir ce modèle.
Le quotidien du soir prend une nouvelle envergure. Le journal s’est installé dans de
nouveaux locaux plus vastes et a été doté de matériel très performant. La manière de travailler
a changé, les imprimeurs se sont adaptés à leurs machines neuves.
L’évolution du travail
Chaque ouvrier linotypiste compose la copie qui lui a été confiée et porte l'ensemble
des lignes composées sur un marbre.
Un ouvrier typographe habille cette composition, lui confectionne à la main le titre qui
manque, lui donne les interlignes nécessaires pour que le titre ne paraisse ni trop blanc ni trop
écrasé et la place sur un étroit et long plateau de métal, appelé la galée.
Ces caractères sont encrés à l'aide d'un petit rouleau, puis une feuille est imprimée afin
d'en faire une épreuve.
Epreuve et copie passent sur le bureau des correcteurs, tandis que la composition passe
sur le marbre du metteur en page.
L’épreuve est alors soumise à une correction rapide, parfois se glissent quelques
coquilles.
Le metteur en page coiffe le paquet d'un titre, puis bourre vivement les six colonnes
qui sont enfermées parallèlement dans le châssis sur le marbre, une table de métal poli ; elles
sont rapidement justifiées.
A ce moment une dernière épreuve est prise, c’est la morasse ; elle est vérifiée, la
page est prête.
Le metteur en page a pris les paquets de composition et les a alignés par page, classés
et mis dans les formes. Ces cadres doivent recevoir la matière pour chaque page. Remplis de
texte, ils pèsent à peu près 80 kilos.
Une fois en possession de la forme que vient de lui remettre le metteur en pages, le
clicheur en prend l'empreinte en creux sur le flan, au moyen d'une puissante presse à mouler32.
Un séchoir électrique durcit le flan.
L'empreinte est mise dans un moule cylindrique destiné à recevoir la coulée de métal,
alliage de plomb 84 %, antimoine 14 %, étain 2 %, maintenu en fusion dans un grand creuset
électrique. Ce métal reproduit donc exactement sous une forme semi-cylindrique, l'empreinte
que le flan a prise de la forme : c'est le cliché.
Retiré du moule, des échoppeurs le saisissent à l'aide de morceaux de cuir, et avec des
ciseaux et des maillets, ils enlèvent les bavures produites par les équerres du moule.
Le cliché passe ensuite dans un compresseur qui égalise son épaisseur. On l'arrose
pour le refroidir, on le brosse et on le passe aux rotativistes qui le fixent à sa place sur les
cylindres de la machine.
32
pressions atteignant 500 tonnes
Les rotatives sont lancées.
Le demi-cylindre de plomb du cliché est fixé sur l'un des nombreux rouleaux de la
rotative. Deux de ces demi-cylindres enveloppent complètement le rouleau dont ils forment
l'écorce.
Le cliché ainsi terminé est fixé sur les cylindres de la rotative, il en faut deux par pages
; la machine est prête à rouler.
Ce rouleau avec les deux clichés se met à tourner. D'un côté, il roule appuyé contre un
rouleau d'encre, de l'autre il serre le papier qui glisse à travers les deux cylindres de la
rotative.
Les rotatives sont alors lancées. Les journaux sortent, coupés, collés et comptés par
paquet de 50. Ils sortent prêts à être vendus, à la vitesse de 500 à la minute, 30 000 à l'heure33.
Les volumineuses bobines de papier sont absorbées en quelques minutes.
Le pliage varie selon la destination du journal. Ainsi les numéros devant être livrés
aux kiosques sont simplement pliés en deux dans le sens de la largeur, tandis que ceux
destinés à la mise sous bande et au service des abonnés sont pliés en quatre. Il est possible,
sans interrompre le tirage, de modifier le mode de pliage.
Le papier journal
Le papier servant au Nouvelliste arrive par bateaux, qui débarquent sur les quais de
Lorient. Le chargement de papier est entreposé immédiatement dans des hangars aménagés
pour cet usage.
Le papier journal est enroulé en bobines dont le poids varie de 175 à 300 kilos. A titre
d’anecdote, un chroniqueur estime en 1936 que tirage annuel du Nouvelliste déroulé bout à
bout représente un ruban de 40 000 kilomètres.
3326
Les rotatives des journaux nationaux à la même époque sont capables de tirer 100 à 120 000
exemplaires, collés, pliés et comptés par paquets.
La distribution du Nouvelliste
Tirage du Nouvelliste.
En 1898, le Nouvelliste paraissant trois fois par semaine tire à 25 000 exemplaires.
Dans ses colonnes il revendique 50 000 lecteurs par tirage.
Le dépôt légal était adressé par la poste, en quatre exemplaires à Monsieur le Préfet
du Morbihan, à la régie du dépôt légal, 1er division, Vannes.
La vente du journal
Aux alentours de 1900, après avoir gagné son lectorat dans l’agglomération
lorientaise, le Nouvelliste cherche à se diffuser d’une façon plus soutenue dans les campagnes
et les bourgs. Il propose l’abonnement au journal comme un investissement rentable sous
plusieurs aspects. Les petites annonces sont présentées comme autant d’opportunités de
réaliser de bonnes affaires. Les cours des produits agricoles permettent de vendre et d’acheter
au bon prix. Le journal est présenté comme un élément éducatif permettant à ceux qui ont été
à l’école de ne pas sombrer dans l’illettrisme. Enfin, source d’information, il apporte la
connaissance indispensable pour ne pas se faire rouler par « crédulité et ignorance ».
« …Donc chers lecteurs, abonnez-vous au Nouvelliste ! Que chaque localité, chaque
bourg, chaque village ait son Nouvelliste ! Pour les gens dont la bourse est petite, toute
petite, qu’ils se mettent dans le même village, à deux à trois, pour payer un abonnement :
cela ne fera jamais que l’argent d’une chopine de cidre une moins par semaine !… »
Question de prix.
L’abonnement annuel est, pour le Morbihan, à 7 francs en 1887, à 5,50 francs en 1893,
à 7 francs en 1905, à 25 francs en 1922 et à 60 francs en 1930.
A la fin de la Première Guerre mondiale, à partir de juin 1918, le prix change selon le
titre et le jour de distribution :
-le dimanche, Le Nouvelliste du Morbihan est à 5 centimes,
- le mardi L’Ouest Maritime est à 10 centimes,
- le mercredi Le Nouvelliste de Lorient est à 10 centimes,
- le jeudi Le Nouvelliste du Morbihan est à 10 centimes,
- le vendredi L’Ouest Maritime est à 5 centimes,
- le samedi Le Nouvelliste de Lorient est à 5 centimes.
En avril 1924, il est à 15 centimes. La raison invoquée est la hausse du prix des
matières premières et l’augmentation des frais généraux. En 1926, il monte à 20 centimes,
puis en juillet à 25 centimes.
A la sortie de la rotative, les exemplaires tirés vont vers le service des ventes et celui
des expéditions
Les journaux destinés à l'expédition sont pris en charge par les plieurs. Ils mettent sous
bande ceux qui sont destinés aux abonnés et préparent rapidement les exemplaires réservés
aux correspondants des diverses communes du Morbihan.
Le service des départs s’active pour ne pas manquer l’heure de la poste, ni le départ
des trains pour Auray, Vannes, Questembert, Malestroit-Ploermel, Auray-Pontivy, Queven,
Pont-Scorff, Plouay, Le Faouët, Gourin, Quimperlé, Bannalec, Rosporden, Quimper, etc.…
Ce service dispose lui aussi, de sa machinerie, une adressotype, qui coupe, compte et
imprime mécaniquement les bandes d’envoi et les listes d’adresses.
Les abonnés du Nouvelliste sont servis par un service spécial qui assure le routage des
journaux. Le Nouvelliste est diffusé à l’étranger et dans les colonies par la poste aérienne et
les longs-courriers océaniques.
Les vendeurs prennent en charge leur provision, trois ou quatre cents numéros, puis
ils partent à travers l’agglomération lorientaise et vont porter leur papier de Port Louis à
Keryado, de Lanester à Ploemeur, aux milliers de lecteurs qui attendent impatiemment leur
journal.
Les premières années du Nouvelliste le journal se vendait beaucoup par des crieurs.
Le premier juin 1893, Johël d’Armor publiait un article à propos des crieurs de
journaux. Il évoque les annonces faites, le boniment : « Y a un chien écrasé ! Y a un homme
tombé dans le bassin ! Et puis y a encore une voiture qu’a chaviré… ».
Il regrette que cet usage ait été réduit depuis 1889 par la municipalité, « puisque
défense est faite aux vendeurs des publications lorientaises de crier autres choses que le
titre, sous prétexte qu’ils troublent la paix publique, que cela forme de graves
inconvénients… »
En 1901, un article faisant la publicité du Clocher Breton (revue littéraire) nous donne
des points de vente du Nouvelliste. Ils sont situés, pour Lorient, à la papeterie du Nouvelliste,
93 rue du Port, à la librairie du Petit Journal, cours de la Bôve, au kiosque du Pont-tournant,
cours des Quais et de l’avenue Cottenseau, cours de Chazelles. A Vannes on le trouve au
bureau de tabac Mounic, rue des Douves du Port, à Quimperlé à la librairie Terrier.
Le Nouvelliste est mis en vente tous les soirs à Lorient. Le journal, en mars 1926
publie la liste de ses points de vente.
Quartier de Kerentrech Quartier de Nouvelle-Ville
Kiosque à Calvin Kiosque rue Carnot
Kiosque place de l’Yser Tabac 73, rue Carnot
Kiosque cours Chazelles (angle rue Beauvais) Epicerie rue La Bourdonnais
Kiosque cours Chazelles (angle rue du Tabac 16, rue de Carnel
Cimetière)
Kiosque cours Chazelles (angle rue Georges Epicerie 11, rue de Carnel
Collier
Kiosque cours Chazelles (angle place du Tabac à Kergroise
Morbihan)
Epicerie avenue de la Marne
Commune de Larmor
Boulangerie Philippe
Services de l’administration 1936.
Il est important de pouvoir évaluer la zone d’influence du Nouvelliste. Cet intérêt est
double, jauger la pénétration du journal dans la région et estimer l’intérêt que peuvent trouver
des annonceurs à publier leur publicité dans ce média. N’oublions pas que le journal est
financé en partie par ce système.
Les premières années les zones géographiques locales évoquées dans les pages du
Nouvelliste, hormis Lorient et sa région, s’étendent sur l’ensemble des arrondissements du
Morbihan selon les rubriques et l’actualité.
Le proche Finistère, Quimperlé, n’est évoqué qu’à l’occasion du Pardon des Oiseaux,
en forêt de Carnoët (fête fréquentée par de nombreux Lorientais).
Dans les années vingt, la zone d’influence du Nouvelliste est complétée par celle de
l’Ouest Républicain et par L’Eclair du Finistère. Ces deux titres revendiquant 35 000 familles
rurales abonnées dans le Morbihan et dans le Finistère.
C’est ce qui donne à notre journal, ainsi qu’à ses frères cadets l’ Ouest Républicain et
l’Eclair du Finistère, une influence considérable et fait de leur publicité la meilleure,
incontestablement, de toute la Basse-Bretagne, cette région riche et en plein essor
économique, où le goût de l’outillage et du confortable se développe constamment, que
peuplent 800 000 habitants et où chaque année un million de touristes passent ou séjournent.
La valeur de notre publicité est constatée tous les jours par les commerçants de notre
région et par le grand public lui-même.
Que l’on songe à l’importance de la région dans laquelle nos journaux sont lus – une
des rares en France où la population soit en augmentation constante – et où on se rend
compte de l’intérêt qu’il présente pour tout homme d’affaire.
Le Nouvelliste dans les années 30, occupe, au centre de Lorient, trois immeubles qui
vont du 18 de la place Bisson au 6 de la rue Bodélio.
Sur la place Bisson s’ouvrent la salle des dépêches, les guichets des abonnements, des
petites annonces et de l’imprimerie. Au milieu des années vingt, trois postes de radio sont
installés dans la salle des dépêches pour y donner des auditions publiques des émissions de
Paris, Londres, Toulouse, Barcelone, etc…
Au 6 rue Bodélio le rez-de-chaussée est occupé par le service des ventes et le bureau
des correcteurs. Au premier se trouvent le salon de réception et les bureaux de la publicité.
L’espace situé entre ces trois immeubles, les Halles et la Caisse d’Epargne, est occupé
par les services commerciaux, la comptabilité, l’imprimerie, l’atelier des linotypes, les
rotatives, le service des départs, etc…
L’ensemble des services est relié par téléphone. Les communications du Nouvelliste
avec l’extérieur sont assurées par un standard.
Aux 9 et 11 rue Bodélio sont les garages et les hangars contenant les réserves de
papier.
Aux étages de ces différents immeubles se trouvent les logements d’une bonne partie
du personnel.
Visite des ateliers et vie associative
Les personnes qui désirent visiter les installations du Nouvelliste sont reçues le mardi
et le vendredi par un guide.
Le banquet annuel du Nouvelliste a lieu au mois de février, c’est une fête offerte par le
conseil d’administration du journal aux ouvriers et employés, ainsi qu’à leur famille.
L’histoire matérielle du Nouvelliste est une trame sur laquelle va se tisser au jour le
jour le récit de la vie lorientaise et morbihannaise rendue compte par le journal.
1 – 4 LE NOUVELLISTE DU MORBIHAN, REFLET DE LA MÉMOIRE COLLECTIVE D’UNE
VILLE.
Le Nouvelliste, c’est une évidence, est le miroir de la société qu’il informe. Il filtre et
pèse les événements à l’aune de la mentalité de son temps. Le journal présente ce qui est
censé avoir de l’importance aux yeux de ses contemporains. La collection du Nouvelliste,
longue mémoire du quotidien fixé numéro après numéro sur des milliers de pages, est un
patrimoine de l’écrit et une source historique de premier plan.
Au fil du temps qui passe, les informations transmises par cet organe de presse
présentent ce qui compose la vie au jour le jour, avec son ensemble hétéroclite de faits
majeurs et mineurs. Le Nouvelliste nous présente la chronique d’une cité disparue, celle du
Lorient d’avant 1943.
La crise lorientaise.
Le développement de Lorient.
A la fin du XIXe siècle Lorient étouffe dans son intra-muros. Ses faubourgs présentent
un caractère semi-rural et restent à distance, par un no man’s land, des limites de la place
militaire de Lorient.
Yan Carnel dans la Chronique lorientaise du 11 juillet 1889, titrée « Voyage au-dessus de
Lorient – Ascension de la Tour Saint-Louis » décrit Lorient : « A nos pieds enfin, au-dessous
de nous, la ville ! Ah mes amis, comme c’est laid ! sombres ! Quels affreux pâtés de maisons
inégales et sombres ! Quelles petites rues ! Et le port qu’il est petit !. »
Les évolutions de l’arsenal et des grands travaux urbains sont traitées, tels le 13 mars
1913 « la disparition de la cale couverte » ou la vente de lots à bâtir dans le quartier de
Nouvelle Ville (28 octobre 1913).
Le quotidien se fait l’écho des mutations économiques de Lorient, c’est ainsi que le 28
septembre 1926 il annonce la première foire exposition de Basse-Bretagne ouvrant ses portes
à Lorient.
Le 1er juin 1927 « Les grandes fêtes d’inauguration du port de pêche de Lorient-
Kéroman » sont annoncées. Le comité des fêtes du port a élaboré un ensemble de festivités
musicales et sportives lors de ses réunions à la brasserie de « L’Univers ». Les notabilités
locales, dont le maire, le secrétaire de la ligue Maritime et coloniale, des industriels, des
mareyeurs et le directeur du Nouvelliste participent à cette fête marquante pour l’évolution
socio-économique de Lorient.
Le 16 juillet 1927 le journal reproduit l’article sur le port de pêche rédigé par Robert-
Muller, professeur à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales, paru dans les Annales de
Géographie : « Le nouveau port de pêche de Lorient – Chalutage et charbon. ». Le slip-way
est réceptionné officiellement en janvier 1932 (14/01/1932).
Le port de Lorient en 1927
16 / 07 / 1927 – Le nouveau port de pêche de Lorient – chalutage et charbon
Le 16 novembre 1927, le journal lorientais, dans le cadre du plan d’embellissement de
la ville, publie un texte signé du « Redressement français » intitulé « Pour le plus grand
Lorient ». Ce document redéfinit le développement urbain de Lorient, notamment en ce qui
concerne l’emplacement du centre ville et le tracé des axes de circulation. Le plan de ce
nouveau Lorient ressemble à celui qui sera rebâti après guerre et le tracé des routes
périphériques est quasiment le même que celui mis en place bien plus tard.
La démographie.
Le Nouvelliste apporte régulièrement, au fil des recensements, des informations sur les
évolutions démographiques locales, départementales ou régionales.
Dans le journal du 27 mars 188734, la chronique départementale fournit les chiffres de
la population du Morbihan ; chiffres repris dans le journal du premier mars 1894.
En 1901, à propos du peuplement de la ville de Lorient, le Nouvelliste évoque à
l’occasion des recensements effectués le profil et l’historique démographique de la cité
( 14/04/1901).
En 1936, le 11 septembre le journal donne sous forme de graphique illustré la courbe
de croissance du peuplement du département du Morbihan depuis 1801 ; 401 215 habitants en
1801 – 542 248 en 1936.
Le 16 juillet 1937, un article nous informe sur le mouvement de la population en
Bretagne.
3427
Lorient intra-muros 23 809 / extra-muros 16 246 / total 39 055
Le développement et l’aménagement de Lorient prévu en 1927
16 / 11 / 1927
Projet de 1926 / La chambre de commerce
11 septembre 1936
Les problèmes sanitaires de Lorient.
En novembre et décembre 1892, Lorient est touché par une épidémie « cholériforme »,
les foyers ont pour origine des « maisons mal tenues » dans le bas de Kerentrech et Caudan.
Des mesures d’hygiène sont prises et les locaux sont désinfectés au grésil pour faire reculer la
menace sanitaire.
En 1903 (9/07/1903), un autre chroniqueur, Johël d’Armor, dans une chanson ayant
pour titre « Miasmes bassinants » (sur l’air de Cadet Roussel).
«Lorient est vraiment la ville
A laquelle on n’peut rien envier,
Pas plus le virgule-bacille,
Que toutes les odeurs d’évier.
Après la fièvre typhoïde
On r’nifle d’la vas’putride…
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Ca n’sent pas la rose à Lorient. »
Le bassin du port avait été vidé, et la vase complètement à découvert exhalait les
odeurs nauséabondes d’une ville sans égout collectif, d’où des problèmes d’hygiène publique.
Le 24 avril 1924, dans la rubrique Petits propos de la Bôve, un article intitulé « La cité
des plaisirs » se moque de certains comités proposant des projets de fêtes et évoque les
problèmes d’hygiène publique d’une façon humoristique : « Sortie solennelle de la première
fosse septique enguirlandée de fleurs... entourées de rescapés de la tuberculose et de la
typhoïde…les ménagères de leurs fenêtres secouant sur la tête des passants les poussières,
puces punaises…exercices du seau de ruisseau…et du balai récalcitrant…feux d’artifice
odorant et antiseptique… »
Le Nouvelliste du12 septembre 1918 relate deux menaces d’épidémies qui touchent la
population, l’arrivée de la tristement célèbre grippe, et la dysenterie. Léo Le Bourgo, dans sa
chronique locale du 19, évoque l’influenza, la grippe espagnole.
Le journal relate les catastrophes, les drames de la mer touchent particulièrement son
lectorat.
Le journal est aussi le témoin direct des drames européens de son temps. Le 9 mai
1934, « Les conséquences navrantes de la guerre des deux Espagnes - 86 réfugiés basques ont
débarqué ce matin à Lorient…puis ont été dirigés ver l’hôpital maritime de Port Louis où
l’intendance pourvoit à leur subsistance ».
La grande guerre
Le mardi 04 août Le Nouvelliste annonce à ses lecteurs : « Les événements vont nous
obliger, selon toute probabilité, comme tous nos confrères, à modifier le format de notre
journal. La raison en est que le papier devient rare, la plus grande partie des trains de
marchandises étant mobilisés et d’autre part, presque tous les ouvriers étant rappelés sous
les armes. Le Nouvelliste du Morbihan n’en paraîtra pas moins à ses heures habituelles,
peut-être même tous les jours, suivant la gravité des circonstances.
L’appel au calme a été entendu de nos concitoyens. La situation est grave, il est vrai,
mais les lorientais ont compris qu’il s’agit de la grandeur, de la prospérité et de la dignité de
notre pays.
Quoi qu’il arrive, Le Nouvelliste du Morbihan, fidèle à ses principes, tiendra ses
lecteurs au courant de tous les événements qui pourront survenir. »
Le journal devient quotidien, malgré les difficultés de toutes sortes, pour tenir ses
lecteurs au courant des évolutions du conflit et publier dans le plus bref délai le communiqué
de 15 h, ainsi que les nouvelles particulières des Morbihannais au front, et les avis
administratifs.
La nature des informations relatée par le journal change pendant la guerre les
informations locales sont considérablement réduites pour donner les nouvelles du front, du
reste du pays et les évolutions internationales. La censure contrôle les articles qui paraissent,
et parfois laisse certains blancs.
La guerre s’enterre « La guerre des taupes », également signé du Dr Aslan est publié le
27 novembre 1914. L’emploi des gaz y est déjà évoqué…Puis en décembre on peut lire « Les
bénéfices de la guerre », « Du courage militaire ».
Le 24 mai 1888 on peut lire dans la rubrique, Faits Divers : « Une femme qui
accouche d’un cheval…On écrit à la Lombarde de Milan : A Vicolo-Mercanti, la fille d’un
riche carrossier, marié à un cocher, était enceinte. Elle n’en continuait pas moins à
s’occuper des chevaux. Hier elle a accouché d’un cheval. Elle est morte des suites de
l’accouchement. Le petit cheval vit. Le malheureux mari a été pris d’une fièvre violente et il
est mourant. »
Le Nouvelliste rend compte des faits divers. Il fait paraître à l’occasion des titres à
sensation sur les affaires qui vont impressionner l’opinion publique.
Le premier meurtre marquant est repris le 16 octobre 1887, il s’agit de l’assassinat
d’un facteur à Pont-Scorff.
La liste des crimes et délit est longue de 1887 à 1944. Pour mémoire on peut trouver
ainsi la description le 27 mars 1892 de l’exécution capitale du nommé David. « Le crime
d’une mère – A-t-elle ébouillanté son enfant » (29/03/1921). « Horrible drame de la folie à la
Villeneuve – Un aiguilleur de la gare de Lorient égorge trois femmes (24/04/1921). « Une
Belliloise décapitée par le train en gare de Lorient »(9/02/1926). Le 28 février 1936 le journal
relate « Une série de crimes atroces »… « pour lui voler 73 francs un gamin de 16 ans achève
sa grand’mère en lui enfonçant un pieu dans la bouche ».
Les fêtes et les célébrations évoluent : le 2 février1936 « Demain s’ouvre à la salle des
fêtes l’exposition Morbihannaise du travail »
Les loisirs des Lorientais sont évoqués régulièrement avec les promenades
dominicales vers le Finistère tout proche ( article du15 mai 1921 « Assemblées de St-Maurice
et de Toulfouën)
Parfois Le Nouvelliste laisse la place dans ses colonnes à des reportages, des récits
d’excursion dans les environ de Lorient, par exemple, le 16 août 1891, Renan Saïb (André
Degoul) dans les pages deux et trois nous raconte sa promenade à Arzano ou celle à Pont-
Aven le 8 novembre 1891. C’est à chaque fois un récit descriptif précis et plein de charme qui
dépeint une Bretagne vivant au rythme des chars à banc.
Le témoin de sa société.
Les affaires d’infanticides reviennent fréquemment dans les comptes rendus des
tribunaux d’assise, les premières années de parution du journal (infanticides rue du Pont le 23
avril 1891, le 30 juin à Kéroman, le 19 septembre à Keryado35…).
Si elles soulignent, la misère de la condition féminine, une étude plus précise devrait
déterminer si ce phénomène est caractéristique de l’époque ou si le journal donne un effet
loupe à une pratique marginale.
Autre archaïsme, on aborde, dans le journal du 12 juillet 1891, dans Les Nouvelles du
Jour – La réforme des domaines congéables. A la fin du XIXe siècle, en Bretagne survit cette
tradition du foncier rural hérité de l’Ancien Régime. En 1904 36, à ce propos, on trouve une
annonce relative à la vente sur saisie immobilière en un seul lot des édifices et superficie
d’une tenue à domaine congéable située à Kerorch en la commune de Plouharnel.
L’actualité du temps passé a parfois des échos très actuels. L’exemple peut être pris
dans le journal du dimanche 28 mars 1926. En première page est publié un article intitulé
« Les étrangers chez nous », on y prône l’expulsion hors des frontières nationales des
étrangers condamnés pour crime ou délit de droit commun.
3528
A l’automne 1893 l’orthographe de Keriado devient Keryado.
3629
17 février 1904
Le journal est aussi l’observateur de l’actualité des arts en Bretagne. Un article du 13
avril 1922 nous présente « L’exposition des Arts appliqués à Rennes », il évoque ainsi « Les
exposants morbihannais » et leur production (peinture, broderie, mobilier, sculpture…).
La publicité
La publicité qui paraît au fil des jours est révélatrice des évolutions sociologiques
générales ou locales. Des médicaments, des cosmétiques, des vêtements, des bicyclettes puis
des automobiles s’inscrivent dans la rubrique des réclames.
Les exemples se comptent par milliers, tout au long des 58 années de parution du
journal. Une analyse de cet ensemble pourrait permettre de relever les habitudes de
consommation de la population, et son niveau de vie.
Dans son numéro du 23 juin 1936, une information publicitaire pour les « applications
de l’électricité » nous donne le budget familial « chez le Français moyen ». Un graphique de
type camembert nous détaille les dépenses : 63,1 % pour l’alimentation, 32,4 % pour le loyer,
les impôts, les vêtements, 3,7 % pour le chauffage et 0,8 % pour l’éclairage électrique
L’histoire locale.
Les pages du Nouvelliste, tout au long de son existence, accueillent les historiens
locaux pour y narrer Lorient.
Le 5 octobre 1909 Léo Le Bourgo propose un texte sur Lorient en 1709. En juin 1912
il présente « L’historique des rues de Lorient » ; ce document est repris dans un ouvrage
publié ultérieurement. Fin 1917 il annote « Le Morbihan et Lorient / 1824 – 1825 – Lettres
morbihannaises», « La compagnie de Indes »et « Lorient –son histoire ».
Le 27 août 1911, on peut lire un article sur « les premiers pompiers lorientais – 1709 /
1771 ». Le 27 mai 1916 il s’agit de « La croix de la Perrière – 1710 ». Le 24 juin 1916 on y
traite « Des pontons de Lorient » ayant servi à emprisonner les Communards en 1871. Le 16
septembre 1916 il est question des origines du pardon de Saint Cornély, à Carnac. Dans le
journal du 8 juin 1917 on peut apprendre que la clé de la Bastille est au manoir de Mount
Vernon (demeure de Washington – cadeau de La Fayette).
En 1922, (mercredi 23 mars et jeudi 24) le journal reprend « la causerie de M. Labes,
Maire de Lorient » dont le sujet est « De la fondation de Lorient à 1750 ».
Des articles traitent de la bibliothèque de Lorient, le 29 mai 1931 « La grande pitié des
bibliothèques de France et de celle de Lorient en particulier », le 24 mars 1934 « Notre
bibliothèque municipale ».
Dans un texte intitulé « Au royaume des livres » du 7 novembre 1936 on peut y lire la
description et le fonctionnement de cet établissement : « le fonds composé de 26 000 ouvrages
est alors consulté quotidiennement par une cinquantaine de lecteurs, essentiellement des
habitués « vieux messieurs et quelques dames… ».
Léo Le Bourgo.
En mai 1925 il devient conseiller municipal à Lorient, élu sur la liste du Bloc de
Gauche. Il va donc faire partie de la municipalité socialiste de M Svob, comme 1er adjoint. Il
est président de l’Amicale du Lycée de Lorient, de l’Entente universitaire du Morbihan, de la
Régionale des professeurs chargés de cours de l’Académie de Rennes. Il est aussi
conférencier à la Ligue des Droits de l’Homme, à l’Université populaire, et au Comité de
Défense Laïque.
3730
En 1776, avait paru L’Almanach Oriental, publié par Baudoin imprimeur-éditeur.
André Degoul
André Degoul est le second personnage emblématique des liens qui existent entre le
milieu culturel local, la bibliothèque municipale de Lorient et le Nouvelliste. Ces rapports
prennent corps avec la nomination d’André Degoul comme bibliothécaire de la ville en
décembre 1932.
La vie d’André Degoul est relatée dans un article du 14 décembre 1932. « Nul
événement ne pouvait plus émouvoir notre vieille maison, où il fut l’un des meilleurs ouvriers
de la première heure, l’un de ses plus fidèles rédacteurs, où il est demeuré l’un des amis les
plus sûrs. »
Grand admirateur de Brizeux, il est président du Comité des fêtes organisées pour le
centenaire de la naissance du grand poète de Lorient.
Les écrivains trouvent une tribune naturelle dans les pages du Nouvelliste, notamment
sous la forme du feuilleton.
Le feuilleton.
Le feuilleton avait été une idée d’Emile Girardin. Il publiait en « tranche » le roman
d’un auteur en vogue. L’intérêt est que le lecteur voulant connaître la suite achète le journal la
fois suivante. Le premier feuilleton paraît le 23 octobre 1836, La vieille fille de Honoré
Balzac.
Les feuilletons des journaux sont une fenêtre ouverte sur la littérature. Cette prose est
une des rares distractions, facile d’accès et bon marché. Cette littérature, qui rentre dans
presque tous les foyers, imprègne l’esprit collectif des populations.
Destiné au public populaire, il faut une écriture facile d’accès, du suspens et des
rebondissements et même parfois quelques larmes. Certains des ces feuilletons sont tirés de
romans ou le sont devenus, d’autres n’ont jamais été édités sous une autre forme ; par
conséquent le journal est la seule trace de leur existence.
Ceci démontre, une fois encore, l’intérêt que représente la presse ancienne locale
conservée. Ce patrimoine écrit mineur est un trésor, il apporte un regard par l’intérieur sur le
vécu de notre société.
Des inconnus pour nous, peut-être célèbres en leur temps, côtoient des auteurs de
renom, Sophronime Loudier, Paul Féval, Pierre Maël, Anatole Le Bras…
Afin d’illustrer cet argument, le relevé des feuilletons qui ont paru dans Le Nouvelliste
durant ses quarante premières années est placé en annexe du mémoire.
**
*
A partir de l’été 1940, Alexandre Cathrine, fils, se trouve à la tête d’un journal
contrôlé par la propagande allemande. Le Nouvelliste s’engage sur la voie de la collaboration,
celle dictée par le Maréchal Pétain. Le journal disparaît à la Libération, remplacé par Le
Morbihan Libéré, puis par La Liberté du Morbihan.
Le 22 juin 1940 le commandant en chef des troupes allemandes, Welcker, fait publier
ses prescriptions « A la population lorientaise » dans les colonnes du Nouvelliste. « La ville
est occupée par les troupes allemandes. J’espère que le calme et l’ordre régneront. Le travail
et la vie économique continuent et ne seront pas troublés. Chacun a le devoir d’éviter des
actes irréfléchis… ». Il annonce que l’entrée à Lorient de l’armée allemandes se fera « ce soir
après 18 heures ».
Seuls ceux qui ont intérêt à nous nuire pourraient nous reprocher de publier les
communiqués de l’autorité allemande. Ils n’en ont pas le droit.
Tous les gens doués d’un minimum d’intelligence et d’un peu de bonne foi savent que
cette publication constitue pour nous une obligation…
…En ce qui concerne tous les communiqués que nous sommes amenés à insérer, nous
dégageons entièrement notre responsabilité. Il en est de même des informations générales
dont nous indiquons scrupuleusement les sources et dont nous nous efforçons de dégager,
pour les lecteurs du Nouvelliste, l’essentiel de ce qu’ils doivent savoir pour ne pas être tenus
dans l’ignorance totale de la vie nationale et internationale…
Il nous faut aussi, dès aujourd’hui fixer notre attitude en ce qui concerne une autre
question très importante : celle de la Bretagne…
…Nous ne suivons pas, et nous ne suivrons jamais le Parti National Breton, ni
d’autres groupements quels qu’ils soient qui voudraient faire de la Bretagne, un état
autonome.
A aucun prix nous ne voulons être séparatistes.
Nous entendons rester Bretons et Français et nous considérons que la Bretagne doit
continuer à être partie intégrante de la France…
…Cela ne signifie pas que nous pensions que tout va pour le mieux dans la meilleure
des Bretagnes…Si nous estimons que la Bretagne doit rester française, nous sommes loin
d’être hostile à un mouvement régionaliste basé sur une conception intelligente du
fédéralisme que nous avons préconisé depuis plus de cinquante ans… »
Vive la France !
Vive la Bretagne, province française !
Après la défaite de juin 1940, l’armée allemande contrôle les journaux dans la zone
d’occupation. La presse passe sous le droit pénal allemand ; une ordonnance interdit l’édition,
la diffusion de tracts, la publication de journaux pouvant être nuisibles au Reich.
Peu à peu la mise sous tutelle de la presse française est totale, les autorités allemandes
et le régime de Vichy contrôlent tout ce qui concerne les journaux, la fabrication, les finances
et l’information.
La propagande, d'après Hitler, devait par la séduction et par des propos simples et
frappants amener les masses à adhérer au régime nazi. Le rôle de la propagande était de
contrôler les esprits. Cette action nécessitait une stricte censure de la presse et de tous les
autres modes d'information : afin de ne pas laisser le champ à la critique ou à la libre pensée.
C'est à cette fin que fut mise sur pied en avril 1940 la Propaganda -Abteilung. Elle relève dans
un premier temps de la section Ic du service de renseignement de l'armée. En 1942, elle est
rattachée au commandement militaire. Elle possède des services régionaux dans chacune des
quatre zones (Bezirke) d'occupation : les Propaganda-Staffeln. En 1942, cette dernière
contrôle 22 journaux quotidiens d'un tirage global de 1 250 000 exemplaires, 150
hebdomadaires et plus de 500 mensuels.
Le poids de la propagande nazie se fait rapidement sentir sur le Nouvelliste. Le 15
septembre 1940, sur toute la page trois est repris le « discours du Führer prononcé au palais
des sports de Berlin pour l’inauguration de la VIIIe campagne du secours d’hiver. »
Ce premier raid aérien marque Lorient comme zone de guerre, après que la
Kriegsmarine a établi sa base de sous-marins. Les bunkers géants dont la construction se
profile vont sceller le destin tragique de Lorient au début de 1943, et, après août 1944,
transformer la ville en ligne de front jusqu’au 10 mai 1945.
Le 13 octobre, on peut lire dans Le Nouvelliste « Une affiche spéciale désignera les
entreprises juives…Judisches geschaeft – Entreprise juive…On trouve ces pancartes au
Nouvelliste au prix de 5 francs. »
Le 19 octobre, paraît en première page : « Le statut des juifs a été publié ce matin ».
Le 27 juin 1942 un article du Nouvelliste apporte des précisions sur « le port de l’étoile
juive ».
Les premiers mois de l’occupation Alexandre Cathrine est en bons termes avec les
troupes d’occupation, mais à partir de 1941, hostile aux autonomistes bretons soutenus par les
Allemands, il rechigne de plus en plus à se soumettre ; comme cela est évoqué dans le
chapitre le concernant.
Il quitte la direction de la Société de Presse de Basse-Bretagne et demeure en
résidence surveillée loin de Lorient. Remplacé par un homme de confiance Marcel-Gabriel
Borde de mai à septembre 1941, il voit échapper toute influence sur ses journaux par la prise
en main par Saulnier, plus complaisant avec l’occupant.
Aucun de ces changements n’est relaté dans le Nouvelliste. La rédaction continue son
travail avec fatalisme, le journal lorientais s’est fait le relais sans état d’âme ni conviction de
l’information officielle depuis l’armistice. En 1940 le rédacteur en chef Charles. Bihan, il
cède la place en 1942 à Amédé. Juhel. Il va suivre la ligne du Maréchal Pétain et de Pierre
Laval jusqu’à la libération. Il est arrêté le 4 août 1944.
La collaboration
En janvier 1941 on voit dans les pages du Nouvelliste une publicité, en allemand, pour
le Pariser Zeitung, Das grosse tägliche informationsblatt mit Politik, Kultur, Sport,
Unterhaltung, Wirtschaft (preis : 2 franken) / Le grand quotidien d’information / politique,
sports, arts et littérature, économie et finances. A partir du 15 janvier – En vente partout.
La bonne entente avec l’occupant s’étale donc ainsi en toute bonne conscience.
Le cours événementiel de la guerre est relaté selon les normes de la propagande
allemande ; le 17 mars 1942 on peut apprendre qu’Hitler annonce que « les hordes
bolcheviques seront anéanties au cours de l’été prochain ».
L’attaque des commandos anglais sur Saint Nazaire est relaté le 29 mars 1942 :
« grave échec d’une tentative anglaise de débarquement dans la baie de Saint Nazaire… ».
La bataille de l’Atlantique, dont Lorient est un des pivots essentiels, emplit les
colonnes du journal, les chiffres des tonnages alliés coulés sont fournis : « Au cours du mois
de mai (1942) les sous-marins allemands ont coulé 140 navires marchands alliés jaugeant
777 400 tonnes… ».
Dans le rapport d’activité du XXVe Corps d’Armée Allemand qui occupe la Bretagne,
on peut lire le commentaire suivant38 : « …la presse française fait ressortir particulièrement
les succès des sous-marins allemands. » Un peu plus tard39, il est noté : « La suppression de
la ligne de démarcation fait l’objet de manchettes et est accueillie très favorablement…tous
les journaux prennent position contre les actes de sabotage… »
Quelques jours plus tard une déclaration de Pierre Laval, relayée par la rédaction du
Nouvelliste, précise : « C’est une guerre de religion. La victoire de l’Allemagne empêchera
notre civilisation de sombrer dans le communisme. La victoire des Américains serait le
triomphe des Juifs et des communistes… »
3831
3 décembre 1942
3932
le 2 mars 1943
Une base allemande très discrète.
Par contre, le secret s’estompe lorsque que les circonstances donnent la primauté à la
diffusion de communiqués aux ouvriers français, la Kriegsmarine annonce le 22 janvier 1943,
au cœur des vagues de bombardements sur Lorient.
« Quelle vie !…
Voilà deux mots que l’on entend sortir de bien des bouches…
Le destin nous a accablé. Beaucoup d’entre nous ont tout perdu.
La ruine et la mort planent sur notre malheureuse citée, au-dessus de laquelle elles
constituent un écran lugubre qui absorbe la lumière de venir et l’empêche de venir jusqu’à
nous.
Dans les rues, sur les routes encombrées, partout les visages des Lorientais portent
l’empreinte indélébile de la catastrophe qui nous a frappé….
…Soyons donc fier et fort dans le malheur. Acceptons avec stoïcisme les épreuves que
nous subissons et envisageons avec calme et courage celle que nous prépare l’avenir.
Nos maisons se sont effondrées, nos foyers ne sont plus que des pierres noircies et
fumantes. En quelques heures, se sont engloutis les fruits péniblement accumulés de toute une
vie de labeur. Nos écoles, nos hôpitaux, nos églises gisent en un indescriptible chaos,
tragiques linceul des membres brisés, des corps déchiquetés, morcelés, sanglant de plus
d’une centaine de nos amis, de nos parents…
…Attachons-nous à retrouver le calme et le sang-froid qui sont l’apanage des esprits
forts et biens équilibrés. Nous reconstruirons nos maisons, nous retrouverons nos foyers
impitoyablement dispersés, nous travaillerons sans jamais douter de nous-mêmes ni du
résulta final.
Nos glorieux ancêtres nous ont laissé un patrimoine de gloire au quel nous devons
faire honneur pour que dans l’avenir, nos fils puissent à leur tour puiser dans notre souvenir,
les forces vives de leur existence, et trouver dans l’exemple des sacrifiés de janvier 1943, la
continuité des vertus millénaire d’une race puissante entre toutes…
Et jamais plus, m’entendez-vous, JAMAIS, vos bouches de Celtes endurcis par les
deuils, les souffrances et les privations ne devront laisser échapper ces deux mots qui
engendrent le découragement : « Quelle vie ! »
Jean Klein »
Si la fatalité et la brutalité de la guerre sont en toile de fond dans ce qu’écrit
l’éditorialiste, il est nullement fait mention des forces militaires ayant causé ces dégâts. Doit-
on déduire que cette non-citation de l’aviation alliée indique que les Lorientais étaient bien
conscients de la responsabilité des Allemands et que leur machine de guerre installée au cœur
et à la périphérie de Lorient marquait leur ville comme une cible.
Certes, à la fin du texte il est fait mention « de la continuité millénaire d’une race
puissante entre toute », celle des Celtes. Cela semble plus être du ressort de la rhétorique
qu’un argument raciste ou autonomiste breton.
« A nos lecteurs, à nos abonnés, à nos dépositaires. (administration 10, rue Joseph Le
Brix, rédaction 5, place du Champ de Foire / Vannes),
Le vendredi 04 août 1944 le Nouvelliste évoque une dernière fois « La bataille sur le
front d’invasion ». Les nouvelles sont celles des communiqués allemands.
Jean Klein, dans un éditorial, écrit : « …Pendant ces dures années d’occupation, vous
avez dû subir passivement la loi souvent brutale, de l’occupant. Vous ne pouviez pas
extérioriser vos sentiments…
Ceux qui aujourd’hui, écrivent librement, dans ce journal étaient eux aussi sous le
joug d’une censure qui leur interdisait le moindre écart.
Aujourd’hui, ce cauchemar est terminé ….
Nous sommes libres, entendez-vous, libres !…
Le dimanche 20 août 1944 paraît le dernier numéro (n°14) du Morbihan Libéré. Jean
Le Duigou annonce : « Lundi, Le Morbihan Libéré paraîtra sous son titre définitif La Liberté
du Morbihan » ; une page de l’histoire de la presse du Morbihan était tournée.
Août 1944, l’après Nouvelliste
Le procès d’épuration du Nouvelliste
Le contexte général
La liberté de la presse est rétablie, mais une ordonnance du 30 septembre 1944 qui
règle provisoirement le régime de la presse a pour principal objet d’empêcher la parution des
organes ayant subsisté sous l’Occupation. L’interdiction s’applique à l’usage du titre et à
l’utilisation des installations et de l’outillage. Les propriétaires des journaux sont dépossédés
de leur bien qui sont placés sous séquestre. Les locaux et les machines sont attribuées à titre
locatif aux organes de presse issus de la Résistance.
Deux ordonnances de janvier 1945 confirment la suppression des titres ayant paru sous
l’Occupation, car ayant servi à la propagande nazie. Ils sont considérés comme traîtres à la
Patrie. Seuls des journaux bénéficiant de non-lieux lors des procès d’épuration pourront
reparaître sous leur forme initiale. Une ordonnance de mars 1945 fixe à nouveau les
conditions d’épuration de la presse française et fixe les conditions d’obtention d’une carte de
journaliste. Aux lendemains de la Libération les nouveaux titres paraissent sous format réduit
en raison de graves difficultés d’approvisionnement en papier.
Le cas du Nouvelliste
Fin juin 1940, le journal est soumis aux contraintes de la propagande allemande. Il
reste jusqu’à la veille de la libération de Vannes, le fidèle relais de l’information officielle de
l’occupant et de Vichy.
Des débats confus, une atmosphère pesante, des magistrats ayant siégé sous
l’occupation, ne mettent pas en évidence de culpabilité flagrante, mais soulignent une absence
d’esprit de résistance. La rédaction du journal n’a jamais tenté de contourner la propagande ou
la censure.
Au terme de son existence légale, la société est en bonne santé financière. La guerre
n’a pas freiné ses activités. Le chiffre d’affaires réalisé par l’imprimerie s’est élevé à trente
millions de francs, dont six avec l’occupant.
Le comité de confiscation des profits illicites du Morbihan prononce le 1 er juin 1945,
une confiscation de 3 254 594 francs, et une amende de 14 097 480 francs. En outre, il lui est
reproché d’avoir bénéficié des largesses de l’Office allemand des papiers, d’avoir bénéficié
d’une dotation de papier, cartonnage, et matériaux divers plus importante que ses concurrents.
De plus, au terme du procès le 8 novembre 1945, les biens de « La Société de Presse
de Basse Bretagne » sont confisqués à hauteur de 20 % de leur valeur.
Alexandre Cathrine, comme cela est évoqué dans le chapitre le concernant, est
condamné, le 26 juillet 1945 à 120 000 francs d’amende et cinq ans d’indignité nationale.
**
*
La messe est dite, le Nouvelliste est désormais une collection morte. Ce titre archivé
est le témoin du passé. La vie du journal reflète l’histoire de la presse d’information en
Bretagne, sous la Troisième République. Cet ensemble documentaire sur Lorient et le
Morbihan prend une valeur de patrimoine et de conservatoire de la mémoire collective.
Mais cet héritage fragilisé par la nature même de son support, le papier journal, est en
péril. Il va être au cœur de l’enjeu d’une opération de sauvegarde et de diffusion de la presse
ancienne régionale bretonne.
II Le plan de microfilmage et de numérisation de la
Presse ancienne du Morbihan, une opération
d’envergure pour la sauvegarde et la diffusion du
patrimoine écrit.
La presse ancienne, véritable patrimoine écrit, est une source documentaire pour
l’histoire. Mais les journaux conservés par les centres d’archives et les bibliothèques sont
condamnés à disparaître, rongés par un feu silencieux.
Il faut pouvoir à la fois conserver les collections archivées, afin de la transmettre aux
générations qui nous suivent et de les communiquer au public d’aujourd’hui.
Elle a dans un premier temps fonction d’archives de la mairie, puis évolue comme
pôle documentaire par l’acquisition, financée par le gouvernement en 1834, de certains
ouvrages de référence (Grand et Nouvel Atlas physique, Atlas de l’hydrographie française,
Histoire des guerres civiles, Trésor de la langue grecque…).
En 1835 des crédits sont demandés pour la reliure de conservation et pour la fondation
d’une bibliothèque. En 1837, le maire propose la création d’un poste d’archiviste –
bibliothécaire.
Le 6 juillet 1844, Lorient rachète les 1 562 volumes de la Chambre de Lecture créée
en 1783 par la bourgeoisie du Siècle des Lumières. Mais en 1846, la bibliothèque n’est pas
encore ouverte au public, ne disposant pas de fonds suffisant pour ses frais d’installation.
Il faut attendre le Second Empire, 1860, pour que la bibliothèque ouvre régulièrement,
avec à sa direction un responsable permanent. A la fin du siècle elle enrichit son fonds, par la
donation Guieysse, de 1 000 volumes40.
Le contenu intégral de cet article est repris, il pose déjà les fondements de la logique
qui a initié la mise en place du plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne
du Morbihan.
« Je ne sais plus quel écrivain à dit un jour qu'un « journal c'était la vie en marche. »
On pourrait ajouter : « de la vie qui passe », de la vie qui serait oubliée si, quotidiennement,
ne sortaient des machines d’imprimerie les feuilles de papier blanches, couvertes de lettres
noires constituant des articles, des chroniques, des informations.
Les fouilles et les découvertes de Pompéï ont plus fait pour nous initier à la vie
romaine que tous les ouvrages réunis des annalistes, des poètes, des prosateurs latins. Aussi
bien, dans les temps à venir, celui qui tâchera de connaître à fond l’histoire intime de notre
pays, devra la chercher non dans les « mémoires » publiés par nos grands hommes, – ou
prétendus tel, – mais dans les collections des journaux. Cela surtout au point de vue local, et
de « la petite histoire », à laquelle Michelet rendait hommage, qu’il appréciait, reconnaissant
qu’elle lui avait fourni la part la plus considérable de sa documentation.
Or, cette petite histoire, les journaux locaux l’enregistrent, heure par heure, pour
ainsi dire, datant les faits, signalant les rues où ils se déroulent. Lorsqu’en 2932, un érudit
désirera publier un article sur le réveillon de 1932, avec quel plaisir amusé ne découvrira-t-il
pas le compte rendu de la Correctionnelle de lundi et lira-t-il pas l’aventure de la demoiselle
du Royal-Dancing ? Si, dans cent ans, un technicien de marine marchande veut se
documenter sur le mouvement de nos ports de commerce et de pêche, c’est encore dans les
journaux qu’il puisera ses renseignements.
LES COLLECTIONS.
A LA BIBLIOTHEQUE
Les bibliothèques de nos villes départementales sont les tombes des journaux locaux,
tombes s’ouvrant de temps à autre, au gré des curieux et des chercheurs.
La bibliothèque de Lorient possède une magnifique collection bien entretenue, bien
classée. Elle est installée au deuxième étage. Reliées ou sous de solides couvertures, toutes
les feuilles lorientaises qui sont nées et sont mortes, toutes celles encore de ce monde
apportant chaque soir un exemplaire au tas grossissant, sont là dans des casiers spéciaux, les
mettant autant que possible à l’abri de la poussière et de la dent des rongeurs, des… rats de
bibliothèques, les vrais rats.
Nous voyons-là : l’Abeille de Lorient (1866 à 1872), le Courrier de Bretagne (1859 à
1886), le Journal du Morbihan (1871 à 1879), l’Avenir de Bretagne (1886 à 1896), le Phare
de Bretagne, la Croix du Morbihan, la Liberté Morbihannaise, le Morbihannais (1879 à
1905), et encore : la République du Morbihan, la Dépêche de Lorient, la Vérité Lorientaise,
le Réveil du Morbihan (1903 à 1905), le Petit Lorientais, l’Indépendant de Bretagne, etc…,
etc…, toutes feuilles disparues, après une existence de quelques semaines ou de quelques
années, dont les noms seraient totalement oubliés si la bibliothèque n’avait pas ces
collections.
Naturellement, le Nouvelliste du Morbihan, plus vivant que jamais, lui détient le
record puisqu’il figure à la Bibliothèque depuis le 2 janvier 1887.
LA CONSERVATION.
On veille à la bibliothèque de Lorient avec un soin jaloux, une sollicitude réelle, sur la
conservation des journaux locaux. Les collections, nous l’avons dit, sont en excellent état, – à
part peut-être une ou deux années, et cela pour des causes indépendantes des bibliothécaires
– bien classées, déposées en sûreté. Bien plus, un jeu de fiches a été établi, véritable état-civil
des journaux, portant indication de leurs dates de parution et de cessation, les noms des
directeurs et des imprimeurs. Cette richesse d’histoire locale est ainsi mise, de façon
méthodique, à la disposition du public.
J.-M. Simon. »
4235
Cette liste n’est plus à jour en 2001, car la bibliothécaire, responsable du fonds breton mène une
politique d’acquisition active, et le fonds des collections patrimoniales s’enrichit régulièrement ; telle
l’arrivée récente du Clocher breton (1895-1915)d’André Degoul et Madeleine des Roseaux.
Titre Années
Le Journal de Lorient 1847 à 1848
Araok 1914
La République du Morbihan 1898 à 1901
Courrier de Bretagne 1859 à 1868
1869 à 1886
Le Télégramme 1891 à 1893
De plus, ces périodiques ont été imprimés sur des papiers acides qui partent peu à peu
en poussière avec le temps.
Etat des collections des périodiques anciens
de la Médiathèque
La presse archivée est intensément consultée, surtout depuis quelques décennies. Mais
la fragilité de ce support a conduit très tôt la bibliothèque municipale de Lorient à prendre des
mesures de sauvegarde.
Cette intention initiale était entérinée le 26 juin 1997, par la décision de s’inscrire dans
la mise en route du plan de microfilmage et de numérisation des collections de la presse
ancienne du Morbihan.
Considérant
Dans cette opération la Médiathèque de Lorient s’intègre dans une action pluri-
partenariale de conservation et de diffusion de document d’envergure nationale en partenariat
avec le département et de l’Etat.
L’article 6 précise qu'il est convenu de fixer le prix de ces copies en ajoutant
uniquement des coûts de gestion au prix de la duplication.
Les articles 8 et 9 concernent les points financiers de ce plan qui s’étalent sur 5
années.
Le projet global porte sur 230 000 vues numérisées, pour un coût estimé
à 1 600 000 F.
Le budget annuel est de 320 000 F.
Université
Ministère de la
de Bretagne Sud
Défense (SHM) Département du
6,00%
Ville de Lorient 6,00% Morbihan
(Médiathèque) 31,50%
6,50%
Région Bretagne
25,00%
Ministère de la Culture
25,00%
19 200 F
19 200 F
Université de Bretagne Sud
20 800 F Ministère de la Défense (SHM)
80 000 F Ville de Lorient (Médiathèque)
1
Région Bretagne
80 000 F
Ministère de la Culture
100 800 F Département du Morbihan
4336
chiffre n’incluant pas les frais de personnels, pour assurer la préparation des collections
L’intervention des prestataires de services.
Le marché est scindé en 3 types d’opérations, 3 lots. Chaque lot répond à un cahier
des charges très précis.
Le récolement des collections est fait une fois pour toutes. La collection préparée,
balisée est microfilmée.
C’est ensuite le microfilm qui devient l’archive à préserver, le microfilm étant devenu le
support de conservation pour ce patrimoine écrit. De plus, sur le microfilm se trouve la
collection constituée de l’assemblage de plusieurs collections afin d’en reconstituer une seule,
la plus complète.
Les journaux originaux seront bien évidemment conservés dans les meilleures
conditions, mais ils ne seront plus communiqués au public. Il est prévu que chacun des
partenaires ayant versé ses collections récupère son bien.
Le récolement du Nouvelliste.
Une grille de lecture permettant de répertorier les anomalies et les défauts à prendre en
compte a donc été mise au point.
On peut être certain que 49 années de la collection sont à 100 % complètes par
l’assemblage des deux collections principales. Quatre années pour les quelles il manquait 9
numéros ont été complétées par l’apport de la collection archivée par Presse Océan. (1886 –
un seul numéro daté du 30 décembre – n’est pas considérée comme une année de parution).
Cinq années ont quelques numéros ayant certains défauts de lisibilité, mais ne nécessitant pas
l’apport d’une troisième collection.
Neuf années de collection ont des numéros supposés manquants ou des pages supposés
disparues. Cela reste à confirmer par l’apport d’une autre collection, celle de Presse Océan ou
de la BNF. ( 5 n° en 1918-1919, 1 n° en 1923, 1 n° en 1931, 1 n° en 1934, 4 n° en 1939, 2 n°
en 1942, 23 n° en 1943, 6 n° en 1944)
Nota :les années 1942, 1943, 1944 sont à compléter par l'apport d'une 3e collection
4437
Certaines pages, selon la nature du défaut, nécessitent d’être microfilmée en deux exemplaires.
Une page provenant de la collection de la Médiathèque de Lorient, l’autre des Archives
départementales du Morbihan.
Au terme du travail de vérification des journaux, il fallait préparer la reconstitution
matérielle de l’intégralité de la collection du Nouvelliste. C’est à dire, assembler à la
collection de référence, celle des Archives départementales du Morbihan, les feuillets
manquants ou détériorés provenant de la collection jumelle de la Médiathèque de Lorient, et
dans certains cas des éléments d’une troisième collection. Le but était de présenter au
microfilmage la collection du Nouvelliste la plus complète possible.
Les différents problèmes techniques que pose la conservation des périodiques anciens
sont abordés par un ouvrage publié en 1998 par le Ministère de La Culture et de la
Communication / Direction du Livre et de la Lecture, intitulé, Recommandations techniques
pour la conservation des collections patrimoniales des bibliothèques / Conservation des
collections patrimoniales des bibliothèques / Protection et mise en valeur du patrimoine des
bibliothèques de France. La rédaction de cette somme technique s’est faite sous la
coordination scientifique de Jean-Marie Arnoult, inspecteur général des bibliothèques.
Trois chapitres de cet ouvrage présentent des réponses techniques posées par les
problématiques soulevées par plan départemental de microfilmage et de numérisation de la
presse ancienne du Morbihan.
La préservation des journaux ( chapitre 8) a été traitée par Else Delaunay, La
reproduction des documents patrimoniaux : problématique générale (chap 11) a été abordé
par Jacques Deville et La numérisation des documents patrimoniaux (chap 13) par Gaëlle
Bequet.
Les ouvrages imprimés depuis la moitié du 19e siècle sont en papier à pâte de bois
dont l’acidité ronge inexorablement les fibres de cellulose au fil des années. Les papiers des
journaux ont été faits de pâte à papier mécanique, dont la lignite n'a pas été éliminée.
Les magasins doivent conserver une température à 18° C. L’atmosphère des réserves
doit avoir une humidité relative entre 45 et 55 %, à l'abri de la lumière, de la poussière et de
la pollution atmosphérique.
Le conditionnement des journaux doit se faire à plat, non pliés, ni ficelés en paquets.
La reliure dans le cas des journaux présente certains inconvénients, du fait de la nature
médiocre du papier et de leur grand format.
La reliure mobile est un système mieux adapté et moins onéreux. Ce dispositif permet
de recevoir les journaux assemblés au moyen de pinces qui sont elles-mêmes fixées à la
reliure par des tringles.
Ce système n’oblige pas à débrocher les journaux pour le microfilmage, il suffit de les
déboîter pour les extraire, ils sont intacts, sans couture ni colle.
Les journaux qui ne sont plus consultés peuvent être archivés dans des boîtes de
conservation en matériau neutre adaptées à leur format, prévu pour un stockage à plat.
Le microfilm n’est pas créateur de document, c’est une simple modalité d’emploi de la
photographie appliquée essentiellement à la reproduction des textes ou des dessins Cependant
il prend une place prééminente lorsque le document original n’est plus disponible, il devient
alors une source documentaire à part entière.
Tout document est périssable. Quel que soit le type d’écrit, l’information est
dépendante du support. L’histoire est fertile en exemples de disparitions brutales par fait de
guerre, vol, pillage, par négligence, accident ou par la volonté délibérée d’effacer certaines
mémoires. L’usure du temps, les mauvaises conditions de conservation, la consultation par le
public fragilisent le papier.
Le microfilmage est un moyen utilisé pour parer aux dangers de disparition des
documents, c’est un instrument de sécurité pour la sauvegarde des fonds.
Le rôle du microfilm dans la sauvegarde et la diffusion
des collections de journaux.
Les archives fixées sur pellicules permettent de reconstituer des collections qui
n’existaient pas sous forme papier. L’assemblage de collections dépareillées est réalisé sur
microfilm sans spolier les centres d’archives ou les bibliothèques détentrices des originaux.
La technique de microfilmage est bien plus rapide, et bien moins coûteuse que la
restauration papier. La microforme permet de retirer de l’accès au public le document original
tout en rendant possible sa consultation. De plus, il est avéré qu’un microfilm argentique peut
se conserver plusieurs siècles, soit bien plus longtemps que le papier moderne.
Au cours de la prise de vue, la planéité des journaux est maintenue, les éventuelles
transparences des documents sont palliées en plaçant une feuille noire derrière la page à
reproduire.
L’entreprise qui effectue le microfilmage doit éviter de débrocher les journaux des
reliures, sauf cas particulier. En l’occurrence les deux établissements qui possèdent les
collections, les Archives départementales du Morbihan et la Médiathèque de Lorient, ont
préparé et vérifié les journaux pour éviter ce genre de manipulation pouvant altérer la
conservation des documents source.
Les périodiques sont généralement reproduits à raison d’une à deux pages par image,
en mode 1A (1 page par image), lecture verticale, pour les grands formats ; pour les journaux
de dimensions plus modestes (la hauteur ne dépassant pas 45 cm) en mode 2B (2 pages par
image), lecture horizontale. Les taux de réduction sont conformes aux valeurs de la norme NF
Z43-051.
En cas de réfection d’images défectueuses46, les images réinsérées le seront par collage
ou soudure thermique. Il est prévu qu’il n’y aura pas plus de 36 images refilmées, pour un
film de 30 m / 700 images.
La conservation du microfilm.
4538
Ministère de la Culture, Ministère de la Défense, la Région Bretagne, le Département du
Morbihan, la Ville de Lorient, l’Université de Bretagne-Sud.
4639
Les corrections éventuelles sont à la charge du façonnier.
Le film est enroulé d’une bande de papier neutre, à l’exclusion de tout bracelet de
caoutchouc. Il est placé dans une boîte en matériaux neutres (métal, carton, plastique) portant
une étiquette reprenant les indications d’identification des documents reproduits.
Le microfilm de seconde génération est livré en bobines de 30 m, suivant les mêmes
caractéristiques que le négatif de première génération.
Des vérifications et des contrôles sont réalisés à toutes les étapes de fabrication du
microfilm : contenu, lacunes, qualité optique du film. Les négatifs originaux sont contrôlés
avant tirage de l’internégatif.
Les Archives départementales du Morbihan ont un délai de cinq ans pour renvoyer à
l’entreprise contractante les films défectueux. Les défauts envisagés sont relatifs à la non-
conformité du support, une omission de transfert de documents originaux ou des altérations
du film (tâches, traces) dues à de mauvaises manipulations de l’entreprise concernée.
L’opération est traitée par une entreprise choisie après l’ouverture d’un marché
public.. Le contractant s’engage à numériser chaque image, correctement orientée, de
supprimer les marges et de recadrer l’image si nécessaire.
Les fichiers numériques inscrits sont produits sur des CD-ROM. Il est prévu la gravure
de 6 CD-ROM par microfilm numérisé. Les images microfilmées sont numérisées selon la
qualité des documents d’origine de façon à ce que la lisibilité soit la meilleure possible, sans
qu’il soit besoin de les retravailler.
Elles sont acquises en noir et blanc, selon les densités de hautes définitions, 400 DPI ;.
la taille des images allant de 2900 à 3500 pixels pour la plus grande dimension et 2000 à 2400
pixels pour la plus petite dimension.
Les fichiers images sont plein cadre. Tous les bords inutiles sont supprimés et les
images présentant un décalage important sont recentrées.
Les fichiers inscrits sont livrés sur support CD.R de type WORM (write once read
many). Ces CD.R sont conformes aux normes ISO/IEC 9660 niveau 2 (Volume and File
Structure of CD-R for information interchange) et ISO/IEC 10149 : 1989 (Data interchange
on read – only 120 mm optical data disk)
La numérisation est entreprise après la livraison des bobines de microfilm par les
Archives départementales du Morbihan selon un ordre défini. La livraison des microfilms est
accompagnée d’une liste des microfilms qui contient la référence
Les CD-R sont vérifiés à la livraison et évalués conformément aux normes en vigueur.
Les tests sont effectués par sondage. Tout problème d’altération de lisibilité de l’information
ou de décomptage de fichier entraîne le rejet des lots incriminés ; l’objectif final de la
numérisation étant d’offrir une image de même qualité que celle microfilmée. Un délai de
cinq années court pour valider définitivement les CD.R. Les produits non conformes sont
rendus pour être refait conformément au cahier des charges.
Le numériseur s’engage à ne pas reproduire ou diffuser les microfilms confiés, ni à
dupliquer plus de CD.R que prévu.
Le protocole technique
Lorsque l'on numérise une image intermédiaire tel que les microformes, il faut
s'attendre à une minime dégradation de l'image d'un substitut à l'autre.
Les prises de vues des microfilms peuvent être qualité variable ; il faut parfois
reparamétrer le scanner, en particulier quand le pas entre deux vues n'est pas identique. On
vérifiera aussi la lisibilité, surtout celle liée à la qualité des encres.
Outre la préparation technique, un inventaire précis des documents est exigé. Chaque
bobine est identifiée par son numéro d'inventaire et par tout code de classement susceptible
d'entrer dans le nommage des fichiers, on détaillera pour chaque bobine le nombre de vues ou
on en donnera au moins une approximation.
Une table de correspondance doit être établie entre les vues numériques et les pages du
document original, comme si l'on numérisait directement ce dernier. Lorsque le microfilm
comporte des pavés optiques (blips), cette opération est simplifiée puisque l'identification de
chaque vue est déjà réalisée sur le microfilm
Trois solutions sont proposées aujourd'hui pour conserver les données numériques : la
conservation du matériel, l’émulation, la migration
La troisième solution, la migration des données est le transfert périodique des données
numériques d'une configuration matérielle et logicielle à une autre ou d'une génération
d'ordinateurs à la suivante. L'objectif de la migration est de conserver l'intégrité des
documents numériques et de perpétuer la capacité des usagers à les retrouver, les afficher et
les utiliser alors même que la technologie évolue
L'élaboration d’un plan de conservation doit se faire selon la nature des collections
numériques et leurs spécificités. Pour chaque document, il faut de préciser quels logiciels et
systèmes d'exploitation, quel matériel en assure l'accès.
Dans ces conditions, il est préférable de poser des priorités qui prendront en compte :
- les moyens en personnel ainsi que les moyens financiers affectés à la conservation
des collections numériques
- le plan de développement des collections
- le classement des fichiers numériques par ordre d'estimation de leurs consultations
par le public
- le format de conservation adapté
- les mesures de conservation éventuellement déjà prises par un autre établissement
pour le même type de document
- l'évolution technique des logiciels et des appareils de lecture.
CD : les disques compacts sont inscriptibles en une seule opération et sont utilisés
pour la diffusion des données :
- CD-ROM (Compact Disc Read Only Memory) : durée de vie du CD-ROM, entre 10 et 20
ans environ. Uniquement accessible en lecture.
- CD-RW : réinscriptible jusqu'à 650 Mo, c'est la version effaçable du CD.
- CD-R (appelé également CD-WORM) : compatible avec le CD-ROM. Aussi fragile que le
CD-WORM.
Il existe des CD en verre dont la durée de vie est estimée à une centaine d’années voire
davantage -le caractère pérenne du verre se double d'une résistance aux chocs. Le coût assez
élevé de ce support devant être apprécié sur le long terme et le niveau de sécurité qu'il induit
DVD (Digital Versatil Disk) : le dernier-né des supports appelé vraisemblablement à
supplanter le CD, grâce à sa grande capacité de stockage jusqu’à 9 Go contre 650 Mo pour le
CD.
Mais pour l’instant, le choix n’est pas définitivement arrêté sur un seul type de DVD
standard.
Il se décline en plusieurs versions, mais chacune d'entre elles nécessite un type de
cartouche spécifique ou de lecteur :
- DVD-Vidéo utilisé pour la diffusion de films
- DVD-ROM utilisé pour des applications multimédia informatiques (équivalent du DVD-
Vidéo) disque préenregistré en usine / seule la lecture est possible / 12 cm / capacité de 9,4
Go.
- DVD-R inscriptible une fois (comme le WORM), et supporte plusieurs modes
d'enregistrements (12 cm ; capacité de 7,9 Go / inscriptible mais non effaçable ; sauvegarde
de données non compressées)
- DVD-RAM est la version enregistrable et effaçable du DVD.
L'espérance de vie des documents électroniques sera d'autant plus longue que l'on aura
pris garde aux conditions de conservation des supports.
En premier lieu, il est impératif de réaliser une copie de sauvegarde, pour éviter toute
dégradation irrémédiable.
Dans le temps il faut prévoir un contrôle régulier des données stockées et prévoir la
migration de celles-ci sur de nouveaux supports.
Ce support présente une grande densité d'information. Toute altération, même légère, à
un endroit donné du disque peut compromettre la lecture d'un grand nombre de données.
4841
La norme ISO/CD 16111, à l'étude en 1998, concerne les conditions de stockage des disques
optiques. Elle précise notamment les conditions environnementales de conservation, les gaz nocifs aux
différentes composantes des disques, les conditions de stockage dans les boîtiers et sur les étagères.
Il faut éviter de rayer le cédérom, de l’exposer à la lumière du soleil, de le mettre en
contact avec des produits de nettoyage, de le laisser en dehors de sa boîte de protection.
Les données destinées à la diffusion stockées sur CD-ROM. Pour permettre l'accès
direct automatisé, il est possible d’envisager des disques durs de grande capacité ou
l’utilisation d’un juke-box dont la capacité est variable. Elle peut aller de 50 à 1400 disques.
Pour l'utilisation dans un juke-box, il est recommandé d'utiliser des boîtiers internes.
Il est prévu la fourniture d’un logiciel de visualisation des images numérisées. Cet
outil doit permettre une lecture des documents par le public.
Le logiciel doit être simple à mettre en œuvre sans formation préalable des utilisateurs.
Les noms de fichiers servant à l’indexation des images, l’affichage doit être rapide. La
recherche se fait par critère du titre, de l’année, du mois ou du numéro de l’image
électronique ; les possibilités de navigation chronologique et le zoom sur l’image étant
intégrées. L’impression totale ou partielle de l’image est prévue, avec notamment la datation
du document.
Actuellement, on s’oriente plutôt vers des solutions en interne, en liant une base de
données établie à partir des images numérisées avec un logiciel de visualisation simplifié.
De plus, la mise à disposition sur Internet fait évoluer le projet initial vers une plus
large ouverture au public.
Toute création qui fait œuvre d'originalité (œuvre écrite, musicale, photographique,
typographique...) est protégée par des droits d'auteur :
- les droits patrimoniaux
- le droit moral de l'auteur
Numérisation et droit
Les œuvres peuvent être librement exploitées lorsque la durée des droits patrimoniaux
a été respectée, il faut cependant veiller à ne pas porter atteinte au droit moral de l'auteur.
Les fonds des bibliothèques sont constitués en partie de documents divers qui sont
protégés par le droit d'auteur.
L'acquisition des droits numériques implique, en premier lieu, une réflexion relative à
la spécificité de ces droits, notamment au regard des éléments constitutifs des monopoles
intellectuels : droit moral, et droits patrimoniaux.
Dans la mesure où l'on admet que la numérisation, à titre de stockage, est en elle-
même soumise au monopole de reproduction, l'on peut se demander si un tel contrat cadre est
valable. N’est-il pas en lui-même un contrat d'exploitation des droits d'auteurs, et, en ce sens,
soumis au formalisme rigoureux de l'article L.131-3 du C.P.I ?
(c'est à dire que le domaine d'exploitation des droits cédés doit être délimité quant à son
étendue et à sa destination, quant au lieu et quant à la durée)
L'apparition sur écran est considérée comme une reproduction et une représentation.
Les contrats
Il est parfois difficile de déterminer les titulaires de droits numériques avec lesquels il
convient de négocier. De fait, l'auteur de l'œuvre n'est pas nécessairement le titulaire des
droits d'exploitation numériques. Ainsi, les journalistes salariés sont censés avoir cédé leurs
droits à leur employeur (interprétation a contrario de l'article L.121-8 al.2 du CPI).
L'exploitation de l'œuvre sur réseau numérique externe, à usage du grand public, doit
faire l'objet d'une stipulation expresse au titre du droit de destination des reproductions et
représentations numériques.
Le plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du
Morbihan : une logique de diffusion du patrimoine écrit.
La stratégie de cette opération passe par quatre phases, le récolement des collections,
la conservation sous microforme et sa numérisation puis la mise en accès direct au public
dans l’ensemble des bibliothèques partenaires.
C’est une procédure lourde et longue à mettre en œuvre, rendant indisponibles les
collections pendant les opérations techniques de sauvegarde.
La numérisation des journaux anciens facilite leur diffusion. Les périodiques peuvent
être consultés, à partir d’un micro-ordinateur seul ou connecté à un réseau. Les journaux,
convertis en données numériques, sont reproductibles sans altération sur divers types de
supports ( disque dur, CD-ROM, papier ). La distance n’est plus un frein à la transmission de
l’information.
Une formule évoluée devrait permettre, dans le futur, d’indexer ces journaux
numérisés, de rendre possible une multitude d’interrogations (nom de personne, lieux,
sujets...). Une telle base de données faciliterait la recherche historique.
Dans une perspective à long terme, éclairée en cela par l’histoire contemporaine
(manipulation de l’information, mensonges, oublis volontaires), comment peut-on garantir un
accès libre, durable et organisé à l'information ainsi conservée ? C’est dans ce sens que
l’ensemble des partenaires du plan se sont engagés dans la double voie de la conservation et
de l’accessibilité de l’information.
Pour mener à bien cette tache, la ville de Lorient a recruté, pour la Médiathèque, une
personne chargée de la conservation des collections sur papier avec transfert des contenus sur
des supports de substitution et mise en valeur de ce patrimoine auprès du public.
A terme, la Médiathèque de Lorient va ainsi pouvoir réorganiser ses réserves pour une
conservation optimale des documents originaux (ceux-ci n’étant plus consultés). De plus,
cette expérience, dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la
communication, lui permet de mener d’autres procédures de numérisation de documents,
notamment le fonds d’un photographe de presse de la Liberté du Morbihan ( Gaby Le Cam ).
CONCLUSION GÉNÉRALE
Du journal à l’écran.
Les pages du Nouvelliste, aisément lisibles sur des écrans larges, sont imprimables sur
grand format. La boucle est bouclée, le document écrit sur du papier fragile, maintenant
digitalisé, peut reprendre à la demande sa forme quasi-initiale.
La presse locale ancienne est le reflet d’un vécu, d’un territoire et d’une population.
Sa consultation, libérée de la contrainte, de la rareté et de la fragilité de son support, permet
au public de se plonger dans ce qui composait le quotidien du passé.
L’aventure du Nouvelliste du Morbihan se perpétue. Journal d’envergure
départementale, il se révèle être un des rares témoins de Lorient sous la Troisième
République.
Cette collection morte, en grand danger de disparition, revit et sort de l’ombre des
magasins pour apparaître sur l’écran lumineux des postes informatiques.
Le Bouëdec (G), sous dir, Le Morbihan de Legrand (P) et Tonnerre (JC), Histoire
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Paris : D.L.L. , 1998.- 174 p.
Disponible sur le site internet du
ministère de la culture :
www.culture.fr/culture/conservation/fr/pre
venti/guide_dll.htm
173
Avant-propos ..........................................................................................................................................................1
1 – 2 La dynastie Cathrine...................................................................................................................................35
Alexandre Cathrine père, le fondateur................................................................................................................35
Charles Cathrine, le frère du fondateur..............................................................................................................38
Alexandre Cathrine, fils, le successeur...............................................................................................................38
La Presse de Basse Bretagne S.A.........................................................................................................40
1932, Cathrine, le retour. .....................................................................................................................41
La drôle de guerre d’Alexandre Cathrine. ...........................................................................................42
La méthode Cathrine : un journal d’information impartial................................................................................45
La neutralité comme profession de foi.................................................................................................46
174
Conclusion générale............................................................................................................................................163
176
Du journal à l’écran................................................................................................................................163
Bibliographie .......................................................................................................................................................165
Lorient sous la IIIe République........................................................................................................................165
La presse en France sous la Troisième République..........................................................................................165
La presse en Morbihan sous la IIIe République...............................................................................................166
La presse à Lorient, des origines à la Seconde Guerre Mondiale....................................................................167
La bibliothèque municipale de Lorient : historique - fonds de presse ancienne..............................................167
Le plan de microfilmage et de numérisation de la presse ancienne du Morbihan...........................................168