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RTH LAENNEC
PCEM 1
PHYSICOCHIMIE DE L’EAU
ET
DES SOLUTIONS,
TRANSFERTS
MEMBRANAIRES
Didier Le Bars
CERMEP
Janvier 2001
MACROMOLECULES ET COLLOIDES
1- Etat colloïdal
2- Conformation
3- Propriétés électriques
COMPARTIMENTS LIQUIDIENS
1- Compartiment intracellulaire
2- Compartiment extracellulaire
3- Détermination des volumes des compartiments
4- Ions
5- Substances Neutres
LA MEMBRANE
1-Composition Chimique
1.1 lipides
1.2 proteines
1.3 osides
2-Organisation Structurelle
2.1 Monocouche
2.2 Plasticite
2.3 Descrption electrique
2.4 Sites de passage
5- Ions
5.1 Mobilité des ions
5.2 Flux d’ions
5.3 Lois de Nernst et de Goodman
6- Application: Equilibres de Donnan et Phenomene de Starling
TRANSPORTS ACTIFS
Couplages energetiques
Biophysique des transports membranaires 3
I - PHYSICOCHIMIE DE L’EAU ET DES SOLUTIONS
ETATS DE LA MATIERE
2-Liaisons intermoléculaires
Les forces de forte énergie assurent les liaisons de type covalent; les forces de faible
énergie (forces de Van der Waals) assurent des interactions momentanées:
- reconnaissance d’une hormone ou d’un médiateur par son récepteur
- maintien des structures macromoléculaires (enzymes, acides nucléiques)
- interactions reversibles
L’ordre de grandeur typique d’une liaison de forte énergie est de 400 à 800
kJ.mol-1; une liaison de faible énergie sera plutôt de1 à 50 kJ.mol-1.
d µ=q.d
• •
-q +q
-q
O
α 104,28
nm
9 58
0,0
H H
+q
µ=1,84 d
1 q1q 2
F=
4πε 0 εr r 2
ε0 permittivité electrique du vide, εr constante dielectrique (1 pour le vide, très légèrement
supérieur à 1 pour les gaz, 2 lipides et protéines, 80 pour l’eau à 20 C)
Quand on plonge un cristal de NaCl dans l’eau, F devient 80 fois plus faible, les ions
s’écartent d’où dissolution.
Cette force est non directionnelle, s’exerce à longue distance; l’énergie de liaison varie en 1/r
et est de l’ordre de 5 à 40 kJ.mol-1.
Un dipôle crée un champ électrique (de volume très limité), qui influe donc sur tout autre
dipôle au voisinage proche. Pour une population de molécules l’énergie potentielle de deux
dipôles éloignés de r varie en r-6. Bien sûr l’agitation moléculaire (donc la température)
s’oppose à l’alignement des dipôles.
F. Liaison Hydrogène
La liaison hydrogène se produit lorsqu’un atome d’hydrogène lié à un atome électronégatif
(O-H, N-H) se trouve à proximité d’un autre atome électronégatif (par exemple
RR’NH...O=CRR’). Il se forme une interaction électrostatique charge-dipôle et dipôle-dipôle,
d’énergie assez importante; cette liaison peut être intramoléculaire aussi bien
qu’intermoléculaire.Le rôle des liaisons hydrogène en chimie et en biochimie est très
important, en particulier dans les propriétés de l’eau et dans le maintien de la structure des
macromolécules (ADN, protéines...)
G. Interactions hydrophobes
Les molécules non polaires et peu polarisables tendent à se regrouper, ce qui crée une force
de liaison hydrophobe.
Ep 12
forces répulsives k1/r
r0 x
12 6
k1/r - k2/r
EL
6
forces attractives -k2/r
Argon 0 0 0 100
CO 0,12 0,4 0,9 98,7
HBr 0,78 3,1 2,2 94,7
NH3 1,5 45 5,2 49,8
H2O 1,84 77 4 19
Les changements d’état se réalisent par apport ou retrait d’énergie, dont la forme la plus
simple est la chaleur, expression macroscopique de l’agitation moléculaire. L’unité de chaleur
est la calorie, énergie nécessaire pour porter un gramme d’eau de 14,5 à 15,5 degrés
Celsius (4,18 Joules).
GAZ
N
O
TI
SU
N
AC
IO
BL
C
EF
O
AT
IM
N
U
AT
D
Q
EN
LI
IO
AP
SA
N
EV
TI
O
N
FUSION
LIQUIDE SOLIDE
SOLIDIFICATION
La majorité des phénomènes biologiques s’effectuent à l’état liquide, dans l’eau qui
représente les trois quarts de l’organisme.
1- Propriétés de l’eau
Les propriétés remarquables de l’eau (par comparaison à des analogues de structure
comme H2S, gazeux) s’expliquent par la formation de liaisons hydrogène de chaque
molécule avec ses 4 voisines, ce qui forme une structure pseudo-cristalline. La masse
spécifique est de 1000 kg.m-3 à 4°C alors qu’à l’état solide, celle-ci est de 910 kg.m-3.
L’énergie de liaison est élevée (50 kJ.mol-1); la quantité de chaleur nécessaire pour faire
fondre la glace ou pour évaporer l’eau liquide est importante en raison des liaisons
hydrogène à rompre, et joue un grand rôle dans la régulation thermique (1 g d’eau évaporée
par la sueur permet d’éliminer 2245 J). La constante dielectrique est très importante,
permettant de diminuer les forces d’interaction des molécules dissoutes. L’eau est un
excellent solvant des substances polaires (sucres, acides aminés,...) mais n’a qu’une faible
affinité pour les lipides, ce qui contribue à la stabilisation des membranes biologiques.
La forte constante diélectrique et la polarité de l’eau entrainent la dissolution des cristaux
ioniques, ainsi que la solvatation des ions qui attirent les dipôles de l ‘eau et s’entourent d’une
gaine d’hydratation (forces entre charges et dipôle)
2- Solutions
Tout mélange d’au moins deux substances, tel que les molécules constituant le mélange
soient réparties de façon entièrement homogène. Il existe des solutions solides mais en
pratique le terme désigne le mélange de composés (les solutés - gaz, liquide ou solide)
dans un liquide, le solvant.
Les proportions relatives de soluté et solvant sont exprimés par:
- concentration pondérale, masse de soluté par unité de volume de solution, à utiliser de
préférence lorsque le soluté ne possède pas une structure bien définie (ex protéines dans le
sérum 70 g.l-1)
- concentration molaire, plus intéressante pour les phénomènes biologiques où le nombre de
moles réactives est important. L’unité usuelle est alors la mole par litre, mol.l-1; l’unité SI
nécessaire dans les calculs est la mol.m-3 (ex albumine, protéine bien définie de masse
moléculaire 65000, dans le sérum 0,7 mmol.l-1 plutôt de 45 g.l-1)
- concentration molale, la plus précise, en mol.kg-1 de solvant, et qui tient compte alors du
volume des espèces en présence, de la température (ex 1 litre de plasma n’a pas une
masse d’un kilogramme)
- fraction molaire, rapport du nombre de mole d’un composé au nombre total de moles en
présence
Si l’on applique cette dissociation à l’eau, on a dissociation de H2O en OH- et H+ (en réalité
H3O+)
On sait par la mesure que KH2O ([H+].[OH-]/[H2O]) est très faible, de l’ordre de 1,8 10-16 .
On définit le pH par
pH=-log[H+]
Ce qui donne donc une valeur de 7 pour le pH de l’eau, soit 100 nmol H3O + .l-1. Le pH du
sang veineux est de 7,35, soit 44,7 nmol.l-1, celui du sang artériel 7,45 soit 25,5 nmol.l-1.
De la même façon, on peut appliquer ces définitions aux équilibres de dissociation des
acides et des bases: les constantes d’équilibre KA (KA =[A-].[H+]/[AH]) et KB expriment la
force des couples acide AH/A- et base B/BH+ (ou A-/AH) par rapport à l’eau, et on utilisera
le pK (-logK) pour caractériser ces équilibres. [H+] apparaissant dans ces équilibres, on
pourra relier le pH de la solution à son pK .
Acide faible + base forte (ou sel de base forte): pH=pKa + log([sel]/[acide])
Base faible + acide fort (ou sel d’acide fort): pH=14 - (pKb + log([sel/base]))
4- Osmolarité
Dans le cas des phénomènes d’osmose, c’est le nombre d’unités cinétiques de la solution
qui est important; dans le cas d’une solution de molécules non dissociables, une mole est
équivalente à une osmole. Dans le cas de sels ou de molécules dissociables (acides,
bases,...), il faut calculer le nombre d’unités en présence.
5- Dissolubilité
La liaison des molécules d’eau avec les corps en solution trouve son expression
macroscopique dans les phénomènes de solubilisation.
Le corps peut comporter des groupes hydrophiles (COOH, OH, NH2...), polarisés et
capables de se lier avec le dipôle de l’eau, et des groupements hydrophobes (CH3,
C nH2n...) avec lesquels l’eau est faiblement liée.
Dans une solution, trois types de forces sont à considérer: forces eau-eau, soluté-soluté, eau-
soluté. Si les forces de liaison eau-soluté sont plus importantes que les liaisons eau-eau et
soluté-soluté, le corps sera soluble et à l’occasion de la dissolution, les variations d’énergie de
liaison se traduiront par une chaleur molaire de dissolution.
La solubilité d’un corps dépend de l’abondance relative des groupes hydrophobes et
hydrophiles: les sucres, riches en fonction alcool OH, sont solubles alors que les acides gras
sont de moins en moins solubles au fur et à mesure de l’élongation de la chaine
hydrocarbonée.
Beaucoup de corps sont partiellement solubles dans l’eau et partiellement solubles dans
des milieux hydrophobes (huile). Un équilibre de concentration s’établit alors entre les deux
phases, et le quotient des concentrations du corps dissous s’appelle le coefficient de
partage.
La solubilité des solides est très variable, la solubilisation de certains produits est limitée; au
delà d’une concentration maximale, la solution est saturée et le surcroit de soluté change de
phase. Certains liquides sont solubles en toutes proportions, d’autres forment deux phases
au delà d’une certaine concentration (démixion). Enfin la solubilité des gaz suit la loi de Henry,
V=s.p (V volume dissous, s coefficient de solubilité dépendant de la température, p
pression partielle du gaz); par exemple, le CO2 est 25 fois plus soluble dans les milieux
biologiques que l’oxygène.
Grosses protéines
Ovalbumine
• UREE
• EAU
1Å 10 Å 100 Å 1000 Å
Microscope Microscope
electronique optique
1- Etat colloïdal
L’état colloïdal est en fait assez mal défini, intermédiaire entre la solution vraie et la
suspension; on distingue quelquefois:
- colloïdes lyophobes, peu d’affinité avec le solvant, très fines particules insolubles en
suspension (ex métaux colloïdaux), en général instables.
- colloïdes lyophiles, forte activité pour le solvant, molécules solubles (ex collagène -
gélatine), en général stables.
- colloïdes amphilyophiles, constitués de micelles plus ou moins régulières.
Les colloïdes forment des gels, réseaux moléculaires plus ou moins rigides (dont les
interstices laissent passer solvant et petites molécules) ou des sols, lorsque les mailles de ce
réseau sont extrêmement lâches. Le passage sol-gel est le plus souvent très dépendant de
la température (ex gélatine). Les gels colloïdaux ont une grande importance (gelatine
dispersant des sels d’argent en photographie, gels de silice pour les séparations
chromatographiques). Dans le cytoplasme des cellules, on peut considérer que les protéïnes
sont en concentration élevée et constituent en fait un gel.
Ces divers systèmes colloidaux ont en commun une diffusion lente en phase aqueuse, une
pression osmotique faible, des propriétés optiques particulières, et une très grande surface
de contact en solution. Ils sont d’autre part très instables et peuvent floculer sous l’effet de
nombreux agents, transformant la solution colloidale monophasique en une solution
Biophysique des transports membranaires 13
biphasique.
2-Conformation
Chaque macromolécule possède en solution une structure tridimensionnelle caractéristique,
d’où découle des propriétés physoco-chimiques. les cas les plus extrêmes sont les formes
globulaires, les molécules sont repliées sur elles-même et apparaissent sphériques, ou les
formes linéaires qui ressemblent à des fibres. En ce qui concerne les protéines, on définit
quatre structures successives:
- primaire: composition en AA, liés par la liaison peptidique covalente. On atteint des
macromolécules de plusieurs milliers de dalton (1 dalton = MM de 1H)
- secondaire: repliement sur elle-même de la protéine, avec création de liaisons hydrogène,
pour former une structure α en hélice, ou β chaine / feuillet plissé
- tertiaire: repliement des brins dans l’espace, création de liaisons de type Van der Waals
intramoléculaires, pour aboutir à la forme responsable de l’activité biologique. La moindre
modification des conditions change cette conformation et peut détruire l’activité biologique.
- quaternaire: ponts disulfures entre AA soufrés (cystéine...), rassemblement de sous-unités
dissociables (protomères).
Les acides nucléiques sont aussi des macromolécules biologiques, support du code
génétique, dont la structure est bien connue: squelette sucre, phosphate, base, deux brins
couplés par liaisons Hydrogène, enroulement en double hélice.
Cette propriété est exploitée par les techniques d’électrophorèse: on soumet un colloïde
chargé en solution à une différence de potentiel et on étudie son déplacement dans le champ
électrique créé. Cette méthode permet d’identifier et de fractionner les macromolécules, voire
de les isoler puisqu’elles ne sont pas dégradées lors de laur migration. L’électrophorèse sur
support est la plus employée.
L’eau dans l’organisme représente la majeure partie en masse de tous les constituants: un
homme de 70 Kg possède
- eau 42 Kg,
- graisse 8 Kg,
- sels minéraux (squelette) 7 Kg,
- protéines 13 Kg dont 7 de muscles).
1- Compartiment intracellulaire
Ensemble très hétérogène puisque c’est l’eau incluse dans les cellules de l’organisme; il
représente 35 à 45 % du poids du corps. Le milieu intracellulaire est séparé du liquide
extracellulaire par les membranes qui assurent les échanges par des phénomènes passifs
(osmose) ou actifs, alors consommateurs d’énergie.
2- Compartiment extracellulaire
Divisé en secteur plasmatique ou vasculaire (plasma sanguin, 4,5 % du poids du corps) mû
par la pompe cardiaque et en secteur intersticiel, eau qui baigne les tissus et qui ne circule
que très lentement. Entre les deux secteurs se trouvent la membrane endothéliale des
capillaires, membrane dialysante (laisse passer eau et petites molécules). Dans le
compartiment vasculaire, la répartition de l’eau entre le milieu cellulaire (éléments figurés) et le
milieu extracellulaire (plasma) est mesuré par l’hématocrite, rapport du volume des éléments
figurés au volume total d’un échantillon de sang. La valeur normale de l’hématocrite est de
0,46± 0,06 chez l’homme et 0,42 ± 0,06 chez la femme.
A noter qu’il existe des espaces hors compartiments intra et extracellulaire, comme le liquide
céphalorachidien, les liquides digestifs, les cavités séreuses (plèvre, péritoine, synovie); ces
espaces sont séparés du milieu plasmatique par des cellules épithéliales.
Pour fixer les idées, chez un homme de 70-80 kg on trouvera 60 % d’eau totale, 45 % d’eau
Composition en ions
Corps entier Plasma
mmol.kg-1 mmol.l-1
Na+ 60 142
K+ 42 4
Ca ++ 550 2,5
Mg ++ 12 1,5
Cl - 33 103
HCO 3- 10 27
SO 4- 0,5
Protéines 1
5- Substances neutres
Seuls glucose et urée sont quantitativement importants. L’urée traverse comme l’eau les
parois cellulaires et se répartit à une concentration de 5 mMol dans tous les compartiments
liquidiens. L’urée n’est pas osmotiquement efficace.
Le glucose traverse librement la paroi des capillaires (soluté micromoléculaire) mais ne peut
entrer dans les cellules qu’en présence d’insuline qui provoque la synthèse des protéines
transporteuses de glucose (Glut, transport facilité). Dans les conditions physiologiques, la
glycémie est de 5 mmol.l-1; la différence de concentration entre les compartiments liquidiens
n’induit une pression osmotique importante qu’en cas de carence insulinique (diabète sucré
décompensé).
INTRODUCTION
-> une membrane peut être “simple” , par exemple la paroi d’une cellule ou complexe,
assemblage de plusieurs cellules.
1.1 LIPIDES
(extraction par solvants hydrophobes)
phospholipides (30 à 40 % du total membrane) et cholestérol (15 %)
O
n
CH3 O- O
O O
CH3 N+ P O
O m
CH3 O
HYDROPHILE HYDROPHOBE
HYDROPHILE HYDROPHOBE
L’acide gras peut comporter ou non des liaisons insaturées: acides caprique C10:0, stéarique
C18:0, oléique C18:1, linoléique C18:3.
CH3 O-
O O
CH3 N+ P N
O n
CH3 O H
HO
Les stérols modulent la fluidité de la membrane (fluidité qui dépend aussi de la composition
en acides gras)
1.2 PROTEINES
Environ 50 % de la membrane (> si activité métabolique +++)
Extraction par modifications de pH, force ionique si protéines extrinsèques; détergents,
enzymes si intrinsèque
Ces protéines, caractéristiques des différentes membranes sont responsables des activités
enzymatiques, des transports actifs ou facilités, des récepteurs…
Suspension aqueuse
de phospholipides
En suspension dans l’eau, ils forment spontanément des micelles, vésicules fermées
composées d’une double couche, très proche des membranes naturelles (Résistance
élevée, Capacité élevée, passage “facile” de l’eau et médiocre des gros ions)
Selon l’agitation, on peut obtenir des vésicules emboitées “en pelure d’oignon”, ou par
ultrasons, des vésicules de 25 nm formées d’une seule double couche:
5 nm
25 nm
Cette propriété est utilisée pour la création de liposomes, vésicules lipidiques vectrices de
médicaments (mais sont détruites par le foie) ou de produits de cosmétologie.
cholestérol
bicouche lipidique
La membrane n’est pas une structure fixe, de nombreux phénomènes dynamiques s’y
produisent continuellement:
1
3 4
2
Diffusion latérale et rotation des protéines 1,2
Diffusion transversale des phospholipides 4: τ= 10-2 s
Torsion des chaines: τ= 10-4 s
Bascule (flip-flop, 5): τ= 105 s
Biophysique des transports membranaires 22
Cette plasticité joue un grand rôle de modulation des réactions enzymatiques, de transport,
récepteurs…Elle dépend de la composition de la membrane (cholestérol) mais aussi de la
température, de la présence d’alcool, d’anesthésiques.
La topographie des protéines est en fait très organisée, selon leur rôle de canal ou de
synthèse enzymatique, par exemple dans la connection synaptique.
Au repos, la différence de potentiel Vint-Vext d’une cellule est de l’ordre de -70 mV;
l’épaisseur de la membrane étant faible, le champ électrique transmembranaire est donc très
élevé, de l’ordre de 100000 V.cm-1 (ddp 50 mV, épaisseur 5 nm). Lors de la
dépolarisation, cette tension s’inverse pour atteindre ~ +30 mV.
La membrane permet l’écoulement d’un courant électrique, mais avec une certaine résistance
Rm à ce passage. Un circuit électrique équivalent comporte en fait cette résistance Rm, la
résistance Ri du milieu cellulaire, et une capacité C puisque les deux couches lipidiques de la
membrane se comportent comme les couches isolantes d’un condensateur électrique.
Il est important de noter que le déséquilibre de charges induit par cette différence de
potentiel est minime, et qu’en termes de concentrations l’électroneutralité est maintenue. Les
pompes ioniques qui créent la différence de potentiel électrique transmembranaire assurent
le transfert de moins de 0,02 % des charges positives et négatives présentes dans la cellule.
Parmi les vaisseaux, seuls les capillaires permettent des échanges entre compartiments
liquidiens; la paroi des veines et artères est imperméable à l’eau et aux solutés.
Il existe ainsi une possibilité de transport à travers l’espace entre les cellules des
endothéliums capillaires (et la paroi du capillaire est alors défini comme une membrane),
assimilable à des pores dont la taille varie d’un capillaire à l’autre: très faible au niveau cérébral
(0,7 nm), plus grande pour le capillaire musculaire (4,5 nm), glomérulaire du rein (5 nm) et
pulmonaire (10 nm). Ne passent que les solutés de petite taille (micromoléculaire, sodium,
glucose) mais pas les protéines .
La membrane, par sa structure de bicouche lipidique est en fait peu perméable aux ions et
aux petites molécules; à coté des ces mécanismes fondamentaux “transferts passifs” de
b- TRANSPORTS ACTIFS
Le transport actif correspond au passage d’un soluté à travers la membrane contre son
gradient de potentiel chimique ou electrochimique. Ce transport nécessite la fourniture
d’énergie et ne peut être spontané (∆G > 0). Le transport du soluté à travers la membrane
est couplé à un système fournissant de l’énergie, transformation spontanée fournissant de
l’énergie et élément de couplage (pompe). Selon le type de couplage, on parlera de
couplage chimio-osmotique, osmo-osmotique, osmo-chimique. Les transports actifs ne
seront abordés ici qu'à titre d'introduction aux cours de biologie.
Dans tous les cas de transports, au niveau énergétique, les différents phénomènes mettent
en jeu un travail (variation d’enthalpie libre).
Le travail W met en jeu le déplacement du point d’application d’un force, c’est une forme
ordonnée de l’énergie. La chaleur est une autre forme d’énergie, non ordonée, dûe à
l’agitation moléculaire.
Une solution est caractérisée au niveau énergétique par son volume, sa température et le
nombre de mole de composé qu’elle contient, qui définit la notion de potentiel chimique.
1- Définition de l’enthalpie
L’enthalpie H d’un système représente la totalité de l’énergie contenue dans ce système.
L’échange de cette énergie avec le milieu extérieur ne peut se faire que sous forme de
chaleur ou de travail. La partie de l’enthalpie H qui peut être échangée sous forme de travail
avec le milieu extérieur à pression constante s’appelle l’enthalpie libre G.
2- Le potentiel chimique
Une solution contenant n moles de substance possède une enthalpie libre G; l’enthalpie libre
molaire µ=G/n est appellée portentiel chimique de la substance. µ dépend de la nature et
de la quantité de la substance, de sa phase (solide, liquide,...) de la température et de la
pression.
La relation entre potentiel chimique et concentration est:
µi=µ0i + RT Ln [Ci]
effective en mol.l-1.
On peut également dire que le potentiel chimique µi d’un constituant i dans une solution
représente la quantité d’énergie libre supplémentaire (donc de travail disponible
supplémentaire) qu’apporte au système une mole du constituant i, dans des conditions bien
définies (ne changeant pratiquement pas la température, la pression et les concentrations des
différents constituants). La disparition d’une mole de i au contraire diminuerait l’énergie du
système de son potentiel chimique (on peut noter également que le potentiel µi est le travail
Biophysique des transports membranaires 25
nécessaire pour amener une mole de soluté de l’infini en un point x de la solution).
Dans le cas d’un composé chargé, se rajoute à ce premier potentiel un potentiel
électrochimique ˜µ, qui prend en compte l’énergie supplémentaire apportée par la charge z
de la molécule, soit zF pour la mole (c’est aussi le travail qui permet d’amener une mole (zF
charges) de l’infini en un point x de la solution soit zF fois la différence de potentiel V):
~
µi = µi + zFV
Lorsqu’une espèce est à l’équilibre dans une solution, ou à travers une membrane, alors on a
en tous points le même potentiel chimique (ou électrochimique pour les espèces chargées).
Tout soluté diffuse spontanément vers l’état où son potentiel chimique est minimal. En cas de
différence de concentrations dans une solution, ou à travers une membrane perméable, un
composé diffuse spontanément dans le sens de son potentiel chimique décroissant, donc de
sa concentration décroissante et peut fournir un travail (travail osmotique). De même, une
charge positive se déplace spontanément dans le sens des potentiels électriques
décroissants (ou le contraire pour une charge négative) et peut fournir un travail (travail
électrique).
Au contraire, on doit fournir au système un travail pour
- concentrer une substance (cf travail osmotique du rein)
- transporter des charges contre leur gradient de potentiel.
Dans le cas de la filtration, ce travail est simplement représenté par la pression appliquée.
Ces notions de “bioénergétique” sont très importantes pour les transports.
1- DIFFUSION
t=0 t>0
x' o x
C1 C2
C(x)
TO
dC/dx
T∞
∆m ∆C
= −D.S.
∆t ∆x
∆m est la masse de soluté qui diffuse, ∆t le temps, S la surface de diffusion, ∆C la différence
de concentration entre les deux compartiments, ∆x la distance. D est la constante de diffusion,
propre à chaque soluté. Le signe moins indique que les axes de concentrations sont pris en
sens inverse des abscisses. En d’autres termes ∆m représente la masse de soluté qui s'est
déplacé pendant le temps t du plan
d'abscisse x, de concentration C+ ∆C, au plan x+∆x, de concentration C.
La deuxième loi de Fick permet de calculer les concentrations en tous points et à n’importe
quel temps:
∂2 C ∂C
D. 2 =
∂x ∂t
La concentration en chaque point dépend à la fois de la distance x et de l’intervalle de temps
t. Les dérivées partielles expriment donc la variation des concentrations en fonctions de t et
de x. Cette équation se simplifie généralement: par exemple si le compartiment 1 est
l’espace interstitiel et le compartiment 2 une cellule, on peut considérer la concentration
extérieure C1 comme constante (car le volume du compartiment est très largement
supérieur); si l’on part à C2=0 dans une cellule à t0, on obtient une courbe en 1-e-kt:
C2=C1*(1-exp -kt )
0
temps
∆C
J = −D.
∆x
avec J= (dm/dt)/S, débit de substance par unité de surface mol.m-2.s-1
1.3 Signification de D
∆l
C2
soit une colonne de section S ou s’effectue une diffusion de la région la plus concentrée, de
concentration C1 vers la moins concentrée C2. ∆l est la distance moyenne parcourue par les
molécules (agitation moléculaire brownienne) pendant l’unité de temps ∆t (∆l constante si T°
est constante).
La moitié des molécules dans chacun des volumes de concentration va diffuser vers le haut
ou vers le bas; sur une section de référence S, la quantité nette de substance dissoute
diffusante sera donc égale à ce qui arrive de C1 moins ce qui arrive de C2 soit:
∆m 1 ∆l 2 ∆C
= .S.
∆t 2 ∆t ∆l
D tient compte de deux forces antagonistes: force motrice dûe à l’agitation thermique et donc
dépendante de la température; force de frottement dépendante de la viscosité du milieu.
Si l’on considère une particule sphérique de rayon r dans un milieu de viscosité η , f= 6π.η.r
et
k.T
D=
6.π.η.r
et comme le volume (4/3. Π.r3) peut être relié à la masse par la masse volumique
Cte.T
D= 3
M
Cette formule peut être généralisée à toutes les molécules, quelles que soient leurs formes.
α=2
C1
C2
α=1
α = 0,5
x
0 h
Une faible valeur du coefficient de diffusion peut être compensée par une forte valeur du
coefficient de solubilité dans la membrane α (cas de composés lipophiles).
Dans la 1ère loi de Fick, J = -D. dC/dx on peut introduire cette notion de solubilité:
la concentration dans la membrane est C’ = αC, J = - D.α dC/dx où dx est l’épaisseur h de
la membrane donc
D.α
J= −
. ∆C
h
et le rapport D.α/h est appelé P, perméablilté diffusive de la membrane. P a la dimension
d’une vitesse, m.s-1.
La cinétique de transport est décrite par une relation hyperbolique, et les flux présentent une
saturation de type michaelien (= tous les sites du transporteur sont occupés) permettant de
définir les parametres cinétiques, flux maximum Jmax et constante de transport Km de façon
Biophysique des transports membranaires 32
totalement identique à la théorie des enzymes et des récepteurs):
J max. [ S]
J=
K m + [S ]
S Etat 1 Etat 2
Dans le deuxième cas, un canal est un ensemble de sous unités protéiques associées autour
d’un axe central formant la lumière du canal (lumen). Les canaux restent la plupart du temps
fermés, ce qui permet de conserver les gradients de potentiels et electrochimiques assurés
par les pompes. L’ouverture donc le passage des ions est commandée par différents
stimuli:
- variation de potentiel transmembranaire
- variation de pression
- variation de concentration en ion (par ex Ca++ )
- fixation d’un ligand.
Ces canaux protéiques ont maintenant pu être purifiés et incorporés à des membranes
artificielles pour leur étude:
IONS
Un canal (500 par µm2 pour le Na+, 50 pour le K+) permet le passage d’environ 107 ions
par seconde On sait créer un canal artificiel dans une membrane avec la gramicidine: ce
polypeptide, de structure hélicoïdale se fixe sur les membranes, sous forme de dimère et
forme un “tunnel”. Les membranes laissent alors facilement passer les cations monovalents
(hydratés) de diamètre < 0,2 nm (ionophores)
3 Filtration
3.1- Relation débit-pression
Le débit de liquide (ou de solution) qui traverse une membrane dont les pores sont de tailles
>> aux molécules sous l’influence d’une pression est proportionnel à la pression.
J = K ∆P
Dans la constante K entrent la surface de la membrane, la surface des pores (cf 3.4) et un
coefficient de filtration PF, en m.s-1 qui varie selon le type de paroi capillaire:
Organe PF
Cerveau 1 10 -3
Poumon 45 10 -3
Rein 29000 10-3
La faible valeur de Pf pour les capillaires cérébraux est un des facteurs qui expliquent que
très peu de molécules passent directement de la circulation vers les cellules cérébrales; cette
restriction est un des constituants de la barrière hématoencéphalique.
Le débit de liquide filtré par les reins est ~ 120 ml.min-1 chez le sujet sain, très diminué en
cas de maladie (par diminution de la surface de filtration et/ou de pression sanguine). Le rein
fait passer du plasma à 310 mOsm à l’urine 1800 mOsm, soit donc un travail de concentration
non spontané, puisque dans le sens des potentiels chimiques croissant:
Cu
W = n.R.T.Ln
Cp
3-2 Transmittance
Si le diamètre des pores varie et que la taille des pores peut être inférieure à la taille du
soluté, on parle de transmittance:
Pores
1
0
Diamètre des pores
et des molécules
Si les pores > taille des molécule, T = 1
Si les pores sont plus petits, la transmittance est < 1 et on parle d’ultrafiltration (exemple des
membranes d’ultrafiltration stérilisante, 0,22 µm)
Perméabilité
-1 2 8
mol.s .mm .10
20
◊ Eau
◊ NaCl
10 ◊ Urée
◊ Glucose
Inuline Hémoglobine
◊ ◊
10 20 30 Rayon Å
Sur une membrane biologique, le phénomène de pression est rarement isolé puisqu’on
trouvera toujours dialyse, pression osmotique et mouvements d’ions (on emploie
quelquefois le terme d'ultrafiltration).
Fs Fe
Eau pure
La membrane est imperméable au soluté: seul le solvant peut diffuser (dans les deux
sens). Au départ, le flux d’eau entrant Fe est très supérieur au flux sortant, puis on atteint
l’équilibre; à ce moment, P=h.ρ.g pression hydrostatique est égale à la pression osmotique.
Modélisation:
1 2
Il existe un flux de solvant de 2 vers 1 que la pression appliquée sur le piston contre-
balance.
La pression osmotique d’une solution est la pression (hydrostatique) qu’il faudrait exercer sur
la solution pour empécher le solvant pur de traverser la membrane.
p.V=nsoluté.R.T
π= i.Cm.R.T
Pour l’acide acétique: z=2, si αn vaut 0,6 i=1,6 et il y a donc 1,6 fois plus d’unités cinétiques
que de moles.
Expression en concentrations osmolaires:
π= C o .R.T
Co: Concentration osmolaire
Osmole: toute particule active; ex CaCl2 M => 3 Osm
En toute rigueur, il faut utiliser des concentrations molales et osmolales en mol.kg-1 plutôt que
des molarités en mol.l-1; si pour des solutions aqueuses les deux notions peuvent se
confondre, c’est moins vrai pour la plasma qui ne contient que 94 % d’eau.
Dans tous les cas, l’osmose dépend du type de membrane qui doit être spécifiée, puisque
Biophysique des transports membranaires 38
c’est elle qui déterminera les espèces qui passent à travers la membrane ou non.
Membrane dialysante : perméable à l’eau, aux petits ions et molécules PM < 1000
Membrane semiperméable (ou hémiperméable): strictement perméable à l’eau
Une application des lois de l'osmose est le déssalement de l'eau de mer, ou une pression
importante va permettre d'inverser le flux d'eau pure. La technique est limitée par les fortes
pressions engagées et la difficulté d'obtenir une membrane semiperméable résistante.
-
HCO3 27 mEq + ++
+ Divers K , Ca
+ -
Na 142 mEq Cl 103 mEq Urée
Protéines
π oncotique
Les protéines ne passent pas les membranes dialysantes et sont donc responsables sur
celles-ci d’une pression appelée pression oncotique, qui vaut environ 28 mmHg.
L’osmolarité totale du plasma est de 300 à 310 mOsm/l mesurée sur une membrane
strictement semiperméable.
4.5 Cryoscopie
Une autre propriété colligative se retrouve dans le phénomène d’abaissement du point de
congélation d’une solution par rapport au solvant pur: à 0°C, un cristal de glace ne fond pas, il
est à l’équilibre avec de l’eau pure; mais il fond si on le place dans une solution.
Cet abaissement cryoscopique ∆θ est donné par la loi de Raoult,
∆θ = Kc . n
n est l’osmolalité totale de tous les solutés (donc le nombre d’unités cinétiques) et Kc est la
constante cryoscopique caractéristique du solvant , -1,86 °C.mol-1 pour l’eau.
Osmométrie et cryoscopie, de même nature théorique, ont des domaines d’application très
différents. L’osmométrie est difficilement utilisable pour des solutions contenant des
micromolécules (faible masse moléculaire), car il est pratiquement impossible de trouver des
membranes strictement hémiperméables pour ces molécules, et les pressions osmotiques
sont énormes. Ces concentrations sont facilement mesurables par l’abaissement de
Biophysique des transports membranaires 40
température de fusion qu’elle provoquent (et classiquement en pratique c’est la méthode
utilisée pour la détermination de la pression osmotique des liquides biologiques tels que
plasma et urine). Par exemple, une solution de NaCl 0,1 M à 27 °C développe 498000 Pa,
soit une hauteur d’eau équivalente de 50 m. En cryoscopie, on mesurera facilement un
abaissement de température de 0,37 °C. L’osmométrie est très utilisée pour les solutions
macromoléculaires, où en raison de l’importante masse moléculaire des protéines, la
concentration osmolaire est faible.
Les ions étant des particules dissoutes chargées seront soumis aux phénomènes de
diffusion, de filtration mais également aux forces dûes aux différences de potentiels.
H2O
ION
L’ion solvaté est un édifice qui se conserve lors des déplacements (diffusion, dialyse,
mobilité ionique); le nombre de molécules d’eau de solvatation dépend de la taille de l’ion
(ex sodium 8 H2O, potassium 4 H2O)
Mobilité ionique: les ions sont accélérés par le champ électrique mais atteignent une vitesse
limite due aux frottements dans le milieu
r r
v = u.E
u est la mobilité ionique (typiquement 100 nm.s-1 dans un champ de 1 V.m-1) et dépend
du coefficient de friction f dans le milieu
z.e
u=
f
5.2 Flux des ions
La loi qui régit le transport des ions induit par une différence de potentiel est très similaire à la
loi de Fick, puisqu’on a:
∆V
Ji = −u.Ci
∆x
et, comme D=kT/f
zF ∆V
Ji = −D Ci
RT ∆x
Le transport total d’ions sous l’influence de la diffusion et d’une ddp est la somme des deux
flux, soit
RT C 2
V2 − V1 = − Ln
zF C1
F constante de Faraday (N fois la charge de l’électron), z charge, R Cte des gaz parfaits, T t°
absolue.
~ ~
µ x 1 = µx 2
en remplaçant le potentiel électrochimique par sa valeur (cf 4.1)
µx 1 + zFV1 = µx 2 + zFV2
soit
µx 2 - µx 1 = zF(V1-V 2)
et comme on a
µx =µ0x + RT Ln [C x ]
zF(V1-V 2) = RT (Ln [Cx 2]-Ln [Cx 1])
donc
RT C 1
V1 − V2 = − .Ln x
zF Cx 2
ou encore
RT C 2
V2 − V1 = − .Ln x
zF Cx 1
D’autre part, la règle d’électroneutralité s’applique: dans chacun des compartiments la somme
des charges électriques portées par les ions positifs est égale à la somme des charges
électriques portées par les ions négatifs.
Si plusieurs ions sont en équilibre , l’égalité est vérifiée pour chacun d’entre eux
RT Na +2 RT Cl−2
V 2 − V1 = − Ln + = Ln −
F Na1 F Cl1
Dans le cadre de la cellule, la loi de Nernst explique bien le comportement de l’ion Cl- , est
relativement exacte pour K+ mais ne l’est plus du tout pour le Na+ . Une meilleure approche
fait entrer en compte les perméabilités membranaires qui sont différentes pour les ions qui
nous intéressent: PK>PCl >>>PNa
On applique la loi de Goldman qui permet de rendre compte la majorité des résultats
expérimentaux:
Dans le cas de la cellule, l’explication exacte des mouvements d’ions prend en compte les
autres mécanismes qui entrent en jeu tels que les pompes ioniques; le fonctionnement de
celles-ci crée une ddp stable et donc un état stationnaire où la concentration des ions
demeure constante dans chaque compartiment. Cette ddp est dûe à un léger déséquilibre
des charges et contrôle les flux ioniques ultérieurs de diffusion et de gradient electrique, pour
obtenir un flux net nul.
On a alors un état stationnaire (dû à des phénomènes actifs) et non plus d’équilibre (passif).
∆C v ∆P z.F ∆Ψ
J = −D. + .C. + .C.
∆x RT ∆x RT ∆x
Cet équilibre se retrouve lorsque dans un compartiment une protéine (ou macromolécule)
chargée ne peut pas diffuser vers un autre compartiment; c’est le cas des protéines à
l’intérieur d’une cellule ou d’un capillaire par rapport à l’espace intersticiel.
Pour l’ expliquer, on peut considérer 3 cas de plus en plus complexes, dans deux
compartiments séparés par une membrane dialysante:
1/ Petits ions diffusibles
Electroneutralité (ddp anions=ddp cations)
égalité de concentration
ddp nulle
pas de π osmotique
2/ Petits ions diffusibles, macromolécule neutre
Electroneutralité
égalité de concentration
ddp nulle
π osmotique due à la macromolécule
3/ Petits ions diffusibles, macromolécule chargée: EQUILIBRE DE DONNAN
Electroneutralité
inégalité de concentration
ddp non nulle
π osmotique due à la macromolécule chargée + excès
d’ions de signe contraire attirés
Il y a donc une inégalité de concentration en ions diffusibles des deux cotés, d’où une
différence de potentiel; la loi de Nernst décrit le potentiel d’équilibre pour chacun des ions
RT Na + 2 RT Cl− 1
V2 − V1 = − Ln = Ln −
zF Na + 1 zF Cl 2
ce qui permet d’obtenir la relation de Donnan,
[Cl-]1 . [Na+ ]1= [Cl-]2 . [Na+ ]2
Na2+ Cl1−
= =r
Na1+ Cl2−
Biophysique des transports membranaires 45
On peut écrire aussi d’après les équations précédentes
[Cl-]1 < [Cl-]2 = [Na+ ]2 < [Na+ ]1
L’ion non diffusible [Rz-]1 repousse les ions de même signe et attire les ions de signe
opposé, soit r < 1; l’ion non diffusible [Rz-]1 impose à son compartiment un potentiel de
même signe que sa charge. r vaut 1 si la concentration de macro-ion est nulle ou si on travaille
au pH isoélectrique de la protéine.
Les conséquences de cet équilibre, qui peut se généraliser pour les nombreux ions et
protéines du vivant, sont:
• Un excès d’ions diffusibles du coté d’une protéine chargée qui ne diffuse pas: la protéine
chargée repousse les ions de même signe et attire les ions de signe opposé, le total des
petits ions du coté de la protéine est supérieur au total des ions de l’autre coté.
• création d’une ddp puisqu’il y a inégalité de concentration ionique: par exemple dans la
cellule, création d’une ddp ~-10 mV)
• La concentration globale est plus grande du coté de la protéine; il se développe donc une
pression osmotique plus importante que prévue par la concentration en macro-molécule,
appelée pression oncotique, très importante dans les échanges capillaires (phénomène de
Starling).
Phénomène de Starling
Artériole Veinule
Glucose Lactate
H2O,O2 H20, CO2
π Pv π
Pa
La membrane du capillaire peut être considérée comme dyalisante, elle permet un passage
d’eau et de petites molécules. Dans le milieu intersticiel, le contenu en protéine est très faible
et la pression osmotique est due en majorité aux protéines du plasma (y compris le
Biophysique des transports membranaires 46
phénomène de Donnan, vide supra ), π= 28 mmHg. Il existe d’autre part une différence de
pression entre le milieu intersticiel et la lumière du capillaire, dûe essentiellement à la pression
sanguine. Celle-ci diminue de l’artériole à la veinule du fait de la perte d’énergie dans le
capillaire (cf hémodynamique). Au pôle artériel de l’anse capillaire la pression artérielle (32
mmHg) est toujours supérieure à la pression oncotique dûe aux protéines du plasma (28
mmHg) et permet une sortie de l’eau et des petites molécules vers l’intersticium. Au pôle
veineux, la pression veineuse n’est plus que de 12 mmHg, donc inférieure à la pression
oncotiquece qui permet la resorbtion des métabolites.
A l’état normal, les deux flux sont équivalents et il n’y a pas d’accumulation de fuide dans les
tissus, c’est l’équilibre de Starling.
Un couplage energétique associe une transformation spontanée (une molécule diffusant d’un
endroit à haute concentration vers un endroit à basse concentration, une charge positive se
déplace dans le sens des potentiels électriques décroissants, une réaction chimique...) à une
seconde transformation non spontanée, utilisant le travail libéré par la première pour stimuler
la seconde. On peut ainsi trouver:
- une réaction chimique spontanée (ATP > ADP + Pi, transfert d’électrons...)
permettant le transport actif d’ions ou de solutés, couplage chimio-osmotique
- un transport spontané d’un soluté (ion le plus souvent), couplé à une réaction
chimique non spontanée, couplage osmo-chimique
- un transport spontané de soluté couplé à un second transport non spontané,
couplage osmo-osmotique
Ces couplages sont assurés au niveau des membranes de la cellule, des mitochondries par
des complexes protéiques.
Couplage chimio-osmotique:
Certaines protéines membranaires sont capables de coupler une réaction chimique
energétique (hydrolyse ATP, oxydoréduction) à un transport actif non spontané d’ions variés
(H+ , Na+ ,K+ ,Ca++ …). Si le fonctionnement de ces pompes ioniques s’accompagne d’une
création de charges, on parle de pompes electrogènes (ex ATPase Na+ /K+ , qui transfère 3
Na+ pour 2 K+ ). Si les charges sont conservées on parle de pompes électroneutres (ex
ATPase gastrique H+ /K+ )
Au niveau de la mitochondrie, l’énergie nécessaire pour les différents travaux cellulaires est
obtenue à partir de l’oxydation des combustibles cellulaires, glucose par exemple:
C 6H12 O 6 + 6 O 2 <-> 6 CO 2 + 6 H 2O, ∆G°= -2880 J.mol -1
Dans les conditions physiologiques, l’oxydation du glucose se fait sans participation
d’oxygène, les accepteurs d’électrons sont des coenzymes sous forme oxydée NAD+ et
FAD qui se transformeront en coenzymes réduits NADH et FADH2; ce sont ces coenzymes
réducteurs qui seront donneurs d’électrons à l’oxygène moléculaire, transfert catalysé par la
chaine membranaire de transfert d’élecrtrons de la membrane interne de la mitochondrie (dans
le cas des membranes photosynthétiques, le donneur initial d’électrons sera un chromophore
(chlorophylle) excité par une absorption de lumière).
Le transfert des protons en dehors de la mitochondrie permet les couplages osmo-
chimiques décrits ci-dessous.
Couplage osmo-chimique:
Réalisé par des protéines de la membrane mitochondriale, ce couplage utilise le travail fourni
par la diffusion spontanée du proton qui retourne de l’extérieur vers l’intérieur (secondaire à un
couplage chimioosmotique entre une oxydoréduction spontanée et un transport actif vers
l’extérieur du H+ ) pour réaliser la synthèse d’ATP à partir d’ADP et de Pi. En moyenne, le
retour de trois protons est nécessaire pour créer un ATP. Ce mécanisme est responsable de
la synthèse de la majeure partie de l’ATP cellulaire chez les eucaryotes, synthèse qui atteint
50 à 75 kg d’ATP/jour.
Couplage osmo-osmotique
D’autres protéines permettent une diffusion facilitée couplée à un transport actif d’autre
molécule: la protéine membranaire (= transporteur) reconnait deux solutés, un ion “moteur” et
un soluté. On a un co-transport si les deux solutés vont dans le même sens, un contre-
transport dans le cas contraire. Ce mécanisme complexe permet une accumulation de
solutés (sucres, acides aminés, nucléotides...) au delà des valeurs de la concentration
externe, ce qui ne serait pas possible dans les cas de diffusion simple ou de transport
passif. Un exemple type est le système D-glucose/Na + des membranes de cellules
intestinales, qui couple la diffusion facilitée du Na+ (de l’extérieur vers l’intérieur) au transport
actif secondaire du glucose. On connait aussi des translocases ADP/ATP mitochondriales.
Na+
Na+ K+ Na+
S
H+
ADP
MEMBRANE
ATP
CELLULAIRE
Na+ K+
Na+
Na+
S H+
CYTOPLASME
COUPLAGE
OSMO-CHIMIQUE
H+
H+
COUPLAGE
H+ ATP
S CHIMIO-OSMOTIQUE
ADP
COUPLAGE
OSMO-OSMOTIQUE
H+ ADP ATP
S
ADP
H+
H2A+1/2 O2 A + H2O
GLYCOLYSE H+
KREBS
(Photosynthese) MITOCHONDRIE
Références
Biochimie et biophysique des membranes; aspects structuraux et fonctionnels,
E. Shechter, Masson Ed, 1990
Phénomènes de transport en biologie, A. Syrota, Ed Paris sud, 1990
Biophysique PCEM, Grémy, Ed Flammarion Médecine