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Faculté de Médecine

RTH LAENNEC

PCEM 1

PHYSICOCHIMIE DE L’EAU
ET
DES SOLUTIONS,
TRANSFERTS
MEMBRANAIRES

Didier Le Bars
CERMEP
Janvier 2001

Biophysique des transports membranaires 1


I - PHYSICOCHIMIE DE L’EAU ET DES SOLUTIONS
ETATS DE LA MATIERE
1-Agitation moléculaire - mouvement Brownien
2-Liaisons intermoléculaires
2-1 Typologie des liaisons
a. forces entre charges
b. forces entre charges et dipôles
c. forces entre dipôles (Keesom)
d. forces entre dipôles induits (Debye)
e. forces entre dipôles instantanés (London)
f. liaison Hydrogène
g. interaction hydrophobe
h. forces de répulsion - énergie maximale d’interaction
i. importance relative des interactions
j. tableau récapitulatif

3- Energie totale d’une molécule

PHYSICOCHIMIE DE L’EAU ET DES SOLUTIONS


1- Propriétés de l’eau
2- Solutions
3- Dissociation, Equilibres, pH
4- Osmolarité
5- Dissolubilité

MACROMOLECULES ET COLLOIDES
1- Etat colloïdal
2- Conformation
3- Propriétés électriques

COMPARTIMENTS LIQUIDIENS
1- Compartiment intracellulaire
2- Compartiment extracellulaire
3- Détermination des volumes des compartiments
4- Ions
5- Substances Neutres

Biophysique des transports membranaires 2


II BIOPHYSIQUE DES TRANSPORTS MEMBRANAIRES
INTRODUCTION

LA MEMBRANE
1-Composition Chimique
1.1 lipides
1.2 proteines
1.3 osides

2-Organisation Structurelle
2.1 Monocouche
2.2 Plasticite
2.3 Descrption electrique
2.4 Sites de passage

INTRODUCTION AUX TRANSPORTS: BIOENERGETIQUE


1-Enthalpie
2- Potentiel Chimique
TRANSFERTS MEMBRANAIRES PASSIFS
1- Diffusion
1.1 description
1.2 lois de la diffusion
1.3 coefficient de diffusion D
2- Dialyse
2.1 Solubilité dans la membrane
2.2 un cas particulier: transport faciite
3- Filtration
3.1. Relation débit-pression
3.2. transmittance
3.3 exemples : Rein Artificiel
4- Osmose
4.1 osmomètre
4.2. expression des lois
4.3 Cas du sang
4.4 Isoosmolarité / isotonicité
4.5 cryoscopie

5- Ions
5.1 Mobilité des ions
5.2 Flux d’ions
5.3 Lois de Nernst et de Goodman
6- Application: Equilibres de Donnan et Phenomene de Starling

TRANSPORTS ACTIFS
Couplages energetiques
Biophysique des transports membranaires 3
I - PHYSICOCHIMIE DE L’EAU ET DES SOLUTIONS

ETATS DE LA MATIERE

Les différents états de la matière contiennent les mêmes molécules; la différence de


comportement est dûe à des différences de liaisons intermoléculaires: les forces de liaisons
intermoléculaires tendent à lier les molécules les unes aux autres, alors que l’agitation
thermique et le mouvement brownien tendent à les séparer.

1-Agitation moléculaire - mouvement Brownien


Le mouvement brownien est un mouvement incessant, désordonné, aléatoire qui anime les
particules et que l’on peut observer au microscope. Ce mouvement est en fait la résultante
macroscopique de l’agitation moléculaire, qui témoigne de l’énergie cinétique des molécules
prises individuellement. Toute particule, a chaque instant, parcourt une certaine distance ∆l
dans une direction quelconque et en fait la résultante de ce déplacement, le libre parcours
moyen par unité de temps, est constant (à conditions fixes). D’autre part, on peut démontrer
par la théorie cinétique des gaz que l’agitation thermique des molécule (translation) est
proportionnelle à la température absolue, avec U l’énergie interne
U = 3/2 . R. T
pour une mole de gaz parfait (R, constante des gaz parfait 8,32 J.mole-1.°K-1)
Pour des molécules plus complexes (diatomiques, polyatomiques) on ajoutera l’énergie des
mouvement de rotation et d’oscillation de part et d’autre de leur position d’équilibre.

2-Liaisons intermoléculaires
Les forces de forte énergie assurent les liaisons de type covalent; les forces de faible
énergie (forces de Van der Waals) assurent des interactions momentanées:
- reconnaissance d’une hormone ou d’un médiateur par son récepteur
- maintien des structures macromoléculaires (enzymes, acides nucléiques)
- interactions reversibles
L’ordre de grandeur typique d’une liaison de forte énergie est de 400 à 800
kJ.mol-1; une liaison de faible énergie sera plutôt de1 à 50 kJ.mol-1.

2-1 Typologie des liaisons


Les liaisons de faible énergie sont dûes à des forces électrostatiques, liées aux charges et
aux dipôles (crées par une dissymétrie de la répartition des charges électriques sur les
groupes d’atomes constituant les molécules).
On appelle dipôle deux charges égales, de signe opposé, situées à distance d:

d µ=q.d
• •
-q +q

le moment dipolaire est une grandeur vectorielle de module µ=q.d et de direction


- vers +; l’unité de dipôle est le C.m (plus courant, le Debye 1d=0,33 10-29 C.m)
Biophysique des transports membranaires 4
Les dipôles peuvent être permanents ou induits.
L’eau est un dipôle permanent:

-q
O
α 104,28
nm
9 58
0,0
H H
+q

µ=1,84 d

A. Forces entre charges:


La loi de Coulomb s’applique:

1 q1q 2
F=
4πε 0 εr r 2
ε0 permittivité electrique du vide, εr constante dielectrique (1 pour le vide, très légèrement
supérieur à 1 pour les gaz, 2 lipides et protéines, 80 pour l’eau à 20 C)
Quand on plonge un cristal de NaCl dans l’eau, F devient 80 fois plus faible, les ions
s’écartent d’où dissolution.
Cette force est non directionnelle, s’exerce à longue distance; l’énergie de liaison varie en 1/r
et est de l’ordre de 5 à 40 kJ.mol-1.

B. Forces entre charges et dipôles


Les forces peuvent s’exercer entre charge et dipôle permanent ou induit (cf infra); l’exemple
typique est la solvatation des ions: plus un ion est petit, plus il s’entoure de molécules d’eau
(ex Li 6, Na 5, K 4, Cl 3 ...) ce qui augmente son rayon apparent en solution et influe sur sa
mobilité. Les forces entre charges et dipôle sont donc directionnelles, l’énergie mise en jeu
varie en 1/r3

C. Forces entre dipôles: Forces de Keesom


Un dipôle permanent est constitué par une molécule sur laquelle la répartition des charges est
continuellement dissymétrique, ex H2O, CH3OH mais pas CH 4 .

Un dipôle crée un champ électrique (de volume très limité), qui influe donc sur tout autre
dipôle au voisinage proche. Pour une population de molécules l’énergie potentielle de deux
dipôles éloignés de r varie en r-6. Bien sûr l’agitation moléculaire (donc la température)
s’oppose à l’alignement des dipôles.

D. Forces entre dipôles induits - forces de Debye


Une structure stable électriquement neutre, lorsqu’elle est soumise à un champ induit par une
charge ou un dipôle, peut voir se modifier la répartition spatiale de ses électrons et devenir
elle-même un dipôle. Le moment dépend de la valeur du champ électrique inducteur et de la
polarisabilité de la molécule. Importante à courte distance, l’énergie varie en r-6
E. Forces entre dipôles instantanés - forces de London
Biophysique des transports membranaires 5
Une structure globalement neutre, non soumise à un dipôle ou une charge, possède
cependant des électrons en mouvement et chaque position peut être considérée comme un
dipôle instantané. Entre ces dipoles s’exercent les forces de London, orientées, de faible
distance, dont l’énergie varie en r-6.

F. Liaison Hydrogène
La liaison hydrogène se produit lorsqu’un atome d’hydrogène lié à un atome électronégatif
(O-H, N-H) se trouve à proximité d’un autre atome électronégatif (par exemple
RR’NH...O=CRR’). Il se forme une interaction électrostatique charge-dipôle et dipôle-dipôle,
d’énergie assez importante; cette liaison peut être intramoléculaire aussi bien
qu’intermoléculaire.Le rôle des liaisons hydrogène en chimie et en biochimie est très
important, en particulier dans les propriétés de l’eau et dans le maintien de la structure des
macromolécules (ADN, protéines...)

G. Interactions hydrophobes
Les molécules non polaires et peu polarisables tendent à se regrouper, ce qui crée une force
de liaison hydrophobe.

H. Forces de répulsion - énergie d’interaction


Le rapprochement des molécules par les forces d’attraction, d’énergie globalement en -1/r6
définies ci-dessus est limité par les forces de répulsion s’exerçant à très courte distance,
résultant des forces répulsives qui existent entre les électrons des cortèges qui ne peuvent
s’interpénetrer (Pauli), et dont l’énergie varie en r-12 . L’interaction de deux molécules est
donc caractérisée par l’energie potentielle de Lennard-Jones, telle que Ep=k1/r12 -k2/r6 et qui
définit une distance r intermoléculaire d’énergie de liaison maximale:

Ep 12
forces répulsives k1/r

r0 x
12 6
k1/r - k2/r
EL

6
forces attractives -k2/r

Biophysique des transports membranaires 6


I. Importance relatives des interactions
L’importance relative des interactions dépend du type de molécule considérée; ainsi l’argon
ne connait que des forces entre dipôles instantanés, alors que dans le cas de l’ammoniac et
plus encore pour l’eau le dipôle permanent provoque des forces de Keesom plus
importantes.

Moment Interaction de Interaction de Interaction de


Dipolaire (d) Keesom % Debye % London %

Argon 0 0 0 100
CO 0,12 0,4 0,9 98,7
HBr 0,78 3,1 2,2 94,7
NH3 1,5 45 5,2 49,8
H2O 1,84 77 4 19

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J. Tableau récapitulatif

NOM Energie Ordre de Exemple Importance


Grandeur
kJ.mol-1
Covalente 400 a 800 H-O-H, HC=C, Structure des
molécules

Ionique Loi Coulomb, 5 à 20 -COO- +H3N- Electrolytes


varie en 1/r

Charge-dipôle varie en 1/r3 1à5 Na+...H2O Solubilité et


permanent hydratation des
ions

Dipôle varie en 1/r6 2 à 10 -C=O...H-N Forces de


permanent-Dipô Keesom
le permanent

Dipôle varie en 1/r6 1à5 Forces de


permanent-Dipô Debye
le induit

Dipôle varie en 1/r6 1à5 Forces de


instantané- London
Dipôle
instantané
Hydrogène 8 à 40 structure 2 des
protéines,
appariement
des bases
nucléiques

Hydrophobe 4 à 30 entre groupes structure 3 des


non polaires protéines

3 Energie totale - états de la matière


L’énergie totale d’une molécule est la somme des énergies de liaison, de translation, de
rotation et de vibration; les deux premières énergies sont de loin les plus importantes, et
c’est l’importance relative de ces deux énergies qui gouverne le comportement
macroscopique de la population de molécules considérée.

Si l’énergie de translation est grande, les liaisons intermoléculaires vues précedement


peuvent être rompues et les molécules initialement liées de séparent; statistiquement, on
peut atteindre une situation ou toutes les molécules sont indépendantes, c’est l’état gazeux:
les molécules libres occupent par le mouvement brownien tout l’espace qui leur est offert. Le
gaz est parfait lorsque les molécules sont faiblement concentrées, considérées comme
ponctuelles et sans interactions; il répond alors à la loi des gaz parfaits, P.V=n.R.T. Le gaz
réel s’éloigne bien sûr de ces conditions, et on corrige alors cette loi du volume occupé par

Biophysique des transports membranaires 8


les molécules et des interactions intermoléculaires (P+ a/V2).(V-b)=n.R.T (équation de Van
der Waals) .
Si l’énergie de liaison intermoléculaire l’emporte sur l’énergie de translation, les molécules
restent liées les unes aux autres et on ne peut que difficilement modifier l’édifice constitué; on
a affaire à un solide, dont l’exemple parfait est le cristal dans lequel les atomes occupent des
positions connues et régulières dans l’espace.
Entre les deux situations se situe l’état liquide, qui offre une résistance partielle à la
déformation, mais est incompressible. Au plan microscopique, les molécules sont liées les
unes aux autres mais on peut cependant les déplacer; il existe un ordre à courte distance,
mais le désordre à grande distance.

Les changements d’état se réalisent par apport ou retrait d’énergie, dont la forme la plus
simple est la chaleur, expression macroscopique de l’agitation moléculaire. L’unité de chaleur
est la calorie, énergie nécessaire pour porter un gramme d’eau de 14,5 à 15,5 degrés
Celsius (4,18 Joules).

GAZ
N
O
TI

SU
N
AC

IO

BL
C
EF

O
AT

IM
N
U

AT
D
Q

EN
LI

IO
AP

SA

N
EV

TI
O
N

FUSION
LIQUIDE SOLIDE
SOLIDIFICATION

La majorité des phénomènes biologiques s’effectuent à l’état liquide, dans l’eau qui
représente les trois quarts de l’organisme.

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PHYSICOCHIMIE DE L’EAU ET DES SOLUTIONS

1- Propriétés de l’eau
Les propriétés remarquables de l’eau (par comparaison à des analogues de structure
comme H2S, gazeux) s’expliquent par la formation de liaisons hydrogène de chaque
molécule avec ses 4 voisines, ce qui forme une structure pseudo-cristalline. La masse
spécifique est de 1000 kg.m-3 à 4°C alors qu’à l’état solide, celle-ci est de 910 kg.m-3.
L’énergie de liaison est élevée (50 kJ.mol-1); la quantité de chaleur nécessaire pour faire
fondre la glace ou pour évaporer l’eau liquide est importante en raison des liaisons
hydrogène à rompre, et joue un grand rôle dans la régulation thermique (1 g d’eau évaporée
par la sueur permet d’éliminer 2245 J). La constante dielectrique est très importante,
permettant de diminuer les forces d’interaction des molécules dissoutes. L’eau est un
excellent solvant des substances polaires (sucres, acides aminés,...) mais n’a qu’une faible
affinité pour les lipides, ce qui contribue à la stabilisation des membranes biologiques.
La forte constante diélectrique et la polarité de l’eau entrainent la dissolution des cristaux
ioniques, ainsi que la solvatation des ions qui attirent les dipôles de l ‘eau et s’entourent d’une
gaine d’hydratation (forces entre charges et dipôle)

2- Solutions
Tout mélange d’au moins deux substances, tel que les molécules constituant le mélange
soient réparties de façon entièrement homogène. Il existe des solutions solides mais en
pratique le terme désigne le mélange de composés (les solutés - gaz, liquide ou solide)
dans un liquide, le solvant.
Les proportions relatives de soluté et solvant sont exprimés par:
- concentration pondérale, masse de soluté par unité de volume de solution, à utiliser de
préférence lorsque le soluté ne possède pas une structure bien définie (ex protéines dans le
sérum 70 g.l-1)
- concentration molaire, plus intéressante pour les phénomènes biologiques où le nombre de
moles réactives est important. L’unité usuelle est alors la mole par litre, mol.l-1; l’unité SI
nécessaire dans les calculs est la mol.m-3 (ex albumine, protéine bien définie de masse
moléculaire 65000, dans le sérum 0,7 mmol.l-1 plutôt de 45 g.l-1)
- concentration molale, la plus précise, en mol.kg-1 de solvant, et qui tient compte alors du
volume des espèces en présence, de la température (ex 1 litre de plasma n’a pas une
masse d’un kilogramme)
- fraction molaire, rapport du nombre de mole d’un composé au nombre total de moles en
présence

- La concentration équivalente permet de connaitre le nombre de charges électriques d’une


espèce présente, provenant d’une molécule dissociable, par unité de volume de solution. Si
l’ion considéré porte la charge z, la concentration équivalente vaut Ceq=|z|.C mol.l-1. Par
exemple, une solution 0,1 M de CaCl2 fournit 0,2 Eq.l-1 de Ca ++ et 0,2 Eq.l-1 de Cl -. Il y a

Biophysique des transports membranaires 10


autant d’équivalents d’ions négatifs que d’équivalents d’ions positifs, pour respecter
l’électroneutralité.
Cette concentration équivalente permet également de définir la normalité d’une solution en
acide ou base, CN = |z|. CM (ex: H 2SO 4, 1 mole libère 2 moles de H+ , z = +1 donc une
solution 1 M est 2 N)

3/ Constante de dissociation, loi de dilution d’Ostwald, pH


Soit un sel AB qui se dissocie en ses ions A- et B+:
AB <-> A- + B+
K= [A-].[B+]/[AB]
Si on a introduit C moles de AB, après dissociation il en reste C-[A-]; comme
[A-]=[B+] on a alors K = [A-]2 / C-[A-]
En appelant α la proportion de soluté dissocié, α=[A-]/C et [A-]=α.C
K= α 2.C/1-α

Si l’on applique cette dissociation à l’eau, on a dissociation de H2O en OH- et H+ (en réalité
H3O+)
On sait par la mesure que KH2O ([H+].[OH-]/[H2O]) est très faible, de l’ordre de 1,8 10-16 .

La concentration molaire en eau est de 1000/18=55,5 mol.l-1, d’où la définition du produit


ionique de l’eau:
Ke = [H+].[OH-] = KH2O .[H2O] = 1,8 10-16 x 55,5 = 10-14 à 25°C

On définit le pH par
pH=-log[H+]

Ce qui donne donc une valeur de 7 pour le pH de l’eau, soit 100 nmol H3O + .l-1. Le pH du

sang veineux est de 7,35, soit 44,7 nmol.l-1, celui du sang artériel 7,45 soit 25,5 nmol.l-1.

De la même façon, on peut appliquer ces définitions aux équilibres de dissociation des
acides et des bases: les constantes d’équilibre KA (KA =[A-].[H+]/[AH]) et KB expriment la
force des couples acide AH/A- et base B/BH+ (ou A-/AH) par rapport à l’eau, et on utilisera
le pK (-logK) pour caractériser ces équilibres. [H+] apparaissant dans ces équilibres, on
pourra relier le pH de la solution à son pK .

En négligeant la dissociation de l’eau, et en considérant le coefficient de dissociation α des


acides et bases faibles petit devant 1, on a:

Solution neutre pH=7


Acide fort: pH=-log CN
Base forte: pH=14 + log CN

Biophysique des transports membranaires 11


Acide faible: pH=1/2 ( pKa-log CM )
Base faible: pH=14-1/2 (pKb-logCM )

Acide faible + base forte (ou sel de base forte): pH=pKa + log([sel]/[acide])
Base faible + acide fort (ou sel d’acide fort): pH=14 - (pKb + log([sel/base]))

4- Osmolarité
Dans le cas des phénomènes d’osmose, c’est le nombre d’unités cinétiques de la solution
qui est important; dans le cas d’une solution de molécules non dissociables, une mole est
équivalente à une osmole. Dans le cas de sels ou de molécules dissociables (acides,
bases,...), il faut calculer le nombre d’unités en présence.

5- Dissolubilité
La liaison des molécules d’eau avec les corps en solution trouve son expression
macroscopique dans les phénomènes de solubilisation.

Le corps peut comporter des groupes hydrophiles (COOH, OH, NH2...), polarisés et
capables de se lier avec le dipôle de l’eau, et des groupements hydrophobes (CH3,
C nH2n...) avec lesquels l’eau est faiblement liée.
Dans une solution, trois types de forces sont à considérer: forces eau-eau, soluté-soluté, eau-
soluté. Si les forces de liaison eau-soluté sont plus importantes que les liaisons eau-eau et
soluté-soluté, le corps sera soluble et à l’occasion de la dissolution, les variations d’énergie de
liaison se traduiront par une chaleur molaire de dissolution.
La solubilité d’un corps dépend de l’abondance relative des groupes hydrophobes et
hydrophiles: les sucres, riches en fonction alcool OH, sont solubles alors que les acides gras
sont de moins en moins solubles au fur et à mesure de l’élongation de la chaine
hydrocarbonée.

Biologiquement, pour éliminer certaines molécules, l’organisme adjoint des groupes


hydrophiles sur certains sites pour les rendre la molécule plus hydrosoluble (ex
glycuroconjugaison par le foie).

Beaucoup de corps sont partiellement solubles dans l’eau et partiellement solubles dans
des milieux hydrophobes (huile). Un équilibre de concentration s’établit alors entre les deux
phases, et le quotient des concentrations du corps dissous s’appelle le coefficient de
partage.

La solubilité des solides est très variable, la solubilisation de certains produits est limitée; au
delà d’une concentration maximale, la solution est saturée et le surcroit de soluté change de
phase. Certains liquides sont solubles en toutes proportions, d’autres forment deux phases
au delà d’une certaine concentration (démixion). Enfin la solubilité des gaz suit la loi de Henry,
V=s.p (V volume dissous, s coefficient de solubilité dépendant de la température, p
pression partielle du gaz); par exemple, le CO2 est 25 fois plus soluble dans les milieux
biologiques que l’oxygène.

Biophysique des transports membranaires 12


Macromolécules et Colloides

Les colloïdes sont des solutions de macromolécules (M>5000) dont le comportement


physico-chimique est très différent des solutions normales (dites micro-moléculaires); les
colloïdes biologiques sont aussi appelés biopolymères.

Grosses protéines
Ovalbumine
• UREE
• EAU

1Å 10 Å 100 Å 1000 Å

SOLUTIONS COLLOIDES SUSPENSIONS

Microscope Microscope
electronique optique

1- Etat colloïdal
L’état colloïdal est en fait assez mal défini, intermédiaire entre la solution vraie et la
suspension; on distingue quelquefois:
- colloïdes lyophobes, peu d’affinité avec le solvant, très fines particules insolubles en
suspension (ex métaux colloïdaux), en général instables.
- colloïdes lyophiles, forte activité pour le solvant, molécules solubles (ex collagène -
gélatine), en général stables.
- colloïdes amphilyophiles, constitués de micelles plus ou moins régulières.

Les colloïdes forment des gels, réseaux moléculaires plus ou moins rigides (dont les
interstices laissent passer solvant et petites molécules) ou des sols, lorsque les mailles de ce
réseau sont extrêmement lâches. Le passage sol-gel est le plus souvent très dépendant de
la température (ex gélatine). Les gels colloïdaux ont une grande importance (gelatine
dispersant des sels d’argent en photographie, gels de silice pour les séparations
chromatographiques). Dans le cytoplasme des cellules, on peut considérer que les protéïnes
sont en concentration élevée et constituent en fait un gel.

Les macromolécules typiques des systèmes vivants sont


- les protéines, formées à partir des 20 acides aminés liés par une liaison peptidique
- les acides nucléiques, formés de nucléotides (ensemble d’une base, d’un ose et
d’un acide phosphorique)
- les polyosides (motifs osidiques variés, ex amidon, glycogène, cellulose à partir de
glucose, mucopolysaccharides, pectines, xylanes...)
- autres associations, lipoprotéines, glucoprotéines, chromatine.

Ces divers systèmes colloidaux ont en commun une diffusion lente en phase aqueuse, une
pression osmotique faible, des propriétés optiques particulières, et une très grande surface
de contact en solution. Ils sont d’autre part très instables et peuvent floculer sous l’effet de
nombreux agents, transformant la solution colloidale monophasique en une solution
Biophysique des transports membranaires 13
biphasique.

2-Conformation
Chaque macromolécule possède en solution une structure tridimensionnelle caractéristique,
d’où découle des propriétés physoco-chimiques. les cas les plus extrêmes sont les formes
globulaires, les molécules sont repliées sur elles-même et apparaissent sphériques, ou les
formes linéaires qui ressemblent à des fibres. En ce qui concerne les protéines, on définit
quatre structures successives:
- primaire: composition en AA, liés par la liaison peptidique covalente. On atteint des
macromolécules de plusieurs milliers de dalton (1 dalton = MM de 1H)
- secondaire: repliement sur elle-même de la protéine, avec création de liaisons hydrogène,
pour former une structure α en hélice, ou β chaine / feuillet plissé
- tertiaire: repliement des brins dans l’espace, création de liaisons de type Van der Waals
intramoléculaires, pour aboutir à la forme responsable de l’activité biologique. La moindre
modification des conditions change cette conformation et peut détruire l’activité biologique.
- quaternaire: ponts disulfures entre AA soufrés (cystéine...), rassemblement de sous-unités
dissociables (protomères).

Les acides nucléiques sont aussi des macromolécules biologiques, support du code
génétique, dont la structure est bien connue: squelette sucre, phosphate, base, deux brins
couplés par liaisons Hydrogène, enroulement en double hélice.

3- Propriétés électriques des colloïdes


La plupart des macromolécules portent des charges électriques; en particulier, le pHi des
protéines s’échelonne de 4,8 pour les albumines à 6 pour les globulines. Au pH
physiologique de 7,4 les protéines portent donc une charge nette négative.

Cette propriété est exploitée par les techniques d’électrophorèse: on soumet un colloïde
chargé en solution à une différence de potentiel et on étudie son déplacement dans le champ
électrique créé. Cette méthode permet d’identifier et de fractionner les macromolécules, voire
de les isoler puisqu’elles ne sont pas dégradées lors de laur migration. L’électrophorèse sur
support est la plus employée.

Biophysique des transports membranaires 14


COMPARTIMENTS LIQUIDIENS

L’eau dans l’organisme représente la majeure partie en masse de tous les constituants: un
homme de 70 Kg possède
- eau 42 Kg,
- graisse 8 Kg,
- sels minéraux (squelette) 7 Kg,
- protéines 13 Kg dont 7 de muscles).

L’eau se repartit dans l’organisme en compartiments intracellulaire et extracellulaire, lui-même


divisé en compartiment plasmatique et intersticiel.

1- Compartiment intracellulaire
Ensemble très hétérogène puisque c’est l’eau incluse dans les cellules de l’organisme; il
représente 35 à 45 % du poids du corps. Le milieu intracellulaire est séparé du liquide
extracellulaire par les membranes qui assurent les échanges par des phénomènes passifs
(osmose) ou actifs, alors consommateurs d’énergie.

2- Compartiment extracellulaire
Divisé en secteur plasmatique ou vasculaire (plasma sanguin, 4,5 % du poids du corps) mû
par la pompe cardiaque et en secteur intersticiel, eau qui baigne les tissus et qui ne circule
que très lentement. Entre les deux secteurs se trouvent la membrane endothéliale des
capillaires, membrane dialysante (laisse passer eau et petites molécules). Dans le
compartiment vasculaire, la répartition de l’eau entre le milieu cellulaire (éléments figurés) et le
milieu extracellulaire (plasma) est mesuré par l’hématocrite, rapport du volume des éléments
figurés au volume total d’un échantillon de sang. La valeur normale de l’hématocrite est de
0,46± 0,06 chez l’homme et 0,42 ± 0,06 chez la femme.

A noter qu’il existe des espaces hors compartiments intra et extracellulaire, comme le liquide
céphalorachidien, les liquides digestifs, les cavités séreuses (plèvre, péritoine, synovie); ces
espaces sont séparés du milieu plasmatique par des cellules épithéliales.

3- Détermination des volumes des compartiments


La détermination des volumes repose sur les méthodes de dilution: si dans un volume
inconnu V on dissout une masse m de substance, après homogénéisation on mesure une
concentration C qui est par définition C = m/V d’où il est facile de tirer V.
L’eau totale est mesurée par une substance qui diffuse librement à travers toutes les
barrières endothéliales et membranaires, comme l’eau deutériée (eau lourde) ou eau tritiée.
La mesure du volume plasmatique est réalisée à l’aide d’une molécule qui ne traverse pas
les barrières endothéliales, comme l’albumine marquée par un isotope radioactif. La
connaissance de l’hématocrite permet ensuite de déterminer le volume plasmatique.
L’espace extracellulaire se mesure avec une substance qui passe les endothéliums sans
diffuser à travers les membranes; on utilise le soufre, les sulfates ou le sodium radioactif.

Pour fixer les idées, chez un homme de 70-80 kg on trouvera 60 % d’eau totale, 45 % d’eau

Biophysique des transports membranaires 15


intracellulaire, 15 % d’eau extracellulaire répartie en 11 % d’eau intersticielle et 4 % d’eau
plasmatique. Ces chiffres varient avec le sexe (55 % eau totale chez la femme), la
proportion de tissu adipeux (% eau totale plus faible) et l’age (le % diminue chez le vieillard).
Il existe des formules anthropométriques telle les formules de Watson:
Eau totale Homme (litres)=Taille(cm)*0,1074+Poids(Kg)*0,3362-Age(ans)*0,09516+2,447
Eau totale Femme (litres)=Taille(cm)*0,1069+Poids(Kg)*0,2466-2,097

4- Ions et sels minéraux


L’équilibre électrolytique est également un paramètre essentiel. Les deux ions principaux
sont le sodium et le potassium.
-Sodium
Essentiellement extracellulaire, le stock est de l’ordre de 60 mmol.kg-1 soit 4,5 moles pour
75 kg. 45 % appartiennent au squelette, 50 % au liquide extracellulaire et 5 % est
intracellulaire. On distingue classiquement le sodium échangeable (42 mmol.kg-1), en
équilibre de diffusion avec le sodium plasmatique, mobilisable pour compenser une perte ou
un excès, et le sodium non échangeable (sodium osseux en partie, LCR).
-Potassium
Intracellulaire à 85 % (fixation osseuse) , stock normal de 42 mmol.kg-1. Le K+ est presque
totalement échangeable, et la mesure de la kaliémie n’est pas toujours un reflet fidèle des
stocks en raison de mécanismes variés. Une kaliémie anormale entraine des troubles
sévères: asthénie, troubles du rythme cardiaque, troubles nerveux.
-Calcium
1,5 kg (37,5 moles) dans l’organisme, essentiellement osseux. En solution, presque
exclusivement extracellulaire, concentration plasmatique à 2,5 mmol.l-1. Le taux intracellulaire
est très faible mais ses mouvements influent sur la régulation d’un grand nombre de
phénomènes liés à l’activation de la cellule (contraction de la cellule cardiaque, inhibition
d’enzymes, activation de la glycogènolyse...).
-Autres ions
Magnésium, surtout intracellulaire, environ 12 mmol.kg-1; chlore, à 70 % extracellulaire, 33
mmol.kg-1; bicarbonates 10 mmol.kg-1, essentiel dans la régulation de l’équilibre acido-
basique; phosphates, 2,5 kg fixés dans les os.

Composition en ions
Corps entier Plasma
mmol.kg-1 mmol.l-1
Na+ 60 142
K+ 42 4
Ca ++ 550 2,5
Mg ++ 12 1,5
Cl - 33 103
HCO 3- 10 27

Biophysique des transports membranaires 16


H2PO 4- 350 1

SO 4- 0,5
Protéines 1

5- Substances neutres
Seuls glucose et urée sont quantitativement importants. L’urée traverse comme l’eau les
parois cellulaires et se répartit à une concentration de 5 mMol dans tous les compartiments
liquidiens. L’urée n’est pas osmotiquement efficace.
Le glucose traverse librement la paroi des capillaires (soluté micromoléculaire) mais ne peut
entrer dans les cellules qu’en présence d’insuline qui provoque la synthèse des protéines
transporteuses de glucose (Glut, transport facilité). Dans les conditions physiologiques, la
glycémie est de 5 mmol.l-1; la différence de concentration entre les compartiments liquidiens
n’induit une pression osmotique importante qu’en cas de carence insulinique (diabète sucré
décompensé).

Biophysique des transports membranaires 17


II - BIOPHYSIQUE DES TRANSPORTS
MEMBRANAIRES

INTRODUCTION

• Structures omniprésentes dans le vivant (pas de vivant sans membrane, un virus a au


moins une membrane)
• Les membranes permettent la communication entre les différents milieux, les transferts
sélectifs, les échanges étant la condition de la vie
• Compartiments (ensemble qui présente un comportement (concentration, transferts...)
similaire au cours du temps):
- Intracellulaire, la membrane cellulaire (“sélective”) permet certains échanges (passifs
et actifs) entre milieu cellulaire ≠ extérieur
- Extracellulaire, divisé en secteur plasmatique et secteur intersticiel qui baigne les
cellules; la séparation entre les deux est assurée par l’endothélium des parois vasculaires, qui
laisse passer eau, ions, molécules de petite taille (“dialysant”)
• D’autres “secteurs” existent, comme les liquides des cavités séreuses (plèvre, synovie)
ou le liquide céphalo-rachidien (protégé par la barrière hématoencéphalique). Ces liquides
de composition particulière sont séparés du milieu plasmatique par des cellules épithéliales.

A l’intérieur de la cellule: les membranes individualisent les organelles intracellulaires (ex


noyaux, mitochondries, appareil de Golgi, réticulum endoplasmique, lysosomes, vésicules
synaptiques…)

-> une membrane peut être “simple” , par exemple la paroi d’une cellule ou complexe,
assemblage de plusieurs cellules.

• Structure loin d’être fixe: active, fluide, modelable, réactive


Membranes => Vie (situation thermodynamique de non-équilibre):
Les membranes ne sont pas des barrières qui isolent la cellule mais des structures qui
permettent un transfert sélectif de molécules d’un milieu vers un autre.

Leur étude repose sur des techniques physiques variées:


◊ microscopie électronique ◊ RPE résonnance para electronique
◊ fluorescence ◊ radioisotopes (transports)
◊ mesure de ddp ◊ biochimie des constituants

Biophysique des transports membranaires 18


LA MEMBRANE

1- COMPOSITION CHIMIQUE DE LA Membrane cellulaire


La détermination de la composition chimique des membranes cellulaires nécessite un certain
nombre d’étapes:
- séparation des tissus
- homogénéisation
- centrifugation
- extraction
- analyse: chromatographie, diffraction X…

Les membranes sont constituées par l’assemblage de


- lipides, squelette
- protéines, assurant la spécificité et modulant l’activité
- composés osidiques

1.1 LIPIDES
(extraction par solvants hydrophobes)
phospholipides (30 à 40 % du total membrane) et cholestérol (15 %)

phospholipides: alcool (glycerol C3) + ester phosphoré + acide gras


ex lécithine

O
n
CH3 O- O
O O
CH3 N+ P O
O m
CH3 O

HYDROPHILE HYDROPHOBE

une partie hydrophile, polaire + une hydrophobe, apolaire : amphilyophiles

HYDROPHILE HYDROPHOBE

L’acide gras peut comporter ou non des liaisons insaturées: acides caprique C10:0, stéarique
C18:0, oléique C18:1, linoléique C18:3.

Glycolipides: un sucre remplace l’alcool (ex galactose, inositol)

Sphingolipides: construit sur la sphingosine au lieu de glycerol


Biophysique des transports membranaires 19
HO (CH2) 12-CH3

CH3 O-
O O
CH3 N+ P N
O n
CH3 O H

Stérols, en particulier cholestérol

HO

Les stérols modulent la fluidité de la membrane (fluidité qui dépend aussi de la composition
en acides gras)

1.2 PROTEINES
Environ 50 % de la membrane (> si activité métabolique +++)
Extraction par modifications de pH, force ionique si protéines extrinsèques; détergents,
enzymes si intrinsèque

Séquences d’acides aminés enchainés par liaison peptidique R-NH-CO-R’: dans la


membrane, on trouve du peptide jusqu’à la macromolécule
- intrinsèque: partie intégrante de la membrane
- extrinsèque: peu liée à la membrane
On distingue différents types de structures protéiques cf supra.

Ces protéines, caractéristiques des différentes membranes sont responsables des activités
enzymatiques, des transports actifs ou facilités, des récepteurs…

1.3 COMPOSES OSIDIQUES


~10 % de la membrane
Dérivés du glucose et du galactose, aminés ou acétylés, fixés sur protéines ou lipides:
- Glycoprotéines, responsables de propriétés antigéniques
- Glycolipides, responsables des propriétés de groupe sanguin (A & B),
captation et reconnaissance des médiateurs chimiques, adhésion intercellulaire.

2- ORGANISATION STRUCTURELLE DE LA MEMBRANE

2.1 BICOUCHE LIPIDIQUE


Les phospholipides dans l’eau s’étalent spontanément en monocouche, pôle hydrophile
vers l’eau et pôle hydrophobe hors de l’eau.

Biophysique des transports membranaires 20


Eau

Entre deux compartiments contenant des phospholipides en suspension dans l’eau et


séparés par un orifice, il se forme spontanément une double couche lipidique (épaisseur ~ 5
nm) à l’interface:

Suspension aqueuse
de phospholipides

En suspension dans l’eau, ils forment spontanément des micelles, vésicules fermées
composées d’une double couche, très proche des membranes naturelles (Résistance
élevée, Capacité élevée, passage “facile” de l’eau et médiocre des gros ions)

Selon l’agitation, on peut obtenir des vésicules emboitées “en pelure d’oignon”, ou par
ultrasons, des vésicules de 25 nm formées d’une seule double couche:

5 nm

25 nm

VESICULE EMBOITEE LIPOSOME

Cette propriété est utilisée pour la création de liposomes, vésicules lipidiques vectrices de
médicaments (mais sont détruites par le foie) ou de produits de cosmétologie.

Biophysique des transports membranaires 21


Incorporation des protéines et du cholesterol:

protéine intrinsèque protéine extrinsèque

cholestérol

bicouche lipidique

En ce qui concerne les protéines, on les qualifie de bitopiques si la chaine polypeptidique


traverse la membrane une seule fois ou de polytopiques: masse importante au sein de la
membrane, traversées multiples (cas des récepteurs)

2.2 PLasticité de la membrane

La membrane n’est pas une structure fixe, de nombreux phénomènes dynamiques s’y
produisent continuellement:

1
3 4

2
Diffusion latérale et rotation des protéines 1,2
Diffusion transversale des phospholipides 4: τ= 10-2 s
Torsion des chaines: τ= 10-4 s
Bascule (flip-flop, 5): τ= 105 s
Biophysique des transports membranaires 22
Cette plasticité joue un grand rôle de modulation des réactions enzymatiques, de transport,
récepteurs…Elle dépend de la composition de la membrane (cholestérol) mais aussi de la
température, de la présence d’alcool, d’anesthésiques.

Modèle de Singer et Nicholson “mosaïque fluide”(1972): la membrane est une sorte de


solution à deux dimensions, formée de protéines globulaires intrinsèques dispersées dans
une matière lipidique fluide.

La topographie des protéines est en fait très organisée, selon leur rôle de canal ou de
synthèse enzymatique, par exemple dans la connection synaptique.

2.3 Description électrique de la membrane cellulaire

Au repos, la différence de potentiel Vint-Vext d’une cellule est de l’ordre de -70 mV;
l’épaisseur de la membrane étant faible, le champ électrique transmembranaire est donc très
élevé, de l’ordre de 100000 V.cm-1 (ddp 50 mV, épaisseur 5 nm). Lors de la
dépolarisation, cette tension s’inverse pour atteindre ~ +30 mV.
La membrane permet l’écoulement d’un courant électrique, mais avec une certaine résistance
Rm à ce passage. Un circuit électrique équivalent comporte en fait cette résistance Rm, la
résistance Ri du milieu cellulaire, et une capacité C puisque les deux couches lipidiques de la
membrane se comportent comme les couches isolantes d’un condensateur électrique.

Il est important de noter que le déséquilibre de charges induit par cette différence de
potentiel est minime, et qu’en termes de concentrations l’électroneutralité est maintenue. Les
pompes ioniques qui créent la différence de potentiel électrique transmembranaire assurent
le transfert de moins de 0,02 % des charges positives et négatives présentes dans la cellule.

2.4 Sites de passage des molécules: LES DEUX TYPES DE TRANSPORTS


La situation est différente selon qu'il s'agit d'un passage à travers la paroi d'un vaisseau,
assimilée alors à une membrane, et le passage à travers la membrane cellulaire, bicouche
phospholipidique.

Parmi les vaisseaux, seuls les capillaires permettent des échanges entre compartiments
liquidiens; la paroi des veines et artères est imperméable à l’eau et aux solutés.
Il existe ainsi une possibilité de transport à travers l’espace entre les cellules des
endothéliums capillaires (et la paroi du capillaire est alors défini comme une membrane),
assimilable à des pores dont la taille varie d’un capillaire à l’autre: très faible au niveau cérébral
(0,7 nm), plus grande pour le capillaire musculaire (4,5 nm), glomérulaire du rein (5 nm) et
pulmonaire (10 nm). Ne passent que les solutés de petite taille (micromoléculaire, sodium,
glucose) mais pas les protéines .

La membrane, par sa structure de bicouche lipidique est en fait peu perméable aux ions et
aux petites molécules; à coté des ces mécanismes fondamentaux “transferts passifs” de

Biophysique des transports membranaires 23


diffusion, filtration, différence de potentiel, d’autres mécanismes “transports actifs” entrent en
jeu et on distingue donc
a- TRANSPORTS PASSIFS
Le transport passif correspond au passage d’un soluté à travers la membrane de façon
spontanée dans le sens du gradient de potentiel chimique ou électrochimique, ∆G < 0. Ce
transport peut se faire à travers la partie lipidique ou par l’intermédiaire d’une protéine
membranaire.
- si le transfert a lieu à travers la bicouche lipidique, on parle de diffusion passive
- si le transfert a lieu par l’intermédiaire d’une protéine, on parlera de diffusion facilitée;
les protéines impliquées sont soit des transporteurs (solutés) soit des canaux (ions)

b- TRANSPORTS ACTIFS
Le transport actif correspond au passage d’un soluté à travers la membrane contre son
gradient de potentiel chimique ou electrochimique. Ce transport nécessite la fourniture
d’énergie et ne peut être spontané (∆G > 0). Le transport du soluté à travers la membrane
est couplé à un système fournissant de l’énergie, transformation spontanée fournissant de
l’énergie et élément de couplage (pompe). Selon le type de couplage, on parlera de
couplage chimio-osmotique, osmo-osmotique, osmo-chimique. Les transports actifs ne
seront abordés ici qu'à titre d'introduction aux cours de biologie.

Biophysique des transports membranaires 24


INTRODUCTION AUX TRANSPORTS:
RAPPELS de BIOENERGETIQUE

Dans tous les cas de transports, au niveau énergétique, les différents phénomènes mettent
en jeu un travail (variation d’enthalpie libre).
Le travail W met en jeu le déplacement du point d’application d’un force, c’est une forme
ordonnée de l’énergie. La chaleur est une autre forme d’énergie, non ordonée, dûe à
l’agitation moléculaire.
Une solution est caractérisée au niveau énergétique par son volume, sa température et le
nombre de mole de composé qu’elle contient, qui définit la notion de potentiel chimique.

1- Définition de l’enthalpie
L’enthalpie H d’un système représente la totalité de l’énergie contenue dans ce système.
L’échange de cette énergie avec le milieu extérieur ne peut se faire que sous forme de
chaleur ou de travail. La partie de l’enthalpie H qui peut être échangée sous forme de travail
avec le milieu extérieur à pression constante s’appelle l’enthalpie libre G.

G représente l’énergie potentielle du système, et tout système évolue spontanément vers


l’état où son énergie potentielle est minimale. Si G1 est l’enthalpie libre initiale du système et
G 2 son enthalpie après une évolution spontanée, alors
G 2<G 1 et G2-G 1=∆G<0
∆G, variation d’enthalpie libre correspond au travail maximum que le système a fourni à
l’extérieur au cours de la transformation. Le critère de spontanéité d’une réaction est bien sûr
∆G<0; dans le cas contraire, il faut fournir de l’énergie au système pour obtenir une réaction
non spontanée, et l’enthalpie libre finale G2 sera supérieure à l’enthalpie libre initiale G1. ∆G
dans ce cas est la quantité de travail minimale qu’il faut fournir au système pour que la
transformation ait lieu.

2- Le potentiel chimique
Une solution contenant n moles de substance possède une enthalpie libre G; l’enthalpie libre
molaire µ=G/n est appellée portentiel chimique de la substance. µ dépend de la nature et
de la quantité de la substance, de sa phase (solide, liquide,...) de la température et de la
pression.
La relation entre potentiel chimique et concentration est:
µi=µ0i + RT Ln [Ci]

avec µ0i le potentiel chimique standard (1 atm, 1 mol.l-1, 298 K) de i; Ci sa concentration

effective en mol.l-1.
On peut également dire que le potentiel chimique µi d’un constituant i dans une solution
représente la quantité d’énergie libre supplémentaire (donc de travail disponible
supplémentaire) qu’apporte au système une mole du constituant i, dans des conditions bien
définies (ne changeant pratiquement pas la température, la pression et les concentrations des
différents constituants). La disparition d’une mole de i au contraire diminuerait l’énergie du
système de son potentiel chimique (on peut noter également que le potentiel µi est le travail
Biophysique des transports membranaires 25
nécessaire pour amener une mole de soluté de l’infini en un point x de la solution).
Dans le cas d’un composé chargé, se rajoute à ce premier potentiel un potentiel
électrochimique ˜µ, qui prend en compte l’énergie supplémentaire apportée par la charge z
de la molécule, soit zF pour la mole (c’est aussi le travail qui permet d’amener une mole (zF
charges) de l’infini en un point x de la solution soit zF fois la différence de potentiel V):
~
µi = µi + zFV

Cette relation permet d’établir la loi de Nernst.

Lorsqu’une espèce est à l’équilibre dans une solution, ou à travers une membrane, alors on a
en tous points le même potentiel chimique (ou électrochimique pour les espèces chargées).
Tout soluté diffuse spontanément vers l’état où son potentiel chimique est minimal. En cas de
différence de concentrations dans une solution, ou à travers une membrane perméable, un
composé diffuse spontanément dans le sens de son potentiel chimique décroissant, donc de
sa concentration décroissante et peut fournir un travail (travail osmotique). De même, une
charge positive se déplace spontanément dans le sens des potentiels électriques
décroissants (ou le contraire pour une charge négative) et peut fournir un travail (travail
électrique).
Au contraire, on doit fournir au système un travail pour
- concentrer une substance (cf travail osmotique du rein)
- transporter des charges contre leur gradient de potentiel.

Dans le cas de la filtration, ce travail est simplement représenté par la pression appliquée.
Ces notions de “bioénergétique” sont très importantes pour les transports.

Biophysique des transports membranaires 26


TRANSFERTS MEMBRANAIRES PASSIFS

Les transferts passifs sont dûs à trois phénomènes:


- différence de concentration : diffusion
- différence de pression : filtration
- différence de potentiel électrique

1- DIFFUSION

Il s’agit d’un phénomène de transport dû à la diffusion Brownienne, lié exclusivement aux


différences de concentration, où plus exactement aux différences des potentiels chimiques:
les molécules tendent à occuper tout l’espace disponible.
1.1 Description du phénomène

t=0 t>0

x' o x

Axe des concentrations

C1 C2
C(x)

TO

dC/dx

T∞

1.2 Lois de la diffusion


Biophysique des transports membranaires 27
La première loi de Fick permet de calculer le débit de soluté qui diffuse entre les deux
compartiments; on admet que le débit massique de soluté qui passe d’un point où la
concentration est C+dC à un point voisin de concentration C est proportionnel à la valeur du
gradient de concentration et à la surface de diffusion:

∆m ∆C
= −D.S.
∆t ∆x
∆m est la masse de soluté qui diffuse, ∆t le temps, S la surface de diffusion, ∆C la différence
de concentration entre les deux compartiments, ∆x la distance. D est la constante de diffusion,
propre à chaque soluté. Le signe moins indique que les axes de concentrations sont pris en
sens inverse des abscisses. En d’autres termes ∆m représente la masse de soluté qui s'est
déplacé pendant le temps t du plan
d'abscisse x, de concentration C+ ∆C, au plan x+∆x, de concentration C.

La deuxième loi de Fick permet de calculer les concentrations en tous points et à n’importe
quel temps:

∂2 C ∂C
D. 2 =
∂x ∂t
La concentration en chaque point dépend à la fois de la distance x et de l’intervalle de temps
t. Les dérivées partielles expriment donc la variation des concentrations en fonctions de t et
de x. Cette équation se simplifie généralement: par exemple si le compartiment 1 est
l’espace interstitiel et le compartiment 2 une cellule, on peut considérer la concentration
extérieure C1 comme constante (car le volume du compartiment est très largement
supérieur); si l’on part à C2=0 dans une cellule à t0, on obtient une courbe en 1-e-kt:

C2=C1*(1-exp -kt )

0
temps

Expression en flux de la loi de Fick:

∆C
J = −D.
∆x
avec J= (dm/dt)/S, débit de substance par unité de surface mol.m-2.s-1

1.3 Signification de D

Biophysique des transports membranaires 28


∆l
C1
S

∆l
C2

soit une colonne de section S ou s’effectue une diffusion de la région la plus concentrée, de
concentration C1 vers la moins concentrée C2. ∆l est la distance moyenne parcourue par les
molécules (agitation moléculaire brownienne) pendant l’unité de temps ∆t (∆l constante si T°
est constante).
La moitié des molécules dans chacun des volumes de concentration va diffuser vers le haut
ou vers le bas; sur une section de référence S, la quantité nette de substance dissoute
diffusante sera donc égale à ce qui arrive de C1 moins ce qui arrive de C2 soit:

S.∆l .C1 S.∆l .C2


∆m = −
2 2
en divisant les deux membres par ∆t (pour introduire le temps de diffusion) et en multipliant
le deuxième membre en haut et en bas par ∆l (pour faire apparaître un gradient de
concentration), on obtient

∆m 1 ∆l 2 ∆C
= .S.
∆t 2 ∆t ∆l

On peut définir alors le coefficient de diffusion (équation d’Einstein-Smoluchowski):


∆l 2
D=
2∆t

∆l2 représente la dispersion (carré de la distance du point de départ) de la molécule après un


certain nombre de déplacements au hasard dûs au mouvement brownien pendant le temps
t.
D a pour dimensions L2.T-1 (vitesse de déplacement d’un plan)

D tient compte de deux forces antagonistes: force motrice dûe à l’agitation thermique et donc
dépendante de la température; force de frottement dépendante de la viscosité du milieu.

Biophysique des transports membranaires 29


La relation d’Einstein relie le tout:
k.T R.T
D= =
f N .f

◊ k=cte de Boltzman, k= R/N


◊ f =coefficient de frottement

Si l’on considère une particule sphérique de rayon r dans un milieu de viscosité η , f= 6π.η.r
et

k.T
D=
6.π.η.r

et comme le volume (4/3. Π.r3) peut être relié à la masse par la masse volumique
Cte.T
D= 3
M

Cette formule peut être généralisée à toutes les molécules, quelles que soient leurs formes.

D dépend donc de la masse et de la forme des molécules, de la température et de la


viscosité du solvant.

Exemples de coefficients de diffusion :


Molécule MM D en 10-5cm2.s-1
H2 2 5,2
O2 32 2
NaCl 58,5 1,4
Lactose 342 0,5
Myoglobine 17500 0,1
Hémoglobine 68000 0,06

La diffusion peut constituer une technique de séparation de molécules de masses molaires


différentes (et même d’isotopes ...) mais est surtout appliquée aux gaz (enrichissement de
l’uranium en utilisant UF6).

Biophysique des transports membranaires 30


2 Dialyse

La dialyse implique la présence d’une membrane: les lois de la diffusion s’appliquent


toujours.

2.1 Diffusion à travers une membrane


Il est nécessaire de tenir compte de la solubilité des solutés dans la membrane:
Membrane

α=2
C1

C2
α=1

α = 0,5
x

0 h
Une faible valeur du coefficient de diffusion peut être compensée par une forte valeur du
coefficient de solubilité dans la membrane α (cas de composés lipophiles).

Dans la 1ère loi de Fick, J = -D. dC/dx on peut introduire cette notion de solubilité:
la concentration dans la membrane est C’ = αC, J = - D.α dC/dx où dx est l’épaisseur h de
la membrane donc

D.α
J= −
. ∆C
h
et le rapport D.α/h est appelé P, perméablilté diffusive de la membrane. P a la dimension
d’une vitesse, m.s-1.

La notion de perméabilité s’applique également au cas de la membrane de l’endothélium,


“dialysante”, qui peut être considérée comme une membrane poreuse inerte; les “pores”
sont constitués par les jonctions entre les cellules et le coefficient de perméabilité P (en m.s-
1) tient compte du coefficient de diffusion du soluté, du rapport de la surface des pores à la
surface totale et de l’épaisseur .

Exemples de quelques coefficients de diffusion et de perméabilté:


L‘eau a une perméabilité de P ~ 10-5 m.s-1 et il suffit de quelques centaines de ms pour que
la concentration interne d’un liposome soit égale à la moitié de la concentartion exterme (t1/2);
Biophysique des transports membranaires 31
le Cl- aurait dans les mêmes conditions un t1/2 de 3 jours, le Na+ , K+ de 1 an !
Le glucose D=9.10-10 m2.s-1 (eau, 37 °) diffuse à travers un liposome avec
P ~ 10-10 m.s-1 et il faut 30 min pour que la concentration interne atteigne la moitié de la
concentration externe.
Une protéine D ~ 10-6 cm2.s-1 parcourt 0,2 µm par ms et traverse une cellule de 10 µm en
50 ms.
Sur l’endothélium du muscle squelettique, l’urée a un P = 61 10-8 m.s-1 , le glucose P= 27
10 -8; P diminue plus vite que D lorsque le poids moléculaire augmente.

Certains médicaments peuvent faire varier significativement cette perméabilité comme


l’histamine ou certains antibiotiques (qui créent des trous dans la membrane).

2.2 Cas particulier: transport facilité


Pour améliorer la spécificité et l’efficacité des échanges membranaires, il existe des
mécanismes adaptés et en particulier la diffusion facilitée par transporteur. Par exemple le D-
glucose s’équilibre sur une membrane de globule rouge en quelques secondes grace à un
mécanisme de transport facilité (soit 300 x plus vite que par simple diffusion) alors que le L-
glucose (même PM, même hydrophilie,...) a besoin de plusieurs minutes pour s’équilibrer
par diffusion simple. La diffusion facilitée du glucose est sous contrôle de transporteurs Glut
dont la synthèse est activée par l’insuline.
Les protéines membranaires qui assurent cette diffusion facilitée peuvent être soit des
transporteurs (solutés et ions) soit des canaux (ions).
Le transport facilité permet un transport plus rapide que la diffusion simple. C’est un
mécanisme saturable, qui peut transporter plusieurs solutés différents et être inhibé par
certaines molécules. Ce type de diffusion facilitée ne nécessite ni apport d’énergie (en
dehors de l’énergie très faible d’ouverture de canal ou de flip-flop de la protéine), ni couplage
énergétique.

La cinétique de transport est décrite par une relation hyperbolique, et les flux présentent une
saturation de type michaelien (= tous les sites du transporteur sont occupés) permettant de
définir les parametres cinétiques, flux maximum Jmax et constante de transport Km de façon
Biophysique des transports membranaires 32
totalement identique à la théorie des enzymes et des récepteurs):

J max. [ S]
J=
K m + [S ]

On peut schématiser ce mécanisme facilité selon qu’il s’agit de transporteurs ou de canaux;


dans le premier cas, il s’agit des protéines à deux états de conformation (“oscillateur”) qui
fixent un substrat à l’extérieur, puis transforment leur structure pour l’internaliser:

S Etat 1 Etat 2

ce mouvement permet environ 100 transferts par seconde.

Dans le deuxième cas, un canal est un ensemble de sous unités protéiques associées autour
d’un axe central formant la lumière du canal (lumen). Les canaux restent la plupart du temps
fermés, ce qui permet de conserver les gradients de potentiels et electrochimiques assurés
par les pompes. L’ouverture donc le passage des ions est commandée par différents
stimuli:
- variation de potentiel transmembranaire
- variation de pression
- variation de concentration en ion (par ex Ca++ )
- fixation d’un ligand.

Ces canaux protéiques ont maintenant pu être purifiés et incorporés à des membranes
artificielles pour leur étude:

IONS

CANAL FERME CANAL OUVERT

Un canal (500 par µm2 pour le Na+, 50 pour le K+) permet le passage d’environ 107 ions
par seconde On sait créer un canal artificiel dans une membrane avec la gramicidine: ce
polypeptide, de structure hélicoïdale se fixe sur les membranes, sous forme de dimère et
forme un “tunnel”. Les membranes laissent alors facilement passer les cations monovalents
(hydratés) de diamètre < 0,2 nm (ionophores)

Biophysique des transports membranaires 33


Les canaux s’ouvrant à la fixation d’un ligand sont essentiellement des récepteurs de
neurotransmetteurs qui permettent la transmission du signal entre deux cellules nerveuses
(fente synaptique) ou une cellule nerveuse et une cellule musculaire (jonction
neuromusculaire). C’est la cas des récepteurs de l’acétylcholine, du Gaba, récepteurs dits
“ionotropiques”. D’autres types de récepteurs existent: seconds messagers
(métabotropiques), à transport actif (recapture, peptide), ou à mécanismes d’internalisation
qui ne répondent pas aux caractéristiques du transport passif.

3 Filtration
3.1- Relation débit-pression
Le débit de liquide (ou de solution) qui traverse une membrane dont les pores sont de tailles
>> aux molécules sous l’influence d’une pression est proportionnel à la pression.
J = K ∆P
Dans la constante K entrent la surface de la membrane, la surface des pores (cf 3.4) et un
coefficient de filtration PF, en m.s-1 qui varie selon le type de paroi capillaire:
Organe PF
Cerveau 1 10 -3
Poumon 45 10 -3
Rein 29000 10-3
La faible valeur de Pf pour les capillaires cérébraux est un des facteurs qui expliquent que
très peu de molécules passent directement de la circulation vers les cellules cérébrales; cette
restriction est un des constituants de la barrière hématoencéphalique.

Le débit de liquide filtré par les reins est ~ 120 ml.min-1 chez le sujet sain, très diminué en
cas de maladie (par diminution de la surface de filtration et/ou de pression sanguine). Le rein
fait passer du plasma à 310 mOsm à l’urine 1800 mOsm, soit donc un travail de concentration
non spontané, puisque dans le sens des potentiels chimiques croissant:
Cu
W = n.R.T.Ln
Cp

(n moles extraites du plasma à concentration osmolaire Cp dans urine Cu)


Ce travail est de l’ordre de 9000 J pour un litre d’urine.

3-2 Transmittance
Si le diamètre des pores varie et que la taille des pores peut être inférieure à la taille du
soluté, on parle de transmittance:

Biophysique des transports membranaires 34


Transmittance nb de pores

Pores
1

0
Diamètre des pores
et des molécules
Si les pores > taille des molécule, T = 1
Si les pores sont plus petits, la transmittance est < 1 et on parle d’ultrafiltration (exemple des
membranes d’ultrafiltration stérilisante, 0,22 µm)

Au total, la perméabilité des capillaires varie en fonction de la taille des molécules:

Perméabilité
-1 2 8
mol.s .mm .10

20
◊ Eau

◊ NaCl
10 ◊ Urée

◊ Glucose
Inuline Hémoglobine
◊ ◊
10 20 30 Rayon Å

Sur une membrane biologique, le phénomène de pression est rarement isolé puisqu’on
trouvera toujours dialyse, pression osmotique et mouvements d’ions (on emploie
quelquefois le terme d'ultrafiltration).

3.3 Application: Rein artificiel

Le rein a trois fonctions physiologiques essentielles:


- Excrétion des déchets du métabolisme (urée & composés azotés)
- Régulation de l’équilibre hydro-électrique (eau, ions, pH)
- Fonctions endocrines (régulation de la pression artérielle par le système rénine
angiotensine)
Plusieurs phénomènes sont impliqués dans les 2 premiers points: le glomérule rénal
possède une membrane dialysante qui filtre (170 l/j); le tubule réabsorbe la majeure partie

Biophysique des transports membranaires 35


de cette urine primitive et règle la composition finale par transports actifs ou passifs.
L’insuffisance rénale grave peut aller jusqu’à une diminution de 95 % de la filtration. En cas
d’insuffisance rénale, on peut donc pratiquer une hémodialyse qui va aider le rein défaillant par
- diffusion: le liquide de dialyse est choisi avec une concentration en ions proche de
celle du plasma normal et nulle en déchets azotés. L’équilibre va donc tendre vers une
normalisation des ions et une élimination des déchets azotés.
- ultrafiltration de l’eau (et de petits ions) du sang vers le dialysat, qui permet d’éliminer
l’eau (2 à 3 l) qui n’est pas éliminée dans l’urine.
Durée 4 à 5 heures, 2 à 3 fois/semaine; débit sanguin 200 cm3.min-1, débit du dialysat 500
ml.min-1

Biophysique des transports membranaires 36


4 Osmose (propriétés colligatives)

C’est un cas particulier des transports membranaires: phénomène de transfert de solvant


vers une solution à travers une membrane imperméable au soluté considéré: la membrane
supprime le flux de diffusion du soluté.

4.1 Osmomètre de Dutrochet

Membrane Eau + soluté

Fs Fe
Eau pure

La membrane est imperméable au soluté: seul le solvant peut diffuser (dans les deux
sens). Au départ, le flux d’eau entrant Fe est très supérieur au flux sortant, puis on atteint
l’équilibre; à ce moment, P=h.ρ.g pression hydrostatique est égale à la pression osmotique.

Modélisation:

1 2

Il existe un flux de solvant de 2 vers 1 que la pression appliquée sur le piston contre-
balance.

La pression osmotique d’une solution est la pression (hydrostatique) qu’il faudrait exercer sur
la solution pour empécher le solvant pur de traverser la membrane.

Biophysique des transports membranaires 37


Pour une membrane spécifiée de transmittance nulle pour le soluté, la pression osmotique
de la solution est proportionnelle au nombre de molécules du soluté (plus exactement au
nombre d’unités cinétiques), et à la température absolue T.

4.2 Expression des lois de l’osmose

p.V=nsoluté.R.T

LOI DE VAN t’HOFF


Solutions idéales, faiblement concentrées
( p pression osmotique, V volume, n moles de soluté, R constante des gaz parfaits 8,32
J.°K-1.mol-1, T absolue)
L’analogie avec la loi des gaz parfaits n’est que formelle; la pression osmotique
contrebalance un flux de diffusion où les molécules tendent à utiliser tout le volume liquide
offert, à la manière des molécules de gaz.

On peut également raisonner en molarité et en unités cinétiques:

π= i.Cm.R.T

LOI DE PFEFFER- VAN t’HOFF


Cm concentration molaire
i: Coefficient d’ionisation, permettant de calculer les unités cinétiques i= [(1+α(z-1)]
α coefficient de dissociation, z=nb ions donnés par la molécule.
Calcul de i: nombre d’unités cinétiques par mole, tend vers un nombre entier si la solution est
diluée et la molécule totalement dissociée ex NaCl, FeCl3
α est le coefficient de dissociation, nb moles dissociées / nb total de moles dans la solution.
Exemple n molécules donnant z ions; αn molécules dissociées, n- αn = n(1-α) non
dissociées:
i = [z αn + (1- α)n]/n
i = 1 + α(z-1)

Pour l’acide acétique: z=2, si αn vaut 0,6 i=1,6 et il y a donc 1,6 fois plus d’unités cinétiques
que de moles.
Expression en concentrations osmolaires:
π= C o .R.T
Co: Concentration osmolaire
Osmole: toute particule active; ex CaCl2 M => 3 Osm

En toute rigueur, il faut utiliser des concentrations molales et osmolales en mol.kg-1 plutôt que
des molarités en mol.l-1; si pour des solutions aqueuses les deux notions peuvent se
confondre, c’est moins vrai pour la plasma qui ne contient que 94 % d’eau.

Dans tous les cas, l’osmose dépend du type de membrane qui doit être spécifiée, puisque
Biophysique des transports membranaires 38
c’est elle qui déterminera les espèces qui passent à travers la membrane ou non.
Membrane dialysante : perméable à l’eau, aux petits ions et molécules PM < 1000
Membrane semiperméable (ou hémiperméable): strictement perméable à l’eau

La membrane du capillaire se rapproche de la membrane dialysante alors que la membrane


cellulaire se rapproche de la membrane semiperméable (les transports sont le plus souvent
actifs).

Une application des lois de l'osmose est le déssalement de l'eau de mer, ou une pression
importante va permettre d'inverser le flux d'eau pure. La technique est limitée par les fortes
pressions engagées et la difficulté d'obtenir une membrane semiperméable résistante.

4.3 Cas du sang


Quelles sont les espèces qui participent à la pression osmotique ?

-
HCO3 27 mEq + ++
+ Divers K , Ca

+ -
Na 142 mEq Cl 103 mEq Urée

Protéines
π oncotique

Les protéines ne passent pas les membranes dialysantes et sont donc responsables sur
celles-ci d’une pression appelée pression oncotique, qui vaut environ 28 mmHg.

L’osmolarité totale du plasma est de 300 à 310 mOsm/l mesurée sur une membrane
strictement semiperméable.

Biophysique des transports membranaires 39


4.4 Isotonicité - Isoosmolarité
L’isotonicité≠isoosmolarité: l’isoosmolarité se juge par rapport à une membrane strictement
semipérméable, deux solutions sont iso-osmotiques si elles ont la même osmolarité.
L’isotonicité est la pression osmotique réelle vis-à-vis des membranes biologiques, qui ne
sont pas strictement hémiperméables mais sélectives: ex du globule rouge (et des cellules
en général) dont la membrane laisse passer urée, glucose (si une activation insulinique a
permis la synthèse de transporteurs),...
L’isotonicité n’implique pas forcément la même concentration osmolaire.

Exemple sur la membrane de l’hématie:


Si l’hématie est plongée dans un milieu hypertonique, le volume de l’hématie diminue, par
perte de l’eau interne.
Dans un milieu hypotonique: le volume de la cellule augmente, l’hématie peut éclater
(hémolyse) quand la pression développée est supérieure à la résistance de la membrane.
Ce phénomène apparait vers 150 mOsm.l-1 pour une hématie normale.
Conséquence pratique: les solutions injectables doivent être isotoniques, ou être injectées
très lentement pour arriver diluées au contact du globule rouge.
Dans la maladie de Minkowski-Chauffard (anémie hémolytique), les hématies sont fragilisées
et s’hémolysent dès 250 mOsm; à 150 mOsm (seuil d’hémolyse des hématies normales),
les globules rouges anormaux sont eux hémolysés à > 50 %.

4.5 Cryoscopie
Une autre propriété colligative se retrouve dans le phénomène d’abaissement du point de
congélation d’une solution par rapport au solvant pur: à 0°C, un cristal de glace ne fond pas, il
est à l’équilibre avec de l’eau pure; mais il fond si on le place dans une solution.
Cet abaissement cryoscopique ∆θ est donné par la loi de Raoult,
∆θ = Kc . n

n est l’osmolalité totale de tous les solutés (donc le nombre d’unités cinétiques) et Kc est la
constante cryoscopique caractéristique du solvant , -1,86 °C.mol-1 pour l’eau.

Pour le plasma, on trouve un abaissement cryoscopique de -0,56 °C soit une osmolarité de


0,301 osm.l-1.

Dans ce phénomène, c’est l’interface glace-liquide qui joue le rôle de la membrane


hémiperméable: l’échange des molécules de solvant entre liquide et solide est déséquilibré
par la présence de molécules de soluté, ce qui correspond à un flux net de solvant à travers
l’interface glace-eau et fonte du solide.

Osmométrie et cryoscopie, de même nature théorique, ont des domaines d’application très
différents. L’osmométrie est difficilement utilisable pour des solutions contenant des
micromolécules (faible masse moléculaire), car il est pratiquement impossible de trouver des
membranes strictement hémiperméables pour ces molécules, et les pressions osmotiques
sont énormes. Ces concentrations sont facilement mesurables par l’abaissement de
Biophysique des transports membranaires 40
température de fusion qu’elle provoquent (et classiquement en pratique c’est la méthode
utilisée pour la détermination de la pression osmotique des liquides biologiques tels que
plasma et urine). Par exemple, une solution de NaCl 0,1 M à 27 °C développe 498000 Pa,
soit une hauteur d’eau équivalente de 50 m. En cryoscopie, on mesurera facilement un
abaissement de température de 0,37 °C. L’osmométrie est très utilisée pour les solutions
macromoléculaires, où en raison de l’importante masse moléculaire des protéines, la
concentration osmolaire est faible.

Biophysique des transports membranaires 41


5 LES IONS

Les ions étant des particules dissoutes chargées seront soumis aux phénomènes de
diffusion, de filtration mais également aux forces dûes aux différences de potentiels.

5.1 Mobilité des ions


En solution les ions ne sont pas nus, il y a solvatation ou hydratation ionique, les molécules
d’eau sont attirées et orientées.

H2O

ION

L’ion solvaté est un édifice qui se conserve lors des déplacements (diffusion, dialyse,
mobilité ionique); le nombre de molécules d’eau de solvatation dépend de la taille de l’ion
(ex sodium 8 H2O, potassium 4 H2O)

Mobilité ionique: les ions sont accélérés par le champ électrique mais atteignent une vitesse
limite due aux frottements dans le milieu

r r
v = u.E
u est la mobilité ionique (typiquement 100 nm.s-1 dans un champ de 1 V.m-1) et dépend
du coefficient de friction f dans le milieu

z.e
u=
f
5.2 Flux des ions
La loi qui régit le transport des ions induit par une différence de potentiel est très similaire à la
loi de Fick, puisqu’on a:

∆V
Ji = −u.Ci
∆x
et, comme D=kT/f

zF ∆V
Ji = −D Ci
RT ∆x
Le transport total d’ions sous l’influence de la diffusion et d’une ddp est la somme des deux
flux, soit

Biophysique des transports membranaires 42


 ∆C zF ∆V 
Jtot = JD + Ji = −D + C
 ∆x RT i ∆x 

5.3 Loi de Nernst et de Goldman


La loi de Nernst permet d’obtenir le potentiel d’équilibre pour un ion donné, existant des
deux cotés d’une membrane à des concentrations différentes:
à l’équilibre, on peut écrire que le travail de concentration
C1
Wc = R.T.Ln
C2
est égal au travail électrique We = z.F (V2-V1) soit

RT C 2
V2 − V1 = − Ln
zF C1
F constante de Faraday (N fois la charge de l’électron), z charge, R Cte des gaz parfaits, T t°
absolue.

On peut également établir la loi de Nernst à partir des potentiels électrochimiques:


à l’équilibre, le potentiel électrochimique de l’ion considéré est identique des deux cotés de le
membrane soit

~ ~
µ x 1 = µx 2
en remplaçant le potentiel électrochimique par sa valeur (cf 4.1)
µx 1 + zFV1 = µx 2 + zFV2
soit
µx 2 - µx 1 = zF(V1-V 2)
et comme on a
µx =µ0x + RT Ln [C x ]
zF(V1-V 2) = RT (Ln [Cx 2]-Ln [Cx 1])
donc

RT C 1
V1 − V2 = − .Ln x
zF Cx 2
ou encore

RT C 2
V2 − V1 = − .Ln x
zF Cx 1

D’autre part, la règle d’électroneutralité s’applique: dans chacun des compartiments la somme
des charges électriques portées par les ions positifs est égale à la somme des charges
électriques portées par les ions négatifs.

Biophysique des transports membranaires 43


La loi de Nernst exprime la valeur de la différence de potentiel qui apparait à l’équilibre (c’est
à dire quand les flux dans les deux sens à travers la membrane sont égaux [voire nuls] pour
l’ion considéré) lorsqu’une membrane sépare deux milieux contenant une espèce ionique à
des concentrations différentes.C’est encore la ddp qui compense exactement les effets de
diffusion liés à un rapport de concentration donné.

Si plusieurs ions sont en équilibre , l’égalité est vérifiée pour chacun d’entre eux

RT Na +2 RT Cl−2
V 2 − V1 = − Ln + = Ln −
F Na1 F Cl1
Dans le cadre de la cellule, la loi de Nernst explique bien le comportement de l’ion Cl- , est
relativement exacte pour K+ mais ne l’est plus du tout pour le Na+ . Une meilleure approche
fait entrer en compte les perméabilités membranaires qui sont différentes pour les ions qui
nous intéressent: PK>PCl >>>PNa
On applique la loi de Goldman qui permet de rendre compte la majorité des résultats
expérimentaux:

RT PNa .Na 1+ + PK .K+1 +P Cl.Cl −2


V1 − V2 = − Ln
F PNa .Na +2 + PK .K+2 +P Cl.Cl1−
P est le coefficient de perméabilité de la membrane pour l’ion considéré, avec au repos
PNa/PK=0,04 et PCl /PK=0,45. Lorsque la membrane est excitée, PNa/PK devient 500 fois
plus élevé (P Na/PK=20) alors que PCl /PK ne change pas.

Dans le cas de la cellule, l’explication exacte des mouvements d’ions prend en compte les
autres mécanismes qui entrent en jeu tels que les pompes ioniques; le fonctionnement de
celles-ci crée une ddp stable et donc un état stationnaire où la concentration des ions
demeure constante dans chaque compartiment. Cette ddp est dûe à un léger déséquilibre
des charges et contrôle les flux ioniques ultérieurs de diffusion et de gradient electrique, pour
obtenir un flux net nul.
On a alors un état stationnaire (dû à des phénomènes actifs) et non plus d’équilibre (passif).

Conclusion: expression générale des flux (passifs)


Le flux de substance J pour une espèce chimique donnée à travers une surface dépend du
gradient de concentration, du gradient de pression et du gradient de potentiel:

 ∆C v ∆P z.F ∆Ψ 
J = −D. + .C. + .C.
 ∆x RT ∆x RT ∆x 

J flux, D coefficient de diffusion, c concentration, R cte gaz parfaits, T température absolue, x


distance, v volume partiel, P pression, z charge, F cte de Faraday, Ψ potentiel.

Le flux de substance J est la résultante des forces de concentration, de pression et de


potentiel électrique.

Biophysique des transports membranaires 44


6- APPLICATION: Equilibre de Donnan (Equilibre de membrane)

Cet équilibre se retrouve lorsque dans un compartiment une protéine (ou macromolécule)
chargée ne peut pas diffuser vers un autre compartiment; c’est le cas des protéines à
l’intérieur d’une cellule ou d’un capillaire par rapport à l’espace intersticiel.

Pour l’ expliquer, on peut considérer 3 cas de plus en plus complexes, dans deux
compartiments séparés par une membrane dialysante:
1/ Petits ions diffusibles
Electroneutralité (ddp anions=ddp cations)
égalité de concentration
ddp nulle
pas de π osmotique
2/ Petits ions diffusibles, macromolécule neutre
Electroneutralité
égalité de concentration
ddp nulle
π osmotique due à la macromolécule
3/ Petits ions diffusibles, macromolécule chargée: EQUILIBRE DE DONNAN
Electroneutralité
inégalité de concentration
ddp non nulle
π osmotique due à la macromolécule chargée + excès
d’ions de signe contraire attirés

Exemple: NaCl des deux cotés, protéine RNa z du coté 1


La macromolécule du coté 1 RNaz se dissocie en Rz- et zNa+
L’électroneutralité de chacun des cotés s’écrit
[Rz-]1 + [Cl -]1 = [Na+ ]1

& [Cl-]2 = [Na+ ]2

Il y a donc une inégalité de concentration en ions diffusibles des deux cotés, d’où une
différence de potentiel; la loi de Nernst décrit le potentiel d’équilibre pour chacun des ions

RT Na + 2 RT Cl− 1
V2 − V1 = − Ln = Ln −
zF Na + 1 zF Cl 2
ce qui permet d’obtenir la relation de Donnan,
[Cl-]1 . [Na+ ]1= [Cl-]2 . [Na+ ]2

ou encore, en introduisant r, rapport de Donnan

Na2+ Cl1−
= =r
Na1+ Cl2−
Biophysique des transports membranaires 45
On peut écrire aussi d’après les équations précédentes
[Cl-]1 < [Cl-]2 = [Na+ ]2 < [Na+ ]1

L’ion non diffusible [Rz-]1 repousse les ions de même signe et attire les ions de signe

opposé, soit r < 1; l’ion non diffusible [Rz-]1 impose à son compartiment un potentiel de
même signe que sa charge. r vaut 1 si la concentration de macro-ion est nulle ou si on travaille
au pH isoélectrique de la protéine.

Les conséquences de cet équilibre, qui peut se généraliser pour les nombreux ions et
protéines du vivant, sont:
• Un excès d’ions diffusibles du coté d’une protéine chargée qui ne diffuse pas: la protéine
chargée repousse les ions de même signe et attire les ions de signe opposé, le total des
petits ions du coté de la protéine est supérieur au total des ions de l’autre coté.
• création d’une ddp puisqu’il y a inégalité de concentration ionique: par exemple dans la
cellule, création d’une ddp ~-10 mV)
• La concentration globale est plus grande du coté de la protéine; il se développe donc une
pression osmotique plus importante que prévue par la concentration en macro-molécule,
appelée pression oncotique, très importante dans les échanges capillaires (phénomène de
Starling).

Phénomène de Starling

La pression de Starling provoque un appel d’eau du milieu interstitiel (pauvre en protéines)


vers le plasma à travers l’endothélium des capillaires:

Artériole Veinule
Glucose Lactate
H2O,O2 H20, CO2

π Pv π

Pa

La membrane du capillaire peut être considérée comme dyalisante, elle permet un passage
d’eau et de petites molécules. Dans le milieu intersticiel, le contenu en protéine est très faible
et la pression osmotique est due en majorité aux protéines du plasma (y compris le
Biophysique des transports membranaires 46
phénomène de Donnan, vide supra ), π= 28 mmHg. Il existe d’autre part une différence de
pression entre le milieu intersticiel et la lumière du capillaire, dûe essentiellement à la pression
sanguine. Celle-ci diminue de l’artériole à la veinule du fait de la perte d’énergie dans le
capillaire (cf hémodynamique). Au pôle artériel de l’anse capillaire la pression artérielle (32
mmHg) est toujours supérieure à la pression oncotique dûe aux protéines du plasma (28
mmHg) et permet une sortie de l’eau et des petites molécules vers l’intersticium. Au pôle
veineux, la pression veineuse n’est plus que de 12 mmHg, donc inférieure à la pression
oncotiquece qui permet la resorbtion des métabolites.
A l’état normal, les deux flux sont équivalents et il n’y a pas d’accumulation de fuide dans les
tissus, c’est l’équilibre de Starling.

On peut expliquer (approximativement) la formation d’œdèmes (surcharge hydrique du tissu


intersticiel) si:
- P veineuse augmente, suite à une insuffisance cardiaque
- π oncotique diminue, par baisse de la protidémie (principalement albumine) en cas
de malnutrition, syndrôme néphrotique (protéinurie), hépatite (synthèse protéique
diminuée).

Biophysique des transports membranaires 47


TRANSPORTS ACTIFS
Les mécanismes de diffusion, de filtration sont des mécanismes relativement lents et surtout
peu spécifiques; des protéines membranaires spécialisées vont permettre des transports
de molécules neutres, d’ions ou des interactions (réponse à un stimulus élecrique ou
chimique) beaucoup plus rapides et spécifiques, à l’aide de couplages énergétiques.

Un couplage energétique associe une transformation spontanée (une molécule diffusant d’un
endroit à haute concentration vers un endroit à basse concentration, une charge positive se
déplace dans le sens des potentiels électriques décroissants, une réaction chimique...) à une
seconde transformation non spontanée, utilisant le travail libéré par la première pour stimuler
la seconde. On peut ainsi trouver:
- une réaction chimique spontanée (ATP > ADP + Pi, transfert d’électrons...)
permettant le transport actif d’ions ou de solutés, couplage chimio-osmotique
- un transport spontané d’un soluté (ion le plus souvent), couplé à une réaction
chimique non spontanée, couplage osmo-chimique
- un transport spontané de soluté couplé à un second transport non spontané,
couplage osmo-osmotique

Ces couplages sont assurés au niveau des membranes de la cellule, des mitochondries par
des complexes protéiques.

Couplage chimio-osmotique:
Certaines protéines membranaires sont capables de coupler une réaction chimique
energétique (hydrolyse ATP, oxydoréduction) à un transport actif non spontané d’ions variés
(H+ , Na+ ,K+ ,Ca++ …). Si le fonctionnement de ces pompes ioniques s’accompagne d’une
création de charges, on parle de pompes electrogènes (ex ATPase Na+ /K+ , qui transfère 3
Na+ pour 2 K+ ). Si les charges sont conservées on parle de pompes électroneutres (ex
ATPase gastrique H+ /K+ )

Au niveau de la mitochondrie, l’énergie nécessaire pour les différents travaux cellulaires est
obtenue à partir de l’oxydation des combustibles cellulaires, glucose par exemple:
C 6H12 O 6 + 6 O 2 <-> 6 CO 2 + 6 H 2O, ∆G°= -2880 J.mol -1
Dans les conditions physiologiques, l’oxydation du glucose se fait sans participation
d’oxygène, les accepteurs d’électrons sont des coenzymes sous forme oxydée NAD+ et
FAD qui se transformeront en coenzymes réduits NADH et FADH2; ce sont ces coenzymes
réducteurs qui seront donneurs d’électrons à l’oxygène moléculaire, transfert catalysé par la
chaine membranaire de transfert d’élecrtrons de la membrane interne de la mitochondrie (dans
le cas des membranes photosynthétiques, le donneur initial d’électrons sera un chromophore
(chlorophylle) excité par une absorption de lumière).
Le transfert des protons en dehors de la mitochondrie permet les couplages osmo-
chimiques décrits ci-dessous.

Biophysique des transports membranaires 48


Dans la cellule, le rôle de l’ATPase Na+ /K+ est multiple: conservation d’un faible taux
intracellulaire de sodium, régulation du volume intracellulaire, formation d’une différence de
potentiel électrique transmembranaire permettant le potentiel d’action des cellules excitables,
formation d’une ddp électrochimique de sodium permettant des transports actifs de solutés
par couplages osmo-osmotiques.

Couplage osmo-chimique:
Réalisé par des protéines de la membrane mitochondriale, ce couplage utilise le travail fourni
par la diffusion spontanée du proton qui retourne de l’extérieur vers l’intérieur (secondaire à un
couplage chimioosmotique entre une oxydoréduction spontanée et un transport actif vers
l’extérieur du H+ ) pour réaliser la synthèse d’ATP à partir d’ADP et de Pi. En moyenne, le
retour de trois protons est nécessaire pour créer un ATP. Ce mécanisme est responsable de
la synthèse de la majeure partie de l’ATP cellulaire chez les eucaryotes, synthèse qui atteint
50 à 75 kg d’ATP/jour.

Couplage osmo-osmotique
D’autres protéines permettent une diffusion facilitée couplée à un transport actif d’autre
molécule: la protéine membranaire (= transporteur) reconnait deux solutés, un ion “moteur” et
un soluté. On a un co-transport si les deux solutés vont dans le même sens, un contre-
transport dans le cas contraire. Ce mécanisme complexe permet une accumulation de
solutés (sucres, acides aminés, nucléotides...) au delà des valeurs de la concentration
externe, ce qui ne serait pas possible dans les cas de diffusion simple ou de transport
passif. Un exemple type est le système D-glucose/Na + des membranes de cellules
intestinales, qui couple la diffusion facilitée du Na+ (de l’extérieur vers l’intérieur) au transport
actif secondaire du glucose. On connait aussi des translocases ADP/ATP mitochondriales.

Biophysique des transports membranaires 49


EXTERIEUR

Na+
Na+ K+ Na+
S
H+

ADP
MEMBRANE
ATP
CELLULAIRE
Na+ K+
Na+
Na+
S H+
CYTOPLASME

COUPLAGE
OSMO-CHIMIQUE

H+
H+
COUPLAGE
H+ ATP
S CHIMIO-OSMOTIQUE
ADP

COUPLAGE
OSMO-OSMOTIQUE
H+ ADP ATP
S
ADP
H+

H2A+1/2 O2 A + H2O

GLYCOLYSE H+
KREBS
(Photosynthese) MITOCHONDRIE

Références
Biochimie et biophysique des membranes; aspects structuraux et fonctionnels,
E. Shechter, Masson Ed, 1990
Phénomènes de transport en biologie, A. Syrota, Ed Paris sud, 1990
Biophysique PCEM, Grémy, Ed Flammarion Médecine

Biophysique des transports membranaires 50

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