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Maitre Jure Vujic

DE LA DIALECTIQUE DE LA DIFFÉRENCE À L"ESTHETIQUE DE L'ACTION

BENEDETTO CROCE
'HOMO NASCITUR POETA'

JOSE ANTONIO PRIMO DE RIVERA


'HOMO NASCITUR SOLDATO'

DE LA DIALECTIQUE DE LA DIFFERENCE A
L'ESTHETIQUE DE L'ACTION
par Jure Vujic

L'Espagne est une doctrine secrète, tout comme la doctrine phalangiste de José Antonio Primo
de Rivera constitue un système politique, spirituel et esthétique, clos, irréductible, tel un
phénomène inédit dans l'histoire des idées universelles.
Le 20 novembrel936, après huit mois de détention, le Tribunal Populaire d'Alicante condamne
à mort le chef charismatique de la Phalange espagnole, lequel tombera dignement dans la
solitude la plus profonde, sous les balles du peloton d'exécution, le visage martyr face au
soleil d'Alicante, à l'endroit même où nacquit le silencieux écrivain du mouvement littéraire
de la Renaissance de 1898, Martinez Ruiz, Azorin, région qui dans la géographie littéraire de
l'Espagne représente la transition entre la Castille tragique et la Mediterranée plastique, cette
même région qui a produit, depuis, Gabriel Miro.
Assurément, la doctrine Phalangiste fut cette transition tragique idéologique qui dans la guerre
civile espagnole, tentqq de dépasser les clivages politiques qui déchiraient le peuple
espagnol, de transcender les solutions obsolètes du capitalisme et du communisme pour
restaurer par la voie révolutionnaire, dans une tâche collective de renaissance nationale, la
valeur spirituelle suprématique de l'Espagne, une et indivisible.
Synthétisante et oecuménique par excellence, cette doctrine aboutira par la voie de son
unisme trilogique et sa quintessence national syndicaliste à générer une forme subtile et
originale d'esthétique, une esthétique autonome d'une pensée monde qui s'inscrit dans le cadre
de ce que Benedetto Croce définira comme dialectique de la différence; en ce sens tout
comme le postulait Croce, l'intuition métapolitique créatrice de la forme i(kologique et de
l'esthétique phalangiste, s'apparente à l'oeuvre d'art conçue commune manifestation unique et
spontanée de l'intuition; manifestation esthét iqW e1~i trouvera son expression à travers un
unisme trilogique vitaliste et une stylistique de la pensée et de l'action à la fois sacrificielle,
austère et supra-affective. En ce sens le message phalangiste aboutit à l'affirmation d'une
identité philosophique et.politique propre, qui ne sera au fond que l'expression synthétisante
dans l'espace symbolique de l'histoire de l'esprit universel et général défini par Benedetto
Croce. La systématisation diachronique Crocéenne des questions esthétiques rejoindra la
synchronie phalangiste des faisceaux convergents, synthétisants les aspirations et les valeurs
les plus élevées de l'Hispanité régénérée; de la sorte seront jetées les bases d'une
correspondance théorique entre la dialectique Crocéenne de l'autonomie différentielle de l'art
et la totalité conceptuelle politique et morale du message phalangiste parmational et universel
comme condition première de la réalisation de l'autonomie, de l'intégrité et de la liberté de
l'homme; ainsi le phénomène esthétique défini par Benedetto Croce devient tout comme le
phénomène métapolitique élaboré par José Antonio, un phénomène sui generis.
L'intuition comme fondement de l'expressionnisme métapolitique phalangiste.

Dans son étude sur l'esthétique, Benedetto Croce fait une nette distinction entre deux formes
de connaissance: la connaissance intuitive et la connaissance logique.; la connaissance par la
voie de l'imagination et la connaissance par la voie de l'intellect; la connaissance de
l'individuel et celle de l'universel. Ainsi pour Croce la connaissance sera créatrice d'images ou
génératrice de concepts. La connaissance intuitive sera donc toujours une connaissance
expressive. Autonome et indépendante de l'intellect, insensible à la dichotomie réaltié non
réalité, transcendant la formation perceptive de l'espace et du temps, ce phénomène de
l'intuition reste hors des catégories sensitives et de la matière psychique, et se révèle à travers
une forme qui n'est autre que l'expression elle même. Ainsi Croce établira une double identité:
identité entre l'intuition et l'expression, et identité entre l'art, l'activité créatrice et la
connaissance intuitive. L'oeuvre d'art sera toujours l'expression d'un acte intuitif autonome, et
l'on reconnaitra le génie artistique à travers l'expression consciente et parfaite d'une forme
élevée et absolue. Assurément plus qu'un corps de doctrine monolithique, la pensée de José
Antonio trouve sa source dans l'intuition idéatique et vitaliste qui entend dépasser la politique
en tant que catégorie temporelle, pour aboutir à une expression politico culturelle en
perpétuelle formation qui s'intègre dans l'espace historique hispanique régénéré.
En ce sens, le phalangisme est plus une intuition, une intention qu'une catégorie idéologique
prédéfinie et analytique. Il trouve son expression dans une certaine attitude combattante et
austère, intansigeante et virile, une bravade juvénile effrontée et spontanée, une poussée
réactive et reflexive esthétique, qui a pour base l'exaltation de la vie. La pensée de José
Antonio s'inscrit dans le cadre général de la philosophie irrationnelle et vitaliste qui définit
l'homme comme un être irrationnel soumis aux contingences historiques et biologiques,
conduit et porté vers l'action par un élan vital de type Bergsonnien; cette pensée est à la fois
implacable et fataliste, motivée par le jeu associatif d'images symboliques et archétypales et
de sentiments forts plus que par des idées abstraites et constructivistes. Cette attitude
faustienne qui consiste à défier la vie, s'incarne dans la conception Goethienne de la vie en
tant que valeur intrinsèque, qui comme l'affirmait José Antonio se réalise dans chaque fait et
chaque parole. Ainsi la pensée de José Antonio qui peut troubler voir choquer est avant tout
sentie avant d'être comprise; et pour citer l'écrivain Malcom de Chazal :'ceux qui essayeront
de la saisir uniquement par leur intelligence se heurteront comme à un mur noir'. Le but
philosophique, métapolitique et poétique de la pensée phalangiste serait donc dans une
perspective Chazalienne de couper les angles aux mots, installer des pentes au sein de leur
substance, afin de faire ruisseler les sensations au dehors.

Comme M. Unamuno, José Antonio avait se désir d'accomplir son destin, poussé par un effort
constant et actif de développer toujours plus intensément ses possibilités intérieures et tendre
vers le perfectionnement personnel; Vivre et penser d'une manière phalangiste c'était incarner
un principe , une idée; affirmer l'existence irréductible de valeurs éternelles. L'honneur, la
vérité, l'amour, la fidélité, la droiture, les instincts immémoriaux qui ne se réduisent pas à des
fictions mais sont des réalités éternelles et absolues. C'est le souci de tous les grands
espagnols pour qui les idées et tout ce qui peut constituer une économie provisoire, morale ou
politique, n'est d'aucun intérêt. Comme chez José Antonio, ils n'ont d'économie que de
l'individuel et de l'universel sublimés par l'éternel. Ainsi comme pour Miguel de Unamuno,
faire de la politique, c'est encore se sauver. C'est défendre sa personne, l'affirmer, la faire
entrer à jamais dans l'histoire. Ainsi la pensée de José Antonio comme celle de Unamuno et
celle de Nietzsche, est impuissante à s'exprimer sous la forme discursive. Sans aller jusqu'à se
réduire en aphorismes et se forger à coups de marteaux, elle est comme celle du philosophe,
occasionelle et sujette aux actions les plus diverses. Seul l'événement personnel et historique
la détermine, elle a besoin d'un excitant et d'une résistance. C'est une pensée substantiellement
exégétique. Incontestablement proche de la pensée de José Ortega y Gasset, fondateur de la
revue 'Revista de Occidente', (par laquelle la philosophie allemande de Simmel, Keyserling,
Spengler, Scheler, pénétrera en Espagne), José Antonio était atteint par une certaine forme de
nihilisme de sa race, pour pouvoir transformer en action et appliquer à la réalité son désir de
doter l'Espagne d'une conscience civile et pannational profonde et réelle.
Ainsi plus une tendance, une vibration caractérielle et un tempérament à la fois individualiste
et communautaire qu'un système clos, l'intuition qui est à la base de la pensée phalangiste se
cristallisera dans un paysage intellectuel et idéologique qui exaltera les forces de la vie et du
sentir. Comme dans la dialectique acerbe et ironique d'un Eugenio d'Ors qui fera l'éloge du
dialogue en action, la dialectique révolutionnaire et sYnthétisante de José Antonio s'efforcera
de substituer la vue circulaire du rationalisme par une vue elliptique. Pour peut que l'on puisse
dire que le phalangisme fut une oeuvre d'art inachevée du fait de la mort prématurée de son
fondateur et maitre à penser et si l'on fait abstraction de sa récupération officielle dans le
cadre de la Phalange Traditionaliste en juillet 1937, l'intuition qui fut à la base de cette pensée
trouvera son expression à travers l'affirmation d'un système métapolitique elliptique où
domine deux centres: l'homme comme vecteur d'une stylisation anthropocentrique et
l'Hispanité comme valeur éternelle et spirituelle. Dans une perspective Crocéenne, cette
expressionnisme elliptique générera une esthétisation de l'action toute particulière comme
idéal de forme suprême.

L'esthétique de l'action comme idéal de forme phalangiste

Si la violence dans la pensée de José Antonio s'exprime dans la réthorique de la 'dialectique


des poings et des revolvers', il n'en demeure pas moins que l'usage de l'action directe ne sera
justifiée que lorsque tous les autres moyens de lutte auront été épuisés et seulement si cette
violence est imposée par l'adversaire. Le moteur et le but ultime de la pensée phalangiste sera
d'implanter une justice sociale profonde, pour que sur cette base les peuples retournent à la
suprématie du spiritruel. Ainsi la légitimité de l'action directe et plus précisément de la
violence de la jeunesse, résidera dans la restauration du spirituel à tous les niveaux de la vie
politique et sociale; la violence et l'action directe sont conçus comme valeurs morales de
rupture et de détachement, comme nécessité inéluctable et comme démonstration du droit et
de la légalité historique. Ainsi l'action directe ne représente ni un postulat ni un idéal politique
mais un instrument défensif s'inscrivant dans la dialectique globale du phalangisme à un
moment historique précis.

Faisant la distinction entre la forme et le contenu, Benedetto Croce affirmera que l'acte
esthétique est par essence la forme et rien que la forme, et par voie de conséquence le contenu
n'aurait de signification que dans la mesure où il serait élevé au niveau de la forme; le contenu
de la révolution nationale syndicaliste que s'est efforcé d'élaborer José Antonio dans son
corpus idéologique se trouve dans l'affirmation d'une 'volonté de valeur' qui s'exprime dans la
restauration de la primauté du spirituel et l'exaltation des principes historiques théologiques et
moraux de l'Hispartité en tant que civilisation millénaire. Mais tout comme dans la
dialectisation esthétique Crocéenne, ce contenu sera élévé au niveau d'une forme suprême
laquelle réside dans l'idéal de l'action. En effet la pensée phalangiste n'est pas seulement une
manière de pensée mais aussi une manière d'être. Cette pensée se propose d'adopter devant la
vie et dans chacun des actes individuels une attitude responsable, profonde et totale. Ainsi la
morale révolutionnaire phalangiste s'incarne dans l'action, comme idéal de forme suprême,
dans l'esprit de service et de sacrifice, dans le dépouillement et. l'humilité martiale qui
culminera par le sacrifice surhumain des cadets de l'Alcazar. Comme dans la pensée de
M.Scheler l'activisme héroique de la jeunesse phalangiste lors de la guerre civile espagnole
révélera une véritable 'métanoia', une transformation radicale de leur état spirituel au moment
de leur sacrifice voulue et réflexif, au service de la cause pour laquelle ils auront prêté
serment, jetants ainsi à l'aide de l'action un pont entre la terre et la ciel, le temporel et
l'éternité, devenants les guerriers héros de l'esprit. Dans la même lignée, la poétisation
phalangiste de l'action rejoint la conception esthétique de J. Ruskin pour lequel un grand art
ne prendra forme que lorsqu'il est fondé sur une 'grande bataille', un effort guerrier comme
acte créateur suprême. Comme chez Hegel, l'exaltation de l'action réaffirmera la suprématie
de l'idée et du spirituel qui feront leur preuves dans l'adevrsité et la menace; ici l'esthétisation
de l'action prend corps dans le drapeau hissé, dans la symbolique des faisceaux convergents
en tant que vecteurs et concrétisation de la volonté de synthèse du national et du syndical.
Très vite le contenu et la forme phalangiste fusionnent pour ne laisser place qu'à la pure
expression esthétique de l'action qui se transforme elle même en forme surprême, rien qu'en
forme qui est tout siplement affirmation ultime de la vie. Ainsi cet idéal de forme phalangiste
s'inscrit dans la théorie esthétique de Francesco de Sanctis qui définira la forme comme valeur
intrinsèque autossufisante à elle même comme l'est l'individu; Le monde esthétique n'est rien
d'autre que le monde de l'existant, de l'être et de l'étant, son critère et sa signification se
trouvent dans sa légitimité qui résulte d'un unique postulat: exister. Cette action salvatrice et
quasi mystique mise en branle par les mots mêmes de José Antonio par la seule force de la
poésie, la poésie qui détruit, la poésie qui promet; tout comme dans la théorie esthétique de
Giambattista Vico cette poétique vivante chargée de mythes galvanisateurs s'identifie à
l'espace symbolique qu'est l'histoire. Ainsi à la fois poète et guerrier, José Antonio sera doté à
la fois de ce que Sainte Beuve appellera l'intelligence miroir et l'intelligence glaive. De cette
union entre le forme et le contenu naitra la beauté d'une esthétique purifiée laquelle dans le
cadre de la conception artistique de J.F Herbart résulra et sera constitu&par les relations
toutes particulières qui s'établissent entre les tons, les couleurs, les lignes, la pensée et la
volonté.

A travers l'action commbattante et le consentement sacrificiel, le combattant phalangiste fera


l'expérience de la 'catarsis esthétique' dans le sens Shopenhauerien du terme, en vertu de
laquelle il passera de l'état de pur individurn en sujet artistique libéré de la souffrance et des
catégories temporelles.Cette esthétisation de l'action rejoint la conception énergétiste de
l'Imagisme du poète d'Ezra Pound. L'esthtétique phalangiste qui culmine dans un activisme
perpétuel et intransigeant produira un art en forme d'énérgie, une force capable de souder, de
transfuser, d'unifier tous comme les flèches et le joug de l'empire espagnol.
Comme dans la philosophie de Maurice Blondel, l'action précède la pensée pour mieux
révéler ses racines spirituelles et cosmiques; l'existence dans la conception de Blondel devient
à travers l'action plus que l'existence. En ce sens l'esthétisation phalangiste de l'action comme
idéal de forme suprême absorbant le contenu, reflète incontestablement l'héritage de l'oeuvre
de Baroja pour lequel 'l'action pour l'action' était l'idéal de l'homme sain et fort, et s'inscrit en
ligne directe dans le cadre de la tradition quichottesque, un appel à une surhumanité libre et
héroique.

L'unisme trilogique comme fondement de la vision du monde phalangiste.


On pourrait presque dire que l'Espagne, les espagnols n'ont que faire d'idées. leur religiosité
qui s'affirme par la foi mystique en la trinité tel un vécu existentiel individuel et collectif versé
dans l'immédiateté et l'immanence, n'est qu'un ensemble d'images parlantes qui n'ont rien à
faire avec une adhésion quelconque de l'esprit. Un ensemble, une construction plastique, une
esthétique. Ce peuple, que dégoûte la vision de la réalité extérieure et qui, par un effort
d'aigle, s'est élevé aux limites du délire, s'il se complait à ces mouvements de l'âme, à ces
prodigieux tumultes du sentiment, ceux ci ne sauraient le fixer. Dieu, la mort, l'amour et les
diverses affections ne peuvent lui apparaitre sous forme de problèmes à résoudre. Mais il se
sent poussé à les exprimer en gestes, en arrachements, en ces lignes stellaires, et en ces
assemblages significatifs de roses, de sang et de couleurs qui donnent aux luttes, aux
déchirements de l'Espagne le tragique irrésistible qui lui revient.

Ainsi à la base de cette vision du monde phalangiste toute particulière qui s'incarne en un
ensemble, une construction esthétique plastique, réside un unisme trilogiquee qui dans une
perspective Cusienne entend consumer les contraires, réconcilier les notions antinomiques de
la vie, en se servant perpétuellement de l'humain, de l'homme dans sa conception trinitaire par
laquelle il est à la fois corps, âme et esprit; cette conception trinitaire de l'homme rejoint celle
d'Unamuno qui affirmera que: 'foi, vie et raison se nécessitent mutuellment'.
Ainsi au de là du matérialisme athé et du positivisme agnostique, cette conception trinitaire de
l'homme sera à la base de la trilogie phalangiste de la pensée de José antonio : la patrie, le
pain et la justice, pierre angulaire et idéologique de sa pensée politique, elle même édifiée
dans le but de servir l'homme concret, porteur de valeurs éternelles, investi de qualités
transcendantales dévolues par Dieu lui même; cette valorisation trinitaire de l'homme qui
rejette en bloc à la fois les solutions du système libéral et capitaliste et du système
communiste, participe cosubstantiellement à la dimension trilogique de l'homme, dépassant la
sphère du droit positif pour s'intégrer dans le domaine des droits naturels intangibles et qui
s'exprime à travers: la dignité, l'intégrité et la liberté de la personne humaine.
Cette vision trinaire de l'homme s'intégre dans la conception mystique et chevaleresque de
Ramon LLull, grand philsophe mystique Catalan du moyen âge et auteur du 'livre de l'ordre
chevaleresque', lequel définira l'homme comme une entité cosmique hiérarchisé placé entre le
pôle spirituel: l'esprit éternel générant la volonté, la raison et la mémoire, et le pôle matériel
du corps temporel et mortel générant la sensisivité, le végétatif, l'imaginatio et l'élémantarité;
l'élément intermédiaire dans la théorie LLulienne entre le spirituel et le matériel réside dans la
forme élevée de la pensée réflexive représentée par la mémorisation imaginative; en corollaire
la valorisation trinitaire phalangiste des hautes qualités humaines de la dignité, l'intégrité et de
la liberté est étroitement liée aux sept valeurs LLuliennes qui se distinguent en trois qualités
théologiques: la foi, l'espérance et l'humilité, et quatre qualités cardinales dans une conception
platoniste; la justice, la sagesse, la force et la pondération.

En cela cette vison du monde qui a pour axe trilogique l'homme, se rapproche de la vision
vitaliste d'un Ramon Gomez de la Serna qui se veut authentiquement libéral et robuste comme
la nature et lequel accepte la vie avec cette galanterie et cet esprit chevaleresque dont on a fait
l'apanage de l'espagnol.Ainsi cette unisme trilogique se concoit comme une force centrifuge
de nature synthétisante et organique, qui réconcilie, assemble dans une unité sociale,
spirituelle et un ordre métapolitique. Cette conception trilogique phalangiste qui se veut à la
fois antiindividualiste et antiromatique, privilégie le sens religieux et militaire de la vie à
travers lequel s'affirme la nature trinitaire et transcendantale de l'homme, qui comme dans le
poème de José Antonio 'la prophétie de Magellan', défie la mort pour se rapprocher de son
rêve, affirmant ainsi sa volonté de servir la vie comme unique credo rédempteur.
L'unisme trilogique qui est à la base de la vision du monde phalangiste se présente telle une
construction plastique qui procède par voie de compression et d'expansion pour raccorder et
concilier et aboutit à la formation d'une esthétique intuitive créant et projetant ce qu'appellera
Karl Groos le 'Shein', une forme subtile d'image à moitié chemin entre la polarité sensitive et
la polarité conceptuelle; cet imagisme trilogique de la pensée phalangiste incontestablement
muni d'une quintessence allégorique sensitive reste ordonné autour d'un concept trinitaire; ce
concept affirme sa nature esthétique par son intensité et sa capacité d'accéder au sommet de la
consciençe, la supraconscience, la supraindividualité et la cosubstantialité qui est au coeur du
mystère de la trinité et du message de foi et d'amour que nous restitue le phalangisme
authentique.

L'Hispanité comme hypostase spirituelle et impériale de l'esprit universel dans la


conception historique Crocéenne.

Dans la pensée de José Antonio, la patrie ne se réduit nullement à une définition matérialiste
de la nation qui n'est rien d'autre pour citer José antonio lui même, qu'un individualisme de
peuple; au contraire la patrie, l'Hispanité en tant qu'essence spirituelle est une unité de destin
dans l'inversel, ce qui veut dire que la patrie est conçue avant tout comme mission historique,
qui à l'antipode de l'internationalisme marxiste, affirme que l'universalisme authentique qui se
fonde sur la communauté mystique des générations, accomplit des destins historiques
transcendantaux de l'histoire du monde. Ainsi L'Hispanité ne se définit pas par un territoire ni
par une agrégation raciale d'hommes et de femmes, mais avant tout comme une unité de
destin, une réalité historique transcendentale et dynamique, une entité pannationale prête à
accomplir des missions universelles, et précisément à défendre et à affirmer dans le monde la
suprématie des valeurs de la civilisation chrétienne.

Consciente de la vocation historique universelle de l'Espagne, la pensée phalangiste définit


l'Hispanité avant tout comme une valeur spirituelle qui affirme que la plénitude historique de
l'Espagne est dans l'Empire, lui même conçu comme essence spirituelle; ainsi l'Hispanité est
considérée comme un axe spirituel dans le monde hispanoibérique générateur d'entreprises
universelles. L'Hispanité depuis son noyau ibéro celtique jusqu'à sa diffusion civilisatrice
rayonnante sur tout le continent amérindien, ne fut jamais d'essence raciste, mais au contraire
intégralement assimilatrice. Tout comme dans la conception de Benedetto Croce, l'oeuvre
d'art étant unique et indivisible pusique chaque expression est une expression intuitive
unitaire, l'Hispanité dans une optique phalangiste représente une protoforme oecuménique et
esthétique de l'unité du monde dans sa diversité, tout comme l'oeuvre d'art Crocéenne est par
essence une unité dans la pluralité; l'esthétique phalangiste de l'Hispanité n'étant rien d'autre
que la synthèse du pluriel dans une unité organique, opérant un transfert de l'unité de destin
dans le domaine esthétique de l'expression synthétisante d'une pluralité universelle.

Cette mission universelle historique de l'Hispanité en tant qu'unité de destin, n'est rien d'autre
que le paradigme de B. Croce de la suprasynthèse de toute les synthèses qui aboutit à
l'expression de l'esprit universel versé dans l'historicité; ainsi l'Hispanité phalangiste devient
l'hypostase de l'esprit universel lequel est dans l'histoire en perpétuelle expansion, un absolu,
une 'coincidentia oppositorum, qui supplante la religion pour devenir la forme suprême de
l'éternel.Un jeune écrivain, Jorge Guillén, a Parlé un jour de cette fatalité d'être espagnol; être
espagnol rattache celui qui présente ce cas à un passé lointain et inéluctable, lui imprimant
une marque si particulière qu'elle efface ces traits d'humanité par lesquels il pourrait, à
certains âges de sa vie ou à certains moments de son histoire, se confondre dans les
mouvements des autres peuples..L'Hispanité régénérée à travers les écrivains et Poètes de la
Renaissance de 1898, à travers les oeuvres de Miguel de Unamuno, Azorin, P'o Baroja,
Ramon del ValleInclan, Ramiro de Maetzu dont le mouvement phalangiste sera
incontestablement le fidèle héritier, se voulait de restaurer l'idée de l'Espagne tel un métal
dense, rayonant, compact, résistant et profond. Comme la Renaissance de 98, le phalangisme
fut un retour de conscience, une redécouverte de cette nature définie et spéciale de l'être
espagnol; l'Espagne n'est et ne sera jamais comme du reste toute la civilisation européenne,
une valeur commerciale.
i ~.

Tandis que l'histoire du reste du monde suit son cours, l'Hispanité regénérée témoignerait de
J'essence du monde, de cette organisation suprême, sèche, unique et libre, marchant droit sur
le sol, fait d'os et d'argile et qui savoure déjà l'idée d'être un jour cendres Cette Hispanité
affirme, s'obstine à affirmer ce seul effort par quoi nous avons cessé d'être singes, par quoi
nous saurons anges peut être, notre état premier, notre contact avec la terre, notre nudité, notre
essence biologique et spirituelle, la vérité. Miguel de Unamuno a posé la question de savoir
s'il fallait européaniser L'Espagne ou l'africaniser. Et il s'est répondu par un fier paradoxe: il
ne faut ni européaniser ni africaniser l'Espagne. Il faut espagnoliser l'Europe. Assurément, le
phalangisme eut une tentation inavouée d'espagnoliser l'Europe à travers la restauration des
valeurs aristocratiques et spirituelles de la civilsation chrétienne de l'Hispanité, et c'est en cela
que José Antonio fut incontestablement le fils spirituel le plus éminent de cette race de
l'esprit, de cette race héroique de batissseurs, de ces conquistadores aguairis, qui portent
gravée en eux la tragédie et pour citer José Otrega y Gasset, 'l'orgueil, cette ancienne
prétention de diriger les foules et de rendre heureuse l'humanité'.
Cette race de l'esprit, nous autres européens il nous faut la confesser et lui arracher les vertus
qui pourraient nous servir d'exemples, afin de revaloriser notre culture qui au fond n'est
qu'une affaire de 'race' tout comme l'a si bien expliqué H. Taine dans sa 'Philosophie de l'Art',
et pour enfin comprendre que l'idéal d'un ordre harmonieux n'est que l'expression grecque de
la destinée.

La stylistique anthropocentrique et transcendantaliste de la pensée phalangiste

Au centre de la pensée de José Antonio se trouve l'homme; l'homme concret, un ensemble


formé d'un corps et d'une âme, mais aussi un homme libre et sublimé porteur de valeurs
éternelles, c'est à dire capable d'un destin éternel. C'est la raison pour laquelle la pensée
phalangiste accordera un intérêt tout particulier à l'affirmation et à la défense de la dignité, la
liberté et l'intégrité de l'homme dont la condition politique ne se rélaise que par son
intégration dans une communauté nationale placée sous le signe de l'autorité, la hierarchie et
l'ordre. Ce souci et cette préoccupation constante de la pensée phalangiste pour l'amélioration
et le perfectionnement de la condition humaine aboutiront à la constitution d'une véritable
stylistique a la fois anthropocentrique et transcendantaliste; en effet dans une perspective
phalangiste, le style confirmerait et serait en quelque sorte cet homme authentique, tendu telle
une corde dans un effort constant, une volonté générale de perfection pour aboutir à la
rélalisation d'une synthèse harmonieuse de qualités en apparence antinomiques tels que
l'intelligence, le courage, la passion, la pondération, la subtilité, la profondeur, la spontanéité,
la retenue, la renonciation, la virilité et la délicatesse. En un mot, le style authentique serait
représenté par un homme en perpétuelle gestation qui tel un condensé de contradictions
chemine vers un état de perfection rédempteur; ainsi sur ce chemin qui mène vers la
perfection et dans une persepective Crocéenne, le style s'identifierait à l'homme lui même
mais dans la seule mesure où l'homme serait activé par une volonté enveloppante,
intégrationniste et en tant qu'élément temporel et cognitif. Ainsi la volonté de l'homme type
phalangiste constituerait ce que Croce définit comme la forme pratique en tant que moteur de
l'activité créatrice spirituelle.

Cette stylistique anthropocentrique ( mais neanmoins transcendentale) de José Antonio en fait


l'héritier direct de Miguel de Unamuno, la figure héroique de l'homme 'en chair et en os'; en
cela, comme Unamuno, José Antonio ne cessera de confesser, de clamer et proclamer une
humanité, pensant à lui conférer une existence qui ne subirait pas une loi ordinaire, en faire
une création particulière, non seulement dont rien ne se perdrait , mais dans l'agrégation
même demeurerait permanente, substance et forme, organisation divine, déification,
apothéose. Cette volonté de regénérer l'humanité en fera tout comme Giacomo Leopardi un
homme solitaire et tourmenté, dont le désespoir sera l'apanage et le sentiment constant de
l'homme qui réfléchit; Le malheur étant l'état naturel de l'homme, José Antonio vivra comme
Leopardi dans l'illusion d'une Hispanité restaurée et sauvée, l'illusion étant le seul bonheur qui
soit alloué à l'homme. Comme l'homme de Unamuno, l'homme de José Antonio ne veut
jamais mourir, brave la mort et se presse devant l'éternité, et comme don Quichotte il est plus
vivant que le cadavre de Cervantes, éternel comme l'Espagne des princes. La stylistique
anthropocentrique phalangiste s'incarne en une contestation radicale et guerrière contre le
dissolution séparatiste et la subversion communiste qui monte jusqu'à Dieu, non pas vers une
chimère fabriquée à coups d'abstractions alexandrines par des métaphysiciens ivres de
logomachies, mais le Dieu Espagnol, le Christ Roi aux yeux de verre, aux cheveux naturels,
au corps articulé, fait de terre et de bois, peint, sanglant, habillé, la figure de proue des
processions à la jupe brodée d'or.

Comme Unamuno qui professait que l'idéocratie est la plus terrible des dictatures, la pensée et
Y action phalangiste s'éléveront contre le constructivisme, l'abstraction et l'imposture de
l'idéocratie partisane du système parlementaire, pour faire de l'homme et du peuple espagnol
le centre de leurs préoccupations politiques, sociales et spirituelles; telle une métaphore
anthropocentrique, tout comme l'agonie de Miguel de Unamuno, l'agonie de José Antonio sera
celle d'un homme en lutte, en lutte avec soi même, avec son peuple et contre son peuple;
homme hostile, homme de guerre civile, tribun, homme solitaire, exilé, sauvage, provocateur,
vain, orateur dans le désert, paradoxal et cohérent à la fois, inconciliable, irréconciliable,
ennemi du néant et que le néant attire et dévore, déchiré entre la vie et la mort, mort et
ressucité tout ensemble, invincible et toujours vaincu tout comme l'aura adamique du gand
style qui nait là bas, là bas où le soleil se lève ......

Maitre Jure Vujic, Juin 2000,

BIBLIOGRAPHIE

-Benedetto Croce, L'esthétique, Globus 1991


-Giacomo Leopardi, Philosophie pratique, Rivage Poche, 1998
-H. Taine, Philosophie de l'art, Hachette, 1912
-Ramon Llul, le livre de l'odre chevaleresque, CID, 1995
-L'essence de l'Espagne, Paris, 1957, Gallimard
-José Antonio Primo de Rivera, Obras completas, 1970, Ed. Almena Cervantes, Nouvelles
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