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L’assimilation entre croissance et développement qui a souvent été faite par de nombreux auteurs, en particulier
Rostow est très critiquable . E n effet , la croissance est un phénomène économique et quantitatif , alors que le
développement est d’ordre social , culturel donc qualitatif .
2. Définition de F.Perroux
Comme l’indique F.Perroux, « l’économiste à qui on demande qu’est ce que le développement doit à mon sens répondre
: le développement est la combinaison de changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à
faire croître cumulativement et réellement son produit réel global. »
Solution :. C’est ce défi qu’a essayé de relever le PNUD (Programme des Nations Unies pour le
Développement) qui a construit 2 nouveaux indicateurs : l’Indicateur de Développement Humain ( IDH )
et l’ Indicateur de Pauvreté Humaine ( IPH ) .
1. L’IDH
a. définition de l’ IDH
Il veut être la mesure du développement humain entendu au sens où les besoins fondamentaux sont couverts . L’IDH
se calcule à partir de la combinaison de 4 critères :
• l’espérance de vie , comprise entre 25 et 85 ans
• le taux d’alphabétisation des adultes
• le nombre moyen d’années d’études
• le niveau de PIB/habitant en PPA .
Conclusion : « L’ IDH résulte de leur combinaison puisque c’est la somme pondérée selon les coefficients fixés par le
PNUD des 4 valeurs . Les indicateurs PIB réel par habitant ajusté et espérance de vie à la naissance pèse chacun pour
un tiers dans l’IDH, le taux d’alphabétisation des adultes et la moyenne des années d’études respectivement pour 2/9
et 1/9 . »
Complément sur le calcul de l’IDH par le PNUD , cliquez ici : ici
b. Intérêt de l’IDH
Il permet de :
• dépasser la simple comptabilisation quantitative du PIB et il mesure donc mieux le
niveau de développement atteint par un pays .
• Il établit donc une hiérarchie des pays différente de celle du PIB . Pour l’année 92 ,
le Canada occupe la 11° place au classement du PNB/habitant , mais la 1° à celui de
l’IDH . Au contraire , la Guinée occupe le 139° rang pour le PNB/habitant , et le 173°
rang pour l’IDH . De même , la hiérarchie des pays suivant le PIB réel par habitant et
celle de l’IPH ne se recoupent pas . Les profils de la Suède et des Etats Unis sont ainsi
très différents selon B.Stern .
2. L’IPH
a. Définition
L’indicateur de pauvreté humaine mesure le dénuement au niveau des quatre grands aspects de la vie humaine :
• la capacité de vivre longtemps et en bonne santé mesurée par le pourcentage de personnes
risquant de décéder avant un âge fixé
• le savoir mesuré par le pourcentage d’adultes analphabètes
• les moyens économiques mesurés par L’absence d’accès à des conditions de vie décentes qui se
décompose en 3 variables :
- pourcentage d’individus privés d’eau potable
- pourcentage d’individus privés d’accès aux services de santé
- pourcentage d ’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition
• La participation à la vie sociale
Ces éléments sont les mêmes pour tous les pays qu’ils soient industrialisés ou en développement. Seuls les critères
les mesurant varient, pour tenir compte des différences dans les réalités de ces pays . On calcule alors un IPH1(pour
les PVD) et un IPH2 (pour les pays industrialisés)
b. Intérêt
Cet indicateur a l’avantage de révéler mieux que l’IDH la capacité redistributive des pays .
Complément : des indicateurs mesurant les inégalités hommes-femmes , cliquez sexospecifique de developpement humain
(ISDH) et indicateur de participation des femmes (IPF) ici
2. empêchent la croissance
Le progrès technique est donc impossible , car il remettrait en cause les fondements même
de la société :
• l’individu innovateur changerait de statut
• il y aurait une remise en cause des valeurs traditionnelles
Il paraît alors difficile d’assurer une croissance économique et démographique forte , car :
• elles ne peuvent lutter contre les aléas de la nature ( par exemple , une tempête qui
détruit les récoltes)
• comme la production ne peut augmenter , il ne peut y avoir d’augmentation de la
population ( cf analyse de Malthus)
Conclusion :
Constat : La structure sociale et économique des sociétés traditionnelles semble rendre
impossible la libération de l’homme des besoins fondamentaux.
Explications : Les philosophes des Lumières vont s’efforcer de démontrer que le responsable
de cette situation est la société féodale qui, en entravant l’action individuelle, donc les droits
naturels de l’individu interdit toute croissance économique.
En effet , selon les libéraux, l’homo oeconomicus est une caractéristique naturelle, il existe
dans toutes les sociétés et à toutes les époques . Si l’homo oeconomicus paraît absent des
sociétés traditionnelles, c’est parce que celles-ci se sont efforcées en imposant des ordres,
des statuts, des corporations de contraindre l’individu qui est naturellement égoïste et
rationnel à rechercher non pas son intérêt individuel mais à se conformer aux besoins de la
société.
2. Un mécanisme universel
C’est ce qui s’est passé pour les pays occidentaux à partir du XVIII° siècle . Les auteurs
libéraux vont alors proposer des théories développant l’idée que tous les pays suivent la
même progression .
a. La thèse de Rostow
Rostow, dans une perspective libérale, va s’efforcer de montrer que la croissance économique
nécessite une rupture avec l’ordre ancien ; il va développer un schéma en 5 phases qui
reprend celui suivi par l’Angleterre depuis le 18° siècle :
• Premier stade les sociétés traditionnelle : ce sont des sociétés rurales , à faible mobilité
sociale et où le système des valeurs empêche tout progrès technique . La croissance
est donc très faible voire nulle
• Second stade : les conditions préalables au décollage : c’est un ensemble de
transformations fortes qui rendent le décollage possible : par exemple , une révolution
agricole qui , en augmentant la productivité agricole , permet de libérer de la main
d’œuvre
• Troisième étape : le décollage ou take-off : c’est la période où l’on passe des sociétés
traditionnelles aux sociétés industrielles . Cette période de 20 ou 30 ans est marquée
par un taux d’investissement très élevé et par quelques branches motrices tirant toute
l’économie
• Quatrième étape la maturité : c’est un longue période où les innovations se
généralisent à l’ensemble de l’économie et où une diversification des activités apparaît
• Cinquième étape : la phase de consommation de masse : les biens industriels se
diffusent à l’ensemble de la population . Comme les besoins fondamentaux sont
assurés , de nouveaux besoins apparaissent et sont progressivement comblés
Rostow écrit : « que le pays le plus développé industriellement ne fait que révéler aux
économies les moins développées l’image de leur propre futur. » En ce sens, les pays en
développement ne sont pas différents des pays développés, ils sont seulement en retard
( théorie dite du retard ) .
Mesures préconisées par Rostow : Les PVD, pour connaître une croissance et un
développement n’ont alors qu’à suivre un modèle de référence, considéré par Rostow comme
la seule voie possible ( the one best way ) : c’est le modèle de l’Angleterre depuis le XVIII°
siècle qui leur permettra de connaître une croissance économique forte et durable qui
engendrera un développement économique à terme et rapprochera les PVD de la situation
des PDEM aujourd’hui .
F Fukuyama va s’inscrire dans la logique de Rostow, mais en intégrant les données issues du
nouveau contexte dans lequel il se situe : Rostow rédige son ouvrage au début des années
60, Fukuyama au début des années 90, à l’époque de l’effondrement du bloc soviétique et de
son modèle.
Selon Fukuyama , un seul modèle assure simultanément la croissance , le bien-être et la
démocratie : celui des pays occidentaux basé sur :
• la liberté économique ( économie de marché) : le marché assure la croissance
économique la plus forte ( cf chapitre sur le marché de première
• la liberté politique ( démocratie libérale ) : celle-ci permet d’assouvir les aspirations
immatérielles des individus ( dignité)
• Selon Fukuyama , la liberté économique est un préalable à la liberté politique A
Prezeworski vient récemment de démontrer qu’au-dessus d’un PIB/habitant de
6000$/an il n’y a pas d’exemple de pays qui soit revenu à un régime autoritaire.
L’Espagne, Taiwan, la Corée du Sud ont tous réussi leur transition démocratique autour
de ce chiffre magique.
Conclusion : une fois que le modèle libéral se sera généralisé , on assistera à « la fin de
l’histoire » : un modèle de société optimal ayant été déterminé
On constate que les pays de l’OCDE qui sont les pays les plus riches sont aussi les pays les
plus développés et qu’au contraire les pays n’ayant pas connu de croissance économique
sont sous développés (13 p 18)
Cette relation de causalité est mise en évidence dans la courbe de Kuznets qui relie 2
variables : PIB/habitant et niveau des inégalités qui est un élément du développement :
Premier stade : les sociétés traditionnelles où le PIB/hab et les inégalités réduites , car
la faiblesse de la croissance empêche tout surplus à partager
Deuxième stade : dans la première phase de croissance , celle-ci se traduit par une
augmentation des inégalités car :
o La croissance nécessite un taux d’investissement élevé , donc un taux d’épargne
élevé . Comme ce sont les plus riches qui ont le taux d’épargne le plus élevé , il
faut accepter une hausse des inégalités
o Tous les individus n’ont pas les mêmes capacités pour profiter des opportunités
de la croissance
Troisième stade : passé un certain seuil , l’augmentation du PIB/hab se traduit par une
réduction des inégalités . La forte augmentation de la richesse générée par la
croissance économique va permettre aux pays ayant connu un décollage économique
d’améliorer le sort de la population et d’assurer le bien-être de la population , car :
• Cette augmentation de la richesse permet d’augmenter le niveau de vie et d’améliorer
le mode de vie : la consommation augmente et se transforme ( cf lois d’Engel , fiche 1 )
• De prendre en charge les dépenses d’infrastructure ( d’éducation , de santé ) : la
population est plus instruite et en meilleure santé
• comme la population est plus riche et plus instruite , les revendications changent
d’après R.Inglehart : de matérielles , elles deviennent immatérielles . La population
souhaite alors plus de liberté , plus d’égalité .
a. Constat
b. explications
L’augmentation des la richesse crée est donc une condition nécessaire pour assurer
du développement , mais elle n’est pas suffisante . D’autres facteurs sont
indispensables :
• comment cette croissance est obtenue :
- une croissance qui repose sur l’exploitation de la main d’œuvre ne peut
assurer de développement
- ou bien si cette croissance se traduit par une exploitation très forte des
ressources naturelle non renouvelables ( cf fiche 6 développement
durable)
• comment cette croissance est répartie :
- les fruits de la croissance doivent être réparties de manière équitable et
favoriser les plus démunis
- l’augmentation des richesses ne doit pas servir à effectuer des dépenses
inutiles au développement ( dépenses militaires ou pharaoniques :
« éléphants blancs »
A.Sen va plus loin et considère que le développement ne nécessite seulement pas une
croissance préalable , car : « l’éducation et les soins médicaux sont des services
intensifs en travail, donc relativement peu coûteux dans les pays pauvres (en raison
de la faiblesse des rémunérations). Si ces pays ont moins d’argent à dépenser, ils ont
aussi besoin de moins d’argent pour fournir ces services. Pour cette raison beaucoup
de pays pauvres ont de fait été capables de développer largement les services
éducatifs et médicaux sans attendre d’être prospères. »
Son raisonnement est le suivant :
• Le développement d’un pays est avant tout fondé sur sa capacité à éduquer et
à soigner sa population
• Ce sont des activités de services demandant beaucoup de travail et peu de
capital
• Les pays pauvres ont un excédent de main d’œuvre , le salaire y est donc faible
• Le coût de production de l’enseignement et de la santé est donc bas
• Les pays pauvres peuvent ainsi les financer
Le succès économique des pays asiatiques est la preuve que le développement peut
s’obtenir de manières différentes :
- Une société holiste : Japon
- Une intervention forte et ciblée de l’Etat : Corée du Sud ou le Japon avec le Miti (
ministère de l’industrie )
- Une dictature politique alliée avec une économie du marché : la Chine
Les PED actuels ne pourraient pas suivre avec succès le modèle préconisé par Rostow
pour 2 raisons .
Critique : Ceci suppose que les différents pays sont dans des situations socio-
économiques comparables, ce qui est loin d’être le cas. Les PVD ne sont pas en
retard, ils sont différents.
Complément sur la situation spécifique des PED notamment des effets néfastes de la
colonisation , cliquez ici
Postulat :
• « L’histoire se déroule de façon implacable. On ne brûle pas les étapes
dit Rostow, chaque pays doit passer par un même nombre de stades,
un peu comme un homme avant d’être adulte . » .
• Cette vision de l’histoire est statique, elle suppose que
l’ environnement international auquel sont confrontés les pays
demeure identique .
Complémément sur :
- l’intégration différente des PED dans le commerce mondial , cliquez ici
- les relations inégales entre pays riches et pays pauvres , cliquez ici
- La dégradation des termes de l’échange des PED , cliquez ici