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et de ses marchandises
par Fabrice Guillaumie , professeur de philosophie,
signataire de l’appel pour le non du 11 janvier.
Faire une constitution pour 25 peuples est probablement un travail très
ambitieux, surtout en période d’opulence financière et de paupérisation des
services de l’Etat. Il va de soi qu’on ne constitue qu’en situation de crise, afin
de dégager un espace commun de solidarités entre les différentes parties
antagoniques de la société. Etymologiquement "constituer" indique assez
cette idée de mélange qui institue un ordre en créant des hiérarchies
objectives, c’est à dire reconnues par tous comme étant nécessaires. Cette
reconnaissance juridique mutuelle est d’autant plus attendue qu’elle
correspond à la nécessité de sortir d’un conflit, d’un désordre.... Il serait
intéressant de relever dans l’ histoire ces moments où on a institué, et on
s’apercevrait qu’on ne décrète jamais arbitrairement de constituer pour la
raison que ce renouvellement d’identité, cette transcendance collective, ne
peut que se justifier par le changement en fait et en profondeur de la situation
des relations humaines.
En quoi la concurrence des droits sociaux entre Etats peut-elle espérer faire
un peuple ?
Que reste-t-il de ce Traité lorsqu’on en enlève ses prédispositions
économiques et l’ensemble des confusions sur les valeurs et les conditions de
la dignité humaine ?
Fabrice Guillaumie