Professional Documents
Culture Documents
Il y a 19 ans, le 25 juillet 1978, naissait Louise Brown, le premier enfant venu au monde après
avoir été conçu hors de l'utérus maternel, par une union artificielle des cellules sexuelles de ses parents
– ou "gamètes" – réalisée de main d'homme, dans une éprouvette. Depuis, les techniques de
"Procréation Artificielle" ou "Procréation Médicalement Assistée" ont connu un prodigieux
développement. Des milliers d'enfants sont déjà nés grâce à elle. En France, de 1983 à 1995 11.088
enfants sont nés par les techniques de "procréation médicale assistée" -6000 pour la seule année 1996 -
Il y a un an et demi, un autre événement révolutionnaire est venu ouvrir de nouvelles
perspectives dans le domaine de la procréation artificielle : il s'agit de la naissance de la brebis "Dolly",
au Roslin Institute d'Edimbourg (Ecosse). Elle représenterait le premier exemple réussi de vrai clonage.
Cette problématique du clonage, qui soulève tant d'émotions, se situe en fait dans la continuité - et la
logique - de la fécondation artificielle dont elle représente l'ultime développement.
Avant d'aborder l'étude de ces techniques, il convient de faire un bref rappel sur le problème de
la stérilité.
le 7. I. 2009
Disponible à
http://www.scribd.com/doc/37914452/Procreation-Medicalement-Assistee-Bioethique-2009
On consultera le dossier spécifique
http ://www.genethique.org/doss_theme/dossiers/amp/amp.asp
Du site de référence http://www.genethique.org/
TABLE DES MATIÈRES
I La stérilité...........................................................................................................................................................................3
A. L'infertilité masculine........................................................................................................................................3
1. L'azoospermie – 2. L'oligospermie – 3) L'asthénospermie – 4) La tératospermie
B. L'infertilité féminine..........................................................................................................................................4
II L’Insémination artificielle.................................................................................................................................................5
A. L'I.A.C. (homolologue sperme du conjoint)......................................................................................................5
1) Indications – 2) Technique – 3) Résultats – 4) Problèmes éthiques posés par l'IAC
B. L'I.A.D. (hétérologue, sperme de donneur).......................................................................................................8
1) Indications – 2) Les résultats – 3) Les problèmes éthiques attachés à l'I.A.D
III F. I. V. E. T. E...........................................................................................................................................................10
A. Indications.......................................................................................................................................................10
1) Stérilités féminines – 2) Stérilités masculines
B. Methodologie...................................................................................................................................................10
C. Résultats...........................................................................................................................................................11
D. Les paradoxes de la FIVETE...........................................................................................................................12
1) Le paradoxe de la culture contemporaine : avortement et FIV – 2) La paradoxe des grossesses
multiples – 3) Le paradoxe du coût des FIV
E. Les problèmes éthiques regardant la FIVETE homologue..............................................................................13
1) La dissociation de l'union et de la procréation – 3) La congélation d'embryons – 4) L'adoption
d'embryons – 5) La réduction embryonnaire
F. Propositions associées à la FIVETE.................................................................................................................16
1) La FIVETE hétérologue – 2) Le don d'embryon – 3) Les "mères de substitution"
H. Variantes de la FIV..........................................................................................................................................18
1) La NORIF – 2) Les transferts d'embryons dans la trompe
V Commentaire...................................................................................................................................................................24
A. La prévalence de la technique sur l'éthique.....................................................................................................24
1) La non discussion du progrès technique – 2) La rigueur dans la technique tient lieu de critère
éthique – 3) c'est la technique qui décide des critères moraux
B. L’idéologie de l'enfant possession....................................................................................................................25
1) La motivation du désir d'enfant – 2) L'enfant "si je veux, quand je veux, comme je veux"
C. La dévaluation de l'humain..............................................................................................................................26
1) La déshumanisation de la reproduction humaine – 2) La perversion des relations de parenté et de
génitorialité – 3) Le non respect de la dignité et des droits de l'embryon
Conclusion..........................................................................................................................................................................28
A. L'enfant à venir à des droits.............................................................................................................................28
B. L'épreuve de la stérilité....................................................................................................................................28
Disponible à
http://www.scribd.com
2
I
LA STÉRILITÉ
On définit par stérilité l'absence de conception après un minimum de deux ans de rapports
sexuels complets. On estime à dix et même douze pour cent le taux des couples qui ne peuvent avoir
un enfant1. Un couple sur cinq aux Etats Unis souffrirait de stérilité. 15 à 20% des couples consultent à
un moment pour stérilité. 3 à 5% demeurent définitivement sans enfants.
On sait aujourd'hui que le taux de stérilité masculine avoisine celui de la stérilité féminine.
Dans certains cas, la chirurgie ou les traitements hormonaux parviennent à guérir le sujet déficient.
Mais dans d'autres cas, la médecine s'avoue incapable de rétablir la possibilité de procréer. Plusieurs
facteurs peuvent s'associer (masculin et féminin) pour rendre le couple stérile.
A. L'infertilité masculine
1. L'azoospermie
Il n'y a pas de spermatozoïdes dans le liquide séminal. Cette azoospermie peut être :
excrétoire : les spermatozoïdes ne peuvent pas passer, à cause de l'obstruction des canaux
excréteurs (déférents) ou de leur absence
* le plus souvent à la suite d'une infection de l'appareil génital : tuberculose ou gonococcie
* post-traumatique (accident de rugby, opération pour hernie inguinale, torsion du testicule).
2. L'oligospermie
Il n'y a pas assez de spermatozoïdes dans le liquide séminal (moins de 30 millions par ml)
(normale : 50 à 100 millions)
3) L'asthénospermie
Les spermatozoïdes pas assez vigoureux (moins de 50% de formes mobiles). Se voit :
* à la suite d'une infection virale des testicules (oreillons)
* par auto-immunisation
* par cryptorchidie
* à cause d'un varicocèle (varices au niveau du cordon)(curable chirurgicalement)
* à cause de certaines maladies métaboliques (diabète, hypothyroïdie)
* parfois aucune cause ne peut être trouvée et il faut penser à un facteur toxique (alcool, tabac,
1
J.M.Moretti, L'insémination artificielle : remède à la stérilité ?, Etudes, Dec. 1979, T.351, nº6, pp.619-629.
3
médicaments) ou à la chaleur ( boulangers).
4) La tératospermie
B. L'infertilité féminine
Quelles sont les réponses techniques que la médecine peut donner à cette stérilité avérée ? Il y
en a essentiellement trois aujourd'hui :
* l'insémination artificielle, la plus ancienne, pratiquée en cas de fertilité masculine ou d'anomalie de la
glaire cervicale
* la fécondation in-vitro, en cas de stérilité féminine
* la "GIFT", Gamete Intra Fallopian transfer, en cas de stérilité féminine "sans cause".
4
II
L’INSÉMINATION ARTIFICIELLE
1) Indications
2) Technique
Lorsque le sperme, dans le cadre d'un couple légitime, est prélevé en connexion avec, ou
immédiatement après un rapport sexuel, certains ont proposé de parler d'"insémination artificielle
homologue improprement dite", pour l'opposer à la forme "proprement dite", où le sperme est prélevé
sans rapport avec un acte sexuel3.
2
N.Garcea, Tecniche di procreazione assistita, Medicina e Morale, 1993/1, p.63.
3
Leuzzi, Il debattito sull'inseminazione artificiale, pp.350-353.
Pour les apsects techniques de l'insémination artificielle, voir :
The ethics Committeee of the American Fertility Society, Ethical considerations of the new reproductive technologies, in
"Fertility and Sterility" 46, 1986, 3, suppl.1, pp.345-385 ;
A.R.Luno, R.Lopez-Mondejar, La fecondazione in vitro, roma, 1982, pp.40-42 ;
N.Pasetto, Aspetti biologici e clinici della fecondazione artificiale, in G.F.Zuanazzi (a cura di), Fecondazione artificiale ed
embryotransfer, Verona, 1986, pp.25-37 ;
A.Bompiani, Problemi biologici e clinici dell'ingegneria genetica, in G.Concetti (a cura di), Bambini in provetta, Roma,
1986, pp.63-73.
5
Le sperme recueilli est traité. Grâce aux techniques de conservation du sperme on peut stocker
celui-ci et l'améliorer en éliminant les gamètes les moins rapides, et en concentrant la fraction saine.
Dans une éjaculation, la première partie est la plus concentrée, la seconde partie contient plus de
formes anormales. On traite donc le sperme pour n'en conserver que la première partie. Puis on
insémine la femme avec ce sperme, en prenant soin que les spermatozoïdes n'entrent pas en contact
avec l'acidité vaginale (cupule de protection mise sur le col utérin).
La SIFT, Sperm intrafallopian transfer, est une insémination artificielle où le sperme est placé
dans la trompe, by-passant par exemple un obstacle utérin et tubaire.
La FTSP, Fallopian tube sperm perfusion, combine stimulation ovarienne et perfusion d'une
suspension de sperme dans les trompes de Fallope. Il s'agit d'une technique simple, bien supportée par
la patiente. Mais les résultats semblent nettement inférieurs à ceux d'une insémination intra-utérine
(quatre grossesse obtenues sur 50 patientes pour 10 grossesses sur 50 avec la IUI)4.
Une technique récente est L'I.P.I., l'Intra Peritoneal Insemination ou D.I.P.I., Direct
Intraperitoneal Insemination. Dans cette technique le sperme est déposé dans la cavité péritonéale, en
rapport avec l'ovulation, au travers d'une aiguille passant par le fond du vagin. Les spermatozoïdes sont
aspirés par la trompe en même temps que les ovocytes.5.
3) Résultats
Les résultats de l'IAC ne sont pas très bons : 5% de grossesses par cycle, 15% de grossesses par
an, c'est peu. Ceci est du à ce que la stérilité du couple est en général due à plusieurs facteurs associés
(avec une part non négligeable due au psychisme).
La méthode est très astreignante : le médecin doit être disponible tous les jours ; il faut saisir le
bon moment par rapport au cycle de la femme ; il faut programmer les rapports sexuels, les éviter en
période préovulatoire.
En général les couples qui essaient l'insémination s'en lassent au bout de plusieurs mois ou
plusieurs années d'insuccès.
L'IAC a été condamnée par trois fois par Pie XII : 29 septembre 1949, 29 octobre 1951, 19 mai
6
1956 ; La condamnation a été reprise par l'Instruction de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
4
S.Nuoja-Huttunen, C.Tomas, L.Tuomivaara, et al., Comparison of fallopian tube sperm perfusion with intrauterine
insemination in the treatment of infertility, Fertility and Sterility, May 1997, vol.67, n°5, pp.939-942.
5
R.Curson, J.Parson, Disappointing results with direct intraperitoneal insemination, "Lancet", January 10 1987, p.112.r
6
Pie XII, Allocuzione ai partecipanti al IV Congresso Internazionale dei Medici Cattolici, 29 septembre 1949, AAS, 1949,
pp.559ss ; Documentation Catholique du 23 octobre 1949.
Allocuzione alle partecipanti al Convegno dell'Unione Cattolica delle Ostetriche, 29 ottobre 1951, AAS 1951, p.850 ;
Documentation Catholique du 2 décembre 1951.
Allocuzione ai partecipanti al II Congresso Mondiale della Fertilità e Sterilita, 19 mai 1956, AAS, 1956, pp.468-471 ;
Documentation Catholique du 10 juin 1956.
6
Donum Vitae (22 février 1987).
Il y a deux raisons à cette condamnation :
- le mode de recueil du sperme
- la dissociation réalisée par l'insémination entre union et procréation.
L'acte de masturbation est "contre nature", dans la mesure où il exprime une sexualité
incomplète, amputée de la plus grande partie de ce qui la rend humaine, objectivement (absence
d'union) et subjectivement (pas d'intention d'union).
Certes, on peut objecter à cela que l'acte pratiqué par le mari pour recueillir le sperme destiné à
l'IAC n'est pas une "masturbation" au sens propre du terme, c'est-à-dire qu'il n'a pas pour but la seule
satisfaction des sens. Mais cette fin, noble en soi, ne supprime pas le problème de l'acte en lui-même,
qui n'est pas conforme à la sexualité humaine, pas digne de l'homme. Le fait même que l'acte fasse
problème (beaucoup d'hommes y répugnent) montre qu'il va contre le sens de la sexualité humaine, son
anthropologie.
Pie XII condamne l'I.A.C. parce que l'enfant qui va naître de cette I.A.C. n'est pas le fruit d'une
relation sexuelle directe. Il est procréé sans qu'il soit issu de l'union des parents, de cette réalité
humaine qui fait que l'enfant est fruit de l'amour, de l'unité du couple.
De plus, c'est la totalité de la personne qui est en jeu dans la procréation. Séparer dans la
procréation la composante biologique de la composante affective et spirituelle équivaut à réaliser une
division contre-nature de la personne :
« l'Eglise a écarté..l'attitude.. qui prétendrait séparer, dans la génération, l'activité biologique de
la relation personnelle des conjoints. L'enfant est le fruit de l'union conjugale, lorsqu'elle
s'exprime en plénitude, par la mise en œuvre des fonctions organiques, des émotions sensibles
qui y sont liées, de l'amour spirituel et désintéressé qui l'anime ; c'est dans l'unité de cet acte
humain que doivent être posées les conditions biologiques de la génération. Jamais il n'est
permis de séparer ces différents aspects au point d'exclure positivement soit l'intention
procréatrice, soit le rapport conjugal. » (Pie XII, Discours aux participants au IIº Congrès
Mondial de Naples sur la fécondité et la stérilité humaine, 19 mai 1956, Acta apostolica Sedis,
XLVIII, 1956, p.470.)
L'acte sexuel est un et ne peut être dissocié : l'acte sexuel unit les époux (physiquement,
affectivement, en tant que «personnes») et les ouvre simultanément à la possibilité procréatrice. La
disjonction du moment unitif et du moment procréatif équivaut à rompre l'unité d'amour et de vie de
l'acte conjugal. L'Instruction «Donum Vitae» dit à ce propos :
« C'est dans leur corps et par leur corps que les époux consomment leur mariage et peuvent
devenir père et mère.. L'origine de l'être humain résulte ainsi d'une procréation «liée à l'union
non seulement biologique mais aussi spirituelle des parents unis par le lien du mariage. Une
fécondation obtenue en dehors du corps des époux demeure par là même privée des
Allocuzione ai partecipanti al VII Congresso Internazionale di Ematologia, 12 settembre 1958, AAS, 1958, pp.731-740
7
Acta Apostolica Sedis, XLI, 1949, p.560.
7
significations et des valeurs qui s'expriment dans le langage du corps et l'union des personnes
humaines » (Donum Vitae II,B,4)
Le Magistère Catholique, déjà avec Pie XII puis avec l'Humanae Vitae de Paul VI, a donc placé
un point de référence infranchissable : la sauvegarde de l'unité physico-spirituelle de l'acte conjugal.
Pour qualifier de licite un processus aidant à la procréation il ne suffit pas qu'il y ait l'intention - tout à
fait légitime - de la part des parents d'avoir un enfant. Il faut aussi que les modes et moyens de ce
processus soient licites, c'est-à-dire respectent l'unité de l'acte conjugal :
L'intervention du gynécologue n'est déclarée licite que dans la mesure où elle aide à l'efficacité
de cet acte et à sa composante procréatrice, sans se substituer à lui.
Il en résulte que l'insémination artificielle homologue, qui comporte une dissociation entre
l'union des conjoints et la procréation,
"ne peut être admise, sauf dans le cas où le moyen technique ne se substitue pas à l'acte
conjugal, mais apparaît comme une facilité et une aide pour que celui-ci rejoigne sa fin
naturelle" (Donum Vitae, II,A,6).
L'unique forme d'intervention qui peut être considérée comme "aide" à l'acte conjugal est donc
l'insémination artificielle homologue "improprement dite" (collection du sperme au cours d'une union
sexuelle complète du couple).
L'I.A.D. est liée au développement des "banques de sperme". Celles ci se trouvent aujourd'hui
dans tous les pays.
1) Indications
2) Les résultats
Le taux de succès est nettement plus important que dans l'IAC : 10% de grossesse par cycle
(meilleur que l'IAC), et 65% de grossesses à 18 cycles.
Le nombre de couples faisant appel à l'insémination artificielle avec donneur augmente d'année
en année. En 1981 il y aurait eu environ un demi million d'enfants nés d'inséminations artificielles
hétérologues. En Europe, les chiffres de 1981 sont le 1/10 de ceux des Etats Unis.
En 1994, 4895 couples ont été suivis en France en IAD, dans les centres publics (CECOS) et
16.887 cycles ont permis d'obtenir 1540 grossesses, avec un taux de réussite de 9,2%, supérieur à celui
de 1993 (8,8%). 70% des grossesses sont obtenues au cours des 6 premiers cycles. Sur 1513 grossesses
par IAD, 1194 (78.9%) ont abouti à une naissance.
Les grossesses adviennent le plus souvent dans les six premiers mois du traitement (on répète
8
l'insémination aux phases fertiles de chaque cycle). Au bout de 12 mois d'essais infructueux, il faut
discuter avec le couple de la continuation (probablement inutile). On ne va pas au delà de 18 mois.
Des couples ont eu après une première grossesse par insémination une seconde et une troisième
grossesses naturelles, les problèmes psychologiques qui rendaient compte de la stérilité ayant été
résolus.
La notion même de l'insémination avec le sperme d'un homme qui n'est pas le mari et ne sera
pas le père biologique n'est pas évidente et pose question sur l'équilibre du couple qui l'admet. Les
discours qui légitimisent l'I.A.D. en minimisant l'importance du géniteur non seulement paraissent
contestables, mais encore dangereux. Ils n'aident pas ceux qui envisagent d'employer l'I.A.D. à prendre
la mesure des difficultés auxquelles ils seront affrontés. ils renforcent des illusions et encouragent, une
fois l'insémination pratiquée, la dénégation de la réalité.
Non seulement l'I.A.D. ne respecte pas l'union conjugale, mais elle ne respecte pas l'enfant pour
lequel elle est mise en jeu :
« La fécondation artificielle hétérologue lèse les droits de l'enfant, le prive de la relation filiale
à ses origines parentales, et peut faire obstacle à la maturation de son identité personnelle. »
(Instruction Donum Vitae II,A,2)
On serait tenter de comparer l'I.A.D. à l'adoption : mais celle-ci est un moindre mal ; quand on
adopte, il y a déjà quelqu'un dans le malheur. Dans l'I.A.D. une responsabilité est engagée vis-à-vis de
l'existence même de l'enfant. Les parents choisissent de faire vivre cette situation à l'enfant. On ne peut
pas dire qu'une telle décision soit pleinement respectueuse de l'enfant à venir.
9
III
F. I. V. E. T. E.
A. Indications
1) Stérilités féminines
Il s'agit avant tout des cas de "stérilité d'origine tubaire", où l'ovule ne peut être rejoint par le
sperme, même lorsque celui-ci est introduit artificiellement.
Il s'agit encore de l'absence de glaire cervicale, de la stérilité idiopathique, de la stérilité à base
immunologique, de la stérilité associée à l'endométriose.
2) Stérilités masculines
Dans les stérilités masculines, on retient comme cause pouvant bénéficier de la FIV les
oligospermies et oligoasthénospermies.
Il suffit de 100.000 spermatozoïdes pour réussir une FIVETE.
B. Methodologie
Le sperme est recueilli une heure ou une heure et demi avant la fertilisation. Il est lavé et
centrifugé. On recueille par migration dans le milieu de culture un spermatozoïde sur cent (les plus
dynamiques). On introduit une quantité élevée de spermatozoïdes en présence de l'ovocyte (2000
spermatozoïdes par ovocyte). On peut suivre dès lors les phases de la fécondation.
10
Pour le transfert il faut des embryons ayant un développement de 4 à 8 cellules, ce qui suppose
une incubation in vitro de 48h. Le transfert se fait par voie cervicale et transutérine, usant un cathéter.
On transfert 3 à 4 embryons.
Les embryons restant dits "surnuméraires" sont congelés afin de pouvoir répéter l'opération en
cas d'insuccès du premier transfert. Ils appartiennent au couple et pourront être réclamés par celui-ci
ultérieurement en vue d'une nouvelle grossesse.
C. Résultats
Aujourd'hui on peut considérer qu'environ 15% des FIV, toutes techniques confondues, arrivent
à terme dans le monde. La perte totale d'embryons atteint 93-94%8.
En Australie en 199210 :
5549 cycles
816 grossesses
565 enfants à terme (8.5%)
En France11, entre 1986 et 1994, 167.737 ponctions d'ovules ont été réalisées par les centres
FIVNAT (95% des FIV en France). Chaque ponction a abouti en moyenne à la création de 3,9
embryons. Au total, ce sont donc 660.000 embryons qui ont été créés durant cette période. 16.987
grossesses furent enregistrées, 6 furent terminées pa un avortement (IVG), 93 par un avortement dit
"thérapeutique", 3138 par une fausse couche (spontanée), 404 par un avortement sélectif ("réduction
embryonnaire"), 791 par suite d'une grossesse extra-utérine. 12 932 accouchements ont donc eu lieu :
9432 naissances simples, 3032 naissances gémellaires, 422 naissances triples, 15 naissances quadruple
et trois naissances quintuple. Au total, ce sont donc 16 837 enfants qui ont vu le jour d'une population
initiale de quelques 660.000 embryons, soit un taux de destruction embryonnaire de 97%.
En 199412 : 1337 couples, 1921 cycles, 20473 tentatives de FIV, 508 grossesses, taux de réussite de
11,1% contre 19.9% en 1993. Pour 627 grossesses par FIV (72.5%) il y a eu 455 accouchements et 599
enfants (46% des enfants nés en FIV sont issus de grossesses multiples).
11
- 302.156 embryons ont été créés par fécondation in vitro.
- Environ 100.000 ont été transférés immédiatement ;
- 64.161 ont été congelés
- 1339 sont nés après décongélation.
- 7011 naissances ont été enregistrées, après transfert d'embryons congelés ou non.
- 90.000 embryons environ ont été tout bonnement jetés
- 27.424 ont été utilisés pour la recherche.
Au total donc, pour chaque embryon parvenant à la naissance, 4 ont été utilisés pour la
recherche13.
Toutes les techniques de procréation assistée font courir des risques à la patiente :
* danger d'hyperstimulation ovarienne grave (5-10%)
* possibilité de grossesse multiple (15-20%), souvent triple, quadruple ou plus, qui se terminent très
souvent par la mort de tous les embryons si on n'intervient pas pour en réduire le nombre.
* incidence d'avortements plus élevée que normale (20-30% contre 15-20%)
* incidence de grossesses extra-utérine plus élevée que normale (5-6% contre 1%)
Autre paradoxe des FIV : alors qu'on essaie de réduire les dépenses de santé, on admet sans
limitation les FIV qui sont des techniques très lourdes, avec un important taux d'échec : une étude
13
Life News, 09/96, cité par TransVIE-mag nº99 30 novembre 1996 p.9
14
Le Point, 12/10/1996, cité par TransVIE-mag, nº99, 30 novembre 1996, p.9.
12
américaine15 a évalué qu'une grossesse menée à terme par FIV coûtait selon l'âge de la femme et les
causes de sa stérilité, de 66.000$ à 114.000$ avec des extrêmes à 800.000$ en cas d'hypofertilité
masculine. En Italie16, le quotidien Messagero du 2/1/98 évalue le coût financier d'une tentative de
fécondation in-vitro à 120 millions de lire (environ 40.000F, 80.000$). Le taux de succès ne dépasse
pas 20%. Chaque naissance revient donc à environ 200.000F.
La première raison, éthique, à considérer, dans la discussion sur la FIVETE, est en rapport avec
le respect de la sexualité humaine : la fécondation in vitro dissocie la dimension unitive-affective de
l'acte conjugal de sa dimension procréatrice et physique.
De plus dans la FIVETE la fécondation est accomplie par un opérateur étranger au couple.
La fécondation extracorporelle est une fécondation extra-conjugale, sur le plan de la cause proche et de
la responsabilité immédiate. De conjugal, il ne reste en fait que le patrimoine génétique, la volonté
d'avoir un enfant et la grossesse maternelle :
« La FIVETE homologue est opérée en dehors du corps des conjoints, par des gestes de
tierces personnes dont la compétence et l'activité technique déterminent le succès de
l'intervention ; elle remet la vie et l'identité de l'embryon au pouvoir des médecins et des
biologistes, et instaure une domination de la technique sur l'origine et la destinée de la
personne humaine. » (Donum Vitae, II,B,5)
2) La destruction d'embryons
Un premier argument est avancé pour minimiser l'importance éthique de cette destruction
programmée d'embryons : on dit que l'embryon n'est qu'un être humain "potentiel", qui n'est pas
encore capable d'entrer dans une relation sociale, argument classiquement invoqué pour justifier
l'avortement provoqué.
La logique récuse cette façon de voir au non du caractère unique, autonome et personnel de
l'être humain, dès le moment de sa conception. Ce qui est potentiel dans l'embryon c'est le stade
particulier que l'être joindra à un moment particulier de son histoire : l'embryon est potentiellement un
enfant, potentiellement un adulte, potentiellement un cadavre. Mais il est actuellement être humain :
« Dès que l'ovule est fécondé, se trouve inaugurée une vie qui n'est ni celle du père ni celle de
la mère, mais d'un nouvel être humain qui se développe par lui-même. Il ne sera jamais rendu
humain s'il ne l'est pas dès lors »
15
New England Journal of Medicine, 1994, 331, pp.239-243.
16
TransVIE-mag, n°113, avril 1998, p.4.
13
(Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration sur l'avortement provoqué, 12-13, AAS
66, 1974, 738.)
Certains présentent à titre d'excuse, pour tenter de justifier moralement la destruction des
embryons surnuméraires, le fait que, dans la fécondation naturelle, se produisent de multiples
avortements, immédiatement après la fécondation et avant l'implantation, ou immédiatement après
l'implantation, par anomalies ou incompatibilité. On dit que, si la nature elle-même opère une sélection,
et que, entre différents embryons, elle fait que ne s'implantent et croissent que ceux qui ont le plus de
vitalité, alors il est aussi licite, en laboratoire, d'effectuer plusieurs tentatives d'implantation à la
recherche du meilleur résultat. Le médecin ne ferait qu'"imiter" ce qui se passe dans la nature. Il n'est
pas difficile de voir où se situe la contradiction et en quoi l'argument est spécieux. Il faut bien
distinguer entre ce qui est la mort naturelle et ce qui est la mort infligée par l'homme. Si les
raisonnements ci-dessus énoncés étaient valides, on pourrait alors les appliquer à d'autres cas ; par
exemple aux accidents de la route : puisque beaucoup meurent accidentellement dans des accidents de
la circulation, il serait licite de programmer volontairement la mort de certaines personnes au travers
d'accidents de la route programmés.
3) La congélation d'embryons
Le devenir de ces embryons congelés est par ailleurs plus qu'incertain : si certains peuvent
servir à une nouvelle implantation en cas d'échec, nombre d'entre eux restent inutilisés. Le paradoxe
éthique est que les médecins qui ont développé la technique de la FIVETE avec congélation des
embryons en surnombre l'ont fait sans se poser la question du devenir de ces embryons lorsqu'ils ne
sont pas transférés et que les parents ne les réclament pas.
Ce "surplus" pose en fait un grave problème juridique et éthique. Il en résulte une impasse
éthique, puisqu'à la fois on reconnaît à ces embryons congelés un certain statut - puisqu'on interdit leur
don ou leur usage après mort d'un conjoint -, et que, en même temps, on les détruit lorsqu'ils n'ont pas
trouvé preneur. Or l'expérience prouve que la plupart des embryons qui n'ont pas été utilisés lors de la
FIV restent "orphelins" car les couples ne viennent pas les réclamer, et que les cliniques n'ont pas le
17
Une étude expérimentale portant sur les souris, publiée en janvier 1995 à l'Académie des Sciences, a montré qu'il
existait, après congélation, des modifications de développement portant sur la morphologie et le comportement. Bien que
ces modifications soient "dans la marge des variations normales", leur caractère systématique doit faire réfléchir les
médecins.
Dr Dominique Beaufils, Eléments d'une réflexion orthodoxe sur l'Assistance Médicale à la procréation, Contacts, nº 175,
48º année, 3º trimestre 1996, p.192.
18
Journal International de Bioéthique, 1996, vol.7, n°3, p.240.
14
droit de contacter le médecin de famille lorsque les patientes changent d'adresse : on perd ainsi la trace
des parents. On sait, d'après l'expérimentation animale, que cette congélation protège l'embryon durant
10 ans. Le rapport Warnock préconise pour cette raison qu'on détruise les embryons après 10 ans de
congélation. La législation anglaise permet de conserver les embryons congelés jusqu'à dix ans à
condition d'avoir le consentement des parents. La loi française prévoit cette destruction au bout de cinq
ans19. 3300 embryons congelés ont été ainsi détruits le 1° Août 1996 en Grande Bretagne 20. Une
destruction identique a eu lieu en 1996 en France.
Les chercheurs demandent à pouvoir utiliser ces embryons congelés pour l'expérimentation et
la recherche. En Grande Bretagne, pour un embryon de la FIV arrivant à se développer jusqu'à la
naissance, 4 sont utilisés pour la recherche 21.
Enfin on a proposé d'utiliser ces embryons surnuméraires comme "donneurs" de tissus
embryonnaires dans le cadre des tentatives de traitement de certaines maladies (maladie de Parkinson
ou Chorée par exemple)22.
Il va sans dire que l'élimination programmée des embryons "surnuméraires" de la FIV, ou leur
suppression au travers de l'expérimentation, ou leur utilisation comme donneurs de tissu représentent
pour la morale - et pas seulement pour la morale catholique - la suppression d'un être humain, comme
dans une interruption volontaire de grossesse.
4) L'adoption d'embryons
19
Loi nº 94-654 du 29 juillet 1994
20
Europe today, 22/03/1996, cité par TransVIE-mag du 1º août 1996, p.4.
K.J.Dawson, The storage of human embryos, Human Reproduction, vol.12, n°1, January 1997, p.6.
21
Life News, 09/96, citato da TransVIE-mag nº99 30 novembre 1996 p.9
22
Une greffe de mœlle osseuse a été ainsi pratiquée le 4 juin 1991 à Duarte, USA, à partir de la sœur de la malade, âgée de
13 mois, conçue pour servir de donneuse de mœlle. Dr. Dominique Beaufils, Eléments d'une réflexion orthodoxe sur
l'Assistance Médicale à la Procréation, Contacts, n° 175, 48° anno, 3° trimestre 1996.
23
F.Demartis, Mass Pre-Embryo Adoption, Biœtica, Rivista Interdisciplinare, 1998, vol.VI, n°1, pp.101-103.
24
G.Herranz, La destrucción de los embriones congelados, Persona y Bioética, vol.1, n°1, Julio/Septiembre 1997, pp.59-
66.
15
5) La réduction embryonnaire
Nous avons vu que, à cause de l'implantation simultanée de différents embryons dans l'utérus
maternel, la FIVETE détermine des grossesses multiples. Face à de telles grossesses, la tentation est de
procéder à une réduction embryonnaire25, c'est-à-dire à un avortement sélectif, pour diminuer les
complications de la grossesse et donner une meilleure chance de survie à l'embryon restant. Ainsi, une
méthode pour "donner la vie" finit-elle par donner la mort. Le comité national d'éthique français a
condamné le 24 juin 1991 cette pratique, et a estimé que le nombre d'embryons transférés en cas de
FIV ne devrait pas dépasser trois.
1) La FIVETE hétérologue
Ce type de fécondation a été proposé et "indiqué" comme recours à des pathologies plus
complexes que celles prises en considération dans la FIVET homologue. Il y a des cas où la stérilité est
due à l'impossibilité de fournir des gamètes, spermatozoïdes pour l'homme, ovules pour la femme ;
dans une telle situation, on demande l'intervention d'un donneur.
Le don de sperme est techniquement simple. Le sperme peut être congelé pour une longue
période, sans problèmes. On recours à un tel don en cas d'azoospermie ou de maladie génétique
sexuellement transmissible, ou bien si une maladie de l'épouse justifie cette "extracorporalité" (par
exemple occlusion des trompes). La FIVETE hétérologue avec don de sperme tombe sous la
même condamnation éthique que l'I.A.D, puisqu'elle s'accompagne d'une atteinte au mariage et d'un
non respect de l'enfant à naître.
La donation d'une cellule œuf se fait par prélèvement chez une parente ou une amie, ou, de
façon anonyme, chez une autre femme, lors d'une intervention chirurgicale pour une raison
indépendante de cette donation, ou lors d'une autre FIVET. Comme la cellule œuf se conserve
difficilement, on la prélève généralement au moment où il est possible de féconder l'ovocyte.
Cette technique permet pratiquement à toute femme, ayant un utérus normal, quelque soit son âge, sa
fonction ovarienne, ou même son absence d'ovaires, de porter un enfant. Des femmes souffrant
d'insuffisance ovarienne grave, ou ovariectomisées peuvent espérer, grâce à cette technique, avoir un
enfant qui leur sera propre. Mais, grâce à cette méthode, ce sont aussi des femmes ménopausées, ayant
largement dépassé l'âge reproductif, qui peuvent, grâce à un tel don, avoir un enfant 26. En plus de la
condamnation éthique liée à l'atteinte au mariage et au non respect de l'enfant, cette donation d'ovocyte
encourt une autre condamnation éthique, lorsqu'une femme ménopausée fait une telle demande, parce
qu'elle représente une atteinte au bien du futur enfant : celui-ci a le droit d'avoir une mère jeune,
capable de prendre soin de lui au moins jusqu'à l'adolescence. Les diverses commission éthiques
estiment qu'une telle pratique doit être découragée, et que l'on doit respecter la limite naturelle de la
période de fertilité.
On a proposé d'utiliser des ovocytes de fetus avortés dans le cadre des programmes de don
d'ovocytes. Cette proposition n'est pas encore passée dans les faits. Elle est considérée comme
25
Centre of Biœthics, Catholic University of the Sacred Heart, Rome, A Document against So-called Embro "reduction",
Ethics and Medicine, 1997, vol.13, n°2, pp.42-44.
26
American Society for Reproductive Medicine's Ethics Committee, Oocyte donation to postmenopausal women, Fertility
and Sterility, May 1997, vol.67, n°5, suppl.1, pp.2S-3S.
16
inacceptable par les comité éthiques27 puisque l'enfant qui naîtra d'un tel procédé devra porter le
fardeau psychologique de se savoir issu d'un fétus avorté.
Dans le cadre de ce don d'ovocyte, et pour venir en aide aux femmes stériles par dysgénésie
ovarienne, une nouvelle technique a été récemment proposée28, utilisant les ressources du transfert de
noyau mis au point par les techniques de clonage : il s'agit de transférer le noyau d'un ovocyte de la
femme stérile dans l'ovocyte énucléé d'une femme donneuse puis de pratiquer une FIVETE. L'enfant
qui naîtra de cette fécondation aura bien les caractères génétiques de sa mère, transmis par l'ADN du
noyau de l'ovocyte. Cependant il recevra aussi l'ADN mitochondrial de la femme donneuse. On
pourrait dire, en exagérant, que cet enfant aura deux mères. Une telle technique ne peut être acceptée
sur le plan éthique, puisqu'elle va contre le mariage, et contre le respect du à l'enfant.
2) Le don d'embryon
Une pratique utilisée en certains cas - bien que rarement -est celle de transférer dans l'utérus les
embryons obtenus avec des gamètes provenant d'un autre couple. C'est le "don d'embryon", soit qu'ils
proviennent d'une FIV précédente (cas le plus fréquent), soit qu'ils soient obtenus par la technique du
washing out, c'est-à-dire du détachement de l'utérus d'un embryon qui s'y était déjà implanté, pour le
transférer dans l'utérus de la femme demandeuse. On recourt à une telle donation d'embryon en cas
d'anovulation ou d'échec de précédentes tentatives d'insémination artificielle ou de fécondation in vitro
hétérologue.
Cette pratique est inacceptable : elle témoigne de la "chosification" de l'enfant, qui devient
propriété du couple : celui-ci peut, à son gré, le garder, le donner.. ou le laisser détruire.
Dans le couple receveur, les parents se retrouvent avec un enfant qui n'a aucun lien génétique
avec eux, comme dans le cas de l'adoption. Mais ici, à la différence de ce qui se passe dans l'adoption,
il n'y a pas de démarche d'amour gratuit, il y a le désir d'avoir un enfant "à soi".
En cas de pathologie de l'utérus, la femme qui aspire à la maternité peut bien assurer une
fécondation mais non une grossesse. En ce cas on peut avoir recours à la "surrogate mother" (mère
porteuse), ce qui introduit une complication nouvelle, non seulement sur le plan technico-médical, mais
aussi éthique et juridique. Certains distinguent les mères substitutives des mères porteuses ; dans le
premier cas la femme qui offre son utérus pour la gestation, reçoit un embryon qui lui est totalement
étranger ; dans le second cas la participation de la mère porteuse se doublerait du don de l'ovule par une
mère donneuse.
Il y a une profonde absence de respect de l'enfant dans la maternité de substitution telle qu'elle
est préconisée. L'enfant n'est pas respecté comme un être humain. il est employé comme moyen de
satisfaction et de gratification : gratification de la grossesse, de porter l'enfant, etc..
La commission Warnock (1984) s'est opposée à cette pratique
L'Instruction Donum Vitae considère cette procédure comme inacceptable sur le plan éthique :
« La maternité de substitution représente un manquement objectif aux obligations de l'amour maternel,
de la fidélité conjugale et de la maternité responsable ; elle offense la dignité de l'enfant et son droit à
être conçu, porté, mis au monde et éduqué par ses propres parents» (Donum Vitae II,A,3)
27
The American Society for Reproductive Medicine's Ethic Committee, The use of fetal oocytes in assisted reproduction,
Fertility and Sterility, May 1997, vol.67, n°5, suppl.1, pp.6S-7S.
28
J.Y.Naud, Un nouveau pas dans l'instrumentalisation du génome humain, Le Monde, Mardi 13 Octobre 1998, p.26.
17
H. Variantes de la FIV
1) La NORIF
La NORIF, Natural Cycle Oocyte Retrieval Intravaginal Fertilization, réalise une FIVETE,
mais sans stimulation ovarienne préalable. L'ovocyte, prélevé durant un cycle ovarien normal, par
ponction transvaginale sous échographie, est réuni au sperme dans un flacon de 2 ml empli de milieu
de culture. Ce flacon est placé dans le vagin pour 48h, afin de permettre à la fertilisation d'y avoir lieu.
42-48 heures plus tard, le flacon est alors enlevé et l'embryon en est extrait pour être placé dans la
cavité utérine. Le taux de succès obtenu avec cette méthode est bas, voisin de 10%29.
La Z.I.F.T., PRO.S.T., T.E.T., T.E.S.T., où l'embryon, à des degrés de développement divers, est
transféré dans la trompe, présupposent, pour être réalisées, que l'appareil reproductif féminin soit en
parfait état.
Dans la Z.I.F.T., Zygote Intra Fallopian Transfer, on prélève les ovocytes comme dans la FIV,
par laparoscopie en s'aidant de l'échographie ; les embryons obtenus in vitro sont transférés dans la
trompe également par laparoscopie, rarement par voie transutérine.
Les autres techniques sont des variantes de la ZIFT en fonction du degré de développement de
l'embryon implanté dans la trompe. :
- PRO.S.T., Pronuclear stage Tubal Transfer,
- T.E.T., Tubal Embrio Transfer,
- T.E.S.T., Tubal embrio Stage Transfer,
- T.P.E.T., Tubal Pro-Embrio Transfer,
Toutes ces techniques viennent des échecs de la GIFT, et sont indiquées lorsque les
spermatozoïdes ne sont pas capables de pénétrer l'ovocyte. Leur taux de succès est comparable à celui
de la FIVETE : dans les statistiques des USA portant sur trois années récentes (1988, 1989, 1990) on
obtient pour la ZIFT- PRO.S.T. :
.1624 cycles
.292 grossesses (21%)
.75 avortements (26%)
.2 GEU (0,7%)
.215 enfants à terme (16%)
On note en particulier le taux important des avortements, supérieur à celui de la GIFT (19%).
29
M.L.Taymor, C.J.Ranoux, G.L.Cross, Natural Ooocyte Retrieval with intravaginal fertilization : a simplified approach
to in vitro fertilization, Obstetrics and Gynecology, vol.80, nº5,, nov.1992, pp. 888-891.
18
IV
NOUVELLES TECHNIQUES DE FÉCONDATION IN VITRO
De multiples techniques, dérivées plus ou moins de la FIV ont été mises au point avec des
résultats variables (NORIF, ZIFT, PRO.ST, TEST, etc.). Actuellement deux techniques nouvelles se
sont plus particulièrement développées, avec d'appréciables résultats : l'ICSI et la GIFT.
La ICSI, intracytoplasmic sperm injection30 consiste à obtenir des fécondations par l'injection
directe d'un spermatozoïde à l'intérieur même d'un ovocyte. Cette méthode est indiquée lorsqu'il existe
une stérilité masculine du à une spermasthénie : les spermatozoïdes ne sont pas assez vivaces, non
seulement pour se mouvoir à la rencontre de l'ovule (fécondation naturelle), mais même pour percer
ses membranes externes (FIV "classique")31. Il est souvent nécessaire de prélever les spermatozoïdes
par ponction épididymaire ou testiculaire.
Cette méthode a frappé d'emblée par les taux élevés de succès qui la couronnaient : les
promoteurs belges de la méthode32 ont obtenu un taux moyen de fécondation de 41% chez les 17
patientes qu'ils avaient pris en charge, et 82% des patientes ont pu avoir un transfert d'embryon
conduisant à 8 grossesses cliniques.
En France, au 1° mai 1995, pour 1781 ICSI le taux de transfert a été de 86% et le taux de
grossesse de 21%33.
Au centre de Médecine de la Reproduction du Cornell Medical Center de New York34, pour 751
couples suivis, avec 987 cycles de FIV avec ICSI, le taux de grossesses cliniques a été de 44.3% avec
un taux de délivrance d'enfant vivant de 38.7% : au total 578 enfants sont nés par cette technique, dans
382 accouchements.
Le succès de cette méthode a été confirmé par sa reproduction dans de nombreux centres. Les
résultats d'ensemble donnent aujourd'hui un taux moyen de fécondation égal ou supérieur à 60%, un
taux d'implantation des embryons de 15-20% et plus de 30% de grossesses cliniques par cycle35.
Cependant des doutes planent sur le futur des enfants ainsi obtenus. Il existe en effet une loi
naturelle de la fécondation qui est la compétition entre des centaine de millions de spermatozoïdes dont
un seul "gagnant" féconde l'ovule. En sautant cette limitation naturelle, on encourt de forts risques de
malformations. Les résultats cliniques des ICSI jusqu'ici réalisées ne semblent pas justifier cette peur :
sur 420 enfants nés après ICSI en Belgique et 454 nés par cette méthode en Australie Occidentale, on
30
A.Van Steirteghem, P.Nagy, H.Joris et al., The development of intracytoplasmic sperm injection, in «Human Conception
In vitro 1995», Proceedings of the Third Bourne Hall Meeting, Human reproduction, vol.11, suppl.1, September 1996,
pp.59-72.
31
M.Andronikof, L'assistance médicale à la procréation : une illustration des deux faces de la médecine au XXº siècle :
technique et désarroi, Contact, 48º année, nº175, 3º trimestre 1996, pp.195-196.
32
Journal International de bioéthique, 1995, vol.6, n°3, p.269.
33
Journal International de Bioéthique, 1996, vol.7, n°3, p.241.
34
G.D.Palermo, L..T.Colombero, G.L.Schattman et al., Evolution of Pregnancies and Initial Follow-up of Newborns
Delivered After Intracytoplasmic Sperm Injection, JAMA, December 18 1996, vol.276, n°13, pp.1893-1897.
35
Discussion : intracytoplasmic sperm injection, in «Human Conception In vitro 1995», Proceedings of the Third Bourne
Hall Meeting, Human reproduction, vol.11, suppl.1, September 1996, pp.81-85.
19
trouvait 3.3% de malformations graves, ce qui est dans les limites du normal36.
Sur le plan éthique, l'ICSI pose les mêmes problèmes que la FIVETE, avec en plus le doute sur
la possibilité de perpétuation d'anomalies génétiques - cause de stérilité masculine - par cette méthode.
Les données initiales semblent réassurantes, mais sont encore trop fragmentaires pour avoir une valeur
statistique. Comme cette technique améliore nettement le résultat des FIV il est à craindre qu'elle ne
soit appliquée par un nombre croissant de centres de FIV, pour des raisons de simple compétivité, alors
même que le doute persiste quand à la possibilité de mettre au monde par cette méthode des enfants
porteurs de tares génétiques ou de malformations. La recommandation des comités d'éthique 37 est de
réserver encore l'ICSI à quelques cas, et d'en limiter la pratique aux centres les mieux équipés et qui en
ont déjà l'expérience.
La GIFT est une technique de fécondation artificielle intracorporelle qui comporte le transfert
simultané, mais séparé, des gamètes masculins et féminins dans la trompe de Fallope. Elle a été décrite
pour la première fois par Richard Asch et coll. en 1984 39. Elle a été présentée initialement comme une
alternative à la FIVETE, se révélant en certains cas plus fructueuse que cette dernière pour amener une
grossesse. De plus, parce qu'elle ne comporte pas de manipulation d'embryons humains, mais des seuls
gamètes, et parce que le processus de la fécondation se déroule entièrement à l'intérieur de l'organisme
féminin, il a semblé que cette technique respectait davantage que la FIVETE les impératifs éthiques de
la procréation humaine40.
Les indications de la GIFT sont trouvées dans certaines stérilités féminines (endométriose
pelvienne, stérilité idiopathique) ou masculine (oligoasthénospermie), ne se prétant pas à une
insémination artificielle, à condition que la femme ait une trompe perméable.
20
* l'altération de l'ovum pick up mechanism, défaut dans la captation de l'ovocyte par la trompe
* l'endométriose pelvienne, faisant obstacle au pick up mechanism.
* une oligoasthénospermie modérée ou sévère
* les stérilités dans les suites de la chirurgie conservatrice utéro-salpingo-ovarienne : micro-chirurgie
tubaire, microchirurgie des kystes ovariens, etc..
* les modifications de la glaire cervicale
Les résultats dépendent étroitement de l'exactitude avec laquelle la technique est réalisée, et de
ses indications43. Ils sont en général encourageants, en dépit du taux élevé d'avortements. Ils sont
meilleurs que ceux de la FIVETE. Le pourcentage de succès rapporté dans la procédure serait de de
20-25% de grossesse par procédure44 (33,5% de grossesse et 26,3% d'enfants délivrés par tentative
dans une statistique)45. Asch et coll. (inventeur de la méthode) donne 34% de grossesses et 25%
d'enfants à terme.
21
.54 GEU (5%)
.824 enfants arrivés à terme (22%)
Pour 1992, en Australie-Nouvelle Zélande :
4342 tentatives de GIFT par cycle ont abouti à 1042 grossesses cliniques et 780 naissances (20.4%)
Les limitations de la GIFT sont en lien avec la qualité des spermatozoïdes du mari : si ceux-ci
ne sont pas capables de pénétrer l'ovocyte, la fertilisation est impossible.
Les supporters de cette méthode soutiennent qu'environ 40% des cas de stérilité, dus à une
pathologie connue ou encore inconnue, et qui ne seraient pas toujours curables par insémination
artificielle, seraient susceptibles de résolution par cette technique.
Le taux d'avortement spontané observé avec la GIFT (15% à 39%) est plus élevé que le taux
d'avortements spontanés observés au cours des grossesses "naturelles"(15%).
Le taux de grossesses ectopiques est aussi élevé (2,5 à 8,3% avec une moyenne de 5,5%)(pour
1,2 à 2,8% dans les grossesses normales).
Un autre risque de la technique est celui des grossesses multiples. La fréquence de grossesses
bigemellaires et trigemellaires est, dans les grossesses naturelles, de 1,25% et 0,01%. Dans la GIFT la
fréquence de grossesses multiples est de 7,1% à 23%, en moyenne 16%.
Sur le pan éthique, on pourrait considérer la GIFt comme une "aide" à la stérilité et non comme
une "substitution" de l'acte conjugal47. La GIFT pourrait être en effet utilisée dans le cadre d'un couple
légitime, réduisant au minimum la manipulation des gamètes et respectant l'acte conjugal. Il faudrait
dans cette perspective prélever quelques ovocytes, et, dans un intervalle relativement bref, les
introduire dans les trompes en même temps que les spermatozoïdes, prélevés durant ou tout de suite
après un acte conjugal.
C. L'ovum transfer
Les techniques de transfert d'ovocyte dans l'utérus, suivi de rapport sexuel ont été développées
pour venir en aide aux stérilités par obstruction tubaire bilatérale. Il s'agit de :
- La LTOT, Low Tubal Oocyte Transfer ou "Ovum transfer" ;
- la NEST, Normal egg sonographic transfer, qui en est dérivée
47
N.Toni-Filipini, "Donum Vitae" and Gamete Intra-Fallopian Tube Transfer, Linacre quaterly, May 1990, vol.57, n°2,
pp.68-79.
J.F.Dœrfler, Is GIFT Compatible with the Teaching of Donum vitae ?, The Linacre Quaterly, vol.64, n°1, February 1997,
pp.16-29.
22
La LTOT est une technique qui se base sur le transfert des ovocytes dans les trompes de Fallope
ou dans l'utérus48, pour passer un obstacle salpingien (stérilité par occlusion salpingienne bilatérale).
Les ovocytes sont prélevés par laparoscopie, après stimulation ; ils sont ensuite transférés dans la partie
la plus haute de l'utérus par voie transcervicale ou dans le tiers proximal de la trompe,par voie
transabdominale. On invite ensuite le couple à avoir un rapport sexuel ; si la fécondation a lieu, il y a
implantation normale de l'œuf fécondé.
Le pourcentage de grossesses obtenues par cette méthode est très bas : environ 15%.
48
Editorial, Future hopes for infertile women, in "J.A.M.A", 245 (6), 1981, p.565.
23
V
COMMENTAIRE
Avant même d'aborder la discussion éthique sur la FIV, il convient de remarquer à son propos
certains paradoxes.
La technique laisse croire que tout est possible. L'individu traduit "tout m'est du". Et il baptise
"droit" son propre désir. Jacques Testard parlait d'une "hystérie du progrès". Avec la FIVETE, on a
déifié la technique : la technique se justifie par elle-même, elle n'a pas besoin de justification. Il n'y a
plus place pour la réflexion morale, ou, au moins, de sagesse. Par paresse, on laisse faire. Dix ans après
la naissance de Louise Brown, on s'est mis à commercialiser les embryons. Ce qui est devenu
techniquement possible, pourquoi ne pas le faire ?
Il y a dans cette conception l'idée que le monde est un espace à maîtriser par l'homme.
L'homme aurait comme un "devoir" de recherche, de comprendre, de corriger, de transformer. Aucune
limite ne devrait l'arrêter, dans ce jusqu'au-boutisme scientifico-technique.
L'Instruction Donum Vitae dénonce fermement en ces termes cette auto-justification de la
technique :
« Ce qui est techniquement possible n'est pas pour autant moralement admissible »
(Donum Vitae, introduction,4)
Le paradoxe peut être le plus grave auquel a conduit le développement de la FIV, est que ce
n'est plus la réflexion éthique qui guide les choix, mais la technique qui décide de la façon dont on doit
réfléchir. On ne parle plus de "moralité" mais de "conditions de sécurité". La rigueur dans la technique
tient lieu de critère éthique : du moment que cette technique est faite de façon contrôlée, dans ces
centres agréés, le critère éthique principal d'une pratique nouvelle semble garanti.
Il y a plus : non seulement on ne fait plus de raisonnement éthique, non seulement on se confie
aux seuls scientifiques, mais encore on décide de ce qui est éthiquement acceptable à partir de ce qui se
fait :
* pour améliorer les résultats de la FIV, on a été conduit à accepter la destruction d'embryons,
d'abord en en implantant plusieurs en même temps, puis en développant la production d'embryons
24
"surnuméraires", congelés.
* pour que cette destruction soit acceptable sur le plan éthique, on en est venu à contester à
l'embryon des premiers jours toute réalité personnelle et même individuelle, et à créer le terme de "pré-
embryon" que rien ne justifiait a priori.
* pour pratiquer des FIV on en est donc venu à rabaisser l'embryon humain à n'être qu'un "amas
de ", au mépris des données embryologiques.
* la pratique de créer des embryons en surnombre a poussé les chercheurs à vouloir utiliser
ceux qui n'étaient pas réclamés par les couples donneurs pour l'expérimentation et la recherche ; c'est
cette demande qui a définitivement fait adopter le terme de "pré-embryon" et sa déclassification
éthique jusqu'au 14°jour (Commission Warnock).
* aujourd'hui s'ouvre la possibilité de transfert de noyau et de clonage : loin de vouloir limiter
ces techniques au domaine expérimental et animal, on se prépare à en justifier l'utilisation chez
l'homme en vue d'offrir une solution à tous les cas de stérilité.
La technique (et la loi) ont fait apparaître une notion nouvelle : celle de l'enfant «si on veut,
quant on veut, comme on veut», qui traduit, en particulier par le "si" ou le "comme" un égoïsme
patent. De cette notion découle celle d'un "droit à l'enfant", conçu au même niveau que d'autres
"droits" de l'homme, par exemple le droit à l'intégrité corporelle. L'enfant n'est plus considéré comme
un don, mais comme un droit. Pie XII avait déjà dénoncé cette dérive en 195649.
L'Instruction Donum Vitae, citant ce passage de Pie XII, en reprend ainsi l'idée :
« Cependant le mariage ne confère pas aux époux un droit à avoir un enfant, mais seulement le
droit de poser les actes naturels ordonnés de soi à la procréation. Un droit véritable et strict à
l'enfant serait contraire à sa dignité et à sa nature. L'enfant n'est pas un dû et il ne peut être
considéré comme objet de propriété : il est plutôt un don - «le plus grand»(GS,50) - et le plus
gratuit du mariage, témoignage vivant de la donation réciproque des parents »
(Donum vitae, II,B,8)
49
Pie XII, Discours aux participants au IIº congrès Mondial de Naples sur la fécondité et la stérilité humaines, 19 mai
1956, Acta Apostolica Sedis, XLVIII, 1956, p.471.
25
De même que l'avortement est devenu un "droit fondamental de la femme" que l'on voudrait
voir inscrit au rang des droits de l'homme, de même les FIVET et futurs clonages s'inscrivent dans un
"droit à la maternité". Le mouvement féministe voulait la maîtrise sur la contraception, il veut
maintenant la maîtrise sur la fertilité, qui va de pair avec le "droit à l'enfant".
C. La dévaluation de l'humain
La fécondation in vitro hétérologue, avec le don des gamètes qui la rendait possible,
compromettait déjà fortement les relations fondamentales entre les personnes que sont la filiation, la
consanguinité, la génitorialité. La déshumanisation de la reproduction humaine que nous promet le
clonage porte à une perversion générale de ces relations fondamentales 51. Dans le clonage, il n'y a plus
50
Riflessioni sulla clonazione, L'Osservatore Romano, 25 giugno 1997, p.7.
51
Comme l'écrit E.Sgreccia : «Nel processo di clonazione vengono pervertite le relazioni fondamentali della persona
umana : la filiazione, la consanguineità, la parentela, la genitorialità»
26
un "père" ou une "mère" biologique. La confusion introduite dans les relations de parenté est portée,
dans le clonage, à son niveau le plus élevé.
La fécondation in vitro contenait, dans son principe, un mépris pour l'embryon, ramené au rang
de matériel de laboratoire, ce qui portait, naturellement, à accepter une instrumentalisation et des
destructions programmées d'embryons humains. De plus, la FIVETE portait directement à l'avortement
provoqué, dans le cadre de la dite "réduction embryonnaire". La mentalité qui préside à la fécondation
in vitro n'est donc pas tellement éloignée de la mentalité abortive.
La proposition du clonage comporte en elle-même un mépris encore plus profond pour l'être
humain à son origine puisque l'acteur du clonage a l'impression de "construire l'embryon" et d'en être le
maître. Le clonage ne pourra que s'accompagner d'atteintes encore plus graves portées à l'embryon
humain, à son existence et à sa liberté, puisque les "créateurs" de ces embryons estimeront avoir tous
les droits sur leur œuvre.
Loin d'être un détail annexe du clonage, le fait que celui-ci, pour se faire, nécessite la création
tout à fait artificielle de multiples embryons doit donner l'alarme. Même si le clonage humain n'est pas
porté à son achèvement sous forme de la mise au monde d'un enfant, il pourra se faire sous la forme
plus discrète des banques d'embryons pour la constitution de lignées cellulaires et la production
d'organes fœtaux. Cette forme de clonage humain n'en sera pas moins profondément immorale,
puisque l'embryon n'y sera "créé" que pour être mis en pièces. Cette instrumentalisation de l'embryon
serait en contradiction flagrante avec le fondement même de l'éthique52, clairement contraire à la
dignité de la vie ainsi créée53.
27
CONCLUSION
L'I.A.C. et la G.I.F.T. sont, en définitive, les seules techniques de procréation assistée qui
posent moins de problèmes éthiques, si le prélèvement de sperme se fait en particulier à l'occasion d'un
rapport sexuel. On peut en effet les considérer, en ce cas, comme des aides à la procréation, ne se
substituant pas à l'acte sexuel du couple. Mais on ne peut cependant pas minimiser ce qu'il y a
d'insatisfaisant dans ces techniques, à cause de la médicalisation de la vie sexuelle qu'elles impliquent.
On ne pourra donc les envisager que comme un pis aller, dans un couple par ailleurs équilibré, aux
relations sexuelles harmonieuses, après que toute thérapeutique médicale ou chirurgicale se soit avéré
un échec.
La lutte contre la stérilité, masculine et féminine, fait partie des développements nécessaires de
la médecine, et elle est un bien. Cependant, l'acte médical doit aider l'acte conjugal, sans se substituer à
lui. C'est là une question de sagesse. Plus encore c'est une question de respect de l'homme pour lui-
même, pour sa sexualité, et pour l'enfant à naître.
Comme dans l'avortement, l'erreur commise par l'opinion générale en acceptant la PMA sans
discussion est que l'on se base uniquement du point de vue de ceux qui, sur le moment, ont la parole
parce que adultes, électeurs, capables de se faire entendre et de défendre leurs choix : la mère, dans le
cas de l'avortement, le couple dans le cas de la FIV. Personne ne vient défendre l'enfant à venir alors
même qu'il est considéré juridiquement comme personne (ayant droit à hériter). Or c'est l'avenir de cet
enfant à venir qui est en jeu, et dont on décide pour lui.
L'enfant a le droit d'être le fruit de l'acte spécifique d'amour de ses parents ; il a aussi le
droit d'être respecté dès le moment de sa conception : or la PMA et la FIV tout particulièrement ne
respectent pas ces droits. C'est ce que souligne l'Instruction Donum Vitae :
« l'enfant a le droit.. d'être le fruit de l'acte spécifique de l'amour de ses parents, et aussi le droit d'être
respecté comme personne dès le moment de sa conception.»(Donum Vitae, II,B,8)
La FIV tend à réduire l'enfant au rang de produit d'une technologie. A ce titre, elle ne respecte pas la
dignité de la personne :
« L'origine d'une personne est..le résultat d'une donation. L'enfant à naître devra être le fruit de
l'amour de ses parents. Il ne peut être ni voulu ni conçu comme le produit d'une intervention de
techniques médicales et biologiques ; cela reviendrait à le réduire à devenir l'objet d'une
technologie scientifique. Nul ne peut soumettre la venue au monde d'un enfant à des conditions
d'efficacité technique mesurées selon des paramètres de contrôle et de domination »
(Donum Vitae II,B,4)
B - L'ÉPREUVE DE LA STÉRILITÉ
La stérilité est certainement une épreuve douloureuse. Mais la stérilité n'enlève pas son sens
au mariage, car le but du mariage est l'union, ouverte sur la procréation, et non la seule procréation, et
non l'union et la procréation. L'amour de l'enfant n'est pas ce qui établit le lien entre les parents, mais il
est contenu dans leur mutuel amour qui s'élargit sans se diviser.
De plus, ainsi qu'il a été encore dit auparavant, l'enfantement dans le mariage exclue toute
forme de possession, toute forme d'égoïsme. Or, dans la FIV, qui intervient comme palliatif, n'y a-t-il
pas un non-renoncement, un refus d'accepter la réalité, un refus de s'accepter soi-même, comme
stérile ?
28
Dans le renoncement peut apparaître une alternative qui est celle de l'adoption.
Psychologiquement, l'adoption est plus claire, présente moins d'ambiguïtés que la PMA, car elle
témoigne d'une totale gratuité face à l'enfant : le couple qui adopte un enfant ne cherche pas
inconsciemment à satisfaire son besoin de parenté génétique, ne cherche pas l'épanouissement
physiologique de la grossesse. L'adoption est un don total, désintéressé, de soi-même à l'enfant, un
renoncement à soi-même pour l'amour de l'enfant.
29
TABLE DES MATIÈRES
I La stérilité...........................................................................................................................................................................3
A. L'infertilité masculine........................................................................................................................................3
1. L'azoospermie – 2. L'oligospermie – 3) L'asthénospermie – 4) La tératospermie
B. L'infertilité féminine..........................................................................................................................................4
II L’Insémination artificielle.................................................................................................................................................5
A. L'I.A.C. (homolologue sperme du conjoint)......................................................................................................5
1) Indications – 2) Technique – 3) Résultats – 4) Problèmes éthiques posés par l'IAC
B. L'I.A.D. (hétérologue, sperme de donneur).......................................................................................................8
1) Indications – 2) Les résultats – 3) Les problèmes éthiques attachés à l'I.A.D
III F. I. V. E. T. E...........................................................................................................................................................10
A. Indications.......................................................................................................................................................10
1) Stérilités féminines – 2) Stérilités masculines
B. Methodologie...................................................................................................................................................10
C. Résultats...........................................................................................................................................................11
D. Les paradoxes de la FIVETE...........................................................................................................................12
1) Le paradoxe de la culture contemporaine : avortement et FIV – 2) La paradoxe des grossesses
multiples – 3) Le paradoxe du coût des FIV
E. Les problèmes éthiques regardant la FIVETE homologue..............................................................................13
1) La dissociation de l'union et de la procréation – 3) La congélation d'embryons – 4) L'adoption
d'embryons – 5) La réduction embryonnaire
F. Propositions associées à la FIVETE.................................................................................................................16
1) La FIVETE hétérologue – 2) Le don d'embryon – 3) Les "mères de substitution"
H. Variantes de la FIV..........................................................................................................................................18
1) La NORIF – 2) Les transferts d'embryons dans la trompe
V Commentaire...................................................................................................................................................................24
A. La prévalence de la technique sur l'éthique.....................................................................................................24
1) La non discussion du progrès technique – 2) La rigueur dans la technique tient lieu de critère
éthique – 3) c'est la technique qui décide des critères moraux
B. L’idéologie de l'enfant possession....................................................................................................................25
1) La motivation du désir d'enfant – 2) L'enfant "si je veux, quand je veux, comme je veux"
C. La dévaluation de l'humain..............................................................................................................................26
1) La déshumanisation de la reproduction humaine – 2) La perversion des relations de parenté et de
génitorialité – 3) Le non respect de la dignité et des droits de l'embryon
Conclusion..........................................................................................................................................................................28
A. L'enfant à venir à des droits.............................................................................................................................28
B. L'épreuve de la stérilité....................................................................................................................................28
Disponible à
http://www.scribd.com/doc/37914452/Procreation-Medicalement-Assistee-Bioethique-2009
30