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Les taux de change

1. Les systèmes monétaires


Un système monétaire international est, par définition, un ensemble d’arrangements
interétatiques et de pratiques entre les différents acteurs économiques qui rendent possibles et
encadrent les relations économiques internationales. Son existence se justifie par la nécessité
de contrôler les échanges monétaires au niveau mondial de manière à stabiliser le
fonctionnement du commerce international. À travers le temps, on fait d’abord l’application
d’un type dans les années 1870, quand la puissance allemande a adopté un système monétaire
strict basé sur l’étalon-or, c’est-à-dire un modèle où l’on définit l’unité monétaire selon un
poids fixe d’or et où toute émission de monnaie se fait en contrepartie et en garantie
d’échange d’or. Ce système perdura jusqu’en 1914. Suite à la première guerre mondiale, on
opte pour le système de l'étalon de change-or. Celui-ci est fondé sur le fait que certaines
monnaies fortes peuvent jouer le rôle de l'or en tant qu'étalon. En 1922, seules 2 monnaies
pouvaient jouer ce rôle : le dollar américain et, dans une moindre mesure, la livre sterling.
Désormais, il était possible pour les pays de constituer des réserves de change en devises
fortes convertibles en or.
Or, la grande crise de 1929 a remis en question l'ensemble du système. Les crises
monétaires touchent peu à peu l'ensemble des pays, de nombreux cas de dévaluation de
monnaies sont notés de même qu’un cas d’hyperinflation, celui qu’a connu l’Allemagne en
1926. On fait donc le constat que le système monétaire international doit se doter d’une
stabilité des taux de change et de suffisamment de liquidités, pour éviter une catastrophe
comme celle de la grande dépression. C’est sur ces prémisses qu’on créa un nouveau système
en 1944 issu d’une conférence à Bretton-Woods, qui dura jusqu’en 1971. Ce dernier s’appuya
sur 4 principes. Parmi ceux-ci, la libre convertibilité des monnaies, une parité fixe, qui se
dénote par l’égalité de la valeur de change de chaque monnaie définie par rapport à l’or ou au
dollar, la valeur du dollar fixe définie en or et la création du Fonds monétaire international.
Celui-ci est chargé de veiller au respect des règles monétaires et de prêter aux pays débiteurs
les devises nécessaires aux interventions sur le marché des changes.
La remise en cause du système est issue de la perte de confiance des agents
économiques dans la valeur du dollar. C’est le Président Nixon en 1971 qui dénonce la
convertibilité-or du dollar suite à l’accélération de la diminution des stocks de la Réserve
fédérale américaine. Cela marqua la fin de Bretton Woods et, après des tentatives
d’aménagement du système, mena aux accords de la Jamaique de 1976 qui survivent toujours.
Ceux-ci officialisent l’abandon du système des taux de change fixes pour un modèle de
changes flottants, entendu comme un système monétaire où le taux de change des monnaies
varie librement selon l’offre et la demande sur le marché.

2. Conceptualisation du taux de change


Pour suivre avec le concept de taux de change, il serait préalablement important de
définir cette notion-clé. La définition retenue, à la fois simple et exhaustive, est celle du site
du ministère des Finances du Canada : « c’est le prix de la monnaie d'un pays, exprimé par
rapport à une autre monnaie, en fonction de l'offre et de la demande, qui sont influencés par
des facteurs fondamentaux de l’économie, tels que les différentiel des taux d'intérêt, l'inflation
relative, la balance commerciale ainsi que les perspectives de croissance économique ». Ainsi,
je vais tenter de définir ces différents facteurs macroéconomiques qui influencent la variation
du taux de change, à l’aide du modèle du taux de change du dollar canadien.
Le Canada a un taux de change flottant, c’est-à-dire que le cours de notre monnaie
n’est pas fixé par rapport à une autre monnaie. Ainsi, le taux de change est affecté par l’offre
et la demande de dollars canadiens sur les marchés des changes. Par exemple, si la demande
excède l’offre, la valeur du dollar augmentera, tandis que si l’offre excède la demande, cette
dernière diminuera.
Le premier facteur économique qui influe sur l’offre et la demande d’une monnaie est
le taux d’intérêt différentiel, c’est-à-dire, la différence entre le taux d’intérêt d’une devise
domestique vis-à-vis le taux d’intérêt d’une devise étrangère. Par exemple, si les taux d’intérêt
sont plus élevés au Canada que dans d’autres pays, les investisseurs seront peut être enclin à
choisir de placer leurs fonds dans notre pays, ce qui va donc augmenter la demande du dollar
canadien. Toutefois, il ne faut pas négliger de prendre en considération le taux attendu
d’inflation. Ainsi, si ce dernier est plus élevé, même si les taux d’intérêts sont plus élevés, cela
pourra freiner les investisseurs, car ils pourront anticiper une détérioration éventuelle de la
valeur du dollar causée par l’inflation.
Le deuxième facteur économique à considérer est la situation de notre balance
commerciale. Par exemple, si les prix mondiaux de nos produits exportés augmentent par
rapport aux coûts de nos importations, nous gagnerons plus avec nos exportations que nous
paierons pour nos importations. Ainsi, plus que nous bénéficierons de cet échange, plus que
la demande de dollars canadien sera forte.
Le dernier facteur économique à prendre en compte est la perspective de croissance.
Par exemple, si les investisseurs ont plus confiance dans la vigueur future de l’économie
canadienne, ils désireront acheter davantage d’actifs canadiens, ce qui entrainera par la suite
une hausse de notre dollar.

Cependant, il est important de souligner le fait que de plus en plus de spécialistes des
taux de changes s’entendent pour ajouter des facteurs autres que macroéconomiques
expliquant la variation des taux de changes. Ainsi, certains auteurs considèrent qu’il faut tenir
compte des facteurs non-monétaires pour expliquer les variations des taux de change, tels que
par exemple, la croissance du marché international des capitaux, des nouvelles mesures
budgétaires, la découverte d’importantes ressources naturelles ou encore l’incertitude des
marchés boursiers… D’autres chercheurs, vont même jusqu’à dire que les taux de change sont
influencés par des croyances et des anticipations qui se créent d’elles-mêmes plutôt que par
les éléments fondamentaux de l’économie. Ce qu’on nomme « bulle spéculative », c’est-à-
dire la croyance qu’un prix d’un actif va monter par exemple, créerait l’augmentation de sa
demande et donc une hausse de prix.

3. Le marché international des changes


Nous allons maintenant passer au marché international des changes, soit le Foreign
Exchange (aussi appelé le « Forex »). Ce marché se sépare en 4 grandes catégories, soit les
taux Spots, les contrats à terme, le SWAP cambiste et les produits dérivés. Avant de parler de
chacun, il est important de mentionner que le prix d’une devise (sa cote) peut être trouvée de
deux façons, soit certain (ex. : 1$ US = 0,96$ CAD) ou incertain ( ex. : 1,04$ CAD = 1$ US).
La norme veut que l’on utilise la cotation certaine lorsque l’on a un tableau de valeur des
changes, sauf lorsque l’on parle de livres sterling et d’Euro, ou la valeur est déterminée selon
une cotation indirecte. Tout d’abord, nous pouvons définir le marché Spot comme étant le
marché où l’on achète/vend des devises étrangères pour livraison immédiate (ce qui signifie 2
jours, excepté entre le Canada et les États-unis, qui nécessite un délai de 24 heures). Les
contrats à terme (forwards) , quand à eux, signifient que l’on achète aujourd’hui, mais que la
livraison se fera plus tard. Il est important de comprendre que le prix des contrats à terme
n’est pas le taux Spot que l’on s’attend à voir dans le futur (dans un mois, trois mois ou un
an), mais bien une application mathématique qui représente la différence entre les taux
d’intérêts des deux pays. Par exemple, si les taux d’intérêts sont très bas au Japon, on doit
compenser notre investissement en recevant, plus tard, un yen japonais qui a plus de valeur.
Pour ce qui est du SWAP de change, il s’agit d’une double opération de change où deux
opérateurs s’échangent de la monnaie aujourd’hui (opération de taux Spot) et referont la
même opération, à l’inverse, plus tard (contrats à terme). Ceci est souvent utilisés par les
entreprises et institutions financières qui ont des échanges dans la même devises mais dont les
dates d’échéance ne sont pas les mêmes. Il est important de mentionner que ces opérations
représentent 50% des échanges de change dans le monde. La dernière catégorie du Forex est
ce que l’on appelle maintenant les produits dérivés. Ceux-ci peuvent comprennent
principalement les Futures (qui sont un peu comme les forwards, sauf qu’ils sont négociés à
la Bourse plutôt que directement entre le vendeur et l’acheteur), les options sur devises (qui
donne le droit, et non l’obligation, de vendre (option de vente) ou d’acheter (option d’achat)
des devises à un prix prédéterminé) et les SWAPS sur devises (où l’on échange des taux
d'intérêt à moyen ou à long terme dans dans deux devises différentes, comparativement au
SWAP de change qui consiste à échanger les intérêts et la valeur d'un prêt ou d’un dépôt à
deux moments donnés dans deux devises différentes).

4. Étude de cas : la Crise asiatique


La décennie 90 est marquée par l’émergence des pays du sud et de l’est asiatique dans le
système économique mondial. Les tigres asiatiques, dont la Thaïlande, ont connu durant cette
période une forte croissance économique, un taux d’inflation raisonnable, une situation
financière saine et un apport important de capitaux étrangers. La crise asiatique de 1997 prend
racine en Thaïlande pour s’étendre aux Philippines, en Malaisie, en Indonésie, à Hong Kong
puis en Corée, pour s’échouer par la suite sur les côtes de la Russie et de l’Amérique du Sud.
Dès 1996, on note en Thaïlande des bulles spéculatives sur les marchés boursiers et sur
l’immobilier. Cette bulle spéculative immobilière combinée au rythme accéléré de
construction dans ce secteur débouche vers une baisse brutale des prix. En effet, avec la
construction qui ne fait qu’augmenter sans cesse, l’augmentation de l’offre n’a d’autre choix
que de finir par baisser la valeur des actifs dans ce secteur.
Le Bath, qui comme la plupart des devises de la régions, est indexé sur le dollar
américain. Il en résulte une surévaluation de la monnaie nationale. Afin de soutenir la valeur
de sa monnaie, la banque centrale de Thaïlande dépense plus de 16 milliards de dollars, la
moitié de ses réserves en devises, pour soutenir le cours du Baht. Le maintien acharné de la
parité alors que le dollar ne cesse de monter rend à nouveau les placements en Thaïlande
attractifs. Or, pendant que les réserves de la Thaïlande ne cessent de s’écouler et que la faillite
des banques devient un problème majeur, le gouvernement dissimule aux investisseurs la
situation déclinante du pays. Le maintien du Bath devient trop lourd et le gouvernement est
forcé de laisser flotter le Bath en juillet 1997 pour stimuler les exportations qui représentent
65% de l’économie du pays. La résultante est l’effondrement du Bath entraînant avec lui
l’économie thaïlandaise.
En bref, la fragilité financière a joué un rôle majeur dans l’éclatement de la crise en
Thaïlande. En effet, beaucoup d’institutions financières et d’entreprises avaient contracté,
sans couverture adéquate, des emprunts en devises qui les rendaient vulnérables à la
dépréciation de la monnaie nationale. De plus, il s’agissait pour l’essentiel de dettes à court
terme alors que les actifs étaient à plus long terme, d’où le risque d’une crise de liquidité.
Ensuite, avant la crise, les prix s’étaient envolés sur les marchés boursiers et immobiliers, et
une chute brutale des prix des actifs était donc à craindre. Enfin, l’allocation du crédit était
souvent déficiente, ce qui a contribué aux problèmes de plus en plus criants des banques et
autres institutions financières.

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