Professional Documents
Culture Documents
11-048-C-10
Anatomie pathologique
Les tumeurs cardiaques malignes primitives sont rares. Deux types
particuliers, classiques depuis la publication de l’expérience de la Cleveland
Clinic par Bear en 1986, sont rapportés régulièrement : les angiosarcomes et
les rhabdomyosarcomes. En revanche, des métastases cardiaques sont
retrouvées à l’autopsie de patients traités pour une affection maligne avec une
fréquence variant de 7,5 % [47] à 12,6 % par Harrer en 1971. L’étude récente 1 Sarcome de Kaposi car-
diaque. Atteinte épicardique
de Klatt [33], prenant également en compte des tumeurs survenant chez des avec épanchement péricar-
patients infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), chiffre dique.
cette fréquence à 10,7 %.
Ces atteintes cardiaques d’affections malignes sont en général associées à une (8,7 %), cancer du rein (11 %), cancer colorectal (3 %), cancer gastrique
dissémination multiviscérale. Elles atteignent préférentiellement l’épicarde, (5 %), cancer ovarien (7 %). La fréquence des métastases cardiaques des
se compliquant alors d’épanchements péricardiques dans 33 % des cas, mélanomes (71 %), réalisant le classique charcoal-heart, doit être notée [33].
encore que la plupart de ces épanchements soient asymptomatiques [33]. Cette Une atteinte cardiaque est enfin constatée dans 13 % des autopsies de patients
atteinte péricardique est probablement associée à une diffusion métastatique atteints de lymphomes non hodgkiniens (LNH), dans 6 % de ceux atteints de
par le drainage lymphatique thoracique, ce qui explique que les tumeurs leucémies, et 4 % de ceux atteints de sarcomes de Kaposi (fig 1). Ces chiffres
bronchopulmonaires, pleurales, œsophagiennes et mammaires y soient les sont voisins de ceux notés par Roberts [64] et McDonnel [48] pour les LNH (10-
plus représentées. 20 %) et les leucémies aiguës (LA) [63] et de ceux de l’importante étude
anatomopathologique (2 435 malades), réalisée par Applefeld en 1980, qui
À l’inverse de ces atteintes épicardiques-péricardiques qui sont de diagnostic montrait déjà la fréquence des métastases cardiaques chez les patients décédés
clinique relativement fréquent du vivant du malade lorsqu’il existe un de cancer bronchique (10 %), de cancer mammaire (8 %), de cancer
épanchement péricardique important, nombre d’atteintes épicardiques et œsophagien (8 %), et surtout de leucémie et de lymphome, dont le pronostic
myocardiques restent asymptomatiques et ne sont mises en évidence qu’à à l’époque était moins bon qu’actuellement.
l’examen anatomopathologique après le décès. Les tumeurs malignes le plus souvent à l’origine de localisations cardiaques
Dans la série de 1 029 autopsies de Klatt [33], comprenant 842 tumeurs solides secondaires se développent donc dans la région médiastinale. Elles peuvent
et 245 lymphomes et leucémies, la fréquence des localisations cardiaques aussi envahir le péricarde et le myocarde par extension locale, qu’il s’agisse
secondaires varie selon la tumeur primitive : adénocarcinome bronchique de cancers bronchique, œsophagien, mais également de lymphomes
(31 %), carcinome épidermoïde bronchique (23,5 %), cancer bronchique à médiastinaux. Ce type d’atteinte qui a fait, jusqu’à récemment, l’objet de
petites cellules (17,6 %), cancer du sein (13 %,) cancer de l’œsophage (15 %), moins d’investigations, bénéficie particulièrement des progrès de l’imagerie
cancer de l’endomètre (16,5 %), cancer du col utérin (6 %), carcinomes thoracique, tomodensitométrie (TDM), imagerie par résonance magnétique
épidermoïdes oto-rhino-laryngologiques (ORL) (8,5 %), cancer du pancréas (IRM) [56], mais aussi échographie transœsophagienne.
Aspects cliniques
Péricardites néoplasiques
Jean-Jacques Monsuez : Praticien hospitalier, service de médecine interne, hôpital Paul Elles sont surtout le fait de cancers du sein, de lymphomes, de LA et
Brousse, 12, avenue Paul-Vaillant-Couturier, 94804 Villejuif cedex, France.
© Elsevier, Paris
A B C
2 Péricardites malignes, échocardiographie.
A. Coupe ventricule gauche en mode TM : décollement péricardi-
que postérieur systolique, épanchement (E) minime. Fonction
ventriculaire gauche normale (pourcentage de raccourcissement
des fibres circulaires : DTD-DS/DTD [40 %]) ; DTD. diamètre té-
lédiastolique ; DS. diamètre systolique.
B. Coupe longitudinale parasternale : épanchement de grande
abondance.
C. Vue apicale : épanchement de moyenne abondance. Reten-
tissement sur l’oreillette droite (flèches).
D. Coupe longitudinale parasternale. Retentissement ventricu-
laire droit : la paroi du ventricule droit est concave en télé-
diastole.
E. Même patient, en inspiration et protodiastole : la paroi ventri-
culaire droite est convexe et le ventricule droit plaqué contre le
D E septum interventriculaire.
page 2
Cardiologie-Angéiologie COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT 11-048-C-10
A B C
5 Lymphome non hodgkinien cardiaque infiltrant le ventricule droit. B. IRM, vue transverse, séquence T1. La masse tumorale envahit la paroi ventriculaire droite
A. Tomodensitométrie thoracique : déplacement de l’oreillette et du ventricule droit par et apparaît avec un signal intermédiaire.
une masse mal limitée. C. IRM, séquence en T2. La même tumeur apparaît avec un hypersignal. (Reproduit de [56]
avec l’autorisation de l’Eur Heart J ).
page 3
11-048-C-10 COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT Cardiologie-Angéiologie
A B C
6 Fibrose endomyocardique éosinophile (lymphome non hodgkiniens en imagerie par B. Rehaussement du signal endocardique en T1.
résonance magnétique (IRM). C. Ligne curvilinéaire séparant endocarde et myocarde en T2. (Reproduit de [54] avec
A. Épaississement biapical des parois ventriculaires en T1. autorisation de l’Eur Heart J ).
. SODH .
x=
Do
Ca plectine plectine
H
Ca++
Fe 2
plectine
x-
F F
Do
Tous ces dérivés ont la particularité d’avoir une toxicité cardiaque qui est leur
principal facteur limitant. rR
DHP SR CT
Ca-ATPase phospholamban -B
Anatomie pathologique
ne
Z A N
lami
M A
M A
L’administration d’anthracyclines entraîne des lésions des myocytes et du Ca++
M
tissu interstitiel cardiaques.
M
Dès les premières heures qui suivent l’injection de doxorubicine chez H H
l’animal, apparaissent des modifications du réticulum sarcoplasmique (RS) holomère
T-tubule
et des mitochondries myocytaires. Ces lésions s’aggravent ensuite
aboutissant en 3 à 5 jours à une raréfaction des citernes terminales du RS, 7 Le tissu interstitiel périmyocytaire est en continuité avec le cytosquelette myocytaire,
parfois à la disparition complète du RS avec aspect de vacuoles, et à un jusqu’au noyau. La machinerie calcique intracellulaire est située sur un réseau de membra-
nes dont l’agencement est particulièrement ordonné : les citernes terminales, les tubules T
œdème mitochondrial, suivies de lésions des myofibrilles, désorganisées puis et les stries Z sont en étroite connexion. Les radicaux libres produits par les anthracyclines
détruites. Les mêmes lésions sont observées à doses thérapeutiques (30- interagissent avec la matrice extracellulaire et le réseau de membranes internes et externes,
60 mg/m2) chez l’homme, minimes après une injection unique (biopsie réduisant leur activité de transport, en particulier calcique (cf texte).
myocardique), caricaturales après administration prolongée ayant atteint des A. Filament fin (actine) ; CT. citerne terminale ; DHP-R. canal calcique (récepteur des
dihydropyridines) ; F. filament intermédiaire (desmine) ; M. filament épais (myosine) ; N.
doses cumulatives élevées. Les mitochondries sont alors surchargées en noyau ; rR. récepteur de la ryanodine ; SOD. superoxyde-dismutase ; SR. réticulum sarco-
dépôts calciques, dont la signification n’est pas encore totalement comprise plasmique ; Z. ligne Z.
[8, 26, 75, 78, 79].
page 4
Cardiologie-Angéiologie COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT 11-048-C-10
cardiotoxicité d’un métabolite de la doxorubicine plutôt que du médicament expérimentaux mais parfois aussi, lors de la perfusion de doxorubicine chez
lui-même. En fait, les choses sont encore plus complexes, car deux paramètres l’homme. Néanmoins, au cours d’une administration chronique, à distance,
importants doivent être pris en compte : la durée d’exposition au produit et la la conséquence majeure est la déplétion calcique des citernes terminales du
fréquence de contraction cardiaque, ce qui suggère une interaction avec les RS (lesquelles peuvent avec la répétition des injections, anatomiquement
mouvements calciques intracellulaires [83, 97]. disparaître).
La raréfaction histologique du RS pourrait être la cause de l’altération de la Les radicaux libres entraînent également une peroxydation des lipides
relaxation. Aucune étude n’a cependant encore précisé l’évolution des membranaires [17, 53].
coefficients de couplage contraction-relaxation et éventuellement la perte de D’autres mécanismes physiopathologiques ont été envisagés [3, 53, 75, 83]. Le plus
la load-dependance de la relaxation qui pourrait en être satellite. important est celui de la prépondérance de la cardiotoxicité des métabolites
alcools en C 13 des anthracyclines : doxorubicinol, daunorubicinol,
Sites d’action intracellulaires épirubicinol. Ces métabolites probablement synthétisés dans les myocytes
Le mécanisme le plus communément admis est la formation de radicaux cardiaques, ont une pharmacocinétique tissulaire différente de leur drogue de
libres [26, 68, 78]. Deux types de réactions, ayant lieu dans la mitochondrie, référence, dans la mesure où leur demi-vie intramyocytaire est
peuvent y concourir : considérablement plus élevée, ce qui pourrait expliquer la seconde
– réduction de la forme quinone des anthracyclines en forme semi-quinone ; particularité de la toxicité cardiaque des anthracyclines dans plusieurs
modèles expérimentaux, à savoir sa dépendance du temps d’exposition.
– formation de complexes Fe3+-anthracyclines, secondairement réduits en
Fe2+. Ces métabolites agissent également sur différents canaux membranaires :
c inhibition de la Ca-ATPase du RS longitudinal (qui stocke le calcium dans le
Dans les deux cas, le retour à la forme initiale génère un radical libre O−2 , RS), de la Mg-ATPase mitochondriale (qui stocke le calcium dans les
c
dégradé ensuite en H2O2 + OH par la superoxyde-dismutase (SOD). mitochondries), inhibition de la Na-K-ATPase du sarcolemme.
Cette hypothèse est en partie étayée par le fait que la toxicité expérimentale Une troisième catégorie de mécanisme, envisagée pour expliquer la
des anthracyclines est limitée en présence d’agents antiradicaux libres tels que cardiotoxicité des anthracyclines, accorde la place prépondérante aux
la cystéamine, la N-acétylcystéine et la vitamine E. interaction avec les myofilaments, qu’il s’agisse d’une dénaturation
Sa confirmation repose probablement sur deux études plus récentes qui intracytoplasmique [83] ou d’une altération de leur transcription [29]. Dans la
authentifient le rôle du stress oxydatif intramitochondial par des approches première hypothèse, la doxorubicine induit une protéine-kinase,
différentes. probablement la protéine-kinase C (PKC), ou change son isoforme
Dans la première, des cardiomyocytes viables de rat isolés en suspension sont prédominante, par une action dont le site est en fait nucléaire, à l’origine d’une
examinés en microscopie laser-confocale de haute résolution, après avoir été phosphorylation des troponines I et C [83].
chargés en dichlorofluorescine, que l’oxydation rend fluorescente. Cette L’autre mécanisme d’atteinte des myofilaments, étayé par plusieurs modèles
fluorescence apparaît dans la région périmitochondriale 20 minutes après expérimentaux (cultures cellulaires, animales) a permis de montrer
l’exposition des cellules à la doxorubicine [68] . La surcharge calcique l’apparition d’une modification d’expression des isoformes de l’actine
mitochondriale proviendrait, dans cette hypothèse, des lésions de la paroi des myocytaire, lors de l’administration d’anthracyclines. Ainsi, l’élaboration
organites engendrées par les radicaux libres. d’acide ribonucléique messager (ARNm) de l’α-actine cardiaque est
La seconde preuve résulte de la résistance à la toxicité des anthracyclines préférentiellement réduite, ce qui pourrait rendre compte, par l’intermédiaire
qu’acquièrent des souris transgéniques surexprimant la manganèse-SOD d’une dégénérescence des microfilaments, d’une partie de la cardiotoxicité
(MnSOD), la SOD mitochondriale. L’administration de doxorubicine n’y des anthracyclines.
entraîne pas de lésions cardiaques, suggérant également que la prévention de Le mécanisme nucléaire (radicaux libres, action intercalante) n’en est, en
stress oxydatif intramitochondrial déclenché par le médicament prévient sa revanche, pas connu [59]. Cette réduction d’expression de gènes d’α-actine est
toxicité. La pierre angulaire que représente la mitochondrie est enfin associée à celle d’autres gènes de protéines contractiles : chaîne légère 2 de la
documentée par le fait qu’aucune lésion extramitochondriale (vacuolisation myosine, troponine I, créatine-kinase, et précède la raréfaction des
du RS, lésions des myofilaments) n’apparaît lorsque les mitochondries sont myofilaments observée après administration d’anthracyclines [29].
protégées par la MnSOD [26].
Une dernière hypothèse physiopathologique moderne, née du fait que les
Dans cette théorie, les anions peroxydes formés agissent sur plusieurs canaux anthracyclines sont de puissants inducteurs d’apoptôse sur les cellules
ioniques myocytaires, en particulier calciques (fig 7). tumorales, a été réfutée, dans la mesure où le médicament n’induit aucune
– Canal de libération calcique du RS (récepteur de la ryanodine). C’est le lésion apoptique expérimentalement sur les cardiomyocytes [98].
mécanisme le plus important, sous-tendu par la réduction des groupes
sulfhydriles des protéines transmembranaires du canal. La doxorubicine y Aspects cliniques
exercerait des effets voisins de la caféine : ouverture du canal, libération des
stocks calciques des citernes terminales du RS, dont la déplétion se manifeste Complications aiguës
classiquement par une dysfonction contractile de type « fréquence-
dépendante » (n’apparaissant que lorsque la fréquence de contraction croît). Plusieurs types de complications aiguës ont été rapportés au décours de
Une telle dysfonction « fréquence-dépendante » est observée après perfusions d’anthracyclines, surtout de doxorubicine.
administration de doxorubicine dans plusieurs modèles expérimentaux.
Les progrès de l’électrophysiologie cellulaire ont remis en cause la simplicité • Troubles rythmiques
de ce schéma, dans la mesure où le mécanisme de l’augmentation du calcium – Fibrillation auriculaire paroxystique, souvent résolutive quelques heures
intracellulaire a pu être précisé et analysé parallèlement aux séquences du après l’arrêt de perfusions, mais dont les liens de causalité sont souvent
couplage excitation-contraction et de la cinétique de la contraction. Peu de difficiles à établir en dehors d’épisodes itératifs à chaque cycle.
temps (3 heures) après son administration, en effet, la doxorubicine entraîne – Multiples extrasystoles auriculaires ou ventriculaires, exceptionnellement
dans un modèle expérimental de muscle papillaire, une augmentation de la tachycardie ou fibrillation ventriculaires [75, 81].
force de contraction (+ 269 %), dont elle modifie cependant la cinétique en Leur mécanisme de survenue n’est pas établi, mais relève probablement d’une
retardant l’apparition du pic de contraction (+75 %) et en prolongeant le interaction avec les canaux ioniques et les courants transmembranaires [97].
temps de relaxation (+ 54 %). Ce délai avant le pic de contraction est dû à la
diminution de la libération de calcium par le RS, dont témoigne, sur des Ces troubles rythmiques sont en fait assez rares par rapport aux simples
cardiomyocytes isolés, la réduction du « transient calcique ». L’augmentation modifications de l’ECG qui peuvent apparaître au décours d’une perfusion de
du calcium intracytoplasmique provient donc d’une autre source, mise en doxorubicine, tachycardie sinusale, modification des ondes T et, à un moindre
évidence dans la même étude électrophysiologique, à savoir un allongement degré, allongement de l’espace QT (possiblement par inhibition du courant
de la durée du potentiel d’action (+ 62 %) par blocage du courant sortant Ik) et modification du voltage des ventriculogrammes [75, 97].
potassique retardé Ik (− 44 %), permettant une entrée de calcium • Défaillance cardiaque aiguë
intracellulaire prolongée par le canal calcique du sarcolemme [97].
– Canal calcique du sarcolemme (récepteur aux dihydropyridines). C’est le Ce type de complication, dont plusieurs observations ont été rapportées [75, 78]
canal qui permet l’entrée du calcium extracellulaire dans le cytosol (laquelle est exceptionnel mais particulièrement grave puisqu’il peut précipiter un
déclenche l’ouverture du canal à la ryanodine, puis la contraction). La patient vers l’insuffisance cardiaque sévère et définitive en quelques
phosphorylation des protéines canalaires par une kinase AMPc-dépendante semaines. La prépondérance chez l’enfant pourrait être expliquée par la
permet son ouverture. Les anthracyclines déclencheraient ce mécanisme. moindre efficience des systèmes détoxifiant les radicaux libres, c’est-à-dire,
pour le cœur, essentiellement le cycle glutathion.
– Ca-ATPase du sarcolemme. Une inhibition de ce transporteur a été
rapportée, mais son rôle physiologique accessoire en limite la portée.
Complications chroniques
L’action des anthracyclines (par l’intermédiaire des radicaux libres ?) sur les
canaux calciques aboutit ainsi à une élévation du calcium cytosolique, qui Les anthracyclines entraînent une toxicité cardiaque cumulative, se
peut expliquer l’hypercontractilité initiale observée dans les modèles manifestant d’abord par une altération de la fonction diastolique ventriculaire
page 5
11-048-C-10 COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT Cardiologie-Angéiologie
Tableau I. Tableau II. – Parallélisme entre les lésions anatomiques et leur traduction
hémodynamique et échographique.
Dose cumulative à partir
Molécule Spécialité de laquelle Histologie : Hémodynamique :
la cardiotoxicité pourcentage pression capillaire
doit être redoutée de myocytes pulmonaire Échographie
Doxorubicine AdriblastineT 400 à 500 mg/m2 atteints (mmHg)
Zorubicine RubidazoneT 1 500 mg/m2 Grade I 5% 7 < Pcap < 10 Allongement temps de
relaxation isovolumétrique
Épidoxorubicine FarmorubicineT 800 mg/m2(1)
Grade II A 5 - 15 % Dysfonction diastolique
Idarubicine ZavedosT 225 mg/m2(1)
Grade II 16 - 25 % 15 < Pcap < 20 Dysfonction systolique
Iodoxorubicine (1) débutante
Aclacynomycine-A AclacinomycineT (2) Grade III > 35 % Pcap > 20 Insuffisance cardiaque
Pcap : pression capilaire.
Amsacrine AmsidineT (2)
Remarques :
(1) Cardiotoxicité répétée inférieure à celle de la doxorubicine, surtout pour le mitoxantrone. En fait, tout dépend de la
dose cumulative.
(2) Surtout troubles rythmiques ventriculaires, potentiellement graves, favorisés par l’hypokaliémie.
pour des doses cumulatives de doxorubicine de 200 mg/m2 [67] puis par une
atteinte de la fonction systolique, à partir de 450-600 mg/m2, seuil variable
d’un patient à l’autre et parfois plus élevé.
Si la première reste le plus souvent asymptomatique, la seconde peut conduire
à l’insuffisance cardiaque clinique, qui seule a été prise en compte dans les
premières études publiées. Bristow retrouve ainsi, en analysant le suivi de
3 941 patients traités par anthracyclines, 88 insuffisances cardiaques. En
dessous d’une dose cumulative de 400 mg/m2, 0,14 % des patients sont
touchés, alors que cette proportion s’accroît à 7 % pour 550 mg/m2 et 18 %
au-delà de 700 mg/m2. L’augmentation rapide de cette courbe dose-toxicité à
partir de 500-550 mg/m2, a généralement fixé la zone toxique à partir de
550 mg/m2, et conduit à ne pas la dépasser [75, 78].
E
Une grande variabilité interindividuelle existe cependant, certains patients
étant atteints pour des doses moindres alors que d’autres tolèrent A flux mitral
1 000 mg/m2, voire plus [75, 78]. La toxicité dépend également de la nature de
l’antracycline utilisée (tableau I).
Certaines circonstances de survenue favorisantes ont été rapportées : âge
avancé, association à d’autres antimitotiques, surtout le cyclophosphamide,
ou à une radiothérapie médiastinale [93]. Il faut également souligner la plus flux aortique temps de relaxation
grande sensibilité des enfants, peut-être du fait de la moindre efficacité du isovolumétrique (TRI)
système antioxydant qu’est le glutathion [31, 60]. Ainsi, 32 % des enfants ayant
reçu une dose cumulative maximale de 410 mg/m2 présentent-ils des signes
de dysfonction ventriculaire gauche en échographie à la fin du traitement. La
moitié des enfants en rémission de LA lymphoblastique ayant reçu de la A A
doxorubicine ont des signes échographiques de dysfonction ventriculaire E TRI
A E
gauche tardive [40]. E
La présence d’une cardiopathie sous-jacente majore aussi le risque et doit être
prise en considération avant de débuter le traitement. Si toute cardiopathie F
F
préexistante accompagnée d’un retentissement sur la fonction ventriculaire F
gauche systolique paraît un facteur limitant, les difficultés proviennent surtout TRI TRI TRI
des cardiopathies dont la décompensation pourrait survenir secondairement :
sténose coronaire (infarctus myocardique), valvulopathie (trouble 8 Surveillance échographique du traitement par anthracyclines.
rythmique). La situation inverse (cardiopathie non problématique), tout aussi
difficile, ne doit pas priver le patient de la chimiothérapie. permet de déceler la cardiopathie débutante pour Mason. Des scores semi-
quantitatifs ont été proposés par Billingham pour quantifier l’atteinte
Complications tardives histologique au cours du traitement. Leur champ d’application est limité par
Leur survenue, plusieurs années après la fin du traitement grève l’évolution la difficulté d’assurer un suivi régulier du patient par des biopsies itératives,
de 5 à 10 % de patients supplémentaires d’un mauvais pronostic tardif. Ainsi, même s’il s’agit de prélèvements ventriculaires droits, cependant considérés
parmi les 115 enfants explorés par Lipshultz, cinq développent une moins fiables et plus dangereux [75]. Aussi, d’autres techniques non invasives
insuffisance cardiaque patente dans les 11 ans qui suivent le traitement et 57 % sont-elles régulièrement utilisées dans le but d’essayer de dégager un
sont atteints d’une dysfonction ventriculaire gauche à l’échographie [40]. parallélisme avec les lésions histologiques (tableau II). Toutes se heurtent
Steinherz retrouve le même phénomène chez l’adulte, avec une ampleur néanmoins au même écueil : elles sont peu sensibles, ne détectent pas les
toutefois moindre : neuf insuffisances cardiaques, 18 % de dysfonction lésions dénuées de retentissement sur la fonction myocardique (diastolique
systolique asymptomatique chez 201 patients suivis de 4 à 10 ans [81]. et/ou systolique), et comportent toujours le risque de voir une altération
fonctionnelle tout juste décelable progresser malgré l’interruption du
Les anomalies échocardiographiques des survivants asymptomatiques ayant
traitement.
reçu des anthracyclines pour une affection maligne sont confirmées par les
données fonctionnelles. Ainsi, 6 ans après des doses modérées de La technique de routine est l’échographie cardiaque. Les paramètres de
doxorubicine (292 mg/m2), les enfants de l’étude de Johnson ont une V̇O2 relaxation ventriculaire gauche sont les premiers atteints (fig 8) : des signes
max plus faible que celle des témoins (1,3 L/min) et à l’effort une précoces tels qu’une inversion du rapport E/A (inférieur à 1) du flux
augmentation moindre du débit cardiaque à chaque palier, par rapport aux transmitral, une décélération de l’onde E et une augmentation du temps de
témoins, alors que leur index cardiaque paraît normal au repos [31]. relaxation isovolumétrique, précèdent les premiers signes de toxicité que sont
l’apparition d’une hypokinésie septale, une variation de la fraction de
Surveillance raccourcissement du ventricule gauche (significative à partir de 20 %), une
décélération rapide de la pente EF et une rediminution du temps de relaxation
La surveillance du traitement est difficile. Les signes de cardiotoxicité isovolumétrique (fig 8). Plusieurs travaux consacrés à l’analyse de la fonction
apparaissent souvent à distance de la dernière injection et peuvent progresser diastolique au cours des traitements itératifs ont confirmé la validité de cette
alors que la drogue a été interrompue [75, 78]. Seule la biopsie endomyocardique approche, à la suite de Lee [38], puis Marchandise, qui le premier avait montré
page 6
Cardiologie-Angéiologie COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT 11-048-C-10
page 7
11-048-C-10 COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT Cardiologie-Angéiologie
Autres anthracyclines et apparentés aussi, la vérification de la kaliémie est de règle avant l’administration. Des
modifications de la repolarisation sont souvent enregistrées sur l’ECG au
La daunorubicine (Cérubidinet) et la zorubicine (Rubidazonet) ont une décours du traitement [94].
toxicité voisine de celle de la doxorubicine, n’apparaissant en général pas en
deçà de 600 mg/m2 et de 1 500 mg/m2 respectivement, doses équivalentes en
termes de toxicité à environ 450 mg/m2 de doxorubicine. Agents alkylants
La 4’-épidoxorubicine ou épirubicine (Farmorubicinet) est un isomère de la La cyclophosphamide (Endoxant) est un agent alkylant particulièrement
doxorubicine qui en diffère par l’orientation du groupe hydroxyle sur le utilisé en cancérologie. Sa toxicité aiguë, dépendante de la dose, est bien
carbone 4. Son efficacité anticancéreuse est au moins aussi puissante que celle connue [23]. Elle se manifeste par une défaillance cardiaque aiguë, avec
de la doxorubicine, mais sa cardiotoxicité n’apparaîtrait que pour des doses altération des paramètres de fonction ventriculaire gauche et augmentation
cumulatives plus élevées [13, 35, 87]. de la masse cardiaque (œdème interstitiel), plus rarement une réaction
Des posologies élevées (105-150 mg/m2 tous les 21 jours) gagneraient en péricardique d’abondance variable, habituellement régressive en plusieurs
efficacité anticancéreuse sans aggraver le risque cardiaque, mais laissent jours ou semaines. La défaillance ventriculaire gauche survient lorsque de
entrevoir la possibilité ou la nécessité de l’administrer en conjonction avec fortes doses sont employées, supérieures ou égales à 60 mg/kg/j. Elle est
l’ICRF-187. surtout le fait des conditionnements avant greffe de moelle et sa fréquence
était bien supérieure (22 à 62 %) lorsque des posologies de 180 mg/kg étaient
La 4-déméthoxydaunorubicine ou idarubicine (Zavedost), obtenue par
administrées en une seule injection quotidienne. Le fractionnement en deux
substitution du groupe méthoxy par un hydrogène, garde l’efficacité injections quotidiennes (174 mg/kg) permettrait de limiter l’altération de la
anticancéreuse de sa parente, mais aurait une cardiotoxicité aiguë moindre sur fonction systolique régulièrement observée [4].
plusieurs modèles expérimentaux. Les résultats de quelques essais
thérapeutiques ont été publiés et semblent confirmer cette moindre toxicité L’atteinte cardiaque se manifeste histologiquement par une nécrose
aiguë chez l’homme. La toxicité cumulative pourrait également être moins hémorragique avec œdème interstitiel et dépôts fibrineux, associés à des
importante. Ainsi, dans l’étude de Villani [92], pour des doses cumulatives de lésions endothéliales, avec souvent présence de microthrombi qui majorent
65 mg/m2 par voie intraveineuse (13 mg/m2 par cure) et 225 mg/m2 per os l’ischémie. Des bandes de contraction sont d’ailleurs souvent constatées dans
(45 mg/m2 par cure), cinq patients sur 33 seulement ont une diminution les myofilaments.
modérée de leur contractilité (pourcentage de raccourcissement des fibres Le mécanisme est assez mal compris, mais semble passer par une interaction
circulaires, intervalles systoliques, ventriculographie isotopique). Cette étude avec le gluthathion : le modèle expérimental développé par Friedman montre
a néanmoins le défaut de ne comparer que deux voies d’administration d’un que la cardiotoxicité est considérablement accrue (mortalité 100 %) lorsque
même produit, à des doses cumulatives faibles, qui ne permettent sans doute des rats sont prétraités par le BSO, qui déplète les cellules en glutathion, et au
pas de présumer une meilleure tolérance, à long terme et à fortes doses, que contraire réduite en présence de glutathion [22].
celle de la doxorubicine. Quelques arguments cliniques semblent toutefois La cyclophosphamide diminuerait le pool de glutathion cellulaire ; d’autres
montrer une faible cardiotoxicité dans ces conditions [45]. médicaments (BCNU) agiraient de même et potentialisent la cardiotoxicité
La substitution en 4’ du sucre daunosamine par un iode conduit à de la cyclophosphamide [12]. Une reconstitution des stocks de glutathion
l’iodoxorubicine, qui serait plus hydrophobe, et dont la pénétration limiterait la toxicité de la cyclophosphamide et du BCNU (Carmustinet ou
intracellulaire serait accrue. Une étude de phase I a été réalisée, permettant de Bicnut) [86].
conclure à la faible cardiotoxicité aiguë, mais peu de données sur l’évolution L’ifosfamide (Holoxant), dérivé de la cyclophosphamide, peut engendrer des
à long terme sont disponibles [57]. troubles rythmiques, essentiellement supraventriculaires. Les troubles de
Parmi les dérivés anthraquinones, la mitoxantrone (Novantronet) a été la plus repolarisation sont fréquents [32], de signification peu claire.
étudiée. Elle associe à l’action intercalante des anthracyclines une
« intercalation monobrin » et une interaction avec les protéines nucléaires. Sa 5-fluorouracile
toxicité cardiaque cumulative serait plus faible que celle des anthracyclines
et une équivalence de risque d’altération de la fonction ventriculaire gauche a La toxicité cardiaque du 5-fluorouracile (5-FU) compte parmi ses principaux
été proposée : 10 % des patients à 170 mg/m 2 de mitoxantrone ou à facteurs limitants. Elle atteint une proportion non négligeable des patients
500 mg/m2 de doxorubicine. Une difficulté d’interprétation des résultats vient traités, dont le nombre est lui-même important et dont l’âge souvent avancé
du fait que nombre de malades ont déjà reçu des anthracyclines auparavant. Il (cancers digestifs, ORL) expose au risque de pathologie cardiovasculaire
est habituel, dans ce cas, de ne traiter que des patients ayant reçu moins de sous-jacente qui majore le risque de toxicité cardiaque du médicament.
350 mg/m2 de doxorubicine, dont la fraction d’éjection est normale, et de L’incidence de cette complication, qui atteint 1,6 % à 7,6 % des malades
[14, 21], quadruplerait (passant dans une étude de 1,1 % à 4,5 %) en présence
limiter la dose cumulative de mitoxantrone à 100 mg/m 2 (au lieu de
170 mg/m2). d’une cardiopathie préalable.
L’un des avantages majeurs de la mitoxantrone résiderait dans le caractère Plusieurs types de manifestations ont été rapportés, comprenant des cas
plus progressif de sa toxicité myocardique. À la différence de ce qui peut être d’insuffisance cardiaque aiguë réversible [9, 21], des hypotensions plus ou
observé avec la doxorubicine, l’altération de la fonction ventriculaire gauche, moins sévères, associées ou non à des troubles de repolarisation à l’ECG [14].
une fois apparue, serait plus lente lors de la (des) administration(s) La complication le plus fréquemment rencontrée avec les posologies de
suivante(s). Les données rassemblées de plusieurs études (867 patients) de 1 000 mg/m2/j répétées 4 à 5 jours de suite, que l’on utilise actuellement, est
cardiotoxicité comparant la doxorubicine (dose cumulative 400 mg/m2) à la la survenue de manifestations évocatrices d’ischémie myocardique, douleurs
mitoxantrone (160 mg/m 2 ) semblent montrer une moindre fréquence angineuses, troubles de repolarisation plus ou moins sévères, infarctus
d’insuffisance cardiaque (0,9 % versus 3,1 %) et d’altération de la fraction myocardique. Elles atteignent 7,6 % des 367 patients de l’étude de Forni,
d’éjection ventriculaire gauche (−7,5 % versus −13,1 %) chez ceux qui ont responsables de 2,2 % de décès [14]. Plus fréquentes chez les coronariens, elles
été traités par la seconde, en particulier s’ils sont âgés [2]. se voient régulièrement aussi chez des sujets indemnes de coronaropathie, à
coronaires normales à l’angiographie [9, 14, 21] . Leur mécanisme reste
L’aclacinomycine-A ou aclarubicine (Aclacinomycinet) est une controversé et deux théories s’opposent encore pour les expliquer. Dans la
anthracycline de seconde génération, utilisée surtout dans le traitement des première, l’ischémie joue le rôle prédominant. Le déclenchement d’un
LA granuleuses. Sa cardiotoxicité diffère de celle des autres anthracyclines spasme coronaire par l’injection d’un bolus de 5-FU a ainsi pu être mis en
dans la mesure où une détérioration progressive de la fonction ventriculaire évidence par Luwaert au cours d’une coronarographie [44]. À l’inverse,
gauche est rarement observée [66]. En revanche, des épisodes d’insuffisance Rezkalla [ 6 2 ] et de Forni [ 1 4 ] , qui n’ont pu confirmer ce mécanisme
cardiaque transitoire et surtout des troubles du rythme ont été décrits au vasospastique, en recourant à la même méthode chez leurs patients,
décours de l’administration [66]. privilégient l’autre hypothèse physiopathologique qui repose sur une toxicité
La plupart des épisodes rapportés sont des accès d’hyperexcitabilité myocardiaque directe et non secondaire à l’ischémie. Le 5-FU est en effet
ventriculaire, allant de la survenue d’extrasystoles en nombre variable, métabolisé en fluoro-bêta-alamine (FBAL), convertie en fluoroacétate (FAC),
souvent polymorphes, complexes et répétitives, à des accès de tachycardie considéré comme le métabolite cardiotoxique car sa dégradation en
ventriculaire (TV) et/ou de fibrillation ventriculaire (FV). Une arythmie fluorocitrate bloque le cycle de Krebs.
ventriculaire grave TV ou FV est survenue chez 6 % (3/48) des patients de L’augmentation progressive du rapport FAC/autres catabolites du 5-FU,
Rowe [66]. observée en spectrographie par résonance magnétique (RMN) par de Forni
Le mécanisme de ces troubles rythmiques est mal connu. Une surveillance au cours des 3 jours consécutifs du traitement par le 5-FU, plaiderait dans ce
attentive de la kaliémie est conseillée, des intervalles QT longs et des épisodes sens, la majorité des complications cliniques survenant au troisième jour (2 à
de torsades de pointe ayant été notés. 5) dans leur étude [14].
La toxicité de l’amsacrine (Amsidinet), agent intercalant utilisé dans le Ce mécanisme a été remis en question par Lemaire, à partir d’un modèle
traitement des LA, peut être rapprochée de la description précédente. Des expérimental sur cœur de rat isolé perfusé avec du 5-FU (fibrillation
épisodes de défaillance cardiaque, souvent graves, parfois mortels, ont été ventriculaire constante en 3 à 5 heures) ou du FBAL (aucune cardiotoxicité,
décrits [94], ainsi que des troubles rythmiques ventriculaires (TV, FV). Là absence de détection de FAC dans le liquide de perfusat). L’analyse des
page 8
Cardiologie-Angéiologie COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT 11-048-C-10
ampoules de 5-FU en spectroscopie par RMN montre alors qu’à côté du pic d’hypotension et de tachycardie réalisant un syndrome hyperkinétique.
de 5-FU existent plusieurs dérivés en petite quantité, dont le fluoro- Celui-ci peut se compliquer, en cas d’atteinte coronarienne préexistante,
acétaldéhyde, qui n’est autre que le produit dégradé ultérieurement en FAC d’angor instable, d’infarctus myocardique. L’existence d’antécédents
(et non le 5-FU lui-même) [ 3 9 ] . Les implications ultérieures de ces coronariens est en principe une contre-indication de l’IL2 [65].
constatations, qui nécessitent probablement d’être vérifiées, restent à En prenant ces précautions, la fréquence des accidents coronariens graves
déterminer. atteint 1 % [65]. Aussi, une évaluation préliminaire de la réserve coronarienne
Le traitement de la cardiotoxicité du 5-FU, symptomatique en cas par un tracé d’effort lorsqu’il est possible, ou par une scintigraphie au thallium
d’hypotension, de défaillance cardiaque ou d’une ischémie myocardique sous dipyridamole est-elle raisonnable.
d’allure spastique, repose surtout sur la prévention. Lorsqu’une cardiotoxicité D’autres accidents ont été rapportés, en particulier rythmiques : tachycardies
a eu lieu lors d’une première cure, elle a deux chances sur trois de se supraventriculaires, extrasystoles ventriculaires, TV [65, 89]. Des troubles
reproduire à la cure suivante, dont l’évolution peut être défavorable. Aucun conductifs peuvent également survenir, tels qu’un BAV [89].
traitement de type vasodilatateur (nitrés) ou antispastique (dérivés calciques)
Enfin, une myocardite lymphocytaire et éosinophile a été plusieurs fois
n’a montré jusqu’à présent d’efficacité préventive sur les récidives lors des
constatée chez des patients traités par IL2 [71]. Elle se manifeste par une
traitement ultérieurs. Aussi, la meilleure prévention consiste-t-elle à recourir
insuffisance cardiaque parfois fébrile, avec élévation des créatine-
à un autre antimitotique au décours d’un épisode de cardiotoxicité, à éviter le
phosphokinase (CPK) autour du sixième ou septième jour de traitement. Elle
5-FU chez le coronarien avéré, et à dépister la maladie coronaire avant
s’associe souvent à des troubles rythmiques ou conductifs, sans qu’il ait pu
traitement chez les patients à risque.
clairement être démontré qu’elle représentait le support anatomopathologique
La conduite à tenir vis-à-vis des patients asymptomatiques dont des troubles du rythme observés au cours du traitement [71].
l’enregistrement Holter retrouve des modifications inattendues de la
La physiopathologie de cette myocardite n’est pas encore bien comprise.
repolarisation au cours du traitement (jusqu’à 30 % des sujets traités) n’est
L’IL2 est un élément de la réponse immunitaire contre des cardiocytes
pas définie.
infectés par un virus, et elle est mise en jeu dans les myocardites virales
Une complication particulière mérite d’être mentionnée, compte tenu de la expérimentales, comme l’atteste la moindre extension des lésions lorsqu’on
fréquence des chimiothérapies comportant du 5-FU, c’est l’injection bloque sa production par la ciclosporine A, ou son action par des anticorps
intrapéricardique au décours d’une effraction par le cathéter, réalisant une antirécepteurs de l’IL2. Une réactivation d’un processus myocarditique
péricardite inflammatoire de résorption retardée [7]. jusque-là contrôlé a donc été suggérée. Une myocardite d’hypersensibilité est
néanmoins aussi fortement possible [71].
Paclitaxel
Ciclosporine
Le paclitaxel (Taxolt) et son dérivé le taxotère, récemment développés dans
le traitement de seconde intention des cancers de l’ovaire et du sein, Elle a considérablement amélioré le pronostic des greffes d’organes. Elle
interagissent avec les microtubules en polymérisant la tubuline. entraîne cependant des lésions des cellules endothéliales vasculaires, à
l’origine d’une hypertension artérielle, dont les mécanismes ne sont pas
Leur emploi occasionne une bradycardie sinusale asymptomatique chez 29 % complètement clarifiés. Elle ne paraît pas secondaire à l’insuffisance rénale
des patients, mais peut aussi exposer à des complications rythmiques plus en général associée, mais à une élévation des résistances vasculaires
sévères, dans environ 5 % des cas, marquées par des troubles de conduction systématiques, due à une hypertonie sympathique, à une réduction de la
symptomatiques, des épisodes de TV, ou d’ischémie myocardique [67]. production de prostacycline, à une vasodilatation endothélium-dépendante
La survenue au deuxième jour des traitements d’une insuffisance cardiaque altérée. La proportionnalité entre les concentrations sanguines de ciclosporine
rebelle, avec une histologie conventionnelle normale et présence de corps et les résistances vasculaires systémiques a ainsi été démontrée [72].
lamellaires sous-membranaires en microscopie électronique, a été À l’inverse, la ciclosporine ne semble pas majorer la sécrétion d’endothéline,
rapportée [30]. La place réelle de cette complication du traitement n’est pas dont les concentrations plasmatiques sont normales [19].
encore précisée. Les patients n’y seraient pas plus exposés lorsqu’ils sont déjà
atteints d’un retentissement ventriculaire gauche asymptomatique des Enfin, la ciclosporine peut être à l’origine d’une dysfonction ventriculaire
anthracyclines [12] , mais là aussi les données disponibles sont encore gauche diastolique, décrite chez un transplanté cardiaque indemne de tout
insuffisantes. phénomène de rejet, et rapidement régressive à l’arrêt du traitement [80]. Le
mécanisme en demeure encore inconnu.
Immunomodulateurs Tacrolimus
Plusieurs agents thérapeutiques, récemment apparus dans la pharmacopée, Le tacrolimus (FK 506), immunosuppresseur préférentiellement utilisé dans
sont regroupés dans ce paragraphe et ont une cardiotoxicité potentielle. le traitement des rejets des transplants hépatiques résistant à la ciclosporine, a
été incriminé dans le déclenchement possible de cardiomyopathies
Interféron-alpha hypertrophiques, rapportées chez cinq enfants transplantés et compliquées de
défaillance ventriculaire gauche chez trois d’entre eux [5].
L’interféron-alpha, qui associe à son action immunomodulatrice une activité
La symptomatologie, qui apparaît entre 2 et 5 semaines après le début du
antiproliférative et antivirale, a une cardiotoxicité potentielle connue depuis
traitement, semble dose-dépendante et a régressé ou s’est amélioré trois fois
plusieurs années. Néanmoins, les quatre cas d’infarctus myocardiques qui
sur cinq à l’arrêt du traitement [1]. Des observations semblables ont été
avaient fait interrompre les essais cliniques du médicament en France en 1982
rapportées chez l’adulte, justifiant la surveillance échocardiographique [16].
sont probablement fortuits [15], comme ceux qui ont été rapportés dans la
littérature étrangère dans les années qui suivirent et dont Cohen a fait
remarquer qu’ils survenaient tous chez des patients aux antécédents Radiothérapie
coronariens connus [10]. Il semble prudent, chez un coronarien, de discuter
attentivement les indications éventuelles du traitement. La plupart des complications cardiaques de la radiothérapie atteignent des
Les complications les plus fréquentes sont des accès d’hypotension, parfois patients traités pour une maladie de Hodgkin et, à un moindre degré, des
d’hypertension, et une tachycardie, rarement des troubles rythmiques [10, 15]. femmes traitées pour un cancer du sein. Le mauvais pronostic des autres
tumeurs thoraciques irradiées (bronches, œsophage), permet probablement
En fait, il semble également exister une cardiomyopathie progressive, d’expliquer cette surreprésentation, avec le fait que les LNH médiastinaux
pouvant apparaître lors de traitements prolongés. Un cas en a été rapporté lors sont plutôt traités par chimiothérapie. La fréquence des complications
du traitement d’un patient atteint de cancer rénal métastasé [10] et trois autres cardiaques de l’irradiation dépend de la dose administrée, de son
chez des patients traités pour sarcome de Kaposi associé à l’infection HIV- fractionnement, du champ (cache sous-carinal de protection myocardique) et
1 [15]. Dans ce dernier cas, l’interruption du traitement a entraîné la régression de son orientation (toxicité des champs antérieurs exclusifs utilisés il y a 20
de la symptomatologie clinique de défaillance cardiaque. ou 30 ans pour prévenir les myélites radiques).
Interleukine-2 Une irradiation cardiaque supérieure à 35 Gy entraîne quasi constamment, des
lésions cardiaques dont Brosius a fait la revue dans une série autopsique
Les complications cardiaques de l’administration d’interleukine (IL)2 sont détaillée de 16 adultes jeunes : 15 épaississements péricardiques (cinq
moins classiques. Les myocytes cardiaques expriment à leur surface des compressions), huit patients ayant une fibrose de l’interstitium myocardique
récepteurs des cytokines, de structure assez voisine de celle des récepteurs à exagérée, en particulier de la paroi antérieure du ventricule droit,
tyrosine-kinase, à deux chaînes également, et jouant un rôle important au 12 épaississements endocardiques pariétaux et 13 épaississements
cours des transplantations cardiaques. Le récepteur à l’IL2 est l’un d’entre valvulaires, six patients ayant au moins une sténose coronaire supérieure à
eux. 75 %, pour un seul dans le groupe témoin.
Le principal effet hémodynamique de l’IL2 [38] est cependant un syndrome de La radioprotection cardiaque fait appel, outre aux progrès récents du ciblage
perméabilité capillaire accrue, responsable d’œdèmes, de prise de poids, des champs par l’imagerie TDM et IRM, au ciblage temporel ou dynamique.
page 9
11-048-C-10 COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT Cardiologie-Angéiologie
A B C
9 A. Échographie : cathéter dans l’oreillette droite (flèche). C. Même fragment de cathéter visualisé sous amplificateur de brillance lors de son retrait.
B. Fragment de cathéter embolisé dans le ventricule droit, non visible sur le cliché
pulmonaire, découvert à l’échographie (flèche).
Ainsi, le volume cardiaque inclus dans le champ d’irradiation d’un cancer du Complications cardiaques non spécifiques
sein dépend de la ventilation. Il diminue de 40 % (11 cm 3 ) lorsque
l’irradiation est délivrée en fin d’inspiration, et augmente de 21 % (4 cm3)
des traitements anticancéreux
lorsqu’elle l’est en fin d’expiration [52].
page 10
Cardiologie-Angéiologie COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT 11-048-C-10
Références
[1] Atkison P, Joubert G, Barron A, Grant D, Paradis K, Seid- [29] Ito H, Miller SC, Billingham ME, Akimoto H, Torti SV, Wade [57] Mross K, Mayer V, Langenbuch T, Hamm K, Burk K, Hoss-
man E et al. Hypertrophic cardiomyopathy associated with R et al. Doxorubicin selectively inhibits muscle gene expres- feld D. Toxicity, pharmacokinetics and metabolism of iodoxo-
tacrolimus in paediatric transplant patients. Lancet 1995 ; sion in cardiac muscle cells in vivo and in vitro. Proc Natl rubicin in cancer patients. Eur J Cancer 1990 ; 26 :
345 : 894-896 Acad Sci USA 1990 ; 87 : 4275-4279 1156-1162
[2] Benjamin RS. Rationale for the use of mitoxantrone in the [30] Jekunen A, Heikkila P, Maiche A, Pyrhonen S. Paclitaxel- [58] Nataf P, Jault F, Pouzet B, Dorent R, Lima L, Vaissier E et al.
older patient: cardiac toxicity. Semin Oncol 1995 ; 22 induced myocardial damage detected by electron micros- Vidéochirurgie des épanchements péricardiques. Technique
(suppl 1) : 11-13 copy. Lancet 1994 ; 343 : 727-728 et résultats. Arch Mal Cœur 1996 ; 89 : 223-228
[3] Bottone AE, de Beer EL, Voest EE. Anthracyclines enhance [31] Johnson D, Perrault H, Fournier A, Leclerc JM, Bigras JL, [59] Papoian T, Lewis W. Adriamycin cardiotoxicity in vivo. Selec-
tension development in cardiac muscle by direct interaction Davignon A. Cardiovascular responses to dynamic submaxi- tive alterations in rat cardiac mRNAs. Am J Pathol 1990 ;
with the contractile system. J Mol Cell Cardiol 1997 ; 29 : mal exercise in children previously treated with anthracy- 136 : 1201-1207
1001-1008 cline. Am Heart J 1997 ; 133 : 169-173 [60] Pihkala J, Saarinen UM, Lundström U, Virtanen K, Virkola
[4] Braverman AC, Antin JH, Plappert MT, Cook EF, Lee RT. [32] Kandylis K, Vassilomanolakis M, Tsoussis S, Efremidis AP. K, Siimes MA et al. Myocardial function in children and ado-
Cyclophosphamide cardiotoxicity in bone marrow transplan- Ifosfamide cardiotoxicity in human. Cancer Chemother Pha- lescents after therapy with anthracyclines and chest irradia-
tation: a prospective evaluation of new dosing regimens. J marcol 1989 ; 24 : 395-399 tion. Eur J Cancer 1996 ; 32 A : 97-103
Clin Oncol 1991 ; 9 : 1215-1223
[33] Klatt EC, Heitz DR. Cardiac metastases. Cancer 1990 ; 65 : [61] Reeves WC, Griffith JW, Wood MA, Whitesell L. Exacerba-
[5] Callahan JA, Seward JB, Nishimura RA, Miller FA Jr, Ree- 1456-1459 tion of doxorubicin cardiotoxicity by digoxin administration in
der GS, Shub C et al. Two-dimensional echocardiographi- an experimental rabbit model. Int J Cancer 1990 ; 45 :
[34] Klewer SE, Goldberg SJ, Donnerstein RL, Berg RA, Hutter
cally guided pericardiocentesis: experience in 117 consecu-
JJ Jr. Dobutamine stress test in long-term follow-up in child- 731-736
tive patients. Am J Cardiol 1985 ; 55 : 476-479
hood cancer survivors treated with doxorubicin. J Am Coll [62] Rezkalla S, Kloner RA, Ensley J et al. Continuous ambula-
[6] Campbell PT, Wall TC, O’Connor et al. Subxiphoïd pericar- Cardiol 1991 ; 17 : 333 tory ECG monitoring during fluorouracil therapy. J Clin On-
dial biopsy and fluid analysis for diagnosis of malignancy or
infection in patients with large pericardial effusions. Circula- [35] Lahtinen R, Kuikka J, Nousiainen T, Uusitupa M, Länsimies col 1989 ; 7 : 509-514
tion 1989 ; 80 (suppl 2) : 667 E et al. Cardiotoxicity of epirubicin and doxorubicin: a [63] Roberts WC, Bodey GP, Wertlake PT. The heart in acute
double-blind randomized study. Eur J Haematol 1991 ; 46 : leukaemia: a study of 420 autopsy cases. Am J Cardiol
[7] Cathcart-Rake WF, Mowery WE. Intrapericardial infusion of 301-305
5-fluorocuracil. Cancer 1991 ; 67 : 735-737 1968 ; 21 : 388-395
[36] Le Marec H, Spinelli PD, Rosen MR. The effects of doxoru- [64] Roberts WC, Glancy DC, de Vita VT. Heart in malignant lym-
[8] Caulfied JB, Bittner V. Cardiac matrix alterations induced by bicin on ventricular tachycardia. Circulation 1986 ; 74 :
adriamycin. Am J Pathol 1988 ; 133 : 298-305 phoma. A study of 196 autopsy cases. Am J Cardiol 1968 ;
881-889 22 : 85-107
[9] Chaudary S, Thomas-Song SY, Jaski B. Profund, yet revers- [37] Lee BH, Goodenday LS, Muswick GJ, Yasnoff WA, Leighton
ible, heart failure secondary to 5-fluorouracil. Am J Med [65] Rosenberg SA, Lotze MT, Muul LM, Chang AE, Avis FP, Leit-
RF, Skeel RT. Alterations in left ventricular diastolic function man S et al. A progress report on the treatment of 157 pa-
1988 ; 85 : 454-456 with doxorubicin therapy. J Am Coll Cardiol 1987 ; 9 : tients with advanced cancer using lymphokine-activated
[10] Cohen MC, Huv-Berman MS, Nesto RW. Recombinant al- 184-188 killer cells and interleukin-2 or high-dose interleukin-2 alone.
pha 2-interferon-related cardiomyopathy. Am J Med 1988 ; [38] Lee RE, Lotze MT, Skibber JM et al. Cardiorespiratory ef-
85 : 549-551 N Engl J Med 1987 ; 316 : 889-897
fects of immunotherapy with interleukin-2. J Clin Oncol [66] Rowe JM, Chang AY, Benett JM. Treatment of refractory leu-
[11] Cole TO, Attah EB, Onyemelukwe GC. Burkitt’s lymphoma 1989 ; 7 : 7-20
pressenting with heart block. Br Heart J 1975 ; 37 : 94-96 kemia with aclacinomycin A. Bone Marrow Transplant 1989 ;
[39] Lemaire L, Malet-Martino MC, Longo S, Martino R, de Forni 4 (suppl 3) : 45-48
[12] Colleoni M, Nelli P, Vicario G, Sgarbossa G, Pancheri F, Ma- M, Carton M et al. Fluoroacetaldehyde as cardiotoxic impu-
nente P. Feasibility of paclitaxel in a patient with [67] Rowinsky EK, McGuire WP, Guarnieri T, Fisherman JS,
rity in fluorouracil [letter]. Lancet 1991 ; 337 : 560
anthracycline-induced congestive heart failure. Eur J Can- Christian MC, Donehower RC. Cardiac disturbances during
[40] Lipshultz SE, Colan SD, Gelber RD, Perez-Atayde AR, Sal- the administration of taxol. J Clin Oncol 1991 ; 9 : 1704-1712
cer 1997 ; 33 : 321-322
lan SE, Sanders SP. Late cardiac effects of doxorubicin
[13] Dardir MD, Ferrans VJ, Mikhael YS et al. Cardiac morpho- [68] Sarvazyan N. Visualization of doxorubicin-induced oxidative
therapy for acute lymphoblastic leukemia in childhood. N
logic and functional changes induced by epirubicin. J Clin stress in isolated cardiac myocytes. Am J Physiol 1996 ;
Engl J Med 1991 ; 324 : 808-815
Oncol 1989 ; 7 : 947-948 271 : H2079-H2085
[41] Loire R, Fareh S, Goineau P, Pinède L, Bizollon MH. Péricar-
[14] De Forni M, Malet-Martino MC, Jaillais P, Shubinski RE, Ba- dites post-radiothérapiques : étude clinique, évolutive et his- [69] Schaefer S, Shohet RV, Nixon JV, Peshock RM. Right ven-
chaud JM, Lemaire L et al. Cardiotoxicity of high-dose con- topathologique de 75 cas. Arch Mal Cœur 1996 ; 89 : tricular obstruction from cervical carcinoma: a rare single
tinuous infusion fluorouracil: a prospective clinical study. J 1357-1362 metastatic site. Am Heart J 1987 ; 113 : 397-399
Clin Oncol 1992 ; 10 : 1795-1801 [70] Schmitt K, Tulzer G, Merl M, Aichhorn G, Grillenberger A,
[42] Lopez JA, Ross RS, Fishben MC, Siegel RJ. Non bacterial
[15] Deyton LR, Walker RE, Kovacs JA, Herpin B, Parker M, Ma- thrombotic endocarditis. Am Heart J 1987 ; 113 : 773-784 Wiesinger G et al. Early detection of doxorubicin and dauno-
sur H et al. Reversible cardiac dysfonction associated with rubicin cardiotoxicity by echocardiography: diastolic versus
interferon alpha therapy in AIDS patients with Kaposi’s sar- [43] Lund JT, Ehman RL, Julsrud PL, Sinak LJ, Tajik AJ. Cardiac systolic parameters. Eur J Pediatr 1995 ; 154 : 201-204
coma. N Engl J Med 1989 ; 321 : 1246-1249 masses: assessment by MR imaging. Am J Roentgenol
1989 ; 152 : 469-475 [71] Schuchter LM, Hendricks CB, Holland KH, Shelton BK, Hut-
[16] Dhawan A, Mack DR, Langnas AN, Shaw BW, Vanderhoof chins GM, Baughman KL et al. Eosinophilic myocarditis as-
JA. Immunosuppressive drugs and hypertrophic cardiomy- [44] Luwaert RJ, Descamps O, Majois F, Chaudron JM, Beau- sociated with high-dose interleukin-2 therapy. Am J Med
opathy. Lancet 1995 ; 345 : 1644-1645 doin M. Coronary artery spasm induced by 5-fluorouracil. 1990 ; 88 : 439-440
Eur Heart J 1991 ; 12 : 468-470
[17] Dorr RT. Cytoprotective agents for anthracyclines. Semin [72] Scott JP, Higgenbottam TW, Hutter JA, Large S, Wallword J.
Oncol 1996 ; 23 (suppl 8) : 23-34 [45] Mandelli F, Annino L, Avvisati G, Giona F, Meloni G, Petti
Effects of the immunosuppressant cyclosporine on the circu-
MC et al. Idarubucin in acute leukaemia. Bone Marow Trans-
[18] Edoute M, Malberger E, Kuten A, Ben-Haim SA, Moscovitz lation of heart transplant recipients. Am J Cardiol 1991 ; 69 :
plant 1989 ; 4 (suppl 3) : 49-52
M. Cytologic analysis of pericardial effusion complicating ex- 628-632
tracardiac maligancy. Am J Cardiol 1992 ; 69 : 568-571 [46] Marchandise B, Schroeder E, Bosly A et al. Early detection
[73] Sedlis SP, Saffitz JE, Schwob VS, Jaffe AS. Cardiac amyloi-
of doxorubicin cardiotoxicity: interest of doppler echocardio-
[19] Edwards BS, Hunt SA, Fowler MB, Valantine HA, Anderson dosis simulating hypertrophic cardiomyopathy. Am J Cardiol
graphy analysis of left ventricular filling dynamics. Am Heart
LM, Lerman A. Effects of cyclosporine on plasma endothelin J 1989 ; 118 : 92-98 1984 ; 53 : 969-970
in humans after cardiac transplantation. Am J Cardiol 1991 ; [74] Shaddy RE, Olsen SL, Bristow MR, Taylor DO, Bullock EA,
67 : 782-784 [47] McBride W, Jackman JD, Grayburn PA. Prevalence and
clinical caracteristics of a high cardiac output state in pa- Tani LY et al. Efficacy and safety of metoprolol in the treat-
[20] Fermé C, Guillot T, Frija J, Miot C, Gisselbrecht C, Fermand tients with multiple myeloma. Am J Med 1990 ; 89 : 21-24 ment of doxorubicin-induced cardiomyopathy in pediatric pa-
JP et al. Modifications péricardiques post-radiques préco- tients. Am Heart J 1995 ; 129 : 197-199
ces au cours de la maladie de Hodgkin. Intérêt de la tomo- [48] McDonnel PJ, Mann RB, Bulkey BH. Involvement of the
heart by malignant lymphoma. Cancer 1982 ; 49 : 944-951 [75] Shan K, Lincoff M, Young JB. Anthracycline-induced car-
densitométrie. Presse Méd 1986 ; 15 : 1360-1363 diotoxicity. Ann Intern Med 1996 ; 125 : 47-58
[21] Freeman NJ, Costanza ME. 5-fluorouracil-associated car- [49] McKillop JH, Bristow MR, Goris ML, Billingham ME, Bocke-
muehl K. Sensitivity and specificity of radionuclide ejection [76] Shapira J, Gotfried M, Lishner M, Ravid M. Reduced car-
diotoxicity. Cancer 1988 ; 61 : 36-45 diotoxicity of doxorubicin by a 6-hour infusion regimen. Can-
fractions in doxorubicin cardiotoxicity. Am Heart J 1983 ;
[22] Friedman HS, Colvin OM, Aisaka K, Popp J, Bossen EH, 106 : 1048-1056 cer 1990 ; 65 : 870-873
Reimer KA et al. Glutathione protects cardiac and skeletal [77] Sileski-Iliskovic N, Hill M, Chow DA, Singal PK. Probucol
muscle from cyclophosphamid-induced toxicity. Cancer Res [50] Mefferd JM, Donaldson SS, Link MP. Pediatric Hodgkin’s dis-
ease: pulmonary, cardiac and thyroid function following com- protects against adriamycin cardiomyopathy without interfer-
1990 ; 50 : 2455-2462 ing with its antitumor effect. Circulation 1995 ; 91 : 10-15
bined modality therapy. Int Radiat Oncol 1989 ; 16 : 679-684
[23] Gottdiener JS, Appelbaum JR, Ferrans VJ et al. Cardiotoxic- [78] Singal PK, Iliskovic N. Doxorubicin induced cardiomyopa-
ity associated with high-dose cyclophosphamide therapy. [51] Miller DL, Katz NM, Pallas RS. Hepatoma presenting as right
atrial mass. Am Heart J 1987 ; 114 : 906-907 thy. N Engl J Med 1998 ; 339 : 900-905
Arch Intern Med 1981 ; 141 : 758-763
[52] Ming-Hui-Chen, Chuang ML, Bornstein AB, Gelman R, Har- [79] Singal PK, Sileski-Iliskovic N, Hill M, Thomas TP, Li T. Com-
[24] Green DM, Gingell RL, Pearge J, Panahon AM, Ghoorah J.
The effect of mediastinal irradiation on cardiac function of ris JR, Manning WJ. Impact of respiratory maneuvers on car- bination therapy with probucol prevents adriamycin-induced
patients treated during childhood and adolescence for diac volum within left-breast radiation portals. Circulation cardiomyopathy. J Mol Cell Cardiol 1995 ; 27 : 1055-1063
Hodgkin’s disease. J Clin Oncol 1987 ; 5 : 239-245 1997 ; 96 : 3269-3272 [80] Sistrionek P, Teufelsbauer H, Kreiner G et al. Relief of dias-
[25] Harrisson M, Tomlinson D, Stewart S. Liposomal-entraped [53] Minotti G, Mancuso C, Frustaci A, Mordente A, Santini SA, tolic cardiac dysfunction after cyclosporine withdrawal in a
doxorubicin: an active agent in AIDS-related Kaposi’s sar- Calafiore AM et al. Paradoxical inhibition of cardiac lipid per- cardiac transplant recipient. Eur Heart J 1993 ; 14 : 859-861
coma. J Clin Oncol 1995 ; 13 : 914-920 oxidation in cancer patients treated with doxorubicin. J Clin [81] Steinherz LJ, Steinherz PC, Tan CT, Heller G, Murphy ML.
[26] Hsiu-Chuan Y, Oberley TD, Vichitbandha S, Ye-Shih HO, St Invest 1996 ; 98 : 650-661 Cardiac toxicity 4 to 20 years after completing anthracyclin
Clair DK. The protective role of manganese superoxide dis- [54] Monsuez JJ, de Kerviler E, Barboteu M, Pautier P, Simon D, therapy. JAMA 1991 ; 266 : 1672-1677
mutase against adriamycin-induced acute cardiac toxicity in Frija J et al. Non-Hodgkin’s lymphoma related eosinophilic [82] Stoddard MF, Seeger J, Liddel NE, Hadley TJ, Sullivan DM,
transgenic mice. J Clin Invest 1996 ; 98 : 1253-1260 endomyocardial disease. Eur Heart J 1994 ; 15 : 1423-1427 Wupersmith J. Prolongation of isovolumetric relaxation time
[27] Ikäheimo MJ, Niemelä KO, Linnaluoto MM, Jakobsson MJ, [55] Monsuez JJ, Douard MC, Martin-Bouyer Y. Catheter frag- as assessed by doppler echocardiography predicts
Takkunen JT, Taskinen PJ et al. Early cardiac changes re- ments embolization. Angiology 1997 ; 48 : 117-120 doxorubicin-induced systolic dysfunction in humans. J Am
lated to radiation therapy. Am J Cardiol 1985 ; 56 : 943-946 [56] Monsuez JJ, Frija J, Hertz-Pannier L, Miclea JM, Extra JM, Coll Cardiol 1992 ; 20 : 62-69
[28] Iliskovic N, Singal PK. Lipid lowering: an important factor in Boiron M. Non-Hodgkin’s lymphoma with cardiac presenta- [83] Sussman MA, Hamm-Alvarez SF, Vilalta PM, Welch S, Ke-
preventing adriamycin-induced heart failure. Am J Pathol tion: evaluation and follow-up with echocardiography and des L. Involvement of phosphorylation in doxorubicin-
1997 ; 150 : 727-734 MR imaging. Eur Heart J 1991 ; 12 : 464-467 mediated myofibril degeneration. Circ Res 1997 ; 80 : 52-61
page 11
11-048-C-10 COMPLICATIONS CARDIAQUES DES AFFECTIONS MALIGNES ET DE LEUR TRAITEMENT Cardiologie-Angéiologie
[84] Swain SM, Whaley FS, Gerber MC, Weisberg S, York M, [90] Vayre F, Lardoux H, Chikly F et al. Évaluation de la péricar- [95] Wexler LH, Andrich MP, Venzon D, Berg SL, Weaver-
Spicer D et al. Cardioprotection with dexrazoxane for diocentèse écho-guidée lors de la tamponnade. Arch Mal McClure L, Chen CC et al. Randomized trial of the cardiopro-
doxorubicin-containing therapy in advanced breast cancer. Cœur 1998 ; 91 : 13-20 tective agent ICRF-187 in pediatric sarcoma patients treated
J Clin Oncol 1997 ; 15 : 1318-1332, 1333-1340 with doxorubicin. J Clin Oncol 1996 ; 14 : 362-372
[85] Tatsuta M, Yamamura H, Yamamoto R, Ichii M, Iishi H, No- [91] Venturini M, Michelotti A, Del Mastro L, Gallo L, Carnino F,
guchi S. Carcinoembryonic antigens in the pericardial fluid Garrone O et al. Multicenter randomized controlled clinical [96] Yamashita JI, Ogawa M, Shirakusa T. Plasma endothelin-1
of patients with malignant pericarditis. Oncology 1984 ; 41 : trial to evaluate cardioprotection of dexrazoxane versus no as a marker for doxorubicin cardiotoxicity. Int J Cancer
328-330 cardioprotection in women receiving epirubicin chemo- 1995 ; 62 : 542-547
[86] Teicher BA, Crawford JM, Holden SA et al. Glutathione mo- therapy for advanced breast cancer. J Clin Oncol 1996 ; 14 :
noethylester can selectively protect liver from high dose 3112-3120 [97] Yong-Xiao W, Korth M. Effects of doxorubicin on excitation-
BCNU or cyclophosphamide. Cancer 1988 ; 62 : 1275-1281 contraction compling in guinea pig ventricular myocardium.
[87] The French Epirubicin Study Group. A prospective randomi- [92] Villani F, Galimberti M, Comazzi R, Crippa F. Evaluation of Circ Res 1995 ; 76 : 645-653
zed phase II trial comparing combination chemotherapy with cardiac toxicity of Idarubicin. Eur J Cancer Oncol 1989 ; 25 :
cyclophosphamide fluorouracil and either doxorubicin or epi- 13-18 [98] Zhang J, Clark JR, Herman EH, Ferrans VJ. Doxorubicin-
rubicin. J Clin Oncol 1988 ; 6 : 679-688 induced apoptosis in spontaneously hypertensive rats: differ-
[88] Thomson RC, Canby RC, Lojeski EW, Ratner AV, Fallon JT, [93] Walker R, Milford D, Derbyshire P. Bradycardia after ampho- ential effects in heart, kidney and intestine, and inhibition by
Pohost GM. Adriamycin cardiotoxicity and proton nuclear tericin B, irradiation and anthracycline. Lancet 1992 ; 340 : ICRF-187. J Mol Cell Cardiol 1996 ; 28 :1931-1943
magnetic resonance relaxation properties. Am Heart J 380
1987 ; 113 : 1444-1449 [99] Ziskind AA, Pearce C, Lemmon CC, Burstein S, Gimple LW,
[89] Vaitkus PT, Grossman D, Fox KR, McEvoy M, Doherty JU. [94] Weiss RB, Grillo-Lopez AJ, Marsoni S, Posada JG, Hess F, Herrmann HC et al. Percutaneous balloon pericardiotomy for
Complete heart block due to interleukin-2 therapy. Am Heart Ross BJ. Amsacrine-associated cardiotoxicity: an analysis the treatment of cardiac tamponnade and large pericardial
J 1990 ; 119 : 978-980 of 82 cases. J Clin Oncol 1986 ; 4 : 919-928 effusions. J Am Coll Cardiol 1993 ; 21 : 1-5
page 12