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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 11-907-A-10

11-907-A-10

Dérivés nitrés
M Galinier
A Pathak
JM Fauvel
Résumé. – Les dérivés nitrés, nitrates et donneurs d’oxyde nitrique (NO), sont des vasodilatateurs
endothélium indépendants. Ces substances contiennent dans leur structure chimique un ou plusieurs
groupements NO capables d’activer la guanylate cyclase soluble du muscle lisse vasculaire. Leur effet
vasodilatateur prédomine au niveau de la circulation veineuse. En administration prolongée, ils sont soumis à
un phénomène de tolérance d’origine plurifactorielle. En urgence, lors des syndromes coronariens aigus ou
des poussées d’insuffisance cardiaque, les nitrés restent une des bases de la prise en charge thérapeutique. En
traitement chronique, ils constituent un traitement symptomatique efficace, tant dans la prévention des crises
angineuses que de la dyspnée, mais n’augmentent pas la survie.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : nitrés, oxyde nitrique, phénomène de tolérance, maladies coronaires, insuffisance cardiaque.

Introduction effet d’augmenter les concentrations intracellulaires d’acide


guanosine monophosphorique cyclique (GMPc) qui est à l’origine
de la vasodilatation. En effet, soit directement, soit par
L’utilisation des dérivés nitrés, longtemps empirique, a été éclairée
l’intermédiaire d’une protéine kinase GMPc-dépendante,
ces dernières années par la mise en évidence, tant au cours de la
l’augmentation du GMPc diminue la disponibilité du calcium
maladie coronarienne que de l’insuffisance cardiaque, d’une
intracellulaire, notamment au niveau du réticulum sarcoplasmique,
anomalie de la vasodilatation endothélium dépendante, secondaire
entraînant la relaxation du muscle lisse vasculaire. Les mêmes
à un déficit en oxyde nitrique (NO). Or, les dérivés nitrés, nitrates et
mécanismes de transduction se produisent au niveau des plaquettes
donneurs de NO, sont des vasodilatateurs endothélium
sanguines dont les capacités d’adhésion et d’agrégation sont
indépendants [4]. En effet, ces substances contiennent toutes dans
diminuées, tout au moins in vitro, en présence de dérivés nitrés et
leur structure chimique un ou plusieurs groupements NO capables
de donneurs de NO.
d’activer directement la guanylate cyclase soluble du muscle lisse
vasculaire et d’entraîner sa relaxation, et ceci qu’il y ait ou non
présence d’un endothélium sous-jacent [1, 3, 17].
Propriétés pharmacodynamiques
L’effet vasodilatateur des dérivés nitrés prédomine au niveau de la
Mécanisme d’action circulation veineuse. Au niveau de la circulation artérielle, leur
action est fonction du calibre des vaisseaux. Ils dilatent de manière
À la différence du Sin-1, métabolite actif de la molsidomine, qui est remarquable les gros troncs vasculaires, ou artères de conductance,
un donneur direct de NO, la nitroglycérine et le dinitrate alors que leur effet relaxant au niveau des artères de résistance est
d’isosorbide sont des nitrates organiques (NO3), capables de libérer beaucoup plus limité [17, 25, 63] , se différenciant tout à fait des
in situ du NO uniquement après réduction par un processus vasodilatateurs artériels. Ce phénomène est expliqué par la nécessité
métabolique enzymatique nécessitant l’apport de groupements d’une conversion métabolique du groupement NO apporté par les
thiols (-SH). Cette étape de réduction peut constituer un facteur dérivés nitrés en un complexe intermédiaire actif, de type
limitant de leur action, dans la mesure où les capacités métaboliques nitrocystéine, capable d’activer la guanylate cylase au sein de la
de l’organisme à réduire ces substrats sont limitées, notamment lors cellule musculaire lisse vasculaire. La réduction du nombre des
d’apports massifs ou répétés de ces substances. La déplétion groupements sulfhydryles ou leur moindre disponibilité au niveau
intracellulaire en groupements sulfhydryles, dont le stock est limité, des artères de résistance, pourraient expliquer la réduction, voire
est l’une des explications pharmacologiques du phénomène de l’absence, d’effet dilatateur des dérivés nitrés sur ces microvaisseaux.
tolérance aux nitrés survenant lors de leur administration chronique En effet, l’apport exogène de cystéine à leur niveau permet de
[1, 35]
. Au niveau de la cellule musculaire lisse, ce ne serait pas le NO révéler leur effet dilatateur artériolaire [35, 36] . Inversement, un
lui-même qui serait actif mais un complexe de type nitrocystéine lié vasodilatateur mixte comme le nicorandil, qui associe les propriétés
au fer [4, 5]. Il stimule la guanylate cyclase soluble, ce qui a pour d’un dérivé nitré à celles d’un agoniste potassique, est capable de
dilater simultanément les gros troncs et les artérioles coronaires
indépendamment de la présence d’un endothélium vasculaire
Michel Galinier : Professeur des Universités, praticien hospitalier. fonctionnel [3]. L’efficacité des dérivés nitrés dans le traitement des
Atul Pathak : Interne des Hôpitaux. spasmes vasculaires, notamment coronaires, s’explique ainsi par leur
Jean-Marie Fauvel : Professeur des Universités, chef de service, praticien hospitalier.
Service de cardiologie A, centre hospitalier universitaire de Rangueil, 1, avenue Jean-Poulhès,
aptitude à relaxer les artères de conductance, quel que soit l’état
31403 Toulouse cedex 4, France. fonctionnel de l’endothélium sous-jacent. Même en présence de

Toute référence à cet article doit porter la mention : Galinier M, Pathak A et Fauvel JM. Dérivés nitrés. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Cardiologie,
11-907-A-10, 2001, 8 p.
11-907-A-10 Dérivés nitrés Cardiologie

lésions artérioscléreuses, les dérivés nitrés peuvent encore relaxer variations interindividuelles. Sa demi-vie de 4 heures peut être
les portions résiduelles de muscles lisses non touchés par ces allongée avec les préparations galéniques retards.
processus dégénératifs, améliorant les conditions de perfusion du lit En cas d’insuffisance cardiaque sévère, une insuffisance hépatique,
vasculaire d’aval. secondaire à la congestion veineuse systémique et à la diminution
du débit sanguin, peut modifier la pharmacocinétique des dérivés
nitrés, métabolisés par le foie. La diminution de la clairance
Structure chimique hépatique de la trinitrine aboutit à une augmentation de sa
et pharmacocinétique concentration plasmatique, mais aucun effet délétère n’a été
rapporté. Malgré un important effet de premier passage hépatique,
la pharmacocinétique du dinitrate d’isosorbide ne semble pas
Les dérivés nitrés sont des produits de synthèse résultant de
affectée par l’insuffisance cardiaque. Quant au 5-mononitrate
l’estérification d’une molécule organique par l’acide nitrique [57]. Ces
d’isosorbide, qui n’a pas d’effet de premier passage hépatique, sa
nitrates organiques sont caractérisés par l’enchaînement chimique
pharmacocinétique n’est affectée ni par l’insuffisance cardiaque ni
-C-O-NO2. Le plus ancien est la nitroglycérine (trinitrine), utilisée
par l’insuffisance hépatique [55].
depuis 1846 dans le traitement de l’angine de poitrine. Son effet
vasodilatateur bref ne convenant pas à une utilisation thérapeutique La molsidomine est une prodrogue transformée en métabolite actif,
répétée sans artifice galénique, d’autres dérivés nitrés ont été le Sin-1A (linsidomine), dans l’organisme indépendamment de toute
synthétisés, en particulier le tétranitrate de pentaérythrityle, le enzyme. Le Sin-1A s’oxyde spontanément en Sin-1C, biologiquement
dinitrate d’isosorbide et son métabolite actif, le 5-mononitrate inactif, en libérant simultanément du NO. Cette décomposition du
d’isosorbide. Le nicorandil, qui est un agent agoniste des canaux Sin-1A en Sin-1C s’accompagne également de la formation d’anions
potassiques acide adénosine triphospate (ATP) dépendants, est superoxydes qui accélèrent la dégradation du NO sous forme
également un dérivé nitré, car il possède un groupement nitrate d’anions nitrites et nitrates par une réaction autocatalytique [5]. Son
(-O-NO2) sur la chaîne latérale de sa molécule [5]. absorption digestive est rapide (10 minutes) et sa demi-vie de
2 heures environ.
Les dérivés nitrés pénètrent facilement au travers des membranes
cellulaires, car ce sont des substances très liposolubles. Au sein des
cellules musculaires lisses vasculaires, les nitrates (-NO3) doivent
être d’abord réduits en nitrites (-NO2), puis en NO, par le jeu de Principaux effets
réactions chimiques qui ne sont pas encore toutes identifiées. Si une
voie de libération enzymatique du NO a pu être identifiée in vitro EFFETS HÉMODYNAMIQUES
en incubant de fortes concentrations de trinitrine avec des vecteurs
chimiques de groupements thiols (-SH) réducteurs, ce sont surtout Chez des patients insuffisants cardiaques dont les pressions de
des voies enzymatiques qui président à la biotransformation des remplissage sont élevées, en administration aiguë, les dérivés nitrés
nitrates en NO in vivo [5]. La principale voie de biotransformation provoquent une baisse de la pression télédiastolique du ventricule
des nitrates en NO dans les vaisseaux met en jeu une série gauche, de la pression capillaire pulmonaire moyenne, des pressions
d’isoenzymes de la classe des glutathion-S-transférases, qui pulmonaires et de la pression auriculaire droite, sans modification
réduisent les nitrates en utilisant le glutathion comme source importante du volume systolique, de la fréquence cardiaque et du
endogène de groupement thiols réducteurs. débit cardiaque. À fortes doses, un effet vasodilatateur artériel peut
apparaître, entraînant une réduction des résistances artérielles
L’absorption de la trinitrine est rapide et excellente. Fortement
systémiques qui, associée à l’augmentation de la compliance des
liposoluble, elle permet de nombreuses voies d’administration :
grosses artères, est à l’origine d’une diminution de la postcharge. En
orale, sublinguale, transcutanée et intraveineuse. La trinitrine subit
administration chronique, leurs effets sont plus controversés, bien
une hydrolyse gastrique et est ensuite métabolisée très rapidement
que plusieurs travaux retrouvent la persistance d’un effet
lors du premier passage hépatique en métabolites inactifs, d’où une
hémodynamique favorable sur les pressions pulmonaires au repos
durée de vie plasmatique très brève (6 à 7 minutes) en l’absence
et à l’effort ; l’effet vasodilatateur artériel périphérique tend à
d’artifices galéniques (préparation retard, fortes doses).
s’estomper [37]. Il existe en effet un phénomène d’échappement
L’administration sublinguale permet d’éviter l’hydrolyse gastrique
thérapeutique plurifactoriel qui limite l’efficacité de cette classe
et le premier passage hépatique, d’où une action rapide de l’ordre
thérapeutique à long terme [47]. Chez l’insuffisant cardiaque, à côté
de la minute, mais de courte durée, entre 10 et 30 minutes. La voie
de l’épuisement des radicaux sulfhydriles [46] apparaissant lors de
veineuse permet l’obtention de taux plasmatiques rapidement
toute prescription au long cours de dérivés nitrés, pouvant être évité
efficaces, mais avec une durée d’action très brève nécessitant
par la réalisation de fenêtre thérapeutique de plusieurs heures
l’emploi d’une perfusion continue. Les systèmes transdermiques
journalières, il faut insister sur l’importance de l’activation des
adhésifs sont des réservoirs de trinitrine, qui peut passer dans la
systèmes neurohormonaux vasoconstricteurs, induite par
circulation à travers la peau pendant 24 heures, l’absence de premier
l’utilisation des dérivés nitrés et qui en limite l’efficacité [28, 51].
passage hépatique améliorant la biodisponibilité du produit [28]. Les
Expérimentalement, il a en effet été montré que le mécanisme
taux plasmatiques actifs sont atteints au bout de 15 à 30 minutes et
d’épuisement des dérivés nitrés en prescription continue avait pour
décroissent très rapidement (30 minutes ou moins) après le retrait
point de départ une réduction du débit sanguin rénal, responsable
du patch. Ce taux reste stable tout au long du nycthémère,
d’une activation secondaire des systèmes sympathique et rénine-
contrairement aux formes orales dont la durée d’action dépasse
angiotensine qui s’opposeraient progressivement à l’effet de
rarement 12 heures pour les formes galéniques retards.
réduction de la précharge induite par les dérivés nitrés [2]. Cet
Le dinitrate d’isosorbide est métabolisé dans le foie lors de son échappement hémodynamique est majoré par un phénomène
premier passage en deux métabolites, le 2-mononitrate d’isosorbide, d’hémodilution, secondaire à l’action des dérivés nitrés sur les
dont la durée d’action est courte, et le 5-mononitrate d’isosorbide, sphincters précapillaires, influant les échanges entre les
dont la durée d’action est beaucoup plus prolongée, environ compartiments intra- et extravasculaires, avec influx net positif de
4 heures. Des préparations galéniques retards permettent l’obtention liquide pénétrant dans le secteur vasculaire [42]. Ces hypothèses sont
de concentrations efficaces pendant 12 à 24 heures. Le dinitrate soutenues par le fait qu’une élévation de l’activité rénine
d’isosorbide peut également être utilisé par voie veineuse. Par voie plasmatique, une réduction de l’hématocrite et une augmentation
sublinguale, son absorption est plus lente que la trinitrine, le pic du poids corporel ont été observées lors de l’administration en
plasmatique étant atteint en 5 à 15 minutes, mais sa durée d’action monothérapie des dérivés nitrés dans l’insuffisance cardiaque. La
est plus longue, d’environ 90 minutes. coprescription d’un vasodilatateur artériel, en augmentant le débit
Le 5-mononitrate d’isosorbide est bien résorbé, sans effet de premier sanguin rénal par le biais de l’accroissement du débit cardiaque,
passage hépatique, d’où une excellente biodisponibilité et moins de pourrait en théorie réduire cette activation secondaire des systèmes

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sympathique et rénine-angiotensine, permettant ainsi de pérenniser démontré que les dérivés nitrés ont un effet bénéfique sur la charge
les effets vasodilateurs veineux des dérivés nitrés lors de leur ischémique totale, améliorant non seulement le profil clinique des
administration chronique dans l’insuffisance cardiaque. Les travaux patients angineux et leur tolérance à l’exercice, mais également, dans
cliniques n’ont cependant pas confirmé cette hypothèse : en effet, la la plupart des séries publiées, en diminuant considérablement le
coprescription d’inhibiteur de l’enzyme de conversion [13], y compris nombre d’événements ischémiques silencieux.
de captopril qui assure de plus un apport en radical -SH [32], ou de
diurétique [50] s’est révélée inefficace pour s’opposer au phénomène
d’échappement aux dérivés nitrés. EFFETS SUR LA MORTALITÉ
Au cours de l’insuffisance coronaire, aucune conclusion n’est
possible sur les effets des dérivés nitrés sur la mortalité dans l’angor
EFFETS SUR LA CIRCULATION CORONAIRE stable, les données étant trop peu nombreuses malgré la réalisation
Au cours de l’insuffisance coronaire, les dérivés nitrés diminuent la récente d’une méta-analyse [26]. Les dérivés nitrés ont été mieux
consommation et augmentent l’apport en oxygène au niveau du étudiés à la phase aiguë de l’infarctus du myocarde selon différentes
myocarde. Ils diminuent la pression et le volume ventriculaires par formes de présentation [6]. L’administration très précoce sublinguale
leur effet vasodilatateur veineux, effet d’autant plus marqué que la de trinitrine ou de dinitrate d’isosorbide améliore la repolarisation
pression télédiastolique ventriculaire est plus élevée. La diminution et pourrait diminuer la taille de l’infarctus appréciée par l’élévation
de la tension pariétale qui en résulte diminue la consommation des enzymes myocardiques [39]. Les dérivés nitrés administrés par
myocardique en oxygène. De plus, ils peuvent également augmenter voie orale ont été également évalués dans quelques essais où les
la perfusion des couches endocardiques des zones ischémiques, résultats sont moins démonstratifs. Pour le 5-mononitrate
grâce à la réduction de la tension pariétale ventriculaire consécutive d’isosorbide, en l’absence d’insuffisance cardiaque, les résultats sont
à leurs effets hémodynamiques. Cet effet de redistribution de la décevants : 40 à 80 mg quotidiens de 5-mononitrate d’isosorbide
circulation coronaire dans les couches sous-endocardiques est s’associent à une mortalité à 5 jours de 4,9 % contre 4 % chez les
d’autant plus marqué qu’il existe une ischémie myocardique ou une témoins [19], alors que pour les patients présentant une insuffisance
insuffisance ventriculaire gauche. Un certain degré de vasodilatation cardiaque, on observe une réduction non significative de 39 % de la
de la circulation de suppléance a également été démontré mortalité qui est de 12,9 % chez les témoins et de 7,8 % chez les
angiographiquement après l’administration de dérivés nitrés en patients traités. Quant au dinitrate d’isosorbide utilisé par voie orale
phase aiguë d’infarctus [39]. Cependant, en cas d’utilisation de trop toutes les 3 à 4 heures, il n’a pas démontré d’effet significatif sur la
fortes posologies, l’hypotension ou la tachycardie réflexe qu’ils réduction de la masse infarcie. Les dérivés nitrés utilisés par voie
engendrent peuvent entraîner une vasodilatation des territoires non intraveineuse ont fait l’objet de plus nombreuses études dont les
ischémiques. Ce phénomène de vol coronaire, avec dérivation résultats demeurent divergents.
préférentielle vers les zones saines aux dépens des zones Les essais cliniques antérieurs à 1993 [7, 20, 29, 31, 38, 44, 54] ont évalué l’effet
ischémiques, peut avoir des effets négatifs. Enfin, la vasodilatation de la trinitrine intraveineuse à la phase aiguë de l’infarctus du
des artères coronaires de conductance induite par les dérivés nitrés myocarde. Dans toutes ces études, le traitement était débuté moins
est favorable en cas de spasme coronaire, que ce soit dans l’angor de de 24 heures après le début des symptômes et les doses initiales
Prinzmetal ou au cours des rares spasmes associés à l’infarctus. faibles (0,3-0,9 mg/h). La durée d’administration variait de 24 à 48
heures. Deux études retrouvaient une diminution significative de la
mortalité. Il s’agissait des essais où la mortalité était la plus forte,
EFFETS SUR LA CAPACITÉ À L’EFFORT 41 % à 18 mois dans l’une, et 23 % à 3 mois dans l’autre dans les
Au cours de l’insuffisance coronaire, les dérivés nitrés améliorent la groupes placebo [7, 31]. En combinant ces résultats, une méta-analyse
tolérance à l’exercice, prolongeant la durée de l’effort et retardant le a alors démontré une baisse significative de la mortalité hospitalière
début de l’ischémie myocardique [58, 60]. d’environ 30 % [64]. Le traitement par dérivés nitrés semblait pouvoir
Au cours de l’insuffisance cardiaque, les travaux étudiant les effets diminuer la taille de l’infarctus du myocarde, appréciée sur la
sur la capacité à l’effort de la prise de dérivés nitrés utilisés comme cinétique enzymatique [31], et réduire l’incidence des arythmies
seuls vasodilatateurs sont peu nombreux et portent sur de faibles ventriculaires survenant pendant les 24 premières heures [44].
effectifs de patients. Plusieurs publications rapportent néanmoins Ainsi, à la fin des années 1980, l’utilisation des dérivés nitrés par
une augmentation de la durée de l’exercice après 3 mois de voie intraveineuse en phase aiguë de l’infarctus du myocarde
traitement par 160 mg de dinitrate d’isosorbide [21, 37]. L’association semblait réduire l’ischémie myocardique, limiter la taille de
dérivés nitrés-hydralazine a en revanche été mieux étudiée. L’étude l’infarctus et diminuer la mortalité. Cependant, les essais évaluant
V-HeFT 1 [9], qui a comparé les effets de l’adjonction au traitement les dérivés nitrés étaient de petite taille, incluant 28 à 310 sujets, et
classique digitalodiurétique de l’association dinitrate d’isosorbide- la réalisation d’essais cliniques avec de grands effectifs demeurait
hydralazine au placebo ou à la prasozine a retrouvé une nécessaire pour juger de leur réelle efficacité.
amélioration de la tolérance à l’effort, uniquement à 12 mois, sous L’étude GISSI-III, qui a inclus 19 394 patients présentant une
dérivés nitrés-vasodilatateurs artériels, non retrouvée au cours des suspicion d’infarctus du myocarde admis dans les 24 premières
autres périodes (2, 6, 18 et 24 mois). Surtout, l’étude V-HeFT II [10], heures après le début de la douleur, a comparé les effets de
qui a comparé les effets de l’adjonction au traitement classique l’administration de trinitrine par voie intraveineuse pendant
digitalodiurétique, soit de l’association dinitrate d’isosorbide- 24 heures, avec un relais par un patch transdermique de 10 mg de
hydralazine, soit de l’énalapril, a retrouvé une augmentation glycéryl trinitrate appliqué chaque matin du lever au coucher
significative de la consommation maximale d’oxygène après pendant 6 semaines, au placebo [23, 24]. La fonction ventriculaire
13 semaines et 6 mois de traitement uniquement dans le groupe sous gauche était estimée par échographie et la mortalité était évaluée à
dérivés nitrés-vasodilatateurs artériels et non dans le groupe la sixième semaine et au sixième mois. La trinitrine n’a pas eu d’effet
énalapril. Parallèlement, la fraction d’éjection du ventricule gauche sur la mortalité à 6 semaines (6,5 % dans le groupe traité, 6,9 % dans
à la 13e semaine a augmenté significativement plus sous l’association le groupe contrôle). De plus, elle n’a diminué ni l’incidence de
dinitrate d’isosorbide-hydralazine que sous énalapril. l’insuffisance cardiaque (3,8 % dans les deux groupes), ni la
fréquence des récidives ischémiques. La fonction ventriculaire
gauche n’était pas améliorée par les nitrés. À 6 mois, il n’y a
EFFETS SUR L’ISCHÉMIE MYOCARDIQUE également pas de différence en termes de mortalité ou de
Les dérivés nitrés ont une action favorable sur l’ischémie dysfonction ventriculaire gauche grave entre les patients traités par
symptomatique, constituant depuis près d’un siècle le traitement de dérivés nitrés ou par placebo (18,4 versus 19,9 %) [24] . Il faut
la crise d’angine de poitrine, mais également silencieuse [14]. Les cependant noter que dans cet essai, le groupe de patients recevant
études par enregistrement électrocardiographique Holter ont l’association nitrés plus lisinopril avait une mortalité à 6 semaines

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plus faible que celle du groupe de patients recevant du lisinopril réalisé. En revanche, deux essais ont étudié les effets de l’association
seul (6,0 et 6,6 %, respectivement). Il en est de même à 6 mois pour dérivés nitrés-vasodilatateurs artériels purs sur la mortalité dans
le critère de jugement mixte associant mortalité et insuffisance l’insuffisance cardiaque : les études V-HeFT I et II [9, 10]. Dans ces deux
cardiaque (17,8 % dans le groupe traitement combiné, 18,1 % sous essais, l’association testée comportait une forte dose de dinitrate
lisinopril seul, 19,5 % sous placebo). d’isosorbide (160 mg administrée à doses progressivement
L’étude ISIS-IV, qui a inclus 58 050 patients présentant une suspicion croissantes) et une forte dose de dihydralazine (300 mg). Dans
d’infarctus du myocarde évoluant depuis moins de 24 heures, a l’étude V-HeFT I, l’association dérivés nitrés-hydralazine a amélioré
comparé les effets de l’administration par voie orale de mononitrate, significativement la survie, avec une réduction de la mortalité de
à la dose de 30 mg au moment de la prise en charge et après 10 à 38 % à 1 an et de 25 % à 2 ans par rapport au groupe traité par
12 heures, puis de 60 mg tous les matins pendant 28 jours, au digitalodiurétiques seuls ou associés à la prasozine. Alors que le taux
placebo [27]. Il n’y a pas eu de réduction significative de mortalité de mortalité à 2 ans est de 34 % dans le groupe placebo de l’étude
entre le groupe traité par mononitrate et le groupe placebo à V-HeFT I, le taux de mortalité à 2 ans sous l’association isosorbide
5 semaines (7,3 vs 7,5 %). Cette absence de diminution de mortalité dinitrate-hydralazine est respectivement de 26 et 25 % dans les
est également retrouvée à 1 an (12,2 vs 12,3 %). En revanche, la études V-HeFT I et II. Cependant, dans l’étude V-HeFT II, le taux de
mortalité précoce durant les 48 premières heures était abaissée dans mortalité à 2 ans est significativement inférieur sous inhibiteurs de
le groupe recevant du mononitrate (1,8 vs 2,2 % ; p < 0,001). Le l’enzyme de conversion (18 %). Dans cet essai portant sur des
traitement n’apportait pas de bénéfice quels que soient les sous- patients en insuffisance cardiaque légère à modérée, de classe II à III
groupes étudiés : insuffisance cardiaque, douleur thoracique de la New York Heart Association (NYHA), l’analyse du mécanisme
persistante à l’admission. Le nombre de récidives d’infarctus et de de décès montre une incidence des morts subites moindre sous
récidives angineuses était identique dans les deux groupes, alors que énalapril (37 %) que sous l’association dinitrate d’isosorbide-
le mononitrate entraînait plus d’hypotension. hydralazine (46 %). La réduction préférentielle sous énalapril de la
L’étude ESPRIM, qui a inclus 4 017 patients présentant un infarctus mortalité cardiaque non liée à une aggravation de l’insuffisance
du myocarde depuis moins de 24 heures sans signe d’insuffisance ventriculaire, alors même que l’association dinitrate d’isosorbide-
cardiaque sévère, a comparé les effets de l’administration par voie hydralazine entraîne une amélioration plus marquée de la fraction
intraveineuse pendant 48 heures de linsidomine, métabolite actif de d’éjection et de la consommation maximale en oxygène, soulève
la molsidomine, à la posologie de 1 mg/h, puis d’un traitement per l’hypothèse d’effets bénéfiques supplémentaires induits par la prise
os de molsidomine, à la posologie de 16 mg/j pendant 12 jours, au d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion pouvant être liés à un
placebo [18]. La molsidomine n’a pas diminué la mortalité après un mécanisme autre que la seule vasodilatation. Ainsi, puisque
suivi de 35 jours (8,4 vs 8,8 % sous placebo) et de 13 mois (14,7 vs l’association dérivés nitrés-vasodilatateurs artériels et les inhibiteurs
14,2 % sous placebo). Les autres critères de jugement (récidive de l’enzyme de conversion semblent avoir un effet bénéfique
d’infarctus, insuffisance cardiaque, troubles du rythme...) ont indépendant, une stratégie thérapeutique possible pourrait consister
également été comparables dans les deux groupes. En revanche, les à utiliser ces drogues simultanément.
hypotensions orthostatiques tendaient à être plus fréquentes sous
molsidomine (10,1 vs 8,5 % sous placebo ; p = 0,08).
L’absence de démonstration d’un effet favorable des dérivés nitrés à Indications
la phase aiguë de l’infarctus du myocarde retrouvée dans ces trois
grands essais thérapeutiques mérite cependant d’être discutée. En
effet, dans ces travaux, un dérivé nitré pouvait être donné en plus INSUFFISANCE CORONAIRE
des médicaments de l’essai. Ainsi, le pourcentage de patients ayant Le traitement de la crise d’angine de poitrine repose sur l’usage de
reçu un dérivé nitré dans le groupe placebo est de 57 % dans l’étude la trinitrine sublinguale. L’efficacité de ce traitement ponctuel
GISSI-III, 54 % dans l’étude ISIS-IV et 40 % dans l’étude ESPRIM. Il constitue un critère diagnostique. Cependant, les douleurs
est donc possible que l’absence d’effet bénéfique du dérivé nitré testé spasmodiques d’origine digestive sont également soulagées par les
dans ces essais, notamment sur l’insuffisance cardiaque et les dérivés nitrés, ce qui enlève de la valeur à ce test. L’administration
récidives ischémiques, soit secondaire à l’utilisation sélective d’un sublinguale du médicament s’effectue soit par dragée, soit par spray.
dérivé nitré dans les groupes placebo chez les patients qui Les principaux effets secondaires du produit sont les céphalées et
présentaient une insuffisance ventriculaire gauche ou une récidive l’hypotension, ce dont le patient doit être prévenu afin qu’il s’assoit
ischémique, atténuant ainsi la différence entre les deux groupes. jambes pendantes, ce qui participe à la diminution de la précharge.
Ainsi, si l’on peut conclure que l’administration systématique de L’usage prophylactique du médicament en prévision d’un effort
dérivé nitré à la phase aiguë de l’infarctus du myocarde ne réduit précis peut être utile.
pas la mortalité et ne diminue pas le nombre de récidives Dans l’angor stable, l’utilisation des dérivés nitrés au long cours
ischémiques, tout en exposant à un risque faible d’hypotension, il peut prévenir la survenue de crises d’angor et élève les seuils
reste difficile d’affirmer que les dérivés nitrés ne sont pas utiles chez ischémiques et angineux à l’effort [8, 40, 48, 51, 52, 59, 61]. L’administration
les patients qui relevaient classiquement de leur indication : peut se faire par voie orale ou percutanée. Cette dernière offre
douleurs thoraciques à la prise en charge ou persistantes, l’avantage d’éviter une dégradation hépatique rapide. Cependant,
manifestations d’insuffisance cardiaque, du fait de la possibilité le traitement continu tend à induire une accoutumance
d’administration dans le groupe placebo de dérivés nitrés chez ces pharmacodynamique puisque les nitrémies ne sont pas modifiées [12].
patients. L’utilisation des posologies actives les plus faibles possibles et
Les résultats contradictoires entre les études antérieures et l’usage discontinu au cours du nycthémère des dérivés nitrés au
postérieures à 1993 laissent penser que le bénéfice apporté par les long cours ont l’intérêt de prémunir du risque d’épuisement de leur
nitrés s’est atténué à mesure que des thérapeutiques plus puissantes efficacité. En effet, en prenant comme paramètre d’évaluation les
ont été proposées au patient. En effet, dans les travaux antérieurs à épisodes ischémiques enregistrés par Holter [33] ou la durée de
1993, la diminution significative de mortalité sous dérivés nitrés l’épreuve d’effort [15], le traitement discontinu s’avère supérieur au
n’avait été retrouvée que dans deux études où la mortalité était traitement continu, du moins si la fenêtre thérapeutique est de
particulièrement élevée sous placebo, alors que la mortalité est 12 h/j [62]. L’association des dérivés nitrés aux bêtabloquants, qui
particulièrement faible dans les trois grands essais publiés après constitue le traitement anti-ischémique de fond, est particulièrement
1993 où les patients ont pu bénéficier d’un traitement optimal de logique et son efficacité a été démontrée par les tests
l’infarctus. ergométriques [ 11 ] . L’adjonction d’une autre thérapeutique
Au cours de l’insuffisance cardiaque, aucun essai thérapeutique antiangineuse aux dérivés nitrés (bêtabloquants ou inhibiteurs
ayant eu pour objectif d’apprécier les effets sur la mortalité des calciques) a de plus pour avantage d’assurer une couverture
dérivés nitrés utilisés comme seul agent vasodilatateur n’a été thérapeutique pendant l’intervalle libre journalier où le patient n’est

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Cardiologie Dérivés nitrés 11-907-A-10

plus sous nitrés. Le respect d’une fenêtre thérapeutique de 8, voire patente ou latente, ainsi qu’aux patients présentant une récurrence
12 heures, le plus souvent la nuit, période d’inactivité habituelle, angineuse, dont la tension artérielle systolique demeure supérieure
semble impérativement nécessaire pour éviter l’apparition d’un à 100 mmHg. Les posologies initiales doivent être faibles afin de ne
phénomène de tolérance [ 5 6 ] . Cependant, elle a été rendue pas générer une baisse trop marquée de la pression artérielle
responsable par certains de favoriser un effet rebond à l’origine systolique, mettant en jeu le baroréflexe qui pourrait stimuler le
d’une recrudescence des crises angineuses pendant les fenêtres système nerveux sympathique. La posologie initiale dépend de
thérapeutiques [16, 33], associée à une baisse des seuils angineux et à l’indication ; elle est faible chez les patients présentant une ischémie
une aggravation de l’ischémie d’effort dans les heures suivant récurrente, de l’ordre de 0,5 à 1 mg/h pour la trinitrine et de 1 à
l’ablation des patchs de trinitrine [49]. Cet effet rebond n’a cependant 2 mg/h pour le dinitrate d’isosorbide, plus élevée en cas de signes
pas été retrouvé dans une étude multicentrique rigoureuse, ayant patents de surcharge de la petite circulation, 1,5 à 2 mg/h pour la
inclus un nombre beaucoup plus important de patients, ayant trinitrine ou 2 mg/h ou plus pour le dinitrate d’isosorbide. Les
comparé l’efficacité des patchs de trinitrine appliqués 12 heures sur posologies sont ensuite adaptées en fonction de la tolérance
24 au placebo. Cette étude confirme l’efficacité clinique et tensionnelle et de l’effet thérapeutique recherché. La pression
électrocardiographique à l’effort des patchs de trinitrine durant toute artérielle systolique systémique ne doit pas chuter au-dessous de
leur durée d’application, sans signe d’accoutumance après 1 mois 100 mmHg, et si la pression capillaire est surveillée, elle ne doit pas
de traitement [53]. L’amélioration de la performance à l’effort est baisser au-dessous de 15 mmHg. Si une tachycardie s’installe, les
moins importante à la 12e heure de traitement qu’à la huitième et doses sont réduites ou le traitement arrêté. Après chaque
quatrième heure, mais reste significative. Avant l’application changement de palier de perfusion, une période de 20 à 30 minutes
matinale du patch, il n’a pas été constaté une diminution des est suffisante pour obtenir un nouvel équilibre pharmacocinétique
performances à l’effort. et réévaluer l’efficacité et la tolérance du traitement, la demi-vie
Au cours de l’angor instable, les dérivés nitrés administrés par voie d’élimination des dérivés nitrés utilisés par voie intraveineuse étant
intraveineuse font partie intégrante du traitement. Ils sont débutés à courte. Le traitement est poursuivi 24 à 36 heures, le relais étant pris
posologie modérée, de l’ordre de 1 mg/h pour la trinitrine, 1,5 à par voie orale ou percutanée si nécessaire.
2 mg/h pour le dinitrate d’isosorbide. L’utilisation de ces posologies Les dérivés nitrés sont contre-indiqués en cas d’extension
initialement modérées évite le risque d’hypotension excessive et de ventriculaire droite d’un infarctus inférieur, qu’elle soit patente ou
tachycardie réflexe, particulièrement délétères dans ce contexte. Si suspectée devant les anomalies électrocardiographiques et
la réponse thérapeutique à ces posologies initiales est insuffisante, échocardiographiques. En effet, dans cette situation, le maintien de
celles-ci peuvent être augmentées progressivement par paliers. l’hémodynamique nécessite que la précharge du ventricule droit soit
L’utilisation de la posologie minimale efficace a de surcroît réglée à un niveau élevé, ce qui peut nécessiter non seulement
l’avantage de limiter et de retarder l’apparition d’un éventuel l’abstention des dérivés nitrés mais également une expansion
phénomène d’échappement. En pratique, tout du moins avec le volémique contrôlée. Les dérivés nitrés ne sont pas indiqués à la
dinitrate d’isosorbide, lorsque la posologie ne dépasse pas 3 mg/h, phase aiguë de l’infarctus du myocarde chez les patients n’ayant
l’efficacité se maintient quasi intacte pendant les 72 premières heures pas de pressions de remplissage élevées en l’absence de récurrence
de perfusion, ce qui correspond en pratique dans la majorité des cas ischémique. Ceci est particulièrement vrai chez les patients
au délai nécessaire pour contrôler la période d’instabilité. Les présentant une nécrose inférieure en hypovolémie ou en période
dérivés nitrés sont utilisés par voie intraveineuse pendant 2 à 4 vagale. En effet, chez ces derniers, ils peuvent induire une
jours, puis relayés, soit par un dérivé nitré per os ou percutané, selon hypotension, mais surtout une tachycardie réflexe d’origine
un mode de prescription ménageant une fenêtre de 8 à 10 heures sympathique qui, si elle n’est pas contrebalancée par un traitement
afin d’éviter les phénomènes d’échappement (forme retard par voie bêtabloquant efficace, est susceptible d’augmenter les besoins en
orale en monoprise ou patch dermique appliqué 12 h/24), soit par oxygène du myocarde et de raccourcir le temps de perfusion
de la molsidomine. diastolique des coronaires.
À la phase aiguë de l’infarctus du myocarde, les dérivés nitrés, par Ainsi, d’une utilisation systématique, la prescription des dérivés
leurs effets favorables sur la circulation collatérale et la nitrés à la phase aiguë de l’infarctus du myocarde doit être réfléchie,
consommation myocardique en oxygène, tendent à sauvegarder la sélective, réservée aux patients présentant un infarctus étendu
viabilité du tissu ischémié périnécrotique et à réduire la progression compliqué de dysfonction ventriculaire gauche, ou posant le
de la nécrose dans la zone bordante [30, 31]. De plus, leur effet problème d’une récurrence ischémique. En cas d’infarctus de taille
vasodilatateur sur les gros troncs coronaires pourrait lever les rares limitée, notamment de topographie inférieure ou basale, elle doit
spasmes ou réduire la vasoconstriction distale, associés à être évitée du fait du risque d’hypotension et de l’extension possible
l’oblitération d’une artère par un thrombus. de la nécrose au ventricule droit. Cependant, les infarctus sans onde
Leur utilisation a été profondément modifiée ces dernières années Q ou les infarctus transmuraux avec un sus-décalage limité du
au vu des résultats de trois grands essais thérapeutiques : GISSI-III, segment ST (0,2 à 0,4 mV) pourraient également constituer une
ISIS-IV et ESPRIM [18, 23, 27]. D’une utilisation quasi systématique, leur indication élective à l’utilisation des dérivés nitrés en phase aiguë.
indication est devenue sélective, réservée aux patients présentant En effet, dans un essai qui inclut 301 patients recevant du dinitrate
une insuffisance cardiaque ou une récurrence angineuse. d’isosorbide intraveineux ou du placebo, seuls ces deux types
En effet, de l’ensemble de ces travaux, on peut conclure qu’il n’est d’infarctus tirent un bénéfice de l’utilisation précoce des dérivés
pas recommandé de prescrire des dérivés nitrés de manière nitrés qui entraînent une réduction de la taille de l’infarctus [41]. Dans
systématique à tous les patients qui présentent un infarctus du ce travail, l’importance de la surélévation du segment ST à l’état
myocarde. Il est cependant possible qu’ils aient un intérêt chez les basal influence de manière significative l’efficacité du dinitrate
patients ayant un mauvais pronostic, particulièrement ceux qui ne d’isosorbide. Il est possible que ce type d’infarctus, en fait très
peuvent bénéficier d’un traitement optimal et, en premier lieu, les proche de l’angor instable, tire un bénéfice plus marqué de l’action
sujets qui ne peuvent être traités par thrombolyse. Leur anti-ischémique des dérivés nitrés. Ce travail souligne l’action
administration doit être réalisée par voie intraveineuse, à la seringue bénéfique hétérogène des dérivés nitrés en phase aiguë d’infarctus
électrique qui permet un ajustement optimal des posologies, et du myocarde qui gardent un intérêt dans certains sous-groupes, bien
débuter très précocement, au mieux dans les 6 premières heures, que leur action globale soit neutre.
pour avoir un intérêt clinique, puisque seule la mortalité précoce En postinfarctus du myocarde, les résultats de l’étude ISIS-IV
dans les 48 premières heures est améliorée et que ce bénéfice n’incitent pas à l’utilisation systématiques des dérivés nitrés. En
s’atténue rapidement. Ainsi, si la douleur cède au-delà de la sixième effet, l’efficacité à long terme des dérivés nitrés d’action prolongée
heure, l’utilisation systématique des dérivés nitrés ne semble pas n’a pas été évaluée dans des essais contrôlés dans le traitement du
indispensable chez tous les patients. Leur utilisation doit alors être postinfarctus. Ainsi, bien qu’encore largement utilisés, leur
limitée aux patients présentant une insuffisance cardiaque gauche utilisation reste empirique. Leur prescription doit être réfléchie,

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11-907-A-10 Dérivés nitrés Cardiologie

adaptée au statut coronarien et à l’existence ou non d’une ischémie de congestion pulmonaire. La préférence actuelle va à une
myocardique résiduelle. En l’absence d’ischémie résiduelle, clinique prescription en monoprise, d’une posologie adaptée par voie orale,
ou silencieuse, l’utilisation des dérivés nitrés en traitement de fond de forme galénique retard, soit matinale si la dyspnée d’effort
du postinfarctus du myocarde n’apparaît pas justifiée. En cas prédomine, soit vespérale si l’orthopnée est au premier plan. En
d’ischémie résiduelle, il est raisonnable d’éviter de les prescrire en effet, les dispositifs transdermiques, qui ne possèdent pas
monothérapie et de les associer à des médicaments anti-ischémiques d’autorisation de mise sur le marché pour l’insuffisance cardiaque,
dont l’effet bénéfique a été démontré, tels les bêtabloquants. En en entraînant des concentrations plasmatiques constantes, favorisent
revanche, un dérivé nitré d’action sublinguale doit figurer sur le phénomène d’échappement [45] . Cependant, chez ces sujets
l’ordonnance de sortie pour le traitement ponctuel d’une éventuelle souvent polymédicamentés, leur utilisation permet de diminuer le
récidive angineuse. nombre de médicaments à prendre per os. Un tel schéma
thérapeutique permet de ménager des périodes libres de dérivés
Récemment, l’existence d’un effet délétère de l’utilisation au long nitrés de 8 à 12 heures permettant d’atténuer le phénomène
cours des dérivés nitrés en postinfarctus a même été suggérée. En d’échappement hémodynamique. En cas de contre-indication ou
effet, l’analyse rétrospective des résultats de deux larges études d’impossibilité d’utilisation des inhibiteurs de l’enzyme de
prospectives, réalisées chez des patients ayant présenté un conversion et des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II,
événement coronarien aigu, a révélé que l’utilisation des dérivés l’association de dinitrate d’isosorbide à fortes posologies et
nitrés au long cours était associée à une augmentation significative d’hydralazine, en association au traitement digitalodiurétique,
du risque de mortalité [43]. Bien que ce type d’analyse demeure devrait être prescrite.
critiquable, elle souligne la nécessité de la réalisation d’études Au cours de l’insuffisance cardiaque diastolique, les dérivés nitrés
prospectives à large échelle, appréciant la place des dérivés nitrés constituent un traitement symptomatique efficace. En effet, en
utilisés au long cours, tant dans le postinfarctus que dans le diminuant les pressions du remplissage du ventricule gauche, ils
traitement de l’angor stable. diminuent les symptômes liés à la stase pulmonaire. Leur
administration doit cependant être progressive et prudente, car une
baisse trop importante des pressions de remplissage peut
INSUFFISANCE CARDIAQUE
s’accompagner chez ces patients d’une baisse préjudiciable du débit
Au cours de l’insuffisance cardiaque aiguë avec œdème pulmonaire, cardiaque.
l’administration de dérivés nitrés représente, avec les diurétiques, la
base du traitement. Initialement administrés par voie sublinguale, le
relais est pris si nécessaire par la voie intraveineuse en débutant à la Présentations
posologie de 1 mg/h pour la trinitrine ou de 2 mg/h pour le
dinitrate d’isosorbide, puis en augmentant progressivement les Les dérivés nitrés sont utilisés sous diverses formes
doses en fonction de l’amélioration fonctionnelle et de l’état pharmaceutiques qui ont permis de résoudre nombre de problèmes
hémodynamique. liés à leur pharmacocinétique et ont apporté une grande souplesse
Au cours de l’insuffisance cardiaque chronique par anomalie de la dans leur utilisation thérapeutique. Les présentations des principaux
fonction systolique, quand les inhibiteurs de l’enzyme de conversion dérivés nitrés sont représentées dans le tableau I.
peuvent être utilisés, les dérivés nitrés ne font pas partie du En traitement aigu, par voie sublinguale, il semble que les spécialités
traitement de première intention [22, 34]. Leur utilisation se justifie chez à base de trinitrine permettent une action plus rapide (2 minutes
les patients demeurant symptomatiques, présentant des signes de environ) que celles à base de dinitrate d’isosorbide, mais ces
congestion pulmonaire, sous l’association inhibiteur de l’enzyme de dernières ont une durée d’action préventive plus longue.
conversion-diurétique et éventuellement bêtabloquant. Quand la L’utilisation sous la forme de solution spray paraît la plus adaptée à
dyspnée représente la manifestation essentielle de l’insuffisance l’urgence.
cardiaque, les dérivés nitrés peuvent être prescrits en ménageant une En traitement chronique, que ce soit par voie orale ou percutanée,
fenêtre thérapeutique d’une dizaine d’heures afin de diminuer le afin d’éviter l’apparition d’un phénomène de tolérance, il faut
phénomène d’échappement. Suivant que la dyspnée prédomine à utiliser la posologie minimale efficace et ménager une fenêtre
l’effort ou au repos, les dérivés nitrés sont préférentiellement thérapeutique d’au moins 8 heures, soit en retirant le patch, le plus
prescrits le matin ou le soir. En revanche, si les symptômes de bas souvent la nuit, soit en privilégiant une prise asymétrique des
débit prédominent, les dérivés nitrés n’ont pas leur place, pouvant dérivés nitrés oraux à 7 heures d’intervalle (6-8 h, 13-15 h) ou en
aggraver l’hypotension sans majorer le débit cardiaque. En cas utilisant les formes galéniques qui assurent une libération prolongée
d’insuffisance cardiaque congestive avec œdèmes des membres en une seule prise. La molsidomine peut être utilisée comme une
inférieurs, l’efficacité des dérivés nitrés diminue, la vasodilatation alternative aux dérivés nitrés ou comme un adjuvant dans
veineuse qu’ils induisent étant moindre du fait de la contre-pression l’intervalle libre sans nitrés. Il n’y a pas, en revanche, d’intérêt à
exercée par l’œdème interstitiel. La posologie des dérivés nitrés à prescrire un dérivé nitré et la molsidomine en même temps.
utiliser reste débattue. Si l’on se réfère aux deux grands essais L’association des dérivés nitrés au nicorandil est également
cliniques V-HeFT I et II, il faudrait avoir recours à de fortes doses : déconseillée.
160 mg de dinitrate d’isosorbide en quatre prises, administré à
posologie progressivement croissante. Cependant, l’échappement
aux dérivés nitrés étant favorisé par les posologies élevées et les Effets secondaires
administrations continues, il semble préférable d’utiliser des doses et contre-indications
moindres en aménageant des fenêtres thérapeutiques. De plus, en
pratique, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, s’ils sont tolérés, Les effets secondaires des dérivés nitrés sont dominés par les
devant être systématiquement prescrits et les bêtabloquants de plus céphalées, les bouffées vasomotrices et le risque d’hypotension. Ces
en plus souvent utilisés, il est très difficile d’obtenir de telles effets, dus à l’action vasodilatatrice, sont fréquents à fortes
posologies de dérivés nitrés. En effet, on ne peut admettre qu’un posologies. Ainsi dans l’étude V-HeFT I, près de la moitié des
traitement symptomatique empêche, du fait de l’hypotension qu’il patients prenaient après 6 mois de traitement une dose de dérivés
peut induire, l’administration des fortes doses d’inhibiteur de nitrés ou d’hydralazine inférieure à la posologie initialement prévue,
l’enzyme de conversion ou le recours aux bêtabloquants qui ont fait du fait de la survenue d’effets secondaires [9]. Cependant, ces effets
la preuve de leur efficacité sur la mortalité au cours de l’insuffisance secondaires, fréquents à l’initiation du traitement, peuvent s’atténuer
cardiaque. Ainsi, la posologie des dérivés nitrés doit être choisie en avec la poursuite du traitement. Au cours de l’insuffisance
fonction de la tolérance fonctionnelle et de l’effet sur les symptômes cardiaque, l’hypotension qu’ils peuvent générer demeure le

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Cardiologie Dérivés nitrés 11-907-A-10

Tableau I. – Présentation des principaux dérivés nitrés.


Teneur en dérivé nitré
Voie d’administration Nom de spécialité Forme galénique Posologie par jour
par prise (mg)
Trinitrine
Sublinguale Trinitrine Simple Laleuft pilule 0,15
Natisprayt solution spray 0,30
Lénitral sprayt solution spray 0,40
Natiroset comprimé 0,75
Orale Lénitralt gélule 2,5 2-3
gélule 7,5 2-3
Percutanée Cordipatcht, Diafusort patch 5 1
Discotrinet, Nitriderm TTSt 10 1
Trinipatcht 15 1
Injectable Lénitralt injectable ampoule 3 0,5 à 4 mg/h
Lénitralt intracoronaire ampoule 1

Dinitrate d’isosorbide
Sublinguale Isocardt solution spray 1,25
Risordant comprimé 5
Orale Disorlont, Isocardt comprimé 10 2-3
Langorant, Risordant 20 et 20 LP 2-3
40 LP 1-2
60 LP 1
80 LP 1
Injectable Risordant injectable ampoule 10 2-15 mg/h

Mononitrate d’isosorbide
Orale Monicort LP gélule 20 LP 2-3
Oxycardint 40 LP 1-2
60 LP 1

Molsidomine
Orale Corvasalt comprimé 2 3
Molsidirext 4 3
Injectable Corvasalt intraveineux ampoule 10
Corvasalt intracoronaire ampoule 1

problème essentiel car pouvant aboutir à la prescription de Conclusion


posologies trop faibles d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou
de bêtabloquants.
À côté des contre-indications classiques des dérivés nitrés,
Avec l’enrichissement de la pharmacopée, la prescription de dérivés
représentées par les myocardiopathies hypertrophiques obstructives
nitrés doit devenir un geste réfléchi et non systématique, tant au cours
et les rétrécissements aortiques serrés, se pose actuellement le
problème de la prescription du sildénafil (Viagrat). Chez les patients
de la maladie coronaire que de l’insuffisance cardiaque. En urgence, lors
traités par sildénafil, l’utilisation au long cours de dérivés nitrés est des syndromes coronariens aigus ou des poussées d’insuffisance
formellement contre-indiquée du fait du risque d’hypotension. En cardiaque, ils restent une des bases de la prise en charge thérapeutique.
cas de survenue d’une crise d’angor après la prise de sildénafil, En traitement chronique, l’action préférentielle des inhibiteurs de
l’utilisation de dérivés nitrés est également contre-indiquée dans les l’enzyme de conversion et des bêtabloquants sur la survie a diminué la
24 heures suivant la prise de sildénafil. En effet, les dérivés nitrés ou place des dérivés nitrés. Ces derniers constituent un traitement
les donneurs de NO qui activent la synthèse de GMPc, et le symptomatique, efficace tant dans la prévention des crises angineuses
sildénafil qui est un inhibiteur spécifique de la phosphodiestérase que de la dyspnée. L’amélioration fonctionnelle qu’ils induisent, que ce
de type 5, enzyme qui dégrade le GMPc, augmentent la soit au cours de la maladie coronaire ou de l’insuffisance cardiaque,
concentration en GMPc. Leur association pourrait entraîner une justifie leur large prescription. De plus, au vu de leurs effets bénéfiques
vasorelaxation artérielle trop importante, à l’origine d’une sur la fraction d’éjection et la consommation en oxygène à l’effort, leur
hypotension qui, chez un patient coronarien, pourrait aggraver l’état association est particulièrement intéressante tant avec les inhibiteurs de
d’ischémie myocardique. l’enzyme de conversion qu’avec les bêtabloquants.

Références ➤

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11-907-A-10 Dérivés nitrés Cardiologie

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