You are on page 1of 5

Qu’est-ce que le commentaire composé?

(synthèse faite à partir de l’ouvrage de Laurent Fourcaut)

Plan du commentaire (2)


Les instruments de l’analyse littéraire

Cette partie vous donne les outils d’analyse que vous devrez utiliser dans le corps de
votre commentaire - même si la dissertation est un exercice d’un autre type, les instruments
en question sont également utile pour celle-ci. Elle devront être utilisé dans les trois parties
(ou deux, ou quatre, mais ni plus ni moins) de votre développement.
Chaque partie est généralement enchainée à la précédente par un rapport à la dernière
réflexion de celle-ci pour relancer le questionnement du texte sous un nouvel angle. Chaque
partie, pour analyser un pan de la problématique dans le texte, doit prendre en compte les
instruments d’analyse propre à interroger la littérarité du texte. Nous évoquerons ici ces
principaux instruments.

I) La typologie des textes

D’après J-M Adam (1987), plutôt que de types de textes, on devrait parler de
structures séquentielles. Il définit 7 types de séquentialités :

- narrative
- descriptive
- explicative-expositive
- argumentative
- injonctive instructionnelle
- dialoguale-conversationnelle
- poétique-autotélique

Un texte peut être constitué d’une séquence homogène (ex : narrative), soit d’une série
de séquence du même type, soit - le plus souvent - d’une combinaison de séquences
hétérogènes. (Ex : L’ouverture du Père Goriot : le narrateur interrompt le récit au profit d’une
discussion sur le genre de livre qui commence, dans laquelle il interpelle le lecteur : séquence
conversationnelle intégrée dans un texte à dominante narrative).

!!!! Chaque type se caractérise par des marques morpho-syntaxiques de surface


(narratif : verbes d’action au passé simple, etc…) qui permettent d’identifier ou reconnaitre le
type de texte.
II) L’énonciation

Traces discrètes ou prononcées de l’emetteur, de son destinataire ainsi que du lieu et


du temps depuis lequel il s’adresse à lui.

!!!! La présence ou l’effacement (relatif) de ces marques conditionnent l’appartenance


du texte à la catégorie du discours ou à celle du récit.

(Pour l’essentiel, il s’agit de déictiques : mots dont le référent est tributaire de la situation
d’énonciation => « je », « mon », « ici », « demain », « à gauche », etc…)

III) La rhétorique et ses figures

(Nous effectuerons dans le cadre d’un séminaire une étude détaillée sur ce sujet - en
attendant lisez au maximum le très bon texte mis en lien sur le blog concernant les figures
de rhétoriques)

On rappellera juste très vite, le mécanisme sémantique des trois tropes (ou figures de
sens) abondamment utilisées :

- métaphore : on associe un ou plusieurs termes, sans outil de comparaison, à un ou plusieurs


termes d’un autre champ lexical - par exemple « Vallées, crêtes, ondulations, crevasse » pour
décrire le pain (dans le poème Le pain, de Ponge)

- métonymie : le contenant est mis dans le contenu : (exemple - « les masques sont
silencieux »)

- synecdoque : relation d’inclusion où le tout est exprimé par l’une des parties, ou bien au
contraire une partie est exprimée par le tout :
« Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur » (=> ni les bateaux à voiles)

***********
Méthodologie d’étude du texte poétique

La méthodologie de l’étude de trois types de textes (peut-être quatre si nous trouvons


suffisamment de temps pour cela) sera abordée cette année : celle des textes poétiques, des
textes narratifs, celle des textes théâtraux (et peut-être, si l’année suffit, celle des textes
argumentatifs).

Nous nous consacrerons pour l’instant simplement à l’étude des textes poétiques - en
accord avec notre programme, le reste sera étudié en son temps.

- La mise en page du poème

Le poème, c’est d’abord une disposition particulière sur la page qui permet de
l’identifier => forme fixe, vers libre, poème en prose (tout ceci est immédiatement visible)
Cette disposition, écarte presque systématiquement la possibilité d’une analyse
linéaire du poème qui doit être parcouru « dans tous les sens » (ex : lecture par les rimes, par
les strophes, acrostiches, etc…)

- la versification :

(vous devez absolument lire sur le blog le lien vers l’université de Genève consacré à ce
sujet - nous ne dirons ici que l’essentiel, vous êtes tenus d‘en savoir davantage pour l‘examen
sur les Fleurs du mal)

=> les connaissances en versification permettent de décrire le ryhtme, les jeux de sonorités du
poème.

RYTHME. La mesure est déterminée en français par un accent d’intensité portant sur la
dernière voyelle prononcée d’un groupe (ex: « le cheval blanc »)

Définition de la mesure (par Mazaleyrat) :


« perception d’une série de rapports entre les nombres syllabiques de groupes délimités par
leurs accents ».

Regardons et écoutons ce vers de Victor Hugo :

« Je ne puis / demeurer // loin de toi / plus longtemps » (3/3//3/3)

Le signe // désigne la césure, c’est-à-dire la pause principale du poème.


Le signe / désigne une pause secondaire
!!!! Attention à la règle suivante :

« La présence d’une syllabe en e atone à la fin du dernier mot d’une mesure fait passer cette
syllabe au début de la mesure suivante »

=> « Ses ai/les de géant // l’empê/chent de marcher » (Baudelaire)

Et non : Ses ailes/[…] l’empêchent /[…] »

- la scansion du vers libre => marge d’interprétation + grande que le vers régulier
(multiplication des apocopes, plus de e muets qu’il faut sonoriser)

- les rejets / contre-rejets (internes et externes) :

« j’ai vu / des archipels // sidéraux et des îles » (Rimbaud, Le bateau ivre)

Le groupe « des archipels sidéraux » est disjoint par la césure.

SONORITES.

!!!! On se gardera d’interpréter mécaniquement tout jeu de sonorité comme une


harmonie imitative. Même quand c’est le cas, il faut aller plus loin dans l’analyse des sons.

Exemple :
« A Arl/es où rou/le le Rhône » (Premier vers de La Complainte de Vincent, Prévert)

=> Penser les sonorité comme le rythme en relation avec le sens global du poème. Ce vers
commence aussi par un hiatus délibéré (A Arles) et il est impair (2+2+3 =7) : il exprime un
univers discordant, car comme le montre la suite du poème, le monde (nature) déborde la
société des hommes et dépasse la faculté du poète et de l’artiste d’en exprimer la force.

Le principe d’équivalence et le parallélisme

« La fonction poétique [du langage] projette le principe d’équivalence de l’axe de la sélection


[paradigmatique] sur l’axe de la combinaison [syntagmatique]. L’équivalence est promue au
rang de procédé constitutif de la séquence. » Jakobson, Essai de linguistique générale.

=> « traduction » : en poésie, le langage se prend pour objet (comme c’est aussi le cas, d’une
manière très différente certes, en linguistique).

Le poème est autotélique, la construction de l’énoncé étant commandée non plus par la
volonté première de délivrer un message, une information, mais par la reprise délibérée
d’éléments équivalents à différents niveaux : syntaxiques, sémantiques, rythmiques,
phoniques => tous doivent être passés au crible de l’analyse dans le commentaire composé.

« L’été / et notre vie // étions / d’un seul tenant » (René Char)

[t] dans chaque hémistiche, chaque mesure


[e] au début de trois mesures ( et des deux hémistiches)

=> sur l’axe syntagmatique du vers : reprise d’éléments faisant naitre un paradigme
prosodique et un autre phonique.

« Tout m’afflige / et me nuit // et conspire / à me nuire » (Racine)

=> Les accents portent tous sur les verbes. Télescopage du paradigme prosodique et de l’axe
syntagmatique. On ne s’étonnera du fait qu’Adam écrive : « dans ce vers, les verbes
appartiennent tous au registre de l’agression ». Cette agression, visible dans le champ
sémantique verbal, es accentuée par le rythme, ma prosodie poétique.

La dislocation des signes et des stéréotypes

Il s’agit de dislocation ou de détournement : par exemple la poésie de Prévert y attache une


importance particulière à travers l’utilisation de proverbes détournés, de clichés (fragments
fossilisés d’une idéologie) :

« Ceux qui volent un oeuf et n’osent pas le faire cuire »

=> proverbe : « Qui vole un œuf, voile un boeuf » croisée avec l’expression populaire « va te
faire cuire un oeuf »

Votre commentaire composé doit mettre en évidence la libre circulation du sens dans
l’écriture poétique. Le sens du poème s’offre dans toutes les directions de lectures. Ce qui ne
signifie pas qu’on peut faire dire n’importe quoi ou ce que l’on veut au poème (cela est
sévèrement sanctionné dans les corrections de commentaires)

You might also like