Professional Documents
Culture Documents
1
In compte rendu de lecture de : Mohamed Khaîr -Eddine. « On ne met pas en cage un oiseau pareil ».
Article signé, Antoine Hatzenberger. Consulté le 03/12/2009.
http://www.limag.refer.org/Textes/Hatzenberger/KhairEddineDernierJournal.htm
En effet, dans le récit « Il était une fois un vieux couple
heureux »2, nous avons relevé la présence de 188 termes qui
renvoient à la faune, et qui se partagent entre des génériques
tels « animaux ; bêtes » et des termes plus au moins spécifiques
comme « équidé, bovin, volaille, oiseau, rongeurs, reptile,
arachnide, insecte, vermine».
2
Mohamed Khaïr-Eddine. « Il était une fois un vieux couple heureux ». Éd. Al-Ouma.2007
3
Les autres termes qui peuvent désigner cet animal sont pris en compte. (Équidé,
baudet)
4
Desblache, Lucile. Bestiaire du roman contemporain d’expression française. Clermont-Ferrand : Presses
Universitaires Blaise Pascal.2002.p13.
C’est justement dans cette optique que nous pouvons placer la
présence bestiaire dans le roman de Khair-Eddine Car,
effectivement, et comme nous en avons fait allusion précédemment
dans notre texte, notre auteur choisit ses animaux pour des raisons
identitaires c'est-à-dire, qui font référence à son pays et
précisément à sa région le Sous. Ainsi on trouve (le hibou, le
mouflon, le porc-épic, la huppe etc.…), mais aussi pour des raisons
symboliques.
Donc, on peut déduire que le couple est autant heureux par son
union et son discernement que par la présence de ces animaux.
Ces derniers ne sont pas là que pour garnir le récit, mais bien au
contraire ils ont un rôle tout aussi important que celui des
personnages, même plus important des fois.
C’est ainsi qu’on voit que le chat est le seul à partager les repas
copieux du vieux couples ; « Des tagines préparés par la vielle, qui s’y
connaissait. Cela donnait à u rituel extrêmement précis. Seul le chat de la maison
assistait car il était aussi intéressé que le vieux couple »6
8
Ibid. p.9
9
Ibid.p.6
10
Ibid.p.80
l’auteur, il reflète parfaitement la situation morale ou physique
de ce qui est décrit.
«Cette pauvre vielle vivait dans une immense bâtisse en partie délabrée parmi
des multitudes de rats et de chauves-souris. Elle était encore assez vigoureuse
pour entretenir une vache et s’occuper des corvées journalières.»11
La vielle vit telle une sorcière des contes merveilleux, entre les
rats et les chauves-souris et sa puissance est intacte aussi
vigoureuse qu’une vache.
« C’est vrai ! Dans les compagnes du Nord les Arabes chassent les chiens à coups
de pierre, un Français s’en est offusqué [...] Les Arabes haïssent les chiens .Il n’a
tout à fait tort. Les Arabes haïssent les chiens. Comme ils ne leur donnent rien à
ronger, les chiens se transforment en charognards et même en tueurs. Bien des
femmes imprudentes ont ainsi été déchiquetées »12
11
Idid.p.14
12
Ibid. p.36
13
Ibid. p.129
L’auteur compare les animaux aux être humains à plusieurs reprises, des fois par
la voix du narrateur et des fois par la voix des personnages eux même qui se
compare à des animaux, ainsi la ville se compare aux bêtes car elle est
analphabète : « Nous autres qui ne savons ni lire ni écrire, ajouta-t-elle, nous
sommes comme les bêtes, il faut nous parler »14.Bouchaib lui-même est
comparé à un ours : « Ainsi le vieux put-il écrire la geste du saint méconnu
sans ressentir le besoin d’aller et venir comme un ours dans sa cage car il
n’aimait pas être enfermé entre quatre murs, surtout la nuit… »15
Rappelons que ce dernier animal est celui qui a donné son nom
au dernier journal de l’auteur :
14
Ibid. p.124
15
Ibid. p.76
16
Ibid.p.35
17
Ibidem.
18
Ibid.p.27
« Aussi loin que possible de ces oiseaux de mauvais augure, le poète,
recueilli par des amis entre Casablanca et Rabat, entre en sympathie avec un
loriot, qui vient chanter le matin à sa fenêtre. Le second cahier s’interrompt sur
un poème consacré à cet oiseau (L’Albatros de Khair-Eddine ?). Il parle aussi, un
autre jour, d’une huppe, cet « oiseau qu’on ne met pas en cage ; il doit rester
libre » (lundi 12), et qui donne son titre au Journal. La huppe, cet « oiseau
biblique » dans la beauté duquel Khair-Eddine trouvait quelque chose de sacré,
était aussi le nom d’une revue satirique bilingue qu’il avait fondée à Casablanca,
et que la censure avait stoppée en plein vol19. »
Mais bien encore, deux animaux ont joui d’une place exceptionnelle
dans le récit de Khair-Eddine, à savoir L’âne et le chat.
19
Antoine Hatzenberger.op.cit.
Dans ce qui va suivre, nous tenterons de suivre cet équidé à
travers le texte, à fin de démontrer comment présente-t-il le
changement des temps dans le fil du récit.
20
Mohamed Khair Eddine.op.cit.p.6
21
Ibid.p.42
22
Ibid.p.50
23
Ibid.p.88
Le croisement se transforme en combat, et la modernité
commence à prendre du terrain. Ainsi l’Amzil, le forgeron du
village ne trouve plus de quoi nourrir sa famille à cause de la
régression du nombre des équidés du village car les gens n’en
ont plus besoin pour se déplacer : « Eh bien, cet Amzil n’a plus aucune
ressource depuis que les gens achètent tout au souk ! Et il n’y a plus assez d’ânes
et de mulet à ferrer »24, cette disparition montre le début du déclin
du mode de vie traditionnel.
« Possèdes-tu toujours un âne ? --Non. J’ai une mule. Un âne ne fait pas
de vieux os ici. Le dernier que j’ai eu a été bouffé par les charognards il y’a trois
ans peut être. Ici, quand une bête crève, on jette sa carcasse aux fauves. J’ai donc
une mule qui ne demande qu’à sortir, mais, comme je suis indisponible, elle reste
dans son réduit »25
24
Ibid.p.97
25
Ibid 140
26
Ibid.145
« Le dernier symbole de jadis est tombé, dit le Vieux.
-Il y’en a partout, c’est sûr, mais celui-ci était le dernier de la région .Il y’en avait
un autre ….Un jour, il a été décimé par une brutale épizootie. C’était
épouvantable .Les charognards se sont alors bien gavés que les poules sortaient
en paix.
-c’en est un, affirma le Vieux, car il ya plusieurs siècles, le grand Ancêtre est venu
s’installer ici à la tête d’un immense troupeau D’ou cette tradition qui s’écroule
aujourd’hui comme un château de cartes. »
Le chat, est présent dans la littérature depuis des siècles, il n’a pas
cesser d’être sujet de plusieurs travaux artistiques et littéraires,
et sa symbolique a évolué au court du temps.
27
Ibid.p.36
« Le félin domestique, en revanche redevient aux yeux des citadins d’aujourd’hui
l’objet d’admiration sinon d’adoration qu’il était pour les égyptiens, bouclant la
boucle du temps par le symbolisme esthétique, affectif et spirituel qu’il évoque » plus
loin dans le même texte : « De personnage allégorique de fable et de conte le chat
s’individualise dans la nouvelle et le roman contemporains et prend part à l’aventure
de l’écriture contemporaine. Support privilégié de l’imaginaire littéraire et
compagnon de prédilection des romanciers, il se prête à un double rôle, utilitaire au
second degré, sa fonction de dératisation étant de plus en plus limitée ». 28
-Eh non ! Son rôle, c’est d’être tout près de moi et de ronronner. Mais où est-il
passé ? »29
« Mon chat, tu comprends la poésie. Chaque fois que la plume court sur le papier tu
te redresses comme pour applaudir. Tu saisis tout rien qu’à ce bruit insolite »30
Conclusion :