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Meyrowitz Henri. Le nouveau règlement de discipline générale de l'armée française. In: Annuaire français de droit international,
volume 12, 1966. pp. 822-831.
doi : 10.3406/afdi.1966.1909
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1966_num_12_1_1909
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LE NOUVEAU REGLEMENT
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(3) Ce système est largement répandu en droit comparé (Etats-Unis, Angleterre, Rép. féd.
d'Allemagne, Belgique, Israël, etc.) ; le caractère manifeste de l'illégalité y est apprécié in
abstracto, non pas in concreto. — Sur le problème des ordres illégaux, la littérature est très
fournie; nous ne citerons que les ouvrages les plus récents : P. Fuhrmann, Her hôhere Befehl
aïs Rechtfertigungsgrund im Vôlkerrecht, Munich, 1960; Y. Dinstein, The - Dejence oj
€ Obedience to Superior Orders » in International Law, Leyden, 1965; E. Muller-Rappard,
L'ordre supérieur militaire et la responsabilité pénale du subordonné, Paris. 1965.
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(4) Article commun aux quatre Conventions : I, art. 49; II, art. 50; III, art. 129; IV, art.
146.
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(5) Ibid.
(6) L'art. 363 du code de justice militaire se borne à réserver (c Sans préjudice de... »)
la répression des c faits qui constituent des crimes ou délits de droit commun, et notamment
de ceux qui sont contraires aux lois et coutumes de la guerre et aux conventions interna
tionales ». L'art. 419 punit l'individu qui, en temps de guerre, € emploie indûment les signes
distinctifs et emblèmes définis par les conventions internationales pour assurer le respect
des personnes, des biens ainsi que des lieux protégés par ces conventions ». — Cette
lacune de la législation pénale interne n'empêche pas les tribunaux français de punir des
nationaux français pour des crimes de guerre. Les juges n'auront qu'à appliquer les
incriminations et les peines prévues par. le droit commun. C'est la méthode constamment
suivie dans la Rép. féd. d'Allemagne pour la répression des actes qui ont été commis, en
violation des lois de la guerre, par des nationaux allemands à rencontre de militaires ou de
civils ennemis.
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(8) Ce qui nous permet de penser que la divergence avec la règle conventionnelle est
délibérée, c'est une disposition du code de justice militaire du 8 juillet 1965, qui va
ostensiblement dans le même sens. L'art. 19, al. 6, de ce texte prévoit que pour le jugement
des prisonniers de guerre, les tribunaux militaires sont composés comme pour le jugement
des militaires français d'après les assimilations de grade, règle conforme à l'art. 102 de la
IIIe Convention de Genève de 1949. Cependant, l'ai. 4 dispose que pour juger les individus —
militaires ou civils — inculpés de crimes de guerre (prévus aux art. 80 et 81 du code),
le tribunal est composé comme pour le jugement des personnes n'ayant pas la qualité de
militaire, c'est-à-dire que le juge militaire le moins élevé en grade est un sous-officier.
Cette discrimination — qui avait été condamnée par l'arrêt des Chambres réunies du
26 juillet 1950 (J.C.P.; 1950, II, 5808, note Bhouchot) — n'est pas compatible avec l'art. 85
de la IIIe Convention, selon lequel les prisonniers de guerre poursuivis pour des délits
commis avant la capture restent au bénéfice de cette Convention. L'argument invoqué par
M. Doll (Analyse et commentaire du code de justice militaire, Paris, 1966, p. 37), justifiant
la discrimination par l'« indignité » du criminel de guerre, est exactement le motif qui a
déterminé les rédacteurs de la Convention de 1949 à prescrire que les procès des militaires
ennemis inculpés de crimes de guerre obéissent aux mêmes règles de procédure que les
poursuites intentées contre des prisonniers de guerre pour des infractions commises après
leur capture.
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(9) Le fait que l'interdiction d'emploi d'armes chimiques et biologiques, stipulée dans le
Protocole de Genève de 1925 auquel la France est partie, ne figure pas à l'art. 34, s'explique
probablement, au point de vue technique, par la raison que cette interdiction n'exclut pas
l'emploi de ces armes à titre de représailles « dans les cas — comme le dit correctement
l'art. 1, 2° de l'Instruction interarmées sur les armes spéciales (11 mai 1959) — où elles
auraient été employées sans équivoque par l'ennemi sur des troupes ou populations françaises
ou alliées », et que, selon ce même texte, ces moyens (comme d'ailleurs les armes nucléaires)
« ne sauraient être mis en œuvre par les commandements militaires français qu'à la suite
d'ordres formels du gouvernement français ». Si cette explication de l'omission peut être
considérée comme satisfaisante au point de vue juridique, c'est une autre question.
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(10) Bulletin officiel du ministère de la guerre. Edition méthodique (n° 110-0) : € Droit
international : Le droit des gens et les conventions internationales ».
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