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de
Mme Isabelle Tournier
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Accorder le droit de vote aux femmes est la problématique centrale qui les exclut du fait
guerrier. C’est quand les femmes combattent qu’elles deviennent citoyennes.
Figure de Jeanne d’Arc, qui sera canonisée en 1920 qui confirme la règle par son exception
mythique. Figure de la troisième république qui éclipse même Marianne.
1848 >> Un des clubs de femmes a demandé à G. Sand de se présenter aux élections. Elle
refuse.
1837 > Texte composite. Pas de prise sur l’histoire mais à déjà le perso du voyageur
Journal d’un voyageur >> notable : elle se désolidarise des récits de femmes voyageuses
(quasi pseudonyme masculin)
G. Sand dans ses romans champêtres des années 1840 introduit littérairement les paysans,
leur (re)donne une dignité. Vision antithétique des paysans chez Sand et Balzac (cf. le roman
de Balzac nommé Les Paysans >> image très sombre, tandis que pour elle la campagne est le
lieu des vraies valeurs).
Le texte de Sand exprime un violent déni de toute bonne raison pour faire la guerre.
Texte obsessionnel et répétitif. Le moins séducteur des trois (sans doute parce que c’est le
seul non romanesque).
H. Psichari : L’Appel des armes, août 1914, texte de nationalisme chrétien. Roman
contemporain de Tinayre qui se passe au Maroc. Il montre dès son titre et par son contenu ce
que n’est pas le texte de Tinayre. Il n’est pas aveuglément un chant de louange à la guerre.
La dernière classe >> texte qui a été lu à l’école par deux générations (dans toute la
période en tre 1870 et 1914).
Troisième république > service militaire obligatoire. C’est la date qui marque la première
phrase et son lien au titre. Texte qui invite à la vérification réaliste.
Tinayre insiste sur le calme. Mouvement du texte : description de lieu > personnages, modèle
classique balzacien, typique du XIXème)
Le but de ce texte : décrire la paix. Nostalgie extrême contenue dans le roman.
NEMIROVSKY :
« scène à faire » > Le motif de l’alerte. Statut particulier de cette alerte, alerte aérienne, qui
est d’un type nouveau, aussi bien dans la guerre que dans la littérature. Comment la décrire?
Némirovsky suit un procédé original qui lui permet de réussir dans l’effet produit par cette
ouverture.
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Sa mère, qui publie pour vivre se dit « ouvrière du livre ». Elle écrit des romans : Tu seras
ouvrière - histoire simple.
Caractère foudroyant de sa carrière d’institrice (sera rapidement directrice de l’ecole normale
supérieure)
Belle-mère de Tinayre : Victoire Tinayre, elle-même écrivain.
Compte-rendu du premier vrai roman de Marcelle Tinayre, Avant l’amour, fait par sa mère.
Evoquant le personnage : « C’est la femme de demain, droite, logique… »
La Maison du Péché, son œuvre principale. A partir de là, elle publie chez Calman-Levy,
éditeur notamment de George Sand.
Némirovsky >> Etape du roman à succès : David Golder ( sous le pseudonyme d’Epstein)
33 nouvelles publiées entre 1931 et 1942 (sous divers pseudonymes masculins comme Pierre
Nerey)
Gringoire (revue d’extrême droite), sera son éditeur le plus fidèle, continuant à la publier
quand elle sera interdite. Elle publie également dans la Revue des deux mondes (Philippe
Pétain fait partie des éditeurs).
1830 >> une semaine de salaire ouvrier nécessaire pour payer un livre. Les tirages les plus
fréquents sont à 1000 voire 1500 exemplaires.
« sandien » ne désigne pas une unité stylistique comme les adjectif, proustien, balzacien…
[…]
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De 1800 à 1860 : des journaux s’écrivent, particulièrement chez les femmes, dans une visée
de confessions, mais pas pour la publication (considérée comme impudique, narcissique,
etc…) sauf posthume.
De 1870 à la fin du siècle : commence à apparaître un genre littéraire avec des publications de
+ en + fréquentes.
1858 Barbey d’Aurevilly publie un journal d’une partie de sa vie. Puis journal des Goncourt.
1939 : La pléiade publie tout le journal d’André Gide, contribuant à donner définitivement un
statut littéraire noble au journal.
Journal au sens strict (dans le rapport à sa famille notamment) et Mémoires à la fois (avec le
jugement porté, la voix d’un écrivain majeur de son temps, et le thème : la guerre corollaire
de l’histoire)
Des femmes ont écrit des mémoires dans les années 1820 avec la Restauration : sorte de
mouvement doloriste pour montrer les difficultés de la noblesse pendant la période
révolutionnaire.
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Némirovsky :
La Seine, fleuve maternel, => couleur de lait.
Beauté du cadre de la ville en guerre (différence fondamentale d’avec Sand : nature en
souffrance et nature comme refuge à la guerre)
Les oiseaux du premier chapitre signifient que l’alerte est finie : avions / moineaux
Mouvement du texte. Transition : « grandes oiseaux noirs » => que désignent-ils? Les
avions? Cela reste flou.
Moineau : symbole de Paris, tâtonnement de la scène à faire : l’alerte aérienne n’est pas une
description topique que le lecteur peut reconnaitre d’emblée, c’est un nouveau terrain
littéraire à défricher.
Les grands journaux sont souvent le fait de célibataires (Barbey, etc..). A l’opposé, présence
familiale dans le journal de Sand. Le journal est comme une pause entre 2 romans.
A l’automne 71, (publ. Printemps 72), roman Manon, - roman de la réconciliation nationale
comment la France peut se relancer.
Roman à la première personne qui sert d’interface entre le journal et le retour au roman.
Texte dans la même visée que 93 de Victor Hugo.
On n’a plus besoin de l’écriture de soi parce que celle des autres prend le relais.
Dans l’isolement plus ou moins complet de la province.
Capacité à rester lucide revendiquée : « sans égarements d’esprit »
Hécube citée par Tinayre : histoire pas simplement des faits, mais aussi du ressenti. Seul
Michelet au XIXème siècle pouvait aller dans ce sens.
6 octobre 89 >> Des femmes en armes vont demander du pain à Versailles.
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3 parcours de combattantes : en commun, 3 grands succès qui les ont sorties de l’anonymat :
Indiana (1832)
La Maison du Péché (1902)
David Golder (1929)
Côté laborieux de l’écriture de Tinayre dans ce texte. Beaucoup de réecritures, mais ce livre
est celui qu’elle a écrit le plus vite.
Sand : Texte d’émotion où le présent l’intéresse quand il est replacé dans un cadre plus vaste
=> philosophie de l’histoire. Textuellement, cela est visible dans les usages nombreux du
futur simple.
Foi dans l’homme, faute de Dieu, chez Sand.
Tinayre : bcp de points de suspension. Trait de fainéantise ? Ne pas aller jusqu’au bout d’une
description, etc…
Roman-chorale : de toutes les catégories sociales d’un microcosme parisien. Chacun peut
poursuivre le texte.
Némirovsky :
La parenthèse => peut être une petite mauvaise pensée qui remet ces personnages égoïstes à
leur place. Souvent en effet, pour dire du mal des personnages.
Problème d’identité. Elle ne sait plus qui elle est.
Le seul avec qui elle a une sorte de dialogue, c’est Tolstoï.
Tinayre plus effacée que Némirovksy. Son texte se veut un écho. Pas de narratrice
intradiégétique mais pas non plus d’autres types d’interventions directes.
Œuvres de circonstances :
Quelque chose de cette écriture sous contrainte des nouvelles publiées dans le temps de de
Suite française transparait dans le roman.
La vicomtesse > sorte de voix publique des discours de la collaboration le « salaud » sartrien
est celui qui a la mauvaise foi, tout à fait représenté ici.
Dans le chapitre « La France des femmes », insertion directe de l’évenement historique, texte
sur l’état de guerre en Allemagne. Degré zéro de l’écriture : archive inséré dans le roman tel
quel.
L’occupation des forts de Paris par les Prussiens >> dépêche de journal qu’elle recopie
comme document brut avec commentaires intercalés >> pour aller contre, chercher les faux-
semblants. [Démarche très différente de Tinayre, qui est dans une position d’observatrice.
Sand au contraire associe sa propre voix à la vérité, sa posture est celle de « seule contre
tous »]
L’héroïsme : pas de peuple sans héros. Quels héros pour la France du XIXème siècle ?
Mauvaise époque. Chute après l’épopée napoléonienne. Moins de héros réels. On est sortis
des grandes guerres napoléoniennes et du soutien de la république.
La gloire n’est plus à l’ordre du jour. Elle n’esst plus une fabrique de gloire, mais juste
d’images de gloires (cf. images d’Epinal).
Confessions d’un enfant du siècle (Musset), chapitre 2, ceux qui ont 20 ans dans les années
30 sont nés aux sons des tambours (Mal du Siècle)
Comment devenir un homme supérieur? Pas de place à l’époque (cela laisse de la place aux
femmes)
1885 Panthéon réinvestit comme lieu de héros. Enterrement de Victor Hugo (figure héroïque
par sa traversée du siècle - démocratie, courage de l’exil, génie littéraire…)
Le XIXème siècle ne laisse au statut du héros au sens classique que très peu de place - ou
alors dans les guerres coloniales, mais ce sont des luttes périphériques. C’est le type de
« l’homme parfait » qui prend le relais.
XIXème >> En littérature : presque que des héros non-héroïques : Frédéric Moreau (Flaubert,
L’éducation sentimentale) Des Essentes (Huysmans, A rebours), les personnages de Zola…
Journal d’un voyageur >> Texte un peu buté, assertif, donneur de leçon, mais position de
surplomb de Sand. Héroïsme de son texte en ce qu’elle ose dire la vérité.
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Tinayre :
La question du héros :
Texte qui doit être préparé pour le futur héros, François, mais pas réservé à la seule figure du
héros masculin.
Chapitre XIII : La fraternité de la race (Mort de Jaurès > suite du passage)
Chapitre XV : La France des femmes
Tolérance pour ceux de sa race : discours du « je suis français avant tout » (dans la guerre
solidarité se voulant au-dessus des clivages politiques, religieux, etc…)
Dans le discours de cette époque, race = peuple
Dans les romans précédents, des héroïnes potentielles mais non réalisées. Ici, le contraire :
Simone, non prédestinée à l’héroïsme se découvre.
1) Elle se rehausse par son épouc. Elle tient en elle l’ancien et le nouveau
2) Présence également d’un héroïsme aussi d’un autre ordre :
>> nudité = nouvelle naissance. Dès ce moment-là, dans le texte, les positions vont changer.
Position maternelle et d’amante « dors » / « je te possède » (mots qu’elle adresse à François
endormi avant son départ).
Rétrecissement du temps. On ne compte plus en heures mais en minutes. Ce texte, par ailleurs
assez discoureur, sait se taire à ce moment crucial.
C’est elle qui, la première, parle pour annoncer l‘imminence du départ. Mise en valeur du
personnage.
« Il avoua : tu as raison ». (paroles de François)
Elle a tout à la fois le courage et la douleur alors que François part joyeux.
=> L’ange de la République s’efface.
Le texte de Tinayre construit une héroïne qui sait choisir son destin.
La guerre est une « chance » pour la femme dans ce contexte de construction de soi.
NEMIROVSKY :
Formes de dé-héroïsation
Texte inachevé. Y aurait-il eu de l’héroïsme? Seule l’histoire lui aurait donné sa fin.
On sait qu’elle voulait faire un roman de la résistance. Mais le thème n’y est encore
qu’effleuré. => La troisième partie aurait sans doute maintenu des figures de héros positifs.
Idée centrale chez Némirovsky : il suffit de peu de choses pour qu’on bascule dans le Bien ou
dans le Mal.
(Lacombe Lucien, film de Louis Malle - qui fit scandale durant l’époque de l’idéologie
« résistancialiste » de l’après-guerre - évoque cette idée)
Chez Némirovsky : Mme Pericaux : Fausse « mère courage » qui trimballe sa famille sur les
route. « Personnage qui n’obéissent qu’à leurs besoins » (Némirovsky)
Pericaux. Elle se voit en héroïne, mais oublie son beau-père pendant l’exode (p. 232).
Chapitre 31 : la France entière présentée comme en hibernation, sans la moindre énergie
guerrière.
Marquer l’héroïsme au passé? Non. Némirovsky marque de cette nullité tout ce qui se
rattache à la France.
Testament de Monsieur Pericaux : scène caricaturale où les noms en lettres d’or des fils
défunts raillent indirectement les monuments au morts de la guerre de 14.
Lucile => personnage superficiel le long du texte mais changement quand elle cache un
français qui a tué un soldat allemand alors même qu’une belle histoire semblait prête à se
tisser avec un militaire allemand.
Elle refuse la loi, la Nation, la Politique qu’elle rassemble sous le terme « la ruche ». Image
répulsive => On ne peut être sauvée que par sa différence absolue (parole de Némirovsky
cachée). Elle se refuse au piège de la charité, elle se convertit en quelques sortes à elle-même.
Dernières pages : Départ des soldats allemands stationnés dans le village pour le front russe.
Cette « fin » marque un changement qui annonçait la troisième partie - changement dont nous
ne saurons jamais la tournure qu’il aurait pris.
Pas de personnages juifs dans Suite française. Dans les notes préalables, elle fait une liste des
personnages qu’elle voulait mettre. Il y avait « des juifs intellectuels ». Ils ont disparus du
texte. Figure de l’écrivain Corte, retrouve peut-être quelques traits d’eux.
Le personnage de Philippe, le prêtre, est plein d’une foi réelle - lui n‘est pas négatif. Mais son
amour est impuissant devant la réalité de la guerre.
Dernières phrases de Némirovsky : il n’y a que deux ou trois choses qui méritent d’être
vécues : « l’humble vie domestique, l’art, Dieu. »
Chapitre 12 et 13 : analyse.
Problème de l’action qui n’est pas reconnue. C’est la reconnaissance publique qui définit
l’acte héroïque.
!! Elle utilise des techniques du roman-feuilleton, ce qu’elle ne fait pas dans ses autres textes
- elle n’est pas coutumière de cette pratique d’écriture.
Est-ce qu’elle se disait qu’elle ne pourrait être publié qu’en revue? C’est fort probable, vu la
structure du roman.
Deuxième passage, chapitre 13, scène à faire, typique du roman de guerre. Ici le transport du
blessé. Némirovsky au cœur de la guerre, ce qui la différencie des deux autres.
Un des rares passages de tendresse du roman. (Elle lui met des cerises contre sa joue).
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Pour Némirovsky, évidente, avec matériau très complexe, notamment dans son lien à la
situation, elle réussit cependant à produire un texte très concerté, très littéraire. C’est moins
vrai de Tinayre - ici texte plus problématique : écrit vite (ça se sent), problèmes
d’incohérences (par exemple, la « Fräulein » qui est répétée dans deux immeubles distincts,
deux lieux du lotissement, répétition de toute évidence contradictoire).
=> Précipitation d’écriture.