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Le pingouin bibliothécaire : les logiciels libres de gestion

de bibliothèque

Ludivine Berizzi
Bibliothèque Municipale de Lausanne

Carole Zweifel
Haute Ecole de Gestion de Genève
Filière Information Documentaire

L
ors de notre travail de diplôme, libres, puis aborderons les avantages et
réalisé en 2004 à la fin de nos études désavantages des logiciels libres de
en Information documentaire, à la gestion de bibliothèque par rapport à des
Haute Ecole de Gestion de Genève, nous solutions propriétaires.
avons eu l’occasion d’explorer le domaine Avant de conclure, nous parlerons plus
des logiciels libres de gestion de spécifiquement de l’application pratique
bibliothèque. La recherche puis d’un logiciel libre à la Fondation Chanson
l’exploration et l’installation d’un logiciel et Musiques Actuelles à Nyon (Suisse).
de ce type furent une expérience très Précisons que par logiciel de gestion de
enrichissante… mais assez isolée bibliothèques, nous entendons un système
actuellement en Suisse. intégré de base de données pouvant gérer
Lors de nos recherches préalables, nous un catalogue de documents, permettre
avons constaté que les logiciels libres de des recherches, gérer du prêt ou encore
gestion de bibliothèque étaient proposer un accès spécifique aux lecteurs
particulièrement méconnus des (OPAC).
professionnels de notre branche, en
Suisse. Il nous a donc paru judicieux de Le mouvement des logiciels
partager notre expérience et notre avis
sur la question. Parallèlement, de plus en
libres, une idée généreuse
plus d’articles et de sites Web, comme le
Historique du mouvement
site Free Biblio (1), sont consacrés à
cette thématique : le logiciel libre est
L’histoire du logiciel libre est riche et
devenu une évidence…pour ceux qui
complexe et le but de cet article n’est
suivent l’actualité de l’informatique
pas de s’y attarder. Signalons cependant
documentaire et s’intéressent aux
les grandes lignes :
logiciels libres. Pourtant, il deviendra
Le concept de logiciel libre remonte au
bientôt indispensable que tout
tout début de l’informatique, lorsque les
bibliothécaire responsable d’un logiciel
chercheurs s’échangeaient des codes pour
documentaire sache de quoi on parle.
faire avancer plus rapidement leurs
Cet article se veut un compte-rendu de
recherches et développer des logiciels, ce
notre expérience, enrichi par les
qui a permis entre autres le
recherches de Carole Zweifel dans le
développement d’Internet. Ce concept se
cadre de ses fonctions actuelles
développe beaucoup dans les milieux
d’assistante à la HEG. Compte tenu des
universitaires dès les années septante.
évolutions rapides des logiciels libres,
L’introduction de licences d’exploitation
nous ne pouvons pas assurer que le
supplante progressivement cette culture
contenu soit encore actuel dans une
d’échanges et impose des restrictions
année… Dans cet article, nous
d’usage.
expliquerons en premier lieu en quoi
consiste le mouvement des logiciels

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En 1984, Richard M. Stallman, encore les produits Open Office (une
informaticien au MIT et travaillant à version libre de Star Office, développé
l’amélioration du système d’exploitation par Sun Microsystem).
UNIX (à l’époque, propriété de AT & T), Quant aux logiciels de gestion de
très irrité par la limitation croissante bibliothèque, il en existait beaucoup,
d’usage des logiciels, crée la Free dans les années 80, tel Sibil, que l’on
Software Foundation (FSF) et lance son aurait pu considérer comme libres
projet de système d’exploitation libre, puisqu’ils étaient libres d’usage et de
intitulé GNU (soit GNU is not Unix). Il modifications. Ils furent pour la plupart
crée petit à petit de nombreux abandonnées ou rachetés par un éditeur
programmes dont le code source (2) est qui, ensuite, s’est attribué les droits
intégralement accessible. La dernière d’exploitation. Le premier logiciel libre
pierre de l’édifice, le système de gestion de bibliothèques en tant que
d’exploitation, qui permet d’être tel, Koha, date de 1999 et a été réalisé
totalement indépendant de tout système par la société Katipo pour la Horowhenua
propriétaire, manque pourtant. Celui-ci Library Trust, puis “libéré” pour être
est crée en 1991 par un étudiant, Linus utilisable par tous. A la même époque,
Torvalds, durant ses temps libres. Linus Peter Schlumpf développe seul un autre
Torvalds souhaitait simplement proposer logiciel libre : Avanti. Depuis, les
un système d’exploitation simple dans la initiatives n’ont pas manqué mais le
lignée de Mimix, version légère d’Unix. Il développement dans ce domaine est très
se trouva que son système d’exploitation récent. Nous présenterons les divers
était l’élément manquant du projet GNU. logiciels plus loin.
Le résultat est bien connu puisqu’il
s’appelle Linux (l’appellation correcte
étant GNU/Linux), symbolisé par Tux le Définition du logiciel libre
pingouin. Depuis sa création, Linux est de
plus en plus utilisé par des particuliers, Dans le jargon informatique, on a parfois
des entreprises mais aussi des du mal à différencier les notions de
administrations. freeware (ou gratuiciel), shareware (ou
Il est difficile d’évaluer la part de marché partagiciel) ou « public domain » (logiciel
de Linux pour les systèmes d’exploitation. du domaine public). Définissons déjà ces
En se basant sur l’usage des navigateurs trois termes avant de définir la notion de
Web, le W3 Schools (3) tient des logiciel libre ou d’Open Source.
statistiques mensuelles à ce propos et Le logiciel freeware est publié
estime les parts de marchés suivantes gratuitement et chacun peut se le
(juin 2005) : 89.8 % pour l’environnement procurer sans frais. La redistribution
Windows, 3,5 % pour Linux et 3 % pour commerciale est interdite. Le shareware
MacOS (les plateformes comptabilisant est également distribué gratuitement,
moins de 0.5% n’étant pas retenues). mais sous une version simplifiée ou
Depuis 1994, date de sa création, Red Hat accessible dans un temps limité. Pour
distribue sa version de Linux et celle-ci obtenir une version complète,
est actuellement la plus présente sur le l’utilisateur devra l’acheter. Quant au
marché. Il existe d’autre sociétés de logiciel « public domain », il s’agit d’un
distribution tel Debian, Mandrake ou logiciel dont les droits ont expiré.
Knoppix, qui proposent chacune une L’utilisateur peut sans autre l’obtenir
version différente de Linux, adaptée au gratuitement, mais le risque est grand
public ou à la langue. que le logiciel soit abandonné au niveau
Depuis plus de dix ans, des logiciels libres de son code source et qu’il ne soit donc
ont été développés dans presque tous les plus développé ou entretenu par son
domaines de l’informatique. En exemple, éditeur.
on peut citer Mozilla (Navigateur web) ou Ces trois types de logiciels se
encore le serveur Web Apache, les caractérisent par le fait que le code
langages Perl, Python, PHP, XML ou

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source n’est pas accessible aux propriétaire, mais cette licence est
utilisateurs. justement très permissive.
A ces trois notions se sont ajoutées
récemment les termes « logiciel libre » Le terme « Open Source » est apparu en
(free software en anglais) et « Open 1998 et n’est pas forcément équivalent,
Source ». Le terme « libre » doit, principalement concernant le choix de la
premièrement, être compris dans le sens licence d’une nouvelle version ou d’une
de « libéré » et non dans le sens de la version dérivée. La notion « free
gratuité. En effet, le code source du software » étant peu claire et la FSF un
logiciel, sa boite noire en somme, est peu trop rigoriste dans ses prises de
« libéré » et donc accessible à tous et position, la société Red Hat et d’autres
chacun peut donc le modifier. Les militants du logiciel libre, réunis au sein
logiciels libres sont, par essence, gratuits de l’Open Source Initiative décident
même s’il existe des « packs » payants d’utiliser le terme « Open Source », en
(notamment pour les distributions Linux) référence au code source ouvert. Ce
qui contiennent les CDs d’installation, un terme sera ensuite très vite popularisé et
guide voir un certain nombre de jours utilisé à toutes les sauces, même par des
d’assistance. éditeurs de logiciels propriétaires
La Free Software Foundation donne une puisqu’il est possible de commercialiser
définition claire des conditions à remplir un logiciel basé sur une partie du code
pour qu'un logiciel soit considéré comme d’un logiciel libre.
libre. On retiendra principalement les Reste que ces deux termes sont
quatre libertés, édictées par Richard semblables dans leur définition. Nous
Stallman, qui sont offertes aux n’utiliserons cependant pas, dans notre
utilisateurs : article, le terme « Open Source »
La liberté d'exécuter le programme, pour puisqu’il est plus restrictif et postérieur à
tous les usages (liberté 0). la notion de logiciel libre.
La liberté d'étudier le fonctionnement du
programme, et de l'adapter à ses besoins
(liberté 1). Pour ceci, l'accès au code
Pourquoi un logiciel libre en
source est une condition requise. bibliothèque
La liberté de redistribuer des copies,
donc d'aider son voisin (liberté 2). Une philosophie commune
La liberté d'améliorer le programme et de
publier ses améliorations, pour en faire Lorsque l’on étudie la philosophie du
profiter toute la communauté (liberté 3). mouvement des logiciels libres, on est
Pour ceci l'accès au code source est une frappé par sa similitude évidente avec la
condition requise. philosophie des bibliothèques.
Cette définition est contenue dans la Prenons un exemple : Eric Anctil (Anctil &
licence GNU GPL (General Public Shid Beheshti, 2004) rappelle dans son
Licence), première licence libre, crée par article les 5 principes à suivre pour les
la FSF. Le principe de cette licence est bibliothécaires selon Ranganathan
basé sur le concept du « copyleft », c'est- (1931) :
à-dire, en bref, l’utilisation des lois de Books are for use.
droit d’auteur dans le but opposé du Every reader his or her book.
copyright. Par principe, toute nouvelle Every book its reader.
version d’un logiciel sous licence GPL doit Save the time of the reader.
rester sous cette licence. Il existe The Library is a growing organism.
d’autres licences du même type, mais Nous pouvons premièrement constater
souvent plus libérales. On citera entre une similitude entre ces cinq principes et
autre la LGPL (pour Lesser General Public les quatre libertés du logiciel libre.
Licence). Ensuite, le combat pour la liberté de
Un logiciel libre est donc bien sous l’information et le libre droit à son accès
licence, comme le serait un logiciel est un combat commun aux deux

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communautés et les rapproche à ce client. Mais si cela est possible, le
inévitablement. client paie un surcoût qui peut être assez
Eric L. Morgan (Morgan, 2004b) résume important. Et si celui-ci a peu de moyens,
assez bien cette similarité : « À plusieurs il devra donc s’adapter au produit et
égards, je crois que le développement du attendre patiemment les nouvelles
logiciel ouvert, tel que le décrit [Eric S.] versions. En fait, les logiciels
Raymond, est très similaire aux principes propriétaires peuvent être comparés à du
mêmes de la bibliothèque. D’abord et prêt-à-porter alors que les logiciels libres
avant tout, par l’idée du partage de correspondraient mieux à du sur-mesure.
l’information. Les deux parties mettent Mais surtout, le marché n’est pas stable.
l’accent sur l’accès direct. Les deux Entre rachat, abandon ou modifications
parties ont la culture du don et gagnent incessantes de ces logiciels, il est difficile
leur statut par la quantité de ce qu’elles de trouver une solution stable et durable
diffusent… Les deux parties espèrent que dans laquelle nous puissions avoir
le partage des informations fait totalement confiance. Or, les
progresser chacun dans le monde» bibliothèques travaillent sur le long
Nathalie Cornée (Cornée, 2003) en arrive aux terme et la pérennité des données
mêmes conclusions : il paraît évident que les informatiques, et si possible du système,
deux mondes collaborent « puisqu’ils est absolument essentielle. Le
partagent les mêmes objectifs ». « Les logiciels professionnel doit donc réfléchir à long
libres représentent des outils de travail terme et pouvoir migrer facilement ses
logiques et naturelles par leur essence pour les données lorsqu’il change de logiciel
professionnels de l’information. » documentaire. Ces préoccupations ne
Cette constatation est donc plutôt sont pas forcément comprises par des
pertinente, mais malheureusement les développeurs de logiciels propriétaires,
professionnels de l’information ne même si l’on relève un plus grand intérêt
s’intéressent pas tous aux domaines de de leur part quant à l’utilisation de
l’informatique libre. Un travail important formats standards.
de sensibilisation serait indispensable A ces égards, les logiciels libres sont une
pour que ceux-ci se rendent compte du solution très intéressante, au niveau du
potentiel des logiciels libres et que les coût, de la maintenance et de la
deux mondes se rencontrent. pérennité des données et du système.

On a trop tendance à réduire l’intérêt des


Une solution à l’impasse des logiciels logiciels libres à leur gratuité. Le logiciel
propriétaires libre est gratuit à l’acquisition, certes,
mais l’on verra que le coût global n’est
Dans les cours qui nous ont été donnés sur de loin pas nul. Lorsque l’on acquiert un
les logiciels documentaires ainsi que dans logiciel propriétaire, le prix comprend
nos pratiques professionnelles, nous l’installation, le paramétrage, parfois la
avons retenu plusieurs éléments formation du personnel et la
concernant le marché du logiciel maintenance, souvent avec un surcoût.
documentaire payant. Le choix Ces services ne sont pas proposés avec
commercial est important. Les l’acquisition du logiciel libre, ou tout du
fonctionnalités du logiciel répondent moins pas gratuitement. Il faut donc
rarement à 100% aux attentes du client. premièrement prévoir du temps ou de
Nous dépendons de l’éditeur, parfois peu l’argent pour l’installation et le
disposé à faire des modifications dans le paramétrage du logiciel puis la formation
programme. Le développement d’un du personnel. Si le responsable est
logiciel coûte cher et n’est pas toujours compétent et peut gérer la tâche seul ou
rentable. Les sociétés commerciales sont avec l’aide d’un informaticien de la
donc assez peu enclines à consacrer du maison, il s’en tire à peu de frais. Il peut
temps et de l’argent pour satisfaire un également consulter la communauté en
client quant à des adaptations spécifiques cas de problèmes techniques. Reste qu’il

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devra consacrer un temps important pour discussions. Les utilisateurs feront part de
suivre les évolutions du logiciel, adapter leurs besoins et, s’ils sont pertinents pour
le sien ou participer au développement une partie de la communauté, elle se
du logiciel selon ses capacités. mettra au travail. Le résultat sera
Dans le cas où le personnel est peu proposé à toute la communauté.
compétent et n’a pas la possibilité de L’utilisateur du logiciel, puisqu’il
demander l’aide d’un informaticien bénéficie de l’aide de cette
interne, il existe des sociétés de service communauté, devra par solidarité
en logiciel libre (SSLL). Ces sociétés proposer ses services. S’il n’est pas
proposent des conseils lors du choix d’un compétent en informatique, il pourra
logiciel, l’installation et la configuration toujours participer à l’élaboration d’un
du logiciel, la résolution de problèmes manuel d’utilisateur ou à la traduction du
techniques, une adaptation de celui-ci logiciel dans une autre langue, donner
aux besoins de l’utilisateur ou son avis sur certaines fonctionnalités ou
éventuellement un ajout de modules. signaler quelques dysfonctionnements. Ce
Certains développeurs de logiciels système de communauté peut donc être
proposent également des services, tel très puissant concernant l’évolution d’un
PMB services pour le logiciel PMB. Cette logiciel et les modifications et ajouts au
société propose, entre autre, logiciel peuvent être réalisés rapidement.
l’installation et la configuration du A ce propos, nous conseillons la lecture
logiciel, un contrat de maintenance ou de l’excellent article « La cathédrale et
des cours de formation. le bazar » de Eric S. Raymond (Raymond,
1998), qui permet de bien comprendre le
En résumé, si le responsable du logiciel a fonctionnement et la puissance d’une
de bonnes compétences en informatique, communauté autour d’un logiciel libre.
il peut se débrouiller à peu de frais pour
gérer celui-ci. Peu de coût financier On peut reprocher aux logiciels libres
donc, mais un coût important en temps et qu’ils ne soient pas des solutions
en investissement personnel. Par contre, sérieuses et durables. Au contraire, la
s’il souhaite demander de l’aide à des communauté peut être très stimulante et
développeurs externes, le coût financier les développeurs être très motivés. De
peut être élevé et donc l’investissement plus, l’usage de langages libres
dans ce logiciel moins avantageux que s’appuyant sur des normes reconnues est
prévu. un gage de stabilité. De même, les
Eric L. Morgan (Morgan, 2004a) soutient logiciels libres sont évolutifs : les diverses
qu’il s’agit principalement d’un coût en versions du logiciel ne sont pas figées et,
temps de travail et nous avons également puisqu’elles utilisent le même langage,
pu le constater dans notre expérience. respectent les versions antérieures et les
migrations sont d’autant plus facilitées.
La communauté des utilisateurs est un Enfin, le soutien d’entreprises (dans le
gage important dans le succès d’un cas de Redhat et Mandrake, par exemple)
logiciel libre. Elle est composée permet également d’accroître cette
principalement d’informaticiens, de stabilité. Évidemment, ces observations
développeurs et d’utilisateurs. Plus elle sont récentes et l’on ne peut pas deviser
est grande, plus le développement et la sur les vingt prochaines années…
pérennité du logiciel sont en principe
assurés puisque si les développeurs En définitive, grâce à la licence libre de
principaux du logiciel abandonnent le son logiciel, l’utilisateur, avec l’aide de
logiciel, les membres de la communauté la communauté, obtient un logiciel
(et surtout les utilisateurs) auront tout flexible et adapté aux besoins du SID, de
intérêt à reprendre son développement. surcroît à peu de frais et souvent assez
Cette communauté est souvent organisée rapidement.
autour d’un forum sur le site du logiciel
mais également grâce à des listes de

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Avantages des logiciels libres. installer le logiciel pour le tester et
l’évaluer sur son propre poste.
Nous avons relevé plusieurs avantages des L’acquisition du logiciel est très simple
logiciels libres liés à leur liberté puisqu’il suffit souvent de télédécharger
d’utilisation, à l’indépendance par simplement un fichier via Internet.
rapport à une société propriétaire. Grâce à la communauté, on peut obtenir
Signalons ici les avantages techniques et de l’aide et de l’assistance gratuitement.
pratiques : La communauté permet un partage des
connaissances et des améliorations.
Avantages techniques Le logiciel est le souci d’une communauté
Le code du logiciel étant ouvert, il est active et permet indirectement la
possible, si l’on possède les compétences collaboration entre bibliothèques ou
suffisantes, d’intervenir dessus et donc centres de documentations parfois très
de faire des modifications rapides en cas éloignés.
d’erreur ou d’amélioration. La bonne connaissance du logiciel offre
L’interface Web, particulièrement un contrôle informatique. Le responsable
utilisée par les logiciels libres, demande connaît bien techniquement le logiciel et
uniquement l’utilisation d’un navigateur il développe ses compétences
Web et d’un serveur Apache de type informatiques dans un langage utilisé
EasyPHP (selon notre expérience également ailleurs.
facilement installé). Elle permet une On constate souvent un souci
personnalisation de l’OPAC et facilite d’esthétisme dans la présentation des
également l’usage de l’Unicode. En effet, logiciels. Une présentation graphique
le navigateur prend en compte la agréable et l’ergonomie semblent faire
traduction et facilite donc la traduction partie des préoccupations des
dans de nombreuses langues. Les logiciels développeurs.
libres peuvent donc facilement proposer Il existe de plus en plus de choix dans les
des traductions dans de nombreuses logiciels de gestion de bibliothèque, du
langues. plus simple au plus complexe.
Les langages de programmation (MySQL,
PHP, Perl, Python,…) sont libres, connus
et s’appuient sur des normes reconnues. Désavantages des logiciels libres
Les normes et formats de catalogage
(MARC, iso 2709,…) sont, pour la plupart Le choix d’un logiciel libre comporte de
des logiciels, respectés. nombreux risques et désavantages qu’il
De plus en plus, les logiciels libres gèrent est important d’avoir en tête. Signalons
XML, ce qui facilite grandement la cependant que ces désavantages se
migration des données et leur pérennité. présentent principalement dans le cas
Les logiciels libres sont moins sensibles d’une gestion faite par une seule
aux virus car les failles peuvent être personne. Une gestion en équipe peut
repérées par les développeurs et considérablement atténuer ces aspects :
corrigées immédiatement.
Désavantages liés à l’utilisateur
Avantages pratiques Il est important que celui qui souhaite
En règle générale, chaque logiciel dispose installer puis gérer un logiciel libre de
d’un site web où l’on accède à la copie gestion de bibliothèque ait, en plus de
du logiciel, à des informations techniques ses connaissances en bibliothéconomie,
et pratiques, à un forum, à des de bonnes connaissances préalables en
contacts,… informatique ou qu’il ait à disposition un
Une démo du logiciel est souvent informaticien compétent, ceci pour
disponible sur le site web du logiciel ou pouvoir gérer la maintenance du logiciel
sur des sites web associés. L’utilisateur de manière autonome.
intéressé peut également directement L’utilisateur doit suivre régulièrement les
développement du logiciel via une

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mailing-list ou en visitant régulièrement acquise, de même entre les logiciels
le site web ou le forum du logiciel. libres de gestion de bibliothèque.
De même, l’utilisateur devrait également Le choix des logiciels actuels est très axé
consacrer du temps à la communauté et « gestion de bibliothèques » et peu
proposer son aide selon ses compétences. « gestion de centres de documentation ».
Parfois, lorsque le développement d’un
logiciel n’est pas terminé ou qu’il
n’existe qu’une version beta, Survol des logiciels disponibles
l’acquisition du logiciel peut être actuellement
payante, ceci pour financer son
développement. Ce cas est cependant Un logiciel de gestion de bibliothèque
assez rare. propose en règle générale plusieurs
L’investissement en temps pour modules tels la circulation (prêt), le
l’utilisateur est important. catalogage, la recherche dans le
catalogue, la gestion des acquisitions, le
Désavantages liés au logiciel bulletinage des périodiques, des fonctions
L’installation du logiciel peut être parfois de gestion administrative, de statistiques
très laborieuse. ou encore un OPAC (Online Public Access
Actuellement, les logiciels à disposition Catalogue).
proposent, pour la plupart, des Après une brève recherche sur Internet,
fonctionnalités assez simples et parfois nous avons constaté qu’il existait un
pas suffisamment performantes. On y certain nombre de logiciels libres de
trouve presque toujours les modules de gestion de bibliothèque (4) disponibles.
catalogage, de circulation et un OPAC. Nous avons approfondi notre recherche
Mais peu de logiciels proposent, par dans des périodiques spécialisés (Argus,
exemple, un module d’acquisition ou de Archimag, Documentaliste, etc.), mais
prêt inter. aussi sur des sites ressources et sur les
Certains logiciels ne proposent sites officiels des logiciels documentaires.
actuellement que des versions beta, c'est- Après avoir rassemblé un corpus de textes
à-dire des versions encore non terminées suffisants et comparé les fonctionnalités
et instables. de base des logiciels, nous en avons
Les développeurs se concentrent au début présélectionné sept qui méritaient d’être
sur la création de nouveaux modules et étudiés d’un peu plus près. Il s’agit de
« oublient » parfois d’améliorer ce qui a Avanti, Koha, Learning Access ILS,
déjà été fait. GNUTeca, PMB, OpenBiblio, et Emilda.
Certains logiciels, les plus anciens, sont Nous les présentons brièvement ci-
assez peu conviviales et difficiles à dessous, dans l’ordre du plus ancien au
utiliser même si ceux-ci se veulent plus récent, avec une critique succincte
souvent simples d’usage. Les derniers de chacun. Nous avons ajouté une brève
arrivants sont nettement plus présentation d’Evergreen (anciennement
convaincants à ce propos. Open ILS), logiciel récent que nous
Il existe actuellement peu de manuels et n’avons pas étudié lors de notre travail
de documentation quant à l’utilisation et de diplôme mais qui semble très
la gestion des logiciels. C’est assez prometteur.
frappant dans le cas de Koha, logiciel Signalons que la plupart de ces logiciels
pourtant assez utilisé : Jusqu’à début ont été développés pour des
2005, on ne trouvait aucune bibliothèques et que leurs fonctionnalités
documentation digne de ce nom sur leur sont principalement adaptées à ce type
site web. Depuis, Koha a développé un d’institution. Cependant, la plupart
site spécifique à ce propos, d’ailleurs peuvent être utilisés par des centres de
assez complet. documentation après quelques
L’interaction avec les logiciels adaptations. Il manquera cependant les
propriétaires n’est pas encore toujours fonctions propres à un logiciel de gestion
d’un centre de documentation telle la

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génération de produits documentaires l’œuvre d’une personne assistée d’une
(revues de presse, newsletters) ou encore équipe de sept développeurs, sans l’aide
la gestion de documents numériques d’une éventuelle communauté. Autre
(GED). handicap de taille, Avanti n’est, à priori,
utilisé par aucune bibliothèque pilote. Le
Avanti graphisme est sobre mais pas vraiment
agréable. En fait, à force de vouloir être
Avanti est, à la base, l’oeuvre d’une aussi simple que possible, Avanti n’est
seule personne, Peter Schlumpf (USA) et pas assez complet. A notre avis, il
date de 1998. Le but était de développer pourrait à peine convenir à de petites
un logiciel aussi simple que possible, bibliothèques. Eric Anctil estime qu’il
flexible et ne demandant pas de grandes n’est pas encore prêt pour être implanté
connaissances en informatique à ses à son stade actuel de développement
usagers. (Anctil & Shid Beheshti, 2004).
La version actuelle, Avanti MicroLSC, dans
sa version 1.0 béta 4, propose un OPAC et Koha
un module de catalogage (compatible
MARC), fonctionnels mais assez Koha prétend être le premier logiciel
rudimentaires. Le catalogage des libre de gestion de bibliothèque. Il a été
documents est possible sur 10 champs initialement développé en Nouvelle
uniquement, ce qui peut, pour certaines Zélande par la bibliothèque
petites bibliothèques, être suffisant. On d’Horowhenua et la société Katipo en
ne peut pas préciser la nature du support 1999. La bibliothèque souhaitait changer
et les périodiques sont donc mélangés aux de SIGB (5) et a rédigé un cahier des
monographies sans possibilité de les charges en 1998. Aucune réponse ne la
démarquer. Plus ennuyeux, il n’existe pas satisfaisait : les solutions étaient trop
de champ date ou de zone de collation. chères et souvent surdimensionnées. La
La recherche se veut simple et est donc société Katipo a alors développé Koha et
limitée aux champs « titre » et « auteur » a proposé de « libérer » le logiciel.
et ne peut donc pas gérer une recherche Concrètement, Koha comprend un
thématique. Sébastien Thébault catalogue (compatible MARC, multiples
(Thébault, 2004) a installé ce logiciel, grilles, usage de thésaurus et d’autorités-
non sans peine et avertit que cette étape matière), un OPAC (recherche sur une
est difficile. La circulation sera intégrée dizaine de champs, compte lecteur,
dans la version 1.0 définitive, qui doit panier de notices), un module pour la
paraît courant 2005. Le graphisme est gestion de la circulation des documents
très épuré. et des lecteurs, un module d’acquisition
L’intérêt principal de ce logiciel est qu’il simplifié ou complet (gestion du budget,
peut fonctionner sur n’importe quel des commandes, des fournisseurs,
système d’exploitation. Basé sur la suggestions possibles de lecteurs via
technologie Java (de Sun), Avanti parie l’OPAC..), une aide en ligne
sur la stabilité de ce langage. Ce pari partiellement complète. Koha fonctionne
peut être discutable puisque le langage avec un client Web, sur Windows, Linux
Java rend le logiciel assez lent pour les et MacOS, utilise les langages Perl pour la
ordinateurs non récents. Sébastien programmation et MySQL pour la base de
Thébauld (Thébault, 2004) soutient données. Il s’est doté d’un protocole
également que la complexité de la d’interrogation Z39.50 dans la version 2.0
technologie Java explique la lenteur des et gère les formats UNIMARC, USMARC,
développements puisque peu de MARC21 et le format d’échange iso 2709.
développeurs la maîtrisent. Le logiciel Depuis peu, il existe un site regroupant
utilise son propre système de base de plusieurs documentations concernant
données nommé PicoDB. l’installation, la migration des données ou
En bref, le développement de ce logiciel la maintenance.
est peu avancé et fastidieux puisqu’il est

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Le type et la présentation des Le site Web donne accès à plusieurs
fonctionnalités de Koha l’orientent plutôt mailing-lists pour les utilisateurs et
vers les bibliothèques académiques. permet de visionner un exemple
Utilisé dans le monde entier grâce à des d’application du logiciel au travers d’une
versions multilingues, Koha possède une base de données avec OPAC et 25'000
importante communauté de notices. Nous avons donc pu voir
développeurs, traducteurs et concrètement comment le logiciel se
correspondants. Il a le potentiel pour présente.
devenir un logiciel universel à condition Côté négatif, la version n’est pas encore
qu’il suscite toujours autant d’intérêt accessible sur le site Web mais on peut se
dans le milieu des centres d’information procurer des versions béta sur le site
documentaire (Anctil & Shid Beheshti, personnel du créateur. Le Learning
2004). En tout cas, selon Eric Anctil Access Institute attend d’avoir une
(Anctil & Shid Beheshti, 2004), c’est le version complète et stable avant de la
logiciel libre de gestion de bibliothèque distribuer librement.
le plus complet actuellement et le plus Comme Koha, LearningAccess ILS a le
avancé technologiquement. Koha a potentiel de devenir universel. Via une
d’ailleurs reçu en 2003 le prix du logiciel recherche Internet, on trouve des OPAC
libre pour la meilleure application pour de bibliothèques visiblement inspirés de
structure publique aux « Trophés du ce logiciel, signe qu’il est déjà utilisé par
Libre ». Par contre, il semblerait que son des institutions. Le projet est supporté
installation pose encore quelques par une bonne équipe de développeurs et
problèmes. Dans notre cas, nous n’avons montre une grande ambition.
pas réussi à l’installer et plusieurs
informaticiens de la HEG de Genève ont GNUTeca
également essayé, sans succès. La
principale difficulté s’est présentée avant Le projet GNUTeca a démarré en 2001
l’installation de Koha proprement dite. Il grâce à trois développeurs brésiliens. Il
faut en effet installer plusieurs briques connaît un grand succès au Brésil dans les
logiciels (notamment des composants bibliothèques publiques, universitaires et
Perl) et c’est à ce niveau que nous avons même gouvernementales. Le nombre de
été bloqués. programmeurs a augmenté et la version
actuelle propose un OPAC, un catalogue
LearningAccess ILS compatible avec MARC21, une gestion de
la circulation, le bulletinage et le prêt
Le Learning Access Institut de Seattle inter-bibliothèques. GNUTeca tourne sur
propose un logiciel libre appelé Linux, utilise les langages de
LearnigAccess ILS. Anciennement nommé programmation PHP, PostgreSQL et utilise
OpenBook ou Koha West, LearningAcesse un langage de base de données libre
ILS a été développé dès 2000 par J.G. Bell portugais : Miolo.
en se basant sur le code de Koha. En ce Les fonctionnalités de ce logiciel nous
qui concerne les fonctionnalités, on y semblent très intéressantes et le fait
trouve trois modules : OPAC, catalogue qu’il ait un grand succès populaire au
(avec usage de MARC21) et gestion de la Brésil nous semble de bon augure.
circulation. La gestion des acquisitions Malheureusement, il est ennuyeux que ce
est encore en développement. Le logiciel ne fonctionne que sur Linux et
catalogage comprend aussi le protocole qu’il ne soit actuellement pas encore
Z39.50. Tous les modules fonctionnent traduit. Lorsqu’il existera une version
avec une interface Web et permettent un traduite, ce logiciel pourra être vraiment
usage multilingue. Techniquement, intéressant dans nos contrées.
LearningAccess ILS fonctionne sur Linux
ou Windows et utilise une base de
données MySQL, le langage de
programmation PHP et l’Unicode.

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No 2 • Août 2005 43
PMB également un module de gestion des
employés. Le logiciel fonctionne avec une
PMB, initié par le bibliothécaire français base de donnée MySQL, le langage de
François Lemarchand et actuellement programmation PHP, sur Linux, Unix et
développé, animé et maintenu par la Windows et gère l’USMARC. Ce logiciel
société PMB Services, date de 2002. est assez intuitif, agréable à l’œil, bien
Il propose dans sa version 2.0 un OPAC, documenté (présence d’un forum
une gestion de la circulation des d’utilisateurs) et facilement installable.
documents et des lecteurs, un catalogue Plusieurs traductions sont en cours,
(compatible MARC) avec gestion des notamment en espagnol, en italien, en
autorités, un catalogage de ressources français ou encore en hébreu ou en
électroniques, le bulletinage des indonésien !
périodiques, un moteur de recherches Il n’existe encore aucune version
multicritères et booléen. On peut définitive, la version actuelle étant la
également avoir accès à une version béta 0.5.0. Le logiciel est pour
documentation assez complète en ligne. l’instant principalement utilisé aux États-
Tout comme Koha, PMB est basé sur des unis. Le forum indique une certaine
technologies issues du Web: serveur activité des développeurs et une ambition
Apache, langage de programmation PHP internationale.
et MySQL pour la gestion de base de
donnée. Enfin, il utilise le protocole Emilda
Z39.50 et gère le format UNIMARC ainsi
que le format d’échange iso 2709. Le Emilda est un logiciel libre de gestion de
logiciel, déjà disponible en plusieurs bibliothèque finlandais assez récent (la
langues (français, anglais, italien, version 1.0 date de 2003).
espagnol, etc.), fonctionne très bien sur La version 1.2.2 propose un OPAC, un
Windows, Linux et MacOS, en monoposte, module de catalogage et de circulation,
Intranet ou Internet. Le logiciel est une aide en ligne, une possibilité de faire
régulièrement mis à jour et la dernière des recherches simples et avancées et un
version date de janvier 2005. paramétrage presque total du logiciel, et
L’interface est très simple et conviviale ceci très facilement. Une fonctionnalité
pour les usagers comme pour les originale : via l’OPAC, il est possible de
professionnels. PMB vise des SID de petite mettre un commentaire sur un livre et lui
et moyenne taille ainsi que les centres de attribuer une appréciation. Le site
documentation spécialisés mais équipe propose une documentation complète
déjà des bibliothèques de 180'000 pour l’installation et l’administration du
ouvrages et un centre de documentation logiciel. Emilda gère entièrement le
de 300'000 documents. Il comprend une langage XML, est compatible avec MARC
grande communauté d’utilisateurs et et intègre la recherche via Z39.50.
propose des formations à domicile. Le Emilda était initialement programmé en
produit est en plus en français. Il est l’un langage Perl. Il a ensuite été traduit en
des SIGB les plus complets actuellement langage PHP et fonctionne avec une base
et est promis à un bel avenir. de donnée MySQL. Ce logiciel fonctionne
principalement sur Linux mais les
OpenBiblio développeurs signalent sur le site que
l’installation sur d’autres systèmes serait
Nous avons trouvé peu de références dans en principe possible.
la littérature professionnelle à propos du Les concepteurs d’Emilda ont
logiciel OpenBiblio. Le site Web du particulièrement soigné l’apparence du
logiciel donne quelques informations. logiciel et nous l’avons trouvé très
Logiciel assez récent (2002), OpenBiblio agréable. La navigation est simple et
propose les fonctionnalités classiques : aisée. On est vite sous le charme même si
OPAC, gestion de la circulation, du le logiciel propose encore des
catalogue et des lecteurs. On y trouve fonctionnalités de base. Emilda

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fonctionne actuellement dans trois écoles structure chargée de la promotion des
à Espoo, en Finlande. groupes de musique actuelle de Suisse
Les développeurs sont conscients des romande et d’une aide sous forme de
imperfections de leur logiciel et incitent consulting et de conseils pour leur
les visiteurs qui testent leur démo en carrière. Le public est assez restreint et
ligne, à faire des commentaires. Mais le seul le mercredi après-midi leur est, en
résultat actuel est assez convaincant et principe, dévolu pour prendre rendez-
nous espérons que ce logiciel évoluera vous. Cette association, fondée en 1997,
vite. a amassé et acquis une quantité de
documentation de tous supports :
Evergreen monographies (environ 250 vol.),
périodiques (60 titres dont 6
Evergreen, anciennement nommé Open abonnements), CDs (environ 450),
ILS, est un projet développé par la documents audiovisuels, dossiers de
bibliothèque d’État de Géorgie (USA) pour presse, etc…dans laquelle le personnel
le Georgia Library PINES Program, un avait parfois bien de la peine à se
consortium de 251 bibliothèques retrouver. La FCMA ne disposait, en
publiques de Géorgie. Pour des raisons outre, d’aucune communication en
d’inadéquation des produits commerciaux externe de son fonds. La nécessité
aux attentes de ce consortium, il a été d’implanter un système de gestion global
décidé de créer un SIGB libre sous licence des documents s’est vite imposée à nous
GPL qui permette de gérer ce consortium pour gérer de façon pratique et
ainsi que les bibliothèques qui y homogène toute cette information.
appartiennent selon les besoins précis du
système PINES. Nous étions cependant soumis à diverses
Le projet a débuté fin 2004 et le logiciel contraintes : la FCMA disposait d’un
est encore en développement. Le site budget restreint dévolu à la
web donne encore peu d’informations documentation. De ce fait, il nous fallait
mais le module de catalogage peut déjà trouver une solution au prix le plus
être étudiés via une démo et l’on peut raisonnable possible. En outre, le système
déjà observer le résultat via l’OPAC du que nous allions mettre en place serait
réseau PINES. géré par des non professionnels en
Techniquement, le logiciel fonctionne information et documentation. Il fallait,
avec une base de donnée PostgreSQL, est de plus, prendre en compte le fait que le
programmé en C++ et en Perl et temps à disposition du personnel pour la
fonctionne avec un serveur Apache. Le gestion de la documentation était limité.
type de système d’exploitation sur lequel La solution que nous devions trouver se
fonctionne ce logiciel n’est pas précisé. devait d’être simple d’utilisation et
Nicolas Morin, dans son weblog maniable.
BiblioAcid, a suivi de très près les Concernant la maintenance, un
développements de ce logiciel et semble informaticien pouvait intervenir à la
très impressionné par les premiers demande.
résultats. Ce logiciel semble très
prometteur puisqu’il s’agira d’un gros
système, prévu de fonctionner pour un Le choix d’un logiciel libre
vaste réseau de bibliothèques.
Lors de nos recherches préalables, nous
sommes arrivés à la conclusion que les
L’installation de PMB à la FCMA : notre logiciels « propriétaires » de bibliothèque
expérience étaient, dans notre cas, trop onéreux. De
plus, les logiciels commerciaux de
Le sujet de notre travail de diplôme nous bibliothèque possèdent en général un
a été proposé par la Fondation Chanson certain nombre de modules utiles à la
et Musiques Actuelles (Nyon), une petite gestion de toutes les tâches courantes en

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No 2 • Août 2005 45
bibliothèque (acquisition, bulletinage des connaissance, une première dans notre
périodiques, prêts, comptabilité, etc.). région.
Or, la FCMA ne prêtant pas de documents Un travail de diplôme est une sorte
et ne gérant pas un fonds important, un d’expérimentation où il faut parfois faire
grand nombre de fonctionnalités auraient preuve d’un peu d’ingéniosité, faire
été inutiles. Il était donc superflu appel au système D et explorer des
d’investir beaucoup d’argent dans un domaines à la pointe. Nous avons donc
logiciel où peu de fonctionnalités seraient trouvé l’occasion excellente pour nous
exploitées. Comme nous l’avons évoqué jeter dans l’aventure.
précédemment, les logiciels libres
proposent en général des fonctionnalités
simplifiées ou ne possèdent pas encore Évaluation et choix définitif du logiciel
tous les modules des logiciels documentaire
propriétaires. Vu que les besoins de la
FCMA étaient limités, les fonctionnalités Après un premier tri dans les solutions
présentes étaient de toute façon libres, il s’agissait de trouver la solution
suffisantes. la plus appropriée à notre situation.
Pour ces deux raisons, nous avons axé nos Après un repérage de sept logiciels
recherches sur les logiciels libres, même potentiellement intéressants, nous en
si, avouons-le, nous étions assez avons sélectionné trois (Koha, PMB,
inexpérimentés dans le domaine. Learning Access ILS). Ceux-ci seraient
ensuite décortiqués en profondeur, testés
En Suisse, il nous semblait que les et comparés.
logiciels libres de gestion de Premièrement, il a fallu se procurer une
bibliothèques étaient encore peu connus copie du logiciel ou une « démo ». A ce
et très peu utilisés. Un petit sondage niveau, nous avons déjà dû abandonner
lancé en février 2005 sur Swisslib (6) a Learning Access ILS puisque
montré qu’effectivement, il existe très apparemment, il n’existait aucune copie
peu d’initiatives dans ce domaine en accessible et plusieurs e-mails de
Suisse, en tout cas selon les quelques demande au concepteur sont restés sans
réponses que nous avons obtenues. Un réponse.
projet romand de logiciel libre de gestion Koha, pour sa part, a posé de sérieux
de petite bibliothèque, BiblioApp, nous a problèmes d’installation. En effet, aucun
été signalé par la Bibliothèque informaticien que nous connaissions n’a
Intercommunale et Scolaire de Mézières pu réaliser l’installation complète. Nous
qui l’utilise avec satisfaction. Celui-ci avons donc fait notre évaluation sur une
sera prochainement renommé Papyrus. version « démo », certainement un peu
Par contre, lors de notre mandat, il limitée, disponible sur le site Internet de
n’existait pas d’application des logiciels Koha. Le logiciel PMB, quant à lui, a été
que nous avons étudiés. Nous avons appris très facile à télécharger et à installer
dernièrement que le Centre de pour son évaluation.
documentation et d’information de Suite à la rédaction d’un cahier des
l’école Moser de Genève utilisait PMB charges, il ne restait plus qu’à nous
mais aucune visite n’a encore été faite plonger dans l’exploration de Koha et de
sur place. PMB.
Fin 2004, une autre équipe de travail de
diplôme a proposé à son mandant le choix Le choix s’est porté sur le logiciel PMB
de l’installation de Koha ou de pour les raisons suivantes :
Bibliomaker dans une nouvelle L’accès administrateur du logiciel est très
bibliothèque mais aucune installation n’a facile à utiliser et très intuitif. Il nous a
été réalisée à ce jour. Le défi de choisir semblé que pour des utilisateurs non
un logiciel libre dans un centre de professionnels, la facilité d’emploi était
documentation était donc, à notre indispensable.

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No 2 • Août 2005 46
Le logiciel s’installe très facilement. Les
mises à jour sont également assez faciles Installation, paramétrage et prise en
à réaliser et sont téléchargeables main du logiciel
directement sur le site de la communauté
de PMB. De plus, il n’y pas besoin de L’installation du logiciel PMB sur un poste
demander de l’aide à un informaticien de la FCMA fut facile et nous avons pu le
pour effectuer cette tâche, souvent faire par nos propres moyens. La mise en
périlleuse. réseau sur les autres postes informatiques
Le logiciel est très convivial. Sa fut, par contre, plus laborieuse. Pour
présentation graphique est plaisante et réaliser ce travail de mise en réseau,
claire et la navigation est aisée et nous avons contacté l’informaticien
intuitive. responsable du parc informatique de la
A l’exception d’un module d’acquisition FCMA et au bout d’une bonne heure, le
inexistant (il sera inclus dans le courant logiciel était opérationnel sur toutes les
2005), les fonctionnalités répondaient en machines.
grande partie à nos exigences et souvent Nous avons réalisé nous-même, sans aide
de manière satisfaisante. externe, les paramétrages propres à la
Le logiciel gère plusieurs listes d’autorité FCMA, tels la mention de propriété des
dont un thésaurus (entre autre celui de documents, le type de documents et leur
l’UNESCO) et une classification. restriction de prêt, l’entrée des mots-clés
L’intervention sur les autorités est facile déjà choisis, l’entrée de la classification
et rapide. De plus, l’usager peut appeler que nous avions créé ou encore les
les listes d’autorité depuis le module de paramètres graphiques de l’OPAC.
catalogage, ce qui rend la tâche plus L’informaticien a lui-même paramétré le
rapide. lieu de sauvegarde puisque celui-ci était
Le paramétrage est assez facile. Depuis le lié au réseau.
module administration, l’administrateur
peut aisément modifier plusieurs
paramètres propres au centre de Catalogage
documentation. Par contre, la
modification des fonctionnements Nous avons catalogué nous-même une
spécifiques du logiciel doit se faire via le grande partie du fonds puisqu’il n’y avait
code et demande donc une connaissance aucune description existante ni de moyen
du langage PHP et de MySQL. de récupérer des notices. Cette étape
Il existe plusieurs manuels de PMB, sur le s’est effectuée très facilement. Certaines
site Web et intégrés au logiciel, ainsi fonctionnalités de PMB se sont avérées
qu’une version papier, concernant vraiment agréables tels l’appel
l’installation, le paramétrage et automatique de listes d’autorités dans les
l’utilisation. Ceux-ci sont bien conçus. notices catalographiques ou l’accès à la
En revanche, le logiciel montre quelques liste des dernières notices cataloguées. Il
faiblesses au niveau de l’OPAC. Celui-ci est possible de cataloguer plusieurs
est assez performant concernant la exemplaires d’un document, de récupérer
recherche mais graphiquement, il est des notices via un module Z39.50 ou par
assez peu agréable. Il n’est pas possible l’import de notices au format UNIMARC.
de déplacer les éléments de la page. Le logiciel peut gérer l’usage des codes
Signalons cependant que l’usage de barres ou générer automatiquement un
feuilles de styles CSS permet d’adapter nouveau numéro d’exemplaire.
l’apparence graphique. Ce détail nous a
semblé pourtant de faible importance
puisque nous pensions transposer la base Notre avis sur le logiciel PMB
de données sur le site Web de la FCMA,
sans utiliser l’OPAC sous la forme Lors de notre travail de diplôme, nous
proposée. avons suffisamment travaillé avec la base
de donnée PMB pour nous faire un avis

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No 2 • Août 2005 47
objectif sur le logiciel. Les divers modules module de catalogage. Ce fut donc une
sont bien pensés et s’utilisent de façon « bonne » occasion de tester la
vraiment intuitive, ce qui permet une communauté. Nous avons expliqué en
prise en main rapide du logiciel. En effet, détail notre problème, via la mailing-list,
nous n’avons pas eu besoin de nous baser et avons demander une aide. La réponse
sur la documentation existante du logiciel se fait toujours attendre et nous
pour en acquérir les fonctionnalités de supposons que nos mails ont été perdus
base. Le logiciel fonctionne très bien et dans la masse. Nous avons donc,
son temps de réponse est vraiment très heureusement, résolu le problème par
acceptable. De plus, un travail simultané nos propres moyens et avons d’ailleurs
en réseau n’a posé aucun problème. obtenu une réponse à notre problème
Nous avons remarqué cependant quelques récemment, via un problème semblable
incohérences, notamment, dans la grille présenté à la communauté. Étant inscrite
de catalogage. La zone que nous depuis quelques mois sur cette mailing-
appellerions communément indexation, list, Carole Zweifel a pu constater que la
c’est-à-dire la possibilité de mettre des plupart des problèmes obtiennent une
mots-clés à l’ouvrage, est nommée réponse et que la communauté est très
« Catégories » et pour créer une véritable active et efficace.
confusion, la zone que nous appellerions
classification est intitulée
« Indexation »… Bilan de l’expérience
Ce problème de dénomination n’est
cependant pas bien grave et il suffit d’en Le bilan de cette expérience a été très
être conscient pour passer outre. Par positif pour nous. Le logiciel PMB est
contre, plus ennuyeux, la grille de vraiment performant et a répondu à un
catalogage des périodiques ne possède grand nombre de nos attentes de départ.
pas de champ « périodicité » ni « date ». Depuis notre départ et suite à une petite
Nous avons donc mis ces mentions dans formation dispensée par nos soins, le
les notes, faute de mieux. Ces lacunes personnel de la FCMA s’est bien adapté à
devraient disparaître avec l’ajout cet outil, qui est devenu un « compagnon
prochain d’un module de gestion des de travail » idéal dans le traitement de
abonnements. Enfin, dans l’OPAC, les l’information et de la recherche de
noms de champs sont axés « catalogage documents. Avec notre aide, ils ont pu
de monographie ». On retrouve donc la installer la nouvelle version du logiciel.
notion « nombre de pages » devant la Malgré quelques problèmes, auxquels
durée d’un CD… nous avons pu pallier assez facilement,
nous pouvons garantir l’efficacité du
Ces petites incohérences ne posent aucun logiciel à moyen terme dans leurs locaux.
problème pour la gestion de documents Le logiciel est toujours utilisé et le fonds
dans le sein d’une petite institution a été presque entièrement catalogué par
néanmoins, dans le cas d’une institution les employés et par Ludivine Berizzi lors
de grande importance, il serait nécessaire d’un mandat supplémentaire de quinze
de faire appel aux développeurs, à la jours.
communauté, voir à un professionnel pour
régler ce genre de petits désagrégements
et avoir au final des notices au format
Le libre, la solution d’avenir ?
standard pour chaque type de documents.
Une alternative viable
Suite à la dernière mise à jour du logiciel,
nous avons eu un problème sérieux dans Puisque le domaine des logiciels de
la gestion des mots-clés. En effet, un gestion de bibliothèque est assez récent,
certain nombre de ceux-ci il est difficile de se faire une idée claire
n’apparaissaient plus dans la liste de son avenir. A-t-on affaire à un effet de
d’autorité ni dans la liste disponible via le mode ? On aurait pu le craindre mais, à

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No 2 • Août 2005 48
ce stade, on assiste plutôt à l’émergence booléenne, sont plus rares. Enfin, un
d’un nouveau marché. Les logiciels libres certain nombre de logiciels ne sont pas
sont en train de s’implanter petit à petit encore utilisés réellement dans les
dans le paysage informatique et les bibliothèques, ceci pour des raisons de
logiciels libres de gestion de version inachevée ou peut-être de
bibliothèques suivent le mouvement. Il mauvaise adéquation aux besoins.
est difficile de chiffrer le nombre Bref, il est indispensable de trier et de
d’installations de ce type de logiciels. Si, tester sérieusement les logiciels les plus
en Suisse, les SIGB libres semblent très avancés, puis estimer si la communauté
marginaux, en France, PMB par exemple des utilisateurs est assez importante pour
est installé dans une centaine assurer une certaine pérennité du
d’institutions. Koha compte plus de logiciel. En fait, nous n’avons guère
soixante installations dans le monde trouvé plus de sept logiciels qui nous
entier. semblaient convenables et à notre avis
Le fait que la philosophie des logiciels seuls PMB, Koha, GNUTeca et
libres se rapproche beaucoup de celle des éventuellement LearningAccess ILS et
bibliothèques ne peut que les réunir Evergreen peuvent actuellement
assurément. Nicolas Morin (Morin, 2004) prétendre à un avenir assuré. Ces
estime d’ailleurs que le combat logiciel logiciels conviennent très bien à des
libre / logiciels propriétaires, dans son bibliothèques et centres de
principe, est déjà gagné d’avance. Il se documentation de petite et moyenne
demande cependant si les logiciels libres importance (et à un grand réseau dans le
peuvent s’imposer pour une application cas d’Evergreen) et on ne devrait pas les
métier comme un système intégré de ignorer lors du choix d’un logiciel de
gestion de bibliothèque. gestion de bibliothèque.
Suite à notre expérience, nous pensons
que les logiciels libres peuvent
actuellement proposer une alternative Une décision politique
vraiment intéressante aux logiciels
propriétaires. On remarque en tout cas Par contre, dans le cas de grandes
que les initiatives sont de plus en plus bibliothèques, pour être concurrentiels
nombreuses et que les bibliothécaires / par rapport aux logiciels propriétaires, les
documentalistes ont de plus en plus de fonctionnalités devraient à l’avenir
choix en ce qui concerne les logiciels de s’étoffer et ainsi obtenir plus de
gestion de bibliothèque. C’est une bonne crédibilité. Les développeurs sont souvent
chose mais faut-il encore que le logiciel très motivés et nous pensons que les
soit viable, sérieux et semble stable. logiciels libres se développeront vite et
Ces logiciels suivent très souvent les pourront dans un avenir proche, être
nouvelles technologies tout en compétitifs par rapport aux logiciels
maintenant une compatibilité avec les propriétaires.
anciennes versions, ce qui permet de Le problème d’une installation en réseau
faciliter les migrations de données. Ils se pose également sérieusement. Que
sont souvent assez esthétiques, en tout faire en cas de réseaux de bibliothèques ?
cas pour les plus récents. Leur interface Peut-on imposer un logiciel libre à toute
est soignée et souvent conviviale. Ils une communauté de bibliothèques ? A
utilisent pour la plupart des plates-formes notre avis, il s’agit avant tout d’une
Web et des langages libres de question politique. Koha semble, par
programmation (PHP, Perl,…). exemple, en bonne liste pour s’implanter
Par contre, plusieurs logiciels ne sont pas dans de grandes bibliothèques. Ce logiciel
terminés ou proposent des versions bêta. est d’ailleurs installé déjà dans des
La plupart offre les fonctionnalités de établissements universitaires français
base mais les fonctions plus évoluées, tel (École Nationale Supérieure des Mines de
un module d’acquisition, de gestion Paris, École des Mines de Nantes, École
financière, le prêt-inter ou la recherche Supérieure d'Ingénieurs en Électronique

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No 2 • Août 2005 49
et Électrotechnique,…). Quant à pas eu le temps d’installer et tester tous
Evergreen, il devrait permettre de gérer les logiciels. Ce travail reste encore à
en réseau plus de 250 bibliothèques de faire. Nous pourrions également imaginer
petite à grande importance. de réaliser une grille d’évaluation
adaptée aux logiciels libres de gestion de
Dans des pays aux moyens plus limités, bibliothèque.
cette question se pose moins et les En attendant un test plus complet, nous
logiciels libres constituent, en général, incitons déjà tous les professionnels à
une alternative économique idéale, un s’intéresser aux solutions libres et à les
moyen de se libérer de l’hégémonie des tester lors d’un choix de logiciel. Nous
produits occidentaux, d’obtenir une pourrions presque assurer que « l’essayer,
« indépendance technologique » et de c’est l’adopter » !
réduire la fracture numérique. L’ouvrage
de Perline et Thierry Noisette (Perline & Juillet 2005
Noisette, 2004) explique très bien les
enjeux sociopolitiques et économiques
des logiciels libres dans les pays non
occidentaux et du Tiers-Monde. Nous ne
nous y attarderons pas mais nous pensons
que la crédibilité des logiciels libres
viendra peut-être de ces pays.
Prenons l’exemple du Brésil. Ce pays est
l’un des tous premiers à avoir légiféré en
faveur des logiciels libres. Une loi
fédérale est actuellement en discussion
au parlement pour ne permettre l’usage
de logiciels propriétaires par
l’administration qu’en cas d’absence de
logiciel libre correspondant au cahier des
charges (Perline & Noisette, 2004).
L’environnement politique brésilien est
donc très favorable et ce pays devient le
paradis du pingouin Linux et des logiciels
libres (Dibbell, 2004). Cela explique que
GNUTeca soit très bien implanté au
Brésil, autant dans des bibliothèques
publiques, universitaires que
gouvernementales.

Un risque calculé

L’implantation d’un logiciel libre de


gestion de bibliothèque aux dépends d’un
logiciel propriétaire est actuellement
encore rare. Il s’agit donc d’un pari
risqué mais selon Nicolas Morin (Morin,
2004), c’est un risque calculé. Nous
pouvons le confirmer, suite à notre
expérience. Nous avons, en tout cas,
confiance envers le logiciel PMB et sa
communauté.
Il est dommage que pour notre travail de
diplôme et pour cet article, nous n’ayons

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No 2 • Août 2005 50
Notes Site de PMB : http://www.pizz.net/
(consulté le 16 juin 2005)
(1) Toutes les références des sites web se Site de OpenBiblio :
trouvent en fin d’article. http://obiblio.sourceforge.net/ (consulté
le 16 juin 2005)
(2) Le code source est une représentation Site de Emilda : http://www.emilda.org/
humainement compréhensible des (consulté le 16 juin 2005)
instructions qu’exécute l’ordinateur, Site d’Evergreen : http://www.open-
c’est, en quelque sorte, le noyau du ils.org/ (consulté le 16 juin 2005)
logiciel. Free Software Portal de l’UNESCO :
http://portal.unesco.org/ci/en/ev.php-
(3) voir le site web de W3schools : URL_ID=12034&URL_DO=DO_TOPIC&URL_
http://www.w3schools.com/browsers/br SECTION=201.html (consulté le 16 juin
owsers_stats.asp (visité le 16 juin 2005) 2005)
Open Source Systems for Libraries :
(4) Nous n’avons pas investigué dans les http://www.oss4lib.org/ (consulté le 16
logiciels de gestion de bibliothèques juin 2005)
numériques puisqu’ils n’auraient pas Free Biblio : l’actualité du logiciel libre
répondu entièrement aux besoins de la et gratuit pour bibliothèques :
FCMA et que celle-ci ne possède http://www.freebiblio.info/ (consulté le
actuellement pas suffisamment de 16 juin 2005)
documents numériques.
Articles
(5) SIGB : Système Intégré de Gestion de
Bibliothèque ANCTIL, Eric et SHID BEHESHTI, Ph. D
(2004). Open source integrated library
(6) Liste de discussion suisse des systems : an overview. anctil.org [en
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.html

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RESSI - REVUE ELECTRONIQUE SUISSE DE SCIENCE DE L’INFORMATION


No 2 • Août 2005 52

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