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• Ainsi baisse du coût du travail et baisse du salaire peuvent refléter 2 réalités différentes :
- Le salaire peut diminuer sans que le coût du travail baisse, si les cotisations sociales augmentent
- Le coût du travail peut diminuer sans que le salaire diminue, si les cotisations sociales diminuent
Une vidéo d’écodico de BNP Paribas sur la définition du coût du travail : ici
Historique de la théorie : Phillips établit en 1958 une relation de corrélation entre le taux de chômage
et le taux de croissance des salaires nominaux au Royaume-Uni durant toute la première moitié du 20°
siècle. La démarche de Phillips est donc de nature empirique; il se contente de constater une
relation inverse entre les 2 variables sans pour autant être capable de l’expliciter et de dire
quelle est la variable déterminante.
Phillips montre donc que la baisse des salaires augmente le chômage
2. Les explications
Explication de l’intérêt des keynésiens pour la courbe de Phillips : Les keynésiens vont se charger
de l’interprétation théorique de la courbe .En effet :
• cette courbe leur permet de compléter une des lacunes de la théorie keynésienne. Keynes a
développé la théorie générale dans un contexte de sous-emploi massif et a explicité que les
entreprises s’adaptent à ce contexte, non pas par la flexibilité des prix et des salaires mais par la
flexibilité à la baisse de la production et de la demande de travail.
• Mais dans les années 50 et 60, le contexte est tout à fait différent : on observe une période de
croissance de la production et des prix ; sur ce plan, la théorie keynésienne semble être prise en
défaut. La théorie de Phillips va permettre de combler les lacunes existantes en montrant qu’il
existe une relation entre l’évolution des salaires nominaux
(et donc l’ évolution des prix ) et la situation du marché du travail .
On passe ainsi d’une démarche de nature empirique à une démarche théorique visant à mettre
en évidence une relation de causalité .
Présentation de la théorie développée par Samuelson : Les keynésiens, en particulier Samuelson,
ont alors montré que, en fonction de la situation régnant sur le marché du travail, le salaire nominal va
évoluer et va déterminer le niveau des prix. Ainsi :
• si l’économie croit à un rythme élevé, que l’on se trouve à une situation de plein emploi (la demande
de travail devient supérieure à l’offre de travail),
• alors les entreprises vont, afin d’attirer la main-d’œuvre correspondant à leurs besoins, augmenter
les salaires nominaux (cela d’autant plus que les syndicats feront pression à la hausse des salaires)
• cette hausse des salaires ses traduit par une augmentation de la demande effective (cf fiche 4 :
analyse keynésienne du marché du travail)
• Les entreprises s’efforceront de répercuter l’augmentation des salaires dans leurs prix
• On constate donc bien que la réduction du taux de chômage se traduit par de l’inflation
Conclusion : La politique économique doit donc choisir entre 2 objectifs contradictoires : soit l’expansion
dans la stabilité des prix obtenue par un chômage important, soit la réduction du chômage au prix d’une
inflation élevée .
Cette théorie :
• s’oppose à celle de Keynes, en insistant sur la rationalité des entreprises, ce qui relève d’une
analyse typiquement néo-classique. J.Généreux écrit ainsi : « Si toutes les entreprises baissent le
salaire en même temps et que ce mouvement général soit reconnu par les salariés » alors
l’entreprise peut baisser le salaire, sans avoir à craindre, en contrepartie une réduction de l’effort de
ses salariés. Les effets négatifs de la baisse du salaire sur la demande ne sont pas envisagés
• En revanche, la théorie du salaire d’efficience reprend de Keynes l’idée que « le chômage est
largement involontaire, qu’il est engendré par le fonctionnement même de l’économie de marché » (
D.Clerc) . Dans ce cadre d’analyse, les chômeurs, même en acceptant de travailler à des salaires
plus bas n’accroissent pas leur probabilité d’être embauchés ; ils demeurent au chômage , alors
qu’ils font tout pour obtenir un emploi
Apports de la théorie du salaire d’efficience: Les théoriciens du salaire d’efficience vont prendre le
contre-pied de cette analyse en démontrant (en partant , en particulier de l’étude du marché du travail
dans les PVD ) que ce n’est pas le salaire qui est fonction de la productivité , mais la productivité qui est
déterminée par le salaire : le salarié sera d’autant plus efficace qu’il est bien rémunéré.
Les raisons :
- Comme l’information est imparfaite, l’entreprise ne connaît pas la productivité du salarié et donc :
o Le salarié a intérêt à proposer un salaire de réservation élevé signe de ses qualités et
compétences
o Si l’entreprise propose un salaire élevé, elle peut sélectionner les meilleurs candidats
Pour étudier l’analyse de G.Becker qui montre l’intérêt d’accroître sa qualification (théorie du capital humain), cliquez ici
Un dossier de l’ENS sur le capital humain : ici
Pour la théorie du filtre et du signalement qui montre ausii l’intérêt de la formation sur l’emploi, cliquez ici
Sur le blog de P.Askenazy, , un article montrant que le coût du travail n’est pas élevé en France : ici
II. Selon les libéraux , la baisse du coût du travail peut permettre de lutter contre le
chômage
Explications de l’échec de la courbe de Phillips selon Friedman :la théorie du taux de chômage
naturel Milton Friedman , théoricien monétariste , a proposé une explication qui permet de rejeter le
modèle keynésien de la courbe de Phillips et donc d’expliquer la stagflation . Friedman considère qu’il
existe un taux de chômage naturel, c’est-à-dire un taux de chômage de plein emploi en fonction des
caractéristiques régnant sur le marché du travail, en particulier en fonction des éléments accroissant sa
rigidité (salaire minimum, action des syndicats, allocation chômage ...). Le taux de chômage naturel est
donc, selon Friedman, un taux de chômage d’équilibre (attention il n’est pas nul) qui ne pourrait être
diminué que si le fonctionnement du marché du travail se rapprochait du modèle de cpp .
Conséquences de la théorie : Friedman explique alors que si l’on veut réduire le taux de chômage
observable sur le marché en l’amenant en deçà du taux de chômage naturel, on ne peut l’obtenir :
- qu’au moyen d’une augmentation des prix, et que cette amélioration sur le marché du travail ne
sera que transitoire,A court terme , il peut en être autrement
• les ménages étant trompés par la politique monétaire expansionniste du gouvernement, n’ont
donc pas anticipé l’augmentation de l’inflation, vont accroître leur demande de biens, car ils se
croient plus riches suite à l’augmentation des salaires nominaux,
• ce qui va inciter les entreprises à produire plus et à embaucher.
• Le chômage diminue donc grâce à l’augmentation des prix, mais cela n’est que provisoire.
• En effet , à terme les ménages se rendent compte que l’augmentation des prix a compensé
l’augmentation des salaires nominaux ( pouvoir d’achat constant ) , ils vont donc réduire leur
demande afin de la ramener au niveau de départ , la production va chuter et le chômage revenir
à son niveau d’équilibre : le taux de chômage naturel .
Conclusion : La politique keynésienne n’a donc pas eu d’effet sur la situation du marché du travail : elle
s’est seulement traduite par plus d’inflation ( qui peut d’ailleurs réduire la compétitivité des entreprises du
pays et donc générer des effets pervers ) .
Les mesures à mettre en œuvre : Friedman considère alors qu’il faut rechercher un taux de chômage
qui est compatible :
• avec un niveau stable des prix ( NAIRU : Non Accelerating Inflation Rate of
Unemployment)
• ou avec une croissance du salaire réel égale à celle de la productivité ( NAWRU : Non
Accelerating Wage Rate of Unemployment )
• et qu’il faut appliquer des politiques structurelles permettant de réduire les rigidités sur
le marché du travail qui sont seules capables de réduire le taux de chômage naturel : il
faut revenir à un marché du travail en concurrence pure et parfaite ( cf : fiche 7 : analyse
libérale )
La politique économique qui va découler des préceptes de Friedman est une politique de désinflation
qui aurait dû à terme permettre de sortir de la stagflation et donc de réduire le chômage
Un article d’ A.Euzéby sur l’intérêt et les limites de la suppression des charges sociales : ici