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Même si Religion et Pouvoir ont longtemps été de connivence en France depuis le baptême de
Clovis en 496, de grandes tensions se sont fait jour entre l'Eglise catholique, soutien de la
Monarchie Absolue dont elle était l'un des piliers, et les partisans d' une République laïque,
jeunes, mais légitimes et cohésifs depuis la Révolution de 1789.

La question religieuse a en effet longtemps défini un clivage entre une droite catholique et
monarchiste et une gauche anticléricale et républicaine au cours des années ultérieures à la
fondation de la IIIe République.

Toutefois, quand, bien des années plus tard, la Ve république naît dans la tourmente en
1958, la religion a quasiment disparu du débat politique, même si près de 80% des Français se
déclarent encore catholiques à cette époque.

Il est donc intéressant d'analyser l'état de la pensée catholique, aujourd'hui ancrée dans
un régime qu'elle a longtemps honnis de par son dogme et de par son Histoire, mais résignée,
comme le montre si bien la déclaration du Pape Pie XII à la Pentecôte 1941 :
   
                 
 »

Nous tenterons donc dans un premier temps, de connaître un peu mieux quel type de
personne forme cette force déchue, pourtant encore très impliquée dans la vie politique de son
pays, afin de mieux comprendre la manière dont réagissent les Catholiques en République.
Puis nous chercherons dans un second temps une explication à ces orientations politiques dans
le comportement quotidien de ces individus.

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1. Qui sont les Catholiques français ?


1.1. Les différents types de Catholiques

1.2. Une culture portée vers la Droite

2. Leur comportement électoral


2.1. Caractéristiques du vote

2.2. Héritages et évolutions

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Les Catholiques français ne constituent pas une classe ou un groupe social donné ; leur
communauté englobe les plus grands grands comme les plus modestes ; la Religion influence
certes les moeurs, mais diffère selon mode et conditions de vie de chacun.

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Comme dans toutes religions, le degrés de pratique est variable selon l'implication de
l'individu qui y adhère ; tous les Catholiques ne le sont pas de la même façon :

- On peut distinguer le noyau dur de ceux qui vont quotidiennement à la messe et qui sont
qualifiés de     (pour un minimum de 30 messes par ans). Ils représentent un peu
plus d¶un quart des français en 1958 et moins de 5% aujourd¶hui.

- On trouve ensuite les pratiquants irréguliers qui ont des activités religieuses ponctuelles,
notamment pendant les fêtes et sont parfois qualifiés de   Ils représentent à peu
près un autre quart des français en 1958 mais moins de 15% aujourd¶hui.

- On distingue enfin les non pratiquants qui ont juste été baptisés et ne vont quasiment jamais
à l¶église.
Ce degré de pratique se traduit dans les votes. Plus on pratique, plus on vote à droite. Cette
logique est régulièrement confirmée depuis 1958. Ainsi, aux élections européennes de 1984,
79% des messalisants ont voté à Droite, pour 11% à Gauche, et 1% Communiste, tandis que
les non pratiquant enregistraient des scores beaucoup moins marqués : 48% à Droite, 40% à
Gauche, et 12% pour les Communistes.

Avec ces scores, les Catholiques non pratiquants votent toujours plus ou moins comme
l¶ensemble des français. En effet, étant donné que la pratique religieuse régit et ordonne la vie
de ceux qui la suive, forme leur pensée et donne son inclination à leur mode d'existence, elle
demeure l'un des facteurs les plus nets de détermination politique devant les données sociales
ou économiques.

Par ailleurs, les multiples transformations qui ont affecté l'univers des Catholiques français ±
conséquences de Vatican II, développement d'un Catholicisme orienté à Gauche, existence
visible d'un clergé de Gauche, baisse de l'encadrement social du fait de la crise des vocations
± n'ont toutefois pas modifié la nature de la relation entre la pratique et le vote des
Catholiques. C'est qu'en fait, cette pratique, comme tous les comportement et les croyances
qui lui sont associés, définit une culture ou une idéologie.

A l'image des différentes organisations crées par l'Association catholique de la jeunesse


française (ACJF) reforgées dans les années 50, à savoir la Jeunesse Agricole (JAC), la
Jeunesse Ouvrière (JOC), la Jeunesse Etudiante (JEC), la Jeunesse Maritime (JMC) et la
Jeunesse Indépendante Chrétienne (JIC), pour les jeunes de milieu bourgeois, les Catholiques
français sont en totale immixtion avec le reste de la population de France.

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Au Catholique de Droite, on a souvent opposé l¶Athée de Gauche qui se trouve être tout aussi
valable. Pour preuve il y a une trentaine d¶année, quand les ouvriers votaient majoritairement
à gauche, les rares qui votaient à droite était le plus souvent catholiques ; c'est donc que la
religion catholique doit donc véhiculer des valeurs de droite, même auprès du milieu ouvrier.

Selon Philippe Braud, l'idéal du renoncement ou « la valorisation de la castration » rencontre


la défense de l'ordre moral à laquelle la Droite est si perméable. Elle permet de jeter un regard
empreint de suspicion sur les réalités sociales de l'existence et une exaltation des valeurs
spirituelles communes avec la Droite : famille, autorité, patrie... Enfin, elle implique une
attitude repressive vis-à-vis de soi-même et d'autrui dont l'effet le plus immédiat se situe au
niveau des moeurs mais est aussi sensible à celui des revendications sociales.
Le concept de castration, toujours selon Philippe Braud, postule l'interdit. Intériorisée sous
l'aspect d'un impératif catégorique qui ne souffre aucune discussion, cette censure entraîne
une soumission à l'ordre, soumission vécue ailleurs dans l'Eglise. Or, la Droite n'est pas moins
attachée au thème de la loi, de l'ordre, au principe hiérarchique naturel et à l'autorité.

Cette autorité s'organise autour d'un modèle de la famille patriarcale où règne la figure du
père. Dans l'Eglise, le rôle est tenu d'abord par le Pape, objet d'une fidélité révérencielle, mais
aussi, surtout en zone rurale, par les prêtres. Or, la Droite procède souvent à une idéalisation
parallèle de la figure paternelle de l'autorité politique : elle fut monarchiste ; aujourd'hui, elle
se caractérise par l'attrait que lui inspirent les grands hommes d'état tel que le Général de
Gaulle, qui, selon elle, ont le sens de l'intérêt général, possèdent un franchise brutale alliée
d'une teinte de populisme ; plus moderne est le mythe de l'homme politique compétent qui sait
et fait connaître au peuple ± et non plus seulement au Catholique, cette fois ± où sont ses
intérêts, demande à ses concitoyens « des sacrifices, des efforts, et du travail ».

La croyance en Dieu implique un idéal transcendantal. Autrement dit, le croyant ne voit le


bonheur qu¶après sa mort, ce qui implique un rapport très différent à la vie, celle-ci ne servant
qu¶à assurer le Salut ; et une opposition tout du moins partielle avec les valeurs de la
République, qui chercher à atteindre le bonheur ici-bas.

Les catholiques s¶astreignent donc à un certain nombre de règles de rejet des plaisirs
terrestres. Cette éthique castratrice voit l¶acte sexuel comme un mal nécessaire à la
reproduction, d¶où une opposition systématique à toutes les récentes évolutions dans ce
domaine comme la pilule, l¶IVG, la légalisation de l¶homosexualité ou le Pacs.

L¶idéal de renoncement amène les catholiques à un certain relativisme dans les domaines qui
échappent aux valeurs comme l¶économique ou le social. Ils sont ainsi beaucoup moins
revendicatifs que le reste de la population dans ces domaines.

Plus largement ils croient en une hiérarchie naturelle du corps social et ont une vision assez
figée du monde liée à l¶idée qu¶on ne peut le changer. Ils ont horreur de tout ce qui apparait
comme du désordre et apprécient les pouvoirs forts qui se placent au dessus des partis.

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En ce qui concerne le taux d¶abstention, il est plus faible chez les catholiques pratiquants que
chez la plupart des Français ; on peut l'expliquer par une meilleure intégration sociale et un
habitat plus rural. Deux facteurs qui réduisent l¶abstention en grande partie.

Néanmoins, cette étonnante discipline civique cache pourtant un vote relativement éparpillé.
En effet si les catholiques sont majoritairement de Droite, ils ne se revendiquent d'aucune
étiquette particulière ; car, contrairement à d¶autre pays d¶Europe, comme l'Allemagne par
exemple, la France n¶a pas conservé de vrai parti Chrétien Démocrate. Certes, le MRP a pu
remplir ce rôle sous la IVe république, mais il était déjà en déclin en 1958 et a disparu en
1967.

Les catholiques ont d'ailleurs trés vite été attirés par le Gaullisme, accélérant ainsi la fin de la
démocratie chrétienne. Pourtant leurs votes se sont répartis au cours des élections suivantes
entre les candidats Gaullistes et Centristes avec un avantage pour ces derniers. [ref. néc.]

Depuis sa création en 2002, l¶UMP attire la grande majorité des Catholiques qui délaissent
ainsi l¶UDF/Modem, pourtant héritier de la démocratie chrétienne, mais peut-être trop dénué
de poigne politique à leur goût.

A l¶Extrême-Droite, que l'on pourrait voir comme le parti de défense de la France profonde, la
question varie pourtant selon le candidat. Le Front National, qui ne s¶inscrit pas du tout dans
la lignée historique des mouvements réactionnaires catholiques a longtemps moins attiré les
pratiquants que le reste des Français. Toutefois, Philippe de Villiers qui a su attacher son
images aux valeurs catholiques attire deux fois plus les catholiques que les laïcs.

Enfin, même s'ils demeurent minoritaires mais réels, certains catholiques pratiquants
choisissent la Gauche. Représentant environ 20% des pratiquants, ils sont les héritiers du
mouvement catholique social né au XIXe siècle qui a ouvert la Religion sur le monde, et
débouché sur la doctrine sociale de l¶Eglise. Malgré tout, ce mouvement n¶a jamais su avoir
de réelle traduction politique et on retrouve principalement leurs voix au parti socialiste.

     
 

Voyons désormais ce qui différencient les Catholiques d'hier et les Catholiques d'aujourd'hui,
en ce qui concerne la manière de participer à la vie politique de la République.
La religion subit toujours les mêmes variantes géographiques : le Catholicisme est ainsi très
bien implanté dans grand ouest, au sud ouest du massif central, au nord est et à l¶ouest des
Pyrénées. Ces zones correspondent d'ailleurs en parallèle aux plus gros bastions de la Droite
en France.

Si cette corrélation avait déjà été observée au début du XXe siècle par André Siegfried, elles
correspondent sans doute néanmoins à un héritage qui peut remonter jusqu¶à la Révolution,
comme le prouve le cas de la Révolte des Chouans au lendemain de 1789, dans la Vendée qui
fut l'une des principales zone de contestation contre-révolutionnaire.

L¶héritage est facilité par une forte ruralité de ces zones, qui favorise la transmission des
cultures locales, même encore aujourd'hui. La religion est un fait culturel qui se transmet en
famille, de la même manière que la République forme ses petits citoyens, c'est à dire par
l'enseignement scolaire.

C¶est en effet toujours dans ces mêmes zones qu¶on retrouve la plus forte proportion d¶enfants
scolarisés en écoles privées. Fort de ce constant, la Droite catholique a rappelé son importance
avec un cortège de plus d¶un million de personne à Paris en 1984 afin de défendre l¶école
privée.

Toutefois, ce retour en force masquait pourtant le lent effritement de l¶influence des


Catholiques principalement dû au déclin de la pratique ; et plus largement à une
déchristianisation de la population puisque le nombre de baptêmes aussi diminue fortement
depuis 50 ans. Et si les régions citées plus haut conservent une culture catholique et un vote
conservateur, le vote de gauche y fait parfois des progrès notables comme en Bretagne ou
dans les Pyrénées atlantiques.

Néanmoins, comme le montre les différentes interventions des Présidents qui se sont succédés
à la tête de la République, de De Gaulle assistant à une messe afin de célébrer la Libération de
Paris, à Nicolas Sarkozy présent à divers offices, l'électorat catholique demeure une force vive
dans notre pays.

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Les catholiques pratiquants sont sous la cinquième république, comme il y a un siècle, une des
composantes les plus conservatrices de la population française malgré une relative inflexion à
gauche. La grande évolution concerne la baisse quasi continue de leur nombre qui réduit
d¶autant leur influence politique, sans l'effacer totalement pour autant.

La religion elle-même, qui depuis une vingtaine d¶année voie se répandre une
individualisation de la pratique en s¶affranchissant du culte classique, évolue. La
mondialisation croissante, la modification des moeurs qui en découle, entraînent des
changements, et ce même au niveau de la Papauté ; ce qui n'est pas sans influencer petit à
petit la Catholique dans sa foi et dans son comportement politique.

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è MAITRES JACQUES,     , diocèse de Poitiers, Archives des


sciences sociales des religions, 1959, volume 7, numéro 7, pp. 185-186, sur
www.persee.fr
è ;SMAL COLETTE, c       , Paris Ve, Editions La
Découverte, 1986.
è ALBERT MARCEL, L'Eglise catholique en France sous la I Ve et la Ve République,
traduit de l'Allemand par HOFFMANN JOSEPH, Paris, Les éditions du Cerf, 2004, pp
17 à 24, 57 à 60, et 68 à 76.
è Les Archives du site internet www.lacroix.fr

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 www.paroisse-dubonpasteur.com/pratique/glossaire


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