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P.F.Curran, O.Kedem) de la théorie des systèmes (E.P.Odum, chaque cellule ou groupe de cellules est différencié et a une fonction
L.Bertalanffy), de la communication (C.E.Shannon) etc…. Ce spécifique dans la colonie ou dans l'organisme. Et que dire alors des
renouveau de la thermodynamique eut, pour l'Europe, son pôle populations encore plus complexes d'organismes supérieurs !
d'attraction tourné vers la Belgique où I.Prigogine, dès le début de la La thermodynamique est encore un outil permettant d'aborder
seconde guerre mondiale émit un principe variationnel pour les états par les mêmes méthodes macroscopiques l'étude des échanges d'énergie
stationnaires de non-équilibre dans la région linéaire de la et de matière dans les écosystèmes, dans les populations d'organismes
thermodynamique des phénomènes irréversibles. Ses contributions structurés : colonies d'insectes sociaux, populations d'oiseaux etc...
fondamentales à la thermodynamique des processus irréversibles ont Des systèmes aussi hiérarchisés que les sociétés humaines
révolutionné les concepts originels de Carnot. Associé à P.Glansdorff, industrialisées avec leurs problèmes de stratégie de l'énergie et
I.Prigogine a montré que loin de l'équilibre, la thermodynamique peut d'optimisation des moyens de production, peuvent être abordés
décrire une nouvelle organisation locale de la matière. Pour la première également par des méthodes issues de la thermodynamique.
fois, se trouvent ainsi réconciliées les sciences de la vie et la Bien entendu, plus la complexité des systèmes est grande, plus il
thermodynamique. De plus, la dynamique des systèmes non-linéaires a est difficile de déterminer la nature et le nombre des variables
connu un développement considérable sous la direction de G.Nicolis et indépendantes pertinentes minimales permettant de modéliser val-
de ses collaborateurs D'autre part, sous l'impulsion d'Ilya Prigogine, ablement l'évolution des systèmes.
certains de ses élèves se sont également illustrés dans des disciplines Par exemple, l'analyse des problèmes de l'environnement
relevant des sciences humaines (sociologie, économie et philosophie). implique un nombre énorme de paramètres physico-chimiques,
Enfin parmi les domaines privilégiés d'étude de la thermodynamique économiques et politiques responsables des nuisances et des
nous nous devons aussi de mentionner les très importants phénomènes catastrophes.
de surface où s'illustra, depuis les années 30, un des premiers élèves de Le cas de l'étude des pollutions par les pluies acides est un
T.De Donder, Raymond Defay. exemple tout récent où malgré le nombre considérable de variables
impliquées, la thermodynamique chimique a permis de mettre en
i.2 Domaines d'application . évidence l'influence de la taille des gouttes de pluie sur la réactivité
atmosphérique.
Parmi les systèmes étudiés classiquement par la Enfin, la thermodynamique est encore un outil utilisé pour l'étude
thermodynamique, il en est de simples tels que les gaz sans ou à faibles de la transmission de l'information.
interactions (parfaits ou quasi-parfaits) où les lois statistiques ont
permis l'établissement de relations relativement simples. Le cas des i.3 Principes,lois et applications
systèmes à interactions moléculaires fortes est déjà beaucoup plus
compliqué à traîter; c'est notamment le cas des gaz réels à basse Dans cet ouvrage, nous nous attacherons d'abord à dégager la
température ou à haute pression, des solutions liquides et solides nature des systèmes et des états de la matière ainsi que le sens
concentrées, des électrolytes et des sels fondus. Ces milieux sont physique des grandeurs étudiés . Nous discuterons ensuite de
encore particulièrement simples par rapport à des systèmes tels que la l'équilibre et du non-équilibre associés aux concepts de réversibilité et
cellule vivante isolée avec son noyau contenant les acides nucléiques, d'irréversibilité. La conservation de la matière ou "loi des proportions
son protoplasme contenant de multiples organelles et sa membrane définies" sera brièvement rappelée afin d'introduire l'avancement
assurant la transmission des "informations" entre l'intérieur et le réactionnel. Nous établirons ensuite les deux principes fondamentaux
milieu ambiant. Encore plus complexes sont les populations de cellules de la thermodynamique, à savoir la conservation de l'énergie et la
réunies soit en colonies, soit formant des organismes structurés, où production d'entropie décrivant l'évolution de l'état des systèmes en les
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illustrant par quelques applications en liaison avec la théorie cinétique l'amplification des fluctuations des variables physiques et chimiques,
des gaz. De ces principes nous dégagerons la grandeur centrale de toute l'auto-organisation des systèmes à la lumière des travaux récents de
la thermodynamique chimique : l'affinité chimique. Cela nous Ilya Prigogine et de son école. Des applications issues de domaines
permettra d'étudier les propriétés d'équilibre et de non équilibre ainsi allant des sciences exactes aux sciences humaines sont exposées,
que les déplacements d'équilibre avec pour corollaire l'important ouvrant au lecteur une perception nouvelle plus cohérente des
théorème de modération. La coexistence à l'équilibre des phases phénomènes observés dans la nature.
gazeuses, liquides et solides sera développée dans le cadre de la règle
des phases de Gibbs. L'étude des propriétés thermodynamiques des gaz
parfaits et non parfaits ainsi que des solutions sera détaillée et
illustrée par des applications notamment aux phénomènes de pression
osmotique, de cryoscopie et d'ébullioscopie.
La thermodynamique s'applique aussi à des milieux chargés où
règne un champ électrique. Elle constitue les fondements de
l'électrochimie. Nous établirons les relations d'équilibre entre la
tension électrique électrode-solution et la composition chimique de la
solution. Ensuite nous développerons les processus de non équilibre
avec des applications à la surtension et à la corrosion ainsi qu'aux piles
et accumulateurs.
L'importance des phénomènes de surface dans de nombreux
secteurs industriels ( détergence, photographie, cosmétologie,
pétrochimie, peintures etc…) biologiques et médicaux (membranes et
modèles de membranes) nous ont amené à leur consacrer un chapitre
de notre ouvrage. Nous y développerons la thermodynamique des
systèmes capillaires et électrocapillaires.
Dans de nombreux processus industriels, les réactions chimiques
sont en cours d'évolution; l'équilibre chimique n'est alors pas atteint. Il
est donc important de maîtriser les propriétés cinétiques de ces
réactions c'est-à-dire, les vitesses réactionnelles en fonction de la
température, de la pression et de la composition chimique du milieu.
Nous donnerons ici un exposé succint de la cinétique chimique, en
relation étroite avec la thermodynamique chimique.
Dans les derniers chapitres, nous étudions les phénomènes
irréversibles dans les états voisins et éloignés de l'équilibre. Dans le
domaine proche de l'équilibre, on donne les lois de la diffusion de
chaleur et de matière ainsi que leur couplage. Les réactions chimiques
et biochimiques couplées sont également analysées ainsi que les
phénomènes électrocinétiques et membranaires. Loin de l'équilibre,
nous discutons, au travers des instabilités des états liées à
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Une variable extensive se rapporte à toute l'étendue du système, dans les éléments voisins. Nous reviendrons sur ces notions de
tels son volume V , sa masse m ou son nombre de moles n. Tout grandeurs locales dans le chapitre consacré à la thermodynamique des
changement de l'étendue du système entraîne une modification de la phénomènes irréversibles.
variable extensive. Par contre, les variables intensives sont définies en Par exemple, définissons la masse et le volume spécifiques :
chaque point du système, telles par exemple la pression ou la
température; elles ne dépendent pas de l'étendue du système.
Il existe d'autres variables intensives résultant du rapport de deux
variables extensives. Citons par exemple la masse spécifique ρ = m/V P•
, la concentration molaire C = n/V et la fraction molaire ou massique ΔV
d'un constituant dans un mélange (c'est-à-dire le rapport du nombre de V
môles ou de la masse d'un constituant au nombre de môles total ou la
Fig.I.1
masse totale) dans un système uniforme. Si les variables intensives
Soit un sous-système de volume ΔV découpé dans le volume V du
ont la même valeur en chaque point, on dit que le système est
système et Δm la masse contenue dans ΔV (Fig.I.1). Si le rapport ∆m
uniforme.
/∆V est le même quel que soit le volume ∆V choisi, ce rapport s'appelle
On peut alors se poser la question suivante :peut-on encore définir
la masse spécifique du système. En général, ∆m / ∆V dépend du
une densité, une concentration et une fraction molaire ou massique
volume ∆V choisi. Pour définir la masse spécifique locale ρ ,on fait
dans un système non-uniforme? Moyennant certaines précautions, une
tendre vers "zéro" ou plus exactement vers un volume élémentaire δV
telle définition est encore possible. Il suffit de découper le système non-
(dans les limites des restrictions énoncées plus haut) le volume ∆V en
uniforme de volume V en petits sous-systèmes uniformes où la
gardant le point P à l'intérieur de ∆V, soit alors
densité, la concentration et la fraction ont une et une seule valeur (il en
serait de même pour T et p). Un découpage de cette nature requiert
ρ=
lim Δm = δm (I.1)
toutefois une grande prudence. Il faut en effet que les petits sous-
ΔV→0 ΔV δV
systèmes où l'on définit les propriétés intensives soient encore
suffisamment grands pour que l'on puisse y faire une moyenne
statistique sur les grandeurs moléculaires. Ces petits éléments de où δm est la quantité de matière contenue dans δV . Le symbole δm
système de volume δV doivent donc encore contenir un grand nombre /δV n'est donc pas une dérivée au sens usuel de la mathématique. On
de molécules. On y définit alors une densité, une concentration par le l'appelle dérivée à la "Volterra" (mathématicien italien 1860-1940).
rapport de la masse ou du nombre de mole contenu dans le sous- Le volume spécifique se définit de manière analogue à la masse
système à son volume. Dans chaque petit volume voisin, ces grandeurs spécifique. Si le rapport ∆V / ∆m est le même quel que soit le ∆V
(densité, concentration, fraction) prennent une valeur différente. On dit choisi, le volume spécifique du système est ∆V / ∆m ;c'est le volume
qu'elles sont des grandeurs locales ou fonctions de point. occupé par l'unité de masse. D'une manière générale, le volume
De fait, pour que les grandeurs définies ainsi soient encore des spécifique local est défini par la relation
grandeurs macroscopiques, il faut que le volume des sous-systèmes ne
descende pas en dessous d'une taille limite où l'on puisse encore faire la v=
lim ΔV = δV (I.2)
moyenne des grandeurs microscopiques qui définissent la densité et la ΔV→0 Δm δm
composition. Cette taille limite est le volume de la zone au delà de
laquelle les fluctuations microscopiques spontanées de la densité En rapprochant ces deux relations, on voit que
moléculaire ne sont plus corrélées aux mêmes fluctuations régnant
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p=
lim ΔF (I.4) Prenons une barre de métal à la température ambiante. L'état
ΔA→0 ΔA d'équilibre du système correspond à une répartition uniforme de la
température le long de la barre. A l'aide d'un chalumeau, chauffons
La pression se mesure à l'aide d'un manomètre ou d'autres méthodes pendant un très court instant un point du barreau. On crée ainsi une
telles que les senseurs de pression piézoélectriques, jauges à ionisation différence de température entre ce point et les points voisins du
(gaz à basse pression) etc…. Dans un fluide au repos, on constate que la barreau ainsi qu'entre ce point et le milieu ambiant. On appelle cette
pression mesurée en chaque point du fluide ne dépend pas de différence de température contrainte thermique. Elle va engendrer
l'orientation du manomètre. On dit donc que la pression est un scalaire rapidement un écoulement de chaleur du point chaud vers les régions
c'est-à-dire une grandeur non dirigée. voisines plus froides du barreau et beaucoup plus lentement vers les
régions froides de l'ambiance. Au cours du temps, le point chaud va se
I.3 Etat d'un système. Equilibre , non-équilibre et stationnarité. refroidir et les points plus froids voisins vont se réchauffer. Il s'agit
donc d'un phénomène dynamique correspondant à un état de non-
L'état d'un système à un moment donné est caractérisé par la mesure équilibre thermique. Après un temps relativement court, comme on
de certaines propriétés. Par exemple, en géométrie, nous pouvons n'entretient pas la cause du déséquilibre créé par le chauffage local, on
repérer sans ambigüité un point P qui se meut dans l'espace et qui verra le système-barreau évoluer spontanément vers un nouvel état
occupe une position définie par trois nombres (x, y, z) à l'instant t d'équilibre caractérisé par une température uniforme dans toute la
donné; il a, à cet instant, une vitesse v dont les projections sur les barre, mais différente de la température initiale et de celle de
axes de coordonnées sont vx, vy, vz. Nous disons que l'état du point P l'ambiance. Ce nouvel état d'équilibre propre au barreau correspond à
est caractérisé par les nombres x, y, z, t, vx, vy, vz. En mécanique, une absence de contrainte dans ce système et à la constance temporelle
s'ajoute le nombre caractérisé par la masse m . En thermodynamique, de l'uniformité de température le long de la barre. Si l'on attend encore
l'état du système est défini par les variables d'état T, p, V, n etc… plus longtemps, la température du milieu ambiant va se réchauffer;
Celles-ci définissent alors un nouvel espace : l'espace des variables celle du barreau va diminuer progressivement mais uniformément et
d'état dans lequel l'état du système est défini par un point. On notera beaucoup plus lentement que lors du processus d'uniformisation de
toutefois que la distance entre deux points dans un tel espace n'a pas la température dans la barre. Un nouvel équilibre thermique entre le
même mesure que dans un espace métrique. milieu ambiant et le barreau sera atteint lorsque la contrainte
thermique créée par la barre plus chaude dans un environnement plus
Parmi les états d'un système, on distingue deux grandes classes : les froid sera résorbée.
états d'équilibre et les états de non-équilibre. On entend par état Prenons maintenant ce même barreau métallique et maintenons ses
d'équilibre, un état dans lequel aucune contrainte n'est appliquée au deux extrémités à deux températures différentes maintenues
système dont les propriétés ne varient pas au cours du temps.. Par constantes grâce à un dispositif thermostatique. On dit que l'on
contre, les états de non-équilibre résultent de l'application de applique une contrainte thermique aux extrémités de la barre, la
contraintes; ce sont en général des états en évolution qualifiés d'états chaleur s'écoulant de l'extrémité chaude vers l'extrémité foide. Dans un
dynamiques. Cependant, il existe une catégorie d'états de non- premier temps appelé période transitoire, le profil de température dans
équilibre, pour laquelle les propriétés des systèmes ne varient pas dans le métal va évoluer. Ensuite, le profil de température ne variera plus,
le temps. Ces états de systèmes sous contrainte qui n'évoluent pas au pour autant que l'on apporte autant de chaleur au point chaud qu'on en
cours du temps sont appelés états stationnaires. évacue au point froid. Cet état entretenu par la contrainte thermique
Illustrons ces notions par deux exemples simples. est appelé état stationnaire de non-équilibre. Quant à l'état transitoire
évolutif, c'est un état non-stationnaire de non-équilibre.
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sont des fonctions différentes des f . Les deux systèmes d'équation sont
équivalents et le temps t joue le rôle d'un paramètre. où les grandeurs
∂f
;
∂f
;
∂f
∂T V,n ∂V T,n ∂n T,V
Historiquement, la thermodynamique s'est d'abord attachée à
l'étude des états d'équilibre. La mécanique rationnelle avait déjà un sont appelées dérivées partielles. Elles ont la signification usuelle de la
développement important lorsque la thermodynamique a commencé à dérivée de la fonction f par rapport à la variable T, V ou n, à ceci
se développer. Des critères avaient déjà été énoncés par les près que les autres variables (placées en indice inférieur) sont
mécaniciens, pour caractériser l'équilibre mécanique et sa stabilité. Ces maintenues constantes. Si ces dérivées sont continues localement dans
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Fig.I.6
Fig.I.5
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Cγ δnγ
dU = U2 - U1 + U1 - U2 = 0 (I.6) xγ = c
= c
(I.10)
∑ Cγ ∑ δnγ
γ=1 γ=1
c
Les systèmes que nous étudierons peuvent en outre des constituants γ
où le symbole ∑ désigne la somme sur tous les constituants de 1 à comporter une ou plusieurs phases que nous noterons par un exposant
γ=1
α . Ces régions de l'espace ou phases sont caractérisées par la nature
c. des interactions qui s'exercent entre les molécules qui les constituent.
Usuellement, on distingue les phases par leur état physique (gazeux,
La masse molaire Mγ représente la masse d'une mole de γ soit de liquide ou solide). Lorsque nous aurons à considérer des constituants
6,02 1023 molécules de γ (nombre d'Avogadro). répartis entre différentes phases, nous devrons préciser l'appartenance
à la phase. Nous appellerons mαγ la masse du constituant γ dans la
mγ
Le nombre de moles de γ (variable extensive) est donné par nγ = . phase α . On définit de même le nombre de moles de γ dans la phase
Mγ
α , nαγ . La masse totale du constituant γ réparti entre plusieurs phases
Le nombre de moles total du système vaut
α est la somme des masses mαγ sur toutes les phases α que comporte
c
le système il en est de même pour le nombre total de moles de γ. On
n = n1 + n2 +…+ nc = ∑ nγ (I.8)
γ=1 peut alors écrire
La concentration molaire Cγ est le nombre de moles par unité de mγ = ∑ mαγ ; nγ = ∑ nαγ (I.13)
α α
volume (variable intensive), soit
(voir § I.2) La masse totale d'une phase α vaut la somme des masses des
lim Δnγ δnγ constituants γ dans cette phase, de même, le nombre de moles d'une
Cγ = = (I.9)
ΔV→0 ΔV δV phase α est la somme des nombres de moles de tous les constituants γ
appartenant à cette phase, soit donc :
pour un système uniforme cette grandeur s'identifie à nγ / V.
mα = ∑ mαγ ; nα = ∑ nαγ (I.14)
γ γ
La fraction molaire xγ (parfois appelée titre molaire) est définie par
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Enfin, la masse totale m et le nombre total de mole n de tous les c Si l'on néglige la solubilité mutuelle des deux solvants ( eau et
constituants du système polyphasique comportant ϕ phases s'écrit : tétrachlorure) , la masse totale du système est donnée par
ϕ ϕ
c c m = mH 2O CCl4
I2 + mI2 + mH2O CCl4
H2 O + mCCl4
m=∑ ∑ mαγ ; n =∑ ∑ nαγ (I.15)
γ=1 α=1 γ=1 α=1
La fraction molaire de l'iode dans chaque phase est définie par
Dans chacune des phases nous définirons également les grandeurs
intensives concentration et fraction molaire des constituants Cαγ et Nαγ nH 2O nCCl 4
xH 2O
I2 =
I2
; xCCl
I2
4 = I2
.
. nH 2O H2 O
I2 + nH2 O nCCl
I2
4 + nCCl4
CCl4
Exemples : Enfin, dans chaque phase, la somme des fractions molaires des 2
constituants vaut
a) la décomposition thermique du carbonate de calcium CaCO3 solide
en monoxyde de calcium CaO solide et dioxyde de carbone CO2 xH 2O H2 O
I2 + xH = 1 ; xCCl
I2
4 + xCCl4 = 1 .
CCL4
2O
gazeux s'écrit
Δmγ = mγ - moγ ≈ νγMγ (I.16) En nombre de moles les relations (I.17) et (I.I8) s'écrivent :
vρ = 1 dn 1 =.............=
1 dn c (I.25) Soient les deux réactions suivantes :
ν1ρ dt νcρ dt
2C + O2 → 2 CO réaction 1
vρ = 1 dm 1 = .........=1 (I.26)
ν1ρΜ1 dt νcρΜc
C + O2 → CO2 réaction 2
on a
En phase homogène uniforme C = m / V ; à volume constant
dnC = -2 dξ1 - dξ2
dnO2 = - dξ1 - dξ2
vρ = V dC 1 = ......=V dC c (I.27)
ν1ρΜ1 dt νcρΜc dt dnCO = +2 dξ1
dnCO2 = + dξ2
Exemples :
et les vitesses réactionnelles v1 et v2 s'écrivent respectivement:
a) Réaction chimique en phase homogène.
dnCO2
v1 = 1 dnCO ; v2 =
Considérons la réaction de synthèse de l'ammoniac en phase gazeuse : 2 dt dt
N2 + 3H2 = 2NH3 Comme le carbone et l'oxygène sont impliqués dans les deux réactions,
on a entre les vitesses les relations:
Désignons, pour des raisons de commodité , les constituants N2 ,H2
v1 + v2 = - dn O2 2v1 + v2 = - dn C
et NH3 respectivement par 1 , 2 et 3 . dt dt
Les cœfficients stœchiométriques valent :ν1 = -1, ν2 = -3, ν3 = +2 c) Réaction dans un système triphasique.
.
En vertu de la relation (I.22) Soit la réaction de décomposition thermique
dξγ
vγ =
dt (Ι.31)
"
Exemple :
partiellement miscibles.
Soit, à l'instant t m'γ , m"γ et à l'instant initial moγ', moγ" les
Considérons finalement des réactions dans des systèmes ouverts au
masses de γ respectivement dans les phases ' et ".
monde extérieur. Soit un réacteur monophasique dans lequel les
La réaction de passage est symbolisée par l'équation chimique : masses mγ des divers constituants varient, d'une part, sous l'effet de
réactions ρ et, d'autre part, s'échangent avec le monde extérieur. La
γ' → γ"
variation totale dmγ de la masse du constituant γ s'écrit :
où le cœfficient stœchiométrique ν'γ = -1 pour le constituant qui quitte
dmγ = di mγ + demγ (I.32)
la phase ' et ν"γ = + 1 pour les constituants entrant dans la phase ".
L'avancement ξγ de cette réaction de passage de γ représente le
où demγ désigne la quantité de γ échangée avec l'extérieur et di mγ
nombre de moles de γ passées de la phase ' à la phase "; il est donné
l'accroissement (ou la décroissance) liée aux réactions chimiques. En
par les relations :
vertu de (I.17), pour chaque réaction ρ l'accroissement di mγ est donné
par di mγ = νγρMγdξρ . Pour ρ réactions il faudra sommer sur toutes les
γ = - Mγ ξγ
m'γ - mo' ; γ = + Mγ ξγ
m"γ - mo" (I.29)
réactions et la variation totale (I.32) s'écrira :
γ = - ξγ
n'γ - no' ; γ = + ξγ
n"γ - no" (I.30) r
dmγ = di mγ + demγ = ∑ νγρMγdξρ + demγ (I.33)
ρ=1
On notera que pour les réactions de passage, l'avancement réactionnel
est affecté de l'indice du constituant transféré. La vitesse d'accroissement de γ est donc donnée par le terme de
En vertu de la conservation de la masse, m'γ + m"γ = mo'γ + mo"γ et réactions chimiques et par les vitesses d'entrée ou de sortie, à savoir :
donc,
0 = - Mγ + Mγ . Cette expression est l'équation chimique de passage. dmγ di mγ demγ
= +
r
= ∑ νγρMγvρ +
demγ
(I.34)
dt dt dt ρ=1
dt
Montrons, à partir de ces quatre lois, la relation existant entre 4°) Loi de Charles : à pression et à température données, le volume est
l'échelle de Celsius et celle de Kelvin. proportionnel au nombre de moles n de gaz ; à 0°C et 1 atmosphère on
1°) Loi de Boyle : à température θ constante, le produit de la pression a alors
p et du volume V est une constante pour un même masse m donnée
de gaz, soit V o = n vo (I.39)
où vo est le volume d'une mole de gaz à 0°C et 1atm.
pV = constante à θ et m fixés (I.35) Pour une pression po =1atm. et à 0°C, de (I.36) on tire
où α est une constante indépendante de la nature du gaz. pV = n povo (1 + αθ) = n α po Vo ( 1 +θ) (I.42)
α
2°) Loi de Gay-Lussac : pour une masse constante et un volume Supposons que l'on fasse subir à un gaz un changement simultané de
constant, la pression d'un gaz est une fonction linéaire de la pression (ou de volume) et de température pour passer d'un état défini
température, soit par po, Vo et θ = 0 à un état p, V , θ >0 . On peut atteindre l'état final
en passant par un état intermédiaire où la pression est maintenue
p = po(1 + βθ) (I.37) égale à po . On atteint à cette pression la température θ il s'ensuit
une dilatation du gaz dont le volume atteint une valeur V' donnée par
où po est la pression mesurée à la température de 0°C (échelle Celsius) la loi (I.38). On maintient alors la température constante = θ et l'on fait
et β est une constante appelée dilatabilité thermique sous pression évoluer la pression jusqu'à la valeur p finale. Cette transformation à
constante. θ constante répond à la relation (I.35). On a donc
3°) Loi d'expansion des gaz à pression constante qui montre que le po V′ = po Vo 1 + βθ = pV = A 1 + αθ = po Vo 1 + αθ (I.43)
volume d'une masse donnée d'un gaz maintenu à pression constante
varie linéairement avec la température, soit une loi semblable à (I.37) et on montre donc ainsi l'identité des cœfficients α et β .
avec le même cœfficient β : Appelons température absolue T
1 +θ =T (I.44)
V = Vo (1 + βθ) (I.38) α
La dilatabilité thermique sous pression constante (éq.I.37) est égale à
la compressibilité thermique à volume constant (éq.I.38). La valeur et calculons la constante αpovo .
commune de ces cœfficients a été mesurée avec précision; elle vaut 1/ A θ = 0°C et po = 1 atm. vo = 22,41 l/mole ou 0,02241 m3 / mole.
273,15 degré-1.
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Dès lors α povo = 0,0821 l atm/mole °K ou = 8,314 J / mole °K en unités cours de laquelle le système n'échange pas de chaleur avec le monde
MKS (1atm = 1,013 I05 P). Comme 1cal = 4,184 J, cette quantité vaut extérieur.
aussi 1,98 cal/mole °K.
On l'appelle constante R ou constante des gaz parfaits et la relation Si un système se transforme en captant de la chaleur au monde
(I.42) s'écrit alors, grâce à (I.44), sous sa forme bien connue : extérieur, on dit que la transformation subie est endothermique, si par
contre, le système libère de la chaleur, la transformation est dite
pV = nRT (I.45) exothermique.
Quant à T , appelée température absolue, elle est liée à la I.8 Travail mécanique.
température centigrade en vertu de (I.44), soit T = 273,2 + θ . La
température de fusion de la glace vaut donc dans l'échelle de Kelvin Avant d'introduire le travail mécanique, rappelons la notion de
273,2 °K. forces et leurs propriétés : forces conservatives et non conservatives.
Remarque : la relation (I.45), dite équation d'état des gaz parfaits n'est
valable que dans un domaine restreint de températures (pas trop On appelle force une grandeur orientée responsable de la mise en
basses) et de pressions (pas trop élevées). mouvement, de la modification du mouvement ou de la déformation
d'un objet. La force appliquée à un objet est liée à son environnement
Le zéro de l'échelle Kelvin est la température au-dessous de laquelle proche ou lointain. Elle peut s'appliquer par contact direct (poussée), à
on ne peut pas descendre. A cette température, toutes les molécules ou l'aide d'une connection (traction) ou à distance (gravitation, action d'un
atomes sont dans le niveau énergétique le plus bas; nous reviendrons aimant sur l'aiguille d'une boussole). Le lien entre force et mouvement
sur la température absolue au chapitre II ainsi que dans l'exposé du a été formalisé par Newton (1642-1727) qui énonça ses trois lois
second principe de la thermodynamique. fondamentales dans son ouvrage "Principes mathématiques de la
La propriété fondamentale du "zéro degré absolu" peut également philosophie naturelle" publié en 1687. Ces trois lois donnent une
être expliquée par les cycles de transformations pression-volume, Au relation simple entre force et mouvement dans des référentiels
cours de ces cycles, le système reçoit de la chaleur d'une source chaude, privilégiés appelés référentiels d'inertie..La première loi de Newton
la transforme en partie en travail, l'excédant non utilisé en travail définit les référentiels d'inertie; la seconde loi lie l'accélération d'un
étant évacué vers une source froide. Cette démonstration sort du cadre point matériel à la résultante des forces auxquelles il est soumis, par
de la thermodynamique chimique et est développée dans des ouvrages l'intermédiaire de sa masse, appelée masse d'inertie; la troisième loi est
spécialisés de thermodynamique des machines. la loi d'action réciproque des forces exercées entre deux corps A et B.
Nous serons souvent amenés à étudier des transformations où l'on Une force a pour dimensions le produit d'une accélération par une
maintient la température constante ; ces transformations sont appelées masse. En unités S.I. son unité est le Newton (1N = 1kg x 1m x 1s-1)
isothermiques. Dans le système de variables p , V , l'équation d'état
nous donne la relation qui unit p et V le long d'une isotherme à Les forces se répartissent en deux classes : les forces conservatives
température fixée T. et les forces non-conservatives.
Un autre type de transformation souvent utilisé est la transformation Une force est conservative si le travail - produit de la force par le
adiabatique (du grec a = sans dia = au travers batos = accessible), au déplacement- correspondant à un déplacement A → B du point
d'application de la force est indépendant du chemin suivi ,dans le sens
20
le plus général, c'est-à-dire de son tracé, de la vitesse à laquelle il est soit dW = F.ds = Fx dx + Fy dy +Fz dz (I.49)
parcouru et de l'instant auquel l'opération se fait. Le travail d'une force
conservative, appliquée à un point matériel ou à un système de points où ds est le vecteur déplacement élémentaire, de composantes dx, dy,
matériels ne dépend que de la configuration initiale A et de la dz, dans un référentiel euclidien x, y, z:
configuration finale B . Autrement dit,une force est conservative si le
travail effectué par cette force le long d'un circuit fermé partant de son ds= dx 1x + dy 1y + dz 1z (I.50)
point d'application A et revenant à A , est nul (Fig.I.10).
En vertu de (I.47) , et (I.50) ,(I.49) peut s'écrire
On a donc dW = 0
(I.46)
∂E ∂E ∂E ∂E ∂E ∂E
F . ds= - dE = - dx + dy + dz = - 1x + 1y + 1z . dx 1x + dy 1y + dz 1z
∂x ∂y ∂z ∂x ∂y ∂z
(I.51)
Cette expression donne une relation entre la force F et la dérivée de
l'énergie potentielle avec les coordonnées spatiales, soit
Fig.I.10 ∂E ∂E ∂E
(I.52)
Fx = - ; Fy = - ; Fz = - ou encore F = - grad E
Le travail élémentaire d'une force conservative est donc une ∂x ∂y ∂z
différentielle totale exacte (cf. § I.4) dans l'espace des positions.
D'autre part, lorsqu'un système est soumis à un champ de force, On dit alors que la force F dérive du potentiel E . La notation grad
(pesanteur, champ électrique, magnétique etc…) la matière qu'il est un opérateur de différentiation appelé gradient qui donne la
contient est en interaction avec le champ de force. Il emmagasine alors variation spatiale d'une quantité scalaire (grandeur non orientée); nous
une énergie d'interaction qu'il "mémorise" et qui peut le cas échéant, reviendrons sur les propriétés mathématiques de cet opérateur au
être restituée sous forme d'un travail. On l'appelle énergie potentielle chapitre X.
E . La perte élémentaire d'énergie potentielle - dE vaut alors le
travail élémentaire dW c'est-à-dire D'autre part, l'équation fondamentale de la mécanique (2ième loi de
Newton) lie la résultante des forces qui s'applique à un point matériel,
dW = -dE (I.47) à l'accélération du centre de masse :
Entre deux états A et B le travail intégral WAB fourni par la perte F = m dv (I.53)
dt
d'énergie potentielle - (EB - EA ), s'écrit alors
B
Il s'ensuit que le travail élémentaire de cette résultante s'écrit
dW = WAB = - EB- EA (I.48)
A F.ds = m dv .ds (I.54)
dt
Le travail élémentaire fourni pour déplacer le point d'application d'une Comme ds = vdt , (I.54) s'écrit encore :
force F de composantes Fx , Fy , Fz , d'un élément de trajet ds est
par définition le produit scalaire de ces deux vecteurs, F.ds = m dv .v dt = mv.dv = 1 md v2 = d 1 mv 2 (I.55)
dt 2 2
21
La force qui règne entre deux corps de masses m et M est donnée par
où 1 mv 2 est l'énergie cinétique Ec . rB rB
2 F = - G mM 1r et WAB = - GmM dr = GmM d1r = GmM r1 - r1
L'énergie cinétique d'un point matériel augmente ou diminue d'une r2 rA
r2 rA
B A
d) Force de rappel.
x x
A
WAB = - mg (zB - zA) B
b) Force gravitationnelle.
22
F.v = - bv 2
Les forces non-conservatives ne jouissent pas de la propriété (I.50),
elles ne dérivent donc pas d'un potentiel. Le travail de ces forces
Elle se manifeste le plus souvent sous forme de chaleur. Par exemple,
dépend du chemin suivi pour déplacer leur point d'application et donc
pour un bloc solide glissant sur un plan incliné dans le champ de la
F.ds ≠ 0 . Généralement ces forces dépendent à la fois de la position, de pesanteur locale, d'une hauteur zA à une hauteur zB , en intégrant la
relation (I.59) de l'état initial A à l'état final B on aura :
la vitesse et du temps.
Comme pour les forces conservatives, le travail mécanique est converti Ec + E - Ec + E = WAB = - QAB
en énergie cinétique en vertu de (I.54). Toutefois, la relation (I.55) B A
n'étant plus d'application, il faudra écrire, pour tout système soumis à
des forces conservatives Fc ,dérivant d'un potentiel, et à des forces −bv
non-conservatives Fn.c dont le travail élémentaire n'est pas une z
A •
différentielle totale exacte:
mg
θ
F.ds = Fc + Fn.c . ds = -dE + Fn.c. ds = dEc (I.58) z
B
où QAB est la chaleur dégagée par le frottement du solide sur le plan deux faces sont égales et de signe contraire. Si le piston se déplace
lors de sa descente de A à B . Notons que WAB tout comme QAB d'une quantité dx > 0 , (Fig.I.11) le volume réservé au gaz contenu
dépendent de la façon dont on passe de A à B . dans le piston augmente d'un volume dV = Sdx . La force pS que le
gaz exerce sur le piston effectue un travail élémentaire égal à pSdx =
b) La résistance d'un fluide au mouvement d'un solide, en régime pdV. Ce travail est fourni par le système au monde extérieur. Ceci
revient à dire que le gaz reçoit du monde extérieur un travail égal à −
turbulent. La force de frottement a dans ce cas la forme
pdV.
F = - CAρv 2 et F.ds = - CAρv 2 1s .ds = - CAρ v 2 ds dt = - CAρ v 3 dt
dt
où ρ est la densité du fluide, A la section balayée par le solide et C un V S
facteur de forme du solide.
Ici encore, le travail élémentaire n'est pas une différentielle totale
exacte. dx
0 x
= RTa /V. Si, par contre on fait une petite détente très rapide, de telle Vb
sorte que la chaleur n'ait pas le temps de s'échanger, la pression fait tendre l'intervalle vers zéro. La sommation tend alors vers pdV
Va
variera sous l'effet de la variation de volume mais aussi de la variation
.
de température ( T ≠ Ta) suivant une loi appelée loi de détente Vb
adiabatique . Nous étudierons ce type de transformations dans le Le travail Wab = pdV , appelé travail de dilatation, effectué par le
chapitre suivant. En toute généralité, lors d'un déplacement Va
quelconque du piston, la pression évolue suivant une fonction continue gaz dans la transformation Va → Vb est mesuré par l'aire ombrée sur
du volume que l'on a schématisé dans la figure I. 12. le diagramme. Ce travail dépend de la forme de la fonction p(V) et
donc de la vitesse à laquelle s'est déplacé le piston dans chaque petit
tronçon de transformation menant de Va à Vb.
p
<p> a Si l'on détend le gaz de Va à Vb suivant le schéma de la figure I.12
1 et qu'on le recomprime en suivant un autre trajet (Fig.I.13) on décrit un
p
<p>
c cycle dit "rétrograde" de Va à Vb puis de Vb à Va.
2p
c'
<p>
3p
b
Fig.I.12
Dans chacun des intervalles ∆ V1 = (Vc - Va) , ∆V2 = (Vc'- Vc)
…∆Vn , le gaz effectue un travail W1 , W2 …Wn qui est le produit de
la pression moyenne <p1> , <p2>…<pn> qu'il exerce sur le piston dans Fig.I.13
l'intervalle ∆V considéré par la valeur de l'augmentation de volume.
Le travail total effectué de Va à Vb est la somme de tous ces travaux. L'intégrale donnant le travail effectué au long de cette
n
Wab = ∑ pn ΔVn . Lorsque l'on fait tendre les intervalles vers zéro, la transformation sur une ligne fermée du diagramme pV n'est pas nulle.
n=1 Elle vaut l'aire comprise entre les deux courbes représentant la
pression moyenne de l'intervalle de dimension infinitésimale s'identifie transformation directe et la transformation inverse. On montre donc
à la valeur de la pression correspondant au volume autour duquel on
ainsi que Wabba = pdV ≠ 0 ; le travail mécanique dépend donc, en
25
toute généralité, du chemin suivi pour faire la transformation. Si la Pour les systèmes non relativistes, les propriétés conservatives
pression est maintenue constante, le travail Wabba = 0 . répondent à la relation diφ = 0 telle par exemple la masse totale mT du
système (cf.§ I.6).
L'unité de travail adoptée par les conventions internationales
(système S.I) est le Joule , travail d'une force de 1 Newton sur un mètre dmT = demT (I.63)
: 1J = 1N x 1m.
d im T = 0 (I.64)
magnétique, électromagnétique) peuvent également conférer une énoncer le principe de conservation de l'énergie exprimé par la relation
énergie potentielle macroscopique au système. Ces deux énergies (I.60). L'énergie totale d'un système isolé (c'est-à-dire qui n'est
macroscopiques cinétiques et potentielles sont les seules énergies couplé en rien au monde extérieur) reste constante, quelles que soient
considérées dans l'étude de la mécanique du "point matériel" (cf.§ I.8) les modifications internes subies par ce système. Un système
où le système est assimilé à son centre de masse. totalement isolé du reste du monde est impossible à réaliser en
L’énergie interne U est une moyenne statistique de toutes les pratique, mais cette situation idéale peut être approchée dans de
énergies cinétiques microscopiques d’agitation moléculaire et atomique nombreux cas et pour des temps limités. En toute rigueur, le principe
de translation, de rotation et de vibration, ainsi que de toutes les de conservation de l'énergie devrait s'appliquer à l'univers tout entier,
énergies potentielles microscopiques de vibration et de rotation, des à condition de considérer que l'univers est soumis à un champ de force.
énergies d’interaction moléculaires et atomiques, des énergies Cette description de l'univers présente des difficultés conceptuelles non
électroniques et de valence, des énergies nucléaires. C'est une grandeur encore résolues.
macroscopique, liée à "l'intimité" de la matière, tout comme la chaleur Les systèmes non isolés sont l'objet d'échanges avec leur
(cf.§ I.7), elle n'est pas prise en compte en mécanique du point matériel. environnement. Ces échanges appelés "flux" peuvent se manifester
L'étude des systèmes réels idéalisés par le modèle de masse entre-autre sous forme de travail et de chaleur. Chaque système
ponctuelle a mis en lumière l'existence de forces non-conservatives (cf, fermé(n'échangeant pas de matière avec le monde extérieur) contient
§ I.8) responsables de la non conservation de la somme de l'énergie une quantité d'énergie utilisable qu'il peut transférer en tout ou en
cinétique et de l'énergie potentielle d'une masse ponctuelle soumise à partie sous forme de chaleur et de travail à un autre système
des forces conservatives et non-conservatives. La question se pose à constituant une partie de son environnement. Lors de ce transfert, une
présent de décrypter la différence fondamentale entre systèmes partie de l'énergie transférée est perdue et rendue inutilisable. On dit
conservatifs et non-conservatifs. Pour celà, rappelons-nous que la que l'énergie s'est "dégradée". Seule une fraction de l'énergie ainsi
définition d'un système (portion de l'espace limitée par une surface transférée se retrouve utilisable dans des systèmes de l'environnement
fictive ou réelle) revient à découper le monde en deux parties : le du système émetteur. Parmi les formes d'énergie utilisable citons
système et le monde extérieur. Ce découpage est purement arbitraire et l'énergie cinétique associée au mouvement d'un objet macroscopique,
suivant la façon dont il est fait, le système peut être conservatif ou non l'énergie potentielle de pesanteur, l'énergie chimique (pétrole,charbon
c'est-à-dire que son énergie totale au sens de la mécanique du point etc.), l'énergie électrique, l'énergie lumineuse. Par contre, l'énergie
matériel (énergie cinétique + potentielle) est ou n'est pas constante. cinétique associée au mouvement désordonné des molécules dans un
Soit par exemple, un objet glissant sur un plancher horizontal, objet macroscopique ou dans l'air (énergie d'agitation thermique)
l'énergie cinétique de l'objet diminue au cours du temps sous l'effet de constitue typiquement une forme d'énergie inutilisable, sauf si nous
la force de frottement dynamique, jusqu'à son arrêt complet. Le disposons d'un deuxième objet macroscopique dont le degré d'agitation
système "objet glissant" n'est pas conservatif, mais en réalité l'objet et est différent, ce qui permet de réaliser une machine thermique.
le plancher sont modifiés; il y a échauffement, correspondant à une L'énergie (cinétique, potentielle, interne, totale) a pour unité le
augmentation de l'énergie cinétique d'agitation moléculaire, c'est-à-dire Joule tout comme la chaleur et le travail mécanique qui sont en fait des
de l'énergie interne de l'objet et du plancher. Si l'on inclut cette énergie formes de transfert de l'énergie. On peut dire que l'énergie se manifeste
interne dans l'énergie totale du système "objet + plancher", le bilan sous forme de chaleur et de travail.
énergétique du système englobant l'objet et le plancher est conservatif. Si un système fermé macroscopique ne déplace pas son centre de
En conlusion, si l'on inclut dans le système tous les objets en masse, il n'a pas d'énergie cinétique macroscopique globale ou à tout le
interaction mutuelle et toutes les formes d'énergies présentes, l'énergie moins celle-ci est une constante dans tout référentiel galiléen, de même
totale du système est conservée. Ceci nous amène naturellement à si le centre de masse du système ne se déplace pas dans un champ de
27
UB - UA = QACB + WACB = dQ + dW
A A
(II.2)
sont les variables macroscopiques indépendantes pertinentes qu'il faut des raisons expérimentales, de prendre T et p ou T et V. Pour les
choisir pour définir la fonction d'état macroscopique qui intègre tous systèmes à deux variables indépendants on choisit souvent d'écrire la
ces effets microscopiques. C'est l'expérience seule qui pourra répondre à différentielle totale de l'énergie interne en termes des variables
cette question, pour les différents types de systèmes étudiés et selon le indépendantes T et V , à savoir :
niveau de description auquel on limitera l'étude. Par exemple, pour le
gaz parfait monoatomique que nous évoquerons au § II.6 le niveau de ∂U ∂U
dU = dT + dV (II.6)
description choisi n'englobe pas les effets de rotation des électrons sur ∂T V ∂V T
les orbitales atomiques et aucune variable macroscopique liée à ce
mouvement électronique n'apparaît parmi les variables indépendantes Lorsque le système, au lieu de ne comporter qu'un seul constituant
pertinentes décrivant l'état de ce système. (corps pur), comporte plusieurs constituants (mélange) dont le nombre
La thermodynamique pouvant décrire les échanges d'énergie et de de moles peut varier soit par réactions chimiques, soit par apport du
matière entre des systèmes aussi complexes soient-ils et leur monde extérieur, l'expérience montre que les nombres de moles de
environnement, le choix des variables indépendantes pertinentes chaque constituant nγ (ou les masses mγ) du mélange s'ajoutent aux
présente un grand degré d'arbitraire qui ne peut se justifier en général variables décrivant l'état du système. On décrit alors la variation de
qu'à postériori. L'expérience permettra en dernier ressort de tester des l'énergie interne du systèmes à l'aide de 2 + c variables d'état
modèles prédictifs théoriques basés sur ce choix. indépendantes, c étant le nombre de constituants du mélange.
Pour des systèmes simples tels que des gaz ou des liquides à un
seul constituant, en l'absence de phénomènes magnétiques, électriques, c
∂U ∂U ∂U
capillaires, visqueux ou chimiques l'expérience montre que deux dU = dT + dV + ∑ dnγ (II.7)
∂T V n …n ∂V T n …n ∂nγ
variables indépendantes seulement peuvent suffire à définir l'état 1 c 1 c γ=1 T V nβ≠γ
thermodynamique.
L'état de ces systèmes simples, assimilables à des fluides parfaits Toutefois, pour un système fermé siège d'une réaction chimique (cf.§
peut être décrit dans des diagrammes pression p , volume V et sont I.6), les nombres de moles n1… nc caractérisant la composition du
pour cette raison appelés systèmes p,V. Historiquement, le choix de p système peuvent être remplacés par la seule variable ξ décrivant
et V comme variables d'état provient des études de la l'avancement de la réaction conformément à l'expression (I.22). Le
thermodynamique de la machine à vapeur, où l'on étudiait les échanges nombre de variables se réduit alors à trois : T , V , ξ et l'on a
de chaleur et de travail entre un gaz subissant des variations de
volume et de pression dans un cylindre fermé par un piston et le milieu ∂U ∂U ∂U
extérieur. dU =
∂V
dV +
∂T
dT +
∂ξ
dξ
Tξ Vξ TV (II.8)
Les expériences faites sur les gaz dans des enceintes fermées
rigides non déformables ont, par exemple, montré que l'on peut, sans
changer le volume modifier la pression, simplement en chauffant le II.2 Les autres formes d’énergies. Extension des lois aux
système. Inversément, on peut augmenter le volume du gaz en le systèmes soumis à des champs extérieurs.
chauffant dans une enceinte fermée par un piston, en le maintenant à
pression constante. Ces constatations expérimentales débouchent sur Dans la suite de l'exposé, nous aborderons par les méthodes de la
"l'équation d'état" liant p, V et la température T. Au lieu de prendre p thermodynamique l’étude des systèmes électrochimiques. Ces
et V comme variables indépendantes, il est souvent commode, pour systèmes sont par exemple composés d'une solution d’électrolyte dans
30
laquelle plongent deux électrodes. De l’énergie électrique peut être Enfin pour les systèmes présentant une surface séparant deux phases
fournie au système à partir d’un générateur extérieur débitant un (systèmes capillaires) il faudra tenir compte d'une énergie interne de
courant à travers le système ; ce dernier est soumis à une différence de surface et d'un travail mécanique d'extension de la surface . Au travail
potentiel électrique (ϕA- ϕB) entre les deux bornes A et B connectées d'expansion pour un volume, pdV correspondra pour la surface le
aux électrodes. On pratique alors une électrolyse. Le processus travail capillaire -σdA où σ est la tension superficielle et Α est l'aire
inverse consiste à plonger deux électrodes dans une solution de la surface. Enfin, pour les systèmes limités par une surface courbe,
d’électrolyte et de faire débiter la pile (le système est alors un on devra tenir compte d' un travail, lié à la variation de courbure,
générateur qui transforme l’énergie chimique développée par les donné par le produit de la rigidité de la surface et de la variation de
réactions aux interface électrode/solution en énergie électrique) dans courbure.(voir chapitre•)
un circuit extérieur. Dans ce cas, c'est le système qui fournit de
l’énergie électrique au monde extérieur. Par unité de temps, cette II.3 Les capacités calorifiques et chaleurs spécifiques, les
énergie est le produit de la différence de potentiel entre les bornes A et chaleurs d'expansion, de compression et de réaction.
B de la pile par le courant I débité, c'est-à-dire (ϕA - ϕB) I. Pour ces
systèmes électrochimiques, le principe de conservation de l’énergie Considérons un système fermé. Dans ce cas, la composition du
s’écrit système est définie par la variable ξ . On écrit alors la différentielle
totale ( II.8) de l’énergie interne dans les variables T , V et ξ .
dU = dQ - pdV + (ϕA - ϕB) Idt (II.9) Combinant (II.8) avec l'expression de dQ tirée du premier principe
(II.5) ,il vient
où I = deq/dt est la charge échangée entre une des électrodes et le
monde extérieur (c’est le flux total de charges à travers l’interface
électrode solution). En raison de l’électroneutralité du système dans ∂U ∂U ∂U
dQ = dT + + p dV + dξ
∂T V ξ ∂V T ξ
son ensemble ce qui entre par la borne A (deqA/dt ) ressort par la
∂ξ T V
(II.10)
borne B, deqA/dt = -deqB/dt. Le symbole U signifie qu’il s’agit d’énergie
électrochimique composée d'une partie chimique et d'une partie Si le système ne comporte qu'un seul constituant ou si la réaction
électrique (voir chapitre•). est arrêtée, dξ=0 et la relation (II.10) se réduit à
Dans les systèmes polarisés (ou en plus des forces coulombiennes à
longue portée apparaissent des forces dipolaires à moyenne portée)
cette notion est très délicate. En effet, la pression p apparaissant dans ∂U ∂U
dQ = dT + + p dV
∂T ∂V
l’expression (II.9) contient en plus des termes classiques liés aux V T
interactions à courte portée, des termes liés aux interactions (II.11)
électrostatiques. On notera que le terme (ϕA-ϕΒ)deq est le travail
1) On appelle chaleur spécifique ou capacité calorifique à volume
fourni au système par le générateur dans le cas de l’électrolyse. De
constant, la dérivée partielle de l'énergie interne avec la température:
même, dans un système magnétisable soumis à un champ magnétique
B on devra dans l’écriture du premier principe inclure un terme de
travail fourni par le milieu extérieur lié à l’orientation du moment ∂U/∂T =C
magnétique M du système dans la direction du champ magnétique. Ce Vξ Vξ (II.12)
terme vaut B.dM .
31
CVξ est donc la quantité de chaleur que le système doit recevoir pour
que sa température s’élève d’un degré lorsque la réaction n’évolue pas
et que le volume est maintenu constant. Comme CVξ = (∂U/∂T)Vξ , il
s’ensuit que cette grandeur est fonction de T,V, ξ . Si l'on se donne T,
V, ξ, la capacité calorifique CVξ est fixée ,et donc est fonction d'état du
système.
Remarquons que, à V et ξ constants, en vertu du 1er principe, dQ =
dU devient une différentielle totale
32
QV ξ = C VξdT
et T1
pour une transformation de T1 à T2 a
Cv = ncv (II.17))
Pour un système à c constituants γ, on a définit la chaleur spécifique 2) La grandeur lTξ est appelée chaleur d’expansion, à T et ξ
molaire de γ (grandeur intensive) constants
cvγ =
∂Cv
(II.18) dQ = lTξ dV (II.22)
∂nγ Tpnβ≠γ
et lTξ est donc la quantité de chaleur que doit recevoir le système pour
Cv = ∑γnγc vγ (ΙΙ.19) que sa température reste constante lorsqu’on augmente son volume
(Cette propriété s'applique à toutes les grandeurs spécifiques molaires d’une unité, en l’absence de réaction chimique. Considérons par
cf.Chap.IV) exemple un mélange de 02 et de N2 (par exemple de l’air). Ces gaz ne
Cette relation résulte d’un théorème dû à Euler sur les fonctions réagissent pas à la température ordinaire l'avancement ξ est donc une
homogènes de degré 1. Une fonction est dite homogène de degré m en
constante. Si l’on détend le mélange gazeux dans un cylindre (Fig.II.3)
les variables x,y,z si l’on peut écrire
où le gaz travaille contre un piston, il a tendance à se refroidir.
f(kx,ky,kz) = km f(x,y,z)
(II.20) p
cette baisse de température, il faut fournir de la chaleur au système, indéformable : la bombe calorimétrique de Berthelot. Pour réaliser la
cette chaleur est lTξ par unité de volume. Pour une transformation où constance de T c’est beaucoup plus difficile. Mais en fait, il n’est pas
le volume passe de V1 à V2 à T et ξ constantes, il faut fournir au indispensable que T soit maintenu constant durant toute la
transformation, en effet : pour une transformation à volume constant,
système une quantité de chaleur
la loi de Hess montre que la quantité de chaleur dégagée au cours d’une
V2 réaction chimique à volume constant ne dépend que de l’état initial et
Q Tξ= l TξdV de l’état final car en vertu de (II.5) dQ = dU + pdV et donc à V
V1
(II.24) constant dQ = dU devient fonction d’état et Qv = U2-U1.
Si nous considérons deux transformations AB (Fig.II.4), l’une à
Pour un gaz parfait, cette quantité est facile à calculer. En effet dans ce V1, T1 et l’autre à V1 mais à T variable entre ξ0 et ξ1 pour autant que
cas U ne dépend que de T
à ξ1, T redevienne = T1
l T ξ=( ∂U /∂V) T ξ + p
or puisque (∂U/∂V)Tξ pour gaz parfait
=0
on a lTξ = p (II.25)
à V et T constant on a
dQ = ΔU dξ (II.27) Fig.II.4
on aura [QV 1 ]AB = [Q V1 ]AB = ∫ ∆Udξ
d’où QTv = ∫ ΔU dξ (II.28)
chemin 1 chemin 2
Si ∆U ne dépend pas de ξ,
Dans le calorimètre de Berthelot, le mélange réactif est enfermé dans
QTV = ΔU (ξ1 − ξ0) (II.29) un récipient à volume constant qui plonge dans un mélange de glace et
d’eau à 0°C, on amorce la réaction par exemple s’il s’agit d’une réaction
en particulier si ξ1-ξ0 = 1 on a QTV = ΔU. gaz-solide par une étincelle électrique et on la laisse avancer. Durant la
Si ∆U varie avec ξ on peut définir une valeur moyenne de ∆U réaction la température du mélange peut s’élever mais lorsque la
dans l’intervalle ξ0-ξ1 et alors - QTV s’identifie à cette valeur réaction est finie on attend que la température à l’intérieur de la bombe
soit à nouveau 0°C. On mesure alors la quantité de glace transformée
moyenne pour une variation d’avancement = 1. Pour mesurer ∆U on
en eau et l’on a ainsi la mesure de la quantité de chaleur cédée à la
fait se dérouler la réaction chimique dans un calorimètre à T et V
glace par la réaction.
constants. Pour maintenir V constant on travaille dans un calorimètre
34
(∂Cpξ/∂nγ)pT = cpγ
(II.35)
Exemple :
Le calorimètre de Hartley-Junker (Fig.II.6) permet de mesurer la Pour garder les mêmes notations que les américains, nous appellerons
chaleur de combustion des gaz à p constante. (∂U /∂ξ) et (∂H/∂ξ) , respectivement ∆U et ∆H en sachant toutefois que
nous prenons la valeur ponctuelle de la dérivée partielle et non pas la
eau T1 valeur moyenne que prennent les américains par une linéarisation
hative et incorrecte (cf. Fig.II.2).
Si l’on se rappelle la définition de l’avancement
Tf
ξ = (nγ - nγ°)/νγ (II.39)
b
C Par changement de variables U(T,V,n1....nc) =
U(T,V,n°1+ν1ξ,....)
H(T,p,n1.....nc) = H(T,p,n°1+ν1ξ,.....)
on obtient les relations
eau T2
Ti a
∆H = (∂H/∂ξ)Tp = Σ(∂H/∂nγ)Tpnγ '≠γ νγ = ∑νγ hγ
Fig.II.6
(II.40)
Calorimètre de Hartley-Junker
où hγ = (∂H/∂nγ)Tpnγ '≠γ est l'enthalpie spécifique molaire
Le mélange combustible entre en a à la température initiale Ti, brûle
dans la chambre de combustion C, et ressort en b à la température
Tf. On règle le débit d’eau dans le manchon de refroidissement de telle de même on peut écrire
façon que Ti = Tf. La mesure de T1 et T2 permet de calculer le nombre
∆U = (∂U/∂ξ)TV =Σ (∂U/∂nγ)TVnγ '≠γ νγ = ∑νγ uγ (II.41)
de calories évacuées par l’eau, du système pendant un temps donné. A
l’aide d’un compteur à gaz, on peut mesurer la quantité de gaz entrant
d’où l’on déduit le nombre de môles qui réagissent pendant le temps t. Une propriété importante des chaleurs de réaction est que ces
On peut dès lors calculer ΔΗ. grandeurs s’ajoutent comme les réactions; elle est connue sous le nom
de “théorème de Hess”. Cette propriété permet de calculer à l’aide de
cycles de réactions, la chaleur de réaction d’une réaction qu’il est
II.4 Lien entre les chaleurs de réaction et les énergies et difficile de mesurer directement. Prenons l’exemple de la chaleur de
enthalpies spécifiques molaires. combustion du diamant par la réaction
2C + O2-2CO = 2(C+O2) - 2CO2 - (2CO+O2) + 2CO2 On se propose de calculer la chaleur standard de réaction ∆H° de la
réaction 1 2x réaction 1’ réaction 2’ réaction ci-dessous, à partir des chaleurs de formation des réactifs et
produits de réaction, à 25°C et 1 atm.
Comme les chaleurs de réaction s’ajoutent comme les réactions on a gaz gaz gaz gaz
2H 2O + CH 4 = CO2 + 4H 2 (1)
ΔH1 = 2ΔH1' - ΔH2'
Substances Chaleurs de formation ∆H°f réaction de formation
On ferait de même pour les chaleurs de réaction à volume constant : en kcal/mole
H2O(g) - 57,798 g g
H2 + O2 → H2 Og
D’une manière générale, si l’équation stœchiométrique d’une réaction 1 CH4 - 17,865 Cgraphite + 2Hg2 → CHg4
peut s’obtenir par une combinaison linéaire d’autres réactions 1’...r’ Hg2 0 Hg2 → Hg2
suivant l’écriture symbolique La chaleur de la réaction (1) s'obtient ici par la relation
réaction 1 = ∑ kρ' x réaction ρ'
où les kρ' sont des nombres constants >0 ou <0 ΔH°réact. = ∑ν γ ΔHofγ
γ
on aura pour les chaleurs de réaction :∆U1= Σ kρ' ∆Uρ'
Dans l'exemple envisagé, νCO2 = +1 ; νH2 = +4 ; νH2 O = - 2 ; νCH4 = - 1. On
Lorsque l'on ne connaît pas la valeur de la chaleur d'une réaction aura donc
quelconque, on peut la calculer en combinant entre elles les réactions ΔH°réact. = ∑ν γ ΔHofγ = - 1 × 94030 - 4 × 0 + 2 × 57798 + 1 × 17865 = 39431 cal/mol par
de formation des produits intervenant dans le membre de gauche de γ
l'équation chimique et les réactions de formation des produits mole de CH4 consommé.
apparaissant dans le membre de gauche. On entend par réaction de
37
Dans les unités S.I. on a ∆H°réact. = 4,18 x 39431 = 164821 J/mol ≅ 165 CO-HI 6,25 + 2,091 “ - 0,459 “
kJ/mol. NO 6,21 + 2,436 “ - 0,612 “
HCl 6,64 + 0,959 “ - 0,057 “
II.5 Variation des chaleurs de réaction avec la température. H2S 6,48 + 5,558 “ - 1,204 “
H2O 6,89 + 3,283 “ - 0,343 “
En vertu des propriétés des différentielles totales exactes U et H SO2 8,12 + 6,825 “ - 2,103 “
,(cf.§ I.4) on peut écrire (théorème de Schwarz) HCN 7,01 + 6,600 “ - 1,642 “
CO2 6,85 + 8,533 “ - 2,475 “
∂2 U ∂2 U ∂ΔU ∂CVξ COS 8,32 + 7,224 “ - 2,146 “
= ⇒ = (II.42)
∂T ∂ξ V ∂ξ ∂Τ V ∂T ∂ξ CS2 9,76 + 6,102 “ - 1,894 “
V T
et NH3 5,92 + 8,963 “ - 1,764 “
∂Cpξ C2H2 8,28 + 10,501 “ - 2,644 “
∂2 H ∂2 H ∂ΔH
= ⇒ = (II.43) CH4 3,38 + 17,905 “ - 4,188 “
∂T ∂ξ p ∂ξ ∂Τ p ∂T p ∂ξ T
En utilisant les relations (II.17) et (II.32) liant les capacités calorifiques Par intégration de la relation (II.45) dans laquelle on injecte les formes
extensives aux chaleurs spécifiques molaires, (II.38) et (II.39) s'écrivent explicites des chaleurs spécifiques, on obtient une forme polynomiale de
: la chaleur de réaction considérée en fonction de T.
∂CVξ
∂ΔU ∂CVξ dnγ Exemple : soit la réaction de synthèse de l’ammoniac
∂T
= = ∑ ∂nγ
= ∑ νγcVγ (II.44)
∂ξ TV γ TV dξ γ
Vξ
3H2 + N2→2NH3
et
Cette réaction à 25°C a une chaleur de réaction ∆H298,1atm = - 22.080
∂ΔH ∂Cpξ ∂Cpξ dnγ cal
= = ∑ = ∑ νγcpγ (II.45)
∂T ∂ξ Tp γ
∂nγ
Tp dξ γ Par intégration de (II.41) entre T=298°K et T il vient
pξ
T
T
où les cpγ sont les chaleurs spécifiques molaires dont la forme explicite
ΔHTp - ΔH298,p = ∑ νγcpγdT = 2cp NH3 - cp N2 - 3cpH 2 dT(II.46)
en fonction de T est donnée dans les tables de données γ 298
thermodynamiques.
298
∆H =−[22.080 + 15,10(T-298) − 7,954 10-3(T2-2982) + 1,34 10-6(T3- fonction F(θ) dépend en effet de l'échelle de température adoptée et le
2983)] zéro de l'échelle "thermodynamique" doit correspondre à l'état ou seul
un arrangement de la matière sur l'état le plus bas d'énergie est réalisé
(voir chapitre 3).
II.6 Les chaleurs spécifiques des gaz et la théorie cinétique des
gaz.
robinet La théorie cinétique des gaz permet par un calcul très simple
d'exprimer la relation entre la pression et la vitesse des molécules et
par conséquent de prédire l'énergie cinétique d'un gaz parfait.
Du point de vue historique, la théorie des atomes en mouvement
avait déjà été formulée sommairement par Leukippe et Démocrite (450
A.C.). Ces penseurs grecs avaient postulé l'existence de particules très
petites en mouvement incessant, propriété naturelle non liée à l'action
d'une force extérieure. Entre le 17e et le 19e siècle, de nombreuses
R R théories avaient été formulées sur le mécanisme d'agitation
1 2
particulaire. C'est en 1857 que Clausius, à la suite des travaux de
Krönig (1856), en élabora un développement correct. L'appellation
"théorie cinétique" fut introduite pour la première fois par Lord Kelvin
Thermomètre
en 1871, elle fut étendue par Maxwell en 1873 dans un exposé intitulé
"théorie dynamique des gaz". La présentation moderne de la "théorie
cinétique des gaz" est due aux trois célèbres physiciens Maxwell, Lord
Fig.II.8 Rayleigh et Boltzmann de 1860 à 1907.
Nous en donnons ci-dessous un exposé succint.
Comme UA est égal à UB , on en conclut que la variation de volume n'a
pas d'influence sur l'énergie interne du gaz. De même la variation de La pression exercée par le gaz sur les parois d'un récipient est
pression n'influence pas U. La seule variable dont dépend U est donc due à l'impact des chocs des molécules ou atomes sur leur surface.
la température. Lors du choc élastique d'un atome ou d'une molécule "ponctuelle" de
masse m, animé d'un mouvement rectiligne uniforme sur un élément
Le modèle microscopique qui rend compte de ces propriétés est de surface dA, sa vitesse v change de direction et de signe et devient
basé sur le fait que les molécules où atomes qui constituent ce gaz idéal v' (Fig.II.9).
n'interagissent pas entre eux et que seules les contributions des
énergies cinétiques de translation, de rotation et de vibration des
→
molécules ou atomes contribuent à l'énergie interne macroscopique du v'
gaz. Les atomes ou molécules sont considérés comme des points
dA
matériels et l'on néglige donc leur volume propre. Ils sont animés d'un
mouvement rectiligne et uniforme (aucune force n'agissant sur eux), →
tant qu'ils ne subissent pas de choc d'un autre atome ou molécule ou v
d'une paroi. La durée des chocs est infiniment courte par rapport au
temps qui sépare deux collisions. Lors d'un choc, la trajectoire change
de direction. Comme le nombre de chocs par unité de temps est très a x
x
grand, les atomes et molécules ont un mouvement désordonné appelé Fig.II.9
40
La composante normale de la vitesse à la paroi, vx , devient - vx . unitaire construit sur les trois axes de coordonnées. C'est sous cette
L'atome subit alors une composante normale de force fx qui, par forme que fut primitivement énoncée la théorie cinétique des gaz.
définition, est la variation de la quantité de mouvement mvx au cours Ensuite, Maxwell introduisit dans une approche plus fine, le fait que
du temps. Pour un mouvement rectiligne uniforme, cette variation les molécules du gaz sont toutes animées de vitesses différentes vi et
s'identifie à la différence des composantes normales de la quantité de donc pour calculer la force transmise à une paroi, il faut sommer les
mouvement -mvx et mvx après et avant le choc divisée par le temps forces transmises par les molécules i de composantes normales de
∆t nécessaire à parcourir le trajet aller et retour 2ax , soit vitesse vi x , vi y , viz soit donc pour chaque face
fx =
dmv x - mv x - mv x - 2mv x
= = px = m∑ ni v2i x ; py = m∑ ni v2i y ; pz = m∑ ni v2iz
dt Δt Δt i i i
(II.48) (II.50)
D'autre part, pour un mouvement rectiligne uniforme, pendant le où ni est le nombre de molécules par unité de volume ayant la vitesse
temps ∆t , chaque atome ayant une composante de vitesse dont la vi . Afin de décrire le comportement moyen des atomes en mouvement,
valeur absolue est vx parcourt une distance 2ax = vx∆t d'où l'on tire introduisons les composantes de vitesse quadratique moyenne
∆t = 2ax / v x . La force communiquée à chaque atome par la paroi vaudra directement liées à l'énergie cinétique moyenne :
donc grâce à (II.48)
∑ niv2i x ∑ niv2i y ∑ niv2iz
m v 2x mv 2x v2x = i
; v2y = i
; v2z = i
fx = - 2 =- ax
n n n
2ax (II.51)
(II.49)
Ces composantes sont liées au module v2 de la vitesse quadratique
Comme l'action est égale à la réaction, il s'ensuit que la force subie par moyenne par la relation
2
la paroi vaut + mv a
x . Considérons à présent un gaz de densité
v2 = v2x + v2y + v2z
x
atomique n contenu dans un cube d'arrête = ax . Si toutes les N (II.52)
molécules (ou atomes) contenues dans ce volume se mouvaient de la
même façon, dans des directions parallèles à x , la force totale Fx Combinant (II.50) et (II.51), il vient :
exercée sur une surface normale à la direction x serait égale au
produit du nombre de molécules N = n ax3 contenues dans le volume ax3 px = nm v2x ; py = nm v2y ; pz = nm v2z
par la force fx exercée par chaque molécule individuelle, soit Fx = Nmvx2 (II.53)
/ax . La pression ou force totale par unité d'aire serait donc pour la face
2
du cube d'aire a2x donnée par p = Fx = Nmv x = nmv 2x relation qui lie la La pression étant la même dans toutes les directions on a de plus
a2x a3x px = py = pz = p. Il s'ensuit que
pression à l'énergie cinétique 1 mv 2x des atomes.
2
En fait, les molécules se meuvent dans toutes les directions et Joule nm v2x = nm v2y = nm v2z = 1 nm v2 = p
3
(1848) émit l'hypothèse que seulement un tiers des molécules se (II.54)
déplaçaient dans chacune des trois directions de l'espace. La pression
sur la face normale à x n'est donc pas nmv2x mais nmv2x /3. Une même
démonstration peut être faite pour chaque face d'un cube de volume
41
Si l'on introduit la masse volumique ρ = nm = CM (où C est la à la fois de la vitesse la plus probable et de la vitesse moyenne de sorte
concentration molaire et M la masse molaire), la pression s'exprimera que l'on a vp < <v> < v2 .
donc grâce à (II.54) en termes de ρ et < v2 > , soit :
Le nombre dN d'atomes ayant un module de vitesses v compris entre
p = 1 ρ v2 = 2 C 1 Mv2 = 2 C Ec (II.55) v et v + dv quelle que soit la direction de la vitesse, répond à la loi de
3 3 2 3
distribution
où Ec = 1 M v2 est l'énergie cinétique molaire de translation.
2 3/2
m -mv2
dN = 4π N ekT v 2 dv
2πkT
Comme la vitesse quadratique moyenne moléculaire est supposée
(II.58)
constante à une température donnée, la relation (II.55) donne une loi
de proportionalité entre pression et masse volumique et l'on retrouve
Connaissant la forme analytique (II.58) de la fonction N(v), on peut
donc la loi empirique de Boyle (I.35). De plus, il a été supposé que la
calculer <v> et v2 . Ces deux valeurs moyennes valent
température absolue d'un gaz de molécules "ponctuelles" est
respectivement
proportionnelle à l'énergie cinétique de translation du centre de masse
des molécules Ec = 3 RT et l'on retrouve alors la loi des gaz parfaits 8kT 3kT
2 v = et v2 =
(Boyle-Mariotte-Charles voir chap.I) : πm m
(II.59)
p = CRT
(II.56)
p = n R T = n kT
NAv
(II.57)
La théorie cinétique des gaz calcule la pression exercée sur une paroi
en considérant un gaz de concentration atomique n (ici n désigne le et donc
nombre d'atomes par unité de volume) et dont la vitesse de tous les
atomes est égale à la vitesse quadratique moyenne. ∂H
cp = = 5R
∂T p 2
Si le gaz ne comporte que 3 degrés de liberté de translation
(II.64)
l'énergie cinétique se résume à l'énergie cinétique de translation = 3/2
kT par molécule. En l'absence de toute interaction, l'énergie cinétique
Pour un gaz polyatomique, l'énergie interne contient les énergies
s'identifie à l'énergie interne et l'on écrit alors:
cinétiques de translation, de rotation et de vibration ainsi que les
U = Ec = 3 nkT = 3 CRT
énergies potentielles de vibration. A chaque degré de liberté
2 2 additionnel s'ajoute par molécule une contribution supplémentaire à
(II.60) l'énergie cinétique = kT / 2 . Le mouvement de translation compte
trois degrés de liberté, la rotation en compte deux pour les molécules
Pour une mole par unité de volume, on a linéaires et trois pour les molécules non linéaires. L'énergie cinétique
de vibration n'a qu'un seul degré de liberté pour une molécule
U = 3 RT
2 biatomique et (n-1) degrés de liberté pour une molécule formée de n
(II.61) atomes.
L'énergie interne des molécules polyatomiques contient outre les
A la température ordinaire, soit 298°K, l'énergie d'agitation thermique énergies cinétiques de translation, rotation et vibration, l' énergie
RT vaut 2,5 kJ et l'énergie interne d'une mole vaut donc 3,75 kJ. Cette potentielle des oscillateurs intramoléculaires. Chaque énergie
énergie est très inférieure à l'énergie moyenne des liaisons de covalence potentielle de vibration correspond également à un degré de liberté et
c'est-à-dire des liaisons interatomiques par mise en commun d'électrons donc par molécule biatomique, la contribution à l'énergie interne des
par les noyaux dans les molécules. Lors d'un choc, l'énergie cinétique énergies cinétique et potentielle de vibration vaut kT. Pour une
qui se transforme en énergie potentielle ne sera donc pas suffisante molécule polyatomique non linéaire comportant n atomes, la
pour rompre ces liaisons et dissocier les molécules. C'est le cas de H2 contribution à l'énergie interne des énergies cinétiques et potentielles
pour lequel le lien H-H n'est pas rompu. de vibration correspond à (3n-6) degrés de liberté soit donc (3n-6) kT/2
.Pour une molécule linéaire, le nombre de degrés de liberté de vibration
∂U
La chaleur spécifique molaire à volume constant cv = vaut, tombe à (3n-5).
∂T V
pour le gaz parfait monoatomique L'énergie interne d'un gaz de molécules polyatomiques rigides
vaut donc par molécule 3 kT si seuls les degrés de liberté de translation
2
cv = 3R sont excités, elle vaut 5 kT pour une molécule linéaire et 3kT pour
2 2
(II.62) une molécule non linéaire en translation et rotation. Enfin, si la
vibration entre en jeu, il faut ajouter (3n-6) kT/2 à ces valeurs pour
D'autre part, nous avons défini l'enthalpie H = U + pV (cf. § II.3) des molécules non linéaires. Si de plus la molécule est déformable, il
il s'ensuit que pour une mole par unité de volume faut faire entrer en compte tous les degrés de liberté des atomes
constituant la molécule déformable. Il s'ensuit donc que les chaleurs
H = U + pV = 3 RT + RT = 5 RT spécifiques à volume et à pression constantes valent :
2 2
(II.63)
43
Tableau II.2 Chaleurs spécifiques molaires des gaz parfaits. de leur position d'équilibre. L'énergie cinétique d'un atome animé d'une
vitesse instantanée , v ,a pour expression
gaz degrés de liberté chaleurs
spécifiques Ec = 1 m v2x + v2y + v2z
2
molaires (II.65)
cv cp
3R 5R
monoatomique 3 degrés de 2 2 A cette énergie cinétique s'ajoute un énergie potentielle due aux
translation forces d'interaction entre les atomes. Ces forces rappellent l'atome vers
5R 7R
diatomique ou 2 degrés de rotation 2 2 sa position d'équilibre avec une constante de rappel k selon les lois de
polyatomique rigide à haute T, + l'oscillateur harmonique (pendule harmonique, ressort ). L'énergie
linéaire vibration potentielle dont dérivent ces forces de rappel est donnée par (voir § I.8:
diatomique non 7R exemple du pendule harmonique)
2
rigide
polyatomique rigide 3 degrés de rotation 3R 4R Ep = 1 k x2 + y2 + z2
2
non linéaire à haute T, + (II.66)
vibration
Cette forme, tout comme celle de l'énergie cinétique (II.65), fait
Remarque: Aux basses températures, la loi de l'équipartition de apparaître trois termes quadratiques liés aux trois composantes du
l'énergie ne s'applique pas à l'énergie de rotation. Il apparaît un spectre déplacement de l'atome autour de sa position d'équilibre. L'énergie
discontinu de fréquences de rotation. C'est ce que l'on appelle la totale dépendrait alors de la somme de ces six termes qui ont la même
quantification de la rotation. Un très bref exposé élémentaire de la forme algébrique. L'hypothèse de l'équipartition de l'énergie attribue à
quantification figure au paragaphe suivant. A haute température, Cv chacun de ces termes 1/6 de l'énergie totale. Nous avons vu pour les gaz
dépasse parfois un peu les valeurs classiques 3/2 R, 5/2 R et 7/2 R. Cela que chaque degré de liberté correspond par atome à 1/2 kT. Pour un
est dû à la distension de la molécule tournante et l'anharmonicité des solide comptant n atomes par unité de volume on aura donc
vibrations (force de rappel n'est plus proportionnelle au déplacement).
U =Ec + Ep = 3 nkT
(II.67)
II.7 Chaleur spécifique des phases condensées.
ou en grandeurs molaires,
L' expérience montre, que dans la gamme des températures
ordinaires, la chaleur spécifique à volume constant, de solides
U = 3 CRT
monoatomiques est de l'ordre de 3R (soit ≅ 25 J/mol.°K). (II.68)
L'interprétation de ce résultat est due à deux physiciens français, P.L
Dulong et A.T.Petit (début du 19e ) sur la base d'un modèle mécaniste Il s'ensuit que la chaleur spécifique à volume constant pour une
simple. concentration de 1 mole par unité de volume vaut 3R conclusion
Les atomes du solide sont considérés comme des sphères conforme aux observations expérimentales.
élastiques de masse m effectuant de petites vibrations (dans l'espace
x,y,z) caractérisées par un vecteur déplacement s = x1x + y1y + z1z autour
44
Toutefois certains corps, par exemple le carbone, ne semblent pas Eo par la probabilité de transition exp - ∆E1/kT où ∆E1 = hν , de
répondre à cette loi. De plus, aux très basses températures, les solides même pour le nombre N2 d'atomes dans l'état E2 on aura que N2
ont des chaleurs spécifiques tendant vers zéro et donc très inférieures à sera lié à No par exp - ∆E2/kT où ∆E2 = 2hν et ainsi de suite. Si l'on
3R. A ces basses températures, les effets quantiques entrent en jeu. Ce pose
sont les travaux d'Einstein (1907) et de Debye (1912) qui ont donné x = exp - ∆E1/kT on aura donc pour l'énergie moyenne d'un oscillateur:
l'interprétation de la dépendance des chaleurs spécifiques des solides
avec la température aux très basses températures, en termes de la N hν 0 + x + 2x2 + 3x3 +
E = ETot = o (II.70)
théorie des quanta due à Planck (1900). L'idée fondamentale de Planck NTot No 1 + x + x2 + x3 +
qui a révolutionné la mécanique a été de relier l'énergie lumineuse à la
fréquence du rayonnement par une loi de proportionnalité. La lumière ce qui par simplification entraîne la relation
se composerait de grains d'énergie valant hν où ν est la fréquence et
h une constante universelle (appelée constante de Planck = 6,63 10-34 E= hν (II.71)
hν
e kT - 1
Js). Pour la première fois, la lumière apparaissait dans sa dualité onde-
corpuscule. L'émission et l'absorption de lumière (rayonnemnt
Il revient à Einstein d'avoir utilisé cette expression pour calculer
électromagnétique)par la matière (atomes ou molécules dans n'importe
la chaleur spécifique d'un solide monoatomique. A cette fin, il a supposé
quel état physique) est liée aux oscillations des électrons dans la
que les atomes du solide monoatomique étaient des oscillateurs de
structure atomique ou moléculaire. Ces électrons en mouvement
Planck. Cependant dans un solide, comme il s'agit d'atomes oscillant
constituent des oscillateurs électriques qui peuvent entrer en
avec trois degrés de liberté, l'énergie est trois fois plus grande, soit donc
résonnance avec les fluctuations thermiques. La théorie du
rayonnement (théorie du corps noir) est basée sur l'hypothèse de
U = 3 hν (II.72)
l'équilibre thermique de la radiation, c'est-à dire que l'oscillateur hν
e kT - 1
électrique constitué par les électrons susceptibles d'émettre une
radiation sont en équilibre thermique avec les atomes. Planck suppose En dérivant par rapport à T , Einstein obtient l'expression de la
que les différents niveaux d'énergie permis d'un oscillateur sont chaleur spécifique des solides :
séparés d'une quantité = hν . Or, la probabilité P(E) d'occuper un
niveau d'énergie E est une fonction exponentielle qui a pour forme : hν 2 ehν
kT
Cv = 3R kT
2
(II.73)
E hν
PE =α e-kT (II.69) ekT - 1
Supposons que nous ayions un lot d'oscillateurs de fréquence où la grandeur hν / k est appelée θ , température d'Einstein du solide.
fondamentale ν. Certains de ces vibrateurs seront au niveau le plus bas On remarquera que lorsque θ/T << 1 , on retrouve la valeur Cv = 3R
des états quantiques, d'autres au niveau suivant et ainsi de suite. Nous de la loi de Dulong et Petit. Aux très basses températures, toutefois, le
souhaitons connaître l'énergie moyenne de tous ces oscillateurs. Pour modèle d'Einstein ne rend pas bien compte du comportement de la
cela, on calcule l'énergie totale de tous les oscillateurs et on la divise chaleur spécifique des solides en fonction de T. C'est pourquoi Debye
par le nombre total d'oscillateurs. Soit No le nombre d'oscillateurs dans (1912) a amélioré le modèle en tenant compte du couplage entre les
l'état Eo = 0, N1 le nombre d'oscillateurs dans l'état E1 vibrateurs atomiques du solide dû aux ondes élastiques appelées
etc…L'hypothèse de base de la mécanique quantique entaîne que le phonons, se propageant à travers le réseau. Dans ce cas, le spectre de
nombre d'atomes dans l'état E1 est lié au nombre d'atomes dans l'état
45
fréquences est quasi-continu et la loi de dépendance des chaleurs Pour passer des valeurs de Cv à celles de Cp, on fera un simple
spécifiques avec T prend, dans ce modèle , la forme: changement de variables U(T,V,ξ) → U(T,p,ξ). En effet, comme Cp
=(∂H /∂T)pξ et Cv = (∂U/∂T)Vξ , sachant que H = U + pV on écrit :
νm
hν
2 ekT
Cv = 9R hν ν2 dν
νm kT hν 2 ∂U ∂V ∂U ∂U ∂U ∂V
ekT - 1 Cp = +p or = + (II.76)
0 ∂T ∂T ∂T ∂T ∂V ∂T
(II.74) pξ pξ pξ Vξ Tξ pξ
d'où
où la valeur maximum de la fréquence νm dépend de la nature du
solide notamment à travers ses propriétés élastiques (compressibilité et
∂U ∂V ∂V ∂U ∂V
module de Poisson). La grandeur hνm / k a les dimensions d'une Cp = Cv + +p = Cv + +p
∂V ∂T ∂T ∂V ∂T
température. On l'appelle θ D :température de Debye. La relation Tξ pξ pξ Tξ pξ
(II.74) a pu être intégrée grâce à des développements en série et a été
Tξ
tabulée. L'accord avec les données expérimentales est excellent.
A très basse température, θ/T est très grand et peut être posé égal à (II.77)
l'infini dans l'intégrale de (II.74). Cette équation dégénère alors en :
Elément θD °K Elément θD °K
Na 158 Mg 400
K 91 Ca 230
Cr 630 Mn 410
Fe 470 Co 445
Ni 450 Zn 327
Ag 225 Hg 72
* Cf. M.Chabanel, Thermodynamique Chimique, p.38
46
Fig. II.11
CHAPITRE III : LE SECOND PRINCIPE. critère général d'évolution en introduisant une fonction d'état dont la
variation pour un système isolé aurait toujours un sens bien déterminé
III.1 Le second principe ou principe d'évolution. (par exemple croissance). Cette fonction ne peut bien entendu pas être
U puisque sa variation est nulle pour un système isolé. Cette
C'est à Sadi Carnot que l'on doit la découverte du second principe recherche de la cause de la "flèche du temps" (A.Eddington, les
de la thermodynamique. Cet ingénieur qui se préoccupait d'utiliser de nouveaux sentiers de la Science 1936) dont le second principe est le
façon la plus efficace la "Puissance motrice du feu"(1824), montra que "poteau indicateur" a des implications philosophiques évidentes que
le rendement d'un moteur, convertissant la chaleur en travail nous discuterons lorsque nous étudierons les phénomènes loin de
mécanique est toujours inférieur à 100%. La chaleur empruntée à une l'équilibre (voir chap.•). Avant d'établir un tel critère d'évolution, il
seule source (thermostat, source chaude), ne peut être transformée nous faut d'abord définir ce que l'on entend par transformation
intégralement en travail par un système décrivant un cycle. Si l'on veut réversible et transformation irréversible.
que la machine soit motrice (W>0), il faut faire intervenir une autre
source (condenseur ou atmosphère, source froide) qui reçoit de la III.2 Phénomènes réversibles et phénomènes irréversibles
chaleur du système au cours du même cycle. Toutefois, lors d'un cycle
effectué par un système échangeant de la chaleur avec deux Dans l’espace des variables d’état, imaginons une transformation
thermostats, Carnot montra que la chaleur totale échangée avec les ABC. Cette transformation est dite réversible s’il existe une
deux thermostats n'est pas transformée intégralement en travail. Il en transformation CBA telle que toutes les variables d’état repassent par
conclut donc qu'une partie de l'énergie se "dégrade" et n'est donc plus les mêmes valeurs que dans la transformation ABC mais dans l’ordre
utilisable. L'importance de ce principe de dégradation fut ensuite inversé.
formalisé par Clausius qui en comprit toute la portée et introduisit la De telles transformations sont des vues de l’esprit. Aux siècles
notion d'irréversibilité des transformations réelles, en y associant une passés, l’effort des ingénieurs s’est porté sur l’invention de cycles qui
nouvelle fonction d'état, l'entropie S qui régit l'évolution des répondaient le plus possible à cette propriété de réversibilité,
phénomènes irréversibles tant dans le fonctionnement des machines l’irréversibilité étant considéré comme un facteur particulièrement
thermiques que dans tous les phénomènes physiques, chimiques et gênant puisque responsable de la perte de rendement des machines.
biologiques. Des auteurs tels que Carnot par exemple calculèrent en effet le
Considérons un système isolé pour lequel on a, à tout instant, rendement idéal de cycles dans le cadre d’une hypothèse de réversibil-
dW= 0 et dQ= 0 : l'énergie interne de ce système est donc constante. ité.
Toutefois, cela n'empèche pas un tel système d'évoluer spontanément
vers un état stable appelé état d'équilibre. Par exemple, soit un Exemples de transformations réversibles
système comportant un compartiment vide et un compartiment rempli
de gaz, les deux compartiments étant séparés par une paroi poreuse. Le 1) Dans le vide parfait une balle parfaitement élastique qui
gaz va se répartir entre les deux compartiments jusqu'à atteindre la rebondit repasse par les mêmes niveaux en y reprenant les mêmes
situation d'équilibre où la concentration sera uniforme dans l'ensemble vitesses changées de signe. L’énergie cinétique et l’énergie potentielle
du système. Cette évolution vers l'équilibre est typiquement un reprennent les mêmes valeurs aux mêmes niveaux.
phénomène irréversible, jamais le gaz ne reviendra spontanément à En réalité, il n’existe pas de balle parfaitement élastique et la
l'état primitif d'un compartiment rempli et un compartiment vide une balle ne remonte pas tout à fait au niveau initial. Une partie de
fois que l'uniformité aura été réalisée. Pour décrire l'évolution d'un tel l’énergie cinétique se transforme en chaleur. La balle parfaitement
système isolé, Clausius et ses successeurs ont cherché à définir un élastique est une stylisation.
48
2) L’écoulement de la chaleur. Par conduction, la chaleur s’écoule 6) Effet Joule en électricité. Le passage d’un courant électrique
toujours d’un corps plus chaud vers un corps moins chaud. Son dans un fil s'accompagne d’un dégagement de chaleur. En retournant
écoulement ne remonte jamais la pente de la température. Sans doute, le sens du courant, on ne provoque pas une absorption de chaleur.
nos machines frigorifiques peuvent-elles soutirer de la chaleur à un 7) Diffusion. Si l’on met en présence à la même température et à
corps froid (de l’eau à 0°C, par exemple) et déverser d’autre part de la la même pression deux gaz différents, ils diffusent l’un dans l’autre et
chaleur sur un corps plus chaud (tels que l’eau à 15° ou l’air ambiant) se répartissent uniformément.
mais elles ne peuvent soutirer de la chaleur à l’eau à 0° qu’en mettant Le phénomène inverse ne se produit pas.
en contact avec cette eau des corps plus froids que cette eau et dont la
température a été abaissée par des procédés très différentes d’une
simple conduction calorifique. La machine frigorifique est très loin III.3 Aspect macroscopique de la fonction d'état "Entropie".
d’être le phénomène inverse de l’écoulement calorifique. Celui-ci n’a
pas de phénomène inverse. Supposons que l'on puisse effectuer une transformation pratiquement
3) Chaleur rayonnée. Le rayonnement d’un corps ne dépend pas réversible d'un système se trouvant à une température T . A chaque
des objets qui recevront ou non son rayonnement. Un corps A peut étape de la transformation, on apportera au système une quantité de
envoyer de l’énergie rayonnante à un corps B même si la température chaleur infinitésimale dQ telle que la température T du système
du corps B est supérieure à la sienne. Mais dans ce cas, le corps B reste constante pendant le transfert de la quantité de chaleur dQ.
rayonne aussi et le corps A reçoit plus de chaleur rayonnée par B que B Comme nous l'avons vu au chapitre précédent, cette quantité n'est pas
n’en reçoit de A. Le flux résultant de chaleur rayonnée équivaut donc à une différentielle totale exacte. Mais, pour une transformation
un passage de chaleur du corps le plus chaud vers le corps le moins réversible, le mathématicien Carathéodory (1909) a montré que cette
chaud. forme différentielle non exacte (Pfaffien) admet un "facteur intégrant"
4) Frottement. Considérons l’arbre d’une machine tournant dans égal à 1/T ,comme l'avait pressenti Carnot, qui permet de construire
un palier. Le frottement de l’arbre sur ses coussinets provoque une forme différentielle totale exacte qu'il appelle dS. La variation
l’échauffement du palier, c’est-à-dire que le système arbre+coussinet infinitésimale d'entropie dS du système, à chaque étape d'une
cède de la chaleur au palier. Si nous faisons tourner l’arbre en sens transformation réversible est par définition égale à dQ/T . Pour un
inverse, nous ne verrons nullement le système arbre+coussinet transformation correspondant à une quantité finie de chaleur Q , la
emprunter de la chaleur au palier, bien au contraire, il continuera à en variation totale de l'entropie du système entre l'état initial i et l'état
céder. Le phénomène de frottement est donc essentiellement Sf f
dQ
irréversible. final f vaudra Sf − Si = dS = . Pour une transformation faisant
T
Si
5) Viscosité des fluides. Passons à l’expérience de la détente de
i
dQ
Joule. Au moment où l’on ouvre la communication entre le réservoir
parcourir au système un cycle ABBA réversible, on a ∫ T
= 0 . Pour
vide et le réservoir rempli de gaz, celui-ci fait irruption dans le une transformation réelle (donc irréversible) l'intégrale sur un cycle
réservoir vide en un jet animé d’une grande vitesse. Quand la pression fermé de dQ/T n'est jamais nulle mais toujours <0. Clausius en
s’est à peu près égalisée dans les deux réservoirs, le gaz y tourbillonne conclut qu'il n'y a pas de "compensation" au cours d'un cycle fermé
encore un certain temps puis ces tourbillons s’apaisent petit à petit irréversible et donc, que s'il existe une fonction d'état qui décrit les
sous l’effet de la viscosité du gaz. La transformation inverse n’est pas transformations irréversibles des systèmes, celle-ci doit avoir une
concevable. Il est bon de retenir que les détentes brusques sont différentielle totale exacte toujours supérieure à dQ/T. Il introduit
toujours irréversibles à cause des tourbillons qu’elles provoquent. donc une quantité de chaleur Q’ qu'il appelle "chaleur non
compensée", Il écrit alors
50
dQ Cp dT
S T − S0 = = (III.4)
complexions est donc 1. Si par contre on veut mettre 2 particules dans T T
0 0
A et 2 dans B, on peut réaliser cette répartition de 6 manières
différentes illustrées par les schémas ci-dessous : Comme au zéro absolu, les cristaux peuvent présenter des
défauts, la valeur de So n'est en général pas rigoureusement nulle.
Comme première approximation on peut raisonablement prendre So =
1,2 3,4 1,3 2,4 1 ,4 2,3
0. On trouve dans les tables thermodynamiques les valeurs de So pour
divers cristaux imparfaits.
A B A B A B
Si dans le domaine d'intégration sur lequel on opère, se
produisent des transitions de phase, il faudra inclure dans le calcul de
l'entropie absolue, les variations d'entropie accompagnant ces
2 , 3 1 ,4 2,4 1,3 3,4 1,2 changements de phase. Ces variations d'entropie liées aux transitions
de phases s'obtiennent, à l'équilibre, en faisant le quotient de la chaleur
de transition de phase ∆H’→” et de la température de transition de
A B A B A B phase. Nous prenons pour convention ici d'appeler la phase ’, la phase
la plus condensée, et ” la phase la plus expansée. L'entropie de
Ce nombre de complexions peut être calculé par l’analyse combinatoire transition de phase ∆S’→” = ∆H’→”/ T’→” est toujours positive lorsque
et vaut ici l'on transforme une phase plus ordonnée en une phase moins ordonnée
52
(ex. fusion :solide →liquide, ébullition :liquide→gaz, sublimation Intégration graphique de cp dln T dans le cas du calcul de
:solide→gaz). Ceci est bien conforme à l'interprétation de Boltzmann l'entropie du mercure solide en dessous de sa température de fusion
liant l'entropie du système au désordre moléculaire. (exercice III.II).
La chaleur spécifique molaire du mercure solide en fonction de la
Exemple. température répond aux données reprises dans le tableau suivant
On se propose de calculer l'entropie d'une mole d'un corps pur à
pression constante= 1atmosphère, à une température T supérieure à ln T 1 2 3 3,5 4 4,5 5 5,45
sa température d'ébullition. On fera l'intégration (III.4) entre zéro cp 0,125 0,75 2,5 4 5,125 5,75 6,25 6,5
degrés Kelvin et la température de fusion du solide, en prenant comme cal/mole
modèle de solide, le modèle de Debye (voir chapitre II) donnant une loi °K
en T3 de la chaleur spécifique du solide. A la température de
liquéfaction de ce solide, on calculera par la relation d'équilibre de
fusion ΔSf = ΔΗf / Tf , l'entropie de fusion. Ensuite on poursuit On porte cp en fonction de lnT , en effet, aux très basses
l'intégration (III.4) de Tf à Tv en prenant des valeurs numériques ou températures, cette méthode est plus précise que celle qui consiste à
un développement en série de la chaleur spécifique molaire du liquide porter cp/T en fonction de T. De plus, comme cp aux basses
en fonction de T. A la température d'ébullition, on calculera l'entropie 3
températures est une fonction en T , pour toutes les valeurs de lnT<0 (
de vaporisation par la relation d'équilibre ΔSv = ΔHv / Tv . Au delà de T< 1°K), on peut donner à cp la valeur 0.
la température d'ébullition, si le gaz peut être considéré comme parfait
on reprendra les valeurs de cp données au chapitre précédent (Tableau
II.2), s'il n'est pas parfait, on reprendra les développements en série de
Chaleur spécifique de
cp en fonction de T ( Tableau II.1). Hg solide Fonction de ln T
En résumé on calculera donc : 8
Tf Tv T cgaz
csol. cliq.
dT + ΔH + dT + ΔHv +
f v 6
S T − S0 =
p p p
dT (III.5)
T Tf T T v T
0 T
Tf
cp,cal/mol°K
points exp.
4
On trouvera souvent les chaleurs de transition de phase (chaleurs
"latentes") notées respectivement Lf et Lv pour la fusion et la
vaporisation. 2
6
numériques de cp à différentes valeurs de T , on réalisera l'intégration
graphique en portant cp/T en fonction de T ou mieux, cp en fonction
de lnT (voir Fig.III.3). ln T
53
H = U + pV (IV.1)
F = U - TS (IV.2)
G = H - TS (IV.3)
Les quantités H , F et G ont été introduites pour des raisons Aux fonctions extensives U,H,F,G sont associées des fonctions
pratiques évidentes. En effet, en vertu des premier et second principes intensives définies dans les systèmes [nγ,S,V] ; [nγ,S,p] ; [nγ,T,V] ;
(II.5) et (III.2), on peut écrire en introduisnt la définition (IV.1) de [nγ,T,p] respectivement. Ces grandeurs intensives appelées par Gibbs
l'enthalpie : “potentiels chimiques”, sont définies par les relations :
réaction évolue spontanément, il faut que la production d’entropie soit -T que multiplie la production d’entropie, s’identifie à T et V constant à
>0. Si la réaction avance de gauche à droite, dξ>0. L’exigence d’un la variation d’énergie libre de Helmoltz, alors que à T et p constants,
diS>0 implique que A soit >0 pour que la réaction puisse avancer. elle s’identifie à la variation d’énergie libre de Gibbs. C’est sous cette
Lorsque plusieurs réactions évoluent simultanément, on a forme qu’on la voit le plus souvent, on écrit en effet G = G(T,p,ξ)
d’où
TdiS = Σ Aρ dξρ (IV.11)
∂G ∂G ∂G
où les Aρ sont les affinités des diverses réactions et ξρ leurs dG = dp + dT + dξ (IV.16)
∂p ∂T ∂ξ
avancements. T ξ p ξ T p
On voit que dans ce cas, l’exigence d’un diS>0 n’implique pas que
toutes les affinités A soient >0. Des réactions à affinité négative et donc par identification des cœfficients de dξ entre (IV.13) et
peuvent être entraînées par d’autres réactions à affinité >0 de telle (IV.16),
sorte que l’on ait toujours une production d’entropie globale >0.
Quel sens physique faut-il donner à cette affinité de réaction? On (∂G/∂ξ)Tp = − A (IV.17)
peut dégager cette signification grâce à la combinaison des deux
principes de la thermodynamique : à savoir L’affinité est donc la variation d’énergie libre par unité d’avancement,
changée de signe.
dU + pdV = dQ = T(dS − diS) = TdS − Adξ
(IV.12) G
ou encore
dH − Vdp = dQ = T(dS − diS) = TdS − Adξ
(∂G/∂ξ)
Si l’on introduit les énergies libres de Helmholtz F=U-TS et de Gibbs
G=H-TS on peut encore écrire :
ξ
dF = −SdT − pdV − Adξ (IV.13)
dG = −SdT + Vdp − Adξ T1
2α3 3 De ces 4 relations on obtient les dérivées partielles par rapport à ξ des
A(T,p, ξ) = −ΔHΤ°p + α 1 ΤlnT + α 2 Τ + Τ +........+ Ι
2 (IV.38) potentiels thermodynamiques U,H,G et F éq.(IV.40). On obtient de
Α(Τ°,p, ξ) ΔHΤ°p α même les relations
+ + − α1 lnT° − α 2 T° − 3 Τ °2 + I Τ
Τ° Τ° 2 T°
∂U ∂H
en particulier si l’on part de la situation d’équilibre pour laquelle =T=
∂S ∂S
A(Téqp,ξ)=0, on aura Vξ pξ (IV.45)
2 α3 −∆HTéqp α 3
A(T,p, ξ) =− ∆HΤéqp + α1ΤlnT +α2Τ + T3 + ... − + α1lnTéq + α2Τéq + 3 Τéq T
2 Téq 2
(IV.39)
A1 = 2A1’ − A2’
∂U ∂H ∂F ∂G
A=− =− =− =− (IV.40)
∂ξ VS ∂ξ pS ∂ξ TV ∂ξ Tp
2 2 2 2
∂ U ∂ U ∂ H ∂ H
= et =
∂V ∂S ∂S ∂V ∂p ∂S ∂S ∂p (IV.49)
on montre que
∂T ∂p ∂T ∂V
=− et =
∂V ∂S ∂p ∂S
ξS ξV ξS ξp (IV.50)
∂G ∂F ∂A ∂S ∂A ∂S
=−S= = et =
∂T ∂T ∂T ∂ξ TV ∂T ∂ξ Tp
pξ Vξ Vξ pξ (IV.51)
(IV.46) ∂A
=
∂p
et
∂A
=−
∂V
= − ∑ ν γv γ
∂V ∂ξ TV ∂p ∂ξ Tp
Tξ Tξ γ
∂U ∂F
=−p=
∂V ∂V La dernière de ces relations est très importante, elle montre en effet
Sξ Tξ (IV.47) qu'une réaction qui provoque une augmentation de volume (∂V / ∂ξ > 0)
est défavorisée par une augmentation de pression (∂A / ∂p < 0)
conformément au principe de Le Châtelier.
∂H ∂G
= V=
∂p ∂p
Sξ Tξ (IV.48)
IV.3 Potentiels thermodynamiques et potentiels chimiques.
61
Nous avons introduit éq.(IV.9) les potentiels chimiques de Gibbs. en particulier si k=1 on a
Reprenons l’expression du potentiel chimique d’un constituant γ dans
le système de variables T,p,nγ. Nous écrivons : ∂G
∑ ∂n n γ = ∑ µ γn γ
γ
γ γ
(IV.56)
∂G
µγ =
∂n γ Tp n On peut faire la même démonstration pour le volume V du système :
γ'≠γ
V(T,p,kn1...nc) = k1 V(T,p,n1...nc)
ici le potentiel chimique s’identifie à l’enthalpie libre spécifique
molaire. Ce potentiel chimique est le travail qu’il faut fournir pour
amener à T,p et nγ, constants, une môle de γ dans le système. Cette d’où
grandeur est une grandeur intensive. Comme toutes les grandeurs ∂V ∂
spécifiques molaires , en vertu du théorème d'Euler (voir Chap.II, § ∑ ∂kn γ
nγ =
∂k
kV = V
γ
II.3), elle est liée à la grandeur extensive correspondante par la relation (IV.57)
:
si k = 1
G(T,p,n1....nc) = ∑γ nγµγ (IV.52)
∂V
∑ ∂n γ
n γ = V = ∑ v γn γ
γ γ
On applique cette fois le théorème d'Euler sur les fonctions homogènes (IV.58)
de degré 1 aux potentiels thermodynamiques (voir eq. II.20)
Entre les grandeurs spécifiques molaires, existent les mêmes lois
qu’entre les grandeurs extensives correspondantes, c’est ainsi que l’on a
f(kx,ky,kz) = km f(x,y,z)
:(cf. IV.1, IV.3)
(IV.53)
µγ = uγ − Tsγ + pvγ = hγ − Tsγ (IV.59)
Prenons l’exemple des potentiels thermodynamiques
dnγ/dt = (denγ/dt - νγdξ/dt). Dans le système de variables (T,p,nγ ...) on Apassage’→” = µ'γ − µ "γ (IV.65)
écrira la différentielle totale de l’enthalpie libre
A l’équilibre de passage on a µ’γ = µ”γ
dG = − SdT + Vdp + ∑µγdnγ (IV.61)
Après avoir défini les grandeurs thermodynamiques et donné les
lois générales qui les lient entre elles, nous allons à présent en donner
qui est l’équivalent pour les systèmes ouverts de l'expression (IV.43). l’expression détaillée en termes des variables d’état, température,
Pour un système fermé dnγ = dinγ = νγdξ, on écrirait donc (IV.61) volume ou pression, composition, pour divers systèmes simples.
où µο(T) est appelé potentiel chimique "standard", forme IV.6 Affinité standard et constante de Guldberg.
particulièrement simple, valable pour un gaz parfait pur.
Etant donné la relation qui lie l’affinité de réaction aux potentiels
Considérons à présent un mélange de gaz parfaits. Dans un mélange
chimiques des constituants de la réaction, on écrira compte tenu de
de gaz (réels ou parfaits) la pression totale p est la somme des
pressions partielle pγ des divers constituants p = Σ pγ (IV.63) et de (IV.75) :
Or par définition, pγ = p xγ (xγ = nγ / n fraction molaire) et pour un
gaz parfait, p V = n RT ce qui entraîne la loi de Dalton : pγ pνγ γ
A = − ∑ νγ µoγ (Τ) + RΤ ln p = RΤ ln K(T) − RT ln Π ν (IV.77)
γ
o po γ
p = Σ nγRT/ V = Σ Cγ RT (IV.74
64
Cγ Cνγ γ K(T,p) =
x2NH3
constante d’équilibre relative
A = − ∑ νγ µoγ (Τ) + RT ln =− ∑ νγµoγ (Τ) − RT ln Π ν xN2 x3H2
γ
Co γ Co γ éq.
(IV.78) aux fractions molaires
RT ln K(T) = Ao (T)
RTln K(T) = RTln Π ( pγéqνγ / po νγ ) Compte tenu de l’expression des fonctions standard (IV.78) et (IV.77’)
on montre facilement entre les deux constantes d’équilibre K(T,p) et
qui s’écrit encore K(T) la relation
νγ p −ν
p γ éq K(T,p) = p K(T) (IV.81)
o
K(T) = Π
νγ
pο
(IV.79) où ν = Σγ νγ
on peut aussi montrer que
On trouve dans les tables de données thermodynamiques les constantes
K(T,p) = Π xγéqνγ d’équilibre relatives aux pressions pour de très nombreuses réactions
chimiques, en fonction de la température. A partir de là, on calcule les
C γéq
νγ affinités standard Ao =(−ΔGo) des réactions considérées. Ces valeurs se
RTln K(T) = RTln Π trouvent aussi dans les tables. Leur avantage est leur propriété
Cο
d'additivité.
65
νγ
K(T,p) = Π ( fγxγ) (IV.84)
éq
On voit donc que pour les solutions parfaites l'enthalpie de mélange et dk γ v' γ
= dp
le volume de mélange seront nuls alors qu'ils ne le seront pas pour les k γ RT
(V.13)
solutions idéales.
une estimation numérique raisonnable permet d’évaluer ce terme à 10-
3, pour une variation de pression = 1 atm. On peut donc faire
V.2 Equilibre solution-vapeur pour les solutions parfaites et l’approximation que kγ ne dépend que de T. Pour le corps γ pur on écrit
idéales. Lois de Raoult et de Henry.
p γ° = kγ x 1 (V.14)
Considérons à présent, le passage d'un constituant γ d'une
solution parfaite ' vers une phase gazeuse parfaite " . L'équilibre de
passage s'écrit : où pγ° est la tension de vapeur de γ pur. Comme kγ ne dépend que de T
on écrira donc (V.10)
µ'γ = µ"γ (V.8)
pγ” = pγ°x’γ (V.15)
En utilisant les décompositions (V.1) et (IV.75) du potentiel chimique
de γ dans la solution ' et dans le mélange gazeux " , il vient : La tension de vapeur de γ est donc proportionnelle à son titre dans la
solution parfaite. Ceci se représente graphiquement par le diagramme
ζγ'(T,p) + RTlnN'γ = µογ"(T) + RTlnp"γ (V.9) suivant pour une solution binaire :
k1 = p°1 d’où p”1 = p°1x’1 (V.16) Cette relation permet d’écrire l’équilibre de passage du constituant γ de
la solution vers la vapeur sous la forme"
par contre pour les solutés on garde la forme
p"γ = kγx'γf'γ (V.19)
p”s = ksx’s où ks ≠ p°s (V.17)
Dans l’expression (V.19), le produit f'γkγ est indépendant de la
Ces lois expriment que le solvant répond à la loi de Raoult pour les décomposition arbitraire de µ'γ en fonction de T,p et terme de
faibles valeurs de x’s alors que solutés répondent à une loi linéaire dont mélange, par contre chaque terme individuel f'γ et kγ de ce produit
la pente à l’origine est différente de la loi de Raoult. Ceci se représente
dépend de ce choix de système de référence. Voyons quelques exemples
graphiquement de la manière suivante pour une solution binaire diluée
de choix de décomposition.
idéale :
a) Système dissymétrique de référence pour l’étude des solutions diluées.
Pour le système non idéal p"2 = k2x'2f '2 = p*2f '2 = p°2x'2f '2 (V.26)
p"1 = p°1x'1f '1 = p*1f '1 (V.23) Les coefficients d’activité f '1 et f '2 s’obtiennent cette fois en
mesurant l’écart des courbes p"1 et p"2 aux lois de Raoult. Il faut
p"2 = k2∞x'2f '2∞ = p*2f '2∞
noter que le coefficient d'activité f'2 dans le système de référence
symétrique est différent du coefficient f'2∞ dans le système
d’où f '1 = p"1/p*1 et f '2∞ = p"2/p*2
dissymétrique. Pour cette raison, certains auteurs notent le coefficient
d'activité mesuré par l'écart à la loi de Henry f'2∞ pour signaler que
f '1 mesure l’écart de p"1 à la loi de Raoult et f '2∞ l’écart de p"2 à l'état de référence du corps 2 est l'état de solution infiniment diluée. Le
la loi de Henry. passage de f'2 à f'2∞ s'obtient en identifiant les relations (V.26) et
(V.23) :
où la fonction ζ'(T,p) est la fonction de T,p du corps pur γ de telle Considérons une solution binaire dont les constitutants sont
sorte que pour miscibles en toutes proportion à l'état liquide mais ne sont pas
x'γ → 1 miscibles à l'état solide.
f 'γ → 1 Supposons que le constituant 1 passe à l'état solide. La phase " est
du corps 1 pur,
71
solide
donc x’1 = 1, x’2 = 0 et f ’1 = 1. D'autre part, ∂A”→’1/∂ξ = ∂µ”1/∂N”1 et ∂ A”→’1 / ∂p = - ∆Tp = v”1
L'équilibre du constituant 1 entre la phase ” et la phase ’ s'écrit - v’1 dès lors on peut écrire
donc
A”→’1 = 0 d'où ”→’ ”→’
”→’ Α1 +ΔH1 ∂µ”1
δΑ1 = δΤ + v’1 -v”1 δp + δx ”1 (V.31)
µ”1 = ζ”1(T,p) + RT ln f ”1x”1 = ζ’1(T,p) = µ’1 (V.27) Τ ∂ N”1
On sait que l'affinité de passage de 1 depuis la phase ” à la phase ’ ou encore pour un petit déplacement δA”→’1≈ 0 (déplacement
est fonction de T, p et ξ. Si l'on écarte un peu le système de l'équilibre d'équilibre δA” ’1 ≈ 0) au voisinage de l'équilibre pour lequel A”→’1 =
→
en donnant une perturbation arbitraire δT, δp et δξ aux variables 0 on a , à pression constante (δp = 0) :
d'état, l'affinité de passage variera d'une quantité δA”→’1 :
″→′
ΔH1
0= δΤ + RT δln f″1 x″1 (V.32)
T
″→′
″→′ ∂A″→′ ∂Α1 ∂A″→′
δA1 = 1 δΤ + δp + 1 δξ (V.28) ici ∆H”→’1 s'identifie à la chaleur latente de solidification donc moins
∂T ∂p ∂ξ
la chaleur de fusion (−Lf1) du corps 1 (Lf1 = quantité de chaleur qu'il
faut fournir pour faire passer 1 de la phase solide vers la phase
or nous avons vu cf éq. (IV.33) comment varie l'affinité avec la liquide).
température et nous avons vu que cette loi peut être aussi obtenue à De (V.32) on obtient par intégration depuis la température de fusion
partir de la variation avec T des potentiels chimiques cf éq. (IV.60). Il T°1 du corps 1 pur pour lequel f ”1 = 1 et x”1 = 1 jusqu'à la
est donc aisé de déduire pour l'affinité de passage d'un constituant température de fusion T correspondant à une valeur de x”1 ≠ 1 et f ”1
entre deux phases la loi ≠ 1 il vient :
Pour une solution non idéale (référence dissymétrique), cette loi fait
Si l'on porte la température de congélation T en fonction de la fraction apparaître un terme lié au coefficient d'activité du solvant 1 : le
molaire x”2 = 1-x”1 du soluté (corps qui ici ne précipite pas), on obtient coefficient de Bjerrum Γ
le diagramme d'abaissement du point de congélation :
ln f″1
Γ=1+ (V.37)
ln N″1
T°
1 ΓΣx”s = ( L°f1/R) (θ/T°12) (V.38)
R T°21
θ= x″2 (V.39)
L° f1
0 1 x"
2 1/T>1/T°1 on exprime souvent cette loi en terme de la molalité du soluté n”2 où
n”2 est le nombre de moles de soluté par kg de solvant, or
Notons que (1/T - 1/T°1) = (T°1-T)/T°1T ≈ θ/T°12 d'où, pour une x″2 =
n″2
≈
M1
n″ (V.40)
1000 + n″2 1000 2
solution idéale M1
R T°21 M1
Or, pour une solution diluée x”s<< 1, en vertu du développement en θ= n″2
L° f1 1000 (V.41)
série du logarithme de 1 ± ε , οù ε est un petit nombre ( ln 1±ε = ± ε ) θc
on a :
ln x”1 ≈ −∑x”s où x”s sont les fractions molaires des solutés, d'où la la quantité θ c = RT°12M1/ L°f1 1000 s'appelle constante
loi d'abaissement cryoscopique pour une solution idéale : cryoscopique du solvant 1. Elle ne dépend que des propriétés du
solvant et non du soluté. Pour toutes les solutions de molalité égale à
∑x”s = ( L°f1/R) (θ/T°12) (V.36) 1, l'abaissement cryoscopique vaut θc. L'abaissement cryoscopique
permet de déterminer la masse molaire M2 d'un corps dissous dans un
solvant de constante θc. En effet, si l'on ajoute une masse connue m2
de soluté à un kg de solvant dont on connaît θc on aura
73
θc
M2 = m2
θ car n2” = m2 / M2 (V.42) B o
T
Substance θc o A f2
T
H 20 1,86°C f1
C6H 6 5,13°C
camphre 40°C
Phénol 6,11°C
T E
Naphtalène 6,9°C e
acide acétique 3,73°C
et la courbe B - E à
Au point eutectique on a
en résolvant le système, on peut accéder aux deux inconnues x”2e et Te, Ces relations sont obtenues à partir de modèles de mécanique
si l'on connaît L°f1, L°f2, T°f1 et T°f2. statistique qui permettent de calculer les fonctions thermodynamiques
Dans le diagramme ci-dessous, on a porté la température de fusion (ou à partir des énergies d'interaction entre les diverses molécules
cristallisation) d'un mélange binaire ortho et parachlonitrobenzène en constituant la solution.
fonction de la fraction molaire en parachloronitrobenzène. Les courbes Le modèle de solution régulière rend assez bien compte du
pleines sont les courbes expérimentales, les courbes pointillées sont comportement de certains alliages métalliques.
calculées en supposant le mélange parfait.
Dans ce diagramme, la courbe E B est la courbe de solubilité de 2 Comme le cristal de NaCl est pur, son potentiel chimique ne dépend
(parachloronitrobenzène) dans 1 (orthochloronitrobenzène). Elle que de T et p. D'autre part, les ions Na+ et Cl− en solution ont des
représente la fraction molaire du soluté x”2 en solution en équilibre potentiels chimiques donnés par les relations
avec le soluté solide 2 pur, à la pression considérée et à la température
µ″Na+ = ζ″Νa+(Tp) +RT ln f″±x″Na+ (V.51)
T.
La courbe E B peut se calculer à partir de l'équation (V-44) si
l'on connaît la forme analytique de f ”2 en fonction de x”2. Par exemple µ″Cl− = ζ″Cl−(Tp) + RT ln f″±x″Cl− (V.52)
pour des solutions dites "régulières" les coefficients d'activité répondent
aux lois suivantes en fonction des fractions molaires : où le coefficient f ”± est le coefficient d'activité moyen des ions Na+ et
Cl−.
RTlnf ”1 = αx”21 (V.47) De la combinaison des équations (V.50) (V.51) et (V.52) il vient
75
f″γx″γ
éq Ao ′→″
γ où ΔΗ°'→"γ Tp est la chaleur standard de la réaction de passage du
= Kγ(Tp) = exp (V.54)
f′γx′γ RT constituant γ de la phase ' à la phase " , et
éq
′→″
Ao γ
où A°'→γ" est l'affinité standard de passage du constituant γ de la ∂lnKγ ∂ ′→″
Δγ v″γ - v′γ
= RT =− =− (V.58)
phase ' à la phase seconde, fonction uniquement de T et p. ∂p ∂p
T
RT RT
Pour des solutions liquides et solides parfaites ou pour un mélange de Tξ
gaz parfaits en équilibre avec une solution parfaite
x″γéq où ∆γ'→ " = v"γ− v'γ est la dilatation standard due à ce passage.
= Kγ(Tp) (V.55) Par remplacement de (V.57) et (V.58) dans (V.56) on obtient la relation
′
xγéq
de van Laar :
76
′→″ ′→″
f″ x″ ΔHo γ Δγ parfaits (pointillés), et ceux calculés dans le cadre d'une théorie de
δ ln 1 1 = δT − δp (V.59) solutions régulières; (traits pleins) avec les points expérimentaux
f′1 x′1 RT2 RT
Cette loi va permettre de construire les diagrammes de phase x"2 et x'2 obtenus pour divers alliages métalliques.
dans le cas d'un mélange binaire en fonction de T à pression constante.
En effet, dans ce cas on écrit (pour un système binaire pour lequel T°1<
T < T°2)
′→″ ′→″
f″ x″ ΔHo 1 f″1 x″1 ΔHo 1
δ ln 1 1 = δT d'où ln = 1− 1 (V.60)
f′1 x′1 RT2 f′1 x′1 R T To1
′→″ ′→″
f″ x″ ΔHo 2 f″2 x″2 ΔHo 2 1− 1
δ ln 2 2 = δT d'où -ln =
f′2 x′2 RT2 f′2 x′2 R T To2 (V.61)
et
′ →″
ΔH1 1 − 1 ″ ″
e T To1 f1 f2 − f′1 f″2
x′2 (V.61’)
R
= ′ →″ ′ →″
ΔH1 1 − 1 + ΔH2 1 − 1
e R T To1 R T To2 f″1 f′2 − f′1 f″2
s'écrit : co
ur
62.5
be vapeur
de Tr
v=c+2−ϕ (V.62) ro
co sé
Tr
ur e Te
60 be
où c désigne le nombre de constituants et ϕ le nombre de phases. Si d'é
bu
l'on fixe la pression, à chaque température d'équilibre entre la phase llit
57.5 ion
vapeur et la phase liquide correspondra une seule composition de la Liquide
vapeur et une seule composition de la solution. On pourra dès lors x'
55 2
construire le diagramme d'équilibre isobare du système par calcul
0.25
0.75
1.25
0.5
grâce aux équations (V.60’) et (V.61’), ou si les intéractions (coefficients x"
d'activités) ne sont pas connus, on se contentera de dresser le 2
diagramme expérimental par mesure à chaque température, de la x2
+ o
n
lli tio
é bu
d'
e x" x'
u rb liquide 2 2
- 33 co
0 1
mélange ammoniac(1) - eau(2)
Diagramme isobare mélange non idéal
78
Si l'on fixe la température, à chaque pression correspondra une et une On notera que l'équation (V.63) de la courbe d'ébullition dans ce cas du
seule composition de la phase vapeur et une seule composition de la mélange parfait, est une droite et que l'équation (V.68) de la courbe de
phase liquide en équilibre. On construit alors le diagramme isotherme, rosée est un arc d'hyperbole. Le cas du mélange 2-méthoxyéthan-1-ol et
donnant la pression en fonction de la composition de la phase liquide et 2-éthoxyéthan-1-ol présente un diagramme isotherme qui se rapproche
en fonction de la composition de la vapeur ( courbes d'ébullition et de très fort du comportement des systèmes parfaits.
rosée). Si le mélange est parfait, les deux constituants vérifient de
Raoult pour la pression partielle (système de référence symétrique cf. §
p T=80°C
V.3 b )et l'équation de la courbe d'ébullition est donnée par la somme
150 po
des pressions partielles selon les lois (V.25) mmHg liquide 2
n
p =p1 + p2 = x′2 po2 − po1 + po1 (V.63) it io
ull
éb
d' e
be sé
L'équation de la courbe de rosée p(x"2) s'obtient en combinant la ur ro
co de
définition de la pression partielle p2 = x″2 p et la loi de Raoult du corps 2 rb
e
u
(V.25) . Il vient alors po co
1
100
p2 = x″2 p = x′2 po2 (V.64) vapeur x' x"
2
2
d'où
`
ppo2 − x″2 p po2 − po1 = po2 po1 (V.67)
po2 po1
p= (V.68)
po2 − x″2 po2 − po1
79
p
bar T°C
T=20°C p=1atm
8 co liquide 117,5
vapeur
ur
be
courb
d'
éb
ul
e de lit
io
n
100
rosée
1
x' x"
vapeur 2 2 90 liquide x” x’
2 2
0 ammoniac(1) - eau(2) 1
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Diagramme isotherme système non idéal eau(1) - butanol(2)
Azéotrope à minimum
liquidus T°
1
solide
solidus
E
0 x' x"
2 2
1 0x'2 x"
2
1
x’2 x"
2
azéotrope solide-liquide à maximum azéotrope solide-liquide à x’ x’
minimum 2A 2B
Au point azéotropique, la phase solide a la même composition que la diagramme avec zones de miscibilité partielle
phase liquide, de plus les courbes liquidus et solidus ont une tangente
horizontale en ce point. Sur ces diagrammes liquide-solide, les points L'eutectique E est une solution de composition x"2E en équilibre avec
d'intersection entre une horizontale à T donnée et les courbes liquidus des cristaux A de composition x’2A et des cristaux B de composition
et solidus sont les fractions molaires x'2 et x"2 du soluté en équilibre à x’2B.
la température considérée.
Cas intermédiaire : en phase solide les constituants ne sont pas On peut encore avoir des diagrammes plus compliqués où 2 types
miscibles en toute proportion; il y a des zones de miscibilité solide où d'eutectiques E1 et E2 apparaissent ainsi qu'un azéotrope tel
l'on a des cristaux mixtes et des zones de démixtion où coexistent deux l'exemple repris ci-dessous
phases solides.
Le diagramme de phases se présente alors sous la forme suivante :
81
lnx'
1
{
1/T
x" x' - L° /
2 2 v1
RT°
1 L° /R
v1
0
1
Lorsqu'un corps dissous est très peu volatil, la phase vapeur L'addition du corps dissous 2 non volatil a pour effet d'élever la
contient uniquement le solvant 1 et le comportement est donc voisin de température d'ébullition d'une quantité θ = T-T°1 et l'on a comme
l'équilibre liquide solide où seul 1 des constitutants (le solvant pour la cryoscopie
précipite). On écrit alors uniquement l'équilibre du solvant 1 entre le
liquide et la vapeur on a alors par la formule de van Laar appliquée à RT°21
θ=Γ ∑ x′s (V.64)
la solution et à la vapeur, à pression constante L° v 1 s
2
RT°1 M1 CHAPITRE VI : ELECTROCHIMIE
θ= n′ 2
L° v 1.1000
θE VI.1 Objet de l'Electrochimie.
(V.66)
Les systèmes chimiques que nous avons considérés jusqu'ici,
où l'on appelle constante ébullioscopique θE = RT°21M1/ L°v1.1000 pouvaient déjà contenir des constituants porteurs de charges
quantité qui ne dépend que de la nature du solvant. électriques, tels que les ions. Tant que les charges se contrebalancent
exactement dans chaque phase, c'est-à-dire tant que chaque phase est
Solvant θE °K électriquement neutre et que le potentiel électrique est uniforme dans
eau 0,51 tout le système, la présence d'ions ne donne lieu à aucun phénomène
ether éthylique 2,10 électrique macroscopique et le système s'étudie par la thermo-
alcool éthylique 1,17 dynamique chimique ordinaire.
benzène 1,70 Il n'en est pas de même lorsqu'il existe dans le système des
acétone 1,70 régions où la densité de charge électrique par unité de volume ou par
unité de surface n'est pas nulle. Cette inégalité de distribution des
Tout comme la cryoscopie, l'ébullioscopie permet de déterminer les charges crée un champ électrique macroscopique qui tend à déplacer
masses moléculaires et les coefficients d'activité. les particules chargées.
L'étude des systèmes chimiques où le potentiel électrique cesse ou
peut cesser d'être uniforme fait l'objet de l'électrochimie. Pour bien
faire comprendre la différence entre un phénomène chimique et un
phénomène électrochimique, considérons deux exemples:
1°) dissolution d'un cristal de NaCl dans l'eau. Il passe de la
phase solide à la phase liquide des ions Na+ et Cl- en nombre égal et
les deux phases restent électriquement neutres. Cette dissolution est
un phénomène purement chimique.
2°) dissolution de zinc dans l'eau. Il passe de la phase solide à la
phase liquide, des ions Zn++ . La phase liquide prend une charge
positive tandis que le métal qui contient des électrons libres en
surnombre prend une charge négative. Les deux phases acquièrent des
potentiels électriques différents. Cette dissolution est un phénomène
électrochimique.
Dans les systèmes électrochimiques, il faudra considérer comme
constituants: les molécules neutres, les ions et les électrons libres.
Leurs quantités seront évaluées en moles, en ions-moles et en
électrons-moles ( = 6,02 10 23 électrons).
ou encore pour la variation de la partie purement chimique de l'énergie Nous avons vu précédemment que pour un système chimique, la
libre: dérivée partielle faite à T et V constants de l'énergie libre avec
l'avancement de la réaction est l'affinité chimique de cette réaction cf.
α
dF = - SdT - pdV - ∑ φ d iq - dQ′
α (III.34) et donc
α
(VI.14)
dF = - SdT - pdV - Adξ (VI.19)
α α
VI 4 Affinité électrochimique et potentiels électrochimiques. A = A - ∑ ∑ ν γ z γ Fφ
α γ
(VI.20)
Posons ,conformément à la méthode de De Donder, pour le terme
dQ' la relation fondamentale donnant la production d'entropie d'un L'affinité électrochimique comporte donc en plus de l'affinité
système pour lequel le seul phénomène irréversible est une réaction chimique pure, un terme électrique, lié à l'échange de charges. Compte
électrochimique: tenu de la relation entre les potentiels chimiques et l'affinité chimique,
on peut écrire :
dQ′ = T d iS = Adξ (VI.15)
α α α α α α α
A = - ∑ ∑ ν γ µ γ − ∑ ∑ ν γ z γ Fφ = − ∑ ∑ ν γ µ γ + z γ Fφ
où A représente l'affinité de la réaction électrochimique (appelée α γ α γ α γ
(VI.21)
affinité électrochimique). Or, d'après (V.5)
α α α α
∑ ∑ ν γ z γ Fφ = − ∑ ∑ νγ µ γ = A A' A" l B'
α γ α γ
(VI.24) H SO + H O
2 4 2 Pb
Pb PbO
2
PbSO
4
s
Accumulateur au Plomb.
Les phases solides A' A" et B' sont les électrodes. L'anode est
l'électrode par laquelle le courant (charges >0) entre dans la solution
87
(où se font les réactions d'oxydation), la cathode l'électrode par laquelle on appelle z le nombre de Faradays >0 transportés de A à B quand
le courant sort de la solution (où se font les réactions de réduction). la réaction joue 1 fois ( Δ ξ = 1 ).
Dans une chaîne galvanique stationnaire, il n'y a pas d'accumulation
d'électricité, donc pour toutes les phases α à l'exclusion des bornes on a B A
z = ∑ νγ zγ = - ∑ νγ zγ
: γ γ
α
(VI.30)
d iq = 0 .
cette quantité est la charge réactionnelle.
Pour les bornes on a
L'affinité électrochimique peut donc s'écrire :
A A B B
d iq + d eq = 0 d iq + d eq = 0 (VI.25) A B
charges charges éch. avec ext. A= A+ zF φ − φ (VI.34)
éch.à l'interf. A/A'
où A est l'affinité chimique de la réaction.
Comme il n'y a pas d'accumulation de charges, les charges qui entrent On appelle A / z F = Ε la tension chimique ou force électromotrice de la
par une borne sortent par l'autre borne c'est- à- dire que l'on a : réaction; si A/ z F > 0 les charges >0 sont transportées de A vers B à
l'intérieur de la chaîne par cette force d'origine chimique; lorsque
A B A B
d eq = - d eq = I dt (VI.26) φ − φ > 0 et z > 0 les charges >0 sont transportées de A vers B par
courant une force d'origine électrique.
(le courant est la charge qui entre dans le système par unité de temps)
Dans toutes les phases α à l'exclusion des bornes, il y a
électroneutralité, donc
α
∑ ν γ z γ F =0
γ
(VI.27)
B A
d iq = - d iq (VI.28) Α = E + φΑ − φΒ
z F
et donc (VI.35)
force chim.force él.
∑ νBγ zγF dξ = − ∑ νAγ zγFdξ (VI.29)
γ γ à l'équilibre, la force d'origine chimique Ε est égale et opposée à la force
électrique E = (φΒ − φΑ )éq. que l'on appelle tension d'équilibre.
88
Quelles sont les réactions qui entrent en jeu dans le cas de En sommant les réactions (1) (2) et (3) on obtient une réaction
l'accumulateur au Plomb? globale où n'apparaissent plus les ions Pb++ et H+ à savoir:
1°) passage de 2 électrons de la borne B à l'électrode B'
-B - B′ s l -B B′ A″ l -A
2e =2e 2 PbSO4 + 2 H 2O + 2 e = Pb + PbO2 + 2 H 2SO4 + 2 e (4)
2°) réduction de Pb++ sur la cathode B' L'affinité purement chimique de cette réaction est la même que celle de
la réaction (1) car
++ l - B′ B′
Pb +2e = Pb
l l s l l l
2 µ SO -4- + 2 µ Pb ++ = 2 µ PbSO 4 et 2 µ SO -4- + 4 µ H + = 2 µ Η 2SO 4
3°) oxydation anodique de Pb++ avec dépôt de PbO2 sur
l'anode A"
et donc
++ l l A″ +l - A′
Pb + 2 H 2O = PbO2 + 4 H +2e
- A′ -A
2e =2e
➝Réaction globale :
++ l l -B B′ A″ +l -A
2 Pb + 2 H 2O + 2 e = Pb + PbO2 + 4 H +2e (1)
Α Β l l Β B′ A″ l A Α B
A = A + 2 F φ − φ = 2 µ Pb++ + 2 µ Η 2Ο + 2 µ e- − µ Pb − µ PbO 2 − 4 µ Η + − 2 µ e- + 2 F φ − φ
La réaction globale (1) fait entrer en réaction des ions Pb++ et des
ions H+ . Ceux-ci participent aux équilibres de dissociation suivants :
s
--l ++ l
2 PbSO4 = 2 SO4 + 2 Pb
(2)
--l +l l
2 SO4 + 4 H = 2 H 2SO4 (3)
89
A B
Si l'on raccorde les bornes A et B à un circuit extérieur, φ −φ <
2,04 Volts. A devient négative , le système fonctionne alors en pile; la
réaction avance de droite à gauche et le courant circule de B vers A
dans la chaîne.
O
2
A H
2
B
l l Β Β′ A″ l A
A(1) = 2 µ Pb ++ + 2 µ Η 2Ο + 2 µ e − − µ Pb − µ PbO 2 − 4 µ H + − 2 µ e −
HO
s l l B B′ A″ A 2 Pt
= 2 µ PbSO 4 − 2 µ H 2SO 4 + 2 µ H 2O + 2 µ e − − µ Pb − µ PbO 2 − 2 µ e − Pt
= A(4)
Cette différence de potentiel d'équilibre est celle qui s'établit aux avec dégagement d'oxygène gazeux (en fait, cette réaction n'est pas la
bornes du système lorsque l'on ne le raccorde pas à un circuit extérieur. réaction élémentaire, il se dégage de l'oxygène naissant O• qui se
recombine en O2 )
90
A la cathode, les cations oxonium ( proton fixé sur une molécule d'eau Le numérateur de cette expression vaut moins deux fois l'affinité
H3O+ ) vont se faire réduire : standard de formation de l'eau à partir de H2 et O2 = 56690 cal =
56690 x 4,18 J
+ -B
4H +4e = 2 H2
2 × 56690 × 4,18
avec dégagement d'hydrogène gazeux. d'où E° = = −1,23 Volts
éq 4 × 96500
Ces trois réactions additionnées donnent la réaction globale : f.e.m de la pile.
2 H 2O + 4 e
-B
= 2 H 2 + O2 + 4 e
-A Si l'on applique aux bornes du système une différence de potentiel
(φΑ − φΒ) > 1,23 V, le courant passe et l'on effectue l'électrolyse de l'eau.
lorsque l'avancement de cette réaction est 1 , 4 charges positives ont Si E < 1,23 V, le courant se renverse et le système fonctionne en pile.
été déplacées de A en B , z vaut donc 4. Si on veut faire l'électrolyse de l'eau, ce n'est qu'à partir de E = 1,4 V
L'affinité purement chimique de la réaction globale est (puisque les que la vitesse devient appréciable, en dessous de cette valeur, v et
électrons ont le même potentiel chimique en A et en B ) donc I sont pratiquement nuls (faux équilibre).
Il existe une surtension η qui est fonction de la densité de courant J=
α α I/ S (où S est la surface effective de l'électrode) cette surtension est la
A = - ∑ ∑ νγ µ γ
γ α
différence de la tension en fonctionnement et de la tension d'équilibre :
2 Η 2Ο = 2 H2 + O2
liq gaz gaz η = (φ A − φ B) − (φ A − φ B)
liq gaz gaz
éq (VI.36)
A = 2 µ H 2O − 2 µ Η 2 − µ Ο 2
ou encore, grâce à la relation de Helmholtz (VI.34)
et la tension d'équilibre de la chaîne vaut,
A A
η = φ A −φ B + =
zF zF (VI.37)
2 µH2Ο − 2 µH2 − µO2
= Α =
B A
φ − φ
éq 4 F 4F
la surtension est donc proportionnelle à l'affinité électrochimique.
Pour des pressions partielles de H2 et de O2 = 1 atm. et pour T =
298°K,
car chaque constituant est seul dans sa phase µ = ζ (Tp) pas de terme
de mélange.
91
φΑ − φ Β
l mét mét
mét l ζ Μe z+ + zζ e - − ζ Μe RT z+
l
φ −φ = + ln Me
éq zF zF
η
f ±N Me z+
(VI.39)
1,23V
le facteur RT/ F ln10 = 0,059 Volts, à T = 298°K, dès lors on écrit :
E°
mét l l
A° z+
φ −φ =− + 0, 059 log 1 0 Me
éq zF
(VI.40)
mét l mét mét l mét l mét l En fait, on ne peut mesurer cette grandeur que par rapport à une autre
z+
A = µ Me − µ Μe z+ − zµ e - = ζ Me -ζ Me z+ − zζ e − − RT ln Me +zFφ −φ
électrode que l'on choisit comme référence.
` (VI.38)
A B
Zn Cu Zn
++
2
log 1 0 = 0, 345 + 0, 76 ×
Cu
++
0,059
++ ++
Zn Cu d'où
++
activité = 1 activité = 1 Zn
= 10
37
demi-pile 1 demi-pile 2
le pont de jonction assure l'égalité des potentiels électriques dans les La solution de cuivre sera donc pratiquement épuisée de ses ions. Tout
sol 1 sol 2
le cuivre sera déposé sur l'électrode de Cu et l'électrode de Zn passe
deux solutions : φ =φ
en solution jusqu'à la solubilité maximum du sel de Zn en solution (si
par ex. Zn se dissout dans une solution d'acide sulfurique, l'activité
φ
Cu des ions Zn sera limitée par la solubilité du sulfate de Zn.)
+0,345
φ
H
φ 2 VI.9 La pile de concentration.
-0,76 sol 1 et 2
Autre exemple :
+++ ++
La force électromotrice (φB − φA) de cette pile de concentration ne Fe / Fe
dépend que des activités des ions dans les deux solutions. Si on choisit +++ - ++
Fe + e = Fe
la concentration d'une des demi-piles telle que l'on puisse l'assimiler à
une solution idéale, (très diluée), on peut, en mesurant la tension aux ox. réd.
bornes de la pile, déterminer le coefficient d'activité moyen des ions ++ -
Fe + 2e = Fe
dans l'autre demi-élément dont la concentration serait plus élevée.
ox. réd.
Sur le Pt, on a
Soit la réaction de réduction d'un oxydant quelconque avec une
++ liq +++ liq - Pt
électrode donneuse d'électrons : Fe → Fe +e réaction d'oxydation
-
Ox 2 + n 2e → Réd 2 à l'équilibre de cette réaction
α α
A = 0 = - ∑ νγ µ γ
et la réaction d'oxydation d'un réducteur qui cède des électrons à une
γα
électrode:
soit donc
l l l l Pt Pt
Réd 1 → Ox 1 + n 1e
-
µ Fe ++ + 2 Fφ = µ Fe +++ + 3 Fφ + µ e _ − Fφ
d'où
on peut combiner ces deux réactions linéairement de telle sorte que le Pt l µlFe+++ − µlFe++ + µPte− - Aoxydation
φ − φ= =
même nombre d'électrons soit mis en jeu dans les deux réactions. Cette F F
l l Pt
réaction peut alors se produire sans la présence d'une électrode ζFe+++ − ζFe++ + ζe− RT Fe+++
= + ln
F F Fe++
donneuse ou capteuse d'électrons E°Fe+++ / Fe++
°
-A Fe+++
-
n 1Ox 2 + n 1n 2e → n 1Réd 2 = oxydation + RT ln (VI.45)
-
F F Fe++
n 2Réd 1 → n 2Ox 1 + n 1n 2e E°Fe+++ / Fe++
________________ Notons ici que l'affinité de la réaction d'oxydation vaut l'affinité de la
réact. réaction de réduction changée de signe. Les électrochimistes écrivent
globale n 1Ox 2 + n 2Réd 1 → n 1Réd 2 + n 2Ox 1 réaction rédox homogène souvent les réactions dans le sens de la réduction (Fe3+ + e- → Fe2+).
Ils définissent par convention la tension standard d'oxydoréduction
Exemple de réaction d'oxydoréduction homogène comme l'affinité standard de la réaction de réduction divisée par zF .
On notera l'équivalence des diverses définitions utilisées, en effet, on
Fe
++ liq
+ Ce
4+ liq
→ Fe
+++ liq
+ Ce
+++ liq
peut écrire
- Aooxydation ΔGooxydation Aoréduction -ΔGoréduction
Eorédox = = = =
Si l'on plonge une électrode inattaquable (par ex. Pt) dans une solution zF zF zF zF
On ne peut mesurer la valeur de la tension rédox absolue. Tout comme
contenant un couple oxydoréducteur, cette électrode prend (à
pour la tension de dissolution, on choisit comme référence de potentiel,
l'équilibre) une tension par rapport à la solution appelée tension rédox.
la tension standard de dissolution de l'hydrogène, (qui est aussi la
Ox - Aoxydation tension standard d'oxydoréduction du couple H+ / H2 ) .On mesure
Eredox = E°redox + RT ln = (VI.44)
zF Réd zF donc les tensions rédox par rapport à l'électrode standard à hydrogène,
ce sont ces valeurs que l'on trouve dans les tables de tensions standard
où z est le nombre d'électrons échangés dans la réaction d'oxydoréduction.
d'oxydoréduction considérée. Pour que l'oxydant d'un couple rédox 1 puisse oxyder le réducteur d'un
Prenons l'exemple d'une électrode de Pt plongeant dans une solution couple rédox 2, il faut que la tension rédox de ce couple soit largement
contenant des ions Fe++ et Fe+++ . supérieure à la tension rédox du couple 2, pour que la réaction soit
96
totale. On peut alors ainsi réaliser le titrage oxydoréducteur du 1) les électrodes métal-cation (1er type)
réducteur 2 par l'oxydant 1.
Ce sont les électrodes de métaux solubles dont la différence de potentiel
E avec la solution est régie par l'équilibre de dissolution cf (VI.40).
mes. E°
rédox 1
2) les électrodes à produit de solubilité.
pont KCl
Tensions standard d'oxydoréduction de quelques couples rédox (sur Pt)
Ti3+/Ti2+ − 2,0
Cr3+/Cr2+ − 0,41
H+/H2 0 KCl
Sn4+/Sn2+ + 0,15
Hg
Cu2+/Cu+ + 0,153 calomel
S2O32-/S4O62- + 0,17 Pt
I2/I- + 0,535
l'électrode au calomel est une électrode de mercure en présence d'une
Fe3+/Fe2+ + 0,771 solution de KCl saturée en Hg2 Cl2. Le calomel solide se dépose sur la
Hg2+/Hg22+ + 0,92 nappe de mercure et assure en permanence la saturation de la solution.
Br2/Br- + 1,065 L'équilibre qui régit la tension que prend cette électrode vis-à-vis de la
Ce4+/Ce3+ + 1,61 solution de KCl est l'équilibre de dissociation de Hg 2Cl2. La tension
Co3+/Co2+ + 1,808 de l'électrode s'écrit :
S2O82-/S4- +2,01 liq
0, 059 ++
E = E° + log 1 0 Hg 2 (à 298°K)
2
(VI.46)
VI.11 Les divers types d'électrodes utilisées en électrochimie.
L'activité des ions mercureux est liée à l'activité des ions chlore par la
relation :
97
où S est le produit de solubilité du calomel, grandeur qui ne dépend L'électrode à Ag / AgCl est basée sur le même principe : un fil d'argent
que de T et p. En effet, l'équilibre de dissociation s'écrit: est recouvert par électrolyse, d'une couche de AgCl. L'ensemble est
plongé dans une solution de KCl et l'on a, pour la tension d'électrode la
Hg 2Cl 2 = Hg 2 + 2Cl
++ - relation :
d'où RT −
solide liq liq E = E°Ag/AgCl − ln Cl
µ Ηg 2Cl 2 = µ Ηg ++ + 2µ Cl − F (VI.49)
2
où
RT
ou encore, le calomel solide étant seul dans sa phase, E°Ag/AgCl = E°Ag +
F
lnS AgCl = E°Ag + 0, 059 log 1 0S AgCl
électrode Ag/AgCl Dans les solutions d'électrolytes, les coefficients d'activité des ions sont
en général toujours différents de 1 aux concentrations accessibles
expérimentalement. Toutefois, ces grandeurs ne sont mesurées qu'avec
une grande imprécision liée à la présence de jonctions liquides dans les
montages expérimentaux permettant leur mesure.
Les valeurs obtenues expérimentalement pour les coefficients d'activité
HCl +
H moyens des ions sont pour la plûpart <1 alors que pour des solutions
I
II non ioniques ils peuvent être >1.
membrane de verre
Les énergies d'interaction entre les ions en solution sont du type
électrode de verre. coulombien (en 1/r) alors que pour les interactions moléculaires, elles
sont en 1/r6 . Les interactions ioniques sont donc à beaucoup plus
Cette chaîne peut se représenter schématiquement comme suit: longue portée que les interactions moléculaires, ce qui explique que les
écarts à l'idéalité se font beaucoup plus ressentir dans les solutions
Solution [H+] I ⎪ verre ⎪ Solution [H+] ΙΙ d'électrolytes.
On a pu montrer expérimentalement que les coefficients d'activité
L'équilibre électrochimique (de diffusion) des ions H+ à travers la moyens varient avec la racine carrée de la molalité de la solution
membrane s'écrit : comme le montre le graphique ci-dessous pour divers types
d'électrolytes.
Ι ΙΙ Ι Ι ΙΙ ΙΙ
µ Η += µ Η + µ Η + + Fφ = µ Η + + Fφ
d'où et donc
ΙΙ Ι
ζ +− ζ +
II f
Ι 1 ΙΙ +
ΙΙ Ι
Η Η RT H
+
±
φ −φ = µ −µ + = + ln
éq F Η Η F F +
I
H (VI.50) 1 ZnI
potentiel de diffusion (éq.de Donan) 2
LiCl
ΙΙ Ι
Ι 1 ΙΙ +
ΙΙ Ι ζ Η + − ζ Η + RT +
I
RT +
II
φ −φ = µΗ − µΗ + = − ln H + ln H CuSO
éq F F F F 4
(VI.51) 0
E° − 0,059 pH
0,5 1 √m
tension stand. él.de verre
Fig. VI.3 coefficient d'activité moyen de divers électrolytes
log 1 0f ± = − 0,509 z +z − I
(VI.52)
1
A l'échelle macroscopique,ceci apparaît comme une discontinuité mais à dU = dQ - p′dV′ - p″dV″ + σdΩ (VI.2)
l'échelon moléculaire on constate que la densité varie de façon continue
mais très brutale (sur quelques assises moléculaires) depuis le liquide VI.2 Importance des phénomènes de surface dans la vie
jusqu'à la vapeur. Il s'ensuit que les interactions moléculaires, fortes courante et dans les processus industriels.
dans le liquide, vont s'amenuiser à l'approche de la phase gazeuse pour
devenir très faibles voire quasi-nulles dans le gaz.
2
Les phénomènes de surface revêtent un intérêt primordial dans de qu'en phase gazeuse. C'est tout le domaine de la catalyse hétérogène
nombreux secteurs tant de la vie courante que dans les processus où le rôle des surfaces solides est fondamental.
industriels. Les surfaces sont très souvent le lieu privilégié de Les cinétiques de réactions chimiques sont souvent très différentes sur
réactions entre phases de nature différente; elles servent en quelque les surfaces qu'en cœur de phase; c'est ainsi qu'en biotechnologie on
sorte de "transducer" (organe de transmision) entre les phases utilise des membranes sur lesquelles on immobilise des enzymes pour
adjacentes. rendre plus efficaces les processus, notamment de certaines réactions
L'expérience quotidienne vous permet d'appréhender la notion de utilisées en génie alimentaire (fermentations lactiques etc…)
tension superficielle : regardez la surface d'un étang, les araignées Dans les industries alimentaires, pharmaceutiques, cosmétologiques,
d'eau y marchent comme sur la terre ferme. Leur poids est supporté on utilise abondamment des dispersions d'huile dans l'eau (émulsions),
par la tension superficielle. Si vous versez dans l'étang au voisinage des gels (solides gonflés d'eau et réticulés), des aérosols (dispersions de
des araignées une petite quantité de détergent, vous les verrez liquides dans des gaz. Tous ces milieux dispersés sont caractérisés par
s'engloutir dans l'eau . Le détergent a pour effet d'abaisser la tension un rapport surface/volume extrêmement important d'où le rôle
superficielle de l'eau qui ne peut plus dès lors soutenir le poids des prépondérant des surfaces dans de tels milieux.
araignées d'eau. La même expérience peut être faite sur une aiguille
d'acier : couchée sur la surface libre de l'eau contenue dans une cuvette, VI.3 Travail d'adhésion et mouillage.
elle ne coule pas quoique sa densité soit de l'ordre de 6; ajoutez
quelques gouttes de détergent dans l'eau et l'aiguille qui était "portée" Lorsque l'on sépare un liquide en contact d'un solide de ce support, on
par la surface coule immédiatement. crée deux nouvelles surfaces : une surface liquide/gaz et une surface
Toute la chimie de la détergence est basée sur les propriétés de solide/gaz et l'on détruit un interface solide/liquide. Par unité de
"tensioactivité" de certaines molécules "amphiphiles" dont une partie surface, on effectue un travail qui vaut le travail Wadh. d'adhésion
est hydrophobe et l'autre hydrophile. Ces molécules s'adsorbent changé de signe.
préférentiellement à la surface de l'eau, gardant leurs têtes polaires
dans l'eau et dirigeant leurs chaînes carbonées vers l'air ou vers le W adh. = σ l s − σ l g − σ s g
(VI.3)
liquide organique si l'eau est mise en contact avec une phase organique.
En flottation, on utilise des agents tensioactifs pour séparer la gangue
des minerais. Ces molécules entourent les silicates formant la gangue liquide
liquide
et lorsque l'on envoie un courant de bulles d'air à travers le tanker
dans lequel on a versé le mélange minerais + gangue en solution
σ σ
aqueuse, la gangue est emportée par le courant gazeux à la surface du ls lg
liquide par l'effet des tensioactifs qui s'accrochent par leurs chaînes gaz
solide σ
carbonées aux bulles et par leurs têtes polaires à la gangue gorgée sg
d'eau.
solide
C'est par un mécanisme similaire que les lessives arrachent les
salissures des fibres textiles.
Les phénomènes sur les surfaces solides sont tout aussi importants;
Si σls < σlg + σsg le liquide s'étalera spontanément sur le solide. Il y
certains gaz s'adsorbent spécifiquement sur la surface de certains
aura mouillage parfait. Si par contre σls >σlg + σsg le mouillage est
solides et y acquièrent une réactivité considérablement plus grande
mauvais.
3
A l'équilibre d'étalement d'une goutte sur un solide, l'arête qui limite VI.4 Grandeurs thermodynamiques intensives de surface. -
les 3 phases en contact subit une résultante de forces nulle. Adsorption, adsorption relative, énergie interne, énergie libre,
entropie par unité de surface -Grandeurs relatives.
gaz
θ σ Dans un système comportant plusieurs phases séparées par des
lg
liquide surfaces, la masse totale, la masse de chaque constituant, l'énergie
σ interne, l'énergie libre et l'entropie sont réparties entre les phases
ls σ
solide sg volumiques et les surfaces. Par exemple, pour un systèmes comportant
deux phases ' et " et une surface on a
Les tensions superficielles sont des forces par unité de longueur. Ce
a
sont des vecteurs. La résultante R de ces vecteurs vaut : U T = U′ + U″ + U (VI.6)
R = σl g + σl s + σs g a
(VI.4) F T = F′ + F″ + F (VI.7)
σs g − σl s
σl g
La grandeur qualifie donc l'étalement:
on l'appelle coefficient d'étalement K.
si K≥ +1 mouillage parfait
si K≤ -1 pas d'étalement
si +1 > K > -1 mouillage intermédiaire (pas parfait)
4
C
gaz C' V′ = Ωz s
T
V″ = V - z sΩ = V - V′
T
z γ et où (VI.12) et
(VI.13)
C'
C"
γ
Ω on définit alors une masse d'excès de γ par unité de surface ou
adsorption
z
s }zone
interf. a
C' mγ
γ C" Γγ =
γ Ω
liquide (VI.14)
z
z On voit immédiatement que la valeur de maγ et donc de Γγ est
s
m′ γ m″ γ extrêmement sensible au choix de la position de la surface de division,
C′ γ = ; C″ γ = d'où la nécessité, pour décrire la composition de la surface, de
où V′ V″
s'affranchir de cet écueil.
Si la substance est tensioactive on aura augmentation de la C'est à Gibbs que l'on doit l'introduction de la notion d'adsorption
concentration au voisinage de la surface : relative, qui est indépendante du choix de la surface de division.
Ecrivons en effet pour le solvant 1 et pour les solutés γ' la relation
C (VI.10), il vient compte tenu de (VI.11), (VI.12) et (VI.13) :
C'
γ a T T
m 1 = m 1 - V C′ 1 + V″ C′ 1 - C″ 1
(VI.15)
a T T
m γ′ = m γ′ - V C′ γ′ +V″ C′ γ′ - C″ γ′
T T T
m , m , V , C′ , C″ 1 , C′ γ′ et C″ γ′
Les grandeurs 1 γ′ 1 ne dépendent pas du
C"
γ choix de la position de la surface.
a a
m , m et V″
z Par contre, 1 γ′ en dépendent. En tirant
z
s V" d'une des deux équations (VI.15) et en portant sa valeur dans l'autre
On attribue à la surface géométrique placée arbitrairement en z = zs la équation on obtient la relation :
masse d'excès maγ par rapport aux phases uniformes limitées par
a a C′ γ′ - C″ γ′ T T T T C′ γ′ - C″ γ′
cette surface : m γ′ - m 1 = m γ′ - V C′ γ′ - m 1 - V C′ 1
C′ 1 - C″ 1 C′ 1 - C″ 1
(VI.16)
a T ′ ″
mγ = mγ - mγ - mγ
(VI.10) où le membre de droite ne contient aucune grandeur dépendant de la
position de la surface.
′ ′ ″ ″
m γ = C γ V′ et m γ = C γ V″
où (VI.11)
5
Si l'on divise le membre de gauche par Ω οn obtient la quantité que On fait de même pour l'entropie et pour l'énergie libre par unité de
Gibbs appelle "adsorption relative de γ' ( Γγ '1 ) par rapport au surface.
constituant 1 (solvant)
VI. 5 Les deux principes de la Thermodynamique pour les
a
′
a C γ′ -
″
C γ′
systèmes capillaires.
Γ γ′1 = Γ γ′ − Γ1
′ ″
C1 - C1
(VI.17) Dans un système comportant des phases volumiques et des surfaces,
l'énergie interne du système complet varie sous l'effet de l'apport de
a m γ′
a
a
a
m1
chaleur du monde extérieur, sous l'effet des travaux mécaniques
Γ γ′ = et Γ1 = effectués par les volumes et par les surfaces selon la loi de conservation
où Ω Ω
(VI.2).
Le système dans son ensemble est décrit par des variables d'état qui,
Combinant (VI.17) et (VI.16) on a pour un système dont la température est uniforme, et qui comporte
deux phases et une surface, sont la température, les volumes V' et V"
′ ″ des phases, la surface Ω et les nombres de moles des constituants
1 Τot ′ Tot ′ C γ′ - C γ′
Γ γ′1 = m γ′ - VC γ′ - m 1 - VC 1 γ dans les phases ' et " et dans la surface. De plus, si la surface est
Ω ′
C1 - C1
″
(VI.18) courbe il faut y adjoindre le rayon de courbure moyen R.
grandeur calculable indépendamment du choix On peut donc écrire la différentielle totale de l'énergie interne dans les
de zs variables T, V', V", Ω, nγ', nγ", nγa, (et R pour les surfaces courbes).
Pour un système à surface plane on écrit:
Tout comme Gibbs l'a fait pour l'adsorption d'une substance dissoute,
vis-à-vis de celle du solvant, on peut éliminer V" entre les équations
∂U ∂U ∂U ∂U
dU = dT + dV' + dV" + dΩ
∂T ∂V' ∂V" ∂Ω TV"V'n
a Tot ′ ″ ′ ″ V'V"Ωn… TV"Ωn TV'Ωn
m1 = m1 - VC 1 + V C1 - C1
et ∂U ' ∂U " ∂U a
a Tot ′ ″ ′ ″ +∑ dn γ + ∑ dn γ + ∑ dn γ
U =U - Vu + V u - u (VI.19) ∂n' γ " a
γ TV"V'Ωn"…n
a
γ ∂n γ TV"V'Ωn'…n a γ ∂n γ TV"V'n'n"
(VI.22)
′ ″
′ U ″ U
où u =
′
et u =
″
ou encore, si le système est fermé (n'échange pas de matière avec
V V l'extérieur) on définit des avancements de transfert (d'adsorption) du
constituant γ de chacune des phases volumiques vers la surface soit
on obtient alors en divisant par Ω
′ ′ °′
′ ″ ′ ″ -ξ γ = n γ - n γ
a a u -u
1 Tot ′ Tot ′ u -u
u1 = u - Γ1 = U - Vu - m 1 - VC 1 ″
′ ″ Ω ′ ″ ″ °″
C1 - C1 C1 - C1 -ξ γ = n γ - n γ
(VI.21)
quantités <0 perdues par les phases ' et " , si le constituant γ passe
où u1a est l'énergie interne superficielle relative vis-à-vis du
des phases ' et " vers la surface, on aura
constituant 1.
6
′ °′ ″ °″ a °a
n γ - n γ + n γ - n γ = -(n γ - n γ )
où CV est une capacité calorifique moyenne des deux phases et de la
d'où
′ ″ surface : c'est la quantité de chaleur qu'il faut fournir au système global
a °a
nγ - nγ = ξγ + ξγ pour élever sa température de 1° , à V', V", Ω et ξ constants,
(VI.23)
(quantité >0 gain de la surface)
Si de plus, des réactions chimiques se déroulent dans le système le ∂U
= l' Tξ - p'
nombre total de moles de chaque constituant γ variera avec ∂V'
TV"Ωξ (VI.27)
l'avancement ξρ des réactions chimiques se déroulant dans l'ensemble
du système ( volumes et surface) où l'Tξ est la chaleur d'expansion de la phase ' , p' la pression dans
on aura alors
cette phase
a °a ′ ″ α
n γ - n γ = ξ γ + ξ γ + ∑ ν γρξ ρ
∂U
ρ = l" Tξ - p"
∂V"
TV'Ωξ (VI.28)
′ °′ ′ ′
n γ - n γ = - ξ γ + ∑ ν γρξ ρ
où l"Tξ est la chaleur d'expansion de la phase " , p" la pression dans
ρ
(VI.24) cette phase. Les grandeurs l'Τξ et l"Τξ ont la même signification que
∂U
= C V'V"Ωξ
∂T où r'γ et r"γ sont les chaleurs d'adsorption du constituant γ depuis la
V'V"Ωξ (VI.26)
phase ' et la phase " respectivement. C'est la quantité de chaleur
7
qu'il faut fournir à T, V', V" et Ω constants pour faire avancer de une extérieur et sous l'effet des phénomènes irréversibles créant de
unité d'avancement la réaction d'adsorption du constituant γ de la l'entropie dans le système
phase considérée vers la surface.
dQ dQ'
dS = d es + d iS = +
T T (VI.34)
∂U
= - r ρTV'V"Ω
∂ξ ρ TV'V"Ω
(VI.31) où T est supposée uniforme dans tout le système. Si le système est
où rρ est la chaleur de la réaction ρ (-∆U) = la quantité de chaleur à fermé, les seuls phénomènes irréversibles (en l'absence de convection)
fournir à T, V', V" et Ω constants pour faire avancer de 1 la réaction sont les réactions chimiques et l'adsorption.
ρ. Dès lors, d'après l'inégalité fondamentale de De Donder,
Εn comparant les expressions (VI.25) et (VI.2) on obtient grâce à
Td iS = ∑ A' γdξ′ γ + ∑ Α″ γdξ″ γ + ∑ Α ρdξ ρ ≥ 0
(VI.26-27-28-29-30 et 31) l'expression de dQ : γ γ ρ
(VI.35)
dQ = C V'V"ΩξdT + l' TξdV' + l" TξdV" + b TξdΩ
où A'γ et A"γ sont les affinités d'adsorption de γ et Aρ les affinités de
- ∑ r' γdξ′ γ − ∑ r" γdξ″ γ − ∑ r ρdξ ρ
γ γ ρ réactions. Combinant les relations (VI.2), (VI.34) et (VI.35) on obtient
(VI.32)
dU = TdS - p' dV' - p"dV" + σdΩ − ∑ Α′ γdξ′ γ − ∑ Α″ γdξ″ γ − ∑ Α ρdξ ρ
On peut passer au système de variables T, p', p", Ω , on définit alors une γ γ ρ
fonction enthalpie H ((VI.36)
∂H
C p'p"Ω ξ = De cette expression découlent les expressions des dérivées partielles
∂T
p'p"Ω ξ pour les systèmes fermés :
∂H
b Tp'p"ξ = -σ
∂Ω Tp'p"ξ (VI.33) ∂F ∂F
=−S ; = - A' γ
∂Τ V'V"Ωξ ∂ξ′ γ
∂H TV'V"Ω
r' γTp'p"Ω = -
∂ξ′ γ
Tp'p"Ω etc…
∂F ∂F
= - p' ; = - A" γ
Ecrivons à présent le second principe de la Thermodynamique pour un ∂V'
TV"Ωξ ∂ξ″ γ
système comportant deux phases et une surface. L'entropie totale du
TV'V"Ω (VI.38)
système varie sous l'effet d'un flux entropique provenant du monde
8
∂F ∂F ' a "
= - p" ; = - Aρ
∂V" ∂ξ ρ µ =µ =µ
TV'Ωξ
TV'V"Ω
γ γ γ (VI.42)
∂F
On peut démontrer que
=σ
∂Ω TV'V"ξ a
a ∂F ∂F
µ = =
γ a
∂n γ
a
∂n γ
(VI.43)
VI.6 Potentiels chimiques dans les systèmes capillaires.
Si l'on introduit la densité superficielle d'énergie libre de surface
Dans les systèmes ouverts, la différentielle totale de l'énergie libre
s'écrit: a F
a
f =
Ω (VI.44)
′ ″ a a
dF = - SdT - p' dV' - p"dV" + σdΩ + ∑ µ dn′ γ + ∑ µ dn″ γ + ∑ µ dn γ
γ γ γ
γ γ γ
(VI.39) et l'adsorption
a
Comparant (VI.37) et (VI.39) compte tenu de (VI.23) on montre que nγ
Γγ =
Ω (VI.45)
' a " a
A' γ = µ - µ et A" γ = µ - µ
γ γ γ γ (VI.40) on montre aussi que
∂F
=µ
' De même
∂n' γ a γ
ΤV'V"Ωn"…n
a
∂F ∂F
" σ= =
∂F
=µ ∂Ω ∂Ω (VI.47)
∂n" γ a γ
ΤV'V"Ωn'…n (VI.41)
∂F a et l'on montre que
=µ
a
∂n γ ΤV'V"Ωn'…n" γ
a a
σ = f - ∑ Γ γµ
γ
γ
où F est l'énergie libre de tout le système et pas seulement de la phase (VI.48)
considérée (dont on fait varier le nombre de moles).
A l'équilibre d'adsorption VI.7 Loi de Gibbs des surfaces.
9
a a
dσ = - s dT - ∑ Γ γdµ + ∑ ε′ γdC′ γ + ∑ ε″ γdC″ γ
γ
γ γ γ
RTΓ
c'est- à -dire que σ varie avec les potentiels chimiques des espèces dans γ1
la surface mais aussi avec la composition des cœurs de phases. A
l'équilibre la situation est plus simple, en effet dans ce cas on écrit
(pour les grandeurs relatives à l'adsorption nulle du solvant) ln C'
γ
c
a
dσ = - s 1dT - ∑ Γ γ1dµ γ
γ=2
ou encore, on peut tracer les courbes de σ en fonction de C'γ
(VI.49)
où µγ est la valeur commune (uniforme) du potentiel chimique de γ à
∂σ Γ γ1
l'équilibre dans les phases volumiques et dans la surface. Cette loi est ∂C' γ
=-
C' γ
RT
la loi de Gibbs des surfaces. Elle permet à l'équilibre de déterminer (VI.51)
Γγ . En effet à T constant
Pour diverses solutions aqueuses d' acides organiques à chaîne
carbonée linéaire on obtient les courbes ci-dessous
∂σ
= - Γ γ1
∂µ γ T
Si γ est présent dans une des phases, par exemple dans la solution, on
a pour une solution idéale
∂σ dσ
= = - Γ γ1
∂µ′ γ RTdlnC′ γ
T (VI.50)
σ
" '
mJ / m2 r
vapeur
72
ac. formique liq.
ac. acétique
L'équilibre mécanique de la goutte s'écrit
ac. propionique
2σ
ac. butyrique = p" - p'
r (VI.53)
donc si l'on ne fait pas varier T, on aura grâce à (VI.57) et (VI.56) '
"
r
v"δp" = v'δp' (VI.59)
liq.
d'où
v'
δp" = δp' vapeur
v" (VI.60)
RT p' 2σ
ln = Cette fois, plus la courbure est forte, plus la tension de vapeur est
v" p' o R formule de Kelvin (VI.64) petite. C'est ainsi que l'on explique le retard à l'ébullition en effet, la
tension de vapeur au dessus d'une surface plane d'eau à 100°C est
Cette relation montre que la tension de vapeur p' de la goutte est 1atm. Mais dans une bulle courbe à 100°C cette tension de vapeur est
d'autant plus grande que le rayon de la goutte est petit ( 1/ R grand).
< 1atm. Or, pour que la bulle puisse s'échapper du liquide il faut que
Il en résulte que si un brouillard de gouttelettes d' un corps pur p" dans la bulle soit
comporte des gouttes de diverses grosseurs, les grosses gouttes ayant >1atm. donc ce phénomène ne peut se passer qu'à une température
une moins grande tension de vapeur que les petites, elles grossiront supérieure à 100°C. Ceci explique le retard à l'ébullition.
aux dépens des petites.
Considérons à présent une bulle de vapeur dans un liquide
12
Le tableau ci-dessous donne l'influence du rayon de courbure sur la ten- or nous avons vu que dans chaque phase volumique nous pouvons
sion de vapeur d'une goutte et d'une bulle d'eau écrire
2σ ∂v' EXERCICES.
Lv - Lov = v' - T
R ∂T p' (VI.77)
Plus la bulle est petite, plus grande est la chaleur de vaporisation. CHAPITRE VI.
Le tableau ci-dessous donne les valeurs relatives de la chaleur de
vaporisation du système courbé par rapport au système plan pour une VI.I. Les tensions superficielles de diverses solutions d'acides gras
goutte et une bulle d'eau à 4°C mesurées à 298°K sont reprises dans le tableau ci-dessous en fonction
de l'activité (exprimée en môle par litre) des solutions d'acides gras.
R Goutte Bulle
en cm Lv / Lov Lv / Lov a)Tracez les graphiques vous permettant de déterminer graphiquement
∞ 1 1 les adsorptions relatives des divers acides gras.
10-3 0,999994 1,000006
10-4 0,99994 1,00006 b) Déterminez ces adsorptions relatives pour une activité en solution
10-5 0,9994 1,0006 =0,27 m/l
10-6 0,994 1,006
10-7 0,94 1,06 c) Classez les acides par ordre de tensioactivité croissante.
Acides gras
Ac.acétique σ → 71,5 71 70 69 68 67 66 65
en mJ/m2
Que vaut l'adsorption relative Γ2,1 de l'hexanol pour une concentration Nous avons vu précédemment que toute quantité φ extensive pouvait
Chex. = 0,22mole/l ? varier sous l'effet d'échanges avec le monde extérieur ou par un proces-
sus de création ou de perte au sein du système. Cette décomposition
s'écrit ,
dφ d eφ d iφ
= +
dt dt dt (VII.1)
ρ x, y, z =
δM S = ∫∫∫ s(x,y,z) δV (VII.10)
δV
δV→0 (VII.2) Une loi fondamentale de la thermodynamique des phénomènes ir-
réversibles est la loi dite de l'équilibre local. Cette loi dit que tant que
la densité d'énergie locale : les processus irréversibles qui se déroulent dans le système n'affectent
pas la distribution Maxwellienne des vitesses des molécules du
16
système, les fonctions d'état locales (densité d'énergie, d'entropie etc...) grandeur non orientée : exemple la pression p, la température T, la
dépendent des mêmes variables d'état locales que dans le système à concentration Cγ , le potentiel chimique µ , la densité d'énergie
l'équilibre thermodynamique. interne u, la densité d'entropie s sont des scalaires).
Or lorsque l'on fait le produit d'un vecteur par un scalaire, chacune de
C'est ainsi que l'on écrit localement pour la variation de la densité ses composantes est multipliée par le scalaire on écrit donc dans le cas
d'énergie interne la loi : du produit ∇a :
∂ ∂ ∂
∇= 1x + 1y + 1z a.b = a xb x + a yb y + a zb z
∂x ∂y ∂z (VII.11)
On peut aussi effectuer le produit vectoriel de ∇ par un vecteur a .
Cet opérateur jouit de propriétés analogues à un vecteur ordinaire. On On obtient alors le vecteur rotationnel (curl en anglais) qui décrit la
peut le définir dans tout autre référentiel spatial : par exemple on peut rotation du vecteur a (tourbillons en hydrodynamique). On écrit cette
l'écrire en coordonnées sphériques, cylindriques, elliptiques etc… opération :
Il va nous permettre de déterminer la façon dont varie dans l'espace
toute grandeur fonction des coordonnées x, y ,z. ∇×a ou ∇Λa = rot a = curl a
Considérons par exemple une quantité scalaire a , fonction de x, y ,z.
Si on veut savoir comment varie a dans l'espace on lui applique Comme pour tout produit vectoriel de deux vecteurs a Λ b on obtient
l'opération de dérivation ∇ c'est-à-dire que l'on fait le produit du les composantes du vecteur rot a en effectuant le déterminant
vecteur ∇ par le scalaire a . (Rappelons qu'un scalaire est une
17
Appliquons (VII.17) à la densité de matière ρ. La dérivée substantielle avec vn la composante normale de v prise sur la surface. Si le flux
de ρ s'écrit : est entrant (dM/dt >0), vn <0 . Le sigle ∫∫ symbolise l'intégrale sur
la surface fermée Ω qui entoure le volume total V du système
dρ ∂ρ
= + v. grad ρ
dt ∂t (VII.19)
n
On remarquera que dΩ
dM
= ∫∫ ρ v.dΩ (VII.22)
dt ∫∫∫ ∂ρ∂t δV = - ∫∫∫ div ρv δV (VII.27)
où ρv.dΩ est le produit scalaire du vecteur flux par un vecteur de Comme cette propriété doit être vraie pour tout volume V, si petit soit-
module dΩ (aire élémentaire) porté par la normale extérieure à la il, on peut l'écrire pour un seul élément de volume dV ,dès lors :
surface limitant le volume V
∂ρ
= - div ρv
ρv. dΩ = ρv ndΩ (VII.23) ∂t (VII.28)
19
où σs est la production locale d'entropie dans chaque élément δV. On où ρ = δM / δV est la masse volumique de l'élément δV.
a grâce au théorème de la divergence (VII.24) : Il est commode de définir la vitesse relative du constituant γ par
rapport à la vitesse du centre de masse soit
dS = -
dt ∫∫∫ div φ δ V + ∫∫∫ σ δV
s s (VII.32)
Δ γ = vγ - v
(VII.37)
or pour un volume V fixe cette vitesse relative ou vitesse de diffusion.
dS
dt
= ∫∫∫ ∂s∂t δV On peut encore écrire (VII.35) grâce à (VII.37) :
on écrit donc pour un volume tendant vers δV le bilan local
∂ρ γ
= - div ρ γv γ + σ γ = − div ρ γΔ γ + ρ γv + σ γ
∂s ∂t
= - div φs + σs (VII.33) flux diffusif flux convectif (VII.38)
∂t
20
σ(s)
dérivons par rapport à Xm à Xth constant, on obtient la condition de
minimum de la production d'entropie :
∂σ
= 2 L 2 1X t h + L 2 2X m = 2 J m = 0 c.q.f.d.
∂X m branche
X th
(VII.53) thermodyn.
Cette propriété n'est vraie que tant que les relations linéaires flux- état stat.
forces subsistent ainsi que les lois de réciprocité. X≠0 ; σ(s) ≠ 0
min
N.B. l'équilibre est un état stationnaire particulier pour lequel σ(s) = 0.
Il correspond à l'annulation de toutes les forces Xα. Les états
X
stationnaires proches de l'équilibre correspondent au maintient de équilibre q
certaines forces à une valeur imposée : la contrainte , ici Xth. x =0 ; σ(s) = 0
La valeur que prend σ(s) pour une contrainte fixe dépend de la Production d'entropie en fonction de la contrainte.
contrainte. Dans le voisinage de l'équilibre, la courbe qui enveloppe les
valeurs minimales de la production d'entropie correspondant aux divers VII.7 Exemples de lois phénoménologiques .
états stationnaires obtenus pour des contraintes Xq est appelée
"branche thermodynamique". Quand on s'éloigne de l'équilibre, vers a) Lois de Fourier
des régions où les lois linéaires ne sont plus applicables, le système La première loi de Fourier exprime le flux de chaleur en termes de la
peut évoluer sur une autre branche à la suite d'une instabilité de la force grad(1/T). Elle permet de définir le coefficient de conductivité
branche thermodynamique. thermique : λ dont les dimensions sont celles d'une énergie multipliée
par une longueur par unité de surface , de temps et par °K (en M.K.S
Watts /m °K), soit
1 1 L
W = J q = L qqX q = L qq∇ = L qqgrad = - qq gradT
Τ T 2
T
λ (VII.54)
du m
ρ = - div W
dt (VII.55)
or
du m dT
= cv
dt dt (VII.56)
24
b) Lois de Fick. L1 1 L1 2
J 1 = C 1Δ 1 = A1 + A = a 1 1A1 + a 1 2A2
Τ T 2
(VII.65)
25
L2 1 L2 2
J 2 = C 2Δ 2 = A1 + A = a 2 1A1 + a 2 2A2
Τ T 2
(VII.66) C 2Δ 2 = − D 2gradC 2
(VII.76)
où les vitesses de diffusion des constituants Δγ sont données par la N.B. les coefficients de diffusion varient explicitement avec la
relation (VII.37). composition, mais les aij sont également fonction de Cγ .
En vertu de (VII.61) L'expérience montre qu'en fait D1 et D2 varient peu avec les
concentrations.
C 1Α 1 = − C 2A2
(VII.67) La seconde loi de Fick s'obtient en portant dans le bilan de matière
d'où (VII.40) la première loi de Fick. On obtient alors en l'absence de
C réactions chimiques l'expression
C 1Δ 1 = a 1 1 - a 1 2 1 A1
C2 (VII.68)
et ∂C γ
= - div C γΔ γ = D γdiv gradC γ =D γ ΔC γ
C ∂t (VII.77)
C 2Δ 2 = a 2 2 - a 2 1 2 A2
C1
(VII.69) On remarquera la similitude de cette équation et de la deuxième
Pour un gaz parfait ou pour une solution diluée en l'absence de force équation de Fourier, les coefficients de diffusion ont d'ailleurs les
extérieure on a mêmes dimensions que le coefficient de diffusivité thermique (dites
pourquoi).
RT
Aγ = - grad µ γ = − grad C γ
Cγ
(VII.70) VII.8 Exemples de couplages entre phénomènes vectoriels.
d'où combinant (VII.68 -69 -70)
a1 1 a1 2
C 1Δ 1 = − - RT grad C 1 Diffusion dans les systèmes non-isothermes.
C1 C2
(VII.71) Dans un système binaire non isotherme, la production d'entropie s'écrit
a2 2 a2 1 1 1
C 2Δ 2 = − - RT grad C 2 σs = C Δ Α + C 2Δ 2Α 2 + WAt h > 0
C2 C1 T 1 1 1 T (VII.78)
(VII.72)
on appelle coefficients de diffusion les grandeurs : on peut montrer facilement que pour un système non convectif, les flux
de diffusion du solvant et du soluté dans un système binaire dans le
a1 1 a1 2 référentiel attaché au solvant sont égaux et de signe contraire on a
D 1 =RT -
C1 C2 (VII.73) donc
et
a2 2 a2 1 C 1Δ 1 = − C 2Δ 2
D 2 =RT - (VII.79)
C2 C1
(VII.74)
Les lois flux-forces s'écrivent
d'où l'expression usuelle de la première loi de Fick
C 1Δ 1 = a 1 1A1 + a 1 2A2 + a 1 3At h
(VII.80)
C 1Δ 1 = − D 1gradC 1
(VII.75)
26
C Tot RT ∂f 2N 2 a
C 2Δ 2 = a 2 1A1 + a 2 2A2 + a 2 3At h C 2Δ 2 = − a 2 2 gradN 2 - 2 3 gradT
(VII.81) C 2 f 2N 2 ∂N 2 2
T (VII.92)
W = a 3 1A1 + a 3 2A2 + a 3 3At h (VII.82) C Tot RT ∂f 2N 2 a3 3
W = − a1 3 gradN 2 - gradT
C 2 f 2N 2 ∂N 2 2
combinant (VII.79-80-81-82) on tire que
T (VII.93)
a 1 1 = - a 2 1 ; a 1 2 = -a 2 2 ; a 1 3 = - a 2 3 (VII.83) on pose
a 2 2 RT ∂f 2N 2
comme de plus en vertu du principe de réciprocité D2 =
C 2 f 2N 2 ∂N 2 (VII.94)
a1 2 = a2 1 (VII.84)
et l'on a la forme simple des lois :
on peut écrire a2 3
C 2Δ 2 = − D 2C TotgradN 2 - gradT
2
T (VII.95)
C 1Δ 1 = a 1 1 A1 - A2 + a 1 3At h
(VII.85) et
a1 3 a
W=− D C gradN 2 - 3 3 gradT
a 2 2 2 Tot 2
C 2Δ 2 = a 2 2 A1 - A2 + a 2 3At h (VII.86)
T (VII.96)
C 2Δ 2 = − D 2C TotgradN 2
grâce à (VII.67) (VII.97)
et
C1 a1 3
C 2Δ 2 = a 2 2 1 + A + a 2 3At h W=− D C gradN 2
C2 2 (VII.88) a 2 2 2 Tot
(VII.98)
C1
W = a1 3 1 + A +a A Il apparaît un flux de chaleur quoique grad T = 0. Si l'on veut
C2 2 33 th (VII.89)
maintenir l'uniformité de T on doit chauffer la région où N2 est le
en utilisant les formes explicites des affinités plus faible pour empêcher le flux de chaleur. Si on ne le fait pas, il va
s'installer un gradT provoqué par la diffusion: c'est l'effet Dufour.
RT ∂f 2N 2 Cet effet a été observé dans les gaz mais pas dans les liquides.
A2 = - gradN 2
f 2N 2 ∂N 2 (VII.90)
Si l'on impose gradN2 = 0 et gradT ≠ 0
1
At h = - 2
gradT
a3 3
T (VII.91) W=- gradT = - λ gradT
2
T (VII.99)
on obtient et
27
a2 3 a2 3
ρ 2Δ 2 = − gradT ρ 2Δ 2 = 0 et gradN 2 = - gradT
2 2
D 2C TotT
Τ (VII.100) (VII.101)
A KCl B
T
2
N
2
+
grad T sol.1 sol.2
Br
2
Le brôme et l'azote se séparent par effet Soret, comme le signe du φ A − φ Β = φ Α − φ sol 1 + φ sol 1 − φ sol 2 + φ sol 2 − φ Β
(VII.102)
coefficient d'interférence est dans ce cas >0 , le brôme s'accumule dans
potentiel de jonction
la zône froide qui se colore en marron (couleur du brôme) alors que la
zône chaude devient incolore (l'azote étant incolore).Le maintien de
comme le système ne débite pas, les valeurs φA − φsol 1 et φB− φ sol 2
gradT a donc pour effet de faire apparaître un gradN2 . Le phénomène
sont les valeurs d'équilibre. Il n'en est pas de même de φsol 1 - φsol 2
de thermodiffusion s'arrête lorsque gradN2 est suffisant pour
qui est typiquement une différence de potentiel liée au non équilibre de
combattre l'effet de gradT de telle sorte que le flux de diffusion
la jonction liquide (diffusion des ions dans le pont).
s'annule. On a alors:
28
Définissons les vitesses de diffusion Δi1 des ions i par rapport au ∑ gradµ j∑ a i jz i
j i
solvant ( 1 = eau) ∑z i ∑ a i j z j Fgradφ + gradµ j =0 ⇒ gradφ = −
1 i j F ∑ ∑ z iz ja i j
Δ i = vi - v1
i j (VII.110)
(VII.1O3)
vitesse du solvant
on appelle coefficient de transport de l'ion j la grandeur
le flux de chaque ion est
1
z j∑ a i jz i
i°j i
J i = C iΔ i (VII.104) tj = =
i° ∑ ∑ z iz ja i j
i j (VII.111)
Par définition Δ11 = 0 d'où J1 = 0 .
Les lois phénoménologiques s'écrivent où i°j et i° sont respectivement le courant transporté par l'ion j sous
le seul effet de gradφ et la densité de courant totale en l'absence de
J i = ∑ a i jAj gradµj.
j où a i j = a j i (VII.105)
De (VII.110 et 111) on tire
tj RT t
La densité de courant ionique i (courant par unité de surface de
gradφ = − ∑
F zj
gradµ j = −
F ∑ zjj grad ln a j
j j (VII.112)
l'électrode) est donnée par
Pour un pont de jonction contenant un électrolyte mono-monovalent
i = ∑ zi F J i
i où F est le Faraday (96500 Clb) (VII.106) (ex.KCl) de concentration C+ = C- = C , z+ = z- = 1 et a+ = a- = f±C il
vient
à courant nul i = 0
+ - RT
gradφ = − t - t grad lnf ±C
F (VII.113)
i = 0 = ∑ z i FJ i ⇒ ∑ z iJ i = 0
i i (VII.107)
ou encore Si les ions + et - ont la même mobilité (même nombre de transport)
∑ z i ∑ a i jAj = 0 gradφ = 0.
i j (VII.108)
Exercice.
Rappelons que l'affinité de diffusion d'un ion j est égale à moins le Une pile de concentration est constituée de 2 électrodes d'argent
gradient de son potentiel électrochimique soit chloruré plongeant respectivement dans une solution de KCl d'activité
10-1 m/l et dans une solution de KCl 10-4 m/l. Le pont de jonction est
Aj = - gradµ j = − gradµ j − z j Fgradφ
(VII.109) rempli d'une solution de KCl 10-4 m/l. Le gradf±C qui s'établit entre
le pont et la solution 10-1 est supposé linéaire ainsi que la différence
Combinant (VII.108) et (VII.109) il vient: de potentiel qui en résulte. La différence des coefficients de transport t
+ - t- = 0,01.
29
Que vaut le potentiel de jonction? (la température est maintenue = φ A = φ Β et l' équilibre se réalise pour p A = p Β
298°K).
Dès que l'on applique les forces
b) Phénomènes électrocinétiques.
Electrosmose. Δφ = φ Α − φ Β
et/ou
Δp = p A - p B
capillaire il y a écoulement de matière et transport de
A B
+ - charges électriques.
Soit J le débit en volume de la solution (flux de matière) et I le débit
de charges (courant électrique à travers la paroi perméable) les lois
phénoménologiques s'écrivent dans ce cas:
A et B sont des solutions ioniques identiques. On applique un champ
électrique de A vers B. Supposons que les ions négatifs sont adsorbés Δφ Δp
I = L1 1 + L1 2
Τ T
sur la paroi du capillaire; ils ne peuvent pas se déplacer dans le
capillaire (car "collés" à la paroi). Les ions positifs se dirigent vers Δφ
J = L2 1 + L2 2
Δp
l'électrode négative. Ces ions constituent une couche diffuse le long du T T (VII.114)
capillaire, celle-ci va se déplacer en entraînant par viscosité le liquide
contenu dans le capillaire. Le champ provoque donc le mouvement du
liquide , c'est le phénomène d'électroosmose. Ce procédé est utilisé
notamment pour dessaler l'eau de mer. En pratique on remplace le
capillaire par une paroi poreuse perméable.
piston piston
A B
+ -
p p
A B
φ φ
A B
paroi poreuse
EXERCICES. C
CHAPITRE VII.
3
VII.I. Les parois d'un réfrigérateur sont isolées à l'aide d'une couche de
laine de roche de conductivité thermique = 0,45 W/m°K et d'épaisseur =
10 cm. Si l'on admet que la température varie linéairement dans la
laine de roche et que le thermostat régule à une température de 2°C
pour une température extérieure de 25°C,
a) que vaut le gradient de température ? 0,1
b) que vaut le flux de chaleur ? z
-7 cm
c) que vaut la source d'entropie (exergie) associée à ce phénomène 1 10 0,2
irréversible? concentration du sucre en fonction de la distance
à la surface du solide
Exprimez toutes ces grandeurs dans les unités M.K.S.A.
J -4 3 -1 -1
= 10 m s A
I
Δp=0
dξ 1 dn γ
v= =
dt ν dt
CHAPITRE VIII : CINETIQUE CHIMIQUE. DEFINITIONS γ (VIII.1)
ET GENERALITES. C'est donc une grandeur extensive. Lorsqu'on double le nombre des
produits réagissant pour une même pression ,une même température et
une même fraction molaire, la vitesse double.
VIII.1. Thermodynamique et cinétique chimique.
Pour avoir une grandeur intensive qui ne dépende pas de l'étendue du
Se basant sur deux principes fondamentaux de conservation de système, on considère d'habitude le vitesse par unité de volume v = v/V
l'énergie et de la création d'entropie positive, la thermodynamique qui pour un système uniforme,à volume constant s'écrit :
chimique permet de prédire la quantité de chaleur qu'un système siège
d'une réaction chimique échangera avec le monde extérieur, ainsi que v 1 dC γ
v= =
le sens dans lequel évoluera la réaction. V ν dt
γ (VIII.2)
De plus, grâce à l'introduction des constantes d'équilibre, la
Soit par exemple une réaction
composition d'équilibre du système pourra être calculée pour toute
température et pression.
A+B↔C
La cinétique chimique a pour but de prédire la vitesse à laquelle se
la vitesse de cette réaction est donnée par la différence de la vitesse
déroulera une réaction en termes des concentrations des produits
directe v de formation de C (ou composante progressive) et de la
réagissant ou de produits intermédiaires intervenant dans le
vitesse inverse v (ou composante régressive) soit :
mécanisme réactionnel. Cette approche requiert donc une
connaissance fine du détail des diverses étapes élémentaires dont la
v =v -v (VIII.3)
combinaison restitue la réaction globale considérée.
v = k C N 2O 5
Sur ces quelques exemples nous constatons qu'il n'y a pas de lien
Cette réaction est donc d'ordre 1 par rapport au peroxyde d'azote alors
nécessaire entre la stœchiométrie de la réaction globale et l'ordre
que le cœfficient stœchiométrique de ce réactif vaut 2. On voit donc ici
réactionnel. On en a conclu que la réaction globale doit être considérée
qu'il n'y a pas de lien nécessaire entre la stœchiométrie et l'ordre. Par
comme la superposition de plusieurs actes réactionnels élémentaires.
contre pour la réaction
34
L'une de ces réactions élémentaires (en général la plus lente , étape répondant à la règle de Van't Hoff peut être constituée par la
limitante) règle la vitesse réactionnelle. succession de plusieurs actes élémentaires.
Cette règle dit que lorsqu'une réaction est un acte élémentaire, l'ordre C + D → Produits ( réaction lente , étape limitante ) (2)
partiel par rapport à chaque constituant, s'identifie au cœfficient
stœchiométrique, l'ordre global s'identifiant à la molécularité. La La réaction lente imposant la vitesse du phénomène global, on a
molécularité d'une étape élémentaire est le nombre d'entités
réagissantes (molécules, atomes, ions, groupes moléculaires ou v = k[C].[D]
radicalaires) qui interviennent dans le choc efficace qui permet à la
réaction d'avancer. où le symbole [ ] représente l'activité (ou produit de la concentration
par le cœfficient d'activité cf.partie I) du produit mis entre crochets.
exemple: Cette notation permet de généraliser l'exposé au cas des systèmes non
idéaux. Pour les systèmes idéaux, ce crochet se résume à la
La réaction de synthèse de l'acide iodhydrique se réduit à l'acte concentration.
élémentaire bimoléculaire
D'autre part, la première réaction étant à l'équilibre, on a
H 2 + I 2 → 2 HI
[C] = K [A].[B]
deux molécules sont responsales du choc efficace: la molécule
d'hydrogène et la molécule d'iode. La molécularité est donc 2; d'autre où K est la constante d'équilibre de la première réaction. En
part, la vitesse de la réaction est à chaque instant proportionnelle au substituant [C] par sa valeur tirée de cette relation, dans l'expression
nombre de molécules restantes de H2 et de I2 son ordre global est de la vitesse, il vient :
donc 2. Cette réaction répond donc bien à la règle de Van't Hoff.
v = kK[A].[B].[D]
L'expérience montre que les réactions dont on peut établir qu'elles se
réduisent à un acte élémentaire sont la plupart du temps Les réactions (1) et (2) sont équivalentes à la réaction globale
bimoléculaires. Quelques unes sont monomoléculaires et
exceptionnellement, on peut en trouver de trimoléculaires. On montre A + B + D → Produits (3)
que tout acte élémentaire doit répondre à la règle de Van't Hoff,
toutefois la réciproque n'est pas nécessairement vraie. Une réaction
35
On pourrait donc croire que la réaction globale dont l'ordre correspond intervenant dans l'étape élémentaire limitante. Soit par exemple une
ici à la stœchiométrie, est une réaction élémentaire alors qu'elle est en étape élémentaire
fait la combinaison de deux étapes. Le fait qu'une réaction réponde à la
règle de Van't Hoff ne donne donc qu'une présomption en faveur du fait A+B→P+R
qu'elle soit une étape élémentaire car le critère de Van't Hoff n'est pas
une condition suffisante pour qu'il s'agisse d'un acte élémentaire. Les espèces réagissantes A et B sont supposées en équilibre avec leur
forme activée respective A* et B* de telle sorte que l'on a
A ↔ A* et B ↔ B*
CHAPITRE IX : THEORIES DE LA CINETIQUE Soit KA et KB les constantes d'équilibre des réactions d'activation on
CHIMIQUE. a donc
La théorie cinétique des gaz montre que ce nombre de chocs varie on voit donc que la constante cinétique k liant la vitesse aux activités
comme la racine carrée de la température. On devrait donc s'attendre à des espèces non activées A et B s'identifie à
une dépendance en racine de T de la vitesse ce qui n'est pas le cas. En
k = k*K AK B (IX.3)
effet, lorsque l'on passe de 373°K à 383°K, la vitesse selon la théorie
cinétique des gaz devrait être multipliée par un facteur 1,015 alors que
dans de nombreux cas elle est doublée, pour certaines réactions on où les constantes d'équilibre KA et KB sont liées à la température
observe un facteur beaucoup plus important que 2 pour une élévation par les relations
de T de 10°K.
dlnK A ε A dlnK B ε Β
= et =
IX.2. Théories de l'activation -loi d'Arrhenius. dT
RT
2 dT
RT
2
(IX.4)
Ces constatations expérimentales ont amené Arrhénius à introduire où les grandeurs εΑ et εΒ sont respectivement les énergies
son hypothèse de l'activation. Selon cette théorie, seules les espèces qui
d'activation de la molécule A et de la molécule B . Par intégration des
sont dans un état "activé" qui leur confère une énergie plus grande,
relations (IX.4) il vient, si l'on admet que les énergies d'activation ne
pourront entrer en réaction. Cette théorie de l'activation rend donc la
dépendent pas de T
vitesse d'une réaction proportionnelle aux activités des espèces activées
36
où l'énergie d'activation de la réaction directe ε est donnée par εΑ + lnk* + ln ab = constante (IX.8)
εΒ
Le profil d'énergie potentielle en fonction du chemin réactionnel, Si l'hypothèse de constance (IX.8) est vérifiée, la loi (IX.7) indique que
lorsque l'on passe des espèces A et B non activées aux espèces lnk est une fonction linéaire de 1/T dont la pente vaut l'énergie
activées A* et B* puis aux produits de la réaction P et R est d'activation.
illustré par le schéma qui suit
→
lnk
E
pot
A* + B*
→
ε
→
ε
∆U ←
ε
1/ T
A+B P+R chemin Expérimentalement on observe une loi linéaire de ce type notamment
réactionnel
pour la synthèse en phase gazeuse de HI . Rappelons toutefois que
pour arriver à la relation (IX.7) on a supposé que les énergies
La thermodynamique nous donne un critère de possibilité d'évolution d'activation sont indépendantes de T ,hypothèse restrictive. En toute
de la réaction A + B → P + R sur la base du signe de son affinité A = - généralité, il faut tenir compte d'une variation de ε avec T. Cette
( ∂F / ∂ ξ )TV mais elle ne nous renseigne pas sur la vitesse à laquelle dépendance de T entraine une déviation à la loi linéaire schématisée
va se dérouler la réaction. Selon Arrhénius cette vitesse de réaction ci-dessus.
sera essentiellement conditionnée par la valeur de l'énergie d'activation
ou barrière de potentiel qu'il faut franchir pour que la réaction puisse IX.3. Théorie d'Eyring des vitesses absolues de réaction.
se dérouler à une vitesse appréciable.
37
L'étude des réactions qui ne répondent pas à la loi linéaire a amené Dans cette approche, afin d'évaluer le facteur k* apparaissant dans la
Eyring et Polanyi à proposer des améliorations à l'ancienne théorie relation (IX.6) ils ont supposé que lors de l'étape d'activation, les
d'Arrhénius. Une première amélioration a consisté à s'affranchir des espèces réagissantes forment un "complexe activé" qui se comporte
constantes d'intégration a et b apparaissant dans les équations comme une seule entité jouissant d'une durée de vie moyenne. C'est le
(IX.5) en utilisant les relations thermodynamiques liant les constantes nombre de complexes qui se brisent par unité de temps qui détermine
d'équilibre KA et KB aux affinités standard d'activation (affinités la vitesse de réaction.
standard des réactions A ↔ Α∗ et B ↔ B*) soit
Dans le cas de la réaction considérée plus haut, le complexe formé
serait donc une combinaison (AB)* et la vitesse de réaction serait
’ ’
A A / RT A B / RT
KA= e et KB = e (IX.9) proportionnelle à l'activité de ce complexe activé. Le facteur de
proportionalité étant la fréquence de décomposition du complexe,
Or, nous avons vu en thermodynamique que l'affinité est liée à la calculable par la mécanique statistique et égal à kT/ h où k est la
chaleur de réaction - (∂U /∂ξ) par la relation
constante de Boltzmann (k = R/ N =1,38 10-23Joule/molécule °K) et h
la constante de Planck (h = 6,62 10-34Joule.s).
∂U ∂S
A= - +T
∂ξ TV ∂ξ TV
(IX.10) v=
kT
[AB*] avec
A'
[AB*] = K [A].[B] = e RT [A].[B]
h (IX.12)
Cette relation s'écrit aussi pour les parties standard de l'affinité, de la
chaleur de réaction et de l'entropie réactionnelle (∂S / ∂ξ). Comme Cette relation permet le calcul a priori de la vitesse de réaction, c'est
l'énergie d'activation ε qui apparaît dans la théorie d'Arrhénius pourquoi
s'identifie à la chaleur standard d'activation changée de signe ( rTV' = la théorie d'Eyring est appelée théorie des vitesses absolues de
- (∂U / ∂ξ)TV' = - ε) il est facile de montrer que les constantes réaction.
d'intégration a et b sont liées à la variation d'entropie lors de la D'après Eyring, le mécanisme de la transformation comprendrait deux
formation des espèces activées. étapes
Eyring et Polanyi ont été plus loin dans l'étude des "vitesses absolues A + YZ ↔(AYZ)* → AY + Z
de réaction" qui devaient permettre de calculer a priori la vitesse de
réaction à partir de raisonnements basés sur la mécanique statistique.
38
EXERCICES. 1
N 2O5 → N 2O4 + O en présence de N 2O5 solide
2 2
dx
La vitesse ne dépend donc pas de la concentration de A . Il y a peu de v= =k a-x
dt (X.2)
réactions de cet ordre. Elles sont toutes hétérogènes.
Exemples : et par intégration en supposant x = 0 en t = 0 ,
1 a-x
En prenant le logarithme de (X.3) on a ln = kt + constante
a-b b-x (X.7)
a
kt = ln
a-x (X.4) En t = 0 , x = 0 d'où la constante = (ln a/ b ) / (a - b) et donc :
1 ba - x
Le graphique de ln(a/ a-x) en fonction de t permet de déterminer k ln = kt
(pente de la droite. Le temps de demi-réaction t1/2 est obtenu pour x
a-b ab - x (X.8)
= a/2 d'où
On obtient k en portant en graphique le membre de gauche de (X.8) en
ln2 fonction de t (pente).
t 1/2 =
k (X.5)
2°) Les concentrations initiales sont les mêmes a = b .
Exemples de réactions d'ordre un :
L'équation cinétique s'écrit alors :
C 3H 6 cyclopropane → C 3H 6 propylène
dx 2
= ka - x
dt (X.9)
C 4H 8 cyclobutane → 2 C 2H 4
Soit A + B → C + D . En t=0 , [A]° = a , [C]° = 0 , [B]° = b , [D]° = 0 . Exemples de réactions d'ordre deux :
en phase gazeuse H2 + I2 → 2 HI
1°) Les concentrations initiales des réactifs sont différentes : a > b.
2 HI → H2 + I2
En t > 0 , x moles / litre de A ont réagi avec x moles/ litre de B et 2 NO2 → 2 N2 + O2
ont donné naissance à x moles / litre de C et x moles / litre de D .
+ - - +
Il reste à cet instant (a-x) moles /litre de A et (b-x) moles / litre de B . en phase liquide CH 3-CO2C 2H 5 + Na OH → C 2H 5OH + CH 3-CO2Na
dx dx
v= = k. a - x b - x d' où kdt = Réactions d'ordre trois.
dt a-x b-x (X.6)
Ces réactions sont extrêmement rares. Elles sont le plus souvent CH 3CO2C 2H 5 + H 2O ↔ CΗ 3CO2H + C 2H 5OH
Ex :
d'ordre deux par rapport à un des constituants et d'ordre un par
rapport à l'autre constituant. La réaction inverse qui entre en compétition avec la réaction directe
n'est pas nécessairement du même ordre que cette dernière.
2A+B→P en t = 0 , [A]° = a et [B]° = b
t > 0 [A] = (a - 2 x) et [B] = (b - x) X.6. Equilibre et vitesse de réaction.
dx 2
= k a - 2x b - x Considérons la réaction : aA + bB + cC + … ↔ lL + mM + …
d'où dt (X.11)
La vitesse de cette réaction résulte de deux vitesses inverses v et v . A
l'équilibre, v = 0 c'est-à-dire v = v .
L'intégration avec la condition initiale x = 0 pour t = 0 donne :
2 NO + O2 → 2 NO2 d'où
λ’ - λ µ’ - µ
2 NO + Cl2 → 2 NOCl 3H → H2 + H k
=
L éq Méq …
k α − α’ β − β’
X.5. Réactions inversibles. Aéq B éq … (X.16)
Les équations cinétiques vues dans les paragraphes précédents En thermodynamique on a vu que la constante d'équilibre K(T) est
supposaient que les réactions chimiques se déroulaient jusqu'à obtenue par la loi d'action des masses :
épuisement d'au moins un des constituants réactifs ou de tous s'ils se
trouvaient dans un rapport stœchiométrique. La réaction est alors dite l
L éq Méq …
m
A l'équilibre qui doit être considéré comme un état où il y a autant de Les relations (X.16) et (X.17) exprimant un même état d'équilibre,
molécules réagissant vers la droite que vers la gauche, la concentration doivent être équivalentes. On doit donc pouvoir trouver un nombre z
des divers constituants devient indépendante du temps. tel que
za = (α - α') , zb = (β - β') , zl = (λ' - λ) , zm = (µ' - µ) .
42
Les ordres partiels des réactions directe et inverse ne sont donc pas
quelconques par rapport aux cœfficients stœchiométriques. Dans le cas H• + HBr → H2 + Br• (k4)
d'une réaction élémentaire et en phase homogène, z pourra prendre la
valeur z = 1. et enfin la réaction de rupture de chaîne
Le mécanisme d'ensemble d'une réaction globale est souvent beaucoup dans cette dernière étape, M sert à capter l'énergie de recombinaison
plus compliqué que les simples mécanismes élémentaires que nous des deux atomes de brome. De ce modèle on calcule
avons vus plus haut.
d HBr
= k 2 Br• . H 2 +k 3 H• . Br 2 - k 4 H• . HBr
Par exemple, la réaction de synthèse de l'acide bromhydrique à l'état dt (X.19)
gazeux, dont l'équation globale est
Nous allons supposer que les radicaux libres Br• et H• sont à l'état
H 2 + Br 2 ↔ 2 HBr stationnaire c'est à dire que leur concentration ne varie pas dans le
temps, ce qui nous permet d'écrire
a une vitesse de réaction qui suivant les expériences faites par
d Br• 2
Bodenstein est donnée par dt
= 0 = 2k 1 Br 2 . M - k 2 Br• . H 2 + k 3 H• . Br 2 + k 4 H• . HBr - 2k 5 Br• . M
1 (X.20)
k H 2 Br 2 2 d H•
d HBr = 0 = k 2 Br• . H 2 - k 3 H• . Br 2 - k 4 H• . HBr
dt
=
HBr
dt (X.21)
1 + k'
Br 2 (X.18)
En additionnant (X.20) et (X.19) membre à membre il vient
Cette équation cinétique a été expliquée par le mécanisme suivant :
k1
une première étape d'initiation de cette réaction est l'étape k 1 Br 2 = k 5 Br•
2
d' où Br• = Br 2
bimoléculaire k5 (X.22)
d HBr
où M est n'importe quelle molécule présente qui se retrouve intacte à = 2k 3 H• . Br 2
dt (X.23)
la fin de cette étape mais qui apporte au brome l'energie nécessaire à sa
dissociation sous forme de deux radicaux libres Br•; viennent ensuite
Or, de (X.21) on peut tirer
des étapes de propagation
k1 1
Br• + H2 → HBr + H• (k2) k2 . H 2 . Br 2 2
k 2 Br• . H 2 k5
H• = et donc grâce à (III.22) =
H• + Br2 → HBr + Br• (k3) k 3 Br 2 + k 4 HBr k 3 Br 2 + k 4 HBr
(X.24)
43
grâce à (X.24) , (X.23) s'écrit dit "positif" s'il accélère la réaction et "négatif" (ou inhibiteur) s'il la
ralentit. On rencontre deux grands groupes de catalyse : 1°) la catalyse
k1 1 homogène où le catalyseur appartient à la même phase que les corps
2k 2 H 2 . Br 2 2
d HBr k5 réagissants 2°) la catalyse hétérogène où le catalyseur appartient à
=
dt k 4 HBr une phase différente (par exemple un solide mis en contact avec des gaz
1+ réagissant). Dans la catalyse héterogène, tout le phénomène
k 3 Br 2 (X.25) catalytique se passe à la surface de séparation de deux phases.
Expression en accord avec la forme expérimentale de la loi obtenue par 1°) Catalyse homogène.
Bodenstein (X.18) dans laquelle on peut dès lors identifier les
cœfficients expérimentaux k et k' respectivement à L'action du catalyseur est de rendre possible un mécanisme réactionnel
qui n'aurait pas lieu en son absence. Par exemple, en présence d'une
k1 k4 trace d'iode gazeux, la vapeur d'acétaldéhyde se décompose suivant le
2k 2 et
k5 k3 mécanisme
Quant au catalyseur, il ira dissiper par choc l'excédent d'énergie rencontre de groupes d'atomes ou de fonctions capables d'entrer en
recueillie. Ce mécanisme peut se représenter comme la formation réaction.
temporaire d'un complexe avec le catalyseur C suivant le mécanisme
Dans le cas de l'adsorption chimique, le mécanisme catalytique passe
A• + B• → (AB)* par une étape intermédiaire localisée sur la surface. On peut imaginer
le schéma suivant de catalyse par un solide d'une réaction entre deux
(AB)* + C → ABC → AB + C* molécules gazeuses adsorbées chimiquement. Les deux molécules
susceptibles d'entrer en réaction s'adsorbent chimiquement en formant
C* + M → C + M des liens covalents avec le solide aux dépens de la liaison
intramoléculaire. Le relachement de cette liaison permet
Quel que soit le mode d'action du catalyseur, il a toujours pour effet soit l'établissement d'une liaison entre les radicaux atomiques
d'introduire une nouvelle étape dans le mécanisme réactionnel, soit de "chimisorbés" des espèces différentes. La molécule AB formée peut
rendre efficace une étape existante. alors se désorber si le lien AB formé l'emporte sur les forces
d'interaction entre le solide et la nouvelle molécule formée.
Les inhibiteurs agissent en général en favorisant la destruction d'un
composé intermédiaire sans lequel la réaction ne peut se faire ou en Notons que la catalyse ne modifie pas l'affinité d'une réaction, elle
provoquant la désactivation rapide des molécules activées. Si une modifie uniquement sa vitesse. Des réactions à affinité positive
molécule activée est désactivée en un temps plus court que celui qui lui peuvent être d'une telle lenteur en l'absence de catalyseur, qu'à
est nécessaire pour rencontrer une autre molécule activée, elle ne l'échelle humaine elles ne se déroulent pas de manière observable
pourra réagir. D'une manière générale, les inhibiteurs sont des (vitesse pratiquement nulle) alors qu'en présence de catalyseur elles
briseurs de chaînes. peuvent être très rapides.
2°) Catalyse hétérogène. La catalyse revêt donc une importance industrielle énorme. Ne citons
que quelques exemples de procédés industriels utilisant la catalyse tels
La catalyse hétérogène est essentiellement liée au phénomène que la synthèse de l'ammoniac sur du fer finement divisé, l'oxydation
d'adsorption. Lorsqu'un gaz se trouve enprésence d'un solide, on de SO2 en SO3 sur Pt , sur Fe2O3 ou sur V2O5 dans la fabrication de
constate qu'à la surface du solide se forme une couche d'une ou de H2SO4 ,la synthèse du méthane sur Ni, la synthèse du méthanol sur
plusieurs assises moléculaires de gaz dont les molécules sont beaucoup ZnO, le cracking catalytique des pétroles, la synthèse du caoutchouc
plus rapprochées que dans la phase gazeuse. C'est la couche adsorbée. artificiel et de certains plastiques etc…
Il y a deux types d'adsorption : Parmi les inhibiteurs (catalyse négative) citons les antidétonnants
1° l'adsorption chimique où les molécules du gaz forment une véritable empêchant l'inflammation explosive des gaz dans les moteurs à
combinaison chimique avec les atomes du solide. Les forces mises en combustion, les antioxygènes empêchant la combustion spontanée des
jeu sont alors des forces de valence. combustibles et des explosifs.
2° l'adsorption physique lorsque les molécules du gaz sont retenues par
des forces de cohésion à la surface du solide, sans qu'il y ait X.9. Cinétique hétérogène.
combinaison chimique entre le solide et le corps adsorbé. Toutefois, ces
molécules "physisorbées" peuvent être orientées par l'attraction du Les mécanismes réactionnels que nous avons vus jusqu'à présent, à
solide et même déformées, ce qui peut augmenter les chances de l'exception de la catalyse hétérogène, concernaient essentiellement des
45
réactions homogènes (se déroulant dans une même phase). Nous allons
aborder à présent l'étude de réactions qui se déroulent entre deux (ou
plusieurs) phases différentes et qui sont localisées à l'interface qui métal
sépare ces phases. Lorsque la réaction progresse, cette interface se O
déplace et l'on appelle cette interface réactive mouvante le "front de 2
V
réaction". C'est cette interface mouvante qui rend très difficile le
traitement cinétique des phénomènes chimiques.
EXERCICES. k
CHAPITRE X. C 6H 5-N=N-Cl → C 6H 5Cl + N 2
H 2 + I 2 →2ΗΙ
Cette réaction est catalysée par H+. Dans une solution 1N de HCl à
25°C la constante cinétique directe = 0,0001482 et la constante
On force la réaction à se dérouler uniquement dans le sens direct en
cinétique inverse = 0,000677. La concentration initiale de l'acétate de
méthyle dans la solution est 1,151 moles / l et celle de H2O est 48,76 éliminant HI du réacteur au fur et à mesure de son apparition. La
réaction se déroule à T + 370°C ; la concentration initiale de I2 vaut
moles /l.
0,05m/l. La quantité de I2 transformée par litre au cours du temps (x)
La concentration initiale de l'alcool (méthanol) et de l'acide acétique est
nulle. est mesurée et les résultats suivants sont relevés :
a) Calculez le % d'ester transformé en 60 min. t 0 60 120 240
b) le % d'ester transformé à l'équilibre en min.
c) le % d'ester transformé en 60 min. si la réaction inverse est négligée. x 0 0,0188 0,0273 0,0353
en mole/l.
X.III. Le chlorure de diazobenzène C6H5-N=N-Cl se décompose en a) que vaut la constante cinétique directe de cette réaction? (en l/mole
min.)
solution suivant une réaction d'ordre 1 donnée par
b) que vaut en minutes le temps de demi-réaction?
c) sachant que l'énergie d'activation de cette réaction vaut 39,5
kcal/mole, et qu'elle est supposée constante dans le domaine de
47
température étudié, à quelle température la réaction aura-t-elle une a) déterminez l'ordre global de la réaction directe
constante cinétique double de celle calculée à 370°C, dans l'hypothèse b) déterminez la constante cinétique directe
d'Arrhénius? c) écrivez l'équation cinétique correspondant à ce mécanisme
d) calculez le temps de demi réaction sachant que la concentration
X.V. On a relevé au cours du temps la concentration CA ainsi que la initiale des deux réactifs vaut 5 10-2 m/l
vitesse v de transformation d'une substance organique A (N-
chloroacétanilide) subissant une réaction d'isomérisation dont on ne X.VII. La bromuration de l'acétone répond à l'équation globale
connaît pas le mécanisme réactionnel. Déterminez l'ordre de réaction stœchiométrique
par rapport au produit qui disparaît ainsi que la constante cinétique.
Br 2 + CH 3-CO-CH 3 → CH 3-CO-CH 2Br + HBr
t 900 1800 2700 3600 4500 acétone bromacétone
en s.
CA La vitesse de cette réaction est donnée par
18,1 13,3 9,7 7,1 5,2
en g./l. dC Br 2 dC HBr
v 61,8 46,2 33,1 24,2 17,7 v=-
dt
=
dt
en g./l.s.
La réaction est catalysée par H+et le schéma suivant rend compte de le
cinétique réactionnelle
X.VI. Les valeurs des concentrations de NaOH et de l'acétate d'éthyle
au cours de la réaction de saponification ainsi que la vitesse directe de +
CH 3-CO-CH 3 + H →CH 3-COH=CH 2 + H
+
(a)
la réaction:
CH 3-COH=CH 2 + Br 2 →CH 3-CBrOH-CH 2Br (b)
CH 3COOC 2H 5 + NaOH = C 2H 5OH + CH 3COONa
CH 3-CBrOH-CH 2Br → CH 3-CO-CH 2Br + HBr (c)
sont reprises dans le tableau suivant :
avec v = v a=v b=v c
v 1,1 10- 2,75 1,1 10- 2,75 1,1 10-
m/l sec 5 10 -6 7 10 -8 11 A concentration constante en H+ la vitesse répond à l'équation
Conc.a 1 10-2 5 10-3 1 10-3 5 10-4 1 10-5 cinétique
céth.m/
v = kC H +C acétone = k' C acétone
l
Conc. 1 10-2 5 10-3 1 10-3 5 10-4 1 10-5
NaOH a) quel est l'ordre partiel par rapport à H+ , par rapport à l'acétone
m/l et quel est l'ordre global de la réaction?
Les produits formés sont extraits du réacteur au fur et à mesure de b) On a mesuré la vitesse de réaction pour diverses concentrations
leur formation, de sorte que la réaction se déroule uniquement dans le en acétone à concentration de H+ constante,
sens direct.
A partir de ces données, Cacét. 13 11 9 7 en moles/l
48
T δs m = δu m + p δv + ∑ µ γδN γ
γ
(XI.1)
a) Il recouvre une très grande classe de phénomènes: réactions Cette inégalité implique qu'à l'équilibre on a (δU)éq = 0 et de plus
chimiques, hydrodynamique etc... lorsqu'on s'éloigne de l'équilibre par une variation finie Δ de U, si
b) Certains de ces systèmes à distance finie de l'équilibre présentent l'équilibre est stable on a: (ΔU)éq > 0. De même on peut écrire pour des
des phénomènes d'instabilité, qui au delà d'un point de bifurcation systèmes à énergie et volume constants la condition de stabilité de
(catastrophe), par suite de l'amplification de fluctuations des variables, l'équilibre sous la forme δS ≤ 0 . Par définition, un système maintenu
les entraînent sur une branche dite "non thermodynamique", qui peut à énergie et volume constants est un système isolé. L'entropie des
correspondre à l'émergence d'un ordre spatial (structures spatiales - systèmes isolés est maximum à l'équilibre stable et l'on a (δS)éq = 0
répartition périodique de la matière) ou temporel (cycles limites, (équilibre ) et (ΔS)éq < 0 (stabilité) . En développant en série la
oscillations de relaxation) ou spatio-temporel (ondes chimiques).
quantité ΔS autour de l'équilibre
De telles structures pourraient être à l'origine de l'ordre dans les
systèmes biologiques. Les méthodes développées pour l'étude de cette
1 2
émergence de l'ordre par amplification des fluctuations peuvent être ΔS = δS + δ S + .....< 0
éq 2
étendues à des systèmes macroscopiques beaucoup plus compliqués que (XI.3)
les systèmes chimiques ou hydrodynamiques tels que par exemple les
sociétés d'insectes voire même les sociétés humaines, les villes on obtient la condition de stabilité de l'équilibre limitée au terme de
(systèmes qui sont régis par des lois hautement non linéaires). second ordre du développement :
L'étude du passage de la branche thermodynamique à la branche dite 2 2
"non thermodynamique" par amplification des fluctuations ressort δ S<0 ou encore par unité de masse δ s m < 0(XI.4)
d'une analyse de stabilité des états stationnaires de non équilibre.
Nous avons vu que l'équilibre est un cas particulier d'état stationnaire Cette différentielle seconde de l'entropie peut s'écrire grâce à des
pour lequel tous les flux et forces généralisés s'annulent ainsi que la transformations relativement rudimentaires, sous la forme d'une
production d'entropie. relation quadratique en termes des variations de température δT de
Pour aborder l'étude de la stabilité des états stationnaires, nous volume massique δv et de composition δNγ.
commencerons par celle de l'équilibre.
Les transitions de phase d'équilibre se manifestent elles aussi par des
2 1 cv 2 ρ 2 ∂µ γ
structures qui naissent de l'amplification de fluctuations après une δ sm = - δT + δv +∑ δN γδN γ′
T T χ Νγ ∂N γ′
instabilité d'équilibre. Ces structures d'équilibre (ex. cristal naissant à (XI.5)
partir d'un liquide) se maintiennent même en l'absence de flux
(contraintes) alors que les structures de non équilibre ne peuvent être Pour que l'équilibre soit stable, il faut que cette grandeur soit < 0 , les
maintenues qu'en appliquant des contraintes. carrés des variations des variables étant essentiellement positifs, il
En thermodynamique classique, le principe de minimum des potentiels s'ensuit que la condition de stabilité portera uniquement sur les
thermodynamiques à l'équilibre a mené Duhem à énoncer le critère de coefficients de ces grandeurs qui devront être séparement positifs pour
stabilité de l'équilibre sous la forme que toute l'expression (XI.5) soit négative, soit donc
k1 k3
où la constante d'intégration K dépend des conditions initiales. A↔ X B+ X ↔ Y+ D
k -1 k -3
L'équation transcendante (XI.16) représente une famille de courbes (1) (3)
fermées dont chacune correspond à une valeur particulière de K. Dans
k2 k4
le plan X Y des variables chimiques elles forment une famille
d'orbites centrées sur X° Y°. 2X + Y ↔ 3X X↔E
k -2 k -4
(2) (4)
Les équations cinétiques pour X et Y sont respectivement
Y
dX 2 3
= k 1A + k 2X Y - k 3BX - k 4X + k -3YD + k -4E - k -1X - k -2X
dt
(XI.17)
dY 2 3
= k 3BX - k 2X Y + k -2X - k -3YD
dt
Y°
on pose toutes les constantes directes de réactions =1 et les constantes
inverses =k. Ceci ne change en rien l'analyse, mais a pour avantage
d'alléger l'écriture. Le système (XI.17) s'écrit alors :
dX 2 3
= A + X Y - BX - X + k YD + E - X - X
X° X dt
oscillations dans le plan X Y pour différentes valeurs de la constante (XI.18)
dY 2 3
K dans le modèle de Volterra-Lotka. dt
= BX - X Y + k X - YD
Il faut noter que dans ce modèle, pour de petites perturbations au
voisinage de l'état stationnaire, la période des oscillations est L'état stationnaire s'obtient en posant dX/dt = 0 et dY/dt = 0 les
indépendante de la perturbation initiale alors que pour des concentrations des espèces X et Y à l'état stationnaire valent :
perturbations plus importantes (amplitude finie) la période des
oscillations dépend de la perturbation initiale. Ce comportement ne A + kE
2
kY° + D
X°= ; Y°= X°
rend pas compte des observations faites sur les systèmes écologiques 1+k 2
X° + kD (XI.19)
que ce modèle tente de décrire car la période des oscillations des
systèmes prédateur-proie ne dépend pas de la perturbation initiale
Tout comme pour le système Volterra-Lotka, appliquons la méthode
imposée au système. Celui-ci évolue en général sur un cycle de période
des perturbations linéarisées pour étudier la stabilité du système. Soit
unique (cycle limite). En ce qui concerne les systèmes chimiques ou
donc une petite perturbation des concentrations autour des valeurs de
biochimiques, de nombreux exemples de périodicité temporelle sont
l'état stationnaire l'état perturbé aura pour concentrations X = X° + δX
connus de longue date. Citons notamment les "horloges biologiques"
et Y = Y° + δY .
que l'on trouve notamment dans le cycle de la glycolyse ainsi que dans
Les équations d'évolution des perturbations s'écriront en ne retenant
de nombreuses autres réactions enzymatiques.
que les termes du premier ordre en perturbation :
Pour rendre compte de ce comportement conduisant à une période
unique, divers modèles ont été élaborés dont le "Brusselator" dû à
l'école de Prigogine à Bruxelles. Ce modèle répond au schéma suivant :
54
d δX 2 2
= 2X°Y°δX + X° δY - BδX - δX + k DδY - δX - 3X° δX
si ωr < 0 la perturbation tend vers zero pour t → ∞ et le système est
dt
stable,lorsque ωr s'annule l'état est dit marginalement stable.
(XI.20)
dδY
Cet état marginal de stabilité s'obtient pour une valeur critique des
2 2
= BδX - 2X°Y°δX - X° δY + k 3X° δX - DδY paramètres de contrôle du système donnée par:
dt
En utilisant les équations (XI.19) de l'état stationnaire, on peut écrire
2 2 2
(XI.20) sous la forme : A 2
+ k D-
2A A + kB 2
+ k B + 1 + k + 3A = 0
k 2 3
A +k D (XI.25)
2 2 2 2
d δX 2A A + kB 3A A
= δX -B-1-k- + δY + kD
dt 2 3
kA +k D
k
k
2 Notons que le système d'équations (XI.21) peut s'écrire
(XI.21) symboliquement
2 2 2 2
d δY 2A A + kB 3A A
= δX B - + - δY + kD d δX
dt 2 3 k 2 = L 1 1δX + L 1 2δY
kA +k D k dt
d δY
Nous avons ici un système d'équations différentielles homogène du 1er = L 2 1δX + L 2 2δY
dt (XI.26)
ordre. Les solutions de ce système sont de la forme:
En éliminant le temps entre ces deux équations on obtient :
ωt ωt
δX = x e ; δY = y e où ω = ω r + iω i
(XI.22)
δX L 1 1δX+ L 1 2δY
=
reportant ces solutions dans (XI.21) on arrive à un système d'équations δY L 2 1δX + L 2 2δY
(XI.27)
algébriques dont les coefficients des amplitudes des perturbations x et
y forment une matrice dont le déterminant doit s'annuler pour que le équation qui permet de calculer les trajectoires du système dans le plan
système soit compatible. On arrive ainsi à l'équation caractéristique : des variables X Y (plan des phases).
Dans le cas de l'exemple du Brusselator les équations différentielles
2 2
2 Α
2
2A A + kB
2
3A
2
Α décrivant l'évolution du système ont été intégrées numériquement au
ω +ω + kD - +B+1+k+ + 1+k + kD = 0 delà du point de bifurcation (après l'instabilité). Les trajectoires dans
2 2 3 k 2
k kA +k D k
le plan des phases convergent vers un cycle limite quelles que soient les
(XI.23) conditions initiales imposées aux perturbations (système ergodique-
équation du second degré en ω qui admet deux racines complexes oublie ses conditions initiales).
conjuguées, dont la partie réelle ωr vaut
2
2 2 2
1 Α 2A A + kB 3A
ωr = − + kD - + B +1 + k +
2 2 2 3 k
k kA +k D
(XI.24)
X (3)
cycle limite
(4)
X°
(2)
(1)
Structures spatiales
Y° Y dans la réaction de
Trajectoires pour 4 conditions initiales différentes
Zhabotinski.
Babloyantz A. "Molecules, Dynamics and Life." Defay R. et Prigogine I. "Tension superficielle et adsorption."
J.Wiley 1986 Desoer Liège 1951
2d et 3ième cycles - nombreux exemples d'applications de la épuisé à rechercher en bibliothèques. 3ième cycle et spécia-
thermodynamique linéaire et non-linéaire des phénomènes listes.Thermodynamique des systèmes capillaires.
irréversibles aux sciences de la vie.
Gaboriaud R. "Thermodynamique appliquée à la théorie des
Besson J. "Précis de Thermodynamique & cinétique solutions."
électrochimiques." Ellipses1988
Ellipses 1984 2d et 3ième cycles. Thermodynamique chimique et électrochimie -
2d et 3ième cycles - ouvrage très documenté s'adressant à des phénomènes irréversibles.
étudiants s'engageant vers la recherche en électrochimie
Glansdorff P. et Prigogine I. "Structure, stabilité et fluctuations."
Botet C. "Thermodynamique classique." Masson 1971
Ellipses 1990 3ième cycle et spécialistes. Phénomènes irréversibles loin de l'équilibre-
Classes préparatoires - 1er cycle- thermodynamique classique-gaz - exemples en chimie et en hydrodynamique.
cycles Clapeyron - Carnot etc…élémentaire -nombreux exercices.
Guignard D. "L'essentiel de la Cinétique et de la Thermodynamique
Brenet J. "Introduction à l'électrochimie de l'équilibre et du non Chimique à travers les problèmes des Concours."
équilibre". Ellipses 1992
Masson 1980 1er cycle - annales corrigées de concours des Grandes Ecoles.
2d et 3ième cycles très intéressantes applications de la
thermodynamique des phénomènes irréversibles à l'électrochimie. Guignard D. "Thermodynamique Chimique."
Ellipses 1989
Chabanel M "Thermodynamique Chimique." Classes préparatoires - 1er cycle.- rappels élémentaires de cours- exer-
Ellipses 1986 cices simples- annales corrigées concours Grandes Ecoles.
Ouvrage de cours et exercices 1er et 2d cycle -très didactique
Katchalsky A. and Curran P.F. "Non-equilibrium Thermodynamics
Datchary J. "Thermodynamique." in Biophysics."
Marketing Groupe Sigma 1987 Harvard Un.Press 1964
1er cycle - rappels de cours et exercices sur la théorie des gaz et la Remarquable ouvrage d'application de la Thermodynamique
thermodynamique classique - cycles de Carnot etc… irréversible aux systèmes biologiques. 3ième cycle et spécialistes.
de Groot S.R. and Mazur P. "Non-equilibrium thermodynamics." Lumbroso H. "Thermodynamique + 100 exercices."
North Holland 1962 Ediscience Mc Graw Hill 1973
57
Rocard Y. "Thermodynamique."
Masson 1952
épuisé à rechercher en bibliothèques. 2d et 3ième cycles -ouvrage très
complet- physique de l'ingénieur nombreux exemples pratiques-
éléments de mécanique statistique et de théorie cinétique des gaz.