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la civilité de
l’internet
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Forum des droits sur l’internet
2001-2010
I. Le Forum des droits sur l’internet, une
démarche inédite en France
Créé en 2001, le Forum des droits sur l’internet a pour objectif de construire une régulation
efficace et légitime de l’internet. Il vise à ce que cet univers naissant de l’internet n’échappe pas
au monde du droit.
Il part d’une conviction profonde qui est que dans un univers complexe et international comme
celui de l’internet, la fixation des règles et leur respect ne peut plus seulement relever de l’ordre
obligatoire et contraignant fixé par les pouvoirs publics mais de la coopération entre acteurs
publics et privés.
L’ensemble des parties prenantes (pouvoirs publics, entreprises, utilisateurs, acteurs non
marchands…) doit donc s’associer pour proposer, à travers un débat ouvert et constructif, des
solutions et les moyens de les mettre en œuvre. Dans un tel projet collectif, il ne s’agit plus
seulement pour les pouvoirs publics de donner la parole aux acteurs ou de les consulter mais de
proposer des normes et pratiques adaptées aux besoins et contraintes de l’internet,
de définir des objectifs communs et de mobiliser les outils d’intervention de chacun
des acteurs.
Une telle démarche de corégulation entre acteurs publics et privés représente une réelle
innovation en matière de régulation. Elle constitue une rupture culturelle par rapport à une
tradition française plus technocratique.
C’est cette expertise de la concertation opérationnelle que le Forum des droits sur l’internet,
structure unique en France à plus d’un titre, a déployé depuis dix ans.
Le Forum s’est positionné à la confluence des intérêts des acteurs de l’internet, prenant en
compte l’ensemble de ceux-ci sans n’en défendre spécifiquement aucun. La composition de
ses instances dirigeantes, qui offre une égalité de représentation aux acteurs
marchands et non marchands, l’importance du financement public, la transparence de
ses procédures internes, sont autant d’éléments qui garantissent que cette structure est au
service de l’intérêt général ce qui a été explicitement reconnu par la Commission d’accès
aux documents administratifs en 2008.
La Commission, dans un avis du 6 mai 2008, a en effet estimé que « si le Forum est dépourvu
de prérogatives de puissance publique, les conditions de sa création, de son organisation et de
son fonctionnement, ainsi que la nature de l’activité d’intérêt général qu’il exerce conduisent à
le regarder comme un organisme privé chargé d’une mission de service public au sens de
l’article 1er de la loi du 17 juillet 1978. » Ce positionnement est un gage de confiance pour les
internautes et permet au Forum de promouvoir une vision équilibrée de l’internet.
Transversalité
L’internet est un écosystème qui appelle une vision de régulation non seulement sectorielle mais
aussi transversale.
En dix ans, le Forum a travaillé sur quasiment tous les sujets liés à l’internet et a su adapter ses
méthodes de travail selon ceux-ci :
sujets de société : communication politique, protection de l’enfance ;
sujets socio-économiques : relations du travail, jeux vidéo, consommation et commerce
électronique, publicité en ligne… ;
sujets de prospective ou techniques : développement durable, langue et internet…
Cette expertise transversale a été à maintes reprises sollicitée par les pouvoirs publics et les
acteurs privés. Elle permet de construire pas à pas une compréhension profonde et cohérente
de ce monde numérique.
Permanence
Doté d’une équipe pluridisciplinaire de collaborateurs permanents, positionné en dehors des
structures gouvernementales, le Forum a pu constituer progressivement une expertise solide au
service des acteurs publics et privés.
Constitué en 2001 sous l’impulsion du Gouvernement, le Forum des droits sur l’internet
est rattaché au ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, qui contribue
majoritairement à son financement par une subvention de 1,143 million d’euros annuels. Le
Forum s’appuie également sur un financement privé d’un montant variable, constitué par les
cotisations de ses membres. Ainsi, le montant plancher de la cotisation est fixé à 100 euros, et
il atteint 16 000 euros pour les structures les plus importantes. Seules les personnes morales
peuvent adhérer au Forum.
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À l’origine, les missions initiales du Forum étaient :
organiser la concertation entre les acteurs de l’internet sur l’ensemble des questions de
droit et de société que pose le développement de l’internet ;
participer aux initiatives menées par les institutions internationales tendant au
développement de l’internet et à son encadrement juridique ;
assurer une veille juridique et technique sur les enjeux de régulation de l’internet, mener
des études juridiques et techniques sur ce sujet et les mettre à disposition du public ;
informer et sensibiliser le public sur les enjeux juridiques et de société posés par
l’internet et les réseaux ;
formuler des recommandations aux autorités publiques et aux acteurs de l’internet, de
sa propre initiative ou sur saisine du Gouvernement, du Parlement et des autorités
administratives indépendantes.
La concertation avec les professionnels de l’internet se double d’une volonté d’écoute des
internautes eux-mêmes, influant par leurs usages les pratiques des acteurs. Des
consultations publiques régulières ont ainsi été organisées, en soutien des groupes de travail ou
de façon autonome, comme la consultation sur la future carte nationale d’identité électronique
(CNIE), menée en 2005, qui a connu une participation massive des internautes.
Le Forum a également participé, dès sa création, aux débats et initiatives internationales sur le
numérique, notamment dans le cadre de l’Internet Governance Forum (IGF), puis sur des
problématiques plus spécialisées, telles que le jeu vidéo (initiative PEGI).
En parallèle, le Forum a mené diverses actions d’information plus ciblées sur le commerce
électronique (diffusion annuelle d’un guide sur les achats en ligne) ou sur le jeu vidéo. Cette
thématique a conduit à l’ouverture d’un nouveau site internet réalisé en partenariat avec les
acteurs du secteur, www.pedagojeux.fr, consacré à l’information des parents.
« élaborer et, le cas échéant, de gérer les chartes et labels dans le secteur des
communications électroniques ». Cette dernière mission est apparue indispensable pour
prolonger l’action du Forum auprès des acteurs du numérique par la mise en place
d’outils à mi chemin entre le droit et la soft law. Elle s’est traduite en 2009 par la
participation du Forum à l’élaboration de plusieurs chartes, en particulier dans le
domaine des logiciels de contrôle parental et de la diffusion des jeux vidéo en France.
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II. Un objectif : construire la civilité de
l’internet
L’objectif général du Forum est d’orienter les usages de l’internet et d’accompagner
l’innovation dans le monde du numérique dans le respect des droits et des libertés.
Toutes les activités du Forum y contribuent, ce qui offre une large possibilité de modes
d’intervention.
Le Forum des droits sur l’internet a su travailler avec les professionnels de l’internet pour
« orienter » les usages conformément au droit applicable grâce à une méthodologie spécifique.
Cette méthodologie qui s’est progressivement affinée au fil des groupes de travail permet de
dégager des solutions pérennes sur des sujets complexes.
Si le Forum a travaillé sur des sujets très variés, deux dossiers illustrent particulièrement
l’efficacité de cette approche : le commerce électronique et la protection de l’enfance.
En une décennie, le commerce électronique a connu une progression que peu de secteurs
d’activité peuvent revendiquer. Son chiffre d’affaires a, en effet, été multiplié par 35. Cette
« success story » a été accompagnée par le Forum des droits sur l’internet à travers plus
d’une douzaine de Recommandations.
Du débat sur le projet de loi pour la confiance dans l’économie numérique devenue la LCEN, en
passant par le commerce sur plates-formes jusqu'à la publicité comportementale, le Forum a
apporté aux pouvoirs publics, comme aux acteurs, l’expertise collective construite par ses
membres.
Plusieurs textes législatifs et réglementaires sont directement inspirés des travaux du
Forum. En témoigne la loi Chatel, transposant, certes de façon incomplète, les équilibres fins
dégagés dans une Recommandation de 2007. A ainsi été repris par le législateur la nécessité
d’améliorer l’information du consommateur sur les modalités d’exercice du droit de rétractation
ainsi que la possibilité pour celui-ci de choisir ses modalités de remboursement et, notamment,
le remboursement en numéraire.
Dans cette même Recommandation, le Forum avait insisté pour que soit clarifié le régime de
responsabilité des voyagistes en ligne, alors régi par plusieurs textes de loi, prévoyant, soit une
responsabilité de plein droit, soit une responsabilité pour faute. Il faut attendre la loi du 22
juillet 2009 relative au développement et à la modernisation des services touristiques pour que
ce régime soit clarifié, en faveur de la responsabilité de plein droit.
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Les commerçants en ligne, entreprises et fédérations professionnelles en tête, ont aussi su
profiter de la concertation multiacteur pour harmoniser leurs pratiques ou diffuser dans le tissu
économique composé de près de 65 000 cybermarchands de toutes tailles des bonnes
pratiques.
Ainsi, le Forum avait identifié dans sa Recommandation « Commerce entre particuliers »,
adoptée le 8 novembre 2005, trois critères permettant de distinguer le vendeur particulier du
vendeur professionnel de biens sur internet (la régularité de l’activité, la lucrativité de l’activité
et l’intention du vendeur d’avoir une activité professionnelle). Ces trois critères ont été utilisés
par les principaux acteurs de la vente sur internet (notamment Price Minister et eBay)
pour mettre en place des alertes à destination des consommateurs et des vendeurs. Ces critères
ont ensuite été repris dans la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008 qui crée le
statut de l’auto entrepreneur.
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donné lieu à plus de 3 000 contributions, de débats publics organisés dans les grandes villes
françaises en partenariat avec les Préfectures, le rapport remis au ministre permit d’approcher
plus finement les craintes des Français quant à la biométrie et aux puces RFID. Le nouveau
texte qui, cinq ans après, devrait concrétiser la CNIE prendra en compte ces éléments de
débat…
C’est encore la méthode du Forum qui fut saluée par l’adoption du texte sur le télétravail par
l’Assemblée nationale en juin 2009 et dont le contenu est en filiation directe avec les travaux
réalisés par le Forum des droits sur l’internet en 2004.
Cette expertise au service des pouvoirs publics se retrouve encore dans les décisions de
justice qui, sur des sujets comme la responsabilité du directeur de la publication des forums de
discussion, ou sur les clauses abusives des contrats de vente en ligne, rejoignent régulièrement
les positions adoptées et dégagées dans les groupes de travail.
Mais à rebours de ces exemples positifs, il faut reconnaître que la démarche ait pu rencontrer
des limites sur certains sujets. La transposition de la directive relative aux droits d’auteur et aux
droits voisins dans la société de l’information (DADVSI) en est l’exemple le plus flagrant. Jamais
question n’a été au Forum des droits sur l’internet plus âprement discutée ; cependant, en
2004, le consensus ne put être trouvé et cet épisode, témoignant du fossé croissant entre
acteurs du monde culturel et société civile, a durablement marqué les esprits et les
comportements et s’est progressivement confirmé comme étant emblématique de la difficulté
majeure du numérique dans les dix dernières années. De DADVSI en HADOPI, de licence
globale en rémunération pour copie privée, l’exploitation des droits de propriété intellectuelle de
la culture a marqué l’échec collectif de notre société à prendre ici le virage du numérique.
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En 2010, après presque dix ans d’existence, le Forum propose plus de 300 fiches pratiques
à ses visiteurs ; 465 actualités et 632 décisions de justice, pour la plupart inédites, sont
disponibles sur le site ; il a répondu à plus de 25 000 questions des internautes ; son site
internet a reçu plus de 9 millions de visites et servi près de 30 millions de pages aux
internautes du monde entier.
Les contenus éditoriaux du Forum sont par ailleurs régulièrement repris dans le cadre
d’ouvrages pédagogiques édités par des grandes maisons d’édition (Foucher, Hatier, Nathan,
Bordas, CNED, INPI, Direction Départementale de la Jeunesse du Gers…).
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2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Évolution du nombre annuel de visites sur les sites du Forum de 2001 à 2009
M ediateurdunet : une solution innovante, pratique et qui fait des émules
À l’issue d’un groupe de travail sur les modes alternatifs de règlement des différends de 2002, il
a été décidé par l’ensemble des parties prenantes d’ « utiliser internet pour résoudre les litiges
nés de l’usage de l’internet ». Le Forum a donc mis en place, en 2004, un service de résolution
amiable présentant l’originalité de s’appuyer sur une plate-forme en ligne spécialement
conçue à cet effet.
À travers ce service, le Forum a pu démontrer que la médiation en ligne opérée par un
médiateur indépendant est une méthode qui se révèle appropriée au règlement de certains
problèmes rencontrés sur l’internet. Cette méthode complète les voies de recours déjà
existantes : justice, associations de consommateurs, autorités administratives de répression…
Le Forum complète en 2007 son dispositif technique en opérant de nouveaux
développements sur sa plate-forme. Celle-ci, comme l’expertise accumulée sur le traitement
des litiges, conforte l’avance du Forum dans la maîtrise de la e-médiation, laquelle est de plus
en plus discutée au sein des enceintes internationales (OCDE 2009, CNUDCI 2010) ou
européennes (directive de 2008 sur les modes alternatifs de règlement des différends).
En 2009, le service de médiation est sollicité par la Cour d’appel de Paris pour proposer une
solution de résolution amiable en ligne aux justiciables. Un protocole d’accord est signé entre le
Forum et la Cour d’appel de Paris afin de conduire une expérimentation, laquelle est couronnée
de succès avec près de 95 % de dossiers résolus. Cette expérimentation a été bien accueillie
par l’ensemble du personnel judiciaire (juges, greffes…) qui a contribué au succès de
l’opération.
Après presque sept années d’existence, 22 000 dossiers ont été reçus par le service, sur
lesquels près de 13 000 ont été traités avec un taux de résolution moyen de 87,5 %.
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C. Le Forum au service de l’innovation
Le Forum a su se montrer attentif aux innovations afin de défricher les questions nouvelles et
proposer des solutions adaptées aux nouveaux défis posés par les réseaux numériques.
Cette démarche d’anticipation est au cœur des modes de fonctionnements du Forum des
droits sur l’internet et elle prouve son efficacité dès lors que s’associent au dialogue les
intéressés. L’exemplarité de la démarche et la satisfaction de l’intérêt général ont finalement
conduit la Commission nationale des comptes de campagne et du financement politique
(CNCCFP) et le Forum des droits sur l’internet à conclure un partenariat en vue des élections de
l’année 2012.
Plus délicate est assurément la démarche concernant le vote électronique, à propos duquel la
défiance n’a pas manqué de gagner du terrain ; à travers ses Recommandations de 2003 et de
2008, le Forum des droits sur l’internet a fait valoir le besoin de transparence et la nécessité
d’offrir à notre démocratie un large débat public.
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Les résultats de ces travaux ont été largement utilisés en France comme à l’étranger (Byron
Review au Royaume Uni, Parlement Européen…). De fait, le Forum a été régulièrement
sollicité pour évoquer les problématiques de gouvernance issues de ces univers spécifiques.
Le Forum s’est aussi largement engagé dans le développement du système PEGI et
représente la France dans les boards (PEGI Council et PEGI Complaint board) du
dispositif européen de classification des jeux vidéo.
À travers ses travaux et contacts, le Forum dispose d’une expertise unique qui lui permet de
poursuivre ses réflexions en la matière, notamment sur les pratiques innovantes telles que le
sport électronique, les spécificités du casual gaming, les problématiques de paiement d’objets
virtuels par les mineurs….
À la demande des pouvoirs publics, le Forum mène actuellement une concertation afin
d’améliorer les conditions d’information et de commercialisation de certains jeux vidéo.
En outre, les acteurs du secteur vidéo ludique ont souhaité organiser autour du Forum une
action pédagogique à destination des familles : l’initiative PédaGoJeux, qui vise à
sensibiliser et à informer les parents et les éducateurs sur les dangers et les atouts des jeux
vidéo. Un collectif de dix membres, représentant les pouvoirs publics, les industriels et les
acteurs de la société civile assure le pilotage éditorial du projet. Ce mode de gouvernance
assure la neutralité des contenus publiés sur le site www.pedagojeux.fr.
Ces efforts ont porté leurs fruits, puisqu’en 2009, les différents textes juridiques nécessaires
à l’application du dispositif ont été publiés (référentiel technique, décret d’application, arrêté
ministériel). Conformément aux recommandations du Forum, la dernière version du
référentiel technique français (Référentiel général d'accessibilité pour les administrations ou
RGAA) est alignée sur les recommandations internationales (Web Content Accessibility
Guidelines) dans leur dernière version publiée par le W3C (WCAG 2.0).
Les premiers sites de l’administration entièrement accessibles ont par ailleurs vu le jour
récemment (service-public.gouv.fr, vie-publique.gouv.fr, et bientôt legifrance.gouv.fr).
Fort de ce premier succès, le Forum a continué son exploration des liens entre internet et
développement durable, et a choisi, avec le soutien de la Délégation générale à la langue
française et aux langues de France (DGLFLF, ministère de la Culture) de traiter des aspects
linguistiques de l’internet. La langue sur internet est en effet un sujet au carrefour de
préoccupations multiples qui donne lieu à des enjeux stratégiques et économiques importants
dans un contexte souvent très technique.
La Recommandation « Langues et internet », adoptée le 22 décembre 2009, invite les pouvoirs
publics et les acteurs institutionnels à mieux intégrer et valoriser la dimension
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linguistique au niveau de l’organisation des services publics de traduction, au niveau de
l’éducation, de la recherche, ou de la passation de marchés publics. La valorisation du
patrimoine linguistique constitue en effet, en cette période de ralentissement économique, un
fort vecteur d’innovation et de croissance économique.
Elle propose par ailleurs aux créateurs de sites et aux internautes toute une série de bonnes
pratiques visant à faciliter la mise en œuvre du multilinguisme sur les sites internet.
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III. Une évolution nécessaire
En presque dix ans, l’internet a connu de profondes mutations, et les usages ont fortement
évolué. Tandis que son utilisation restait relativement confidentielle au moment de la
conception du Forum, avec environ trois millions d’abonnements à l’internet en France en
20001, elle s’est depuis largement banalisée, puisque l’on comptait plus de 35 millions
d’internautes en mai 20102.
Des activités comme le commerce électronique, qui est passé du stade embryonnaire à une
utilisation massive et généralisée, se sont banalisées, au même titre que les services publics
dématérialisés. En parallèle, le droit positif s’est progressivement enrichi, réduisant
considérablement les zones de « flou », et limitant l’action du Forum à de rares niches en passe
d’être recouvertes par de nouveaux outils législatifs.
La connaissance des internautes sur le fonctionnement des différents outils de l’internet s’est
aussi améliorée, de même que la confiance qu’ils portent envers les technologies. Les
questions que l’équipe du Forum a été amenée à traiter dans le cadre de son service
d’information du public se sont ainsi révélées de plus en plus pointues.
Les usages ont également évolué : aujourd’hui, chacun est à la fois lecteur, consommateur
et éditeur de contenus dans un monde numérique en constante évolution.
En définitive, l’enjeu de régulation de l’internet a changé : alors qu’il s’agissait en 2001 de
construire les règles en évitant de plaquer sur l’internet des modèles du passé, l’objectif
principal d’aujourd’hui est de faire connaître cet encadrement et de le décliner en outils
opérationnels plus souples de types chartes ou labels – la dimension internationale a de surcroît
pris toute sa place.
Face à ces changements, la gouvernance doit s’adapter, sous peine de voir la France manquer
sa révolution numérique. Sur tous ces sujets, le Forum des droits sur l’internet dispose d’une
solide expertise, accumulée au fil des différents sujets qu’il a traités, il participe ainsi à la
régulation aux côtés des parties prenantes.
Cette expertise est aujourd’hui à la disposition des pouvoirs publics, qui tâtonnent depuis
maintenant plusieurs années dans la réorganisation du dispositif de régulation de l’internet. La
tentative avortée de créer une Commission nationale de déontologie en 2007, critiquée par les
acteurs de l’internet et par le Forum des droits sur l’internet 3, en est le meilleur exemple.
La création d’un secrétariat d’État au développement de l’économie numérique par le Président
de la République, M. Sarkozy, a cependant été un signal très positif attestant de l’intérêt
porté par le pouvoir politique aux questions du monde numérique.
Les Assises du numérique, conduites par M. Besson, Secrétaire d’État au développement de
l’Économie numérique, en 2008, ont donné lieu à plusieurs propositions d’« actions » relatives à
la régulation de l’internet, notamment celle prévoyant la création d’un Conseil national du
numérique rassemblant le Forum des droits sur l’internet et d’autres structures (action
n° 145).
1
. Source : Autorité de régulation des télécoms (ART), 2005 :
http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_abonne_fr.shtml
2
. Source : Médiamétrie
http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_nbr_fr.shtml
3
. Lire l’avis du Forum sur la Commission nationale de déontologie, en date du 20 février 2007 :
http://www.foruminternet.org/spip.php?action=redirect&id_article=2203
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Ce projet, dont la mise en place avait été annoncée par le Premier ministre, M. François Fillon,
le 12 janvier 2009, n’a toujours pas vu le jour, malgré les propositions détaillées réalisées par le
Forum et transmises régulièrement au Gouvernement.
Qu’adviendra t-il de l’expertise du Forum dans ce contexte ? L’absence de réponse des
pouvoirs publics à cette question et, de façon plus générale, à la question de la régulation de
l’internet représente un risque réel pour notre pays. À l’heure où au plan international on
souligne la nécessité d’une gouvernance mondiale et où la dimension multiacteur s’impose
comme un élément clé de la mondialisation, la consolidation de notre dispositif national et la
reprise, sous une forme ou une autre, des acquis du Forum, semble une priorité.
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Dix ans en 10 chiffres
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CONCERTATION
INTERNATIONAL
INFORMATION
MEDIATION
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