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Et
Maître Francis VUILLEMIN,
Avocat au Barreau de Paris.
1 - Dans la nuit du 14 au 15 août 1994, Ilich Ramírez Sánchez, dit « Carlos », citoyen
vénézuélien, était enlevé à Khartoum (Soudan) par des fonctionnaires français de la
D.S.T. (Direction de la Surveillance du Territoire).
did it. As for being the "foremost expert on counter-terrorism in the world
today", what was he doing just before 11 September 2001?
The other CIA news is that the National Security Archive in Washington has
gotten a court to rule that the CIA does not determine who are journalists
and what the news is; therefore Freedom on Information Act requests by
"journalists" for "news value" will no longer be the CIA's prerogative, which
seems like a very good idea.
1100 (November) Men's Journal, Cofer Black, out of the shadows - In his
first in-depth interview, the former CIA head of counter-terrorism and
current vice chair of Blackwater talks about trying to warn President Bush
before the 9/11 attacks, waterboarding, and how America can win the war on
In February 2005, soon after Bush was reelected, Black took his three
decades of intelligence experience to the private sector to help run the
controversial private-security firm Blackwater.”
En effet, dans cette interview publiée par Le Figaro, et dont celui-ci ne contestait pas les
termes, Monsieur Philippe Rondot tenait les propos suivants :
« J’étais au Soudan pour voir Tourabi quand j’ai croisé Carlos dans un hôtel en
train d’acheter des journaux. J’ai monté un dossier d’objectifs, photos à l’appui. Je
suis rentré à Paris et, à mon retour à Khartoum, j’ai dit aux soudanais ‘J’ai la preuve
que vous abritez Carlos. Je vous donne un mois pour qu’on le capture. Sinon je livre les
photos à l’ONU. Vous risquez des sanctions’ Tourabi m’a dit oui. J’ai monté
l’opération avec son chef des services de renseignement. (…) Dans l’avion, au-dessus
du Caire, j’ai appelé l’Elysée et Pasqua pour leur dire que je l’avais ».
Ce dernier déclarait quant à lui, le 1er juin 2007, au cours de l’émission « Le Grand
Journal » sur la chaîne télévisée Canal + :
« Moi j'ai fait kidnapper Carlos, j'ai fait kidnapper Carlos au Soudan, et ramener en
France parce que je considérais qu'il était anormal pour les services spéciaux
français d'avoir eu 3 officiers tués par Carlos et de ne pas l'avoir récupéré.
Et, je leur avais donné un objectif, c'était de le récupérer mais je le veux vivant, pas
pour le tuer parce que c'était relativement facile. Je veux que vous le récupériez et je
veux le voir dans les geôles ici, dans nos propres services.
Donc nous l'avons récupéré.
Il ne savait pas qui l'avait kidnappé et il ne savait pas où il allait, et il pensait en réalité
qu'il avait été capturé par les américains.
Tout au long de son périple aérien, il était bâillonné, personne ne parlait, il s'est rendu
compte des choses quand il était dans les geôles de la DST »
Appel a été interjeté le 9 mai 2007 contre cette ordonnance de refus d’informer.
La Cour de cassation rejetait ce pourvoi par arrêt du 2 septembre 2008, au motif que les
faits dénoncés ne pouvaient « comporter une poursuite ».
Les décisions judiciaires rendues par les juridictions françaises constituent ce qu’il faut
qualifier de déni de justice, face à des faits établis et interdits par la loi interne et par la
Convention, faits reconnus et avoués par certains de leurs auteurs, citoyens français
soumis à la loi pénale française quel que soit le lieu où l’infraction a été commise.
Ilich Ramírez Sánchez a saisi la Cour EDH par requête adressée le 25 février 2009,
enregistrée le même jour sous le numéro 13019/09.
Code pénal
i) Article 113-6 : « La loi pénale française est applicable à tout crime commis par un
Français hors du territoire de la République.
Elle est applicable aux délits commis par des Français hors du territoire de la
République si les faits sont punis par la législation du pays où ils ont été commis. »
ii) Article 224-1 : « Le fait, sans ordre des autorités constituées et hors les cas prévus
par la loi, d'arrêter, d'enlever, de détenir ou de séquestrer une personne, est puni de
vingt ans de réclusion criminelle.
Les deux premiers alinéas de l'article 132-23 relatif à la période de sûreté sont
applicables à cette infraction.
iii) Article 224-2 « L'infraction prévue à l'article 224-1 est punie de trente ans de
réclusion criminelle lorsque la victime a subi une mutilation ou une infirmité
permanente provoquée volontairement ou résultant soit des conditions de détention,
soit d'une privation d'aliments ou de soins.
Les deux premiers alinéas de l'article 132-23 relatif à la période de sûreté sont
applicables aux infractions prévues par le présent article. «
iv) Article 224- 5-2 : « Lorsque les infractions prévues par le premier alinéa de
l'article 224-1 et par les articles 224-2 à 224-5 sont commises en bande organisée, les
peines sont portées à 1 000 000 Euros d'amende et à :
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1° Trente ans de réclusion criminelle si l'infraction est punie de vingt ans de réclusion
criminelle ;
Les deux premiers alinéas de l'article 132-23 relatif à la période de sûreté sont
applicables dans les cas prévus aux 1° et 2°. »
v) Article 432-4
« Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission
de service public, agissant dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions
ou de sa mission, d'ordonner ou d'accomplir arbitrairement un acte attentatoire à la
liberté individuelle est puni de sept ans d'emprisonnement et de 100000 euros
d'amende.
Lorsque l'acte attentatoire consiste en une détention ou une rétention d'une durée de
plus de sept jours, la peine est portée à trente ans de réclusion criminelle et à 450000
euros d'amende. »
« Le fait, par un magistrat, toute autre personne siégeant dans une formation
juridictionnelle ou toute autorité administrative, de dénier de rendre la justice après en
avoir été requis et de persévérer dans son déni après avertissement ou injonction de ses
supérieurs est puni de 7500 euros d'amende et de l'interdiction de l'exercice des
fonctions publiques pour une durée de cinq à vingt ans. »
Les faits commis par des citoyens français contre Ilich Ramírez Sánchez constituent
une atteinte aux garanties fixées par l’article 5 de la Convention.
Le refus des juridictions françaises de poursuivre les auteurs identifiés de ces faits,
malgré les procédures engagées par la victime, porte atteinte aux garanties définies
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5-1 : Toute personne a droit à la liberté et à la sûreté. Nul ne peut être privé de sa
liberté, sauf dans les cas suivants et selon les voies légales.
(…)
5 – 2 : Toute personne arrêtée doit être informée, dans le plus court délai et dans une
langue qu’elle comprend, des raisons de son arrestation et de toute accusation portée
contre elle.
(…)
5 – 4 : Toute personne privée de sa liberté par arrestation ou détention a le droit
d’introduire un recours devant un tribunal afin qu’il statue à bref délai sur la légalité
de sa détention et ordonne sa libération si sa détention est illégale.
- 9 - Lorsque dans la nuit du 14 au 15 août 1994, Ilich Ramírez Sánchez fut appréhendé
à Khartoum, (Soudan), ligoté, puis embarqué dans un avion spécial sous pavillon
français, par des fonctionnaires français, à destination de la France, aucun des cas
légaux visés par l’article 5-1 de la Convention n’était applicable.
En effet les fonctionnaires français, parmi lesquels Philippe Rondot qui s’est identifié,
n’étaient porteurs d’aucun mandat d’arrêt, et intervenaient hors de tout cadre légal
applicable sur le territoire soudanais.
Ces fonctionnaires français ne disposaient pas plus d’un droit de coercition à l’égard
d’Ilich Ramírez Sánchez, qu’ils ont pourtant exercé comme celui-ci en a décrit les
modalités :
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Après avoir subi une opération chirurgicale bénigne la veille à l’hôpital Ibn
Khaldoum, les fonctionnaires soudanais qui assuraient sa sécurité l’avaient
conduit dans une villa située dans le quartier de Taïf, où il devait passer la nuit
avant de réintégrer l’appartement où il résidait habituellement.
Ses agresseurs, après l’avoir immobilisé, lui passaient des menottes, lui
entravaient les chevilles avec des chaînes puis il lui était administré un piqûre
intramusculaire dans le bras.
Il lui était ensuite ajouté une cagoule fermée sur la tête, avant d’être transporté
dans une camionnette, où il était placé à même le plancher.
Dans l’avion, outre les menottes et les entraves aux chevilles, ses ravisseurs
ajoutaient une seconde cagoule sur sa tête, et le plaçaient dans un sac, serré par
des lanières autour des pieds, des hanches et des épaules.
- 10 - Or, ce n’est qu’ultérieurement qu’un mandat d’arrêt national, émis par un juge
d’instruction français, daté du 7 juin 1994, lui était notifié à Paris, dans les locaux de la
D.S.T..
Cependant cet acte de notification sur le territoire français ne pouvait pas faire
disparaître l’infraction d’arrestation illégale commise la veille sous forme d’enlèvement
par des fonctionnaires français sur le territoire de l’Etat du Soudan, puis la séquestration
commencée dans l’avion sous pavillon français, et donc sous juridiction française,
séquestration poursuivie sans discontinuer jusqu’à ce jour sur le territoire français.
- 11 - L’Etat français ne peut non plus invoquer les procédures judiciaires précédentes
concernant ces faits, alors que lors de leur déroulement, aucun des auteurs de
l’infraction ne s’était manifesté ou identifié, jusqu’à ce que Philippe Rondot en
revendique publiquement la qualité.
« Les juridictions nationales [i.e. françaises] sont incompétentes pour connaître des
conditions dans lesquelles seraient intervenues, à l’étranger, l’arrestation d’une
personne par les seules autorités locales agissant dans la plénitude de leur
souveraineté et sa remise aux policiers français »
Et indiquait également :
Depuis ces décisions, les éléments concrets qui faisaient défaut lorsque ces juridictions
ont statué, ont été établis par les déclarations de Philippe Rondot et de Charles
Pasqua, de nationalité française, leur nationalité donnant compétence à la loi et aux
juridictions françaises en quelque lieu qu’il ait agi, pour poursuivre et juger les crimes
dénoncés, comme toutes les juridictions ayant eu à statuer antérieurement l’ont rappelé.
Ainsi, compte tenu des éléments nouveaux apparus depuis, les décisions de refus
invoquées par l’Etat français à titre d’autorité de la chose jugée comportaient la
condition d’une éventuelle identification d’auteurs de nationalité française, de nature à
donner compétence à l’autorité judiciaire française et à la loi française.
- 13 - Les faits d’arrestation illégale suivie d’une détention illégale, constituant les
crimes d’enlèvement et de séquestration, commis par des citoyens français contre un
citoyen vénézuélien sont donc établis.
L’illégalité de ces actes que les juridictions de l’Etat français refusent de poursuivre ne
peut en aucun cas être légitimée par une motivation de discrimination à l’égard d’Ilich
Ramírez Sánchez, en raison du principe d’égalité devant la loi garanti par l’article
premier de la Constitution de la République française.
Il est qualifié de « terroriste », par l’Etat français et ses juridictions, signe tout à fait
clair d’une discrimination fondée sur ses opinions politiques.
Aussi l’usage d’un tel qualificatif par l’Etat français à l’égard d’Ilich Ramírez
Sánchez démontre la volonté de l’Etat français de pratiquer contre lui un traitement
judiciaire discriminatoire, confirmé par des décisions judiciaires refusant d’appliquer
la loi, contrairement au principe de l’égalité de tous devant la loi et en violation de
l’article 14 de la Convention.
Et quand bien même l’Etat français se refuserait à modifier son opinion politique à
l’égard d’Ilich Ramírez Sánchez, il n’en aurait pas plus le droit de violer
l’interdiction fixée par l’article 14 de la Convention, en violant simultanément
l’article 14.
15 – Il faut également souligner que l’analyse faite par la Cour à l’occasion des requêtes
présentées par Abdullah Oçalan, enlevé le 15 février 1999 au Kenya par les services
turcs, pour le conduire en Turquie, s’appliquent à une situation différente.
En premier lieu, il convient de noter que du point de vue de l’Etat turc, Monsieur
Ocalan est citoyen turc quand bien même du fait de son statut kurde il mène un combat
nationaliste pour la reconnaissance des droits du peuple kurde.
Mais en outre et principalement l’analyse de principe formulée par la Cour dans son
arrêt du 12 mai 2005 (requête N° 46221/99) ne s’applique pas au cas du requérant.
L’Etat français qui a placé les informations sur cet enlèvement sous la protection du
Secret de la défense nationale s’est toujours refusé à justifier de l’absence d’atteinte à la
souveraineté du Soudan, et ce, en contradiction avec les principes affirmés par la Cour
au § 90 de l’arrêt Oçalan c. Turquie du 12 mai 2005.
15
Ainsi, même si les arrêts Lawless c. Irlande (n° 3), 1er juillet 1961, §§13 et 14 ou
Irlande c. Royaume Uni 18 janvier 1978 § 194-196 et 212-213 ouvrent une
problématique de réflexion, la Cour a toujours considéré que lorsqu’une détention sort
des limites des exceptions prévues à la garantie du droit à la liberté fixée par l’article 5,
on ne peut l’y ramener en invoquant la nécessité de mettre en balance les intérêts de
l’Etat et la privation de liberté.
Et ce, d’autant plus que les jurisprudences visées au paragraphe précédent concernaient
des situations s’apparentant à la guerre civile.
Ainsi la Cour devra constater que, compte tenu des éléments nouveaux révélés par l’un
des auteurs de cet enlèvement, Monsieur Philippe Rondot, l’Etat français a violé
l’article 5-1 de la Convention, en combinaison avec une violation de l’article 14.
En invoquant l’autorité de la chose jugée basée sur une identité de cause, d’objet et
16
La Cour de cassation, notamment dans un arrêt du 5 mai 1981 (Cass. crim. Pourvoi 79-
94265 ; Bull. crim. N° 139) précisait « la victime d’une infraction est recevable à se
constituer partie civile après la clôture d’une information par une ordonnance de non-
lieu, fondée sur l’insuffisance des charges, pour les mêmes faits, à condition que la
personne nommément visée dans sa plainte, n’ait pas été mise en cause dans la
précédente poursuite».
De même qu’un arrêt du 30 mars 1999 (Cass. crim. Pourvoi 98-81301 Bull.crim 1999
n° 58 p. 142) rappelait que « la partie civile ne peut être déclarée irrecevable sur le
fondement de l’article 190 du Code de procédure pénale, en l’absence d’identité
d’objet, de cause et de parties entre les deux poursuites »
Fin 2005, les Etats Unis, par la voix de son ministre des affaires étrangères
(Secretary of State), Madame Condoleezza Rice, justifiaient ce qu’ils dénommaient
« extraordinary renditions », c’est à dire des arrestations dans le monde entier, hors
toute légalité, au prétexte de la lutte « anti-terroriste ».
Selon ses déclarations reprises pas différents media, Madame Rice- pour prétendre
justifier le droit des Etats Unis à pratiquer ces actes illégaux - invoquait le cas d’Ilich
Ramírez Sánchez – dit Carlos – et affirmait que la Cour européenne des droits de
l’homme avait déclaré cet enlèvement légal.
For decades, the United States and other countries have used 'renditions' to transport
terrorist suspects from the country where they were captured to their home country or
to other countries where they can be questioned, held or brought to justice.
In those cases the local government can make the sovereign choice to co-operate in a
rendition. Such renditions are permissible under international law and are consistent
with the responsibilities of those governments to protect their citizens.
(...)
One of history's most infamous terrorists, best known as Carlos the Jackal, had
participated in murders in Europe and the Middle East. He was finally captured in
Sudan in 1994. A rendition by the French government brought him to justice in France,
where he is now imprisoned. Indeed, the European Commission of Human Rights
rejected Carlos' claim that his rendition from Sudan was unlawful. (...) »
Elle ajoutait par ailleurs, ce qui aujourd’hui, après la publication des pratiques
d’enlèvements et de tortures réalisées par les services de la CIA, démontre l’absence
totale de crédibilité de Madame Rice :
“Torture is a term that is defined by law. We rely on our law to govern our operations.
The United States does not permit, tolerate, or condone torture under any
circumstances.
• The United States has respected - and will continue to respect - the sovereignty
of other countries
• The United States does not transport, and has not transported, detainees from
one country to another for the purpose of interrogation using torture
• The United States does not use the airspace or the airports of any country for
the purpose of transporting a detainee to a country where he or she will be
tortured
• The United States has not transported anyone, and will not transport anyone, to
a country when we believe he will be tortured. Where appropriate, the United
States seeks assurances that transferred persons will not be tortured. (…) »
17 - A la suite de son élection comme président des Etats Unis, Monsieur Barak
Obama a rendu publiques certaines des illégalités commises par les Etats-Unis.
Après une réunion en juillet 2003 au cours de laquelle George Tenet a tenu
informés notamment Condoleezza Rice, Dick Cheney, John Ashcroft et
Alberto Gonzales (alors conseiller à la Maison Blanche) de l'utilisation de la
simulation de noyade entre autres, ces derniers "ont réaffirmé que le
programme de la CIA était légal et reflétait la politique de
l'administration".
Ce document intervient alors que la polémique fait rage après la publication
par l'administration Obama de notes internes de l'ère Bush fournissant une
justification juridique à l'emploi de telles méthodes.
Deux jours après son investiture, Barack Obama a interdit le recours à ces
méthodes.
Le président américain a dit qu'il serait "inapproprié" d'engager des
poursuites contre les agents de la CIA qui auraient conduit les
interrogatoires mais n'auraient fait que s'en tenir à l'avis des juristes de
l'administration Bush sur ce qui était légal et ce qui ne l'était pas, renvoyant
à des décisions du ministère de la Justice pour ceux qui ont formulé ces
décisions juridiques »
- 19 - Ainsi, une discrimination de traitement basée sur des critères politiques, entre
ceux qui sont alliés des gouvernements du moment et les opposants s’oppose à tous
les principes du droit, même quand cela concerne ceux que les Etats qualifieraient
arbitrairement pour des motifs politiques à un moment historique donné, de
« terroristes ».
Une telle discrimination visant à soutenir qu’un enlèvement et/ou des tortures
devraient être admis dans certaines circonstances, ne peut être tolérée au regard de
l’application de règles fondamentales et permanentes, qui n’ont pas à être soumises
aux aléas de l’actualité, ni à une désinformation manipulée selon les intérêts des
Etats ou des gouvernements du moment.
- 20 – L’article 13 oblige les Etats parties « Toute personne dont les droits et
libertés reconnus dans la présente Convention ont été violées, a droit à l’octroi
d’un recours effectif devant une instance nationale, alors même que la violation
aurait été commise par des personnes agissant dans l’exercice de leurs fonctions
officielles ».
L’historique des procédures engagées par Ilich Ramírez Sánchez pour faire juger de
l’illégalité de son arrestation démontre que les juridictions françaises ont toujours
refusé de statuer sur l’illégalité des actes commis dont il a été victime dans la nuit du
14 au 15 août 1994 à Khartoum (Soudan).
La seule description des refus purement formels et abstraits face aux recours
21
la Cour de cassation confirmait ce rejet par arrêt du 21 février 1995, estimant que la
Chambre d’accusation avait donné une base légale à sa décision au motif que :
Par ailleurs les juridictions nationales sont incompétentes pour connaître des
conditions dans lesquelles seraient intervenues, à l’étranger, l’arrestation d’une
personne par les seules autorités locales agissant dans la plénitude de leur
souveraineté et sa remise à des policiers français. »
Or, comme il l’a été démontré plus haut, l’enlèvement d’Ilich Ramírez Sánchez au
Soudan par des policiers français ne résulte pas d’une décision des autorités légales
représentant l’Etat du Soudan, ni même de son Président de la République.
Et c’est encore établi par l’un des auteurs de l’enlèvement, à savoir Philippe Rondot,
invoquant une autorisation du Dr Hassan El-Tourabi qui n’était détenteur d’aucun
pouvoir pour agir au nom de l’Etat du Soudan.
Les affirmations des juridictions françaises pour écarter les recours d’Ilich Ramírez
Sánchez sont donc totalement mensongères.
- 22 – Le 17 décembre 1995, Ilich Ramirez Sanchez avait déposé une plainte avec
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La Chambre d’accusation par arrêt du 10 juin 1996 infirmait le refus d’informer sous
le motif suivant :
« Lorsque Ilich Ramirez Sanchez a été arrêté et transféré vers la France, il n’était
l’objet ni d’un mandat d’arrêt international, ni d’une procédure d’extradition : il a
été l’objet d’actes accomplis hors de toutes règles ou normes juridiques jusqu’à
son arrivée sur le territoire français, avant que le mandat d’arrêt national lui soit
notifié ».
Ainsi, la Chambre d’accusation constatait l’illégalité des actes commis par les
policiers français, puisqu’à défaut d’application de règles ou normes juridiques, ils
n’avaient aucun droit de priver Ilich Ramírez Sánchez de sa liberté, ni a fortiori de le
contraindre à quitter le territoire soudanais et être placé de force par ces mêmes
policiers français dans un avion français à destination de la France.
Une contrainte violente : drogué par injection d’un produit chimique, ligoté, enfoui
dans un sac de transport de cadavres et la tête recouvert d’une cagoule, c’est ainsi
que les policiers français ont agi sur le territoire soudanais, sans aucune autorisation
des représentants de la République du Soudan et dans un avion français, alors qu’ils
n’étaient porteurs d’aucun titre d’arrestation. !
23 - Le Parquet Général, sur ordre du Garde des Sceaux, formait alors un pourvoi
contre cette décision et par arrêt du 26 novembre 1996, la Cour de cassation cassait
l’arrêt de la Chambre d’accusation en affirmant :
précédent arrêt du 7 novembre 1994, passé en force de chose jugée, d’où résultait la
régularité de la poursuite et des actes de procédures accomplis avant sa saisine,
notamment l’exécution du mandat d’arrêt par la force publique. »
24 - Il ressort de ces décisions que les juridictions de l’Etat français, par toutes sortes
de contorsions artificielles, faisant faussement application de textes de procédures
inadéquats au problème posé, ont systématiquement refusé à Ilich Ramírez Sánchez,
l’exercice de son droit à un recours effectif à l’égard des faits d’enlèvement et de
séquestration dont il a fait l’objet à partir de la nuit du 14 au 15 août 1994 de la part
des fonctionnaires français.
Les institutions européennes rappellent ainsi à juste titre qu’il ne peut y avoir aucune
dérogation aux garanties prévues par l’article 13 de la Convention, ce dont Ilich
Ramírez Sánchez s’est trouvé privé, de facto, par des détournements de la loi, le
privant ainsi de son droit à un recours effectif.
L’article 17 a pour objet d’interdire notamment les atteintes arbitraires aux garanties
déterminées par la Convention et d’empêcher toute dérogation à leur application,
hormis les cas limitatifs prévus par la Convention.
Il est avéré que les fonctionnaires de l’Etat français ont commis le crime
d’enlèvement et l’appréhension contre son gré d’Ilich Ramírez Sánchez, ficelé, sur le
territoire soudanais pour le conduire de force sur le territoire français, ne pouvant en
aucun cas être justifié par l’absence de convention d’extradition entre la France et le
Soudan.
25
En agissant ainsi, et alors qu’il ne faisait pas l’objet d’une quelconque procédure
d’expulsion du Soudan, les fonctionnaires français, engageant la responsabilité de
leur Etat, ont commis un acte de destruction de l’article 5 de la Convention, garantie
essentielle destinée à interdire l’arbitraire.
28 - C’est d’ailleurs ainsi que la Chambre d’accusation en avait jugé dans son arrêt
du 10 juin 1996, arrêt cassé le 26 novembre 1996 par la Cour de cassation sur ordre
politique.
« Lorsque Ilich Ramirez Sanchez a été arrêté et transféré vers la France, il n’était
l’objet ni d’un mandat d’arrêt international, ni d’une procédure d’extradition : il a
été l’objet d’actes accomplis hors de toutes règles ou normes juridiques jusqu’à
son arrivée sur le territoire français, avant que le mandat d’arrêt national lui soit
notifié ».
Les juridictions de l’Etat français, en refusant d’examiner sur le fonds, tous les
recours du requérant contre les actes arbitraires dont il est la victime, ont confirmé
cette négation des garanties fixées par l’article 5 de la Convention.
Il apparaît évident que l’Etat français s’est cru autorisé à agir de la sorte, en
prétendant appliquer un droit spécial à l’égard d’une personne qu’il qualifie de
« terroriste » - ce qui ne correspond d’ailleurs pas à un statut démontré puisque Ilich
Ramírez Sánchez ne fait l’objet d’aucune condamnation judiciaire pour
« terrorisme ».
Il n’existe aucun autre cas en droit français d’un enlèvement d’un étranger par des
policiers français sur le territoire d’un Etat étranger, sans même l’accord des autorités
légales de cet Etat.
Par ces motifs et tous autres à produire, déduire ou suppléer, même d’office, il est
demandé à la Cour de déclarer constituée la violation grave et caractérisée par l’Etat
26
Satisfaction équitable
A titre principal il, l’Etat français sera condamné à ouvrir une procédure judiciaire pour
enlèvement et séquestration, à la suite des éléments nouveaux et indiscutables révélés
par certains des auteurs de ces actes illégaux, prévus par les articles 113-6, 224-1, 224-
2, 224-5-2 et 432-4 du Code pénal français.
La condamnation de l’Etat français à exercer les droits et recours prévus par la loi
française, est de nature à rétablir les droits du requérant, auquel il a été porté gravement
atteinte par la violation des droits les plus fondamentaux garantis par la Convention..
Frais et dépens
Les sommes engagées par sa défense pour la procédure menée en France, soit, une
somme totale de 32.000 euros HT comprenant, frais de recherche et de documentation,
frais de déplacement, et honoraires (temps de travail), dont la défense d’Ilich Ramírez
Sánchez a fait l’avance.
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17- Extrait de l’ouvrage « Hunting the Jackal » de Billy Waugh et Tim Keown.
20- Extrait d’une interview de Charles Pasqua et de Barbet Scroeder par Michel Denisot
dans l’émission télévisée Le Grand Journal du 1 juin 2007.
21-Article de presse : « Carlos a déposé plainte contre le général Rondot pour son rôle
dans sa capture en 1994 ».
22- Article « le général Rondot, maître espion, tire sa révérence » paru dans le Journal
Le Figaro du 10 janvier 2006.
26- Article de presse « Hassan Tourabi « opostat » intégriste: Rondot, Ben Laden et
Cie » paru dans le journal « Le Point » du 5 Mai 2005.
27- Article de presse « CIA - CIA’s Cofer Black and What is News » paru dans la
revue « Intelligence » N° 528 en date du 24 novembre 2008.
28- Déclaration de Condeleezza Rice publiée sur le site internet BBC News.
29- Article paru sur le site internet « Open Democracy » le 9 décembre 2005.
30- Chapitre 18 « Taken by force » de l‘ouvrage intitulé « Carlos The Jackal: Trail of
terror » écrit par Patrick Bellamy.
31- Article de presse « Italy Braces for Legal Fight Over Secret CIA Program » écrit par
Ian Fisher et Elisabetta Povoledo paru dans le journal « The New York Times » le 8
juin 2007.