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N° d’ordre 181-2004 Année 2004

THESE
présentée
devant L’UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1
pour l’obtention
Du DIPLOME DE DOCTORAT
(arrêté du 25 avril 2002)

présentée et soutenue publiquement le


12 octobre 2004

par
Valérie MARTINEZ

Influence des effets thermiques et mécaniques sur la relaxation


structurale des préformes et des fibres optiques à base de silice
Etude par diffusion de la lumière et par diffusion des rayons X

Directeur de thèse:
M. Bernard CHAMPAGNON

JURY : M. E. Duval
M. I. Flammer Rapporteur
M. C. Pedrini Président
M. A. Polian Rapporteur
M. D. Vandembroucq
MERCI….

Mes premiers remerciements vont naturellement et sincèrement vers mes


parents. Nous avons partagé des moments très agréables mais nous avons aussi
traversé ensemble des moments difficiles et c'est vous qui m'avez donné la force, le
courage et l'envie de continuer… Merci à toi, Papa, le sage de la famille, pour ton
soutien moral permanent et ta gentillesse exemplaire… Merci à toi, ma petite maman
pour tes mots réconfortants, tes sourires apaisants et tes plats culinaires
expérimentaux délicieux (n'est ce pas, Flo et Jean-Phi !!)…

Un soir de septembre, j'ai attaché mon vélo avec celui d'un ange… depuis, il
supporte mes fous rires, mes "tartes à tout", mes questions existentielles et … Shiny
!!! Merci à toi, Jérôme pour ta patience et ta générosité.

Je souhaite aussi dire un grand "Merci" à mes amis très proches : Véro (tes parents
et David), les balades en Ardèche, les "pourettes", ce séjour salvateur à
Champussac reste gravé dans mon cœur… merci. Merci aussi à Anne et Steph pour
les balades sous la pluie et dans le froid, les cadeaux toujours très utiles (!!!), les
tartes aux noix et surtout pour tous les moments de complicité que nous avons eu
tous les quatre… merci à Cédric pour ton écoute, tes conseils avisés, les tournois de
badminton organisés … tu resteras mon GO préféré !!! Et enfin, j'aimerais exprimer
toute mon amitié à Steff, Féfé, Manu, Estelle, Fred, Eric, Alex et Marion, Marie-
Charlotte, Alix, Will, Clairette…

J'aimerais également présenter mes sincères remerciements à Bernard


Champagnon, qui m'a encadré, conseillé et aussi écouté. Ces trois années passées
dans votre équipe ont été très enrichissantes et je tiens à vous dire que j'ai beaucoup
apprécié votre authenticité et votre gentillesse ainsi que votre disponibilité (rudement
mise à l'épreuve certaines fois). De plus, j'aimerais particulièrement remercier
Madeleine (et ses talents culinaires) qui nous a toujours accueilli avec beaucoup de
gentillesse.

iii
Je voudrais également remercier l'ensemble des membres du jury :
Monsieur Christian Pédrini, qui m'a accueilli au sein de son laboratoire durant ces
trois ans,
Monsieur Alain Polian, pour les manips de diffusion Brillouin…
Messieurs Ivo Flammer et Damien Vandembroucq avec lesquels nous avons mené
une étroite et intéressante collaboration scientifique, et qui nous ont fournit des
échantillons de grande qualité,
et Monsieur Eugène Duval, pour nos fructueuses discussions…

Je souhaite aussi dire un sincère grand "merci" à Anne-Marie Jurdyc tant pour notre
collaboration scientifique qui concerne les préformes et fibres dopées Erbium que
pour les discussions personnelles desquelles je suis toujours sortie plus positive.

Enfin, je tiens à souligner que j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler au sein de
l'équipe "verres et nanostructure". Je remercie donc chaleureusement les acteurs de
cette bonne et saine ambiance qui y règne : Bernard (dans le rôle de l'acteur
principal), Dominique la sportive de l'équipe, Gérard (Panczer), Gérard (Métrat),
Alain et enfin les deux étoiles de l'équipe, Françoise et Christine pour leur douceur,
leur patience et leur écoute. Notez que j'ai beaucoup apprécié tout particulièrement
nos discussions, nos fous rires et nos dégustations de bonbons !!!!

Après les étoiles, j'aimerais dire un "ptit merci pour les débats animés, les blagues…"
à chacune des stars de la salle café du 4ème étage : Elisabeth, Max, Bernard (les
deux), Laurent (désolée pour tous les fils diamantés cassés !!), Christophe,
Stephan... sans oublier les thésards et stagiaires qui ont partagé avec moi ses trois
ans : Rozenn et Nadège les anciennes, Bruno, Anne-Laure, Arnaud, Sorin, Valeria,
Fabiola, Ana, Hakim, Marco, Angeles, Maricella, Annabelle (toujours prête à
organiser un goûter !!!)…

iv
v
vi
Table des matières

Couverture i

Remerciements iii

Table des matières vii

Introduction 1

I Le verre 3
I.1. Le verre : ses caractéristiques macroscopiques 4
I.1.1. Caractéristiques générales de la formation du verre :
la température de transition vitreuse Tg 4
I.1.2. La température fictive Tf 6
I.2. Description microscopique des verres d’oxydes 9
I.2.1. Les oxydes formateurs, modificateurs ou intermédiaires 9
I.2.2. Ordre à courte, moyenne et longue distance 11

II Dispositifs expérimentaux et aspects théoriques 17


II.1. Origine de la diffusion de la lumière
II.1.1 Description classique
II.1.2 Description quantique
II.2. Spectroscopie Raman
II.2.1 Théorie de la diffusion Raman 22
II.2.2 Spectromètre Dilor XY 26
II.2.3 Spectromètre Raman Renishaw 27
II.3. Diffusions Rayleigh et Brillouin 29

vii
II.3.1 Théorie de la diffusion Rayleigh 29
II.3.2 Théorie de la diffusion Brillouin 33
II.3.3 Le spectromètre Brillouin 35
II.3.4 Le rapport Landau-Placzek 37
II.3.5 Spectromètre Z40 39
II.4. Absorption Infrarouge 40
II.4.1 Aspects théoriques 40
II.4.2 Le dispositif expérimental 40
II.5. Diffusion des rayons X aux petits angles (SAXS) 42

III Evolution de la structure avec la température fictive pour des verres


multicomposants 49
III.1. Elaboration des échantillons 50
III.1.1 Fabrication d’une préforme 50
III.1.2 Les fibres optiques : élaboration et fonctionnement 51
III.1.2.1. Tirage d’une fibre 52
III.1.2.2. Principe du guidage de la lumière 54
III.1.2.3. Fibres monomodes – fibres multimodes 55
III.2. Les verres de silice dopés GeO2 55
III.2.1 Présentation des échantillons 56
III.2.2 Modifications structurales mises en évidence par la spectroscopie
Raman et l’absorption Infrarouge 58
III.2.2.1. Spectroscopie Raman 58
III.2.2.2. Absorption Infrarouge 66
III.2.3 Diffusions Rayleigh et Brillouin 73
III.2.3.1. Rapport Landau-Placzek – Influence de la température
fictive 73
III.2.3.2. Contribution des fluctuations de concentration à la
diffusion de la lumière dans les verres dopés 75
III.2.3.3. Influence de la polarisation et du taux de dépolarisation
76
III.2.3.4. Contribution des diffusions Raman, Rayleigh et Brillouin à
la diffusion totale 79

viii
III.2.3.5. Diffusion Brillouin – Influence de la température fictive et
de la composition 81
III.2.4 Diffusion des rayons X aux petits angles 84
III.3. Les verres de SiO2-Al2O3-P2O5 dopés Er3+ 88
III.3.1 Présentation des échantillons 89
III.3.2 Etude de la structure des préformes dopées Aluminium par diffusion
Raman et absorption Infrarouge 90
III.3.2.1. Spectroscopie Raman 91
III.3.2.2. Absorption Infrarouge 96
III.3.3 Diffusion des rayons X aux petits angles 98

IV Evolution de la structure après indentation 105


IV.1. L’indentation 106
IV.2. Le verre de silice pure 108
IV.2.1. Observation à la surface de l’indent 109
IV.2.2. Observation de la section de l’indent 118
IV.3. Le verre de silice dopé GeO2 123

Conclusion 129

Annexes 133

Bibliographie 139

ix
Introduction

Des milliers de conversations téléphoniques entre deux personnes situées à


des milliers de kilomètres l’une de l’autre… Est-ce possible ? Oui…grâce aux fibres
optiques, ces minces et longs cheveux de verre…
L’idée de fabriquer des fibres en verre de silice suffisamment pur pour
transporter la lumière a vu le jour dès la fin des années 1960 mais la concrétisation
de cette idée n’est survenue qu’à partir de la fin des années 1980, date à laquelle les
câbles optiques ont commencé à supplanter les câbles coaxiaux. En effet, il a fallu
de nombreuses innovations technologiques qui concernent à la fois le processus de
fabrication des fibres et la circulation de l’information sous forme d’impulsions de
lumière pour arriver au résultat actuel. Les matériaux employés pour fabriquer le
cœur des fibres de lignes sont des verres de silice dopés avec de l’oxyde de
germanium GeO2 destiné à augmenter l’indice de réfraction. La réflexion totale est
alors possible. Il existe cependant des pertes de signal qui sont dues majoritairement
à la diffusion de la lumière. Par conséquent, environ tous les cent kilomètres, le
signal est amplifié grâce aux fibres amplificatrices. Le cœur de ces fibres est
composé de verres de silicate dopés avec des ions terres rares dont le plus utilisé
est l’ion Erbium.
Le principal objectif de ce travail est donc d’étudier la structure du verre SiO2-
GeO2 et du verre SiO2-Al2O3-P2O5 dopé Er3+ qui sont respectivement les composants
du cœur des fibres de lignes et des fibres amplificatrices dans le but de proposer des
solutions pour améliorer la transmission dans ces fibres en s’attachant aux
paramètres physiques. Nous avons eu recours à plusieurs techniques
expérimentales pour sonder la structure des verres, étudier son évolution après

1
traitements thermiques et finalement montrer l’importance des phénomènes de
densification dans la transmission des verres. Ce phénomène étant à la base des
modifications induites par les indentations mécaniques, nous avons eu pour objectif
secondaire d’observer puis d’interpréter l’influence de l’indentation sur des verres de
silice pure et de silice dopés. A terme, ces mesures doivent servir à élaborer des lois
de comportement mécanique des matériaux vitreux.

L’exposé de ce travail commencera par la définition de la température de


transition vitreuse Tg puis de la température fictive Tf. Nous montrerons, en effet,
qu’étant donné que la transition vitreuse correspond à un intervalle de température, il
est nécessaire d’introduire un paramètre supplémentaire qui associe à chaque état
structural, une température Tf. La deuxième partie sera consacrée aux techniques
expérimentales qui nous ont permis de sonder la structure des verres ainsi que la
théorie qui leur est associée. Ensuite, afin de mieux comprendre les modifications
structurales qui se déroulent autour de Tg, nous avons synthétisé un panel
d’échantillons ayant la même composition chimique (celle de la préforme) mais des
températures fictives et donc des structures différentes. Dans le chapitre III, nous
montrerons donc l’évolution de la structure avec la température fictive et nous
présenterons de plus les résultats obtenus sur fibres. Enfin, dans la quatrième partie,
nous examinerons les effets de l’indentation sur la structure d’un verre de silice pure
et d’un cœur de préforme. Dans ce cadre, nous présenterons les cartographies de
diffusion Raman que nous avons obtenues à partir desquelles, nous en avons déduit
les cartographies du taux de densification lié à l’indentation.

2
Chapitre I

Le verre

L’étude de la structure du verre a été l’objet de nombreuses expériences mais


aussi source de divergences d’opinions. C’est en 1921 que les travaux du jeune
physicien Lebedev le conduisent à élaborer l’hypothèse d’une structure partiellement
ordonnée, c'est-à-dire un réseau comportant des cristallites incorporées dans une
matrice. Puis, en 1932, Zachariasen énonça son modèle du « Continuous Random
Network ». C’est alors que des discussions passionnées entre les partisans des deux
hypothèses commencèrent et durèrent jusqu’en 1971. C’est en effet, à Leningrad,
lors du congrès anniversaire (50 ans) de l’hypothèse de la présence de cristallites
dans le verre que les scientifiques ont statué sur la validité du modèle de
Zachariasen. Ils se sont basés sur les résultats d’expériences de diffusion des rayons
X aux petits angles par des verres à un seul composant (SiO2, B2O3 et GeO2) qui
n’ont pas démontré la présence de cristallites ([Poraï-Koshits, 1985]). L’étude des
propriétés structurales des matériaux vitreux est un problème complexe, c’est
pourquoi avant de développer les résultats, nous présenterons dans un premier
temps les caractéristiques macroscopiques du verre, puis nous l’étudierons dans une
seconde partie à l’échelle microscopique.

3
I.1. Le verre : ses caractéristiques macroscopiques

Le verre est un solide non-cristallin présentant le phénomène de transition


vitreuse et l’état physique correspondant est appelé « état vitreux ». Certains le
considèrent même comme le quatrième état de la matière. La température de
transition vitreuse est l’une des caractéristiques fondamentales du verre. C’est une
température « référence ». Elle est définie par Scholze, [1990] comme étant la
température à laquelle la viscosité du matériau atteint 1013 Poises. Elle fera donc
l’objet de la première partie et en seconde partie, nous introduirons le concept de
température fictive.

I.1.1. Caractéristiques générales de la formation du verre - la


température de transition vitreuse Tg

Dans le cas du cristal, le volume molaire change brusquement à la


température de cristallisation, Tc. Par contre, dans le cas du verre, quand la
température du liquide diminue, on passe à un état métastable, celui du liquide
surfondu. L’équilibre thermodynamique n’existe donc plus. Enfin, s’opère un passage
progressif du liquide surfondu à l’état vitreux, c’est le domaine de transition vitreuse.
Au fur et à mesure que la température diminue, le liquide surfondu devient de plus en
plus visqueux et les réarrangements atomiques se font avec des temps de relaxation
de plus en plus longs. Contrairement au cristal, la variation du volume molaire entre
les deux états est continue sur cet intervalle de température. La température de
transition vitreuse peut être observée notamment en soumettant le verre à une
analyse thermique différentielle où la transition vitreuse se manifeste par un
phénomène endothermique.

La transition vitreuse est un intervalle de température dans lequel de nombreuses


propriétés sont modifiées, on l’appelle aussi domaine de transformation. Mais pour
des raisons pratiques, on définit une température de transition vitreuse Tg comme
étant le point d’intersection des extrapolations des propriétés du liquide et du verre.

4
La figure I.1 montre de plus que la température de transition vitreuse Tg est
dépendante de la vitesse de refroidissement. En effet, si on refroidit le liquide
surfondu rapidement à une vitesse V1>V2, alors la température de transition vitreuse
sera élevée (Tg1). En revanche, si on refroidit le liquide surfondu plus lentement alors
les réarrangements atomiques seront possibles et la structure va se figer à une
température Tg2, plus basse que Tg1.
Enfin, on observe que le volume molaire du verre est plus important que celui du
cristal, par conséquent, ce dernier a une densité plus élevée.

En résumé, un verre refroidi rapidement aura une température de transition vitreuse


élevée et donc un volume molaire plus important. Par conséquent, sa structure est
moins dense.

Vm (ou H)
Liquide

Liquide surfondu
∆Vm (ou ∆H)
V1

V2

Cristal

Température

Tg1 Tg2 Tc

Figure. I. 1. Variation du volume molaire Vm en fonction de la température T – Influence de


la vitesse de refroidissement sur la température de transition vitreuse (Tg1, Tg2). Tc est la
température de cristallisation

5
La figure ci-dessus montre que la variation du volume spécifique avec la
température se fait progressivement, par contre, dans le cas du coefficient de
dilatation α, la variation est beaucoup plus brutale (figure I.2).

Liquide
α (ou Cp)

LSF

r e
ver
ta l
cris

Température

Figure. I. 2. Evolution du coefficient de dilatation linéaire α en fonction de la température


pour un verre et un cristal. LSF : liquide surfondu

Il faut noter, enfin que la température de transition vitreuse dépend fortement


des concentrations en eau et impuretés. Par exemple, les ions OH- dépolymérisent le
réseau, le rendent moins rigide, ce qui a pour conséquence d’abaisser Tg.

La température de transition vitreuse Tg n’est pas un paramètre thermodynamique.


Elle fait appel à une notion de cinétique de refroidissement.

I.1.2. La température fictive

On voit donc d’après la discussion ci-dessus qu’il existe plusieurs températures de


transition vitreuse. Ainsi, pour caractériser des histoires thermiques différentes, on
introduit un nouveau paramètre thermodynamique : la température fictive.

6
C’est un paramètre thermodynamique très souvent utilisé pour étudier
l’influence de la structure sur le temps de relaxation. Elle est définie comme étant la
dernière température à laquelle le matériau a atteint son état d’équilibre dans le
liquide surfondu avant la trempe. En d’autres termes, la température fictive est la
température à laquelle le liquide surfondu est figé.

Comment obtenir des échantillons de Tf différentes ?

Il est possible de modifier la température fictive d’un échantillon de température


fictive initiale Tfi (figure I.3). Il faut pour cela le recuire à une température TA1 durant
un temps supérieur au temps de relaxation τ afin de permettre les réarrangements
structuraux. La structure du matériau va donc s’équilibrer à TA1 et une trempe très
rapide va figer le nouvel état structural. L’échantillon aura alors une température
fictive TA1. Le même raisonnement peut s’appliquer pour une température TA2
supérieure à la température fictive initiale. Dans ce cas, l’équilibre sera atteint plus
rapidement et par conséquent, le refroidissement devra être brutal afin de figer l’état
structural correspondant. En pratique, on ne pourra figer des échantillons que de
masse faible (de l’ordre du gramme) à une température fictive élevée à cause de
l’inertie thermique inhérente à la masse de l’échantillon.

Droite d‘équilibre métastable


trempe

Verre initial

trempe

TA1 Tfi TA2 Température

Figure. I. 3. Elaboration d’un verre de température fictive TA1 et TA2 respectivement


inférieure et supérieure à sa température fictive initiale Tfi

7
Ainsi, il est possible d’obtenir des échantillons ayant une composition identique
mais avec des structures différentes et par conséquent des propriétés différentes.
Nous verrons d’ailleurs dans les chapitres suivants l’évolution des signatures
spectroscopiques avec les modifications structurales induites par le changement de
température fictive.

Comment déterminer Tf ?

Elle est définie comme étant l’abscisse du point d’intersection entre la droite
représentant l’évolution d’une propriété physique (capacité calorifique, constante
diélectrique…) en fonction de la température dans l’état liquide surfondu et celle qui
représente cette évolution dans l’état vitreux.
Nous montrerons de plus dans la suite du manuscrit que l’on peut déterminer la
température fictive d’un échantillon si on connaît l’évolution des signatures
spectroscopiques en fonction de Tf.

Influence de Tf sur…

L’indice de réfraction, n : Etant donné que les traitements thermiques et la vitesse


de refroidissement déterminent la structure finale du verre, par conséquent, l’indice
de réfraction dépend de ces deux facteurs. Ainsi, Brückner, [1970] a montré que n
augmente avec Tf pour des verres de silice pure, par contre dans le cas des silicates,
Spinner et al., [1966] ont observé que l’augmentation de Tf engendrait une diminution
de l’indice de réfraction.

Le coefficient d’expansion thermique de la silice dépend aussi de la température


fictive, il augmente avec Tf avec un maximum autour de 1500°C. Ce comportement
inhabituel pour les solides est décrit comme le comportement « anormal » de la
silice.

La diffusion des ions OH- : Roberts et al.,[2001] ont traité à différentes températures
des échantillons de silice de Tf=1100°C et 1300°C sous atmosphère humide et ils ont
constaté que les échantillons de haute température fictive ont un faible coefficient de
diffusion de l’eau.

8
I.2. Description microscopique des verres d’oxydes

Notre étude étant focalisée sur la structure de verres silicatés, nous allons en
premier lieu présenter les verres d’oxydes, puis nous nous attarderons sur la
description de la structure de ces matériaux du point de vue microscopique.

I.2.1. Les oxydes formateurs, modificateurs ou intermédiaires

Les verres d’oxydes sont des matériaux transparents en l’absence


d’impuretés. Ils sont aussi très résistants aux agents chimiques sauf à l’acide
fluorhydrique HF et à certaines bases et sont de bons isolants thermiques (du fait de
leur faible coefficient de dilatation thermique) et électriques. Il existe des verres
d’oxydes à l’état naturel qui sont issus de la fusion des roches volcaniques : les
obsidiennes par exemple…
Les oxydes contenus dans les verres sont classés suivant leur fonction à
l’intérieur du réseau, il existe ainsi des oxydes formateurs, des oxydes modificateurs
et enfin des oxydes intermédiaires.

Les oxydes formateurs forment le réseau du verre, ce sont des oxydes qui donnent
naissance à un verre par refroidissement du composé fondu. Le composé le plus
important est la silice SiO2 mais sont aussi formateurs GeO2, B2O3, As2O3 et TeO2.
Dans un verre composé uniquement d’oxydes formateurs de réseau, tous les
oxygènes sont pontants.

Les oxydes modificateurs les plus courants sont les oxydes alcalins (Li2O, Na2O, K2O
et Cs2O) et les oxydes alcalino-terreux (MgO, CaO et BaO). L’introduction de tels
oxydes provoque une rupture de ponts Si-O-Si par exemple pour un verre de silice
pure ce qui engendre la formation d’oxygènes non-pontants selon le principe suivant
(figure I.4) :

9
O O O O

O Si O Si O O Si O + Na Na + O Si O

O O O O

Figure. I. 4. Formation d’une paire d’oxygènes non pontants

L’atome d’oxygène porteur de la charge – est fortement polarisable (sa


polarisabilité dépend du contre-ion), par conséquent, l’interaction avec la lumière
sera plus importante donc l’indice de réfraction d’un verre comportant des oxygènes
non pontants sera plus élevé.

Les oxydes modificateurs de réseau dépolymérisent le réseau vitreux, ainsi, le verre


sera moins visqueux, sa température de transition vitreuse sera plus faible et son
coefficient de dilatation sera plus important que celui de la silice pure.

Enfin, les oxydes intermédiaires ont un comportement différent suivant la


composition : soit ils s’insèrent dans le réseau vitreux tels des oxydes formateurs,
soit, ils se comportent en tant que modificateurs. Les oxydes intermédiaires les plus
utilisés sont : Al2O3, Fe2O3, ZnO, PbO, TiO2 et ZrO2. Prenons l’exemple de la figure
I.4 et ajoutons de l’alumine Al2O3. On a déjà une rupture de pont et sachant que les
rayons ioniques de Al3+ et Si4+ sont proches, l'atome d'Aluminium s’insère dans le
réseau vitreux (site tétraédrique) et l’ion Na+ sert d’ion compensateur de charge.
Ainsi, pour qu’un oxyde intermédiaire soit formateur de réseau, il faut qu’il trouve
dans son environnement un compensateur de charge (figure I.5). De plus, dans le
cas où il y a autant d’atomes Na que d’atomes Al, il n’y a plus d’oxygènes non
pontants.

O
O O O +Na O
O Si O + Na Na + O Si O O Si O Al O Si O
O O O O
O

Figure. I. 5. Insertion d’Al2O3 dans le réseau

10
Dans le cadre de notre étude, nous étudierons notamment l’introduction de l’alumine
qui est un oxyde intermédiaire dans une matrice de silice sans compensateur de
charge : l’alumine se comportera comme un oxyde modificateur.

I.2.2. Ordre à courte, moyenne et longue distances

La structure du verre peut être déterminée expérimentalement grâce à


l’interaction entre un rayonnement et le matériau (diffusion de la lumière, diffusion
des rayons X ou des neutrons…). On peut aussi la simuler par dynamique
moléculaire ou grâce à la méthode de Monte-Carlo. Ainsi, dans ce paragraphe, nous
allons établir la classification de l’ordre structural que nous illustrerons par les
caractéristiques structurales du verre de silice pure. En effet, le verre de silice pure
est notre matériau de référence, c’est à partir de sa structure que nous interpréterons
dans les chapitres suivants, la modification des propriétés structurales due à
l’introduction de dopants.
La structure de la silice amorphe est constituée de tétraèdres SiO4 orientés de
manière aléatoire et liés à un atome d'oxygène par un de leur sommet. Le réseau de
la silice est tridimensionnel et son arrangement atomique est présenté sur la figure
I.6.

11
Cycle à 5
tétraèdres

Cycle à 4

Cycle à 6
tétraèdres

Cycle
à3

Figure. I. 6. Réseau d’un verre de silice

Nous avons vu précédemment que le verre est un matériau amorphe, sa


structure est désordonnée et donc dépourvue d’ordre (translation et rotation) à
longue distance (supérieure à 20 Å). Par contre, il existe une périodicité à courte et
moyenne distance (jusqu’à 20 Å).

L’ordre à courte distance (Short Range Order) traduit l’environnement atomique


proche d’un atome donné, i et les distances caractéristiques vont de 2 à 5
Angströms. Ainsi, dans le cas du verre de silice, on considère l’environnement
atomique autour des atomes de Si et de O. Les paramètres nécessaires à la
description de cet ordre à courte distance (figure I.7a) sont :
Le nombre de plus proches voisins j, Nj, autour de l’atome i. Dans le cas de la
silice, chaque atome de Si est lié à quatre atomes de O et chaque atome de O est lié
à deux atomes de Si.
La distance entre les plus proches voisins : Rij. Les mesures de diffraction des
rayons X ont permis de mettre en évidence que la distribution des longueurs de
liaisons Si-O était faible et qu’elle était centrée sur RSi-O ≈ 1.62 Å.
L’angle de liaison : φjik : dans la silice, la valeur des angles O-Si-O est φO-Si-O =
109,7°. De plus, du fait de l’orientation aléatoire des tétraèdres, les angles entre les

12
tétraèdres Si-O-Si fluctuent entre 120° et 180° et leur valeur la plus probable est
θM=144°.
Cet angle intertétraèdre est une valeur moyenne car il comprend les angles entre
tétraèdres « isolés » et les angles intertétraèdres à l’intérieur d’un cycle (cf. le
paragraphe concernant l’ordre à moyenne distance). De ce fait, cet angle dépend
fortement du nombre de tétraèdres compris dans le cycle mais aussi du degré de
« pliage » des tétraèdres car tous les cycles ne sont pas planaires.

Nous avons vu dans le paragraphe précédent que l’introduction d’oxydes


modificateurs engendre la création d’oxygènes non-pontants. Dans ce cas, un
nouveau paramètre est introduit : Qn (n variant entre 0 et 4). Cette configuration
signifie que l’atome de Si est lié à n atomes d’oxygènes pontants.

Ce concept d’ordre à courte distance implique l’hypothèse que la distance entre


l’atome i et ses voisins de même espèce est constante. Ainsi, dans un verre, cet
ordre à courte distance est conservé.

13
δ

ϕ
k ϕ

rij i

j j

a b
δ

Figure. I. 7. Ordre à courte (a) et moyenne (b) distances autour de l’atome i

L’ordre à moyenne distance (Medium Range Order) est défini comme l’organisation
structurale à une échelle plus grande que pour le cas précédent : les atomes voisins
plus éloignés, les cycles,… Les distances caractéristiques vont de 6 à 20 Angströms
et Elliot, [1991] propose de le diviser en trois « sous-organisations structurales » :
« L’ordre à moyenne distance proche » (Near Medium Range Order), dont les
distances caractéristiques sont de 5 à 6 Angströms, décrit le type de connection
entre les tétraèdres. Ainsi, l’ordre local varie de manière non négligeable selon que
les polyèdres partagent leurs sommets, arêtes ou cotés. Dans le cas des verres de
SiO2 et de GeO2, la connection entre les tétraèdres se fait par un de leur sommet.
L’ordre à moyenne distance proche est aussi associé à l’angle φ (figure I.7b),
nommé « angle dihédral » ou « de torsion » qui dépend de l’encombrement stérique.
L’« ordre à moyenne distance intermédiaire » (Intermediate Medium Range
Order) correspond à des distances caractéristiques allant de 6 à 8 Angströms. Il est
associé aux tétraèdres qui, reliés entre eux, forment des cycles réguliers, les « unités
superstructurales » ou bien des agrégats.

14
Les différentes variétés allotropiques de SiO2 sont constituées de tétraèdres
SiO4 liés entre eux et formant des cycles. Ainsi, la dynamique moléculaire ([Rino et
al., 1993]) démontre que la cristobalite ne comporte que des cycles à six tétraèdres
et que le quartz comprend majoritairement (66%) des cycles à six mais aussi des
cycles à huit tétraèdres. Dans le cas des verres, la preuve de l’existence des cycles
est basée principalement sur les données provenant de la diffusion Raman et
concernant les bandes D1 et D2 attribuées respectivement aux vibrations des cycles
à quatre et trois tétraèdres. Nous présenterons les résultats concernant les verres de
silice dopés dans le chapitre III. La figure I.8 ([Jin et al., 1994]) présente la
distribution de la taille des cycles pour un verre de silice et montre que le nombre de
petits cycles est faible. En revanche, les cycles à 6 tétraèdres sont majoritairement
présents. Ces résultats ont aussi été calculés par dynamique moléculaire par Rino et
al., [1993]. Ils ont en effet montré que la formation de cycles à deux tétraèdres était
énergétiquement très défavorable et que les cycles à trois tétraèdres ne
représentaient qu’un pourcent de l’ensemble des cycles. Galeener, [1982] a montré
que ceux-ci étaient plans. En effet, quand un cycle se forme dans un verre, il a
tendance à réduire son énergie de formation en relaxant les angles intertétraèdres
Si-O-Si vers leur valeur la plus probable (θ = 130° pour un cycle à trois tétraèdres),
c'est-à-dire celle correspondant à une énergie minimale.
Distributions des cycles de taille r

40
35
30
25
20
15
10
5
0
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Taille r des cycles

Figure. I. 8. Les cycles dans le verre de silice pure

15
L’« ordre à moyenne distance lointain » (Far Medium Range Order)
correspond à des distances variant de 8 à 20 Angströms.

L’ordre à longue distance (Long Range Order) a été séparé en deux parties par
Galeener, [1991] :
L’ordre cristallin à longue distance concerne les verres dans lesquels un motif
à l’échelle de l’ordre à moyenne distance se répète. Le verre comporte donc des
microcristallites de taille caractéristique dLRO. Il est important de noter que cette taille
caractéristique dépend de la forme cristalline des microcristallites et aussi de la
matrice vitreuse.

L’ordre non-cristallin à longue distance est utilisé pour décrire les structures
non périodiques, qui ne comportent pas de microcristallites telles qu’elles donnent un
pic de diffraction. Par contre, l’ordre non-cristallin à longue distance peut
correspondre à une matrice vitreuse comportant de petites cristallites parsemées et
qui, par conséquent, ne donnent pas de pic de diffraction.

Enfin, l’ordre global est du même ordre de grandeur que la taille de l’échantillon. Les
propriétés qui en découlent sont : l’isotropie, la connectivité du réseau…

Nous avons présenté l’ordre à courte, moyenne et longue distances que nous avons
appliqué au verre de silice pure. Dans le cadre de ce travail, l’ordre à moyenne
distance dans des verres silicatés est étudié grâce à différentes techniques
expérimentales.

16
Chapitre II

Dispositifs expérimentaux et aspects théoriques

Lors du premier chapitre, nous avons introduit l’état vitreux puis nous avons
défini les ordres à courte, moyenne et longue distances. Lors de ce travail de thèse
nous nous sommes attachés à étudier la structure de verres d’oxydes et plus
particulièrement, nous avons choisi de focaliser notre recherche sur l’ordre à
moyenne distance. Afin d’obtenir cette information structurale, nous avons eu recours
à plusieurs techniques expérimentales. Nous allons donc les présenter dans ce
chapitre, ainsi que la théorie associée.

II.1. Origine de la diffusion de la lumière

La diffusion de la lumière a été définie comme étant la propriété suivante : un


volume de matière reçoit un rayon lumineux et renvoie une partie de l’énergie reçue
dans toutes les directions de l’espace. Ainsi, la plupart des objets que nous voyons
ne produit pas l’énergie lumineuse que nous en recevons, mais diffuse la lumière qui
les éclaire. Le but de ce chapitre est donc de préciser les bases théoriques
nécessaires à la compréhension de ce phénomène.

17
II.1.1. Description classique

La lumière est une onde électromagnétique, caractérisée par un vecteur


r
champ électrique E et un vecteur champ magnétique B . L’interaction d’une onde
électromagnétique avec un système de charges ponctuelles induit la mise en
mouvement de ces charges qui émettent à leur tour une radiation électromagnétique.
r
Le système de charges est décrit par la charge volumique ρ(r , t ) et le vecteur courant
r r r r
j = ρv , v étant la vitesse moyenne des charges mobiles au point r et à l’instant t. Le
champ électromagnétique est défini à partir des potentiels magnétique et électrique,
r
A et ϕ. Le comportement du champ en présence de particules chargées est décrit
par les équations de Maxwell :

r
r 1 ∂2A r
∆A − 2 2 = −µ0 j (2.1)
c ∂t
1 ∂ 2φ ρ
∆φ − =− (2.2)
c ∂t
2 2
ε0

où µ0 et ε0 sont respectivement la perméabilité et la permittivité du vide (ε0 µ0 c2 = 1).

Les solutions de ce type d’équations sont des potentiels retardés :


r⎛ r R⎞
r r j ⎜ r ' , t − ⎟
µ0 ⎝ c ⎠ 3r
A (r , t ) =
4π ∫v
d r' (2.3)
R

⎛r R⎞
ρ⎜ r ' , t − ⎟
r 1 ⎝ c ⎠ 3r
φ(r , t ) = ∫ d r' (2.4)
4πε 0 v R

r
La contribution du point r ' est celle des charges qui étaient en ce point à l’instant
R r r r
t − . De plus, R = r − r ' .
c

18
r r r
r d r dp r
Or j = ρv = ρ = où p est la polarisation électrique du milieu. Elle est
dt dt
définie comme étant le nombre de dipôles électriques par unité de volume et est
induite par le déplacement des dipôles.

r r µ 1 ∂ r ⎛r R⎞ r
D’où A (r , t ) = 0 ∫ p ⎜ r ' , t - ⎟ d3 r ' (2.5)
4π v R ∂t ⎝ c⎠

r
Pour une onde électromagnétique plane, le champ électrique E est donné par :
r ∂ r r r
E=
∂t
(
A ∧n ∧n ) (2.6)

r r r r
où n est le vecteur unitaire dans la direction et le sens de propagation et A ∧ n ∧ n ( )
r
est l’opposé de la projection de A dans le plan perpendiculaire à la direction de
r
propagation. Le champ électrique au point r et à l’instant t induit par la polarisation
r
p dans un volume V est donc :
r r 1 1⎛ ∂2 r ⎛ r R⎞ r⎞ r r
2 ∫
E( r , t) = ⎜⎜ 2 p ⎜ r ' , t − ⎟ ∧ n ⎟⎟ ∧ nd3 r ' (2.7)
4πε 0 c v R ⎝ ∂t ⎝ c⎠ ⎠

r
Le matériau va se polariser avec un vecteur polarisation par unité de volume p sous
r r
l’effet du champ électrique local E i (r ' , t' ) en r autour d’un élément d3r. Ainsi, la
r r r
polarisation p est proportionnelle au champ électrique incident, E i (r ' , t' ) .

Or
r r r r r
(
E i (r ' , t') = E i0 exp i k 0 .r '−ω 0 t ' ) (2.8)

rr r r r
Donc p(r ' , t') = ε 0 χ(r ' , t') E i (r ' , t') (2.9)

Où χ est la susceptibilité diélectrique, elle caractérise l’aptitude du système de


r
charges à se déformer sous l’effet du champ électrique de l’onde incidente E i . χ peut
r
s’écrire comme la somme d’une partie constante χ0 et d’une partie fluctuante δχ (r ' , t')
due, par exemple, aux vibrations :
r r
χ (r ' , t') = χ 0 + δχ (r ' , t') (2.10)

19
La polarisation est ainsi dépendante des fluctuations de la susceptibilité diélectrique :
r r r r r
p (r ' , t' ) = ε 0 [χ 0 + δχ (r' , t' )] E i0 e i (k 0 . r ' −ω0 t' ) (2.11)

R
Or t' = t −
c
r r r r R
Donc k 0 . r '−ω 0 t' = k 0 . r '−ω 0 t + ω 0
c
r ω r ω r r r r
Si on pose k = 0 et k.R = 0 R avec R = r − r '
c c
r r r r r rr
On obtient k 0 . r '−ω 0 t' = (k 0 - k) r '+k. r - ω 0 t (2.12)
r r r
p (r ' , t ) = ε 0 [χ 0 + δχ (r ' , t )] E i0 e i (k 0 −k ). r ' e i (k. r −ω0 t )
r r r rr
r
D’où (2.13)

r
Si les fluctuations de susceptibilité δχ sont très lentes devant les oscillations de E i ,
par exemple, si la fréquence de vibration des molécules est très faible devant la
fréquence de l’onde électromagnétique, alors :
r r
∂ 2 p( r , t) r
= −ω 02 p
∂t 2

r r 0 i (kr −kr ). rr ' i (kr. rr −ω t )


∂ 2p
= − ω 2
0 ε 0 [χ + δ χ ] E i e
0
e 0
(2.14)
∂t 2 0

Le champ électrique résultant est donc, d’après l’équation (2.7) :


r r
(
− ω 02 i (kr. rr −ω0 t ) r 0 r r
) r i (k 0 −k ). r ' 3 r
r r r
E(r , t ) = e E i ∧ n ∧ n .∫v (χ + δ χ (r ' , t ))e d r' (2.15)
4π Rc 2
0

i (k
( )
) d3 rr ' = χ (2π )3 δ kr − kr , ce qui est non nul pour kr = kr
r r r

∫ χ 0e 0 −k
.r'
Or 0 0 0
v

Le premier terme correspond donc simplement à la propagation de la lumière :


r r
E(r , t ) =
4π Rc 2
e E i ∧(
− ω 02 i (kr. rr −ω0 t ) r 0 r r
n ∧ n . χ 0 )
(2π )3
δ
r
k 0 −
r
k ( )

20
Le deuxième terme représente le champ électrique diffusé :
r r
(
− ω 02 i (kr. rr −ω0 t ) r 0 r r
) r i (k 0 −k ). r ' 3 r
r r r
E d (r , t ) = e E i ∧ n ∧ n .∫v (δ χ (r ' , t ))e d r' (2.16)
4π Rc 2

Un milieu homogène, qui présente aucune fluctuation de la susceptibilité, δχ, ne


r
diffuse pas la lumière. De plus, δχ( r ' ,t) est un tenseur qui fait intervenir le rôle de la
polarisation dans le mécanisme de diffusion. Le champ électrique diffusé de
polarisation k par une onde incidente de polarisation i est :
r r
(
− ω 02 i(kr. rr −ω0 t ) r 0 r r
) (
ik r
)
i (k 0 −k ). r ' 3 r
r r r
E ikd (r , t ) = e E i ∧ n ∧ n .∫v δ χ (r ' , t ) e d r' (2.17)
4π Rc 2

La diffusion de la lumière par la matière a donc pour origine les fluctuations de la


r
susceptibilité diélectrique, δχik, sous l’effet du champ électrique E i de la lumière
incidente.

II.1.2. Description quantique

Après l’interaction entre la lumière et le matériau, les molécules possèdent


quatre formes d’énergies :
E = ETranslation + Erotation + EVibration + Eélectronique

ETranslation (ET), Erotation (Er) et EVibration (EV) correspondent à des mouvements de la


molécule et donc à des degrés de libertés (3N-6 degrés de liberté pour une molécule
polyatomique à N atomes). De plus, ces trois formes d’énergies ne peuvent pas
prendre n’importe quelle valeur, ce sont des états discrets. Aussi, sous l’influence du
rayonnement électromagnétique, la perturbation de ces états énergétiques se traduit
par des transitions énergétiques entre deux niveaux. Celles-ci s’accompagnent du
gain ou d’une perte d’un quanta d’énergie ∆E=hνj sachant que h et νj sont
respectivement la constante de Planck et la fréquence du mouvement moléculaire.
La mise en évidence de ces transitions énergétiques constitue la spectroscopie de
vibration. Ces transitions s’accompagnent de deux effets très différents :

21
• L’absorption ou émission de la lumière : c’est le cas lorsque la matière est
irradiée par un rayonnement. Il se produit une absorption ou émission de
certaines radiations électromagnétiques. Les fréquences des radiations
absorbées dépendent des transitions énergétiques réalisées et l’observation
de ces transitions de rotation et de vibration constitue la spectroscopie
Infrarouge (voir paragraphe II.4).
• La diffusion de la lumière : la matière est aussi irradiée par un rayonnement et
une faible quantité de lumière (typiquement de l’ordre de 1 pour 1000 dans le
cas du verre) est diffusée dans toutes les directions. Cette lumière diffusée a
essentiellement la même fréquence que le rayonnement incident (Diffusion
Rayleigh). Une petite fraction (1 pour 1000) de la lumière diffusée contient des
radiations ν différentes du rayonnement incident ν0, c’est la diffusion Raman
(voir paragraphe II.2.1).

II.2. Spectroscopie Raman

En 1928, en Inde, Sir C. V. Raman a été le premier à s’intéresser au phénomène


d’émission lumineuse inélastique. Le rayonnement émis par des molécules
bombardées contient des photons de même fréquence que ceux du rayonnement
incident (diffusion élastique), mais aussi des photons de fréquences différentes
(diffusion inélastique). Cet effet est très faible, approximativement 1 photon sur 1
million (10-4%) sera émis avec une longueur d’onde légèrement différente de la
longueur d’onde incidente : c’est l’effet Raman.

II.2.1. Théorie de la diffusion Raman

Explication classique

Nous venons de montrer dans le paragraphe précédent que ce sont les


fluctuations de la susceptibilité diélectrique qui sont à l’origine de la diffusion de la
r
lumière. Ces fluctuations δχ( r ' ,t) sont liées aux modes de vibration. La diffusion
Raman met en jeu des modes de vibrations pour lesquels la fréquence de vibration

22
de la molécule ωj n’est pas négligeable devant la fréquence de la lumière incidente
ω0 : on parle alors de modes optiques.

On a alors :
r
∂ 2p
= −(ω 0 ± ω j ) p
2 r

∂t 2

L’équation 2.17 devient :


− (ω 0 ± ω j ) i(kr. rr −(ω0 ±ω j )t ) r 0 r
( )
2
r ik r r ik r
( )
i (k 0 −k ). r ' 3 r
r r r
E dj (r , t ) = e E i ∧ n ∧ n .∫v δχ (r ' , t ) e d r' (2.18)
4π Rc 2

La diffusion Raman peut avoir lieu :


r
• Soit par des modes de vibration propagatifs de faible vecteur d’onde q j

(qj<2k0)
r ± i ( q . r' −ω jt )
r r
δχ jik (r ' , t ) = δχ jik (r ')e j = δχ jik e j
r ± iω t

r r r
Il y aura donc diffusion lorsque k − k 0 = ± q j avec la fréquence ω = ω0 ± ωj.

• Soit par des modes de vibration non propagatifs, c'est-à-dire localisés :


r r ± iω t
δχ jik (r ' , t ) = δχ jik (r ')e j = δχ jik e j
±i ω t

r r
Par conséquent, il y aura diffusion pour k − k 0 ayant pour fréquence ω = ω0 ± ωj.

L’expression du champ diffusé étant définie, il est possible dès lors de déterminer
l’intensité diffusée. En effet, on sait que l’énergie reçue par unité de surface et de

( )
r 1 r r
temps est donnée par le vecteur de Poynting S = E ∧ B . Notons que S s'exprime
µ0
en Watts/mètre, E est le champ électrique en Volts/mètre et B est le champ
magnétique en Teslas Pour une onde électromagnétique plane polarisée
r r r
rectilignement, ce qui est le cas d’un laser, on a S = ε 0 cE 2n . De plus, la valeur de S

moyennée sur le temps donne l’intensité de l’onde incidente :

23
Iik =
1
2
(
ε 0 c E ik .E ik * )
E ik * est le complexe conjugué de E ik

L’intensité diffusée est donc :

ε c (ω 0 ± ω j ) 0 2
4
3r 3r ik r ik r r r i(kr 0 −kr ).(rr1 − rr2 )
I ik
= 0 E i ∫∫ dt dt e −iω0 (t 2 −t1 )
∫∫ d r d r δ χ (r , t ).δ χ (r , t ) .G(r1, r2 )e
j
(
2 4π Rc 2 2 ) 1 2
V1V2
1 2 j 1 1 j 2 2

(2.19)

r r
G(r1, r2 ) est la fonction de corrélation qui mesure le degré de cohérence entre les
fluctuations de deux points. Si les champs de deux points différents du matériau sont
cohérents, ils vont interférer.

La diffusion Raman a lieu lorsque les fluctuations de la susceptibilité diélectrique sont


provoquées par les modes de vibration optiques de fréquence ωj et de vecteur
r
d’onde q j . En ce qui concerne les matériaux cristallins, la diffusion Raman permet de

sonder les modes optiques propagatifs de faibles vecteurs d’onde. De plus, cette
technique permet aussi de sonder les modes localisés d’une molécule ne possédant
aucune périodicité (le verre par exemple). La lumière a alors une fréquence
ω = (ω 0 ± ω j ) et la fréquence de vibration de la molécule correspond à des nombres

d'onde compris entre 50 cm-1 et 5000 cm-1.

Explication du point de vue énergétique

Comme nous l’avons écrit précédemment, en spectrométrie Raman, l’analyse


se fait suite à l’excitation du matériau. Porté à un niveau énergétique virtuel par une
puissante source lumineuse monochromatique de type LASER, il diffuse ensuite une
radiation qui est collectée puis analysée par un détecteur adéquat (caméra CCD,…).
Cette radiation comporte deux types de signaux. Le premier très majoritaire
correspond à la diffusion Rayleigh : la radiation incidente est diffusée élastiquement
sans changement d’énergie (figure II.1). Le second correspond à la diffusion Raman.
En effet, des photons, peu nombreux, entrent en collision avec les molécules. Celles-

24
ci absorbent ou cèdent de l’énergie aux photons incidents produisant ainsi
respectivement les radiations Stokes ou anti-Stokes (figure II.2). La variation
d’énergie observée sur le photon nous renseigne alors sur les niveaux énergétiques
de rotation et de vibration de la molécule concernée. Cependant, dans quasiment
tous les cas, les raies de rotations ne peuvent être séparées et le spectre Raman se
réduit pratiquement aux raies de vibration pure. Il existe en général, plusieurs modes
de vibration possibles de la molécule et les raies Raman fournissent directement les
fréquences fondamentales correspondantes.

Niveau énergétique virtuel

DIFFUSION RAYLEIGH
hν0 hνR (diffusion élastique)

Ek

E0
Figure. II. 1. Description énergétique de la diffusion Rayleigh. Le faisceau diffusé possède
la même énergie hν0 que le faisceau incident

hν0 = hνR

Niveau énergétique virtuel

hνS hν0 hνAS DIFFUSION RAMAN


hν0

Ek
hνk
E0
STOKES ANTI-STOKES
Figure. II. 2. Description énergétique de la diffusion Raman Stockes et anti-Stockes

hνs = hν0 – (Ek – E0) hνAs = hν0 + Ek – E0


hνs = hν0 - hνk hνAs = hν0 + hνk

25
1
En spectroscopie moléculaire, on utilise le nombre d’onde ν = en cm-1.
λ
Alors :
ν s = ν 0 − νk ν As = ν 0 + ν k

Lors de ce travail, nous avons utilisé deux spectromètres Raman, le spectromètre


Dilor XY et le spectromètre Renishaw, plus récent.

II.2.2. Spectromètre Dilor XY

Au début de l’étude, nous avons utilisé le spectromètre micro-Raman DILOR


XY dont le schéma de principe est représenté sur la figure II.3. Les raies verte à
514,5 nm et bleue à 488 nm d’un laser Argon-Krypton Spectra Physics 2016 ont servi
à exciter l’échantillon. Grâce à ce laser, il est possible de modifier la longueur d'onde
du faisceau incident et ainsi d'obtenir des spectres de diffusion Raman par des
échantillons qui contiennent des ions terres rares. Notons qu’il est possible d’atténuer
la puissance du laser par des filtres neutres. De plus, l’alignement du faisceau est
possible grâce aux miroirs mobiles.
Ce dispositif permet de faire des mesures en rétrodiffusion : le faisceau
incident focalisé par l’objectif de grossissement 50 d’un microscope Olympus, arrive
sur l’échantillon sous incidence quasi-normale provoquant ainsi la diffusion de
photons Raman dans toutes les directions. Par contre, seuls les photons
rétrodiffusés sont collectés par l’objectif du microscope puis focalisés sur la fente
d’entrée S1 du prémonochromateur. Cet élément, composé de quatre fentes et de
deux réseaux holographiques (g1 et g2) à 1800 traits/mm sert à éliminer la
composante élastique (la raie du laser). Enfin, le faisceau diffusé est dispersé par le
réseau g3 du spectromètre puis collecté par un détecteur multicanaux CCD (Charge
Coupled Device) EGG refroidi à l’azote liquide.

26
ordinateur

amplificateur

spectromètre
laser
m10
g3 CCD
caméra
m9 m8
s3
m1
g1 m3 s1 échantillon
m2
m5 microscope
g2 m4
m6 m7
prémonochromateur

Figure. II. 3. Spectromètre XY

II.2.3. Spectromètre Raman Renishaw

L’étude de l’évolution de la structure du verre de silice pure après indentation


a été effectuée grâce au spectromètre Raman Renishaw dont le dispositif
expérimental est dessiné sur la figure II.4. L’échantillon est excité par la raie verte
d’un laser Argon Spectra Physics dont la puissance de sortie ne peut excéder 30
milliwatts. Notons qu'il n'est pas possible de modifier la longueur d'onde du faisceau
incident, c'est pourquoi dans certains cas (cf. chapitre III), nous n'avons pu utiliser ce
spectromètre. De même que pour le spectromètre Dilor XY, il est possible d’atténuer
automatiquement la puissance du laser par des filtres neutres. Les miroirs m1 et m2
peuvent être ajustés afin d’aligner correctement le faisceau laser. Par contre, le
miroir m3 est fixe. De plus, un filtre « notch » (qui joue aussi le rôle de miroir) m4,
permet de couper la détection de -50 cm-1 à 100 cm-1. Notons qu’un filtre passe
bande Fpb est placé après le miroir m1 afin d’éliminer les raies plasmas du faisceau
incident.

27
S1 est la fente d’entrée du spectromètre qui, en configuration non-confocale, est
ouverte à 50 microns. g1 est un réseau monté sur une platine qui peut tourner
devant le détecteur qui est une caméra CCD refroidie par effet Pelletier. C’est grâce
à ce système qu’il est possible d’obtenir un « extended scan », c'est-à-dire un
spectre sur un large domaine de fréquences. Ceci présente un avantage non
négligeable car les problèmes de raccords de fenêtres spectrales n’existent plus.
Une caméra vidéo a été installée sur un microscope Olympus BH2-UMA. Il est ainsi
possible de visualiser la surface de l’échantillon en lumière blanche puis de choisir de
façon pertinente la zone excitée.
Dans le chapitre IV, nous présentons les cartographies effectuées sur différents
échantillons indentés. Celles-ci ont été obtenues grâce à une platine motorisée XYZ.
La détection du signal est assurée par une caméra CCD refroidie par effet Pelletier.
Enfin, ce dispositif permet aussi d’obtenir des spectres de diffusion Raman en
confocal. Pour cela, la fente S1 est réduite à 10 microns et la zone d’acquisition
sélectionnée sur la caméra CCD est réduite aussi. Cette méthode a l’avantage de
limiter la détection et ainsi de minimiser les interférences ou les « contaminations »
des zones environnantes.

En ce qui concerne l’exploitation des résultats, elle est assurée par le logiciel
Galactic GRAMS/32C.

28
g1
caméra
m3
Filtre S1
« notch »

prisme CCD

Échantillon sur
platine XYZ

microscope
Argon
LASER

Fpb

m2 m1
Figure. II. 4. Spectromètre Renishaw

II.3. Diffusion Rayleigh et Brillouin

II.3.1. Théorie de la diffusion Rayleigh

Comme nous l’avons montré dans les paragraphes précédents, la diffusion de


la lumière par le matériau est due à l’existence de fluctuations de la susceptibilité δχ
qui se trouvent à l’intérieur de zones plus petites que la longueur d’onde du faisceau
incident. Rappelons l’équation 2.17 :
r r
(
− ω 02 i(kr. rr −ω0 t ) r 0 r r
) (
ik r
)
i (k 0 −k ). r ' 3 r
r r r
E ikd (r , t ) = e E i ∧ n ∧ n .∫v δ χ (r ' , t ) e d r'
4π Rc 2

Dans le cas de la diffusion Rayleigh, les fluctuations de la susceptibilité ne


dépendent ni du temps ni de la direction dans laquelle se trouve l’échantillon par
r
( r
) ( )
rapport à l’origine δχ ik (r ' , t ) = δχ ik (r ') . Dans ces conditions, l’équation précédente
devient :
r r
(
− ω 02 i(kr. rr −ω0 t ) r 0 r r
) (
ik r
)
i (k 0 −k ). r ' 3 r
r r r
E ikd (r , t ) = e E i ∧ n ∧ n .∫v δ χ (r ' ) e d r' (2.20)
4π Rc 2

29
Par conséquent, le champ électrique diffusé de vecteur d’onde k par une onde
incidente de polarisation i a la même fréquence que le faisceau incident. En effet,
étant donné que les fluctuations de la susceptibilité ne se propagent pas (quasi
statiques), elles donnent naissance à un pic central, fin et très intense,
correspondant à la diffusion élastique Rayleigh. Ce pic est la superposition de deux
Lorentziennes dont on verra l’origine ci-dessous.

Par ailleurs, dans un verre simple, c'est-à-dire un verre qui ne comporte qu’un seul
constituant (le verre de silice par exemple), les fluctuations de la susceptibilité
diélectrique sont générées par les fluctuations de densité. En revanche, dans un
verre multicomposant, les fluctuations de concentration contribuent aussi à la
diffusion.

Dans le paragraphe II.1.1, nous avons montré


que la diffusion de la lumière était due aux fluctuations de la susceptibilité
diélectrique χ. Or, celle-ci est reliée à la permittivité ε et la permittivité du vide, ε0, par
la relation : ε=ε0 (1+χ). Par conséquent, l’intensité de diffusion de la lumière par un
milieu dépend des fluctuations de sa permittivité, ε, ou de son indice de réfraction, n,
(n²=ε) et obéit à la loi de Rayleigh :

I ∝ I0
V*
4 2
λ L
(
∆ε 2 1 + cos 2 θ ) (2.21)

I0 est l’intensité de la lumière incidente, θ est l’angle de diffusion, V* est le volume


diffusant, L est la distance qui sépare le point de diffusion du point d’observation et
∆ε 2 représente les fluctuations de la permittivité diélectrique qui s’expriment

comme suit :
2 2
⎛ ∂ε ⎞ ⎛ ∂ε ⎞
∆ε 2
= ⎜⎜ ⎟⎟ ∆ρ 2 + ⎜ ⎟ ∆T 2 (2.22)
⎝ ∂ρ ⎠ T ⎝ ∂T ⎠ ρ

∆ρ 2 est la moyenne du carré des fluctuations de la densité ρ et ∆T 2 est la

moyenne du carré des fluctuations de la température.


Il est possible de les évaluer grâce à la thermodynamique statistique :

30
kBT
∆ρ 2 = ρ 2 βT (2.23)
V

1 ⎛ ∂V ⎞
βT = − ⎜ ⎟ est la compressibilité isotherme
V ⎝ ∂P ⎠ T

Durov, [2004] a montré grâce à des calculs de thermodynamique que les fluctuations
de température s’expriment comme suit :
kBT 2 k
∆T 2 = = T2 B
ρvC v c pρ

⎛ ∂S ⎞
c p = T⎜ ⎟ est la chaleur spécifique par unité de volume à pression constante, v est
⎝ ∂T ⎠ P
le volume et Cv est la capacité calorifique isochore par unité de masse.

En prenant en compte les relations précédentes de la thermodynamique statistique,


l’intensité de la lumière diffusée (équation 2.21) devient ([Karapetyan et al., 1992]) :
⎡⎛ ∂ε ⎞ 2 ⎛ 1 ∂ε ⎞ σ k B T ⎤
2 2 2
V*
( 2
)
I ∝ I0 4 2 1 + cos θ * ⎢⎜⎜ ρ ⎟⎟ β s k B T + ⎜ ⎟ ⎥ (2.24)
λ L ⎢⎣⎝ ∂ρ ⎠ s ⎝ σ ∂T ⎠ P c p ρ ⎦⎥

1 ⎛ ∂V ⎞
βs = − ⎜ ⎟ est la compressibilité adiabatique et σ est le coefficient d’expansion
V ⎝ ∂P ⎠ s

thermique.

L’équation 2.24 comprend la diffusion par les fluctuations de densité adiabatiques


(ou fluctuations de pression) et par les fluctuations de densité isobares (ou
fluctuations de l’entropie). Les fluctuations de densité adiabatiques peuvent être
considérées comme le résultat des interférences des ondes ultrasonores dans le
verre. Par conséquent, elles feront l’objet d’une analyse plus complète dans le
paragraphe suivant dédié à la diffusion Brillouin. Par contre, les fluctuations de
densité isobares résultent des variations de la position des atomes par rapport à la
position d’équilibre. Ces variations de positions sont beaucoup plus lentes que les
vibrations atomiques. De plus, les fluctuations de densité isobares contribuent à la

31
diffusion élastique et pour les liquides, d’après l’équation 2.23, elles s’écrivent sous
la forme :

∆ρ 2 =
ρ2
V
[
kT (β T − β S ) + k T β rS + β S∞ ] (2.25)

βS∞ est la compressibilité adiabatique à haute fréquence

β S = βrS - βS∞ est la contribution relaxationnelle de la compressibilité

βT est la compressibilité isotherme à l’équilibre

Donc l’ensemble des fluctuations de densité qui contribuent à la diffusion Rayleigh


dans le cas des liquides (équation 2.24) sont :

∆ρ 2 =
ρ2
V
{ [ −1
]
kT ( β T − β S ) + kT β S − ( ρv ∞2 ) + kT ( ρv ∞2 )
−1
} (2.26)

Or, lors de la formation du verre, les fluctuations de densité sont figées à la


température fictive Tf ([Sakaguchi, 2000]). Alors la relation 2.26 devient :

∆ρ 2 =
ρ2
V
{ [ −1
]
kTf ( β T − β S ) + kTf β S − ( ρv ∞2 ) + kT ( ρv ∞2 )
−1
} (2.27)

c
Le terme c correspond aux fluctuations de densité adiabatique qui ne dépendent
que de la température T de l’expérience.

Ces fluctuations de densité participent à la diffusion de la lumière et engendrent une


diminution de la transmission de la lumière. Pinnow, [1973] a montré en utilisant les
principes de la thermodynamique que l’atténuation due à la diffusion Rayleigh,
s’exprimait comme suit :
8π 3 k B 8 2
αd = n p β T Tf (2.28)
3λ 4

kB est la constante de Boltzmann, λ est la longueur d’onde du laser, n est l’indice de


réfraction du matériau, p est la constante photoélastique angulaire moyenne et βT(Tf)
est la compressibilité isotherme à la température fictive Tf.

32
L’équation 2.28 met en évidence l’importante influence de l’indice de réfraction et de
la température fictive sur la diffusion. De plus, l’atténuation est fortement dépendante
de la longueur d’onde. C’est pourquoi, dans le domaine des fibres optiques, les
industriels utilisent les longueurs d’onde infrarouges où se situe le minimum de
l’atténuation.

Dans un verre à plusieurs composants, la diffusion Rayleigh résulte non seulement


des fluctuations de densité, mais aussi des fluctuations de concentration <∆c> qui
elles, sont figées à Tf' :

2 Tf'
= kB
∆c
(
∂ ²G
∂c²
) (2.29)

G est l’énergie libre de Gibbs


Tf' est une autre température fictive correspondant à une viscosité allant de 105 à 109

Poises ( Tf' >Tg). Elle est définie par Angell comme une température fictive chimique
« chemical fictive temperature ». C’est à cette température que les fluctuations de
concentration, indépendantes des fluctuations de densité sont figées.

Puisque la cinétique des fluctuations de composition est beaucoup plus lente que
celle des fluctuations de densité, les fluctuations de compositions mènent à une
composante Rayleigh plus étroite et peuvent être donc distinguées des fluctuations
de densité. Mais en pratique, les deux contributions (que l’on peut ajuster par des
Lorentziennes) sont trop étroites et ne peuvent être résolues. Nous avons donc
ajusté les raies Rayleigh avec des Gaussiennes car nous sommes limités par la
résolution de l’appareil.

En conclusion, les fluctuations de densité sont figées à la température fictive Tf alors


que les fluctuations de concentration sont gelées à Tf' , celles-ci étant fortement
supérieures à Tf. Il sera donc possible en abaissant Tf pour un verre donné de
diminuer la diffusion Rayleigh.

33
II.3.2. Théorie de la diffusion Brillouin

La diffusion Brillouin correspond à des fluctuations de la susceptibilité


diélectrique provoquées par les modes de vibration acoustiques qui se propagent au
sein du matériau. La lumière est par conséquent, diffusée inélastiquement par les
modes acoustiques (modes de Debye).
r
Les fluctuations de la susceptibilité diélectrique δχ ikj (r ' , t ) peuvent être provoquées

par des oscillations périodiques dans le milieu, comme des vibrations par exemple.
Soit un mode j de vibration, alors :
r ±i ( q .r'−ω t )
r r
δχ ikj (r ' , t ) = δχ ikj e j j

r
D’après le paragraphe II.1.1, le champ électrique diffusé de vecteur d’onde k par
une onde électromagnétique incidente de polarisation i est :
r r − ω 02 i(kr. rr −( ω0 ±ω j )t ) r 0 r r
( ) i (k 0 −k j ± q j ). r ' 3 r
r r r r
E ikdj (r , t ) = e E i ∧ n ∧ n .δ χ j ∫
ik
e d r' (2.30)
4π Rc 2 v

( ) r
( r r
)
r r r r 3r

∫e d r ' = (2π ) δ k 0 − k ± q j
i k 0 −k j ± q j . r ' 3
Or
v

r r r
Il y a donc diffusion lorsque k − k 0 = ±q j avec la fréquence ω = ω0 ± ωj (annihilation

ou création du phonon j).


Comme ωj<<ω0, on a ω ≈ ω0 d’où k ≈ k0
β ck 0
Or qj = ± 2k0 sin avec ωj = νj qj ω0 = ,
2 n
β est l’angle de diffusion et νj est la vitesse du son.
ω − ω0 n β
on obtient = 2 ν j sin (2.31)
ω0 c 2

Les modes de vibration pouvant participer à la diffusion Brillouin sont donc tels que qj
≤ 2k0, ce qui correspond aux vecteurs d’onde de modes acoustiques du centre de la
zone de Brillouin dans l’espace réciproque.

34
Par ailleurs, ω = 2πν avec ν , la fréquence de vibration en Hertz.
Alors :
ω − ω 0 ∆ν j
=
ω0 ν0

sachant que :
ν0 1
=
c λ

alors on peut relier le déplacement des raies Brillouin, ∆ν à la vitesse V = νj ( νj défini


précédemment) du son du mode responsable de la diffusion :
2nV β
∆ν = sin (2.32)
λ 2

La diffusion Brillouin peut être vue comme la diffraction de la lumière incidente par
les « réseaux » crées par les ondes sonores (phonons). Dans un solide isotrope tel le
verre, il existe seulement deux modes acoustiques et les raies Brillouin (fonction
d’Airy) consistent en 2 doublets (composantes longitudinales et transverses) placés
symétriquement de part et d’autre de la fréquence incidente. Les composantes
longitudinales correspondent à la configuration où la polarisation de la lumière
incidente est la même que celle de la lumière diffusée. On notera cette configuration :
VV. Ceci signifie que dans notre montage expérimental, les champs électriques des
deux ondes incidentes et diffusée sont verticales. Les composantes Brillouin
transverses n’ont pas de partie VV.

Notons que l’équation 2.32 est valide pour calculer les vitesses longitudinales Vl et
transverses Vt. A partir de ces vitesses, il est possible de calculer les constantes
élastiques suivantes :
c11=ρ Vl2
c11 est la valeur du module élastique longitudinal à haute fréquence.
c44=ρ Vt2

On peut alors en déduire le module Ks le module d’incompressibilité, le module


d’Young E et le coefficient de Poisson υ :

35
4
K s = c 11 − c 44
3
E = 2c 44 (1 + υ )

c 11 − 2c 44
υ=
2(c 11 − c 44 )

Grâce à ces trois coefficients, les intensités de diffusion par les ondes ultrasonores
longitudinale (IL) et transverse (It) peuvent être calculées, ce qui nous donne ensuite
accès aux informations concernant les constantes élasto-optique, nommés, les
coefficients de Pockels, p12 et p44.

IL ∝ I0
V*
4 2
λ L
( n 4 p12 ) k T c 11
2 −1
( 1 + cos 2 θ ) (2.33)

It ∝ I0 4 2 ( n 4 p 44 ) k T c −441 ( 1 + cos 2 θ )
V* 2
(2.34)
λ L

Contrairement à la diffusion Rayleigh, l’intensité des raies Brillouin ne dépend pas de


la température fictive.

II.3.3. Le spectromètre Brillouin tandem-Sandercock

Nous avons effectué les mesures de diffusion Brillouin au laboratoire de


Physique des Milieux Condensés (Paris VI) avec Monsieur Alain Polian afin de
déterminer les vitesses de propagation et l’atténuation des ultrasons dans les verres
de silice pure et les verres de SiO2-GeO2.

36
L2
laser A3 Sortie
m6
TC1
cc
m4 PR TC2

m1 m1
A1
échantillon m5 FP2 1
3 m5
2
Entrée
L1 Agrandissement
du masque A2
FP1 A2

m2 m3

Figure. II. 5. Spectromètre tandem-Sandercock utilisé en mode 6 passages

Un laser Ar+ à 514,5 nm d’une puissance de 150 milliwatts est utilisé pour exciter
l’échantillon. La lumière diffusée est analysée à 180° par le spectromètre tandem-
Sandercock présenté sur la figure II.5 : la lumière diffusée pénètre dans le
spectromètre par le trou calibré TC1 qui permet de sélectionner l’angle solide
contenant le plus grand rapport entre le nombre de photons diffusés inélastiquement
et élastiquement. Le miroir m1 réfléchit totalement le rayon lumineux sur la lentille L1,
le faisceau est parallèle après L1. Après réflexion sur le miroir m2, la lumière parvient
au premier Fabry-Perot (FP1) puis passe à travers l’ouverture c du masque A2 et
est ensuite dirigée grâce au miroir m3, sur le deuxième Fabry-Perot (FP2). Après
transmission, le faisceau est redirigé par le coin du cube CC exactement dans la
même direction mais en sens inverse à une hauteur inférieure. La lumière effectue
alors le trajet inverse, traverse A2 au niveau de l’ouverture d située juste au-
dessous de c, est focalisée par L1 sur m4 (en passant sous m1) situé lui aussi dans
le plan focal de L1. Le faisceau est alors réfléchi sur m2, traverse FP1, l’ouverture e
puis FP2. Il est réfléchi ensuite au niveau de m5 vers le prisme PR qui, combiné avec
le trou A3 forme un filtre passe-bande avec une largeur donnée par la taille du trou.
La lentille L2, associée au trou de sortie TC2, forme un filtre spatial.

37
Le détecteur est un photomultiplicateur multicanaux. Le temps d’acquisition est de 4
millisecondes par canal.

II.3.4. Le Rapport Landau-Placzek

La diffusion Rayleigh et la diffusion Brillouin étant définies, nous pouvons


introduire un paramètre, le rapport Landau-Placzek, RLP, qui permet de caractériser
la diffusion de la lumière par le verre.
Il est défini comme étant le rapport de l’intensité de la raie élastique (Rayleigh) sur la
somme des intensités des deux raies inélastiques (Brillouin) (équation 2.35).
IRayleigh
R LP = (2.35)
IBrillSt + IBrillASt

Schroeder, [1977] a montré que le Rapport Landau-Placzek pouvait s’écrire comme


étant la somme des contributions des fluctuations de densité RLP,ρ, de concentration
RLP,C et des fluctuations de l’anisotropie RLP,anis :
RLP= RLP,ρ+ RLP,C+ RLP,anis (2.36)

RLP,anis correspond à la diffusion anisotrope, conséquence de l’anisotropie optique


des éléments diffusants. Ce terme est calculé à partir des données obtenues en
configurations VV et HV.

Pour un verre à un seul composant…

D’après le dernier terme de l’équation 2.26 le rapport Landau-Placzek pour un verre


à un seul composant peut s’écrire en fonction de la température de transition vitreuse
comme suit :

R LP,ρ =
Tf
T
(
β Tf ( ρv 2∞ ) − 1 ) (2.37)

38
Pour un verre multicomposant…

Le rapport Landau-Placzek fournit des informations concernant les fluctuations figées


dans le verre. Etant donné que l’on considère un verre comportant plusieurs
composants, les fluctuations de concentration ([Maksimov, 1997]) contribuent, en
plus des fluctuations de densité, à la diffusion de la lumière. De plus, les fluctuations
de densité sont figées à Tf alors que les fluctuations de concentration sont figées à
Tf’ et Tf< Tf’ car elles mettent en jeu des phénomènes de diffusion qui sont figés à
une température plus élevée. On peut alors écrire le rapport Landau-Placzek sous
les deux formes suivantes en fonction de la température de mesure T :
pour T<Tf :
⎛ ∂ε ⎞ ⎛ ∂ε ⎞
2
⎜⎜ ρ ⎟⎟ ⎜ ⎟
⎝ ∂ρ ⎠ Tf
−1
Tf ⎝ ∂c ⎠ P,T
'
⎛ ∂µ ⎞
R LP = R LP,ρ + RLP ,c =
Tf
( )
β Tf ,0 c 11 − 1 * + ∗ c 11 ⎜ ⎟ (2.38)
T ⎛ ∂ε ⎞ T ⎛ ∂ε ⎞ 2 ⎝ ∂c ⎠ P,T
⎜⎜ ρ ⎟⎟ ⎜⎜ ρ ⎟⎟
⎝ ∂ρ ⎠ T ⎝ ∂ρ ⎠ T,C

pour T>Tf’
R LP = (ρV 2 β T − 1) (2.39)

−1
⎛ ∂µ ⎞
sachant que µ est le potentiel chimique du soluté et ∆c 2
= ⎜ ⎟ est la moyenne
⎝ ∂c ⎠ P,T
du carré des fluctuations de concentration.

1
Ceci signifie que le rapport Landau-Placzek est proportionnel à en dessous de la
T
température fictive et indépendant de T pour des températures supérieures à Tf’.

Dans un verre à un seul composant, le rapport Landau-Placzek ne comporte qu’un


terme relatif aux fluctuations de densité. Dans le cas d’un système multicomposant,
un terme supplémentaire correspondant aux fluctuations de concentration vient
s’ajouter au premier. Il est important de noter que ces deux types de fluctuations sont
figés à des températures différentes Tf et Tf’ reliées à la viscosité du verre.

39
II.3.5. Spectromètre Raman Z40 :

Ce spectromètre a été utilisé lors de ce travail afin de déterminer le rapport


Landau-Placzek de nos différents échantillons. Il est aussi possible d’obtenir le
spectre de diffusion Raman basses fréquences grâce à cet appareillage.
Le spectromètre Z40 est composé d’un quintuple monochromateur (Figure II.6). Un
faisceau laser Argon est focalisé sur l’échantillon grâce à une lentille L1. La lumière
diffusée est collectée à 90° au moyen d’un objectif L2 de focale f=50 mm. Les
réglages de la focale et de la hauteur de l’objectif permettent de focaliser la zone
irradiée de l’échantillon sur la fente d’entrée du spectromètre. Le signal diffusé est
collecté par le monochromateur, à la sortie duquel un photomultiplicateur mesure la
lumière diffusée. Les cinq réseaux et les six fentes de ce spectromètre lui confèrent
une très bonne résolution (0,25 cm-1 pour une fente d’entrée ouverte à 50 microns) et
un très bon taux de réjection de la raie du laser. Il est de plus possible de tourner la
polarisation du faisceau incident à l’aide d’un rotateur de polarisation.
Les performances de cet appareil très dispersif permettent d’enregistrer dans les
mêmes conditions les raies Rayleigh, Brillouin et Raman.

PM

g5

Laser g4

g3

g2
Lame demi-onde
L1
L2
g1

échantillon

Figure. II. 6. Spectromètre Raman Z40

40
II.4. Absorption Infra-Rouge

II.4.1. Aspects théoriques

Le principe est le suivant : on mesure l’absorption de la lumière Infrarouge (IR)


en fonction de la fréquence. La molécule absorbe de l’énergie ∆E = hν (voir
démonstration au paragraphe II.2.1) à chaque transition énergétique vibrationnelle.
Et lorsque la molécule absorbe de l’énergie sous la forme d’un rayonnement IR,
l’amplitude des vibrations est augmentée et par conséquent le retour à l’état normal
libère de la chaleur.

II.4.2. Le dispositif expérimental

Il existe deux sortes de spectromètres Infrarouge : les spectromètres à balayage et


les spectromètres à transformée de Fourier. Au laboratoire, nous disposons d’un
spectromètre Infrarouge Perkin Elmer GXFT-IR (figure II.7) à transformée de Fourier
(interféromètre de Michelson) dont le principe est schématisé ci-dessous.

m1
Source Infrarouge

B-Stop Iris

J-stop Iris

caméra

Polariseur
m5 m6
échantillon

Échantillon sur
platine XYZ m7 m8

microscope m3
m2

m4

Figure. II. 7. Spectromètre Infrarouge : ce dispositif permet d’obtenir des spectres


d’absorption Infrarouge. Il est possible aussi de sélectionner la zone sondée grâce à
l’objectif du microscope et de faire soit des mesures en réflexion soit en transmission

41
Deux types de sources étendues sont disponibles : Une lampe halogène tungstène
protégée par du quartz qui produit le rayonnement proche Infrarouge
Un filament chauffé à 1350 K
qui fournit le rayonnement dans le moyen et lointain IR.

Le faisceau Infrarouge émis par la source est réfléchi sur le miroir fixe m1 puis passe
à travers le B-Stop (beamsplitter stop) dont l’ouverture (21,2 mm) définit l’énergie du
faisceau qui arrive sur l’interféromètre de Michelson et empêche ainsi la saturation
du détecteur. Puis, il passe par le J-Stop (Jacquinot stop) qui joue sur la résolution
de l’appareil. Dans le cadre de notre étude, le J-stop a un diamètre de 12,5 mm, ce
qui correspond à une résolution de l’interféromètre de 4 cm-1. Après l’interféromètre,
le faisceau peut être soit dirigé vers le microscope soit vers le détecteur MIR
(Medium Infra-Red) ou FIR (Far Infra-Red). Dans le premier cas, il est possible de
choisir la taille de la surface que l’on veut analyser puis d’effectuer des mesures en
réflexion et en transmission. Dans le second cas, le miroir mobile m5 tourne afin de
rediriger le faisceau sur l’échantillon : la configuration est macroscopique car le
faisceau n’est pas focalisé sur la surface.
En ce qui concerne le détecteur, l’appareil dispose d’un détecteur pyroélectrique
(composé d’un cristal de sulfate de triglycérine), le DTGS (Deuterated TriGlycerine
Sulfate) refroidi par effet Peltier. Le signal transmis au cours du temps par le
détecteur est traduit sous forme d’interférogramme. Cet interférogramme est ensuite
traité par transformée de Fourier.

II.5. Diffusion des Rayons X aux petits angles (SAXS)

La diffusion des rayons X aux petits angles (Small Angle X-Ray Scattering) par
les échantillons de silice et par ceux de silice dopés est une technique
complémentaire à celles présentées précédemment. En effet, en diffusion de la
lumière, les espèces diffusantes sont de l’ordre de la longueur d’onde (5000 Å) alors
que la diffusion des rayons X concerne des entités diffusantes de l’ordre de 1 Å. De
plus, en SAXS, ce sont les électrons des couches internes des particules diffusantes
qui diffusent les rayons X, par conséquent les informations obtenues concernent les
fluctuations de densité électroniques. Mais comme les fluctuations de densité

42
électroniques sont proportionnelles aux fluctuations de densité volumiques, on
considèrera dans les relations qui suivent, les fluctuations de densité volumiques.
La diffusion des rayons X aux petits angles est aujourd’hui largement utilisée auprès
des grands instruments, par exemple à l’European Synchrotron Radiation Facility
(E.S.R.F). L’E.S.R.F. est une source de rayons X de troisième génération de
brillance égale à 1018 fois celle d’une source conventionnelle de laboratoire et permet
ainsi d’acquérir un spectre de très bon rapport signal/bruit en quelques minutes.
Ainsi, l’ensemble de nos mesures de SAXS a été effectué à l’E.S.R.F. sur la ligne
CRG D2AM avec Monsieur Jean-Paul Simon (Diffraction Diffusion Anomale
Multilongueurs d’onde sur l’aimant de courbure BM2). La longueur d’onde est
ajustable entre 6 et 30 keV, avec une résolution de l’ordre de 10-4. La focalisation de
l’optique assure un haut flux (environ 1011 photons.s-1). De plus, la collimation du
rayonnement synchrotron dans le plan vertical et la qualité de l’optique et des
instruments permet une définition angulaire de l’ordre de 0,001 degré.

te ur
t ec


Optiques de
focalisation

source échantillon
Figure. II. 8. Vue schématique d’une expérience de SAXS

Le détecteur utilisé est une caméra CCD (1340*1300 pixels de 50*50 µm). Un
« beam stop » collé sur une feuille de kapton est placé devant la caméra CCD afin
d’absorber le faisceau direct.

Deux géométries différentes ont été utilisées car la présence du four impose une
distance entre l’échantillon et le détecteur plus grande.

43
A température ambiante :

Energie E = 18 keV
19,86.10 −26 * 1010
hc= 6,62.10-34*3.108 J.m = keV.nm = 12,4 keV.nm
1,6.10 −16
donc λ=12.4/18=0.689 Å
distance échantillon-détecteur = 239.2 mm
largeur d’un canal = 0.05 mm
1 canal = 3.81 10-3 Å

Dans le four :
Energie = 18 keV
λ=12.4/18=0.689 Å
distance échantillon-détecteur = 316.9 mm
largeur d’un canal = 0.05 mm
1 canal = 2.86 10-3 Å

Aspects théoriques

r
Le faisceau incident monochromatique de vecteur d’onde k i frappe l’échantillon
r
massif (figure II.8). Le faisceau diffusé de vecteur d’onde k f est collecté par le
détecteur. On définit q, le vecteur de diffusion, paramètre pertinent pour analyser
l’interaction photon-électron, comme suit :
r r r
q = ki − kf

Les interactions élastiques étant caractérisées par un transfert d’énergie zéro, le


module du vecteur d’onde incident est égal à celui du vecteur d’onde diffusé dans la
direction donnée par l’angle θ.

q= sinθ
λ

44
L’unité standard de q est l’inverse de l’Angstrom (Å-1).

L’intensité diffusée I(q) est la transformée de Fourier de g(r), la fonction de


corrélation de la densité électronique ρ(r). Cette fonction de corrélation correspond à
la probabilité de trouver un atome diffusant à la position r en supposant qu’un autre
atome diffusant est situé à la position O : elle nous informe sur la distance moyenne
qui sépare deux atomes de la même espèce. Les expériences de diffusion des
rayons X renseignent donc sur les corrélations spatiales.

En ce qui concerne le verre…

Contrairement au cristal, il possède une structure désordonnée, dépourvue d’ordre à


longue distance. Cependant, aucun verre n’est complètement désordonné, tous
montrent des variations de densité et de composition à plus moins longue distance.
Ainsi, ce sont ces zones hétérogènes qui diffusent les rayons X à q proche de zéro.

Cas d’un système à un seul composant :

Dans un verre à un seul composant, SiO2 par exemple, la diffusion des RX aux petits
angles est seulement due aux fluctuations de densité électroniques. La fluctuation du
nombre de particules N dans un volume V est donnée par la relation ([Floudas et al.,
1994]) :
⎛∂ N ⎞
δN 2 = k B T⎜⎜ ⎟
⎟ (2.40)
⎝ ∂µ ⎠ T,V
µ est le potentiel chimique et kB est la constante de Boltzmann.

Ainsi, les fluctuations de densité sont exprimées par :

δN 2 (∆ρ)2
= = ρk B Tβ T (T) (2.41)
N ρ

ρ est la densité moyenne.

45
L’intensité de diffusion extrapolée à q=0, I(q=0), est proportionnelle à la température
T et à la compressibilité isotherme βT et est reliée aux fluctuations de densité dans le
matériau par :

I(q = 0) = V (∆ρ)
2

Par conséquent, l’intensité de diffusion des rayons X extrapolée à q=0 est :


I(q = 0) = ρ 2 k B Tβ T V (2.42)

ρ est la densité moyenne, V est le volume diffusant.


Notons que cette équation est valide pour les gaz, liquides et verres.

Cas d’un système à deux composants

Pareillement à la diffusion de la lumière, dans le cas d’un système à deux


composants, les fluctuations de concentration prennent part, en plus des fluctuations
de densité à la diffusion des rayons X. L’intensité de diffusion extrapolée à q=0 est
donc :
I(q = 0) = Iρ (q = 0) + Ic (q = 0)

Si on considère N1 et N2, le nombre de particules des espèces 1 et 2 et µ1 µ2, les


potentiels chimiques, les fluctuations du nombre de particules N1 sont données par
(2.43) :
⎛ ∂N ⎞
δN12 = k B T⎜⎜ 1 ⎟⎟ (2.43)
⎝ ∂µ1 ⎠ T,V,µ2

et
⎛ ∂ N2 ⎞ ⎛ ∂ N1 ⎞
δN1δN2 = k B T⎜⎜ ⎟
⎟ = k B T⎜⎜ ⎟
⎟ (2.44)
⎝ ∂µ1 ⎠ µ2 ,T,V ⎝ ∂µ2 ⎠ µ1,T,V

La relation précédente montre que les fluctuations de concentration des deux


composants 1 et 2 sont interdépendantes.

46
Golubkov et al., [1999] ont alors montré que l’expression des fluctuations de
concentration était :
⎛ δN1 ⎞ ⎛ M ⎞⎛ ∂c ⎞
⎜ ⎟ = k B T⎜ ⎟⎜⎜ ⎟⎟ (2.45)
⎜N +N ⎟ ⎜ ρ ⎟ ∂µ
⎝ 1 2 ⎠ ⎝ ⎠⎝ ⎠ P,T,0

M est la masse molaire du système en tenant compte des concentrations molaires


de chacun des deux constituants et µ = µ1 − µ2 .

Dans un verre à un seul composant, seules les fluctuations de densité participent à la


diffusion. En revanche, dans un verre dopé, les fluctuations de concentration
s’ajoutent aux fluctuations de densité.

47
48
Chapitre III

Evolution de la structure avec la température fictive pour des


verres multicomposants

La température fictive Tf est la dernière température à laquelle le matériau a


atteint son état d’équilibre dans le liquide surfondu avant la trempe. En d’autres
termes, c’est la température à laquelle la structure du liquide est figée. Ainsi, à partir
d’échantillons de même composition, il est possible d’obtenir un panel d’échantillons
de températures fictives différentes et donc de structures différentes. Ces
modifications structurales engendrent des modifications au niveau des propriétés
physiques et optiques des matériaux. C’est pourquoi, l’étude de ces variations de
structure avec la température fictive intéresse fortement l’industrie de la fibre optique
qui a toujours pour but d’améliorer la transmission au sein des fibres.
L’étude concerne le cœur de deux préformes de fibres optiques de compositions
différentes. Le premier est composé d’un verre de silice dopé GeO2 et constitue le
cœur des fibres de ligne et le second est un verre de silice dopé Al2O3–P2O5–Er2O3
et constitue le cœur des fibres amplificatrices. Il est important de noter que les deux
cœurs de préformes comportent une très faible teneur en ions hydroxyles grâce à
leur procédé de fabrication. La première partie de chapitre sera donc consacrée à
l’élaboration des préformes puis des fibres.
Nous nous intéresserons de plus, à l’évolution de la structure avec le paramètre
thermodynamique Tf ainsi qu’à l’influence de l’introduction des dopants sur la

49
structure du verre. Ainsi, dans une seconde partie, l’évolution des signatures
spectroscopiques du verre de silice dopé GeO2 avec la température fictive sera
présentée. Nous traiterons aussi les résultats des mesures d’intensité de diffusion de
la lumière puis de diffusion des rayons X aux petits angles. Enfin, la troisième partie
sera consacrée au verre de silice dopé Al2O3–P2O5–Er2O3.

III.1. Elaboration des échantillons

Les échantillons étudiés dans ce manuscrit sont des préformes constituées de


verres d’oxydes et plus généralement de verres silicates. Les fibres optiques à base
de silice sont utilisées à travers le monde entier…. En effet, l’intérêt primordial des
fibres est que l’information est transportée par la lumière dont la fréquence (ν=1013
Hertz) est 104 fois plus grande que la fréquence des ondes radios (109 Hertz). Notre
travail a consisté à étudier les propriétés structurales des verres SiO2-GeO2 ainsi que
celles des verres SiO2-Al2O3-P2O5 dopés Erbium. Cette dernière composition est
celle du cœur des fibres qui amplifie le signal optique tous les 100 kilomètres
environ. Nous allons donc voir dans le paragraphe suivant, les deux étapes de la
fabrication d’une fibre optique : la réalisation de la préforme et le tirage.

III.1.1. Fabrication d’une préforme

La fabrication d’une fibre optique ayant les qualités requises pour les
télécommunications a nécessité la mise au point de procédés techniques très
complexes. La technique générale de fabrication comporte d’abord la fabrication de
la préforme que l’on étire ensuite en fibre grâce à la tour de fibrage.
La préforme est un barreau cylindrique qui représente fidèlement la géométrie de la
fibre. Pour fabriquer des préformes, on utilise la méthode du dépôt (interne) chimique
en phase vapeur appelée MCVD (Modified Chemical Vapor Deposition) (figure III.1).
Cette technique permet de synthétiser des verres de très haute qualité à partir d’une
réaction chimique de produits en phase vapeur. Les chlorures utilisés (SiCl4, GeCl4,
POCl3, BCl3…) sont transformés en oxydes (SiO2, GeO2, P2O5, B2O3…). La silice
constitue la matière de base de la préforme. Pour déposer à l’intérieur du tube de

50
silice en rotation des couches de verres de silice dopée, on fait circuler à l’intérieur
des vapeurs de chlorures et d’oxygène. Un chalumeau extérieur chauffe les gaz et
les transforme en poussières fines d’oxydes (ou suie blanche) qui se déposent sur la
partie froide du tube en aval du chalumeau se déplaçant d’un bout à l’autre du tube
en rotation. La suie d’oxydes déposée sur la paroi interne du tube se transforme ainsi
en une couche de silice vitreuse dopée sous le passage du chalumeau.
L’avantage principal de cette technique est que la concentration en ions hydroxyles
(OH-) et autres impuretés est contrôlée et par conséquent les pertes par absorption
sont réduites.

Figure. III. 1. Principe de la Modified Chemical Vapor Deposition (MCVD)

En résumé, la MCVD, permet de déposer successivement des couches de


compositions différentes et par conséquent, d’indices de réfraction différents. Les
préformes sont donc synthétisées par ce procédé. Elles sont constituées d’un tube
en verre de silice pure, d’une gaine en verre de silice dopé et enfin, d’un cœur de
composition variable selon l’application de la fibre (fibre de ligne ou fibre
d’amplification) et dont l’indice de réfraction est supérieur à la gaine.

III.1.2. Les fibres optiques : élaboration et fonctionnement

Les fibres sont tirées à partir des préformes définies dans le paragraphe précédent.
On verra donc dans un premier temps la méthode de tirage des fibres puis le principe
du guidage de la lumière dans celles-ci.

51
III.1.2.1. Tirage d’une fibre

La préforme (elle a un diamètre proche de 3 centimètres) est placée au sommet de la


tour de fibrage (figure III.2) de près de 10 mètres de hauteur dans un four en graphite
(3). La température de fibrage est typiquement de 2000°C. La fibre est formée par
simple étirage laminaire, la vitesse et la température de fibrage déterminent son
diamètre. Une fois amorcée, la fibre passe dans une filière pour se recouvrir d’une
première couche de résine silicone et celle-ci est polymérisée par irradiation
UltraViolet. Cette première couche est souple pour ne pas introduire de contraintes
sur la fibre et pour la protéger des agressions chimiques. Une deuxième couche de
polymère, plus résistante mécaniquement est ensuite déposée sur la première. Enfin,
la fibre (figure III.3) est enroulée sur un cabestan.

52
1

3
2

4
6

8
9

Figure. III. 2. Tour de fibrage. 1 : Commande de saut – 2 : Préforme – 3 : Four – 4 :


Contrôle du diamètre – 5 : Revêtement protecteur primaire – 6 : Fibre optique – 7 :
Cabestan – 8 : Contrôle de la résistance à la traction – 9 : Tambour de réception

Après le fibrage, les fibres ont les mêmes propriétés que les préformes :
même profil d’indice et même rapport entre le diamètre du cœur et celui de la gaine
que ceux présents dans la préforme de départ. Par contre, la fibre étant étirée
rapidement et à haute température, la biréfringence est exacerbée. Cette
biréfringence est une mesure de l’anisotropie de la structure du verre et peut

53
influencer les propriétés de la fibre. Elle dépend de plusieurs paramètres, tels que la
température de fibrage et la vitesse de fibrage.

Revêtement plastique

Gaine optique

Coeur

Figure. III. 3. Constitution d‘une fibre optique

III.1.2.2. Principe du guidage de la lumière

Nous avons vu précédemment que l’indice de réfraction du cœur de la fibre


est supérieur à celui de la gaine, c’est le principe de base du guidage de la lumière
dans la fibre. En effet, comme le montre la figure III.4, le rayon lumineux se propage
par réflexion totale à l’intérieur du cœur si l’indice de réfraction de la gaine est
inférieur à celui du cœur et si l’angle d’incidence est inférieur à θon, l’ouverture
numérique. En effet, si l’angle d’incidence est supérieur à θon, alors l’onde
électromagnétique est perdue dans la gaine.

54
TUBE
Lumière perdue dans la gaine
GAINE

Lumière guidée par réflexion totale COEUR


θon

Figure. III. 4. Principe du guidage de la lumière dans une fibre

III.1.2.3. Fibres monomodes – fibres multimodes

La taille du cœur étant comparable à la longueur d’onde, la propagation est


quantifiée sous forme de modes.
Ainsi, si un seul rayon peut se propager dans le cœur (un seul angle de réflexion
totale) alors la fibre est monomode et son diamètre est de 5 microns. Par contre,
dans le cas des fibres multimodes, il existe plusieurs angles de réflexion totale. Le
diamètre caractéristique est d’environ 50 microns.

Dans le cadre de cette étude, nous n’étudierons que des préformes de fibres
multimodes.

III.2. Les verres de silice dopés GeO2

Le guidage de la lumière dans la fibre impose un indice de réfraction du cœur


supérieur à celui de la gaine. Etant donné que l’ajout de GeO2 dans SiO2 engendre
une augmentation de l’indice de réfraction, le verre SiO2-GeO2 a été choisi comme
composant du cœur des fibres. Il représente le verre multicomposant le plus simple
dans la mesure où SiO2 et GeO2 sont deux oxydes formateurs de réseau et sont de
plus isostructuraux. Ainsi, le dopage de la matrice de silice par GeO2 correspond à la
substitution, pour certains sites, d’un atome de Silicium par un atome de Germanium.

55
SiO2 et GeO2 forment donc un réseau quasi parfait sans formation d’agrégats au
moins dans le domaine de concentration en GeO2 étudié dans ce mémoire.
Le verre de SiO2-GeO2 est plus dense que le verre de SiO2 pur. Cette augmentation
de la densité est essentiellement due à la masse des atomes de Germanium (72,61
g.mol-1), supérieure à celle de Si (28,08 g.mol-1). Par contre, la température de
transition vitreuse du verre dopé 5% en masse est plus faible (1100°C) que celle du
verre de silice pure (1260°C).

III.2.1. Présentation des échantillons

Le verre SiO2–GeO2 (5% en masse de GeO2) provient des préformes de fibres dont
le tube en silice a été découpé. Comme on l’a décrit précédemment, le procédé de
fabrication (MCVD) engendre la formation de couches concentriques successives
d’indices différents. La figure III. 5 présente une photographie en lumière polarisée
(perpendiculaire aux anneaux concentriques) d’un échantillon recuit à 1000°C et
montre que des zones fortement contraintes sont localisées au centre de l’échantillon
et à l’interface des anneaux concentriques. De plus, du fait du mode de synthèse des
préformes (MCVD), l’échantillon est composé de couches successives (anneaux
concentriques).

Figure. III. 5. Image en lumière polarisée d’un échantillon de SiO2–GeO2 recuit à 1000°C

Les échantillons ont été traités thermiquement au-dessus et au-dessous de la


température de transition vitreuse. Afin d’obtenir différentes températures fictives

56
(tableau III. 1), ils ont été recuits dans un four vertical sous air sec durant des temps
suffisamment importants pour permettre les réarrangements structuraux caractérisés
par des temps de relaxation τR. Ces temps de relaxation ont été évalués à partir des
données connues pour le verre de silice pure sachant que le dopage en GeO2 induit
une diminution du temps de relaxation à une température donnée.
Le balayage d’air sec permet d’éviter la formation de groupes hydroxyles qui
engendrent une cristallisation de surface. Les échantillons sont ensuite trempés
mécaniquement pour figer la structure à la température de recuit. Nous pouvons ainsi
considérer que la température fictive de l’échantillon est égale à la température de
recuit sous réserve que le temps de trempe soit inférieur au temps de relaxation et
que le volume des échantillons soit suffisamment faible pour que leur température et
leur refroidissement soient homogènes.
Les échantillons de la série A ont été recuits après avoir enlevé la gaine et ceux de la
série B ont été recuits entourés de leur gaine.

Température (°C) Temps de Température (°C) Temps de recuit


recuit B 950 101h
A 950 5h à1050°C B 970 118h
135h à 1000°C B 1000 24h
212h à 950°C B 1050 5h
A 1000 5h à 1050°C B 1100 1h45
113h à 1000°C B 1150 1h45
A 1050 5h B 1200 1h45
A 1100 2h B 1250 1h45
A 1150 2h B 1300 1h45
A 1200 2h B Non recuit
A 1300 2h
A Non recuit

Tableau III.1 Traitements thermiques des échantillons de SiO2–GeO2. Les échantillons de


la série A ont été recuits après avoir oté la gaine de silice, contrairement à ceux de la série B

57
III.2.2. Modifications structurales mises en évidence par la
spectroscopie Raman et l’absorption Infrarouge

L’objectif de ce paragraphe est de montrer l’évolution des signatures


spectroscopiques en fonction de la température fictive. Nous avons pour cela couplé
deux techniques, la diffusion Raman et l’absorption Infrarouge, afin de valider les
résultats obtenus.

III.2.2.1. Spectroscopie Raman

Les spectres de diffusion Raman

Afin d’obtenir des résultats reproductibles et afin de sonder la même composition,


nous avons focalisé le faisceau incident sur la même zone (le quatrième anneau)
pour l’ensemble des échantillons (figure III.5). Notons que le choix du quatrième
anneau est aléatoire.
La figure III. 6 présente le spectre de diffusion Raman d’un verre de silice pure. Ce
spectre est constitué d’une bande principale en polarisation VV, large et intense à
440 cm-1 qui est attribuée aux vibrations d’étirement symétrique des oxygènes
pontants des liaisons intertétraèdres Si-O-Si. La largeur de cette bande est attribuée
à la grande dispersion des angles intertétraèdres Si-O-Si et sa position est reliée à la
valeur de cet angle. La partie basse fréquence de la bande principale correspond
aux vibrations des grands cycles alors que la partie haute fréquence correspond à
celles des petits cycles comme le montre la comparaison des différentes formes
cristallines de SiO2 (quartz, cristobalite, coesite…). Le spectre de diffusion Raman
par un verre de silice pure comporte aussi deux bandes de défauts, D1 et D2 situées
à 492 et 605 cm-1 qui sont respectivement attribuées aux vibrations des cycles à
quatre et trois tétraèdres. Notons de plus, que ces bandes de défauts sont
relativement fines et bien marquées, ce qui signifie que les vibrations de ces petits
cycles sont fortement découplées du réseau. Enfin, le spectre comporte une bande à
800 cm-1 dont l’attribution reste controversée (Tableau III.2).

58
D1
3
12x10
Intensité Raman (u. a.)

10

6 Si-O-Si
4 D2
2

0
300 400 500 600 700 800
-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. III. 6. Spectre de diffusion Raman par un verre de silice pure n’ayant subi aucun
traitement thermique

Auteurs Assignation
Shibata, (1981) Vibration d’étirement symétrique des liaisons O-Si-O
Sharma, (1984) 797 cm-1 TO
830 cm-1 LO
νδ (Si-O-Si)
Chen, (1986) Vibrations d’étirement symétrique Si-O-Si
Mc Millan (1983) Bande asymétrique dépolarisée, implique des
mouvements de l’atome de Silicium dans la « cage »
composée des 4 atomes d’Oxygène. La participation des
atomes d’Oxygène dans cette vibration est incertaine.
Tableau III.2 Attribution de la bande à 800 cm-1 du verre de silice

La figure III. 7 présente les spectres de diffusion Raman d’un verre de silice pure et
d’un verre de silice dopé GeO2 non recuits. Le dopage du verre de SiO2 par GeO2
correspond pour certains sites à une substitution d’un atome de Silicium par un
atome de Germanium. Le spectre de diffusion Raman par la silice dopée est similaire
à celui de la silice pure : il comporte les mêmes bandes de vibration, cependant elles
sont déplacées vers les basses fréquences. Cet effet est dû à l’introduction des

59
atomes de Germanium, qui ont une masse atomique plus importante que les atomes
de Silicium et dont les vibrations surviennent donc à plus basse fréquence. De plus,
les bandes de défauts D1 et D2, sont plus larges et moins marquées, ce qui signifie
que ces vibrations sont moins découplées du réseau que dans le verre de silice pure.
Dans le verre de GeO2 pur (figure III. 8), ce découplage n’existe plus ([Polsky,
1999]).
En comparant les largeurs à mi-hauteur de la bande principale des deux verres, on
s’aperçoit que celle du verre de silice pure (194 cm-1) est plus grande que celle du
verre dopé (181 cm-1). L’introduction de l’oxyde de germanium dans le réseau
engendre donc la réduction de la distribution en angles intertétraèdres.

D1
3
12x10 silice pure
silice dopée GeO2
Intensité Raman (u. a.)

10

4 D2

300 400 500 600 700 800


-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. III. 7. Spectres de diffusion Raman (VV) d’un verre de silice pure et d’un verre de
silice dopé GeO2

Nous avons montré ([Manolescu et al., 2004]) que l’intensité de diffusion Raman de
la bande principale est supérieure pour le verre de silice dopée à celle du verre de
silice pure, ce qui est important dans la perspective de l’amplification Raman
(Annexe 2).

60
1000

Intensité Raman (u. a.) 800

600

400

200

0
100 200 300 400 500 600
-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. III. 8. Spectre de diffusion Raman par un verre de GeO2 pur

Interprétation des résultats

La bande principale

La figure III.9.a présente l’évolution de la position du maximum de la bande


principale en fonction de la température de recuit TA. A partir de maintenant, la
température fictive Tf est considérée comme égale à la température de recuit TA
puisque le temps de recuit est supérieur au temps de relaxation.
Les figures III.9.b et III.9.c montrent l’évolution de la fréquence de vibrations des
bandes de défauts D1 et D2 avec la température fictive.

61
438

Déplacement Raman (cm )


-1
Non recuit
436

434

432

430
1000 1100 1200 1300
Température de recuit TA (°C)

486
Non recuit
Position de D1 (cm )
-1

484

482

480

478

950 1000 1050 1100 1150 1200 1250 1300


Température de recuit (°C)

602
Non recuit
Position de D2 (cm )
-1

600

598

596

594

592

1000 1100 1200 1300


Température de recuit (°C)
Figure. III. 9. Evolution de la position de la bande principale (a), de D1(b) et de D2(c) avec la
température de recuit pour les échantillons de la série A

62
Le déplacement linéaire de la bande principale vers les hautes fréquences avec la
température de recuit correspond à une diminution de l’angle intertétraèdre T-O-T (T
= Si ou Ge), θ. L’équation de la droite correspondante a pour équation :

ν440(cm-1) = 0,00930 Tf + 423,25 (3.1)

En ce qui concerne les positions des bandes de défauts D1 et D2, leur dépendance
avec la température de recuit est moindre ([Geissberger et al., 1983]). Les équations
reliant la position des bandes D1 et D2 à la température fictive sont les suivantes :
ν D1 (cm −1 ) = 0,0055 Tf + 477,17 (3.2)

ν D2 (cm −1 ) = 0,0057 Tf + 592,19 (3.3)

D’après nos résultats, la position de la bande principale de l’échantillon n’ayant subi


aucun traitement thermique correspond à une température fictive plus élevée que ce
que nous attendions : elle est de 1470°C. Pour interpréter ce résultat, il faut noter
que cet échantillon a été découpé vers l’extrémité de la préforme. Or, cette préforme
a elle-même été découpée à l’aide d’un chalumeau qui permet la fusion du verre.
L’extrémité de la préforme a donc subi un recuit à très haute température (supérieur
à 1800°C). Etant donné que le temps de relaxation à ces températures est très court,
les réarrangements structuraux se sont fait très rapidement. L’extrémité de la
préforme a donc une température fictive supérieure.

Dans un verre de silice pure, R. Le Parc, [2002] a montré que l’équation de la droite
décrivant la position de la bande principale en fonction de la température fictive est :
ν(cm-1) = 0,0221 Tf + 410,17 (3.4)

Nous pouvons noter que la pente de la droite représentant l’évolution de la position


de la bande principale en fonction de la température fictive est donc environ deux
fois plus importante pour le verre de silice pure.

63
Nous avons donc traité les résultats concernant la bande principale et nous en avons
conclu qu’une augmentation de la température fictive engendre une diminution de
l’angle intertétraèdre et par conséquent une densification du réseau. Afin de
compléter l’analyse de l’influence de la température fictive sur la structure, nous nous
sommes intéressés à l’évolution des signatures spectroscopiques caractéristiques
des vibrations des cycles comportant trois ou quatre tétraèdres. Notons que la
simulation a montré que l’introduction du GeO2 dans une matrice de silice engendre
une diminution des petits cycles et une très légère augmentation des cycles à 5, 6 et
7 tétraèdres ([Bernard, 2000]).

Les bandes de défauts D1 et D2

La figure III.10 présente l’évolution des aires sous D1 et D2 avec l’inverse de la


température fictive Tf. Les aires ont été mesurées entre 473,7 et 520,9 cm-1 pour D1
et entre 564,4 et 621,1 cm-1 pour D2 puis normalisées par l’aire totale du spectre
entre 296,5 et 891,1 cm-1. Ainsi, ces aires normalisées correspondent à la proportion
des cycles à quatre et trois tétraèdres par rapport à la population totale. Notons que
l'erreur sur chacune des valeurs a été estimée à 10%. Nous pouvons remarquer que
l’aire sous les deux bandes de défauts augmente avec Tf, ce qui est caractéristique
d’une augmentation du nombre de petits cycles. Cette augmentation signifie que le
réseau relaxe vers une structure plus dense, ce qui est en parfait accord avec les
résultats du paragraphe précédent.

Ces variations d’aires vérifient une loi d’Arrhénius de type ADi = C exp(-∆E / kBTf) :
− 1713,2
Ln(AD1 ) = + 1,8383 (3.5)
Tf

− 3086,5
Ln(AD2 ) = + 1,9447 (3.6)
Tf

On en déduit les énergies d’activation correspondant à la formation de ces petits


cycles. On trouve alors ∆E1 = 0,15 eV et ∆E2 = 0,27 eV pour D1 et D2 respectivement.

64
Dans le cas de la silice pure, Geissberger et al., [1983] avaient de même tracé
l’évolution du logarithme des aires sous D1 et D2 en fonction de l’inverse de la
température fictive et en ont déduit les équations suivantes :
− 1600
Ln(AD1 ) = + 1,83 (3.7)
Tf

− 4620
Ln(AD2 ) = + 3,79 (3.8)
Tf

Ainsi, pour un verre de silice pure les énergies d’activation s’élèvent à 0,14 eV pour
la formation de D1 et à 0,40 eV pour celle de D2.
On remarque donc que si les énergies d’activation de D1 sont équivalentes, la
formation de cycles à trois tétraèdres est plus aisée dans un verre de silice dopé
Germanium.

Température de recuit TA (°C)


1300 1250 1200 1150 1100 1050 1000
0.8
Ln (AD1) et Ln (AD2)

0.4

0.0

-0.4 Ln (AD1)
Ln (AD2)
-0.8

0.65 0.70 -1 0.75 0.80


1000/TA (K )

Figure. III. 10. Evolution du logarithme des aires sous D1 et D2 en fonction de la température
de recuit pour un verre de silice dopé GeO2

Les mesures de diffusion Raman ont montré que l’introduction de GeO2 dans une
matrice de silice engendre la réduction de la distribution des angles intertétraèdres.
Par ailleurs, les cycles à trois et quatre tétraèdres sont plus couplés au réseau.
L’évolution des signatures spectroscopiques avec la température fictive pour le verre
dopé suit la même évolution que pour la silice pure. On note, cependant, que cette

65
évolution est moins rapide et en particulier que l’énergie d’activation correspondant à
la formation des cycles à trois tétraèdres (raie D2) est beaucoup plus faible que dans
la silice pure. Enfin, l’augmentation de la température fictive engendre une
augmentation du nombre de cycles à trois et quatre tétraèdres et une densification
du réseau.

III.2.2.2. Absorption Infrarouge

Nous avons effectué des mesures de réflexion Infrarouge (IR) et d’absorption


IR en transmission afin de mettre en évidence les modes de vibration des liaisons T-
O-T (T=Si ou Ge). En réflexion, on observe une bande de vibration à 1118 cm-1 et en
transmission, on s’intéresse à la bande à 2255 cm-1. Les déplacements des bandes à
1118 cm-1 et 2255 cm-1 représentent, en principe, les mêmes changements
structuraux puisque la bande à 2255 cm-1 est l’harmonique de celle à 1118 cm-1.
Cependant, en réflexion IR, on étudie les changements structuraux qui s’opèrent en
surface alors qu’en mode transmission, on observe les changements de la structure
dans le volume de l’échantillon. Nous avons d’autre part, positionné nos échantillons
en incidence oblique, à 60°, pour détecter le mode Longitudinal Optique (LO).

Réflexion Infrarouge sous incidence normale

Les mesures de réflexion Infrarouge sous incidence normale ont été acquises
sous microscope. Le dispositif expérimental est expliqué dans le chapitre II.
Le spectre de réflexion infrarouge sous incidence quasi-normale est composé d’une
bande principale à 1118 cm-1 et d’un épaulement vers 1200 cm-1. Cette bande à
1118 cm-1 correspond aux vibrations fondamentales d’étirement asymétrique des
liaisons T-O-T (T=Si et Ge) et sa position est corrélée à l’angle de liaison T-O-T
([Galeener, 1979]). De plus, Kirk, [1988] a attribué l’épaulement à 1200 cm-1 à un
mode de vibration en opposition de phase (AS2) associé à l’étirement asymétrique de
l’oxygène. A cause de l’importante absorption de la bande principale, la profondeur
de pénétration du faisceau IR incident est faible, c’est pourquoi, la réflexion IR ne
nous permet d’étudier que les effets de surface.

66
La figure III.11 montre l’influence de l’introduction de GeO2 sur le spectre Infrarouge :
l’introduction d’atomes de Germanium engendre le déplacement de la bande à 1118
cm-1 vers les hautes fréquences.

100
silice pure
silice dopée GeO2
intensité notmalisée (u.a.)

80

60

40

20

900 1000 1100 1200 1300


-1
Nombre d'onde (cm )
Figure. III. 11. Spectre Infrarouge (réflexion) d’un verre de silice pure et d’un verre de SiO2-
GeO2 recuits à 1200°C

La position de la bande à 1118 cm-1 (réflexion IR) évolue linéairement avec l’inverse
de la température fictive (figure. III.12). La bande fondamentale se déplace vers les
basses fréquences (de 1121,5 à 1116,5 cm-1) quand Tf augmente et l’ajustement
linéaire correspondant a pour équation :
ν(cm -1 ) = 1131,7 − 0,011 Tf (3.9)

Ce déplacement vers les basses fréquences avec la température fictive signifie que
les angles T-O-T (T=Si et Ge) diminuent, ce qui correspond à une densification du
réseau, en accord avec les résultats obtenus en diffusion Raman.

67
1124
Nombres d'onde (cm )
-1

1122

1120

1118 Non recuit

1116

1114
1000 1100 1200 1300
Température de recuit TA (°C)

Figure. III. 12. Position de la bande à 1118 cm-1 en fonction de la température de recuit

La figure ci-dessus nous permet de plus, d’estimer la température fictive du verre non
recuit. On trouve Tf = 1310°C. Il est important de noter que cet échantillon non recuit
n’a pas été découpé en fin de barreau, contrairement à l’échantillon qui a été étudié
en Raman.

Réflexion Infrarouge en incidence oblique

Afin d’effectuer des mesures en incidence oblique, nous avons fabriqué le


dispositif représenté sur la figure III.13. Le porte échantillon est placé sur un axe qui
peut se déplacer latéralement, ce qui permet d’ajuster sa position selon l’épaisseur
de l’échantillon. De plus, il est possible de modifier l’angle d’incidence par simple
rotation autour de l’axe. Le miroir m1 est mobile, contrairement aux miroirs m2 et m3.
Ce dispositif nous a permis d’obtenir les spectres d’absorption Infrarouge en
incidence oblique présentés sur la figure III.14. En effet, les ondes
électromagnétiques transverses ne peuvent pas interagir avec les phonons
longitudinaux dans un réseau infini en incidence quasi-normale ; en revanche, en
incidence oblique, on a accès à la composante longitudinale (mode LO).

68
Porte échantillon m2

m1
Détecteur
m3
Figure. III. 13. Système optique pour envoyer un faisceau IR sous incidence oblique

Quand on dope le verre de silice par de l’oxyde de germanium, on constate un


déplacement du mode LO vers les faibles nombres d’onde (de 1275,2 cm-1 à 1273,1
cm-1).

TO LO
silice pure
150 silice dopée GeO2
Absorbance (u. a.)

100

50

500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000


-1
Nombre d'onde (cm )
Figure. III. 14. Spectre d’absorption Infrarouge en incidence oblique (60°) pour les verres de
SiO2 et de SiO2-GeO2 non recuits

Nous avons montré précédemment que le mode TO dépendait de la température


fictive en incidence normale et il en est de même en incidence oblique (figure III.15).
Dans ce cas l’évolution de la position du mode TO avec la température de recuit suit
la loi linéaire :
ν (cm −1 ) = 1128,5 − 0,005 Tf (3.10)

69
On voit alors que la position du mode TO en incidence oblique varie de manière
moins importante qu’en incidence quasi-normale. La bande correspondant au mode
LO par contre, ne varie pas avec la température fictive. Ceci est cohérent avec les
résultats obtenus par Martinet, [1995].

1125

1124
Nombre d'onde (cm )
-1

1123

1122
Non recuit
1121

1120

1119
1000 1100 1200 1300
Température de recuit (TA)

Figure. III. 15. Position de la bande principale (mode TO) en fonction de la température de
recuit pour les échantillons de la série A

1278

1276
Nombre d'onde (cm )
-1

1274 Non recuit

1272

1270

1268
950 1000 1050 1100 1150 1200 1250 1300
Température de recuit (°C)
Figure. III. 16. Evolution de la position de la bande correspondant au mode LO en fonction
de la température de recuit pour le verre SiO2-GeO2 pour les échantillons de la série A

Les mesures de réflexion Infrarouge en incidence oblique ont permis de mettre en


évidence le mode longitudinal optique et ont montré que le changement de
température fictive n’influait pas sur la position de celui-ci. On a montré de plus que
la variation de l’angle d’incidence modifiait la position du mode TO. Par conséquent,

70
pour élaborer la relation entre la position de la bande principale et la température
fictive, l’angle d’incidence doit être constant.

Absorption Infrarouge en transmission

Les mesures de réflexion Infrarouge ont montré une diminution de l’angle T-O-
T (T=Si et Ge) avec la température fictive. Cependant, ces mesures ne concernent
que la surface de l’échantillon et on peut s’interroger quant à la validité de ce résultat
pour tout le volume. Les mesures d’absorption IR en utilisant la zone au-delà de
2000 cm-1 permettent cette analyse en observant la première harmonique du mode
de vibration T-O-T observé précédemment en réflexion. Par ailleurs, du fait de
l’important coefficient d’absorption de la liaison Si-O, l’échantillon doit être de faible
épaisseur (dans le cadre de notre étude, leur épaisseur est typiquement de l’ordre de
2 millimètres).
L’évolution de cette bande en fonction de la température fictive (figure III.17) est
linéaire et suit la loi suivante :
ν (cm −1 ) = 2273,7 − 0,013 Tf (3.11)

Cette tendance est significative d’une diminution de l’angle T-O-T (T=Si et Ge) avec
la température fictive.

Nous pouvons de plus, estimer la température fictive de l’échantillon non recuit à


1390°C. Cette température est supérieure à celle obtenue en réflexion qui donnait la
température fictive de la surface.

71
2260

Nombres d'onde (cm ) 2258


-1

2256

2254

2252 Non recuit

2250
950 1000 1050 1100 1150 1200 1250 1300
Température de recuit TA (°C)

Figure. III. 17. Position de la bande à 2255 cm-1 en fonction de la température de recuit

Le Parc [2001] a trouvé, pour le verre de silice pure que la droite d’évolution de la
position de la bande à 2255 cm-1 a pour équation :
ν (cm −1 ) = 2281,5 − 0,020 Tf (3.12)

L’évolution de la position de la bande à 2255 cm-1 avec la température fictive est plus
importante pour la silice pure. Ce résultat est cohérent avec ceux obtenus par
diffusion Raman.

Les mesures en incidence quasi-normale de réflexion IR ont permis d’élaborer une


droite d’étalonnage pour la position du mode TO qui permet d’estimer la température
fictive d’un échantillon inconnu (1310°C pour notre échantillon non recuit). En ce qui
concerne les mesures en incidence oblique, nous avons mis en évidence que la
position du mode LO ne variait pas avec la température fictive, contrairement au
mode TO. Enfin, nous avons montré qu’il était aussi possible d’évaluer la
température fictive d’un échantillon inconnu en traçant l’évolution de la position de la
bande à 2255 cm-1 en fonction de la température de recuit. Les deux mesures en
réflexion et en transmission peuvent (cas de l’échantillon non recuit) donner des
valeurs de Tf légèrement différentes car elles testent respectivement la surface ou le
volume de l’échantillon.

72
III.2.3. Diffusions Rayleigh et Brillouin

La diffusion Rayleigh participe en partie à l’atténuation dans les fibres. C’est


pourquoi, dans un premier temps, nous avons étudié son évolution, par
l’intermédiaire du rapport Landau-Placzek, avec la température fictive en vue
d’améliorer la transmission dans les fibres en abaissant les pertes par diffusion. De
plus, étant donné que le cœur des fibres est constitué de plusieurs composants, ce
rapport Landau-Placzek correspond à la somme des contributions des fluctuations de
densité et de concentration. Nous expliquerons ainsi dans une seconde partie,
comment évaluer la contribution des fluctuations de concentrations à la diffusion.
Nous avons de plus, effectué des mesures en modifiant la polarisation du faisceau
incident, ce qui nous a permis de mettre en évidence les modes acoustiques
transverses et ainsi déterminer le taux de dépolarisation de chaque échantillon. La
quatrième partie sera consacrée au calcul de la contribution des diffusions Raman,
Rayleigh et Brillouin à la diffusion totale de la lumière. Quant à la dernière partie,
nous montrerons que la diffusion Brillouin est une technique performante pour
observer l’influence de la composition et de la température fictive sur la structure.

III.2.3.1. Rapport Landau-Placzek – Influence de la température


fictive

Pour limiter au maximum les différences liées au dispositif expérimental, les


mesures ont été obtenues le même jour, dans les conditions suivantes : le faisceau
incident est focalisé sur la surface de l’échantillon et est parallèle aux anneaux
concentriques. L’appareillage utilisé est le spectromètre Z40 dont les caractéristiques
sont répertoriées dans le chapitre II. La longueur d’onde du laser est de 514,5
nanomètres et la puissance de sortie est de 360 milliwatts. L’ouverture des fentes
d’entrée et de sortie est de 50 microns et celle des fentes intermédiaires est de 75
microns. De plus, l’image des extrémités de l’échantillon a été masquée avant la
fente d’entrée afin d’éviter cette diffusion parasite.

73
8000 Diffusion Rayleigh
Intensité de diffusion (u. a)

6000

4000

2000
Diffusion Brillouin

0
-2 -1 0 1 2
-1
Nombre d'onde (cm )
Figure. III. 18. Spectre de diffusions Rayleigh et Brillouin à partir duquel on calcule le rapport
Landau-Placzek

Le Rapport Landau-Placzek (RLP) est (figure III.18) le rapport de l’intensité de la raie


Rayleigh IRayleigh sur la somme des intensités des deux raies Brillouin Stockes IBrillSt et

anti-Stockes IBrillASt :

IRayleigh
R LP = (3.13)
IBrillSt + IBrillASt

Nos résultats concernant les mesures du rapport Landau-Placzek sont référencés


dans le tableau III.3. On remarque l’augmentation du rapport Landau-Placzek entre
l’échantillon traité à 1100°C et celui n’ayant subi aucun traitement thermique (Non
Recuit : NR). Ceci confirme sa dépendance avec la température fictive. Un résultat
plus étonnant est celui obtenu pour l’échantillon recuit à 1300°C pour lequel nous
avons trouvé un rapport Landau-Placzek, faible, de 28,3 ± 2. Nous nous attendions
en effet, à obtenir une valeur proche de 30. L’hypothèse que nous proposons pour
expliquer cette contradiction est liée à la masse des échantillons. En effet, pour
mesurer le rapport Landau-Placzek, nous avons du utiliser des échantillons cubiques
de 5*5*5 mm3 qui ont donc des volumes plus importants que les échantillons étudiés
lors des mesures de diffusion Raman. En effet, ces derniers étant minces, nous
arrivions à figer la structure du verre à 1300°C. Par contre, dans le cas de cubes, il
est possible qu’il existe un gradient de Tf. Par conséquent, l’échantillon recuit à
1300°C possède une température fictive inférieure à 1300°C.

74
SiO2-GeO2 1100 SiO2-GeO2 1300 SiO2-GeO2 NR
RLP 27,1 ± 2,0 28,3 ± 2,0 29,9 ± 2,0
Tableau III.3 Influence de la température de recuit sur le rapport Landau-Placzek

En ce qui concerne le verre de silice pure, Le Parc et al., [2001] ont montré que le
rapport Landau-Placzek augmente aussi avec la température fictive.

Les mesures du rapport Landau-Placzek en fonction de la température fictive ont


montré qu’il augmente avec Tf. Ainsi, afin de réduire les pertes par diffusion Rayleigh
des fibres dopées GeO2, il convient d’abaisser leur température fictive. La
transmission dans les fibres sera alors améliorée. Une des méthodes est
l’abaissement de la température de fibrage et par conséquent, de la vitesse de
fibrage. Par contre, lorsque la température de fibrage est faible, la différence entre la
viscosité du cœur et de la gaine devient plus importante et donc les contraintes à
l’interface cœur-gaine augmentent.

III.2.3.2. Contribution des fluctuations de concentration à la


diffusion de la lumière dans les verres dopés

Le rapport Landau-Placzek total est la somme des contributions dues aux


fluctuations de densité et aux fluctuations de concentration : RLP, total = RLP, ρ + RLP, c.
On a négligé la contribution des fluctuations de l’anisotropie étant donné la faible
concentration en GeO2.
Pour évaluer la part des fluctuations de concentration au rapport Landau-
Placzek total, il faut comparer des échantillons de viscosités égales sachant que
l’introduction d’un dopant type Germanium réduit la viscosité du verre à une
température donnée. La concentration en oxyde de Germanium utilisée dans le
cadre de cette étude (5% en masse) abaisse les températures caractéristiques de
150°C environ, nous avons donc comparé un verre de silice pure recuit à 1250°C et
un verre de silice dopé Germanium recuit à 1100°C (tableau III.4).

75
SiO2 1250°C SiO2 – GeO2 1100°C
RLP, total 22,1 ± 2,0 27,1 ± 2,0
RLP, ρ 22,1 ± 2,0 22,1 ± 2,0 (estimé)
RLP, c 0 5,0 ± 2,0
Tableau III.4 Rapport Landau-Placzek d’un verre de silice recuit à 1250°C et d’un verre de
SiO2–GeO2 recuit à 1100°C

Les fluctuations de densité sont figées à Tf, qui est une température comprise
dans l’intervalle de transition vitreuse, la viscosité associée est donc de l’ordre de
1013 Poises. Les fluctuations de concentration sont figées à la température Tf' qui
correspond à une viscosité beaucoup plus faible (105 Poises) ([Golubkov et al.,
1999]). Ainsi, pour des échantillons de même viscosité on peut supposer que les
fluctuations de densité sont les mêmes dans les deux échantillons étudiés. Si on
émet cette hypothèse, alors on peut en déduire que les fluctuations de concentration
sont responsables de l’augmentation du rapport Landau-Placzek dans l’échantillon
de silice dopé. Notons que cette hypothèse est valide pour les échantillons
faiblement dopés.
On trouve ainsi que ces fluctuations représentent dans notre échantillon
27,1 − 22,1
= 18 % de la diffusion totale.
27,1

Le rapport Landau-Placzek permet de déterminer la part des fluctuations de


concentration et de densité à la diffusion totale. Pour les échantillons de SiO2-GeO2,
la contribution des fluctuations de concentration s’élève à 18%. De plus, nous avons
montré que pareillement au verre de silice pure, le rapport Landau–Placzek du verre
de silice dopé augmente avec la température fictive.

III.2.3.3. Influence de la polarisation et taux de dépolarisation

Influence de la polarisation du faisceau incident

Nous avons acquis des spectres de diffusions Rayleigh et Brillouin en variant


la polarisation du faisceau incident grâce à un rotateur de polarisation (figure III.19).

76
7000
140
6000 180
Intensité de diffusion

200
5000 230
4000

3000

2000

1000

0
-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5
-1
Déplacement (cm )
Figure. III. 19. Intensité de diffusion Rayleigh en fonction de la polarisation du faisceau
incident. La position 140 signifie que les faisceaux incident et diffusé sont polarisés dans
la même direction (VV) et la position 230 correspond à une configuration HV. Les autres
positions sont des positions intermédiaires du rotateur de polarisation

Sachant que la position 140 signifie que le faisceau incident et le faisceau diffusé
sont polarisés dans la même direction (VV) et que la position 230 correspond à une
polarisation HV, on observe une très forte diminution de la raie élastique et
l’apparition des modes transverses (figure III.20).

60

Modes
intensité de diffusion (u. a.)

50
transverses
40

30

20

10

-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5


-1
Déplacement (cm )
Figure. III. 20. Spectre de diffusion Brillouin par A non recuit (polarisation HV)

77
Ces modes acoustiques transverses sont situés à des fréquences plus basses que
les modes longitudinaux et peuvent se propager quand le fluide devient plus
visqueux. A partir des spectres obtenus en polarisation VV et HV, nous pouvons
calculer le taux de dépolarisation. Saito et al., [1997] ont montré que dans le verre,
celui-ci est à peu près indépendant de la température.

Le taux de dépolarisation

Le tableau III.5 ([Schroeder, 1977]) présente les taux de dépolarisation pour 3


verres d’oxydes purs. La silice pure montre une très faible diffusion anisotrope car sa
structure est composée de tétraèdres. Dès lors, elle est optiquement isotrope. En
revanche, B2O3 présente une anisotropie importante (anomalie borique…). La forte
anisotropie dans GeO2 peut être expliquée par la présence de composés de
coordinence 6 (hexagonal) qui sont optiquement très anisotropes. On peut donc
s’attendre, dans les verres dopés GeO2, à une augmentation de la diffusion liée à
l’anisotropie.

SiO2 B2O3 GeO2


IHV/IVV 0,05 0,30 0,31
Tableau III.5 Taux de dépolarisation pour v-SiO2, v-B2O3 et v-GeO2

Nous avons donc mesuré le taux de dépolarisation des échantillons SiO2-5% GeO2
afin d’étudier l’influence de l’introduction de 5% de GeO2. Pour cela, nous avons
utilisé une lame demi-onde qui permet de faire tourner exactement la polarisation du
faisceau incident de π/2 à 514,5 nanomètres. Les résultats sont résumés dans le
tableau III.6. On remarque que le taux de dépolarisation des échantillons SiO2-GeO2
est de l’ordre de grandeur de celui du verre de silice pure.

SiO2 1250°C SiO2-GeO2 1100°C SiO2-GeO2 1300°C SiO2-GeO2 NR

IHV/IVV 0,06 ± 0,01 0,07 ± 0,01 0,08 ± 0,01 0,08 ± 0,01


Tableau III.6 Taux de dépolarisation pour le verre de silice recuit à 1250°C et le verre de
silice dopé GeO2 recuit à différentes températures

78
III.2.3.4. Contribution des diffusions Raman, Rayleigh et Brillouin à
la diffusion totale

Dans le but d’estimer la contribution de chaque diffusion à la diffusion totale


de la lumière, les spectres de diffusions Rayleigh, Brillouin et Raman ont été obtenus
dans les conditions (identiques) expérimentales suivantes : la puissance de sortie du
laser est de 500 milliwatts, la polarisation du faisceau incident est parallèle à celle du
faisceau diffusé, les fentes S1 et S5 ont une ouverture de 50 microns et les fentes
intermédiaires de 75 microns.
Les figures III.21a et III.21b montrent respectivement les spectres de diffusions
Brillouin et Raman par un verre de silice dopé Germanium (5% en masse) recuit à
1300°C. L’intensité de la raie Rayleigh a été déduite du rapport Landau-Placzek
obtenu dans les mêmes conditions expérimentales.

79
Intensité de diffusion Brillouin (u. a.)

1600
1400
a
1200
1000
800
600
400
200
0
1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
-1
Nombre d'onde (cm )
Intensité de diffusion Raman (u. a.)

450
b
400

350

300

250

200

150

100 200 300 400 500 600 700


-1
Nombre d'onde (cm )
Figure. III. 21. Spectres (VV) de diffusions Brillouin (a) et Raman (b) par un verre SiO2-GeO2
recuit à 1300°C

Le tableau III. 7 montre que le dopage ne modifie pas radicalement les importances
relatives des trois phénomènes pour les faibles concentrations en dopants
considérées dans ce travail.

80
Rayleigh Brillouin Raman
SiO2 93,7 ± 1,0 3 ± 1,0 3,3 ± 1,0
SiO2-GeO2 94,4 ± 1,0 3,2 ± 1,0 2,4 ± 1,0
Tableau III.7 Pourcentage des contributions des diffusions Rayleigh, Brillouin et Raman à la
diffusion totale

Il est important de préciser que les intensités de diffusion précédentes prennent en


compte les composantes Stokes et Anti-Stokes des spectres Raman et Brillouin.

Suite aux mesures de diffusion de la lumière, nous avons estimé la part des
fluctuations de concentration à 18% de la diffusion totale dans le verre dopé GeO2.
De plus, le taux de dépolarisation a été calculé pour les verres de silice pure et dopé
et nous avons constaté que l’introduction de l’oxyde de Germanium engendre une
augmentation de l’anisotropie. Enfin, nous avons déterminé les contributions relatives
des diffusions Rayleigh, Brillouin et Raman à la diffusion totale par un échantillon de
silice dopée. L’ensemble de ces résultats est en accord avec ceux obtenus dans le
cas de la silice pure.

III.2.3.5. Diffusion Brillouin – Influence de la température fictive et


de la composition

Nous avons mesuré la diffusion Brillouin par les échantillons de SiO2 et SiO2-
GeO2 grâce à un spectromètre constitué de deux Fabry-Perot (résolution plus
importante) au laboratoire de Physique des Milieux Condensés en collaboration avec
Monsieur Alain Polian. Le dispositif expérimental est décrit dans le paragraphe II.3.3.
Les conditions expérimentales sont les suivantes : la puissance de sortie du laser est
de 150 milliwatts et la détection est assurée par un détecteur multicanal. Le temps
d’acquisition est de 4 millisecondes par canal.
La vitesse du son V est reliée à la position de la moyenne des raies Brillouin ∆ν et à
la géométrie de l’expérience par la relation 3.14 :
2nV β
∆ν = sin (3.14)
λ 2

81
n=1,4617 pour le verre de SiO2 et n=1,4677 pour le verre de SiO2-GeO2 à la
longueur d’onde 514,5 nanomètres.
β est l’angle de diffusion et dans le cadre de cette étude, β=π.
Les positions des raies Brillouin et les vitesses du son correspondantes sont
répertoriées dans le tableau III.8.

Echantillons B NR B 1100°C B 1300°C SiO2 1250 °C


Position (cm-1) 1,115 1,112 1,117 1,120
Vitesse (m.s-1) 5856,8 5710,2 5732,8 5911,5

Echantillons SiO2 1350 °C SiO2 NR A 970°C A 1050°C A 1100°C


Position (cm-1) 1,123 1,121 1,107 1,115 1,119
Vitesse (m.s-1) 5925,2 5888,4 5817,6 5857,3 5880,3

Echantillons A 1150°C A 1200°C A 1250°C A 1300°C A NR


Position 1,119 1,118 1,120 1,113 1,122
Vitesse (m.s-1) 5880,9 5875,3 5886,4 5849,4 5901,6
Tableau III.8 Diffusion Brillouin par les verres SiO2 et SiO2-GeO2 recuits à différentes
températures

Nous constatons que les raies Brillouin des verres de silice dopés sont plus proches
de la raie élastique que celles des verres de silice.

La figure III.22 présente la dépendance de la position des raies Brillouin avec la


température de recuit pour les échantillons de SiO2-GeO2 auxquels nous n’avons pas
ôté la gaine de silice (échantillons de la série A). On remarque alors que les raies
Brillouin s’éloignent de la raie élastique quand la température fictive augmente, ce
qui correspond à une densification du réseau.

82
1.15

1.14
Nombre d'onde (cm )
-1

1.13
Non recuit
1.12

1.11

1.10

1.09

1.08
1000 1100 1200 1300
Température de recuit (°C)

Figure. III. 22. Evolution de la position moyenne des raies Brillouin avec la température de
recuit (série A)

A partir de la position des raies Brillouin, la vitesse du son peut être ensuite calculée
et son évolution avec la température fictive est montrée sur la figure III.23.

6000
Vitesse ultrasonique (m.s )
-1

Non recuit
5900

5800

5700

5600
1000 1100 1200 1300
Température de recuit (°C)
Figure. III. 23. Evolution de la vitesse ultrasonique avec la température de recuit pour les
échantillons de la série A

La diffusion Brillouin est donc une technique efficace pour étudier l’influence de la
température fictive sur la structure.

En ce qui concerne les échantillons de la série B, nous avons effectué trois


séries de mesures (figure III.24). La première consiste à placer l’échantillon de telle
manière à ce que l’axe des anneaux concentriques soit parallèle au faisceau incident

83
et que la zone sondée soit le cœur de la préforme. Pour la deuxième, l’échantillon
reste à la même place mais la zone sondée se trouve à 1,5 millimètres du cœur
(bord). Enfin, nous avons positionné l’échantillon de manière à ce que le faisceau
incident soit perpendiculaire à l’axe des anneaux. Nous remarquons nettement que
la position des raies Brillouin varie suivant la zone traversée, par conséquent, on
peut en déduire que notre préforme possède de l’anisotropie. Celle-ci est
probablement due à l’ajout de GeO2 dans la silice.

1.16
Positions des raies Brillouin (cm )

Non recuit
-1

1.14

1.12

1.10

1.08

1.06
perpendiculaire
1.04 coeur
bord
1.02

1000 1050 1100 1150 1200 1250 1300 1350


Température de recuit (°C)
Figure. III. 24. Positions des raies Brillouin pour B 1100, B 1300 et B NR

Les mesures de diffusion Brillouin ont montré que l’introduction de GeO2 engendre
un déplacement de la raie Brillouin vers la raie élastique. De plus, nous avons montré
que la vitesse ultrasonique augmente avec la température de recuit. Il est donc
possible d’utiliser la diffusion Brillouin pour déterminer la température fictive d’un
échantillon inconnu.

III.2.4. Diffusion des Rayons X aux petits angles (SAXS)

L’ensemble des mesures de diffusion des Rayons X aux petits angles (Small
Angle X-ray Scattering = SAXS) a été effectué à l’E.S.R.F. Le dispositif expérimental,
le descriptif de la ligne et la théorie sont répertoriés dans le paragraphe II.5.

84
En SAXS, on observe le contraste de densités électroniques entre les zones plus ou
moins homogènes. Dans un verre à un seul composant, SiO2 par exemple, on
n’observe que les fluctuations de densité. Par contre, dans un verre à plusieurs
composants, SiO2-GeO2 par exemple, les fluctuations de concentration s’ajoutent
aux fluctuations de densité.

L’ensemble des mesures a été effectué à température ambiante et l’intensité de


diffusion a été corrigée afin de tenir compte de la transmission de l’échantillon, des
variations d’épaisseur… Deux photomultiplicateurs (PM) ont été placés avant (PM0)
et après l’échantillon (PM1) afin de compter respectivement le nombre de photons
qui arrivent sur l’échantillon et le nombre de photons transmis.

Les figures III.25 et III.27 présentent respectivement l’allure du diagramme de


diffusion des rayons X aux petits angles (I = f(q)) pour un verre de silice pure recuit à
différentes températures et un verre de SiO2-GeO2 recuit à 1100°C.

Le verre de silice pure

35
Intensité de diffusion (u. a.)

1100
30
1250
25
NR
20
15
10
5
0
0 0,5 1 1,5
-1
q (Å )

Figure. III. 25. Intensité de diffusion I(q) en unités arbitraires pour trois échantillons de silice
pure recuits à différentes températures

85
4,5
4 Non recuit

Intensité de diffusion (u. a.)


3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
1000 1100 1200 1300 1400
Température de recuit (°C)

Figure. III. 26. Evolution de l’intensité de diffusion I(q=0) d’un verre de silice pure en fonction
de la température de recuit

La figure III.26 présente l’évolution de l’intensité de diffusion extrapolée à q=0 pour


un verre de silice pure en fonction de sa température de recuit. R. Le Parc, [2002]
avait estimé la température fictive du verre non recuit à 1370°C. I(q=0) suit la loi
linéaire suivante :
I(q = 0) = 0,0046 Tf − 2,5645 (3.15)

L’intensité de diffusion devient plus importante quand la température fictive


augmente.

Le verre de silice dopé Germanium

La configuration électronique de l’atome de Ge implique qu’il ait une densité


électronique plus importante que l’atome de Si. En effet :
Si 1s2 2s2 2p6 3s2 3p2
Ge 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d10 4s2 4p2

Ainsi, Golubkov et al., [1982] ont constaté que l’intensité de diffusion des rayons X
aux petits angles est 2,3 fois plus importante pour le verre de GeO2 pur que pour
celui de SiO2 pur. Ils ont aussi montré que le coefficient de compressibilité isotherme
du verre de GeO2 pur diminue avec la température.

86
45
40
35
30
I(q) à 25°C

25
20
15
10
5
0
0 0,5 1 1,5
q(Å-1)

Figure. III. 27. Intensité de diffusion du verre de SiO2-GeO2 recuit à 1100°C

On constate que l’intensité de diffusion extrapolée à q=0 pour la silice dopée est
supérieure à celle de la silice pure. On peut attribuer cet excès de diffusion au
pouvoir diffusant plus important de GeO2 (2,3 fois) et aux fluctuations de
concentrations qui ne sont présentes que dans le verre dopé.

4,68
4,675
4,67
I(q) à T=25°C

4,665
4,66
4,655
4,65
4,645
4,64
900 950 1000 1050 1100 1150
Température de recuit (°C)

Figure. III. 28. I(q) à température ambiante de SiO2-GeO2 en fonction de la température de


recuit

87
Des mesures de diffusion de la lumière et de diffusion des rayons X aux petits angles
ont été effectuées pour des échantillons de silice dopés GeO2. Nous avons
notamment déterminé l’évolution des différentes signatures spectroscopiques en
fonction du paramètre thermodynamique, la température fictive. Nous avons
confronté ces mesures avec celles obtenues dans le verre de silice pure et nous
avons constaté que les signatures spectroscopiques de l’échantillon dopé variaient
moins rapidement que celle du verre de silice. Enfin, nous avons mis en évidence la
présence des fluctuations de concentration dans le verre dopé grâce aux deux
techniques puis nous avons évalué leur contribution à la diffusion totale de la lumière
(de l’ordre de 20%).

III.3. Les verres de SiO2-P2O5-Al2O3 dopés Er3+

Le cœur des préformes que nous étudions est un verre de SiO2-Al2O3-P2O5


(SiAl) dopé avec un oxyde de terres rares : Er2O3. Les ions Terres Rares (TR) tels
que les ions Er3+ sont incorporés dans la matrice vitreuse des fibres en vue
d’amplifier le signal par luminescence. Dans une matrice vitreuse constituée
uniquement d’oxydes formateurs de réseau, il n’y a pas de groupes non-pontants
SiO-. Il est donc impossible pour les ions Er3+ de créer des liaisons avec les groupes
Si-O-, ils ont alors tendance à former des agrégats dès que la concentration atteint
10-4 at.% ([Sckerl, 1999]). Ceux-ci étant à l’origine de la réduction de l’intensité de
luminescence par le phénomène de « concentration quenching » et donc d’une
diminution de l’amplification des fibres, de nouvelles matrices vitreuses ont été
développées telles les verres SiO2-Al2O3-P2O5. En effet, l’incorporation d’Al2O3 et
P2O5 permet de retarder cette formation d’agrégats et il est possible par conséquent,
de doper les fibres avec des concentrations plus élevées en ions terres rares. De
plus, dans le verre de silice, l’aluminium élargit le spectre d’émission des terres rares
([Ainslie, 1991]). Le mécanisme d’introduction d’ions terres rares dans une matrice
vitreuse est très complexe et seul Laesgaard, [2002] a élaboré un modèle décrivant
l’introduction de ceux-ci dans une matrice de SiO2 contenant des ions Al3+. Vienne et
al., [1996] ont constaté que l’augmentation de la concentration en Aluminium dans
les fibres aluminophosphosilicate codopées Ytterbium-Erbium engendre une
diminution de l’indice de réfraction et favorise la séparation de phase. L’ajout de

88
phosphore est justifié par le fait qu’il empêche la dévitrification du réseau engendrée
par l’incorporation de plus de 10 mol% d’Al ([Ohmori et al., 1982], [Simpson et al.,
1983]).

III.3.1. Présentation des échantillons

Composition

Les échantillons que nous avons étudiés constituent le cœur des préformes,
synthétisées par MCVD (méthode de synthèse expliquée dans le paragraphe III.1.1).
La composition n’est pas parfaitement homogène sur l’ensemble du cœur,
cependant, ces fluctuations n’entraînent pas de modifications significatives de la
structure et, par conséquent, des signatures spectroscopiques car nous avons pris
soin de faire la mesure à une distance constante à partir du centre du coeur.
Par soucis de confidentialité, nous ne dévoilerons pas la composition exacte des
échantillons, néanmoins, nous pouvons écrire les inégalités suivantes (pourcentage
massique) :
[Al]<10%
[P]<2%
[P]>[Ge]
[Er] = traces

Nous disposons de préformes de différentes compositions mais vérifiant les


inégalités décrites ci-dessus. Tous les échantillons (tableau III.9) ont été recuits sous
air sec afin d’éviter les réactions chimiques entre l’échantillon et la vapeur d’eau qui
conduisent à une cristallisation de surface ([Fujita et al., 2003]).

89
Nom de l’échantillon Température de recuit (°C) Temps de recuit (heures)
S986 NR Non recuit 0
1049 NR Non recuit 0
1049 1100 1100°C 23
1049 1200 1200°C 21
1049 1300 1300°C 3
Tableau III.9 Traitements thermiques des échantillons SiAl

Nous avons alors étudié la structure de ces échantillons grâce à la diffusion Raman
et l’absorption Infrarouge ainsi que grâce à la diffusion des rayons X aux petits
angles.

III.3.2. Etude de la structure des préformes dopées Aluminium par


diffusion Raman et absorption Infrarouge

L’acquisition des spectres de diffusion Raman des échantillons dopés Er3+ est
rendue difficile sous excitation à 514,5 nanomètres par la présence d’une raie
d’émission de l’Erbium qui se superpose avec la bande principale du spectre Raman.
Toutes deux sont d’intensités comparables (figure III.29). Nous avons donc obtenu
les spectres de diffusion Raman en excitant à 488 nanomètres.

90
1200 514,5 nm
488 nm
Intensité Raman (u. a.)

1000

800

600

400

200

200 400 600 800


-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. III. 29. Spectres de diffusion Raman du S-986 acquis avec les longueurs d’onde
λ=514,5 nm et λ=488 nm - Présence de la bande d’émission de l’Erbium (flèche) à 327
cm-1

Afin d’éviter l’émission verte de l’Erbium dans la matrice de silice, la longueur d’onde
du faisceau incident doit être de 488 nanomètres.

III.3.2.1. Spectroscopie Raman

Influence de la composition

L’introduction d’Aluminium et de Phosphore engendre plusieurs modifications


structurales et par conséquent, les spectres de diffusion Raman par les verres dopés
diffèrent de celui de la silice pure. Cependant, aucune bande de vibration n’est
apparue ni disparue, ceci étant dû au fait que les concentrations en dopants sont
faibles. Pour les compositions étudiées, les éléments correspondants aux verres de
silice sont conservés, en particulier, la bande principale et les raies D1 et D2.
La figure III.30 montre l’influence de la composition sur le spectre de diffusion
Raman.

91
Tout d’abord, on constate que la largeur à mi-hauteur de la bande principale est plus
grande pour le verre dopé (de 169 cm-1 alors que dans le cas du verre de silice pure,
la largeur à mi hauteur est de 194 cm-1), la distribution des angles intertétraèdres T-
O-T (T=Si, Al et P) est donc plus importante. Le dopage par les atomes d’Aluminium
et de Phosphore, bien qu’ils soient de taille semblable aux atomes de Silicium,
engendre un désordre structural supplémentaire. De plus, on observe un faible
déplacement vers les hauts nombres d’onde, ce qui indique une diminution de la
valeur moyenne de l’angle T-O-T.
D’autre part, on remarque nettement que les bandes de défauts D1 et D2, attribuées
aux vibrations des cycles à quatre et trois tétraèdres sont moins intenses et élargies.
Cela indique les modes de vibration des cycles à quatre et trois tétraèdres sont
moins découplés du réseau.
Enfin, l’intensité de la bande principale est plus faible pour le verre dopé que pour le
verre de silice pure.

1049
2000 Silice pure
Intensité Raman (u. a.)

1500

1000

500

200 300 400 500 600 700 800


-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. III. 30. Spectres de diffusion Raman d’un verre de silice et du cœur de la préforme
1049 non recuits (excitation λ=488 nm)

L’évolution de la position de la bande principale le long du rayon du cœur des


préformes S-986 et 1049 est présentée respectivement sur les figures III.31 et III.32.
La position du maximum de la bande principale varie en fonction du point de mesure
par rapport au centre du cœur pour les deux échantillons. Les variations observées
peuvent en partie être corrélées avec les variations de la concentration en phosphore

92
soit à l’intérieur d’une même préforme soit entre les deux préformes dont la
concentration en phosphore varie légèrement.
Déplacement Raman de la bande principale (cm )
-1

444

442

440

438

0 50 100 150 200 250 300


Distance par rapport au centre (microns)
Figure. III. 31. Déplacement Raman de la bande principale le long du rayon du cœur de la
préforme S-986 non recuite
Position de la bande principale (cm )
-1

444

443

442

441

440

439

0 100 200 300 400 500 600


Distance par rapport au centre du coeur (microns)
Figure. III. 32. Déplacement Raman de la bande principale le long du rayon du cœur de la
préforme 1049 non recuite

93
Influence de la température fictive

Comme pour les cœurs des préformes dopées GeO2, nous avons étudié
l’évolution des signatures spectroscopiques des préformes dopées Aluminium avec
la température fictive. La figure III.33 présente cette évolution pour la préforme 1049
et pour la fibre correspondante. Nous avons donc pu évaluer la température fictive de
la préforme non recuite à 1230°C et celle de la fibre à 1350°C.
Déplacement Raman (cm )
-1

455 fibre non recuite

450
préforme non recuite

445

1100 1150 1200 1250 1300 1350 1400


Température de recuit (°C)
Figure. III. 33. Déplacement de la position de la bande principale en fonction de la
température de recuit (1049)

Nous remarquons que la bande principale se déplace vers les hauts nombres d’onde
avec la température de recuit et obéit à la loi linéaire :
ν Bande Principale (cm −1 ) = 0,034 Tf + 407,8 (3.16)

En comparant l’équation 3.16 avec l’équation 3.4, nous pouvons remarquer que
l’évolution de la bande principale avec la température fictive est d’un facteur 1,5 plus
importante pour le verre dopé.

De plus, ce déplacement vers les hauts nombres d’onde signifie que la valeur
moyenne de l’angle intertétraèdres T-O-T (T=Si, Al et P) diminue. Ce déplacement
vers les hautes températures fictives est aussi interprété comme une densification.

94
Les fibres

Au cours de cette étude, nous avons étudié la fibre optique synthétisée à partir de la
préforme 1049, nous avons pu alors comparer les spectres de diffusion Raman de la
préforme 1049 non recuite et de la fibre correspondante (figure III.34). Les bandes
de défauts sont très marquées et fines dans le spectre de diffusion Raman de la
fibre, ce qui est caractéristique d’une forte température fictive.

800
Fibre 1049 non recuite
Intensité Raman (u. a.)

préforme 1049 non recuit


600

400

200

200 300 400 500 600 700 800


-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. III. 34. Spectres de diffusion Raman (VV) de la préforme 1049 et de la fibre de même
composition (les deux échantillons n’ont subi aucun traitement thermique)

La figure III.35, qui présente les spectres de diffusion Raman (HV) de la préforme et
de la fibre 1049, met en évidence le phénomène de dépolarisation à l’intérieur de la
fibre. En effet, la bande principale ainsi que les bandes de défauts sont polarisées
VV, c’est pourquoi, en polarisation croisée HV, on ne les observe plus dans le cas de
la préforme. Par contre, dans la fibre, le spectre obtenu en HV est semblable à celui
obtenu en VV, ce qui correspond à une forte dépolarisation. On peut interpréter ce
phénomène en prenant en compte le guidage dans le cœur de la fibre qui, même en
rétrodiffusion conduit à une dépolarisation du faisceau.

95
préforme non recuite
Intensité Raman (u. a.) 600 fibre non recuite
500

400

300

200

100

200 300 400 500 600 700 800


-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. III. 35. Spectres de diffusion Raman (HV) de la préforme 1049 et de la fibre de même
composition (les deux échantillons n’ont subi aucun traitement thermique)

Les mesures de diffusion Raman ont permis de tracer pour une préforme l’évolution
de la position de la bande principale en fonction de la température de recuit et ainsi
de déterminer la température fictive de l’échantillon non traité thermiquement. Nous
avons constaté que cette évolution est plus importante que pour un verre de silice
pure. Nous avons montré de plus, qu’il est possible, par diffusion Raman de
déterminer la température fictive d’une fibre.

III.3.2.2. Absorption Infrarouge

Le dispositif expérimental et la théorie de l’absorption Infrarouge (IR) sont


expliqués dans le paragraphe II.3. En général, pour les verres multicomposants,
l’harmonique (à 2255 cm-1) de la bande fondamentale n’est pas très bien définie,
c’est pourquoi, nous avons choisi de ne présenter que les mesures effectuées en
réflexion qui teste essentiellement la surface des échantillons.
En réflexion, la zone sondée se situe au centre du coeur de la préforme et est de 100
* 100 microns carrés. Le spectre d’absorption IR du verre de silice pure est constitué
d’une bande centrée à 1118 cm-1 et d’un épaulement à 1200 cm-1, respectivement
attribués aux composantes transverses et longitudinales des vibrations d’élongation

96
antisymétriques des liaisons T-O-T (T=Si, Al et P). Nous observons que la bande
fondamentale (figure III.36) à 1118 cm-1 se déplace vers les faibles nombres d’onde
dans le cas du verre dopé par rapport au verre de silice pure.

100 silice pure


986 1300
Transmittance normalisée (u. a.)

986 1200
80

60

40

20

800 1000 1200 1400 1600


-1
Nombre d'onde (cm )
Figure. III. 36. Spectres de réflexion IR des préformes R3381 recuites à différentes
températures et spectre IR d’un verre de silice pure

La figure III.37 démontre que la position de la bande fondamentale à 1118 cm-1 se


déplace vers les faibles nombres d’onde quand la température fictive augmente et
suit l’équation suivante :
ν TO,S986 (cm −1 ) = 1153,5 − 0,0351 Tf (K) (3.17)

97
1118

Nombres d'onde (cm )


-1 1116

1114 Non recuit

1112

1110

1108

1106

1100 1150 1200 1250 1300


Température de recuit (°C)
Figure. III. 37. Déplacement du pic TO (préforme S-986) en fonction de la température de
recuit

Dans la silice pure, Kim et al., [2001] ont établi l’équation suivante :
ν (cm −1 ) = 1132,5 − 0,00669Tf (K) (3.18)

Ainsi, le dopage de la silice par Al2O3 et P2O5 engendre une plus grande dépendance
de la position de la bande fondamentale avec la température fictive. Cette influence
du dopage par Al2O3 et P2O5 sur l’évolution des bandes de vibrations avec la
température fictive a été démontrée précédemment par diffusion Raman.

L’équation 3.17 nous permet d’estimer la température fictive de l’échantillon non


recuit à 1135°C.

III.3.3. Diffusion des rayons X aux petits angles

Nous avons également étudié la diffusion des rayons X aux petits angles par
le cœur des préformes et nous avons observé l’évolution de l’intensité de diffusion
avec la température fictive. L’intérêt des rayons X est de permettre des mesures in
situ en température dans un four. Deux géométries différentes ont été utilisées car la
présence du four impose une distance entre l’échantillon et le détecteur plus grande.

98
Mesures à température ambiante

Après traitement des données, les figures III.38, III.39 et III.40 représentent les
intensités des rayons X diffusés en fonction du vecteur de diffusion q qui ont été
obtenues.
Les trois diagrammes possèdent une forte remontée aux petits q, caractéristique de
zones inhomogènes et un pic de cristallisation aux alentours de 1,2 Å pour les
échantillons qui ont subi un traitement thermique. Nous avons focalisé notre travail
sur l’intensité de diffusion des rayons X extrapolée à q=0 car elle est proportionnelle
aux fluctuations de densité et de concentration.

80
70

60
50
I(q) à 25°C

40
30
20

10
0
0 0,5 1 1,5
q(Å-1)

Figure. III. 38. Intensité de diffusion de l’échantillon 1057 non recuit

99
70

60

I(q) à 25°C 50

40

30

20

10

0
0 0,5 1 1,5
q(Å-1)

Figure. III. 39. Intensité de diffusion de l’échantillon 1057 de température fictive égale à
1200°C durant 21 heures

45
40
35
Intensité de diffusion

30
25
20
15
10
5
0
0 0,5 1 1,5
q(Å-1)

Figure. III. 40. Intensité de diffusion de l’échantillon 1057 de température fictive égale à
1350°C durant 21 heures

Nous avons tracé sur la figure III.41, l’intensité de diffusion extrapolée à q=0 pour un
verre de silice pure et pour la préforme 1057 en fonction de la température fictive
(que nous assimilons à la température de recuit).

100
7

6
Intensité à q=0 (u. a.)
5

2 1057
Silice
1

0
1050 1100 1150 1200 1250 1300 1350 1400
Température de recuit (°C)

Figure. III. 41. Evolution de l’intensité de diffusion en fonction de la température de recuit


pour un verre de silice pure et l’échantillon 1057

Comme pour la silice pure, l’intensité de diffusion à q=0 pour le verre 1057 a une
dépendance linéaire avec la température fictive. Cette évolution est plus importante
que celle de la silice pure :
I(q = 0) = 0,0080 Tf − 5,2486 (3.18)

Le verre de silice est un verre simple, par conséquent, seules les fluctuations de
densité contribuent à la diffusion des rayons X. Ces fluctuations de densité sont
figées à Tf qui est une température proche de la température de transition vitreuse, la
viscosité associée est donc proche de 1013 Poises. La préforme 1057 est constituée
de plusieurs composants, alors les fluctuations de concentrations s’ajoutent aux
fluctuations de densité, l’intensité de diffusion des rayons X est donc plus importante.
En SAXS, la longueur d’onde des rayons X est de l’ordre de 1 Angström, les entités
diffusantes que l’on observe sont donc de tailles très inférieures à celles que l’on
sonde en diffusion de la lumière. Les rayons X sont donc plus sensibles aux
fluctuations à courte distance et il est donc interdit de moyenner. De plus, dans ce
cas, les fluctuations de concentration sont figées à une température, la « chemical
fictive temperature » ( Tf' =1550°C) correspondant à une viscosité de 109 Poises. Par

101
conséquent, contrairement aux données obtenues en diffusion de la lumière, il n’est
pas possible d’affirmer que les fluctuations de densité dans le verre dopé sont
équivalentes à celles dans le verre simple. Nous ne pouvons donc pas évaluer la
contribution des fluctuations de concentration à la diffusion des rayons X.

Les mesures de diffusion des rayons X aux petits angles ont permis d’élaborer une
droite d’étalonnage qui donne l’intensité de diffusion en fonction de la température de
recuit. Du fait de la présence des fluctuations de concentrations dans les échantillons
dopés, cette intensité de diffusion est plus importante que dans un verre à un seul
composant, cependant, nous ne pouvons pas déterminer leur contribution à la
diffusion des rayons X.

Mesures in situ :

En diffusion de la lumière, il n’est pas possible d’obtenir des mesures in-situ


en température à cause de l’émission du corps noir. Par contre, en SAXS, ces
expériences sont possibles.

Nous avons donc extrapolé l’intensité de diffusion à q=0 puis nous avons tracé sur la
figure III.42 son évolution en fonction de la température. Nous observons une faible
augmentation de l’intensité de diffusion puis, à partir de 800°C, elle diminue pour
ensuite augmenter à nouveau à partir de 1100°C environ. La diminution de I(q=0) à
partir de 800°C correspond à une diminution des fluctuations de densité et de
concentration et est donc associée à une relaxation structurale. Il est important de
noter que celle-ci se produit à des températures très inférieures à la température de
transition vitreuse et donc à des températures auxquelles la viscosité du verre est
grande. Ces phénomènes doivent être rapprochés des relaxations β mises en
évidences par d’autres techniques. Ce phénomène n’est pas spécifique à nos
échantillons et apparaît également dans le verre de silice pure ([Le Parc et al.,
2001]). Puis, l’augmentation de l’intensité de diffusion à partir de 1100°C est
associée au comportement du liquide.

102
I(q=0) (a. u.) 2,60E-04

2,10E-04

1,60E-04
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
Température (°C)

Figure. III. 42. Intensité de diffusion extrapolée à q=0 en fonction de la température du four
pour l’échantillon 1057 recuit à 1150°C

On remarque de plus que le point d'intersection des droites qui décrivent le


comportement du verre et celui du liquide correspond à une température de l'ordre
de 1150°C. Cette température est celle à laquelle l'échantillon étudié a été recuit, par
conséquent les mesures in-situ de diffusion des rayons X aux petits angles
fournissent une bonne estimation de la température fictive de l'échantillon.

En ce qui concerne l’échantillon 1057 n’ayant subi aucun recuit au préalable, nous
avons mesuré la diffusion in situ de 25 à 1225°C puis, nous l’avons recuit à 1225°C
durant 40 minutes. Nous avons enfin baissé la température du four progressivement
(2,8°.min-1) afin d’observer la diminution de la diffusion (figure III.43). L’échantillon
non recuit a une température fictive supérieure à 1300°C, nous avons donc montré
grâce à cette expérience qu’un recuit à plus basse température permet de diminuer
l’intensité de diffusion des rayons X et par conséquent, les fluctuations de densité et
de concentration.

103
0,00032
0,0003

Intensité à q=0 (u. a.) 0,00028


0,00026

0,00024
0,00022
0,0002
0,00018
0,00016
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Température du four (°C)

Figure. III. 43. Intensité de diffusion en fonction de la température du four pour l’échantillon
1057 non recuit

La spectroscopie Raman, l’absorption Infrarouge et la diffusion des rayons X ont été


utilisées afin d’interpréter les modifications structurales engendrées par les
traitements thermiques. Nous avons constaté que la densité du verre de silice dopé
GeO2 et de celui dopé Al2O3 et P2O5 augmente avec la température fictive. Les
expériences de SAXS ont permis d’élaborer une loi reliant l’intensité de diffusion à la
température fictive pour chaque composition. Nous avons de plus mis en évidence
une relaxation structurale à une température inférieure à Tg.

104
Chapitre IV

Evolution de la structure du verre après indentation

Nous avons montré dans le chapitre précédent que les traitements thermiques
à haute température engendrent une densification du réseau vitreux et nous avons
pu analyser qualitativement cette densification par des méthodes spectroscopiques.
Cette analyse du phénomène de densification a suggéré l’idée que les méthodes
spectroscopiques pouvaient également permettre d’étudier quantitativement les
effets d’indentation et apporter ainsi les informations quantitatives sur la densification
atteinte.
L’impact de la densification sur la structure de la silice vitreuse a été étudié
par diffusion Brillouin ([Grimsditch, 1984]), par absorption Infra-Rouge ([Mac Millan et
al., 1984] et [Velde et al., 1987]), par diffusion des rayons X ([Meade et al., 1992]) et
par diffusion des neutrons ([Susman et al., 1991]). Dans le cadre de ce travail, nous
avons utilisé la spectroscopie Raman pour étudier l’évolution des signatures
spectroscopiques avec l’indentation. Cette technique nous renseigne sur l’ordre
structural à moyenne distance, nous avons par conséquent accès à des informations
locales. Celles-ci sont nécessaires pour valider les modèles mécaniques servant à
décrire le comportement de la structure du verre sous indentation ([A. Perriot et al,
2004]).

105
Nous présenterons dans le premier paragraphe, la technique de l’indentation
puis, la seconde partie sera consacrée aux résultats obtenus dans le verre de silice
pure. Enfin, nous nous intéresserons aux verres de silice dopés GeO2.

IV.1. L’indentation

L’ensemble des échantillons, de dimensions 10*10*0,4 cm3, a été indenté avec


un appareil permettant en même temps la microindentation et la visualisation de la
surface. Ces indentations ont été effectuées au laboratoire mixte CNRS-Saint Gobain
par Antoine Perriot. L’indentation consiste à appliquer un indent perpendiculairement
à la surface. Dans le cadre de cette étude, l’indent est un indent Vickers, c’est à dire
une pyramide en diamant à base carrée dont les faces opposées font un angle de
136° (Figure IV.1.a). Ainsi, on peut assimiler l’indentation à une compression
uniaxiale.
L’empreinte de l’indent sur la surface de l’échantillon ainsi que la terminologie
associée sont présentées sur la figure IV.1.b.

d
=
2a

A B

F Diagonales Vickers

136°

D C

Centre de l’indent

Figure. IV. 1. Test d'indentation (a) et schéma de l’empreinte de l’indent Vickers sur la
surface de l’échantillon (b). AC et BD sont les diagonales Vickers d

Nous avons indenté des échantillons de silice pure et de silice dopée GeO2 : la
charge appliquée est de 2 kilogrammes et le temps de charge est de 30 secondes.

106
La surface indentée est caractéristique du matériau et de la charge appliquée. La
déformation permanente de l’échantillon (empreinte faite par l'indenteur sous une
charge donnée) est caractérisée par la dureté Vickers HV qui est définie par :
P
H V = 1,854 (4.1)
a2

P est la charge appliquée en kilogrammes et a est la moitié de la distance moyenne


des deux diagonales en millimètres.
Par définition, la dureté caractérise la résistance qu'un matériau oppose à la
pénétration d'un corps dur.

En ce qui concerne les échantillons de silice pure, deux sortes d’indentation


ont été effectuées : l’une sur la surface (« surface SiO2 ») et l’autre sur la rayure d’un
échantillon de SiO2 que l’on brise ensuite (figure IV.2) afin d’obtenir l’évolution de la
structure en profondeur (« section SiO2 »).

(a) (b)

(d)
(c)

Figure. IV. 2. Obtention de l’échantillon « section SiO2 ». (a) Initiation d’une fissure (b)
Propagation de la fissure grâce à un appareillage de double torsion (c) indentation de
l’échantillon sur la fissure (d) fracture

En ce qui concerne les échantillons de silice dopés GeO2, nous avons indenté
la surface de deux échantillons de température fictive différente. Ceux-ci proviennent
de la même préforme ([GeO2]=5% en masse) étudiée dans le chapitre III.

107
L’ensemble des échantillons de silice et de silice dopée est répertorié dans le tableau
IV.1.

Nom de l’indent composition Indentation Histoire thermique


Indent 2 SiO2 surface Non recuit
Indent 3 SiO2 section Non recuit
Indent 1 SiO2-GeO2 surface Recuit à 1200°C
Indent 4 SiO2-GeO2 surface Recuit à 1150°C
Tableau IV.1 Echantillons de silice pure et de silice dopée GeO2. En ce qui concerne les
échantillons dopés, la température fictive est assimilée à la température de recuit

Nous avons indenté la surface d’un échantillon de silice pure et de deux verres de
silice dopés GeO2. Dans le chapitre suivant, nous allons étudier les modifications de
la structure engendrées par l’indentation.

IV.2. Le verre de silice pure

Une fois les échantillons de silice pure indentés, nous avons pu effectuer une
cartographie des spectres de diffusion Raman de la zone correspondante.
La structure du verre de silice a été décrite dans le paragraphe III.2.2.1. Nous allons
dans ce paragraphe, nous intéresser aux spectres de diffusion Raman qui
fournissent des informations concernant la structure à moyenne distance et étudier
l’évolution des signatures spectroscopiques en fonction de l’indentation.
Nous avons vu dans le chapitre III qu’une hausse de la température fictive engendre
une augmentation de la densité du matériau. Cette augmentation est faible et
concerne l’ensemble de l’échantillon. Par contre, dans le cas de l’indentation, la
densification est beaucoup plus importante et se limite aux alentours de la surface.
Nous examinerons dans la première partie, l’évolution des signatures
spectroscopiques avec l’indentation de la surface de l’échantillon. Puis, l’étude de
ces modifications structurales en profondeur sera considérée en deuxième partie.

108
IV.2.1. Observation de la surface de l’indent

Toutes les mesures ont été obtenues avec le spectromètre Raman Renishaw
(objectif x50) et la platine motorisée nous a permis de constituer une cartographie
Raman de la surface de l’indent 2. La longueur d’onde du laser est de 514,5
nanomètres, sa puissance de sortie est de 30 milliwatts et le temps d’acquisition est
de 800 secondes par mesure. La figure IV.3 est la photographie de la surface de
l’indent 2 après indentation, on constate alors que la zone indentée correspond à un
carré de 55 microns de coté. Ainsi, en respectant la relation 4.1, on trouve que la
microdureté Vickers associée à notre échantillon de silice pure est de (677±90)
kg.mm-2, ce qui est équivalent à (6,64±0,9) GPa. Ces résultats sont cohérents avec
ceux de Arora et al., [1979] qui avaient trouvé une dureté Vickers de 6,9 GPa pour
un verre composé de 96% de silice.

Figure. IV. 3. Photographie de l’indent 2 (verre de silice pure). Les cercles noirs
correspondent aux zones sondées. Les échelles sont en microns

Les variations des spectres de diffusion Raman avec l’indentation sont


illustrées sur la figure IV.4 et expliquées plus en détail dans les paragraphes
suivants. Ainsi, on observe un net décalage vers les hautes fréquences de la bande
principale, un accroissement de l’intensité de la bande de défaut D2 et enfin, la perte

109
de l’asymétrie de la bande à 800 cm-1. L’attribution de cette bande n’est pas
clairement établie (tableau III.2) et son attribution reste controversée.

1000

40 microns
Intensité Raman (u. a.)

800 15 microns
5 microns
600

400

200

200 400 600 800 1000


-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. IV. 4. Spectres de diffusion Raman pour différentes distances du centre de l’indent 2
(verre de silice pure). Au centre, la densification est telle que l’on ne peut plus distinguer
la bande de défauts D1 de la bande principale

Evolution de la bande principale

Nous constatons (figure IV.5) que la bande principale, associée à un mode de


vibration symétrique des atomes d’oxygènes entre deux atomes de silicium, se
déplace vers les hauts nombres d’onde lorsque la zone sondée est proche du centre
de l’indent : cela correspond à une densification plus importante. Ce déplacement est
de 53 cm-1 entre la zone la plus déformée et la zone qui ne l’est pas et est
caractéristique d’une diminution de l’angle intertétraèdres Si-O-Si.

110
500
Déplacement Raman (cm )
-1

480

460

440

420
-40 -20 0 20 40
Position (microns)
Figure. IV. 5. Position de la bande principale (sur la diagonale de l’indent) en fonction de la
distance par rapport au centre de l’indent 2

Si nous reprenons le modèle de Sen et Thorpe, ([Sen et al., 1977)],qui est un


modèle simple ne tenant compte uniquement des forces centrales pour décrire la
structure du verre de silice, nous pouvons lier le carré de la fréquence de vibrations
ν2 à l’angle intertétraèdres, θ :

α
ν Bande
2
principale = (1 + cosθ )
MO

MO = 16 g.mol-1 est la masse molaire de l’oxygène

Pour un angle intertétraèdre de 144° (qui est la valeur de l’angle moyen


intertétraèdre pour un verre de silice non densifié), nous obtenons :
α = 1,622.107 g.mol-1.cm-2.

Sachant que la position de la bande principale au centre de l’indent est de 492 cm-1,
l’angle moyen entre les tétraèdres est de 139,5°. La diminution de l’angle est donc de
4,5° pour un déplacement de 53 cm-1.

Le tableau IV.2 présente la valeur des distances interatomiques et celle des angles
Si-O-Si et O-Si-O pour des verres de silice densifiés ou non. Nous pouvons émettre

111
l'hypothèse que la diminution de l'angle intertétraèdre et de la distance entre deux
atomes de Silicium et l’augmentation de celle de la liaison Si-O ([Inamura et al.,
2001]) engendrent un pliage des cycles. Nous consoliderons cette hypothèse dans
les paragraphes suivants grâce à l’étude des bandes de défauts D1 et D2. Notons
que cette diminution de l’angle entre les tétraèdres est en accord avec la diminution
de la distance entre deux atomes de silicium.

Densité dSi-O dO-O dSi-Si Angle Angle


(g.cm-3) Si-O-Si O-Si-O
Couty, 2,202 1,62 2,64 3,07 142°
[1978] 2,555 1,62 2,64 3,02 137°
Jin, [1994] 2,20 1,61 3,09 144° 109°
3,53 1,61 2,89 127° 104°
Murray, 2,20 1,62 147,4° 109,4°
[1989] 2,64 1,62 133,7° 109,4°

Pression dSi-O dO-O dSi-Si Angle Angle


Si-O-Si O-Si-O
Meade, 0,1 MPa 1,59 2,61 3,07
[1992] 28 GPa 1,64
42 GPa 1,66 2,50 96°
Tableau IV.2 Informations structurales issues des expériences et de la simulation

On constate de plus, que pour des distances inférieures à 10 microns du centre


de l’indent, il n’est plus possible de distinguer la bande à 440 cm-1 de la bande de
défauts D1. Sugiura et al., [1992] ont aussi observé ce rapprochement des deux
bandes pour une pression hydrostatique supérieure à 8 GPa.

Par ailleurs, on constate que la zone la plus densifiée est au centre de l’indent et
ceci peut s’expliquer par le fait que la concentration de contraintes en ce point-ci est
la plus importante.
Outre le déplacement de la bande principale, on observe aussi une variation de la
largeur à mi-hauteur qui est représentative de la distribution des angles

112
intertétraèdres. La figure IV.6 présente l’évolution de la largeur à mi-hauteur de la
bande principale en fonction de la distance par rapport au centre de l’indent. Ainsi,
lorsque la densification augmente, la largeur à mi-hauteur diminue jusqu’à 40%. Cet
affinement signifie que les fluctuations des angles Si-O-Si par rapport à l’angle
moyen sont plus faibles. Cet effet a aussi été remarqué par Mac Millan et al., [1984]
après l’application d’une pression hydrostatique de 3,95 GPa à 530°C et dans ce cas
précis, la largeur à mi-hauteur a diminué de 50%.
Largeur à mi-hauteur de la bande principale (cm )
-1

180

160

140

120

100

-40 -20 0 20 40
Position (microns)
Figure. IV. 6. Largeur à mi-hauteur de la bande principale (sur la diagonale de l’indent) en
fonction de la position par rapport au centre de l’indent 2 (silice pure)

L’étude des variations de la position de la bande principale ainsi que celles de sa


largeur à mi-hauteur a permis de montrer que l’indentation engendre une diminution
de l’angle moyen entre les tétraèdres et une déformation de ceux-ci, ce qui
correspond à une densification de la silice.

113
Evolution des deux bandes de défauts D1 et D2

Les deux bandes de défauts D1 et D2, qui sont attribuées aux vibrations des
petits cycles, subissent aussi d’importantes modifications après indentation. Il est
important de noter qu’après traitement thermique, la position des bandes de défauts
D1 et D2 n’évolue que très faiblement (chapitre III). La figure IV.7 présente l’évolution
de la position de la bande D1 avec la distance par rapport au centre de l’indent. On
constate qu’elle se déplace de 487,5 cm-1 (zone non densifiée) à 492,2 cm-1 (centre
de l’indent). Revesz, [1972] a interprété ce déplacement vers les hauts nombres
d’onde en terme de déformation des cycles à quatre tétraèdres.

494
Déplacement Raman de D1 (cm )
-1

492

490

488

486

-40 -20 0 20 40
Position (microns)
Figure. IV. 7. Position de la bande de défauts D1 en fonction de la distance par rapport au
centre de l’indent (verre de silice pure). D1 se déplace vers les hauts nombres d’onde
lorsque la densification devient importante

La bande D2 (figure IV.8), comme D1, se déplace vers les hautes fréquences (de 601
à 614 cm-1) indiquant une déformation des cycles à trois tétraèdres, ceci malgré le
fait que les angles Si-O-Si soient fortement contraints. Sugiura et al., [1997] ont relié
ρ
la position de la bande de défauts D2 avec le taux de densification :
ρ0

νD ρ
Log = 0,143 Log
2
(4.3)
ν 0,D ρ0
2

114
Il est important de noter que Sugiura et al., [1997] ont établi cette relation grâce à
des mesures de pression hydrostatique.

A partir de cette relation, nous obtenons entre la silice non densifiée et le


centre de l’indent, un taux de densification de 16%.
Déplacement Raman de D2 (cm )
-1

614
612
610
608
606
604
602
600

-40 -20 0 20 40
Distance au centre de l'indent (microns)
Figure. IV. 8. Position de la bande de défauts D2 en fonction de la distance du centre de
l’indent. Cette bande se déplace vers les hauts nombres d’onde quand la densification
augmente

La densification, engendre non seulement une déformation des petits cycles


mais aussi une augmentation de leur proportion. La figure IV.9 présente l’évolution
de l’aire normalisée sous la bande de défauts D2, caractéristique du nombre de
cycles à trois tétraèdres, en fonction de la distance par rapport au centre de l’indent.
On constate clairement que la proportion de ces petits cycles passe de 7,5% à 14%
et donc augmente de 100% avec la densification.

115
0.14

Aire sous D2 normalisée 0.13

0.12

0.11

0.10

0.09

0.08

0.07

-40 -20 0 20 40
position (microns)
Figure. IV. 9. Aire sous la bande de défauts D2 normalisée par l’aire totale sous le spectre.
Le nombre de cycles à trois tétraèdres double lorsque la densification devient plus
importante

Cette augmentation du nombre des petits cycles avec la densification a aussi été
obtenue par simulation par dynamique moléculaire ([Jin et al., 1994]) ; la figure IV.10
illustre cette évolution du nombre de petits cycles avec la densité.

50
Population des anneaux de taille r

45 2,2 g.cm-3
40 3,53 g.cm-3
35 4,28 g.cm-3
30
25
20
15
10
5
0
2 3 4 5 6 7 8 9 10
Taille r des anneaux

Figure. IV. 10. Statistique d’anneaux du verre de silice en fonction de la densité. La


proportion des petits cycles augmente avec la densité. Calculs par dynamique moléculaire
([Jin et al., 1994])

116
On peut donc supposer que le mécanisme de densification provoque la cassure de
liaisons Si-O qui se trouvent à l’intérieur de grands cycles (a). Puis ces liaisons se
reforment pour constituer de plus petits cycles (b) (figure IV.11).

a)
Cycle à 5
tétraèdres

Cycle à 4

Cycle à 6
tétraèdres

Cycle
à3

b)

Figure. IV. 11. Durant la densification, des liaisons Si-O à l’intérieur de grands cycles se
cassent pour former des cycles plus petits

117
L’étude de l’évolution de la position des bandes de défauts ainsi que celle de l’aire
sous D2 ont montré que l’indentation engendre une modification de l’ordre à courte et
moyenne distances, ce qui correspond à une densification du matériau. En effet, le
déplacement des deux bandes de défauts vers les hauts nombres d’onde est
caractéristique d’une déformation des petits cycles, de plus, en étudiant l’aire sous la
bande de défauts caractéristique des vibrations des cycles à trois tétraèdres, on
s’aperçoit que le nombre de ces cycles augmente. On peut donc conclure que
certains grands cycles se brisent pour donner naissance à des plus petits cycles.

IV.2.2. Observation de la section de l’indent 3

Après avoir observé les modifications de la structure à la surface de l’indent 2,


nous allons dans le paragraphe qui suit, nous intéresser aux changements
structuraux de la section de l’indent 3 (notons que ces deux échantillons ont la même
composition). Ainsi, nous pouvons étudier les modifications structurales en
profondeur, sous la surface indentée. Sur la photographie de la section (figure IV.12),
les points 46, 37, 28, 19, 10 et 1 sont ceux qui se trouvent sous le centre de l’indent
et les points qui vont de 46 à 54 sont les plus proches de la surface.

118
-40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40 50

Centre de l’indent

53 54
46
37
28
19
10

1 2 3 4 5 6 7 8 9

Figure. IV. 12. Photographie de la tranche d’un échantillon de silice pure indenté. L’échelle
utilisée est en microns et les différents points correspondent aux différentes mesures

Les spectres de diffusion Raman par quelques points de la section sont tracés sur la
figure IV.13.

1200

1000
Intensité Raman (u. a.)

800

600

400
10
200 37
46
0 53

-200
200 400 600 800 1000
-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. IV. 13. Spectres de diffusion Raman à différents endroits. Le spectre réalisé en
position 46 correspond à la zone la plus densifiée et le spectre en position 10 est un
spectre de silice non densifiée

Ces spectres sont cohérents avec ceux concernant la surface de l’indent dans
le sens où le centre de l’indent (spectre 46) est la zone la plus densifiée. En effet, la

119
figure IV.14 montre l’évolution de la position de la bande principale sous le centre de
l’indent et on observe qu’elle se déplace (de 53 cm-1) vers les faibles nombres d’onde
lorsque l’on s’éloigne du centre.
De même, le déplacement de la bande de défauts D2 vers les forts nombres
d’onde (figure IV.15) signifie que le nombre de cycles à trois tétraèdres augmente
avec la densification. A partir de la relation 4.3 citée au paragraphe précédent, nous
pouvons dire que cette densification au centre de l’indent est de 18%.
Déplacement Raman de la bande principale (cm )
-1

500

490

480

470

460

450

440
0 5 10 15 20 25
Distance par rapport au centre de l'indent (microns)
Figure. IV. 14. Evolution de la position de la bande principale en fonction de la distance par
rapport au centre de l’indent (en profondeur). Cette bande se déplace vers les faibles
nombres d’onde lorsque l’on s’éloigne du centre de l’indent

120
625

Déplacement Raman de D2 (cm )


-1

620

615

610

605
0 5 10 15 20 25
Distance au centre de l'indent en profondeur (microns)
Figure. IV. 15. Evolution de la position de la bande de défauts D2 en fonction de la distance
par rapport au centre de l’indent (en profondeur). Cette bande se déplace vers les faibles
nombres d’onde lorsque l’on s’éloigne du centre de l’indent

Les deux figures précédentes présentent chacune, pour une distance par
rapport au centre de l’indent de dix microns, une valeur de la position de la bande
principale incohérente. Nous pouvons supposer que cette variation locale de la
densification est due à la présence de microfissures engendrées par l’indentation.

Etant donné qu’il est possible de déterminer le taux de densification de la zone


concernée (équation 4.3) à partir du déplacement de la bande de défauts D2, nous
avons établi une cartographie du taux de densification de la section de l’indent (figure
IV.16).

121
X (microns)
0 5 10 15 20 25 30 35 40
0
7,5
11

15 12 6,0
-5
14

4,5
Z (microns) -10

9,0
-15
4,5

-20 4,5

-25

Figure. IV. 16. Cartographie du taux de densification de la section de l’indent. La position


(0,0) correspond au centre de l’indent. Le taux de densification a été calculé à partir du
déplacement de la bande D2 ([Sugiura, 1997])

Cette cartographie montre donc nettement que le taux de densification est plus
important au centre de l’indent. De plus, on remarque que les courbes isodensité
suivent un arc d’ellipse centré sur l’indent. Ceci signifie que le taux de densification à
une distance du centre de l’indent donnée est plus faible en profondeur qu’en
surface.

L’influence de l’indentation sur la structure du verre de silice a été étudiée à la


surface de l’échantillon et en profondeur. Ainsi, grâce à la spectroscopie Raman,
nous avons montré que l’indentation engendre une modification de l’ordre à courte et
moyenne distances, ce qui correspond à une densification. En effet, la valeur de
l’angle moyen entre les tétraèdres diminue et on remarque de plus, en étudiant
l’évolution de la position des bandes de défauts, que le nombre de petits cycles
augmente. Les mesures sur la section de l’indent montrent que le taux de
densification à la surface pour une distance du centre de l’indent donnée est plus
important qu’en profondeur.

122
IV.3. Le verre de silice dopé GeO2

Nous avons indenté deux échantillons de silice dopés GeO2 répertoriés dans le
tableau IV.1. Le premier a été recuit à 1200°C et les mesures de diffusion Raman ont
montré que l’on pouvait assimiler sa température fictive à 1200°C. Après avoir
comparé les spectres de diffusion Raman par la silice pure et par la silice dopée,
nous avons effectué une cartographie des spectres de diffusion Raman sur un quart
de l’indent. Pour le deuxième échantillon, qui a une température fictive de 1150°C,
nous avons vérifié la symétrie des spectres de diffusion Raman par rapport au centre
de l’indent et nous avons comparé la densification sur la diagonale avec celle de la
médiane. Bien que les deux échantillons possèdent des températures fictives
différentes, il est important de préciser que nous ne discuterons pas de l’influence de
ce paramètre.

Sur la figure IV.17, sont tracés les spectres de diffusion Raman par un verre de
silice pure et par un verre de silice dopé GeO2 à différentes distances du centre de
l’indent. Notons que nous ne pouvons estimer le taux de densification du verre dopé
puisqu’il n’existe pas de courbe d’étalonnage traçant l’évolution d’une signature
spectroscopique en fonction du taux de densification. Après indentation, le spectre
de diffusion Raman par le verre dopé ne comporte pas de bandes supplémentaires,
par contre, du fait de la présence d’atomes de Germanium, les bandes de vibrations
sont déplacées vers les plus faibles nombres d’onde. De plus, en comparant le
spectre de diffusion Raman par le centre de l’indent 2 (verre de silice) avec celui de
l’indent 1 (verre dopé), on s’aperçoit que la largeur à mi-hauteur de la bande
principale est plus faible pour le verre de silice pure.

123
1000 SiGe centre de l'indent 1
SiGe à 20 microns du centre
SiGe non densifié
Intensité Raman (u. a.)

500

-500
Si centre de l'indent 2
Si à 20 microns du centre
-1000 Si non densifié

200 400 600 800 1000


-1
Déplacement Raman (cm )
Figure. IV. 17. Comparaison des spectres de diffusion Raman par la silice pure indentée et la
silice dopée indentée

En comparant l’évolution de la bande principale en fonction de l’indentation


pour les deux compositions (figure IV.18), on se rend compte que le déplacement de
cette bande est plus important pour le verre de silice pure. En effet, en ce qui
concerne la silice, il est de 53 cm-1 alors que dans le cas de la silice dopée, il est de
36 cm-1. Ceci signifie que l’angle moyen T-O-T (T=Si ou Ge) entre les tétraèdres
diminue moins dans le verre dopé. Ces résultats sont à mettre en relation avec ceux
obtenus dans le chapitre III, dans lequel nous avions montré que l’influence de la
température fictive sur la structure était moins importante pour le verre dopé.

124
Position de la bande principale (cm )
-1
500 SiO2-GeO2 (indent 1)
SiO2 (indent 2)
490

480

470

460

450

440

0 5 10 15 20 25 30
Distance au centre de l'indent (microns)
Figure. IV. 18. Evolution de la position de la bande principale pour un verre de SiO2 non
recuit et un verre de SiO2-GeO2 recuit à 1200°C. Les zones sondées se trouvent sur la
diagonale Vickers

La figure IV.19 est la photographie de la surface du verre de silice dopé GeO2


recuit à 1200°C. D’après la relation 4.3, on trouve que la dureté Vickers associée à
cet échantillon est de (891±90) kg.mm-2, ce qui correspond à (8,7±0,9) GPa. On peut
donc en conclure que l’ajout de GeO2 augmente la dureté Vickers du verre de silice.

-40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40 50

43
36
29
22
15
8

1 2 3 4 5 6 7

Figure. IV. 19. Photographie de la surface de l’indent 1 (Tf=1200°C). Les points noirs
correspondent aux points de mesure et l’échelle est en microns

125
L’étude de l’échantillon recuit à 1150°C, dont la photographie est présentée
sur la figure IV.20, nous a permis de vérifier la symétrie des spectres de diffusion
Raman par rapport au centre de l’indent et aussi d’observer l’évolution de la position
de la bande de défauts D2 suivant la zone sondée (diagonales Vickers ou non).
Notons que grâce à la relation 4.3 nous avons estimé la dureté Vickers de cet
échantillon à environ (780±90) kg.mm-2, ce qui équivaut à (7,63±0,9) GPa.

1
G
2 F
3
E
4 D
5
6 C
B A
7
8
9
10
11
12
13

Figure. IV. 20. Photographie de la surface de l’indent 4 (Tf=1150°C). Les points noirs
correspondent aux points de mesure et l’échelle est en microns

126
Déplacement Raman de la bande principale (cm )
-1
Diagonale (de 1 à 13)
500 Médiane (C, D, E, F, G, H)

480

460

440

-30 -20 -10 0 10 20 30


Distance du centre de l'indent (microns)
Figure. IV. 21. Evolution de la bande principale en fonction de la distance par rapport au
centre de l’indent 4 (Tf=1150°C). La densification est plus importante sur les diagonales
Vickers

La figure IV.21 présente les variations de la position de la bande principale en


fonction de la distance par rapport au centre de l’indent pour une diagonale Vickers
(points de 1 à 13) et une médiane (points : C, D, E, F, G et H). Nous pouvons alors
constater que la position de cette bande est symétrique par rapport au centre de
l’indent. Nous pouvons, par ailleurs noter que le déplacement est plus important sur
la diagonale Vickers, ce qui correspond à une densification plus importante. Ce
résultat est conforté par la figure IV.22 qui présente l’évolution de la position de la
bande de défauts D2 pour la diagonale Vickers et pour la médiane. Sachant que la
position de cette bande de défauts est directement reliée au taux de densification,
nous pouvons en conclure que le taux de densification est plus important sur les
diagonales Vickers.

127
615 Diagonale (de 1 à 13)
Déplacement Raman de D2 (cm )
-1 Médiane (C, D, E, F, G, H)

610

605

600

595

-30 -20 -10 0 10 20 30


Distance du centre de l'indent (en microns)
Figure. IV. 22. Evolution de la bande de défauts en fonction de la distance par rapport au
centre de l’indent 4 (Tf=1150°C). La densification est plus importante sur les diagonales

Dans ce chapitre, nous avons présenté l’influence de l’indentation sur la structure du


verre de silice pure et du verre de silice dopé GeO2 (5% en masse). Nous avons
montré par spectroscopie Raman que l’indentation implique d’importants
changements de l’ordre à courte et à moyenne distances. En effet, l’étude de la
variation de la position de la bande principale a démontré que l’angle intertétraèdre
diminue lorsque l’on se rapproche du centre de l’indent, ce qui est caractéristique
d’une densification. Nous avons d’ailleurs évalué cette densification maximale à
environ 18%. De plus, l’étude de l’évolution de la position de la bande de défauts D2
a montré que le nombre de petits cycles augmente avec le taux de densification, ce
qui implique que des liaisons Si-O se brisent puis d’autres se forment. La
comparaison des résultats obtenus avec les différentes compositions a permis de
mettre en évidence que les modifications structurales étaient quantitativement moins
importantes pour le verre dopé. Le fait de pouvoir estimer quantitativement le taux de
densification locale permet d’étendre ces résultats aux modèles mécaniques qui
décrivent le comportement de la silice sous indentation.

128
Conclusion

Dans ce travail de thèse, nous avons étudié l’influence des effets thermiques
et mécaniques sur l’évolution des propriétés structurales des matériaux vitreux à
base de silice.

Dans une première étape, nous nous sommes attachés à observer puis
interpréter l’influence de la température fictive Tf sur la structure du verre de silice
dopé GeO2 qui est le composant du cœur des préformes des fibres de lignes ainsi
que sur la structure du verre SiO2-Al2O3-P2O5 dopé Erbium. A partir d’échantillons de
même composition chimique, nous avons obtenu un panel d’échantillons de
température fictive différente et donc de structure différente. Pour ce faire, chaque
échantillon a été recuit durant un temps supérieur au temps de relaxation puis a été
trempé ; le nouvel état structural est donc figé et est caractérisé par une température
fictive propre. La température de recuit peut être soit supérieure soit inférieure à la
température de transition vitreuse Tg.
Nous avons établi les lois d’évolution de différentes signatures
spectroscopiques en spectroscopie Raman et Infrarouge avec la température fictive.
Grâce à ces courbes d’étalonnage, il est possible de connaître la température fictive
d’un échantillon de même composition chimique. Ces mesures ont aussi montré
qu’une relaxation structurale se produit à des températures largement inférieures à
Tg. La comparaison du verre dopé avec le verre simple de silice montre que
l’introduction de l’oxyde de Germanium, à hauteur de 5 pour cents en masse,
engendre l’augmentation du nombre de petits cycles et la diminution de l’angle entre
les tétraèdres qui constituent ces petits cycles. En ce qui concerne les préformes

129
dopées Erbium, nous avons constaté que l’introduction des dopants engendre une
augmentation de la distribution de l’angle intertétraèdre et une diminution de la valeur
moyenne de celui-ci. De plus, nous avons réussi à obtenir le spectre de diffusion
Raman par une préforme et par une fibre de même composition, ce qui nous a
permis d’estimer que la température fictive de la fibre est de l’ordre de 150°C
supérieur à celle de la préforme.

Par ailleurs, des mesures de réflexion Infrarouge en incidence oblique ont


permis de mettre en évidence le mode LO (Longitudinal Optique) et ainsi de montrer
que l’influence de la température fictive sur la position de celui-ci est très faible. Des
mesures de diffusion de la lumière par les verres SiO2-GeO2 ont été également
effectuées et ont permis de montrer que le rapport Landau-Placzek augmente avec
Tf. Par conséquent, il convient d’abaisser la température fictive des fibres afin
d’améliorer leur transmission. En comparant le taux de dépolarisation du verre simple
avec celui du verre dopé, nous avons remarqué que l’introduction de l’oxyde de
Germanium engendre une anisotropie supplémentaire. Les mesures de diffusion
Brillouin ont montré que l’augmentation de la température fictive engendre une
augmentation de la vitesse du son, ce qui est caractéristique d’une densification
locale. La diffusion de la lumière est donc une technique performante pour sonder la
structure des verres à température ambiante.
Du fait de l’émission du corps noir, il est par contre impossible d’effectuer des
mesures à haute température dans le domaine étudié. C’est pourquoi, nous avons
mené à l’E.S.R.F. une étude in situ de la diffusion des rayons X aux petits angles par
des verres de silice, des verres SiO2-GeO2 et SiO2-Al2O3-P2O5 dopés Erbium. Ces
expériences ont mis en évidence la présence des fluctuations de concentration qui
s’ajoutent aux fluctuations de densité dans les verres dopés et dont une partie est à
l’origine de l’augmentation de l’intensité de diffusion dans les verres
multicomposants. Nous avons également démontré que des réarrangements
structuraux se produisent aussi à des températures inférieures à Tg.

Dans une seconde étape, nous nous sommes intéressés à l’impact de


l’indentation sur la structure d’un verre de silice pure et d’un cœur de préforme SiO2-
GeO2. La première étude est consacrée au verre de silice pure. La spectroscopie
Raman nous a permis de montrer que pour un taux de densification supérieur à 14%,

130
il n’est plus possible de distinguer la bande principale à 440 cm-1 de la bande de
« défauts » D1 qui est caractéristique des vibrations des cycles à quatre tétraèdres.
Nous avons aussi remarqué que cette bande principale se déplace vers les hauts
nombres d’onde lorsque la zone sondée est proche de l’indent, ce qui est
caractéristique d’une diminution de l’angle entre les tétraèdres. Grâce au modèle de
Sen et Thorpe [1977], nous avons estimé cette diminution à 4,5°, ce qui veut dire que
la valeur moyenne de l’angle intertétraèdres, θ, est de 139,5° au centre de l’indent.
De plus, l’étude de la variation de la largeur à mi-hauteur de la bande principale
démontre que la distribution de cet angle θ est plus faible. L’étude de l’évolution de la
position des bandes de défauts D1 et D2 ainsi que celle de l’aire sous D2 ont prouvé
que l’indentation engendre une modification de l’ordre à courte et moyenne distances
qui correspond à une densification du réseau. Nous pouvons affirmer de plus que
certains grands cycles se brisent pour donner naissance à de plus petits.
La deuxième étude concerne l’effet de l’indentation sur des verres dont la
composition est celle du cœur des préformes des fibres de ligne. En comparant
l’évolution de la bande principale en fonction de l’indentation pour le verre de silice
pur et le verre dopé on s’aperçoit que l’angle moyen entre les tétraèdres, θ, diminue
de manière moins importante dans le verre dopé. Nous avons enfin montré que le
taux de densification est plus important sur les diagonales Vickers.

Les résultats présentés dans ce travail peuvent permettre d’aborder deux


grands thèmes : ♦ l’évolution de la structure des fibres après traitements
thermiques
et ♦ la comparaison des effets de la pression hydrostatique et de
l’indentation sur la structure de verres de compositions différentes

Nous avons en effet, élaboré les lois d’évolutions des signatures


spectroscopiques en fonction de la température fictive pour des verres massifs (les
préformes) et démontré la faisabilité de ces mesures sur les fibres. La mesure de la
diffusion Raman développée dans ce mémoire présente dans ce cas une supériorité
évidente par rapport aux mesures Infrarouge liée à la résolution spatiale : il serait
intéressant de compléter ces informations structurales en déterminant ces relations
pour les fibres. On peut raisonnablement penser qu’un traitement thermique post-

131
fibrage améliore la transmission des fibres mais la mise en œuvre industrielle de ces
procédés se heurte encore aux difficultés liées à la vitesse de fibrage, peu
compatible avec des temps de recuit de l’ordre de ceux envisagés ici, et à la
fragilisation des fibres provoquée par les traitements thermiques.
Enfin, il serait tout à fait fascinant d’étudier l’évolution de la structure de verres
de compositions différentes, en faisant des spectres de diffusion Raman in situ soit
dans une cellule à enclume-diamant en fonction de la pression hydrostatique
appliquée, soit sous contrainte uniaxiale. Il serait alors possible de relier l’évolution
des signatures spectroscopiques avec la pression appliquée et ainsi de mesurer
quantitativement les effets de l’indentation. Cela constituerait une avancée
importante pour établir quantitativement les lois de comportement mécanique des
verres.

132
ANNEXES

133
Annexe 1. Rappels théoriques sur les vibrations
moléculaires : description classique et quantique

La spectroscopie moléculaire est basée sur l’interprétation des effets provoqués par
l’interaction Lumière-Matière. En effet, l’interaction entre le rayonnement
électromagnétique (la lumière) et le matériau engendre des vibrations moléculaires et
la molécule qui se translate suivant les trois dimensions est considérée comme un
ensemble de particules diélectriques animées de mouvements que l’on sépare en
deux types :
• Les oscillations des électrons à la fréquence νe. Ces oscillations émettent
dans toutes les directions des vibrations lumineuses.
• Les mouvements de vibration et de rotation des noyaux.
En effet, les noyaux ayant une masse 103 à 105 fois plus importante que les
électrons, les mouvements de ces derniers sont beaucoup plus rapides. Les
mouvements des électrons pourront alors être étudiés en considérant les noyaux
comme fixes : cela revient à séparer les mouvements des noyaux et des électrons
(approximation de Born-Oppenheimer). Ce postulat permet alors de séparer les
énergies : d’une part, l’énergie électronique Eélectronique et d’autre part, l’énergie due
au mouvement des noyaux dont on distingue deux composantes : l’énergie de
vibration Evibration et l’énergie de rotation Erotation.

Pour commencer, nous considèrerons la vibration d’une molécule diatomique dans


laquelle deux atomes 1 et 2 sont liés par une liaison chimique.

m2
m1 CG

r1 r2

Ici, m1 et m2 sont respectivement les masses des atomes 1 et 2 et r1 et r2 sont les


distances entre le centre de gravité (CG) et les atomes considérés. Ainsi, r1+r2 est la
distance d’équilibre.

134
Dans le modèle classique, il est possible de décrire en première approximation la
molécule diatomique comme un oscillateur harmonique. Elle est alors représentée
par deux masses ponctuelles de masse réduite µ et la liaison chimique est
considérée comme un ressort de raideur K. D’après la conservation du centre de
gravité, on peut écrire l’équation suivante :
m1r1 = m 2r2

La force de rappel est telle que :


m1m 2 d 2 r d2r
F= = µ
m1 + m 2 dt 2 dt 2

Sous l’action de la force de rappel, l’équation du mouvement sera donc :


d2r
µ + kr = 0
dt 2

Le modèle de l’oscillateur harmonique implique que la molécule diatomique doit avoir


un potentiel vibrationnel identique à celui d’un oscillateur harmonique. Or, nous
savons que l’élongation d’une liaison est limitée par le fait que les nuages
électroniques ne sont pas interpénétrables et aussi par le fait que les liaisons ne sont
pas étirables à l’infini. Mais, en observant la forme du potentiel d’une molécule
diatomique, on peut admettre en première approximation que l’énergie potentielle
suit l’énergie potentielle de l’oscillateur harmonique.

Ainsi, la mécanique classique semble procurer un modèle convenable pour de faibles


amplitudes de vibration.
L’énergie potentielle V de l’oscillateur est une fonction quadratique du déplacement
1
interatomique ∆r : k (∆r )
2
V= (2.1)
2
L’énergie potentielle suit donc une branche de parabole en fonction de l’élongation.
C’est un puits de potentiel parabolique.
La fréquence propre de vibration de l’oscillateur harmonique ν0 est déduite de
l’équation du mouvement et s’exprime comme suit :

135
1 k
ν0 = (2.2)
2π µ

En mécanique quantique, la vibration d’une molécule diatomique peut être


traitée comme le mouvement d’une seule particule de masse µ et dont l’énergie
potentielle est exprimée comme suit :
1
Vn = k e q2 (2.3)
2
ke est la constante de force de la liaison et q=r-réquilibre, réquilibre est tel que l’énergie
potentielle V(re) est nulle, c’est l’état fondamental (le plus stable).

La valeur de l’énergie de vibration EV est obtenue par la résolution de l’équation de


Schrödinger (équation 2.4) en prenant en compte l’énergie de vibration (EV) et
l’énergie électronique (Eél) :
d2ψ V 2
µ + (E tot − Vn (r )) ψ v = 0 (2.4)
dr 2 h

Les valeurs propres sont alors :


⎛ 1⎞
E n = hν ⎜ n + ⎟ n est le nombre quantique de vibration et est un
⎝ 2⎠
nombre entier
h est la constante de Planck, h=6,6256.10-34 J.s

Par conséquent, l’énergie correspondant à la transition énergétique entre l’état n et


l’état n+1 est :

∆E = E n+1 − E n = hν (2. 5)

136
Annexe 2. L’amplification Raman

L’amplification Raman repose sur un phénomène non-linéaire, la diffusion Raman


stimulée. Dans le cadre des amplificateurs Raman pour les télécommunications
optiques, ce phénomène non-linéaire se caractérise par l’interaction de deux photons
d’énergies différentes avec la matrice de silice composant la fibre. En d’autres
termes, un puissant signal pompe interagit avec un signal à plus basse fréquence
amplifiant ainsi ce signal et générant un phonon optique (figure III.9).

État virtuel

Photon f1

État virtuel

Photon f2

Photon f1

État excité

État fondamental
Figure. 1. Principe de la diffusion Raman Stokes stimulée

Le gain Raman gij à la fréquence νi du au signal pompe de fréquence νj est :


⎡ n2 ⎤
( ) ( )
gij = 1,2.10 −11 λ j σ x GeO2 ,ν i ⎢ ⎥
⎣ n 2 + ∆n ⎦

λj est la longueur d’onde du signal pompe


σ est la section efficace de diffusion Raman, elle est fonction de la concentration en
GeO2 et de la fréquence νi.
n1 et n2 sont respectivement les indices de réfraction du cœur et de la gaine et

∆n =
(n1 − n 2 )
n2

137
Le coefficient de gain Raman dans les fibres dopées GeO2 augmente avec la
concentration en GeO2. Par contre, l’addition de GeO2 engendre aussi des pertes
optiques dues à la diffusion Rayleigh. Une concentration en GeO2 optimum est donc
nécessaire afin d’obtenir à la fois un fort gain Raman et de faibles pertes optiques.
[Seo et Al, 2000] ont montré après modélisation que la concentration en GeO2
optimum est telle que ∆n = 0,015 .
Les fibres amplificateurs Raman en verre de silice dopé GeO2 sont de plus, d’un
grand intérêt car le gain ne dépend pas de la longueur d’onde et on peut contrôler la
bande passante de l’amplificateur en pompant avec plusieurs longueurs d’ondes.

138
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150
NOM : MARTINEZ Valérie
TITRE
Influence des effets thermiques et mécaniques sur la relaxation structurale des
préformes et des fibres optiques à base de silice. Etude par diffusion de la lumière et
par diffusion des rayons X
RESUME
Cette thèse est consacrée à l'étude de l'influence des effets thermiques et
mécaniques sur les modifications structurales des verres de silice et de silice dopée.
La première partie de ce travail concerne l'étude des paramètres structuraux qui
régissent l'atténuation dans les fibres optiques de télécommunication. Les mesures
de diffusion Raman, Rayleigh, Brillouin et des rayons X aux petits angles ont montré
que des traitements thermiques appropriés qui abaissent la température fictive des
fibres, peuvent diminuer les fluctuations de densité et ainsi améliorer la transmission.
La seconde partie de ce travail concerne l'impact de l'indentation sur la structure d'un
verre de silice pure et de deux échantillons dopés GeO2. Une cartographie Raman
de l'indent a été effectuée et l'évolution des signatures spectroscopiques (bande
principale, D1 et D2) a mis en évidence différentes modifications structurales
caractéristiques d'une densification.
MOTS-CLES
verre, silice, silice dopée, température fictive, fibre optique, diffusion de la lumière,
diffusion des rayons X aux petits angles, indentation Vickers
TITLE
Influence of the thermal and mechanical effects on the structural relaxation of silica
performs and optical fibers. Light and small angle X-ray scattering study
ABSTRACT
The present work is dedicated to silica and doped silica glasses. It is an experimental
study of the influence of thermal and mechanical effects on their structural changes.
The first part of this work concerns the study of the structural parameters involved in
the signal attenuation mechanism in the telecom optical fibers. Raman, Rayleigh,
Brillouin and small angle X-ray scattering experiments demonstrate that the fictive
temperature of optical fibers has to be reduced in order to improve signal
transmission.
The second part of this work is devoted to the effect of the indentation on the
structure of silica and GeO2 doped silica glasses. We performed a Raman mapping
of the indent and studied the evolution of different spectroscopic signatures (main
band, D1 and D2). This study shows several structural modifications (reduction of the
mean intertetrahedral angle, increase and bending of the small rings) that are
characteristics of a densification of the network.
KEY WORDS :
Glass, silicate, fictive temperature, optical fiber, light scattering, SAXS, Vickers
indentation
DISCIPLINE : Physique
LABORATOIRE DE RECHERCHES : Laboratoire de Physico-Chimie des Matériaux
Luminescents, UMR 5620 du CNRS, Université Claude Bernard Lyon 1, Domaine
scientifique de la Doua, bâtiment Alfred Kastler, 10 rue A. M. Ampère, 69622
Villeurbanne Cedex

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