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La récupération de

l’Antiquité à des fins


idéologiques.
De Amyris Duquerroy, Célia Lancereu & Mathilde Hermelin
Groupe 21
TPE de première LITTÉRAIRE • professeur référent : Mme Burnol • 26 janvier 2011
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques

1
TABLE DES MATIÈRES

Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques

I.Récupération des valeurs de lʼAntiquité" 5


•Culte du corps 5

Sculpture! 5

Sport! 7
•Valeurs morales et civiques 11

Un embrigadement de la jeunesse par certains! 11

Un service militaire à but patriotique! 12


•Division de la société 14

Une classe sociale supérieure! 14

Une classe sociale inférieure! 14

II.Diffusées à travers de nombreux médias et supports


" 18
•Architecture 18

Remettre en avant l’Antique! 18

Recréer d’après l’Antique! 19


•Médias 21

Image fixe et textes à travers un journal de propagande! 21

Image animée! 23
•Mise en valeur de l’idéologie 27

Symboles! 27

Place du chef! 28

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Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
III.Dans le but de devenir la nouvelle Rome" 30
•Un Empire militaire à diffusion mondiale 30

Conquêtes et expansions! 30

«Gendarme» de la planète! 31
•Un empire idéologique à diffusion mondiale 32

Le totalitarisme! 32

Transmission des valeurs de la liberté et d’égalité! 32


•Laisser sa trace dans l’histoire comme l’on fait les Romains et les Grecs 35

Ce qui reste des empires disparus! 35

Ce qui restera des Etats Unis ?! 36

IV.Annexes" 39
V.Sources" 42

3
Introduction

Le passé n’est pas quelque chose d’oublié, enfermé dans quelques manuels au fond de
bibliothèques. Ce n’est pas qu’une succession de dates, lieux et événements inscrits sur une feuille de
manière décousue. Quand on commence à faire des liens entre les évènements du passé, on
commence à comprendre l’utilité que la connaissance du passé a dans le monde moderne. Ce qui
importe, c’est de comprendre les raisons et les causes qui ont conduit à certains évènements de notre
histoire. Ainsi, savoir que la chute de l’empire romain d’occident a commencé en 476 après J-C n’a
pas grand intérêt. Mais comprendre pourquoi un Empire si glorieux que celui des Romains a tout
d’un coup faibli et disparu, mérite qu’on s’y intéresse. Puis, quand on apprend qu’il a disparu à
cause de la décadence de sa capitale car le seul souci de son peuple était d’aller au cirque et à des
festins, on commence à apercevoir les raisons de cette chute. Alors, cet exemple antique peut enfin
avoir un sens dans la vision du monde d’aujourd’hui : un Empire qui se laisse aller à la décadence,
n’ayant plus comme objectif que d’aveugler ses citoyens, peut facilement tomber. Ce type
d’enseignement est un des objectifs de l’actuel enseignement de l’histoire. L’analyse des événements
de notre passé permet de comprendre le fonctionnement du monde présent. Chaque élément du
présent peut trouver une explication par l’histoire qui le précède. Le présent sans passé n’existe pas,
ne signifie rien. L’inspiration du passé est alors partout, des arts à la politique en passant par les
sciences.
Cependant tout le passé n’est pas utilisé de la même façon. Il existe certaines grandes périodes
de notre histoire qui sont privilégiées car elles sont jugées essentielles pour expliquer notre société.
Ainsi, l’Antiquité grecque et romaine est considérée comme une période fondatrice qui a posé des
bases de nos connaissances, de nos référence dans de nombreux domaines.
On retrouve aujourd’hui partout les traces de ces civilisations, que ce soit dans la vie politique,
culturelle, ou dans bien d’autres domaines… Nous avons alors cherché en quoi l’Antiquité a été non
seulement une référence majeure mais aussi l’objet d’une récupération au XXème siècle!à travers
trois exemples de régimes politiques importants de cette période : deux empires totalitaires
l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste et un «empire démocratique», les Etats-Unis.
Ce rapprochement peut paraître surprenant, mais en prenant deux exemples opposés, la
surface couverte par le sujet est plus grande. Le choix des Etats Unis s’est imposé parce qu’ils sont
aujourd’hui la seule puissance qui peut être comparée à celle que fut l’Empire romain! : c’est une
puissance impériale d’un point de vue militaire, économique, idéologique… C’est sur cette dernière
idée que nous nous sommes appuyées pour développer cette question.
Cette récupération de l’Antiquité se fait à partir de certaines valeurs qui sont diffusées à
travers plusieurs médias et supports différents dans un but identique!: devenir la «nouvelle Rome».

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Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
I. Récupération des valeurs de l’Antiquité
Introduction
Plus que l’Antiquité dans sa totalité, ce sont certaines valeurs et principes de celle-ci qui ont
été récupérés. On retrouve ainsi la représentation du corps, une hiérarchisation de la société en
classe ou encore l’importance du service militaire dans les deux régimes totalitaires, Allemagne nazie
et Italie fasciste et dans la démocratie, les États-Unis.

A)Culte du corps
Le sport occupait une place importante durant l'Antiquité. Les Gréco-romains le pratiquaient
déjà à travers de nombreuses compétitions sportives, rassemblant le peuple. Les plus grands athlètes
étaient immortalisés par des statues. Celles-ci étaient également utilisées pour honorer les Dieux et
prouver leur puissance. Ce type de statue, en marbre blanc et aux proportions parfaites, reste une
source d’inspiration pour les artistes modernes. Les statues et le sport sont une forme d’expression
du culte du corps. Ce culte est un outil de la diffusion des idéologies qu’elles soient démocratiques
ou non.
1. Sculpture
La beauté des statues gréco-romaines a inspiré les créateurs fascistes pour faire par eux-mêmes
des statues semblables aux statues antiques. Par exemple, le
Stadio dei Marmi (Stade des marbres) à Rome possède une
soixantaine de statues toutes d’inspiration gréco-romaine.
Ce sont des oeuvres colossales d'athlètes en marbre blanc de
Carrare. Au tout début, le stade était appelé Foro Mussolini
puis changea de nom après la deuxième guerre mondiale.
Cette ancienne appellation prouve l’implication du pouvoir
dans le culte du corps.
Ci-contre une statue bordant le stade et faisant le salut
fasciste. Nous pouvons alors comparer cette statue avec les
statues gréco-romaines ; elles présentent certaines
caractéristiques communes qui sont les suivantes : Une
musculature imposante et une mise en valeur du corps nu
rappelant le héros mythique Héraclès!
Comme nous le démontrerons par la suite, l'Allemagne
d'Hitler récupère elle aussi les exploits sportifs de l'Antiquité.
En effet, le culte du corps est très présent à travers le style
aryen. Les statues d’Arno Breker ou de Josef Thorak édifiées
à la manière de l’art grec pour la beauté, où l’homme est
assimilé à la force et à la solidité tandis que la femme évoque la grâce et la souplesse. Pour les nazis,
le physique aryen est un idéal de beauté et de perfection humaine. Les hommes sont très musclés et
les femmes ont des formes élancées. Les statues sont pour la plupart sur-dimensionnées. L’aryen est
donc représenté comme surhumain à la manière des héros et dieux antiques comme Hercule, Zeus,
Aphrodite, et bien d'autres. De plus la nudité de ses statues est sans conteste empruntée aux
Antiques.

5
Anmut (Grace) de Arno
Breker, 1937

Prométhée I vu de face
et de dos de (Prometheus I /
1934-35) d’Arno Breker

" " " " " "


Arno Breker s’inspire beaucoup de la mythologie comme par exemple, une de ses statues qui
représente Aphrodite. Mais l'Antiquité a aussi inspiré les Etats-Unis avec ses statues à titre
honorifiques (statues de héros, ou bien de dieux) que les Etats-Unis ont utilisés pour glorifier leurs
propres "héros".
La statue d'Abraham Lincoln au Lincoln Memorial (lieu lui même semblable au temple de
Zeus à Olympie) présente des caractéristiques communes avec l'ancienne merveille du monde, la
statue chryséléphantine de Zeus à Olympie. Les Américains, en 1901, élèvent une statue du
président Abraham Lincoln en s'inspirant grandement de la statue de Zeus. La statue du président
américain peut être alors comparée à celle du Dieu des Dieux, au souverain suprême très respecté,
adulé et craint de tous pour sa puissance : Zeus. Les deux statues ont la même posture : une position
assise sur un fauteuil. Toutes les deux regardent devant elle, fixant l'horizon. Cependant elles ne sont
pas de la même taille. (6m de haut pour Lincoln et on estime celle de Zeus à 13m)
Il y a eu donc ici une nette inspiration de l'Antiquité par les Etats-Unis. De plus, nous pouvons
supposer que la statue chryséléphantine de Zeus représentait le pouvoir, la sagesse par sa position, ce
que nous pouvons observer ci-dessous : Zeus, statue
chryséléphantine, Olympie

Abraham Lincoln, Lincoln memorial

6
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
Quant au Mont Rushmore1, il présente quatre grands Américains : George WaSHington,
Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln.
Ces effigies, dont la création date de mars 1925, sont
un hommage pour ces présidents, que l'on considère
comme les plus marquants de l'histoire américaine. Le
Memorial national du Mont Rushmore, situé en
Dakota du Sud, peut être comparé aux statues des
dieux grecs que l'on bâtissait en l'honneur de ces
dieux.
La statue of Freedom de Thomas Crawford (ci-
contre), 1863 est également une statue d'inspiration
gréco-romaine. En effet, ses attributs antiques comme
le bouclier ou la couronne de laurier symbolisent le
triomphe. Quant au fourreau de l'épée, il symbolise la
paix. Nous pouvons voir également l'inscription
latine : «!E Pluribus Unum!» (Un à partir de plusieurs)
est la devise qui figure sur le Grand sceau des Etats-
Unis d’Amérique car c’est la devise même du pays.
Cette statue est placée sur le dôme du Capitole, grand
bâtiments situé à la capitale des Etats-Unis,
Washington DC, dont nous parlerons prochainement.

2. Sport
Dans le régime fasciste, l'importance du sport a peu à peu évolué. Comme le rappelle le
célèbre journaliste Ignacio Ramonet, les fascistes pensaient que le football permettait de rassembler
dans "un espace propice à la mise en scène, des foules considérables ; d’exercer sur celles-ci une forte
pression et d’entretenir les pulsions nationalistes des masses".
Au départ, le sport ne faisait pas partie des moeurs italiennes, ceux-ci étant essentiellement des
ruraux. Les citadins non plus ne le pratiquaient pas comme loisir. Le premier essai de l’intégration
du sport en Italie par le régime fasciste fut mené en 1927. La création des «bois du licteur», Boschi
del Littorio, fut cependant un échec. Ces parcs boisés avaient pour objectif selon le Duce de
«! diffuser le sens et l’amour du bois, source de fraîcheur spirituelle et physique qui éloignera les
adolescents fascistes des lieux clos de corruption et d’affaiblissement! » (télégramme aux préfets
d’Italie du 27 mai 1927). Les communes rurales ne s’adaptèrent pas à ce mouvement, c’est pour cela
qu’il échoua. Au début du mois de septembre 1927, la priorité est donnée aux Campi Sportivi del
Littorio, un projet de stade populaire à coût minime. Mussolini est encore peu perméable à la
modernité du sport, ce qui explique les raisons de ce revirement au sommet de l'Etat. Dans sa thèse
consacrée au football à Turin entre 1920 et 1960, Paul Dietschy avait déjà eu l’occasion d’attirer
l’attention sur la résistance de la culture sportive (comme jeu et spectacle) à la politique d’éducation
corporelle du régime de Mussolini.
Le premier grand stade fasciste qui devait être un modèle pour les suivants fut le Littoriale de
Bologne, inauguré par Mussolini le 31 octobre 1926. Le stade pouvait contenir environ 27 000

1 voir dans l’annexe à la fin du dossier


7
spectateurs. D’autres sur le même modèle ont suivi : 433 stades furent inaugurés au matin du 28
octobre 1929, jour anniversaire de la Marche sur Rome2. Un contemporain déclare à propos du
stade de Bologne : « Le Littoriale vaut le Colisée, aussi bien pour sa signification que pour sa masse.
Il est le premier monument de la nouvelle époque. » La référence au Colisée pour ce stade est telle
que l’affiche annonçant le match d’inauguration était en latin Les constructions comportent
également des décors qui empruntent à l’Antiquité. À partir de 1928, c’est l'Etat qui aide les
communes à financer les stades. Ceux-ci sont pensés avec minutie, comme des espaces «politico-
religieux», qui permettent «la mise en scène de masses disciplinées prêtes à tous les sacrifices [...et...]
mise en évidence de la bonne organisation fonctionnelle permise par le fascisme ».
Mussolini comprend alors que le football peut devenir un bon outil de propagande, il décide
donc d’organiser la coupe du monde de football.
Extrait des sessions du conseil municipal de Bologne, 20 juillet 1925
« Le succès de nos athlètes en terre étrangère constitue une excellente propagande italienne à l’étranger. A raison, son Excellence
Mussolini a dit que nos champions, en plus d’incarner un progrès physique de la race, sont nos meilleurs ambassadeurs auprès des
étrangers. Le gouvernement national a compris la fonction très haute du Sport, et en conséquence, il a veillé à encourager toutes les
initiatives en ce domaine ».
À partir des années 1930, ces lieux sont davantage encore intégrés à l’idéologie fasciste. Un
lien direct est établi entre l’antique palestre et le stade. Le fascisme, selon ses idéologues, fait renaitre
la pratique antique détruite par les «barbares». L’inauguration des stades devient l’occasion
d’organiser des fêtes fascistes. Elles doivent avoir lieu obligatoirement le jour anniversaire de la
marche sur Rome, soit le 28 octobre.
Le sport est pour les deux régimes totalitaires étudiés un lieu de spectacle. Il doit mettre en
avant la réussite de leur régime politique par les performances de leurs sportifs. Ces exploits sont
donc avant tout des spectacles politiques. Selon D.Bolz, historienne spécialiste du sport, les
installations « enferment intérieurement les masses nationales et impressionnent extérieurement les
observateurs étrangers ».
Le stade de Rome accueille le premier match international de football en 1928, opposant
l’Italie à la Hongrie. Le succès de cette rencontre ne laisse pas les dirigeants italiens indifférents. Or
le football n’était pas encore un sport apprécié des fascistes qui craignaient alors la violence des
supporters, leur manque d’ordre et de discipline contraires aux codes de valeurs fascistes. Mais le jeu
leur a révélé des possibilités en termes de propagande. En 1934, l’Italie accueille la coupe du monde
de football à grands frais. L’office italien du tourisme fait un effort sans précédent de communication
pour inciter les étrangers à découvrir la nouvelle Italie de Mussolini. De très nombreux journalistes
font le déplacement de l’étranger, pour la presse écrite (249 quotidiens représentés) comme pour la
radio (13 stations de radio des 16 pays participants). Tous les membres du parti fasciste sont présents
dans les stades où se déroulent les rencontres de la coupe, y compris Mussolini. Cette participation
du Duce renforce sa popularité. La victoire sportive est bien évidemment une victoire politique,
relayée dans toute la presse nationale et étrangère qui vante autant les exploits des joueurs italiens
que les qualités des installations dues au régime.

2 c’est-à-dire l’anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Mussolini avec le soutien des Chemises Noires
8
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
L’Italie souhaitait accueillir
les jeux olympiques de 1936.
Cependant le régime ne fut
pas jugé suffisamment stable
et solide pour les recevoir. Il
leur manquait plusieurs
équipements sportifs en
particulier.
Ce sont leur alliés allemands
qui reçurent l’autorisation
d'accueillir les jeux
olympiques de 1936. Pour
bien comprendre leur
importance, il faut rappeler
c e q u e s o n t l e s Je u x
Olympiques.
Ils ont été crées pour honorer Zeus, le roi des dieux. Les citoyens de toutes les cités grecques
pouvaient y participer. C’est à Olympie que ces jeux eurent lieu pour la première fois, d’où le nom
actuel : Jeux Olympiques. À Olympie, une flamme brûlait pendant toute la durée des jeux. Elle
marquait la trêve olympique qui suspendait les combats entre les cités grecques.
C’est le baron Pierre de Coubertin, grand admirateur de la Grèce Antique, qui remis les jeux
d’actualité dès 1888 par une campagne de presse. Les premiers ont lieu à Athènes en 1896. En
1913, Coubertin crée le drapeau olympique, qui sera adopté aux jeux d'Anvers en 1920. Le comité
olympique recrée la cérémonie de la flamme à partir de 1928. On allume la flamme à Olympie, puis
des hommes et des femmes se relaient pour la porter jusqu'au stade olympique. Ces relais
symbolisent l'union des peuples du monde.
Les JO de 1936 marquèrent la première défaite de l’Allemagne nazie face aux États-Unis.
Bruno Malitz théoricien nazi, 1934
« Nous autres nationaux-socialistes soutenons le sport et les exercices physiques pour le peuple pour des raisons de race,
de sang. Il s’agit de soigner, de conserver et d’élever le peuple allemand, la race nordique. »
La fonction politique des jeux pour les deux dictatures est la même que celle des Romains :
panem et circenses : du pain et des jeux. Ils souhaitent la catharsis 3 de l’agressivité sociale. De plus, le
sport doit servir à renforcer la solidarité, permettre l’identification des spectateurs aux athlètes. Le
culte du corps est mis en valeur à travers la musculature des athlètes. Les jeux unifient les
spectateurs en une masse en s’adressant à chacun et à tout le monde en même temps. Le sport est
alors un exutoire des problèmes de la vie quotidienne.
La dramaturgie sportive «reproduit en miniature, au sein des machines à spectacles que sont
les stades et les enceintes, toutes les facettes imaginaires et symboliques des drames réels de
l’existence sociale et politique.» Le sport permet aux politiques de forger l’image illusoire d’un
public unanime. Les médias contribuent à faire passer cette idée d’unité nationale. le philosophe
allemand Théodor Adorno écrit que le sport «ne comprend pas seulement la contrainte et la
violence, mais aussi «l’obéissance et la souffrance [...] Les manifestations sportives ont été les

3La catharsis (en grec !"#$%&'() signifie purification. La catharsis est l'épuration des passions par le
moyen de la représentation dramatique
9
mobiles des manifestations de masse totalitaires. En tant qu’excès tolérés, elles relient le moment de
la cruauté et de l’agression au contenu de l’autorité!: les règles du jeu discipliné».
Mussolini avait bien compris tous ces enjeux politiques : le sport est un moyen supplémentaire
d’endoctrinement des esprits et le lieu où il s’exerce : le stade, permet la mise en scène.
Aujourd'hui encore, le sport a une grande importance. Les États-Unis en sont un parfait
exemple. à travers les JO et la pratique du sport. En effet, Les Etats-Unis participent à presque
toutes les éditions des Jeux olympiques. Les athlètes américains ont ainsi remporté 2298 médailles
aux Jeux olympiques d'été ainsi que 253 médailles aux Jeux olympiques d'hiver. La plupart ont été
remportées en athlétisme et en natation. Les États-Unis sont le seul pays à avoir remporté au moins
une médaille d'or à chaque édition des Jeux Olympiques d'hiver. Ces prouesses marquent donc
l'efficacité et l'importance du sport aux Etats-Unis.
D’un point de vue plus national, les sports les plus populaires aux États-unis sont le basket, le
base-ball, le football américain et le hockey sur glace. On peut se rendre compte de l’influence du
sport sur les jeunes dans les nombreuses séries télévisées ou films américains tel que High School
Musical, Vampires Diaries ... La pratique du sport diffère entre les États-Unis et la France. En effet,
Le système de la High School offre une grande place aux activités physiques. De gros moyens sont
alors mis en oeuvre : locaux, matériel, nombreuses heures réservées dans l’emploi du temps (7h en
moyenne contre 2 en France par semaine !). L’école permet de créer un véritable noyau social
autour de chaque activité sportive. Cela se retrouve dans les relations sociales. Les lycéens qui sont
considérés comme « populaires » sont généralement les joueurs de football américain soutenus par
les célèbres pom pom girl... Dans l’Antiquité aussi, les athlètes étaient considérés comme des héros
de la Cité.
Tout ce culte du corps propagé à travers les sculptures et le sport correspond à des valeurs. Le
corps, sous entend la force et donc le courage. Ce culte est donc le moyen d’expression de certaines
valeurs morales et civiques.

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Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
B)Valeurs morales et civiques
Introduction :
Dans la Rome antique, certaines valeurs et morales étaient importantes : le mérite, la croyance
en dieu, l’audace à la guerre (courage), l’équité (la justice). L’historien latin Salluste le dit lui-même
dans son texte «L’âge d’or de la vertu romaine». Les bonnes moeurs romaines, boni mores, sont
semblables en de nombreux points aux valeurs des trois empires que nous étudions.
1. Un embrigadement de la jeunesse par certains
Chez les Romains, l’éducation était primordiale pour le citoyen, en particulier l’éducation
militaire. Pour eux, la fuite, la lâcheté étaient impensables comme le dit très bien Salluste : «audacio
in bello», l’audace à la guerre. D’ailleurs cet extrait de la conjuration de Catilina en est un bel
exemple :
Quarum rerum ego maxima documenta haec habeo, quod in bello saepius uindicatum est in eos, qui contra imperium in
hostem pugnauerant quique tardius reuocati proelio excesserant, quam qui signa relinquere aut pulsi loco cedere ausi
erant
«Dans les guerres, on a vu plus d'hommes punis pour avoir engagé la bataille malgré les ordres donnés, ou pour avoir
tardivement obéi au signal de retraite et quitté le champ de bataille, que pour avoir déserté ou avoir, sous la poussée de
l'adversaire, eu le front d'abandonner leur poste»
Le courage militaire est donc très grand chez les Romains. Cette même idée est mise en valeur
dans les trois empires étudiés. Lors du service militaire, que cela soit en démocratie ou en dictature,
une notion est inscrite dans l’esprit des jeunes soldats : la patrie.
Chez les nazis, le service militaire commence très tôt
avec les Jeunesses Hitlériennes. Ce fut une
organisation paramilitaire qui exista de 1922 à 1945
et dont le but essentiel était de former de bons soldats
pour le Führer. Ceux-ci devaient donc être
endoctrinés afin de vouer une dévotion totale à leur
patrie et à son chef. Pour cela on exigeait d’abord un
entrainement militaire et sportif. La dictature fasciste
italienne crée à la même époque en 1926 une
organisation de jeunesse similaire : Opera Nazionale
Balilla. Les jeunes Italiens appartenant à cette
organisation étaient nommés : «lesFils de la louve».
Une énième référence à l’Antiquité, la louve étant ici
celle qui nourrit Romulus et Remus, les héros
fondateurs de Rome. Ces deux organisations étaient
très semblables : elles embrigadaient les jeunes ( filles
ou garçons ) très tôt dès l’âge de 8-10 ans. Ces
derniers recevaient un «enseignement» très rude : des
exercices militaires, entraînements physiques
organisées par différentes tranches d’âges ( paliers qui
étaient censés montrer la progression ). À 18 ans, le
jeune rentrait normalement dans l’armée. Le régime
Affiche de propagande nazie :
ligue des jeunes filles allemandes dans les l’y poussait et il rendit même obligatoire vers 37-38
jeunesses hitlériennes l’appartenance à ces groupes. Tout ceci n’avait qu’un

11
seul but : créer les futurs soldats des armées, les futurs fascistes.
Cette idée de récupérer sa jeunesse pour en faire des soldats n’est cependant pas nouvelle. Les
spartiates avaient mis en oeuvre cette éducation ()*+*,) bien avant. Les mêmes points communs
sont à constater dans les deux dictatures : organisation par la cité (le pouvoir), obligatoire, collectif
(par tranche d’âges). Et ici aussi, le sport avec les épreuves olympiques comme le javelot, la lutte ou
encore la course est mis en valeur. L'entraînement militaire va de pair avec l’entraînement physique
et comme pour les nazis et les fascistes italiens l’éducation intellectuelle est laissée pour compte.
Seule comptent certaines valeurs qui sont inculquées aux soldats de tout temps : la défense de sa
patrie ( mourir pour son pays ) et le courage : Dulce et decorum pro patria mori, ce qui signifie : «il
est doux et beau de mourir pour sa patrie» d’après Horaste, écrivain latin sous Auguste.
Comme le dit Salluste plus haut, le courage est une valeur essentielle des Romains. La devise
qui ornait les portails des camps des Hitlerjugend le montre bien : «Nous sommes nés pour mourir pour
l’Allemagne». Les fascistes italiens avaient eux aussi cette même idée qu’ils inculquaient à leur
jeunesse. Cette idée est une reprise des mos majorum4 : pietas ( piété, dévotion, patriotisme ) et virtus ( le
courage ). Le courage n’est pas uniquement repris dans les dictatures. Les Américains eux-aussi en
font une valeur essentielle lors de leur service militaire.
2. Un service militaire à but patriotique
Le service militaire existe depuis plusieurs milliers d’années. Dès la Grèce antique, la
citoyenneté n’était accordée qu’à ceux qui, en plus de remplir les critères, avaient achevé leurs
années de formation dans l’armée. Cette notion de défense de la patrie permettait de souder une
nation unie, c’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui. Que cela soit dans le cadre de la démocratie
ou de la dictature, la guerre et le service militaire ont toujours permis aux gouvernements d’assurer
une union de leur nation. Les Romains et les Grecs l’avaient bien compris. On conçoit alors
d’autant plus la nécessité pour une nation aux origines si diverses que les Etats-Unis d’avoir cette
armée qui réunit les citoyens. La nationalité américaine est même accordée aux soldats étrangers
qui se sont engagés dans l’armée (c’est le cas actuellement avec la guerre d’Irak et d'Afghanistan).
Les Romains faisaient la même chose en accordant la citoyenneté à la fin du service militaire pour
les non-citoyens (avec l’édit de Caracalla.
Le service militaire « draft » en anglais a subi une certaine évolution. Si on se restreint aux
évènements récents de l’histoire américaine, on peut l’analyser pendant la guerre du Vietnam et la
guerre d’Irak. Pendant la Guerre Froide, le service militaire était encore obligatoire. Tous les
hommes de 18 à 25 ans étaient dans l’obligation de s’inscrire sur des listes et étaient susceptibles
d’être appelés à tout moment sur le front. Malgré quelques contestations, le service militaire a
toujours eu un certain attrait au Etats-Unis. Aujourd’hui même après sa suppression, de nombreux
Américains s’engagent dans l’armée. L’engagement est une marque de prestige auprès de ses amis et
aussi il ne faut pas l’oublier il est aussi un moyen pour les plus pauvres de payer leurs futures études.
Les Américains se démarquent des Européens par l’énorme soutien de tout le pays pour son
armée. Partout, jusqu’aux autocollants sur les voitures, ils affichent leur soutien à leurs soldats sur le
front. Il faut dire que c’est la volonté du gouvernement de créer ce climat. L’engagement a des outils
pour convaincre : un salaire plutôt élevé et la nationalité américaine accordée aux soldats immigrés.
On peut par ailleurs noter que de nombreux spots télé de l’armée sont diffusés sur les chaînes de

4Le mos majorum, littéralement «!mœurs des anciens!» ou «!coutumes des ancêtres!», désigne dans la
Rome antique le mode de vie et le système des valeurs ancestrales. Il est souvent pris comme une référence, et
est à opposer au spectacle de la décadence du temps présent.
12
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
télévision américaine. Le courage des soldats américains pendant les combats est vanté par les
médias. La virtus de l’Antiquité subsiste toujours et harangue les foules américaines.
Il y a aussi une autre valeur de l’Antiquité qui est récupérée à travers toute cette éducation :
c’est la notion de solidarité. Solidarité à l'intérieur de l’armée : l’armée est unie aussi chez les nazis
que chez les fascistes. Les jeunesses hitlériennes et fascistes doivent pour Hitler et Mussolini
rassembler les jeunes nazis entre eux, créer une sorte de cohésion de groupe, de camaraderie. Chez
les Américains aussi, l’armée renforce les liens. Ils luttent ensemble, et sont solidaires les uns des
autres.
De plus, cette solidarité s’exerce de façon très forte du peuple vers l’armée. L’embrigadement
du fascisme est tel qu’il force les citoyens à soutenir, par la grosse propagande, l’armée. Aux États-
Unis le soutien du peuple pour l’armée s’exerce plus naturellement : la guerre permet une cohésion
et estompe les différences socialo-culturelles des uns et des autres.

13
C)Division de la société
Introduction
Un autre point commun entre ces puissances impériales est la division de la société en
groupe : les «!supérieurs!» et les «!inférieurs!». Les deux régimes fascistes reposent sur ce principe,
quant aux Etats-Unis, s’il y a eu une division entre les Blancs et les Noirs avant la fin de la
Ségrégation, ces divisions n’existent théoriquement plus. Ces divisions ne possédaient cependant pas
le même but.
1. Une classe sociale supérieure
Effectivement, une catégorie de personne est valorisée. À Athènes, on note une nette
différence entre le citoyen et son esclave!; le citoyen pouvant être élu (pendant la démocratie). Dans
l’empire romain, la principale différence est entre les patriciens et les plébéiens!: c’est-à-dire entre les
citoyens et les gens du «peuple». En revanche, que cela soit chez les Grecs ou les Romains, le rôle
des femmes ne change pas : elles doivent s’occuper des enfants, assurer la descendance.
Dans l’idéologie hitlérienne, le national-socialisme, la classe supérieure est appelée «race
aryenne». Les Aryens descendraient de la «!race nordique!» qui est composée de guerriers blonds
aux yeux bleus. Cette branche serait également l’ancêtre de la civilisation indo-européenne et ainsi
des Grecs et des Romains. Les Aryens se proclament donc les héritiers de ces civilisations. On
retrouve ce même modèle dans l’Italie fasciste de Mussolini!: les Italiens ou Romains de souche sont
considérés comme supérieurs. Mussolini clame l’existence d’Italiens descendants du «sang pur»
romain.
Cependant, ces informations ne sont pas totalement fiables : les preuves sont inventées et
nullement démontrables. En effet, depuis l’Antiquité les civilisations se sont mélangées! : par des
changements de lieu de vie, le déplacement d’une population, ainsi que par de nombreuses guerres.
Sa volonté de recréer cette race supérieure vient de ce melting pot qu’Hitler trouve honteux. Des
hommes blonds aux yeux bleus! et des femmes blondes aux yeux blonds (représentation idéale de
l’aryen) sont sélectionnés afin que les nouveaux nés représentent l’homme idéal!des nazis : l’aryen.
L’aryen serait donc ainsi supérieur et fait pour gouverner. Le reste de la population est alors rejeté.
Par ce semblant d’héritage, les deux Empires veulent en réalité récupérer tout le prestige, la gloire
des Anciens.
Néanmoins, cette division de la société n’était pas seulement propre aux dictatures.
Inévitablement, selon les classes sociales de chacun la société se divise. Ce fût en particulier le cas
aux Etats-Unis, pendant la ségrégation raciale qui débuta en 1876 avec les lois Jim Crow. Ces lois
interviennent après l’abolition de l’esclavage pour «! hiérarchiser et réorganiser la société! ». Elles
remplacent en quelque sorte le système esclavagiste! : les noirs sont exclus des lieux publics par
exemple. Cela démontre que les blancs se croyaient, à cette époque, supérieurs aux noirs. Cela
démontre malheureusement que de tout temps le racisme a existé.
2. Une classe sociale inférieure
Hitler et Mussolini s’appuient sur un racisme soi-disant présent depuis l’Antiquité afin de
justifier les actes et les valeurs de ces régimes fascistes.
Ceux qui ne sont pas Allemands depuis plusieurs générations, ceux que les nazis nomment
«les étrangers», sont une cible de rejet. Pendant l’Antiquité aussi les «étrangers» étaient rejetés

14
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
comme le prouve l’appellation que leur donnaient les Romains : «barbares» pérégrins ou encore les
Grecs «métèques».Leur exclusion était la norme dans ces empires.
De plus, l’antisémitisme est une forte valeur du national-socialisme c’est pourquoi les juifs ont
été peu à peu exclus par les nazis de la société allemande : les lois de Nuremberg 1935 limitent les
droits des juifs et en 1938, lors de la Nuit de Cristal, beaucoup de synagogues sont détruites et des
milliers de juifs sont arrêtés. Une dernière mesure de cet antisémitisme est de créer les camps de la
mort et le génocide juif. L’antisémitisme est justifiée par l’Antiquité : en effet Vespasien ordonne à
Titus son fils (deux empereurs romains) de faire le siège de Jérusalem, capitale du royaume d’Israël,
qui se termine par une guerre gagnée par les Romains.
Cependant Hitler ne s’arrête pas aux étrangers et aux juifs : il s’attaque aux handicapés qui
étaient rejetés et éliminés. Mais aussi aux enfants malformés de naissance qui étaient tués à la
naissance. Pour ces pratiques affreuses, Hitler s’appuie encore sur un exemple antique! : celui de
Sparte.
«!La domination des 6!000 Spartiates sur les 350!000 hilotes n’étaient pensable qu’en raison de la valeur raciale
supérieure des Spartiates. Mais celle-ci a été le résultat d’une préservation planifiée de la race, en sorte que nous devons
voir dans l’Etat Spartiate le premier Etat raciste. L’élimination d’enfants malades, faibles, mal formés, entendons par
là leur extermination, était plus digne et, en réalité, mille fois plus humaine que la pathétique bêtise d’aujourd’hui, qui
consiste à conserver à tout prix les sujets les plus malades [...]»
Extrait de Hitlers zweites Buch. Ein Dokument aus dem Jahr 1928, Adolf Hitler (source J.
Chapoutot).
Finalement, Hitler veut permettre par sa politique la domination d’une race dite
«supérieure» sur une autre dite «inférieure».
« La race aryenne nordique est la détentrice de toute culture, la vraie représentante de toute l'humanité, et c'est par
application divine que le peuple allemand doit maintenir sa pureté raciale. La race germanique est supérieure à toutes
les autres et la lutte contre l'étranger, contre le Juif, contre le Slave, contre les races inférieures est sainte!»
Adolf Hitler, Mein Kampf.
De même, les historiens du régime de Mussolini manipulaient les textes latins à leurs guises. Si
le texte peut attester de leur idéologie, ils le nomment : s’il s’y oppose, ils le nomment contre-
exemple. Il faut cependant se rappeler que ces soi-disant historiens voulaient faire preuve d’une
démonstration quasi scientifique et les textes antiques étaient utilisés de façon éhontée pour étayer
leurs propos.
Le 20 mai 1939, Irma Marim- pietri,
Race et romanité dans la poésie d’Horace
Aussi bien, Horace que Caton furent des Romains et sentirent le besoin de prendre position contre ces forces qui, de
l’extérieur comme de l’intérieur, tentèrent d’affaiblir la force romaine. Horace se leva contre la corruption de type grec
entrée dans les familles, corruption dont le premier effet fut la dénatalité qu’Auguste chercha à combattre avec la Lex
Julia de maritandis ordinibus.
Ce court extrait de la Difesa della Razza5 rappelle plusieurs éléments de la pensée fasciste.Le
régime est empreint d’une xénophobie évidente, et assiste au déclin du nombre de Romains de
«souche», c’est-à-dire de Romains n’ayant dans leur généalogie que d’autres Romains. À la fin des
années 1930, Mussolini proclame les lois raciales, Leggi razziali, qui interdisent par exemple le
mariage entre Italiens et «! sujets des colonies africaines! ». Certaines de ces lois sont par ailleurs
antisémites.

5La Difessa della Razza est un journal de propagande fasciste italien qui essaye de justifier les
actions du régime à travers les textes des auteurs latins. La plupart des extraits cités en proviennent.
15
Lex Julia de maritandis ordinibus est une loi qui date d’Auguste en 18 avant JC qui vise à travers
plusieurs restrictions et avantages à favoriser la natalité des classes aisées. En effet, à cette époque
Auguste jugeait la natalité des sénateurs par exemple trop faible.
Ceci est alors bien un exemple de la justification de la politique raciste italienne de Mussolini à
partir de certains faits antiques. Il se sert de cet exemple romain, et le ressort justement à la même
époque que la proclamation des lois raciales.
Horace, Odes, Livre 3, 5, (5-11)
« Le soldat de Crassus a-t-il pu vivre, mari dégradé, avec une épouse barbare ? Ont-ils pu – ô renversement de la Curie
et des mœurs ! – vieillir dans les armes des ennemis leurs beaux-pères, sous un roi mède, le Marse et l’Apulien, oublieux
des anciles, du nom romain, de la toge, de l’éternelle Vesta, quand Jupiter et la ville de Rome sont encore debout ? »
Ici, Horace veut exprimer les difficultés de coexistence entre Barbares et Romains.
«Barbares», faut-il le rappeler, était utilisé à l’époque pour désigner les non romains et n’avait pas
d’autre valeur péjorative que la mauvaise opinion qu’avaient les Romains de ces dits «Barbares».
On pourrait aujourd’hui l’assimiler à la notion d’étranger. Cette idée souvent dénaturée et prise hors
contexte a fortement servi les scientifiques fascistes pour justifier leur propos racistes.
L’antisémitisme lui aussi est justifié à travers les auteurs latins. Les rédacteurs de la revue
Difessa della razza récupèrent quelques phrases et s’en servent pour appuyer leurs propos. Voici un
court extrait du
Le peuple le plus antisocial de l’Empire romain, Paolo Guidotti, 20 décembre 1940
« Les Juifs, comme mille autres peuples de l’Empire romain, auraient pu vivre dans la paix, dans la tranquillité et
dans la prospérité sous les insignes de Rome mais leur sang les pousse vers les rêves frénétiques et les arides fanatismes
d’un Bar Kocheba ou d’un Siméon Bar-Ghior, d’où, intolérants envers un ordre hiérarchique et une collaboration
sociale, retombe sur eux la responsabilité d’une histoire séculaire faite de mépris et de souffrance . »
Avant cette conclusion de son article, l’auteur n’a pas manqué de rappeler au lecteur les
«nombreuses révoltes des juifs» : grande insurrection en Judée sous la direction de Bar Kocheba sous
Hadrien, en 132-135 ; les troubles des débuts du règne de Septime Sévère ou encore la révolte des
Juifs de Diocesarea sous Constance. Il est vrai qu’à l’époque romaine les intellectuels et politiques
comme Juvénal, Tacite ou Pline l’Ancien manifestent une certaine inquiétude vis à vis du judaïsme.
Cependant, on ne peut pas affirmer l’existence d’un antisémitisme.
En effet, la liberté de culte et les pratiques religieuses ne sont nullement entravées (à quelques
exceptions près comme la circoncision qui est successivement interdite et autorisée). C’est donc bien
une époque de tension entre les deux cultures mais cela n’a strictement rien à voir avec le génocide
que vont pratiquer les fascistes.
Les faits antiques sont dénaturés pour servir de justification à ces prétendus scientifiques.
Chaque exemple antique est récupéré pour servir d’exemple. Les scientifiques de la revue utilisent
même des textes latins qui montrent l’ouverture qu’avaient les Romains mais ce n’est que pour la
dénoncer comme l’exemple à ne pas suivre. Voici un court extrait de :
L’Apocoloquintose du divin Claude de Sénèque
parole prononcée par une Parque ( déesse du destin)
lorsque celle ci doit couper le fil de la vie d’un homme
Par Hercule ! [...] j’aurais voulu allonger un tout petit peu sa vie, le temps qu’il octroie le droit de cité au tout petit
nombre de ceux qui ne l’ont pas encore car il s’est promis de voir en toge tous les Grecs, les Gaulois, les Espagnols, les
Bretons. »

16
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
Cet exemple est à relier à l’édit de Caracalla en 212 qui accorde la citoyenneté romaine à tous
les habitants du territoire romain qui ne l’avait pas encore. Bien évidemment, les fascistes vont
l’utiliser pour critiquer cette politique ...
L’édit de Caracalla. Un demi-barbare aplanit la voie aux Barbares
Giorgio Almirante 5 août 1938
« Les traits chargés du semi-barbare Caracalla illustrent suffisamment le principal mobile de son désastreux édit. »
Les rédacteurs de la revue considèrent l’abandon de «l’italianité» comme le début des déboires
de Rome. Pour eux le mobile de cet édit est uniquement une augmentation des citoyens payant des
impôts, rien sur une cohésion de l’Empire romain ou une intégration progressive dans une
communauté garantie par Rome comme le dit Aelius Aristide, un rhéteur grec, dans son Éloge de
Rome en 143.
En réalité, l'Italie fasciste cherche une justification de sa politique à travers les textes, et
détourne même des valeurs essentielles de la Rome Antique : la tolérance religieuse et la large
attribution de la citoyenneté. Ils dénaturent alors l’essence même de la grandeur de Rome :
l’intégration sous un même empire de plusieurs cultures qui se mêlent les unes aux autres.
Quant aux Etats-Unis, les Noirs étaient discriminés par rapport aux Blancs, ils avaient
moins de droits voire même pas du tout. Ils pouvaient même être traités comme des animaux à
l’image du traitement infligé aux métèques et barbares dans l’Antiquité gréco-romaine. Il ne faut
pas oublier que les Noirs ont été asservis par les Blancs pendant plusieurs siècles (de 1619 à 1865,
date de l’abolition officielle de l’esclavage aux Etats-Unis). Le commerce triangulaire marque
l’apogée de cette indigne «!traite des noirs!». Cependant l’abolition de l’esclavage ne rend pas les
Noirs et Blancs égaux en droits. La ségrégation c’est-à-dire la séparation dans la vie quotidienne des
Blancs et des Noirs est une preuve.
L’esclavage des Noirs américains est à rapprocher de celui de l’Antiquité. Les esclaves
(«!servi!») travaillaient le plus souvent dans les campagnes mais il arrivait aussi que certains soient en
ville. Les points communs entre ces deux esclavages sont nombreux : les conditions atroces de
travail, le lieu identique (les plantations) et leur rôle de domestiques dans les villas des riches. Les
esclaves antiques ne possédaient aucun droit, les esclaves américains non plus. Il fallut attendre les
années 1960 et un très célèbre discours de Martin Luther King « I have a dream » pour que le monde
ouvre enfin les yeux sur ce qui se passait. La ségrégation pris officiellement fin avec le vote du Civil
Rights Act en 1964. Malgré tout, le racisme est toujours présent aux États-Unis, sous des formes
moins visibles.

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II. Diffusées à travers de nombreux médias et
supports
Introduction
L’Antiquité est un exemple pour les trois puissances. En effet, qu’il s’agisse du fascisme, du nazisme ou encore
des Etats-Unis, toutes ont voulu modifier leur architecture soit en remettant en avant des lieux et des
bâtiments datant de l’Empire romain, soit en créant à partir de rien de nouveaux bâtiments d’imitation
antique.

A)Architecture
1. Remettre en avant l’Antique
Les régimes fascistes partagent la même idée! : transformer leurs capitales, Rome et Berlin,
dans le but que leur Empire s’accompagne d’une capitale grandiose. C’est pourquoi leurs architectes
(architectes italiens et Speer) prévoient un nouveau plan de ces villes et des grands axes de
communication.
L’Italie mais surtout Rome est le symbole de l’antiquité romaine. De grands travaux sont
entrepris dans la ville afin de mettre en valeur les temples et les autres bâtiments antiques. “Tous les
monuments se dresseront dans leur nécessaire solitude, proclamait Mussolini. Tels de grands chênes, il faut les
débarrasser de toute l’obscurité qui les entoure.! » Les bâtiments et rues médiévales seront donc en partis
détruits, ce qui est aujourd’hui considéré comme une grosse perte pour le patrimoine historique de
la ville.
Ainsi, à Largo Argentina, en plein centre de Rome, des ruelles ont été rasées pour mettre à
jour quatre temples datant de la République romaine (509-27 av. J.-C.).
De même le Capitole est isolé!: un cordon sanitaire est établi autour de lui en démolissant les
vieilles maisons au pied de l’escalier de l’Ara Coeli. L’Italie fasciste n’a aucune pitié pour les époques
antérieur à son règne. Maisons, églises et palais datant du Moyen âge et de la Renaissance sont rasés
afin de dégager les restes des Thermes de Trajan ou encore le théâtre Marcellus.
Hitler prévoyait de faire des travaux semblables en modifiant d’abord les grands voies de
communication dans la capitale de son empire : Berlin. Mussolini recréé aussi les «!via!» antiques.
Les routes étaient un symbole de la puissance romaine : la voie Appia («!Via Appia Antica!» (-312)
de Rome vers Terracine, Capoue, Bénévent (Beneventum), Tarente (Tarantum) et Brindes
(Brundisium)) ou la voie Domitia6 Elles permettent des communications plus rapides des provinces à
Rome puisqu’elles étaient plates, droites et suffisamment larges pour laisser passer un char. Les
architectes de Mussolini tracèrent une grande ligne droite, du balcon de la Palazzo Venezia (le
quartier général de Mussolini) jusqu’au Colisée en rasant encore une fois les bâtiments alentours. La
nouvelle Via della Conciliazione a modifié les abords de la place Saint-Pierre!: elle est très large et
droite.
L’empire nazi appelle ces via «!autoroutes!» qui ont exactement les mêmes propriétés!: large,
droite et permettant un passage pratique et rapide. Cependant ces autoroutes n’ont pas pu être
achevées et seulement un dixième a été construit!: le début de la Deuxième guerre mondiale met un
terme à ces travaux qui ne seront pas repris.

6 C'était le lien entre l'Italie et l'Espagne. Elle arrivait en Gaule au Col de Montgenèvre passait
ensuite par Sisteron, Cavaillon, Nîmes, Montpellier, Narbonne et le Col du Perthus.
18
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
Enfin, pour transformer son pays, outre la modification des routes, il élabore avec des
architectes dont Albert Speer un plan pour une nouvelle ville! : Germania. Celle-ci aurait dû se
fonder sur les ruines de Berlin. Le nom même de cette future ville possède une consonance latine
surtout par la présence du «!a!» final rappelant les noms de villes en latin!: «!Roma!» ou «!Troja!»
par exemple. Germania était aussi le nom donné à l’Allemagne dans l’antiquité. Mais cette ville ne
verra jamais le jour à cause du début de la Deuxième Guerre Mondiale en 1939.
La construction qui emprunte le plus au passé, est sans nul doute le forum Mussolini, dont les
équipements sont pensés notamment pour recevoir les futurs JO de 1944. Le forum se voit doter
d’un obélisque « Mussolini » de 18 mètres en marbre de carrare, avec des inscriptions en latin. Sa
flèche est recouverte d’or pur pesant 32 kilos. Le marbre est d’ailleurs utilisé en grande quantité sous
le fascisme, pour habiller le béton, et non comme dans l’Antiquité comme matériau de base. Les
gradins du stade du forum Mussolini sont entièrement recouverts de marbre, soit 12 000 tonnes. Ce
même stade est entouré de 60 statues en marbre d’imitation classique, hautes de 4 mètres, placées
sur des socles de 1,20 mètre. Au Littoriale de Bologne se trouve une statue équestre de Mussolini, tel
un empereur romain. On trouve également de nombreuses mosaïques. Tous ces emprunts à
l’Antiquité sont faits pour relier le nouvel empire fasciste proclamé par Mussolini en 1936 à
l’Empire romain.
2. Recréer d’après l’Antique
Ensuite, les chefs d’Etat ont également créé de nouveaux bâtiments qui ont été financés par
Mussolini, Hitler ou encore différents présidents des Etats-Unis, mais bien sûr les bâtiments n’ont
pas la même signification suivant ces différents régimes.
Mussolini établit son quartier général au Palazzzo Venezia à quelques encablures de Largo
Argentina. De son balcon!qui marque la fin de la grande via, il proclame ses discours et préside des
spectacles. De là, il fait construire également un boulevard monumental, la Via dei Fori Imeriali,
appelée plus tôt Via dell’Impero présentant d’un côté de grands Forum impériaux et de l’autre le
Forum républicain.
En outre, les statues d’empereurs illustres montent la garde des deux bords de la chaussée. De
la même façon, l’architecte d’Hitler, Albert Speer élabore de nombreux plans. Ainsi il construit le
«! Reichsparteitagsgelände! » littéralement «! le terrain du Congrès du Reich! » situé au sud-est de
Nuremberg. Ce lieu a accueilli les congrès annuels du parti national-socialiste de 1933 à 1938 ainsi
que des rassemblements presque journaliers des S.A., des S.S. et des Jeunesses hitlériennes. Sa forme
rappelle la forme d’un théâtre grec. Ce lieu ressemble à l’agora grecque qui était un lieu de
rassemblement du peuple entouré de monuments politique, religieux et économique. Nuremberg
étant situé au centre de l’Allemagne, les personnes pouvaient s’y rendre aisément pour leur loisir car
le lieu était complet (stade, hôtels, restaurants,...).
Sa première construction est le Stade de Nuremberg qui devait être le plus grand du monde et
accueillir environ 405!000 personnes. Le Colisée qui s’appelait en réalité l’amphithéâtre Flavien de
Rome construit par Vespasien contient environ entre 50 000 et 75 000 places. Cependant ce stade
qui devait être prêt pour les Jeux olympiques de 1936 ne sera jamais construit!: seules les fondations
ont été creusées. En revanche le stade de Berlin lui ouvre en le premier août 1936!pour le début des
Jeux olympiques.
Enfin, la Grande Halle «! la Große Halle! » devait être un bâtiment carré surmonté d’une
coupole (dôme) d’une hauteur de 320 mètres. Elle non plus n’a pas été construite et aurait du être
une sorte de réplique du Panthéon.

19
Les Etats-Unis aussi ont créé des bâtiments d’imitation antique notamment à Washington la
capitale, où on trouve de nombreux bâtiments célèbres qui rappellent l’Antiquité. Les lieux des trois
pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif), le Lincoln mémorial et les principaux musées s’en
inspirent.
Ainsi, le Capitole « United States Capitol!»!des Etats-Unis situé à Washington DC!(la capitale
fédérale des Etats-Unis) est un lieu très célèbre et le siège du pouvoir législatif. Son nom vient du
latin «!caput!» la tête ou le sommet, cela justifie donc qu’il soit le siège du pouvoir législatif. C’est un
ingénieur français Pierre Charles L’Enfant qui a choisi le site de sa construction. Le Capitole,
construit en 1793, appartient au style néoclassique : il est donc directement inspiré du style gréco-
romain. Il présente un dôme et deux ailes qui correspondent aux siège du Sénat (l’aile Nord) et à la
Chambre des représentants (l’aile Sud).Le bâtiment est construit à la manière d’un temple
corinthien inspiré du temple de Mars Ultor de Rome mais aussi du temple de l’Olympeïon
d’Athènes. L’architecture de ce bâtiment est donc très proche d’un monument antique, il est
entièrement construit en marbre et les chapiteaux sont de style corinthiens.
Le Supreme Court Building datant de 1949 a été construit selon le style antique pour
s’harmoniser avec les bâtiments proches c'est-à-dire le Capitole et la Maison blanche. Cette
dernière, symbole du pouvoir exécutif des États Unis, est de style géorgien, style qui s’inspire de la
Renaissance donc indirectement de l’antiquité gréco-romaine.

Mais encore, le Lincoln mémorial est un temple en l’honneur d’Abraham Lincoln le 16eme
président des Etats-Unis inauguré en 1922. Ce monument de marbre blanc à la même forme et les
mêmes dimensions qu’un temple dorique grec comme le temple de Zeus à Olympie et le Parthénon
d’Athènes. Le Mémorial comporte 36 colonnes de 10 mètres de hauteur représentant les 36 Etats de
l’union à la mort de Lincoln. Le nom de chaque Etat est écrit au dessus des colonnes.
Pour finir, même les musées s’inspirent de l’Antiquité gréco-romaine comme Cleveland
Museum of Art, le Brooklyn Museum de New York et National Gallery of Art de Washington DC
(style ionique) ainsi que Le Philadelphia Museum of Art (style corinthien). Certaines façades sont si
similaires qu’on pourrait confondre ces deux époques avec des photos de synthèses ou de simples
plans.

20
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques

B)Médias
Introduction
1. Image fixe et textes à travers un journal de propagande

La première couverture de la revue Difesa della Razza nous présente ici trois personnages
différents, tous de profil gauche. Le personnage du premier-plan est une personne noire, une jeune
femme portant divers bijoux africains. Le personnage du second plan est une statue, qui semble être

21
une statue d'un juif d'après quelques détails comme la moustache, stéréotype de l'homme juif à
l'époque. Puis, derrière ces deux personnages stéréotypés, il y a une statue antique romaine datant
du IIIe siècle avant Jésus-Christ. Elle y représente un jeune homme aux proportions parfaites
symboles de force et de beauté. Ce personnage est séparé des deux autres par un glaive, ce qui
marque donc une forte opposition entre les personnages. Plus loin qu’une simple opposition, on
peut y voir une discrimination raciale. En effet, d'après Philippe Foro, la Difesa della Razza utilise
l'Antiquité pour mettre en valeur l’idéologie fasciste. À partir de cette idée, l’image prend tout son
sens. Chaque personnage est l’allégorie d’une «race» : la statue antique est l’homme idéal fasciste, le
barbu est la «race» juive et la femme noire représente la classe la plus inférieure dans la théorie
fasciste. L’utilisation d’une statue romaine est une preuve du lien que les fascistes italiens veulent se
donner avec leurs «ancêtres» romains. La perfection de la statue est à appliquer pour eux à l’homme
fasciste. On peut aussi remarquer que la position connote aussi cette hiérarchisation des classes. Le
glaive, symbole de l’armée romaine (gladius) marque également une attaque morale et physique que
souhaitent exercer les fascistes sur les autres classes. Tout ceci a comme but à travers l’image de
l’Antique de faire approuver la politique du régime fasciste.
Mussolini va aussi se servir de l’Antiquité pour justifier sa politique d'expansion militaire et en
particulier la guerre d’Ethiopie. Cette fois, il fera
surtout appel au cinéma...
Cette image ci-contre représente Mussolini lors
d’une représentation publique comme peuvent
le suggérer les protections qui l’entourent et les
gardes présents à l’arrière plan. Il s’agit
effectivement d’une scène de discours.
On distingue une tapisserie recouvrant le mur
qui représente une scène antique! : une jeune
femme à gauche porte une robe à la mode
antique ainsi qu’une couronne de laurier. Cette
femme est peut être une Muse, en tout cas c’est
bel et bien un symbole de l’Antiquité grecque.
Au centre, où se situe la tête et le bras de
Mussolini est inscrit trois mots latin! : «! ARX
OMNIVM NATIONVM! » c'est-à-dire «! arx
omnium nationum! » (le u et le v majuscules se
représentent de la même manière). On pourrait
traduire cette expression par «! la forteresse de
toute la nation! » qui démontre surement la
grandeur de Rome à ses yeux.
Cela démontre bien l’importance que le Duce
accordait à l’Antiquité gréco-latine et par
l’intermédiaire d’un discours. Sur cette scène il s’appuie donc sur son discours!par la voie orale et
donc auditive mais également par la voie visuelle avec l’arrière plan qu’il propose.

22
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
2. Image animée
Un film est le symbole de cette propagande par le cinéma : Scipion l’Africain. Il a été commandé et
financé par le gouvernement. Il a pour but de faire un parallélisme entre les guerres carthaginoises
et la guerre d'Éthiopie. Le film est réalisé par
Carmine Gallone qui est considéré comme un
géant du cinéma italien. Il se démarque par des
péplums, des films musicaux. En 1937, c’est à dire
après la victoire fasciste sur l’Éthiopie, sort ce film
de propagande.
L’histoire est basée sur l’expédition militaire
victorieuse de Scipion contre les Carthaginois et
Hannibal, leur chef. Le film sert assurément de
propagande pour le gouvernement comme le
montre le fait que la production soit assurée par
deux organisme d’Etat : L’ENIC et l’institut Luce.
De plus, le Ministère de la guerre fournit 2000
cavaliers, 30 éléphants. Le film a alors plusieurs
objectifs. D’abord l'exaltation du sentiment national
avec les liens entre conquêtes passées et conquêtes
présentes.
Ensuite, il fait le culte de la personnalité avec
l’assimilation d’un héros historique de Rome et
Mussolini. En effet, Scipion a été soutenu pendant
cette guerre par le peuple alors qu’il avait le Sénat romain contre lui. Mussolini est lui aussi soutenu
à l’époque par la pression populaire. Mussolini peut ainsi être assimilé au général Scipion, il
récupère alors tout le prestige du héros. C’est donc grâce à la sortie de ce film dans le contexte
militaire de l’époque que se fait la propagande fasciste.
Sur l’affiche du film à l’arrière plan se trouve la mer comme une référence à «mare nostrum»,
"notre mer" littéralement. C’était la formule des Romains pour désigner leurs conquêtes sur toute la
mer Méditerranée. Cette formule est reprise en avril 1936 par Mussolini. Le dictateur souhaite ainsi
restaurer le passé ainsi que la grandeur de l’Antiquité.

23
Quant aux Etats-Uniens, ils récupèrent
eux-aussi le passé en réalisant des
péplums qui se révèlent avoir un but
idéologique.
Ainsi, le film de Troie, réalisé en 2004
par Wolfrang Petersen avec un budget
d'environ $180 000 000, offre un
casting des plus prestigieux. Des acteurs
mondialement connus, célèbres pour
leur plastique, sont présents dans le
film : Brad Pitt, Orlando Bloom, ou
encore Diane Kruger. On remarque
aussi que tout le film veut mettre en
avant leurs corps, même si pour cela
certaines réalités historiques sont
modifiées. Le film de Troie n'a alors
qu'un seul but : plaire et être rentable,
c o m m e d e n o m b r e u x fi l m s
hollywoodiens d'aujourd'hui reprenant
ou non une légende antique. Peu
importe la fidélité à la légende, il faut
vendre.
Ce film est le parfait cliché du film
américain, mêlant sang, violence, faits
héroïques, courage, scènes amoureuse. Le mélange des registres pathétique, tragique et épique est
propre à séduire les classes populaires. Malheureusement, pour ceux qui connaissent la légende, le
film ne la respecte en rien. Le réalisateur n'a pris que ce qui lui semblait essentiel, déformant les
écrits d'Homère. Ainsi, l’origine de la guerre et la prise de position des dieux dans chaque camp est
totalement inexistante dans le film. Les héros sont alors presque athées. Seules restent la Beauté et la
Force.
On peut voir sur l'affiche ci-dessus la mise en valeur des personnages. En effet, nous avons ici les
acteurs les plus reconnus pour valoriser le film. De plus, Pâris et Hélène sont forts proches,
indiquant au spectateur possible que le film présente une histoire d'amour, ce qui, chez certaines
personnes, rend le film encore plus attirant. L'homosexualité7 est même critiquée dans une partie du
film afin de qu’il reste conforme aux moeurs du «bon américain».
Le film rend compte d’une vision capitaliste de la culture au détriment de la vérité historique : il a
été réalisé pour rapporter le plus d'argent et être diffusé à échelle mondiale ; pari réussi à juger des
centaines de millions de bénéfices qu’ont rapportés le film.

7 L’homosexualité n’était pas tabou chez les Grecs, Achille et Patrocle d’après Eschyle étaient amants. Le film a
totalement laissé de côté cette partie de la légende.
24
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
On peut voir ci-contre sur l'affiche le Roi
Léonidas, triomphant, combattif. Au
dessus, il y a marqué "Pour la gloire", ce
qui le fait apparaître l’idée de patriotisme,
de courage et d’honneur.
Le film 300 dicte au spectateur une pensée
très catégorique à travers une légende
g re c q u e, c e l l e d e l a B at a i l l e d e s
Thermopyles. 300 a été réalisé par Zack
Snyder en 2006 avec un budget de 60 000
0 0 0 $ e t re t r a c e l a B at a i l l e d e s
Thermopyles, en respectant correctement
la légende. Ce film oppose donc Grecs
contre Troyens, le tout dans un univers en
3D ce qui rend l'image réaliste malgré les
effets spéciaux. Néanmoins derrière ce film
se cache un sujet d’actualité. En effet, les
Perses ressemblent étrangement à la
représentation classique des Arabes.
L’opposition des Grecs et des Perses prend
alors une autre signification. Ce n’est plus
seulement un péplum mais un film ancré
dans la réalité avec un but idéologique. Les
Grecs, plus précisément les Spartiates (fameux guerriers de l’Antiquité connus pour leur courage)
sont mis en valeur: ils sont dit "nobles" et "puissants". Contrairement aux Perses, qualifiés de
"barbares" et de "lâches". On peut y voir un éloge des Américains et un blâme des Arabes. Le
message est clair : affronter l'ennemi (l’arabe) avec courage pour défendre la patrie, reprise évidente
du patriotisme américain. Tout est fait pour que le spectateur s’identifie aux Grecs (et donc aux
Américains). Preuve que ce film est une arme de propagande occidentale, l’Iran a porté plaintes de
nombreuses fois à l'ONU, en reprochant au film des "distorsions délibérées" et de faire une
"diabolisation grossière des Perses comme une incarnation du mal, de la corruption morale". Cette
vision du film est conforme aux analyse de Samuel Huntington dans son livre Le Choc des civilisations
(The Clash of the civilizations) publié en 1997. Il y développe une diabolisation faite des Arabes par
les États Unis.
Ci-dessous des images du film Olympia
Les Américains ne
sont pas les seuls à
utiliser le cinéma
comme outil de
propagande, Hitler
fait faire des films à
sa gloire lors des Jeux
olympiques! de 1936
par Leni Riefenstahl.
Le film Olympia,
traduit par Les dieux du stade en français, sort le 20 avril 1938. Cette date n’a pas été choisie au
25
hasard, elle correspond au 49è anniversaire d’Hitler. Leni Riefenstahl, grande réalisatrice allemande
du XXe siècle et aussi fervente admiratrice d’Hitler, utilise une image mythique des Jeux Olympique
antiques. Dans son prologue, elle reprend la statue du discobole8 de Myron, célèbre statue de
l’antiquité. . Ce discobole est interprété par Erwin Huber un athlète allemand qu’elle nomme le
«Lebendig gewordene Antike » qui peut signifier « l’Antiquité revivifiée ». L’image de gauche
correspond à la statue antique qui par un effet fondu se superpose à l’athlète allemand (image de
droite). Cette scène est particulièrement longue environ 5 min, elle veut mettre en évidence la
musculature et les proportions parfaites de l’athlète allemand. Tout le film repose sur cette même
optique : mettre en avant la supériorité des Allemands par leur corps, leur force, leur beauté
semblable aux statues de style classique. Le sport participe au culte du corps.
Une dernière image du film reprend un rituel grec lorsque les femmes font une sorte de danse
autour de la flamme olympique. Cette scène est très proche de la réalité grecque et a pour but de
montrer que l’âme olympique vit de nouveau à travers les Allemands après presque 2000 ans.!

8 Le nom « discobole » vient du grec ancien -'&!./.01$ / diskobolía, qui signifie « lancé de disque »
26
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
C)Mise en valeur de l’idéologie
Introduction :
Ces idéologies sont mises en valeurs à travers différents moyens. Comme l’a fait avant
l’Empire romain, de nombreux symboles permettent de faire passer les idées et de les identifier
rapidement. De plus, chacune des idéologies possèdent un chef. Celle-ci est très importante et
symbolise cet Empire. Les États-Unis, comme le fascisme et le nazisme sont souvent associés à leur
chef (président ou dictateur).
1. Symboles
Il existe deux types de symboles : ceux qui sont matériels qu’on reproduit en nombreux
exemplaires et ceux moins imagés qui passe par des mots.
Tacite, Annales
llic signa et aquilam amplexus religione sese tutabatur, ac ni aquilifer Calpurnius vim extremam arcuisset, rarum
etiam inter hostis, legatus populi Romani Romanis in castris sanguine suo altaria deum commaculavisset.
Là, tenant embrassés l’aigle et les enseignes, il se couvrait en vain de leur protection sacrée, et, si l’aquilifère Calpurnius
n’avait empêché les dernières violences, on aurait vu, dans un camp romain, un envoyé du peuple romain, victime
d’un attentat rare même chez les ennemis, soui"er de son sang les autels des dieux.
Les drapeaux ont de tout temps servis à caractériser un Empire. A l’époque de la Rome
antique, les soldats emportaient lors des batailles un étendard signum9. L’aigle qui représentait le roi
des dieux romains, c’est-à-dire Jupiter, était un des symboles de Rome. Il symbolisait l’idée de
puissance. De tout temps l’aigle a donc servi de symbole pour les empires. Est-ce à cause d’abord du
symbolisme qu’ont mis les Romains sur cet animal ou juste à cause de l’animal seul ( le Roi des
oiseaux selon certains ) ? En tout cas, ce symbole a été repris aussi bien par la puissance impériale
que se voulaient les Nazis, que par la plus grande puissance ( économique, militaire, culturelle,
politique ) de notre temps : les États-Unis. L’aigle est aujourd’hui
totalement associé à ce pays.
L’aigle n’est pas le seul symbole de ces empires. Le mot
fascisme vient de fascio en italien qui signifie faisceau. Ce mot vient
lui même de fasces qui signifie faisceaux des Licteurs. En effet, les
licteurs (étaient une sorte de garde du corps des magistrats
romains) les portaient sur leur épaules. Ce faisceau symbolisait le
pouvoir des magistrats : les verges pour le fouet et la hache pour la
décapitation. Il ne faut pas non plus oublier que le fasci voulait
dire groupe, les fascismes ont bien dénaturé ces mots de leur sens
en se l’attribuant lorsqu’il devient leur symbole national.
Les fascistes italiens ont été de ceux qui ont le plus repris les
symboles romains, sûrement par le fait qu’ils en soient le peuple le
plus proche. Ainsi le salut de romain a été repris et est devenu le
salut officiel des fascistes. On peut encore rappeler la louve reprise
par les jeunesses fascistes italiennes avec les Balilla.
Certains mots symboliques utilisés par les fascistes sont aussi
d’origine antique. Gammée vient de la lettre gamma en grec qui Licteur romain portant un
faisceau

9Il s’agissait d’une hampe surmontée d’une barre transversale et d’une main étendue, d’une statuette ou de tout autre
motif. Au-dessous étaient placés des disques en métal, des croissants, des houppes et d’autres ornements.
27
forme la svastika. Mussolini voulait rendre le latin la langue nationale : «langue de notre temps».
Pour cela, il s’efforça de faire traduire plusieurs de ces discours en latin. Il voulait aussi que cette
langue soit celle des échanges internationaux (comme l’est aujourd’hui l’anglais). De même, la
datation fasciste est faite avec les chiffres romains. On peut enfin citer Duce l'appellation donnée à
Mussolini. Elle vient du latin dux, ducis qui signifie le chef. Ce n’est pas un hasard s’il utilise ce
surnom ou des mots en latin dans ses discours : c’est un rappel de la puissance de Rome, il veut ainsi
se faire croire romain.
2. Place du chef
Le chef dans chaque empire et dans chaque puissance impériale a un rôle fondamental, il
incarne à la fois l’idéologie et la nation. Chez les Romains par exemple, la conquête et la puissance
militaire sont incarnés par certains personnages illustres : Alexandre ou César. Les exploits de ces
«héros» sont diffusés partout comme à travers les textes antiques qui transforment un fait réel en
légende. Ainsi, la démocratie si on devait la résumer par un homme, on nommerait Périclès. Les
empires d’hier et d’aujourd’hui ont bien compris l’importance d’avoir un chef, un leader qui donne
une image, une représentation à l’idée. Une fois que ce personnage est trouvé, ils font tout pour le
mettre en valeur.
Dans les régimes totalitaires, cela s’appelle le culte de la personnalité. Cela consiste à aduler le
chef de l’Etat avec le soutien de la propagande par tous les médias possibles. Mussolini et Hitler, à
travers cette propagande, tentent de personnifier les idées qu’ils incarnent : le travail, l’obéissance.
Ce culte s’établit par tous les moyens possibles : bustes, statues, affiches, films, articles de presse
élogieux. Par exemple, dans le cas de Mussolini, on retrouve comme un des slogans du parti :
«Mussolini ha sempre ragione» ce qui signifie : « Mussolini a toujours raison. »
L'appellation le Duce et Mein Führer que recevaient les
deux dictateurs font aussi partie intégrante de ce
culte. Ils sont alors surnommés chef (sous entendu
comme un chef romain) pour Mussolini, et mon
guide, mon chef pour Hitler. Ces surnoms montrent
une certaine forme de paternalisme en particulier
avec l’utilisation de pronom personnel «mon».
Une nouvelle monnaie est aussi créée en Italie avec
sur une de ses faces la tête du Roi et sur l’autre le
faisceau des licteurs : le symbole du fascisme. C’est
un autre point commun avec les Romains, eux aussi
mettaient sur leurs pièces de monnaie le visage de
leur empereur.
Sur cette affiche de propagande, Hitler est bien
représenté comme le sauveur du peuple (en arrière
plan). Il lève le drapeau qui incarne le nazisme. Au-
dessus de lui, se confondant avec le soleil, il y a la svastika et l’aigle (symboles comme on l’a déjà vu
repris de l’Antiquité). La lumière presque divine associée à Hitler semble vouloir nous faire croire
qu’Hitler est là avec Dieu.
Dans un autre registre qui peut cependant être assimilé, le héros incarne lui aussi une sorte de
chef, de guide chez les Romains et les Grecs. Par exemple, le plus célèbre Hercule (Héraclès)
symbolise la force brute et le courage (qui sont des valeurs essentielles pour les Romains). Caius

28
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
Mucius Scaevola était un héros de la guerre contre les Étrusque, il devint célèbre en mettant sa main
dans le feu pour monter à Porcenna, le Roi des Étrusque, sa résolution à ne trahir sa patrie. Il était
pour les anciens Romains un des plus grands héros de leur histoire. D'ailleurs, Jean-Jacques
Rousseau fait même allusion à lui dans le tome 1 de ses Confessions. Les Etats-uniens ont aussi chez
eux une forme de héros qui incarne leurs valeurs. D’abord, ils ont beaucoup repris les héros grecs et
romains en particulier dans des jeux vidéo. Ainsi, le jeu du PC Age of Mythology remet, si on peut
dire, les héros à la mode à travers un jeu de stratégie qui reprend la plupart des légendes. Les comics 10
se concentrent généralement sur les super héros. Chaque super héros incarne une valeur particulière
et va se battre contre une autre qui lui est opposée : c’est une forme de l’éternel combat entre le bien
et le mal. Il n’y a donc plus ici un seul chef mais plusieurs qui transmettent certaines valeurs.

10 bandes dessinées américaines


29
III. Dans le but de devenir la nouvelle Rome
Introduction
Si les États-Unis, les nazis et les fascistes récupèrent autant de l’Antiquité, c’est qu’ils
souhaitent eux-aussi laisser leur traces dans l’Histoire. Comme l’Empire romain, ils se sont diffusé
mondialement. Ils ont armée très puissante, et leurs idéologies sont connues mondialement.

A)Un Empire militaire à diffusion mondiale


1. Conquêtes et expansions
Hitler devient chancelier le 30 janvier 1933 et décide d’armer à nouveau l’Allemagne en
violant le traité ou «!dickat!» de Versailles. On constate alors que le nombre de blindés et d’avions
augmentent nettement. Hitler décide d’étendre les terres allemandes vers l'Est (Drang nach Osten) à
travers une agression militaire. Le 1er septembre 1939, l'armée allemande (Wehrmacht) envahit la
Pologne. Hitler fait par la suite d'autres conquêtes durant les années 1939-40 : La Norvège, le
Danemark, la France tout cela sous le regard des démocraties occidentales. Hitler tentera également
d'envahir l'Angleterre, mais en vain. Le 22 juin 1941, l'Allemagne commence l'invasion de l'URSS.
Selon Hitler qui haïssait les communistes, cette invasion est particulière : il souhaite réunir dans le
Reich la «!race!» allemande (pangermanisme) et en particulier les terres communistes, il veut aussi
créer un «!!espace vital!»pour son peuple. Ce violent assaut fut une réussite pour Hitler.
L’expansion du territoire allemand prend fin en 1942-1943 avec la défaite à Stalingrad et
l'entrée en guerre des Etats-Unis déclenchée par l’attaque dune base américaine, Pearl Harbor, le 7
décembre 1941 par les troupes alliées japonaises
«Ainsi, nous autres nationaux-socialistes, biffons-nous délibérément l'orientation politique d'avant-guerre. Nous
commençons là où l'on avait fini il y a six cents ans. Nous arrêtons l'éternelle marche des Germains vers le sud et vers
l'ouest de l'Europe, et nous jetons nos regards vers l'est.
Nous mettons terme à la politique coloniale et commerciale d'avant guerre et nous inaugurons la politique territoriale de
l'avenir.
Mais si nous parlons aujourd'hui de nouvelles terres en Europe, nous ne saurions penser d'abord qu'à la Russie et aux
pays limitrophes qui en dépendent.»
— Adolf Hitler, Mein Kampf, tome 2, 19253.

De la même façon, Mussolini a envahi l’Ethiopie en réponse à une agression de ses troupes sur
ces terres africaines, le 2 octobre 1935. Par la même occasion, il se venge de la défaite d'Adoua, ville
éthiopienne, en 1896. Avec 400 000 hommes, chars et avions, Mussolini arrive à envahir l'Éthiopie,
qui avait alors échappé à toute sorte de colonisation européenne. En effet, nous pouvons noter un
rapprochement entre Hitler et Mussolini, chefs d’Etats totalitaires. Puis, le 28 octobre 1940, l'Italie
fasciste attaque les côtes grecques mais Hitler s’aperçoit que cet assaut est voué à l'échec, il envoie
alors lui-même ses troupes : la Grèce capitule. Les troupes du Duce envahissent l'URSS le 22 juin
1941. Cependant, cet assaut est un véritable échec comme avec la précédente tentative. Peu à peu,
Mussolini perd l'estime d'Hitler. Le 24 Juillet 1943, Mussolini est arrêté : c'est donc la fin de toute
conquête fasciste.

30
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques

2. «Gendarme» de la planète
Depuis la seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis jouissent d’une puissante économie, en
particulier grâce à la mondialisation du dollar et à l’augmentation considérable de sa population!: en
200 ans, ils passent de 5 millions à 300 millions d’habitants. C’est donc cette hyper puissance qui
tient un rôle essentiel dans le monde. En effet, les Etats-Unis disposent d’une importante armée,
participent aux conflits concernant d’autres pays! : on peut alors les considérer comme des
«!gendarmes du monde!» au service de la liberté.
Les Etats-Unis disposent tout d’abord de flottes présentes partout dans le monde, mais il
existe également de nombreuses bases militaires localisées dans des endroits stratégiques, tels que les
détroits. Ces troupes permanentes sont doublées de satellites qui permettent également la vision
globale du monde ; les informations sont alors directement envoyées au Pentagone, quartier général
du département de la Défense des Etats-Unis. On les considère alors comme des «!gendarmes de la
planète!»!: rôle qui consiste à observer tous les faits et gestes des pays mais également à contrôler
une partie des relations internationales.
C’est ainsi que les Etats-Unis occupent une grande partie du marché mondial!: ils représentent
encore 13,1 % du commerce du monde. Le commerce du pétrole en Irak joue un rôle important
dans le commerce des Etats-Unis, notamment grâce à la monopolisation de la part au marché du au
dollar. En outre, ils n’hésitent pas protéger leur sources pétrolières avec leur armée.
Ce rôle de gendarme leur appartient depuis la deuxième moitié du XXe siècle : il commence
avec la seconde Guerre mondiale où ils délivrèrent l’Europe des nazis et l’Asie des Japonais. Depuis,
les Etats-Unis ont des alliés puissants tels que certains pays européens ou encore le Japon.
Les Etats-Unis se mêlèrent également à de nombreux conflits avec par exemple avec la
Guerre du Golfe en 1990 à 1991! : l’Irak envahit le Koweït, une action que l’Organisation des
Nations Unies condamne fermement. Ce sont les Etats Unis, sous mandat de l’ONU, qui
mobilisèrent le plus d’hommes (315 000 au total) afin de rétablir la paix , avec l’aide des quatre
autres membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU (Chine, France, Grande-Bretagne, et
URSS)
Les Etats-Unis ont également participé à la guerre du Kosovo! qui est un conflit entre deux
communautés présentes dans ce pays, les Albanais et les Serbes, qui dura de 1998 à 1999. La
communauté internationale crée alors un «! groupe de contact! » composé de l’Allemagne, le
Royaume-Uni, la France et des Etats-Unis qui essayèrent alors de rétablir la paix lors de la
conférence de Rambouillet, ce fut cependant un échec.
C’est donc ainsi que les Etats-Unis dominent une part actuelle du marché mondial et qu’ils
sont assimilés à des «!gendarmes!» du monde!: ils veulent rétablir l’ordre et être présents dans toute
relation internationale. Ce caractère leur sera souvent reproché avec la question du droit
d’ingérence!: les situations sont-elles suffisamment critiques pour pouvoir intervenir comme l’ont fait
les Etats-Unis lors de la guerre d’Irak!?

31
B)Un empire idéologique à diffusion mondiale
Introduction
Chaque Empire s’accompagne d’une idéologie qu’elle soit plutôt positive ou négative, elle
existe toujours. La culture grecque et latine a souvent servi à appuyer ces théories.
1. Le totalitarisme
Pour clore la récupération de l’Antiquité par les fascistes, les accession au pouvoir de César, Auguste et
Hitler se ressemblent un peu, du moins au départ. Les deux essaient d’obtenir les pleins pouvoirs de manière
progressive. César est d’abord arrivé au pouvoir de façon légale à travers le cursus honorum. C’est-à-dire la
course aux honneurs en latin : le parcours entre différentes magistratures que se doit de faire tout homme
politique romain avant de pouvoir accéder au poste de consul. César, au fur et à mesure de ses conquêtes et
de son ascension, a obtenu les pleins pouvoirs de la part du Sénat. Le soutien que lui apportait le peuple
après ses nombreuses conquêtes militaires victorieuses sur l’Europe lui a permis de recevoir les noms de
Liberator et d’Imperator ... Finalement, il obtient ce qu’il souhaitait réellement : il se fait nommer dictateur c'est-
à-dire «! imperator! » à vie et non empereur comme on l’entend parfois. César devient donc le maître de
Rome. Dictateur n’avait néanmoins pas le même sens qu’aujourd’hui : c’était un magistrat qui recevait tous
les pouvoirs en période de crise ou de conflit grave. On peut alors rapprocher l’ascension au pouvoir de
César de celle d’Hitler qui accède d’abord au pouvoir par les voies légales!: il est élu en tant que chancelier
par une grande majorité d’Allemands puis peu à peu comme le fit César, il s’approprie de plus en plus de
pouvoir.
Tous les «emprunts» fait à l’Antiquité par les régimes totalitaire n’ont qu’un but : diffuser leur
idéologie. Le totalitarisme est un régime politique où un parti unique domine tout le pouvoir. Un Chef est
donc à la tête de l’État et n’admet aucune opposition. Ceux-ci, comme les communistes par exemple, sont
pourchassés et exécutés. L’État ne souhaite pas seulement posséder le pouvoir politique, il s'immisce dans la
vie privée des gens. Cela se fait soit par la propagande (journaux, cinéma), soit par le culte de la personnalité
de son chef qui apparaît alors partout et notamment dans l’architecture. Tous les moyens sont bons dans ce
type de régime pour rentrer dans la sphère privée des familles. Les enfants sont embrigadés dans des
organisations de jeunesse pour favoriser le patriotisme et le sentiment d’appartenir à une même collectivité,
même un divertissement comme le sport, comme nous l’avons vu plus haut, ne sert plus qu’à montrer la
puissance du régime (les Jeux Olympiques de Berlin de 1936, les stades de Mussolini). L’État veut posséder le
contrôle total de sa population en manipulant le plus étroitement possible les pensées de ses citoyens. Les
membres du parti majoritaire se voient doter de nombreux privilèges, c’est la «!race aryenne!» des nazis. La
société est divisée afin d’être mieux contrôlée. Les dissidents sont emprisonnés et exécutés. La peur, renforcée
par la délation, et le contexte guerrier permet au parti de rassembler les citoyens autour de lui.
L’idéologie totalitaire est un trait majeur du XXème siècle ; on la retrouve en URSS, en Allemagne, en
Italie, au Japon, en Espagne ou encore en Chine... Cette idéologie a laissé une profonde cicatrice dans les
mémoires. L’atrocité des actions totalitaires a marqué tous les pays et en particulier ceux de l’Europe.
Aujourd’hui le totalitarisme a totalement disparu. Il existe encore aujourd’hui de nombreuses de dictatures,
mais heureusement aucune d’entre elle n’est totalitaire. Les esprits ont été si profondément marqués que
plusieurs mesures internationales ont été mises en place à la fin de la Seconde guerre mondiale pour éviter
que cela ne se reproduise : création de l’ONU ou de certaines organisations humanitaires.
En total opposé avec ces deux dictatures, les États-Unis ont récupéré de l’Antiquité les valeurs les plus
importantes : la démocratie et la république, la liberté et l’égalité.

2. Transmission des valeurs de la liberté et d’égalité


De ces notions récupérées à l’Antiquité, dérivent deux idéologies qui définissent les États-
Unis : la démocratie et le libéralisme.

32
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
La démocratie est un héritage de l’Antiquité. Ses premiers fondements sont apparus au Vème
siècle avant J-C lors de l’apogée d’Athènes en Grèce. À cette époque, «! démocratie! » signifie le
gouvernement du peuple : -23.( (démos) en grec le peuple et !%$4.( (kratos) le pouvoir). Plusieurs
institutions se mettent en place : l’Ecclésia, l’assemblée du peuple correspond aujourd’hui au
Parlement, la Boulé (signifiant le conseil et donc le Sénat actuel) ou encore l’Héliée (le tribunal).
Dans la Rome Antique, le système se perfectionne! : on note par exemple l’apparition du suffrage
indirect. La citoyenneté est accordée à un grand nombre de personnes : les hommes majeurs et
certains esclaves affranchis... L’Édit de Caracalla accorde la citoyenneté romaine en 212 à tous les
hommes libres de l’Empire. L’accès à la citoyenneté est beaucoup plus facile que dans la Grèce
Antique où les citoyens représentaient moins d’un dixième de la population en partie à cause de
l’exclusion des femmes, étrangers, esclaves ...
Néanmoins, la démocratie se définit par la célèbre formule d’Abraham Lincoln (empruntée à
Périclès) : «Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.» Ainsi, la démocratie repose sur le vote
des citoyens! : c’est la souveraineté nationale. La souveraineté est exercée de façon indirecte aux
États-Unis, le peuple élit des «Grands électeurs» qui vont par la suite voter pour le président.
Similitude avec l’Empire romain, la citoyenneté est accordé facilement aux États-Unis, c’est un pays
d’accueil et d’immigration. On y trouve différentes ethnies de différentes origines! (mexicaine,
asiatique...).
Depuis la fin de la ségrégation raciale, tout ceux ayant la nationalité américaine et âgé de plus
de 18 ans ont la possibilité d’aller voter. La démocratie, par sa définition, doit aussi s’accompagner
de la liberté de la presse. Aux États-Unis, les médias sont totalement libres : tout peut être publié,
comme le montre le scandale de Watergate ou plus récemment la publication des documents de
Wikileaks par The New York Times. N’importe quel type d’information peut être publié grâce à la loi
de la protection des sources, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle sera lue, d’autant plus qu’il
existe une très grande quantité de médias. Il faut, pour éviter cela, posséder suffisamment d’argent
pour payer la publication de son information dans les grands journaux ou bien dans les grandes
chaînes de télévision. Ceci peut engendrer plusieurs problèmes!: ainsi les campagnes politiques sont
impossibles sans support financier. Seuls les partis importants tels que le parti démocrate ou
républicain ont les moyens de financer leurs campagnes. C’est pour cela qu’il y a aujourd’hui deux
partis qui dominent la scène politique. L’implication de groupes financiers en tant que sponsors dans
la politique pose donc un problème. Inévitablement, le parti va éviter d’aller à l’encontre des grands
groupes financiers qui leur apportent un soutien. Ce qui implique que tout parti politique qui veut
s’opposer au libéralisme se voit empêché d’apparaître : non pas faute de droit mais de moyen. On
arrive alors à une autre idéologie : le libéralisme.
C’est l’autre fondement de la société américaine : liberté totale pour tout et tous. L’idée est
que l’être humain possède des droits fondamentaux, des libertés, qui ne peuvent lui être enlevées en
aucune façon. Il existe deux types de libéralisme : le libéralisme politique et le libéralisme
économique. Ce dernier type se nomme aussi capitalisme. Il s’agit d’une liberté individuelle d’un
point de vue économique : le marché (la loi de l’offre et de la demande) doit se réguler elle-même.
Le pouvoir ne doit pas s’impliquer dans les mouvements financiers. L’«american dream», le rêve
que chacun puisse réussir, vient aussi de cette idée. L’argent est mis en valeur dans toute la société
états-unienne. L’argent est le centre de tout, il traduit la réussite sociale. C’est pour cette raison que
tout est fait pour rapporter de l’argent, même au détriment de certaines personnes. Plusieurs
exemples l’ont déjà démontré auparavant avec les péplums américains qui négligent régulièrement
la vérité historique pour rapporter le plus d’argent possible. Au final, en partie à cause de cette
idéologie et de l’histoire, la société américaine est très inégalitaire. Dans un monde où seul l’argent
33
importe, ceux qui n’en ont pas sont laissés pour compte. L’accès à une éducation de qualité ne peut
pas se faire sans argent pour financer les frais des grandes universités (les seules qui permettent
d'accéder réellement à la classe sociale supérieure sont hors de prix et réservées à l’élite).
L’accumulation de ces facteurs pousse certains à s’engager dans l’armée, non pas à cause d’un
dévouement total envers la patrie, mais pour financer leurs études à leur retour au pays. De même,
l’accès au soin est lui aussi payant. Bien que la réforme de la santé annoncée par Obama doive
prochainement modifier le système, aujourd’hui seul les plus riches ont la possibilité de se soigner.
Cependant accorder trop de liberté à chacun ne nuit-t-il pas à l’égalité de tous ?

34
Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
C)Laisser sa trace dans l’histoire comme l’on fait les Romains et les Grecs
Introduction
Chaque empire veut marquer l’histoire. Les empires actuellement disparus! ont laissé leurs
traces dans le monde d’aujourd’hui. Quant aux États Unis, qu’en restera t-il ?
1. Ce qui reste des empires disparus
Athènes était la plus puissante et la plus riche des cités antiques en raison de sa démocratie.
Cette notion est aujourd’hui très importante mais elle n’est pas synonyme de république. Les plus
grandes dictatures actuelles se considèrent démocratiques comme la République Démocratique de
Chine. A l’époque d’Athènes, les citoyens deviennent peu à peu égaux devant la loi qui est à présent
écrite! :! c’est l’isonomie qui représente l’égalité de tous devant une même loi. Cette notion se
rapproche du premier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyens de 1789 «!Tous les
hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.». L’assemblée grecque (la Boulê) puis le
«!misthos!» (salaire versé à un homme politique) naissent pendant l’Antiquité. Ces mêmes principes
sont encore appliqués de nos jours dans les républiques démocratiques, comme en France par
exemple, bien que ces idéologies ont évolué!(plus de votants, date de la majorité…)
La première image à laquelle on pense en parlant de l’Antiquité grecque et ou romaine est
celle des ruines des bâtiments antiques. Nous avons tous en mémoire l’image de l’acropole
d’Athènes, ou du Colisée de Rome. Toujours sur le point de vue architectural, les routes voulues par
Hitler ont été construites et sont aujourd’hui des autoroutes.
La culture de ces puissances imprègne notre pensée moderne! : les textes sont la première
preuve du mode de vie, des rituels, des croyances de l’Antiquité. Si on ne prend pas en compte
l’apprentissage de la culture et de la langue latine et grecque dans les écoles, les manières de penser
de l’Antiquité nous restent dans la vie de tous les jours. Ainsi, Plutarque, Socrate, Phytagore et
d’autres, nous ont apporté la philosophie, certaines bases dans les sciences. Le genre théâtral, divisé
entre tragédie et comédie, nous a été apporté par Aristophane ou Sophocle pour ne citer que les
plus grands. Parallèlement, les textes des régimes totalitaires comme Mein Kampf d’Hitler ont presque
disparu en tant qu’ouvrage mais reste dans les mémoires en tant que symbole d’horreur et contre-
exemple en politique.
L’art de la littérature fait aussi partie de la culture qui nous reste aujourd’hui : les
classifications des genres littéraires que nous avons datent de l’Antiquité. Certaines s’inspirent
directement de l’Antique comme les Fables de Jean de la Fontaine qui empruntent à Ésope et à
Phèdre. Même les enfants, sans le savoir, sont influencés par la culture grecque avec la légende
d’Ulysse d’Homère.
Indirectement, les régimes totalitaires du XXe siècle sont sources d’inspiration dans la
littérature. Ainsi, la littérature historique place souvent ses héros en plein coeur de l’action de la
Seconde guerre mondiale, sous le régime nazi d’Hitler comme les nombreux témoignages sur les
camps de concentration. L’idéologie totalitaire est reprise dans les grands ouvrages de science-
fiction. Elle fait lieu de cadre dans les romans qui imaginent la dictature de demain. Les plus
célèbres livres de science fiction se passent dans un régime totalitaire : par exemple Fahrenheit 481 de
Rey Bradbury. La répression sous les régimes totalitaires a permis l’émergence de la littérature
engagée au XXème siècle : les textes d’Aragon, ou encore Liberté d’Éluard.

35
Enfin, la notion de totalitarisme est enseignée du collège au supérieur. En effet, dans les cours
d’histoire imposent l’étude des ces régimes. Les futurs citoyens sont ainsi instruits des idéologies qui
ont marqué l’histoire mondiale afin que ceci ne se reproduise plus.
Mais, a contrario, les valeurs du nazisme sont reprises en parti par certains partis politiques
d’aujourd’hui comme en France par le Front national (FN). Créé en 1972 par Jean-Marie Le Pen,
dont la fille Marine est aujourd’hui la présidente, le parti a pour idéologie le national populisme, le
conservatisme et l’euro scepticisme.

2. Ce qui restera des Etats Unis ?


Maintenant que les Etats-Unis existent depuis une centaine d’années, peut-on se faire une idée
de ce qui pourrait rester de cette grande puissance impériale ?
Une chose est certaine, l’histoire démocratique de ce pays restera dans les mémoires. Même si
la Chine arrive rapidement sur la scène mondiale, les Etats-Unis sont et resteront la plus forte et
complète puissance mondiale qu’a connu notre histoire. Ils ont été les pionniers dans de nombreux
domaines. Comme par exemple avec le premier pas sur la Lune en 1969 par Neil Amstrong. La
création de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) au début des années 1960,
qui a pour but d’explorer le système solaire et d’effectuer des recherches spatiales, laisse envisager
d’autres exploits de ce type, peut-être seront-ils les premiers à marcher sur Mars!?
Les images et les vidéos de l’attentat du 11 Septembre 2001 de New York et Washington sont
un autre exemple de cette trace déjà laissée dans l’histoire. Les vidéos sont apparues en boucle sur
les télévisions et sur Internet marquent les esprits. La destruction des tours Twins Towers à New
York a provoqué un sentiment mondial de solidarité envers les États-Unis. Cet évènement a
profondément marqué le monde comme l’atteste la phrase de J.M.Colombani, directeur du
quotidien Le Monde à cette époque : « Nous sommes tous Américains.» On retrouve alors
l’importante influence qu’ont les États-Unis sur le monde. Le modèle américain marque
l’imaginaire et est profondément ancré dans notre mode de vie, vision du monde.
Cette influence qu’ils ont sur notre imaginaire est en partie due à l’industrie
cinématographique américaine qui diffuse le style de vie, la pensée américaine. Ainsi Hollywood à
Los Angeles, berceau du cinéma, est à l’origine quelques-uns des plus grands films mondiaux qui
ont marquer les esprits : King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack sorti en 1933, ou
bien La guerre des Etoiles de Steven Spielberg de 1977 et plus récemment Avatar de James
Cameron. Les effets spéciaux spectaculaires de ce dernier sont à l’origine d’une révolution du
cinéma avec le passage à la 3D. Il ne faut pas oublier des symboles éternels du cinéma tels que
Marilyn Monroe (1926-1962).
Toujours du point de vue culturel, la littérature mondiale est profondément marquée par la
littérature américaine. De nombreux best-seller qui sortent aujourd’hui viennent des États-Unis. La
culture américaine envahit toute la scène mondiale : littérature, cinéma mais aussi les jeux vidéos et
l’informatique. Il existe deux grands entreprises qui fabriquent des ordinateurs : Apple et Microsoft,
les deux sont dirigés par des Américains. La diffusion de toute cette culture se fait mondialement
grâce au phénomène récent de mondialisation.
Ce terme de «mondialisation» désigne l'expansion et l'harmonisation des liens
d'interdépendance entre les nations, les activités humaines et les systèmes politiques à l'échelle
mondiale. Le mode de vie américain est aujourd’hui diffusé à tous les pays du monde. Les fast food,
les vêtements, les modes venus de l’Amérique se retrouvent partout dans le monde. Ils sont devenus
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Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
universellement partagés et incarnés par de grandes marques qui monopolisent le marché comme
Nike, Mac Donald ou encore Coca Cola. Ce phénomène s’appelle l’ «américanisation». Il s’inscrit
dans le cadre de l’idéologie maître aux États Unis : le capitalisme, qui s’est imposé comme modèle
mondial.
L’image principale visible des Etats-Unis est celle des buildings et des grandes constructions
qui sont le symbole des grandes villes états-uniennes!comme les villes de New York surnommée la
«! Big Apple! » Elles deviennent aujourd'hui un modèle pour les grandes mégalopoles occidentales
qui se construisent sur le même modèle. Est ce que New York ne serait pas devenu la nouvelle Rome
dans l’imaginaire mondiale, ville de tous les espoirs, symbole de modernité ?
Dans le cadre de la mondialisation, la langue des échanges qui s’est imposée est l’anglais,
langue officielle des États-Unis. L’anglais est devenue la langue la plus parlée au monde : on compte
environ 400 millions de locuteurs l’ayant pour langue maternelle et entre 199 millions et 1,4
milliard l’ayant pour langue secondaire. Elle est mondialement utilisée afin de communiquer plus
facilement entre différents pays, politiciens, journalistes ou encore étudiants. Il est devenu presque
impossible de réussir sa vie professionnelle sans maîtriser cette langue. Rien qu’en France, l’anglais
est enseigné presque obligatoirement dans tous les écoles. Enfin, grâce à de nouvelles
technologies,! et notamment grâce à Internet, des grands noms et évènements resteront célèbres à
jamais dans les esprits d’un très grand nombre de personne.
Enfin, ce système renforce aussi la politique du pays qui est stable!: elle est démocratique et
républicaine. Le président d’aujourd’hui est Obama! : c’est la première fois qu’aux Etats Unis un
président est «!noir!». C’est une rupture avec le passé du pays et cela démontre également que ce
pays est prêt à évoluer afin de s’adapter au monde qui l’entoure. Le pays n’est donc pour le moment
pas prêt à disparaître grâce à ces évolutions.

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Conclusion

L’Antiquité a été reprise pour appuyer et justifier certaines idéologies du XXe siècle. Comme
on pouvait s’y attendre de la part de régimes totalitaires, les nazis et les fascistes l’ont utilisée
essentiellement comme moyen supplémentaire de propagande. Ils ont alors dénaturé les vraies
valeurs de l’Antiquité dès le moment où celle-ci a été utilisée uniquement à cause du prestige qu’elle
pouvait apporter à leur idéologie. Ils voulaient se faire les héritiers de l'Empire romain, mais ils n’ont
réussi qu’à démontrer que, deux mille ans après, la bêtise de certains hommes est toujours la même.
Les vrais héritiers de l’Antiquité sont les Américains. Ils sont devenus une puissance presque aussi
forte que l’étaient Rome ou Athènes à leur époque, ils ont une influence mondiale sur de nombreux
domaines. Ils ont conservé dans leur régime certaines idées fondatrices de l’Antiquité : la liberté, la
démocratie qui sont les fondements de leur idéologie. Dans leur pays se mêlent héritage de l’Empire
romain (en particulier à travers l’architecture, l’armée et le sport), modernité et innovation. Ils
utilisent l’Antiquité à bon escient, ce qui peut être une part de l’explication de leur puissance. En
tout cas une chose est certaine, alors que les régimes totalitaires laisseront pour seule trace de leur
passage une profonde cicatrice dans les mémoires, les États-Unis, eux, ont déjà commencé à se créer
une histoire durable à l'instar de l’Empire romain.
Cependant, environ deux millénaires après l’Antiquité, ce ne sont plus les mêmes risques qui
guettent les Empires. Le plus important est de savoir évoluer avec son temps, et repenser à chaque
moments aux dérives possibles des idéologies de notre société. La liberté, par exemple, est
essentielle. Néanmoins, à trop vouloir la défendre, on peut nuire à une autre idée fondamentale :
l’égalité. On approche alors une des dérives possibles du capitalisme américain. La totale liberté des
actionnaires et des banques dans le domaine boursier a déjà prouvé qu’elle peut se révéler
catastrophique pour la vie du citoyen lambda qui subit de pleins fouet les variations des prix des
manières premières et les crises économiques.

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Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
IV. Annexes

Affiche du film Olympia

Les Jeux olympiques de 1936, présence


du flambeau

photographie d’un athlète allemand,


mise en valeur du corps et symbole de
l’aigle sur le maillot

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Mont Rushmore

Statues du Stadio dei Marmi

Mussolini travaillant
sur un des chantiers de
Rome
couverture d’un
quotidien italien

Travaux dans la ville de Rome

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Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques

41
V. Sources
Webographie
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Foro_Italico
http://leblogueur.arte.tv/2010/05/17/mussolini-le-sport-et-le-fascisme/ <-- Site avec une video

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Récupération de l’Antiquité à des fins idéologiques
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Lebensraum
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Drang_nach_Osten
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http://www.linternaute.com/histoire/motcle/64/a/1/1/fascisme.shtml
http://planete-libertes.info/dictmus.htm
et wikipedia

Bibliographie
-Johann CHAPOUTOT, Le national-socialisme et l’Antiquité, PUF, 2008
-Philippe FORO, Racisme et antiquité : l’exemple de la revue de la difesa della razza (1938-1943),
article, Presse de Science-Po
-Chiara VOLPATO, La Construction du racisme en Italie sous le fascisme, thèse d’université italienne
en pdf, ( http://geirso.uqam.ca/publications/pdf/Section1/Politique/volpato.pdf )
-Jean-Luc POUTHIER, Rome et la latinité, Actes Sud, 2000
-Laura MALVANO BECHELLONI, Le mythe de la romanité et la politique de l’image dans l’Italie
fasciste,Presses de Sciences-Po, article, 2003
-Le fascisme italien et la Rome antique, ( pas d’auteur trouvé, pdf ) (http://www.candiulb.be/
forum/index.php?act=attach&type=post&id=20421 )

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