FRANK? IT'S ME!
Time for meeting/Le
temps d'une rencontre
« Je ne suis pas dans l'illusion,
mais je peux être dans la
fiction...Entre ceux qui veulent
se faire enlever leur visage et
ceux qui veulent sortir leur
cerveau, on en perd la tête.
Heureusement qu'il reste les
voix et les corps, pour faire
signe »(Boris Crack modifié)
« When i was a child, i had english
classes. We sang the alphabet, we
colored the Union Jack, we learned
of funny expressions like : it rains
cats and dogs or to have ants in
the pants. And then, one day, we
learned the expression : «to be
Frank» and frankly, i was more
disturbed by the fact to be FRANK
to be honnest from the fact that it
was raining some cats and
doggies... » (AO)
Frank? c'est moi...t'es là ? Y'a
quelqu'un ici ?
Frank? it's me...you're here..?
Somebody here ?
Le téléphone sonne dans
l'appartement.
The phone is ringing in the
appartment.
1
Tu as un ami. Son nom est
Frank. Tu as rendez vous avec lui
aujourd'hui, tu dois passer chez
lui, c'est ce que vous vous êtes dit
hier soir par le net. Aujourd'hui,
tu arrives à la porte de son
appartement, et la porte est
ouverte, tu trouves ça bizarre. Tu
te demandes bien pourquoi, il ne
fait pas très chaud, pas besoin de
faire de l'air, le temps est même
dégueulasse, sale temps,
honnêtement tu aurais préféré
resté chez toi, bien tranquille,
calme. Tu aurais dû dire à Frank
de passer chez toi aujourd'hui. Tu
trouves ça très étrange que la
porte soit ouverte, mais tu
rentres à l'intérieur, tu fais
comme n'importe qui. Tu fais
comme n'importe qui, tu rentres
à l'intérieur et tu appelles Frank
« Frank? C'est moi... » et tu dis que
c'est toi, parce qu'il sait que vous
devez vous voir, il doit attendre
dans une pièce. Tu l'appelles et tu
dis « c'est moi », vous avez rendez
vous, ce jour là, à cette heure là,
ce n'est pas étrange, ce n'est pas
étrange de dire que c'est toi. Ce
n'est pas étrange mais ça peut le
devenir. Quand tu t'interroge sur
la présence de quelqu'un qui
devait être là à t'attendre, là
quelque chose devient bien
bizarre, et tu deviens cette
personne, en quelque sorte, oui,
tu te mets à sa place. Tu deviens
Frank ce jour là, parce que tu te
demandes ce qui cloche tu prends
son visage, tu deviens Frank
pendant un instant parce que tu
te demandes ce qui cloche, ce qui
a déliré, ce qui est devenu fragile
aujourd'hui, dans sa vie. Et ce
n'est pas très étrange finalement
que tu deviennes ton ami Frank
ou ton ami Untel pendant un
instant, quelque part, parce que
c'est ta vie, et tu fais attention,
c'est ce qu'il faut dire. Tu es sans
doute sur tes gardes, c'est
naturel, tu tiens à la vie, tout
simplement.
- Prends le visage dans le miroir,
prends le et arrache le, morceau
par morceau, arrache tes yeux,
arrache avec tes mains, arrache tes
oreilles et ta bouche, arrache-les et
va chercher les autres yeux, les
autres oreilles et l'autre bouche, va
chercher l'autre visage, ailleurs -
Frank, là où il est, pense
soudainement à votre rendez-
vous, il appelle chez lui. Le
téléphone sonne dans
l'appartement. Tu décroches et tu
entends la voix de Frank. Tu dis
« Allo, Frank, je suis chez toi, où
es-tu ? » il ne répond pas comme
n'importe qui. Il dit « J'ai oublié le
rendez-vous, mais ne t'en fais pas,
regarde toi dans le miroir, vas y, tu
vois, c'est moi, c'est Frank! » pas
un mot de plus pour s'expliquer, il
a raccroché.
Un autre jour, il y a la
première réunion (fictive) du
troisième Projet Solaris. Il y a une
vingtaine de personnes dans la
pièce. Elles sont toutes
différentes: âge, taille, cheveux,
origines, voix, visage, corps,
caractère,... Et malgré tout elles
sont liées. Faut il vraiment le dire
encore une fois? Ses personnes
présentes ce soir en doutent elles,
y pensent elles, tout simplement?
Si loin et si proche l'une de
l'autre, dans cette pièce, il
commence à faire chaud, les gens
parlent, rient, ça commence
normalement, les gens se
rencontrent, voilà quelque chose,
la rencontre. Faut il dire aussi que
ces liaisons, que ces simples
branchements dont il est
question entre les personnes
(humaines!) ne sont pas aussi
simples qu'ils pourraient l'être : il
ne suffit pas de dire que tous
partagent à peu près un
sentiment d'humanité et
d'appartenance à un groupe
d'êtres vivants semblables, qu'ils
partagent un noyau, aussi vaste
ou restreint soit-il, d'humanité
(sentiment d'amitié, de famille,
de l'inconnu, de l'étranger, de
l'Autre). Soyons honnêtes. Les
gens se rencontrent, il s'agit de
regards, de gestes amicaux, de
paroles, mais la rencontre n'est
pas qu'amicale : il y a déjà de la
jalousie et des mauvais
sentiments, de
l'iincompréhension et le ton
monte. il y a des regards, moins
de gestes, moins de paroles. C'est
inévitable et nécessaire. Mais
Solaris à déjà ce but, défaire les
jugements, passer par dessus,
aller au delà. S'arracher à soi
même, « se faire violence » et ne
pas toujours se reconnaître. Se
rendre indispensable peut être ?
Et un autre but, non-unique, « the
practicality and sensible
embodiment of an ephemeral
community » mais délicat et
volontaire. L'intimité n'a plus
entièrement sa place dans
Solaris, la personne intimiste et
solitaire n'est pas sa cible préféré.
Solaris ne joue pas avec ce faux
culte de l'artiste jouant un Atlas
écoeuré et écoeurant. Ceci n'est
pas le bienvenue. Les artistes
doivent savoir renoncer à leur
personne, « se faire violence »,
exactement ça, et se laisser porter
à la rencontre de l'Autre. C'est ce
que je crois.
Plus tard, les trois organisateurs
du projet, Levan, Ao et Sandra
présentent le sujet sur lequel une
dizaine de personnes du groupe
présent ce soir devront travailler
ensemble, durant sept jours. À ce
moment (fictif) la stupeur et la
surprise gagne le groupe, y'a un
silence :
WHO IS FRANK?
Les visages se tendent, les
regards sont nerveux, parfois
accusateurs.
WHO IS FRANK ? (HERE)
Sous titré : Time for meeting.
Les regards sont nerveux, parfois
apeurés, les visages se tendent, la
colère monte. Vous croyez ? Vous
croyez que les gens prennent ça
pour eux, qu'on leur pose une
question ? Mais les trois
organisateurs rattrapent la
situation, s'expliquent, et tout
redevient « normal », les gens
rient, ça aura suffit pour
commencer un travail sur
l'honnêteté, mettre les
participants face à eux mêmes
pendant quelques secondes
(seulement)
« THE HONEST MAN. An honest
man.
As an endangered specie, or who
never existed.
How does it do every day?
If you ask someone "what is for
you an honest man?"
or "In your opinion what does an
honest person?"
One will answer: "He always tells
the truth.", "He never lies." » (AO)
Et pourtant, tu peux te dire que
tout ment ou peux mentir, que tu
mens, que tu peux et que tout le
monde peut, chaque jours. Tu
peux te dire que ça commence le
matin avec ton miroir quand tu y
interroge ton humanité. Malgré
tout, tu peux te dire que tu restes
honnêtes, et que beaucoup de
gens restent honnêtes, non ?
Alors, c'est qui, quelqu'un
d'honnête ? Je ne sais pas. C'est
qui Frank, bordel ?!
It is an ethical issue.The triangle
of ethics.
« WHAT I WANT TO DO ?
WHAT SHOULD I DO?
WHAT CAN I DO?
HONESTY There is a trick. There is a
paradox.
When you "accept" you're not
completely honest : you do a «
step» to honesty.There are things
like that, one must stick his head
against an extreme to have/be a
certain thing.These things, these
paradoxes, show the limits, in
general.Limits in general.
Perhaps Frank is a moment
He is the moment we can find,
sometimes, in someone,
a moment, no word to explain this
point. The moment, when we're
turning the head and we are
happy. That time.
Saying / create Frank together.
I think that, more than ever we
need a Frank today. » (AO)
Il y a une autre chose que
l'on peut dire. Il s'agit bien aussi
d'une vraie question posé à
chacune des personnes du
groupe présent dans la pièce ce
soir là, et c'est très simple : Qui
est honnête ? Qui le sera ? C'est
une question déjà posé au futur,
une interpellation : WHO WILL
BE FRANK ? Qui sera honnête, le
plus honnête possible dans ce
projet ? Parce que ce qui semble
simple, c'est que : qui le sera le
plus possible dans ce projet, le
sera mieux dans la vie, sa vie. Être
intègre. L'agacement est
nécessaire. Qui fera l'honnête
acte de création ?! Ceci va déjà
bien plus loin que la sphère de
l'art. Qui créera de la richesse,
honnête, dont on a besoin, de la
richesse qu'on pourra partager,
s'échanger sincèrement,
efficacement. Une richesse qui
représente un vrai besoin
(humain) pour notre monde bien
rond. « Parce que le monde est
rond, le monde est brutal » Je
tiens ça de mon frère, ce n'était
pas une évidence pour moi avant,
pas de cette manière. Cette
brutalité est honnête, c'est une
question de temps et d'espace.
C'est dangereux. Il s'agit de
relations instables entre les
choses et les personnes, entre
sujets et objets. La brutalité, la
peur, la colère, la gentillesse,
comme des fonctions, sont
honnêtes et malhonnêtes à des
moments donnés, précis, en
relation avec d'autres dans des
ensembles-sentimentaux.
L'honnêteté dans ce cas sera
toujours considérée par rapports,
temps-espace, passé-futur-
présent, considérée en relations,
cause-effets, avec réflexion ou
idiotie. L'honnêteté n'est donc pas
un jugement, elle est plus que
cela, voilà pourquoi WHO IS
FRANK ? remplira une certaine
mission, les enjeux sont là.
L'honnêteté n'est pas une vertu,
elle n'a plus rien à faire avec une
certaine Raison. Un sentiment
honnête, un jugement honnête,
un acte honnête, ne sont pas
éternels, ne sont pas durables.
Cela ne serait pas vivable.
L'honnêteté est bio-dégradable,
par les corps, par delà la vie
quotidienne, elle est outil.
L'honnêteté est invivable dans la
durée, il faut l'admettre. Elle
s'échappe, c'est une sueur.
L'honnêteté est dangereuse, on
est sur un fil comme un
funambule, honnête, parce que
sans sécurité.
Es-tu honnête ou pas ? Ce n'est pas
ça, mais bien autre chose. Seras-tu
plus honnête, moins malhonnête ?
Solaris n'est pas une église, Solaris
n'est pas une école, c'est un outil
aussi, à sa manière.
Tout ça en fait, c'est mon
avis, concerne un vœux, vœux
d'espoir pas d'espérances. Il
s'agit d'un devoir, être honnête,
ne pas attendre trop longtemps et
se lancer, il n'y a pas de repos,
dire et faire ce qu'on peut, pas ce
qu'il y a de mieux à faire, être
franc, bondir. Frank est peut être
un animal domestique. Être
honnête c'est peut être avoir le
cœur chaud, être conscient que
garder sa place dans ce monde
rond n'est pas toujours facile, être
conscient qu'il faut avoir le cœur
bien accroché et bien chaud. N'y a
t-il que dans le saut à l'élastique
et en parachute que tout est
franchement lâché ? Survoler le
monde rond, c'est peut être ce
que Frank aime faire. Être
honnête avec soi même, pour les
autres. À un moment donné de
l'année 2011, sur une période
précise, ne pas mentir, ne pas
faire dans le secret. Dépasser les
bornes. Il ne faut pas se
demander si quelqu'un est
honnête ou pas, si on en a besoin,
il faut plutôt l'être le plus
possible. Il ne s'agit jamais de
confessions, il faut avoir horreur
de ça, une personne ne doit
jamais se confesser. Il y a pas de
place pour l'aveux ici et les pleurs
viendront plus tard.
À la première réunion (fictive),
c'est ce qu'on voit sur les visages
et dans les gestes des personnes
présentes. Des gens qui perdent la
tête, qui perdent la face, qui se
recentrent, qui se concentrent, qui
se rencontrent, qui prennent le
visage du voisin à tour de rôle, qui
essaieront plus tard dans la rue,
ou ailleurs. À cet instant, ils
commenceront à s'approcher de
Frank, c'est ce que je crois. C'est
un jeu de rôle, comme on aime se
faire tirer le portrait, on aimera
s'arracher son visage pour en
prendre un autre le temps d'une
petite pose : méditer, c'est se faire
violence, comme un sportif, c'est
fatiguant, douloureux, mais on
sourit quand même. C'est se
soustraire, supprimer du « moi »,
le cuir, l'utiliser comme une pâte.
Autant on aime se faire tirer le
portrait pour se mettre en valeur,
autant on n'apprécie pas
vraiment de se le faire tirer pour
se remettre en question. Et quand
on se demande si on a été
honnête, on se répond souvent à
soi même : J'ai fais ce que j'ai
trouvé bon de faire, j'ai été
honnête, je crois, peut être que
j'ai été idiot...je ne sais pas...
Depuis le début de cette réunion
fictive, les gens cherchent un
nouveau visage, sont venu pour
perdre la face, et il n'en on pas
honte, au contraire, ils sont fiers
et ça à bien tombé qu'on leur
pose la fameuse question : WHO
IS FRANK?
Il faut peut être ajouter que
Frank est bien quelqu'un, ou
quelque chose, c'est une fiction,
une figure (mais pas une
illusion), c'est ce monstre à trois
têtes très étrange mais pas si
effrayant : MOI-TOI-LUI. Cette
expression est de mon frère aussi,
je la trouve radicale et cinglante,
il ne serait pas d'accord, mais elle
est si sincère et ouverte! L'image
est faite pour moi, celle du
commencement, la première
image. Frank : c'est toi c'est moi
c'est lui, il n'y a rien de plus
simple, et je ne trouve pas ça
bête. Aussi honnête que possible,
tu te diras à toi même ceci : il n'y
a pas de morale mais qui suis-je
au juste ? Je suis un homme je ne
suis pas un homme Je suis une
femme je ne suis pas une femme
Je ne suis pas allemand je suis
allemand Je suis français je ne
suis pas français Je ne suis pas
homosexuel je suis homosexuel Je
ne suis pas Banquier je suis
banquier Je viens d'ici ou de là je
ne viens pas d'ici ou de là Je suis
ceci ou cela je ne suis pas ceci ou
cela Je fais ceci et pas cela...
...Là tu commences peut être à
être honnête pour un instant. Tu
commences à être Frank, tu
commences donc à être
quelqu'un d'autre aussi.
Maintenant beaucoup de
choses sont possibles, tu t'es
fais violence. Tu commences à
être artiste aussi, d'une certaine
façon. Vous n'avez aucune
raison de dire que vous ne
ressemblez pas à Frank. Tu n'as
pas d'excuses, mais tu n'es pas
un saint. Voilà, tu commences à
être honnête.
2
Un autre jour, tu es chez toi,
tôt le matin. Tu t'apprêtes à sortir
de chez toi. Tu finis de te
préparer dans la salle de bain,
après t'être habillé. Comme
n'importe qui, tu te regardes dans
le miroir. Maintenant, imagine
qu'il y a un dispositif relié à ton
miroir. Le dispositif est simple,
deux ampoules, une rouge une
bleue. Ton miroir deviendrait
alors un peu comme un détecteur
de mensonge (pourquoi ne dit-on
pas vérité ? Parce qu'on cherche
toujours ce qui ne va pas, parce
que montrer ce qui cloche est
déstabilisant, ce qui va n'est pas
utile) Tu regarderais tout les
matins ton miroir, comme
d'habitudes, muet, immobile, et à
chaque fois après quelques
secondes une des deux ampoules
s'allumerait. Et là, tu saurais pour
le restant de la journée.
L'ampoule clignoterait une
minute tout au plus. L'ampoule
indiquerait suivant ton visage,
ton expression, ta posture, si
aujourd'hui tu seras honnête ou
pas. Tu imagines ? Si tu vas être
toi, et si tu vas être une « bonne
personne ». je te laisse deviner
pour les couleurs. Tu vois ? La
machine ne jugerait pas, elle ne te
juge pas, jamais, elle montre, elle
constate (froidement), elle est
froide, mais elle a ses raisons, ses
ordres. La machine n'est pas une
police, pas même ton miroir, mais
la TV et parfois l'écran de
l'ordinateur ? Tu t'es déjà posé
cette question ? Je viens de me la
poser. La machine sait-elle qu'on
peut être chaud, qu'on peut avoir
le sang chaud bien rouge et froid
bien bleu, qu'on peut passer de
l'un à l'autre suivant nos
moments de vie. La machine
peut-elle être honnête ? La
machine peut calculer et donner
un résultat, j'adore les
calculatrices pour cette raison, et
les ordinateurs, c'est si simple,
c'est sans vie, ce sont des outils.
Rendre la vie à un objet, c'est à
dire ici le « faire autre », sans
jamais penser qu'il peut être
sujet, mais par le sujet, voilà qui à
été missionnaire : ça s’appelait un
readymade par exemple. C'est
donc une histoire, pas de l'art,
mais de la vie, et comme pour
celle ci, les choses (objets et
sujets) deviennent des souvenirs,
des images. Et puis parfois, on
peut faire un petit diaporama,
c'est utile, c'est inspirant. Mais
rien de plus. L'histoire de l'art est
trop fournie, à trop de détails. Il y
a trop d'objets dans cette histoire,
pas assez de sujets, libre d'agir de
penser, libre d'action et de
mouvements, il y a trop de cultes.
Et pourtant, il s'agit bien de créer
de la richesse humaine, comme
n'importe qui travaillant quelque
part. Ça ne peut pas être si
simple ?
Je reviens a cette histoire de
miroir, je reprends cette phrase
de mon frère « la pierre n'a pas de
monde, l'animal est pauvre en
monde, l'homme est configurateur
ou formateur de monde » Il
formate donc l'honnêteté, il l'a
produit, l'a construit. Ça ne peut
pas être si simple que ça ? Tu te
regardes toujours dans ton
miroir, peut être même que tu
vois le visage de quelqu'un
d'autre. Comment peut on parler
d'honnêteté pour un animal ?
Faudrait-il parler de l'instinct ?
L'instinct de conservation partagé
avec tout être vivant. Et quand il
s'agit d'attraper sa proie grâce à
un subterfuge ou un piège, quand
il s'agit de « faire penser que »,
par instinct ? Le miroir est peut
être important ici pour cela on
peut parler de reflet. Quand je me
rend compte que le monde est
rond, qu'il y a du semblable dans
la différence, que ce monde est
brutal ou jovial, en tout cas brutal
parce qu'il (te) projette face à ta
conscience, je prends conscience,
tu et il. Je fais l'expérience. « Cette
figure du retour est crucial »,
indispensable pour penser à
l'honnêteté, pour l'illustrer, peut
être la représenter. Cruciale pour
tout. J'ai pris conscience de
l'expression de l'instinct de
conservation pour moi. L'instinct
de conservation ça le connait
l'homme : face aux indigènes, aux
« gens de couleurs », aux
homosexuel, transsexuels et
trans-genres,... Face à la figure de
l'étranger, face au visage de
l'Autre.
L'honnêteté est une histoire,
un conte moral pour enfant, une
fable de La Fontaine récitée à
l'école, de la même façon que AO
nous dit qu'elle à appris « to be
Frank » pour la première fois.
L'enfant aussi est important pour
s'interroger sur l'honnêteté,
parce que l'enfant est sincère.
Sincère et instinctif ! L'honnêteté
est un moment d'une histoire ; on
devrait dire que chaque
honnêteté est un moment dans
une histoire, il n'y a pas de règle
universelle, elle est instantanée
comme une boisson chaude,
spontanée, un point variable sur
un plan, un insecte dans un
planétarium, et sans doute
qu'une manière d'être est
honnête à un moment et ne l'est
plus à d'autres. Parfois à ce
moment là, la malhonnêteté
déborde sur la loi, sur l'ordre
formaté par l'homme. Être
honnête, est-ce à la fois l'absence
de secret ici et la nécessité du
secret là ? J'ai une métaphore
idiote à propos de ça, autrement
je n'aurais plus un mot à dire ! La
métaphore est une question :
Comment puis-je savoir si je
peux, à un moment donné précis,
cueillir une fleur précise, sans
être au courant du passage de
l'abeille, sans savoir si elle est
déjà passer butiner ? Dans ce cas,
peut on se demander si la fleur
n'est pas la plus honnête des
êtres vivants impliqués dans
l'histoire. Parce que la fleur, voilà,
elle est belle et bien honnête. Est
ce parce qu'elle n'a aucun choix à
faire ? Et aucune possibilité de
choisir ? Le choix et le libre
arbitre s'opposent parfois à
l'honnêteté, et sur le plan de la
vie, les sentiments rentrent en
collisions, si bien que tout ça au
fond est difficilement calculable.
Nous ne sommes pas
complètement des machines,
nous avons besoins sans cesse
des machines. C'est bizarre, mais
dans un certain sens on peut dire
que les machines (froides) nous
rendent sensibles (chauds). Et il
faut être sensible pour être
honnête, il faut être sensible, il
faut laisser fuir (le corps). Il faut
donc dire que FRANK dans WHO
IS FRANK ? doit être une
machine. Je ne dis pas qu'il doit
être un robot (tel Assimo de
Honda...quoique) mais une
machine-formante. Une machine
sensible. Un ensemble, un
arrangement structuré de signes.
Un assemblage. Une unité
cohérente, un monde, un
territoire. Ça me fait penser a la
famille de robots créée par Nam-
June-Paik. Frank est une machine
au même titre que Solaris ou
d'autres formats, il s'agit de
regrouper pour exprimer. Pour
Solaris, les signes, les signaux, ce
sont des œuvres d'art, mais
ailleurs il pourrait s'agir de tout
autre chose. Dans un entretien,
Marina Abramovic explique, ce
qui est pour elle, la diffèrence
fondamentale entre le théâtre et
la performance : au théâtre, on
répète, et si il y a une arme ou du
sang, c'est comme au cinéma,
c'est faux, c'est artificiel. Dans la
performance, l'artiste est bien là,
le corps est bien là, tout se passe
au présent et réellement,
sincèrement. Normalement. Mais
il ne faut pas se tromper, et
confondre illusion et fiction. Il
s'agit juste de ne pas être dans le
secret, être honnête. Dire ce qui
est. Dire ce qui se passe. Ne pas
construire de murs. Ne pas se
voiler la face.
Je reviens à l'histoire du
miroir. Il arrive de parler à son
reflet dans le miroir, non ? Tu lui
dis parfois « Non, ce n'est pas
moi, vraiment pas moi » il faut
donc poser la question inverse à
la première réunion (fictive) de
Solaris: WHO IS NOT FRANK ?
Regarde dans ton miroir à
nouveau, regarde ta carde
d'identité aussi. Tu vois, tu n'es
pas Frank. Et tu ne sais pas dans
quel appartement tu es, et qui
c'est Frank, un ami ? Tu regardes
le miroir de l'appartement de
Frank, c'est toujours toi, et tu te
demandes comment tu vivrais
avec un miroir de vérité.
Comment vivrait-tu
quotidiennement avec ce genre
de machine. Et si bientôt dans
l'avenir, on pouvait tout savoir de
toi, lire ta conscience, pas ton téléphone. Un certain « Frank » se
âme (je savais que tu me présente, et demande « comment
tomberais dessus avec celle là) ? vas-tu ? ». Il appelle une dizaine
Lire dans ton cerveau, feuilleter de fois et dis « Je suis Frank,
dans les plis de ton crâne ? comment vas-tu ? » Tout ça est
bien fictif mais ce n'est pas une
Oui, Frank est bien une figure, une illusion, il y a bien quelqu'un qui
fonction, un calcul, une calculette, parle dans l'autre téléphone, il se
une machine. Il est bien une figure fait seulement passer pour Frank,
parce qu'il est un visage, le mien il joue mais il n'est pas dans
par exemple. Ou n'importe quel l'illusion ou le secret, ni le piège
autre qu'on irait chercher. Frank dont on parlait au sujet de
est géométrique, son visage taillé l'instinct. Tout ça est fictif mais
au couteau : c'est une toile, c'est pensez-y quelques secondes.
une sculpture, un corps, un objet, Pensez à tous les Frank qui vivent
un sujet, une histoire : Frank est dans le monde, qui tourne en
rond comme vous, vous tournez
une machine performante, Frank
avec eux, vous connaissez peut
est un artiste. J'ai trouvé.
être « un » Frank. Pensez à lui.
Tournez avec lui, dansez avec lui.
Un téléphone sonne cinq
Vous n'avez aucune raisons de
fois lors de la réunion (fictive).
dire que vous ne ressemblez
C'est celui de Levan. Il ne répond
pas à Frank. Tu n'as pas
pas quatre fois mais répond la
d'excuses, mais tu n'es pas un
cinquième : « Allo ? Frank ? » Mais saint. Alors voilà, je commence
tu sais que ce n'est pas Frank, ni à être honnête/QuentinMercier
aucun Frank que tu pourrais
connaître. Que t'arrive t-il
pendant cette réunion, et
qu'arrivent t-il aux machines :
beaucoup de téléphone sonnent,
les gens sont connectés à
Facebook sur des ordinateurs et
des téléphones. Les gens
répondent de partout, sont
sollicités par les personnes
derrières les machines, les
machines relient les personnes se
lient. Les gens répondent au