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Droit civil Les conditions de la responsabilité

Responsabilité : une personne responsable répond de ses actes.


La responsabilité civile et pénale incombe à la personne majeure.
Responsabilité pénale : obligation de répondre des infractions (délits ou crimes) que l’on commet.
Responsabilité civile : obligation de répondre des dommages que l’on cause à autrui.

Art. 1382 du code civil : « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige
celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».

Pour que la responsabilité civile soit engagée, il faut qu’il y ait un dommage (c’est différent pour la
responsabilité pénale). Le dommage doit être causé par un fait générateur, fautif ou non, et il faut un
lien de causalité entre le dommage et le fait générateur du dommage.

Section 1 : le dommage ou le préjudice


La preuve du dommage doit être établie par celui qui s’estime victime et pour qu’il y ait un dommage,
il faut démontrer qu’il est certain, direct et la victime doit montrer qu’elle a un intérêt légitime à agir.

Par 1. Les caractères du dommage


A. Le dommage doit être certain
Le dommage doit être subi, càd actuel et constatable. Il en résulte que le dommage éventuel n’est pas
réparable a priori. En revanche, le dommage futur est réparable s’il apparaît suffisamment probable.
Dommage éventuel : préjudice à propos duquel on ne sait pas, compte tenu des circonstances, s’il y
aura ou non préjudice.
Cas où le dommage futur est réparable : celui de la perte d’une chance par ex. mais la perte d’une
chance ne sera prise en compte pour l’indemnisation que si la chance était réelle ou sérieuse.

Ex : je suis en prépa, et deux semaines avant les concours, je fais une mauvaise chute dans les
escaliers. Résultat : j’ai les deux poignets cassés et je ne peux donc pas passer mes écrits. La perte de
ma chance d’intégrer l’ESC Lille est bien réelle et sérieuse. On demandera les bulletins de notes et les
résultats des concours blancs de l’année aux profs pour attester de la réalité et du sérieux de cette perte
de chance.

B. Le dommage doit être direct


Le dommage doit être la conséquence directe du fait qui engage la responsabilité. Il doit exister un lien
suffisamment direct entre le fait et le dommage causé. Attention, cela ne signifie pas que toute
personne autre que la victime directe ne puisse demander réparation. Ex : les victimes par ricochet
peuvent demander réparation et sont indemnisées au titre des dommages directs.

Ex : mon père est en retard, il sort de l’appartement et, alors que la lumière ne fonctionne pas, il dévale
les escaliers qui sont glissants parce que la femme de ménage vient de passer. Sa chute est brutale, il
est atteint d’un traumatisme crânien et meurt. La victime directe ne peut pas demander réparation
puisqu’elle est morte. Ce sont les victimes par ricochet qui demanderont réparation : sa famille, ses
enfants qui sont bel et bien victimes de dommages matériels (puisque c’est le père de famille qui
ramenait de l’argent à la maison), corporels (le père est désormais mort) et moraux (ils perdent un être
cher, qu’ils aimaient).

Direct : doit se référer à un fait suffisamment proche de l’événement générateur.

Ex : une vieille dame traverse la rue et je la renverse. J’appelle les pompiers, elle est victime d’une

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fracture du fémur. La vieille dame meurt dans l’ambulance qui l’amenait à l’hôpital. Ses proches se
plaignent et demande réparation pour sa mort. Je ne suis pas responsable de sa mort mais seulement de
sa fracture. La conséquence (la mort) n’est pas la conséquence directe du fait qui engage ma
responsabilité.

C. Le caractère légitime de l’intérêt


Quelle autre personne que la victime directe peut demander réparation suite à un dommage ?
− Le concubin s’il est suffisamment stable, peut légitimer l’intérêt de la victime par ricochet à
agir ;
− Aujourd’hui, les couples pacsés et les homosexuels.
L’intérêt légitime à agir évolue avec le temps et avec les mœurs.

Par 2. Les catégories de dommages


A. Dommages matériels
Ce sont les dommages causés aux biens/au patrimoine de la victime. Les dommages matériels sont
ceux qui se réparent le plus facilement.
Ex : véhicule, revenu.

B. Dommages corporels
Ils sont beaucoup plus difficiles à quantifier. Il s’agit d’une atteinte portée à l’intégrité physique de la
personne : blessure ou mort. L’indemnisation de la victime ne sera jamais parfaite en cas de dommage
corporel. Il faudra réparer le préjudice dû à la douleur physique, à des incapacités physiques, le
préjudice esthétique et le préjudice d’agrément (si, à cause du dommage, on ne peut plus pratiquer un
sport ou un art par ex alors qu’on adorait ça).

C. Dommages moraux
C’est une notion totalement extrapatrimoniale. Le dommage moral appartient au domaine du ressenti.
Il est difficile à réparer car il n’a pas de prix.
Ex : atteinte portée à l’honneur, à la vie privée.

Ex : deux bourgeoises que tout le monde connaît au village flânent et s’arrêtent dans un magasin où
elles effectuent quelques achats. Elles paient et sortent de la boutique. Mais au moment de sortir, les
barrières automatiques retentissent et le videur leur demande d’ouvrir leur sac. Outrées, elles refusent ;
elles sont alors conduites dans l’arrière boutique pour procéder à une fouille au corps. Comme elles
n’ont rien volées, elles sont relâchées. Mais le lendemain dans la gazette, le fait s’inscrit sur une demi-
page. Leur honneur est bafoué, elles ont subi un dommage moral.
Droit civil Les conditions de la responsabilité

Section 2 : le fait générateur de responsabilité


Art. 1384 du code civil : « on est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son
propre fait, mais encre de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou des
choses qu’on a sous sa garde ».

Par 1. La responsabilité du fait personnel


A. Eléments constitutifs de la faute
Les articles 1382 et 1383 du code civil édictent le principe général de responsabilité pour faute. Ils
distinguent deux types de fautes : les fautes volontaires et les fautes involontaires (négligence ou
imprudence) ; mais peu importe le type de faute, le régime de responsabilité est le même.

1. Elément légal
C’est l’élément qui permet de caractériser la faute.

2. Elément matériel
L’élément matériel peut être :
− Un fait positif : c’est une faute par commission, ce qui signifie que l’on commet un acte fautif
(ex : excès de vitesse)
− Une abstention : c’est une faute par omission, on omet de faire quelque chose et si on avait fait
cette chose, le préjudice n’aurait pas été commis. On distingue deux types d’abstention :
- Abstention pure et simple : je m’abstiens d’agir alors que si j’agissais, je pourrais éviter
un dommage, càd je fais comme si je n’y étais pas (ex : non assistance à personne en
danger). C’est puni. En droit civil, les juges doivent déterminer si l’abstention est
intentionnelle et s’il y avait intention de nuire. Dans ce cas, il y aura punition.
Ex : mon voisin part en vacance et me demande d’arroser son bonzaï. J’oublie une fois, et
le bonzaï meurt. Ici, il n’y avait pas intention de nuire, il n’y a donc pas de punition.
- Abstention dans l’action :
Ex : une vieille dame traverse sur un passage piéton. Si je ne m’arrête pas, il y a
abstention dans l’action. S’abstenir de faire quelque chose peut se révéler tout aussi grave
qu’un fait fautif. Cf l’exemple : les conséquences sont les mêmes que si j’avais accéléré.
Quelle punition pour la faute d’abstention dans l’action ? on se réfère à ce qu’aurait fait un
bon père de famille (un homme raisonnable) pour caractériser la faute.
Ex de faute d’omission : un écrivain écrit un livre sur la V° République et omet de citer
un des personnages clé de cette période.

3. Elément moral
C’est l’élément moral qui distingue la faute civile (qui comporte un élément moral) de la faute pénale.
La responsabilité civile nécessite un dommage : il faut que la responsabilité civile soit engagée pour
qu’il y ait dommage et donc faute civile. Si la faute est intentionnelle, les tribunaux doivent rechercher
s’il y a eu intention de nuire et qui a eu intention de nuire. Il s’agit d’une recherche au cas par cas,
d’un raisonnement in concreto.
Si la faute est une faute par imprudence, les tribunaux vont faire référence à la norme, celle du bon
père de famille, pour statuer. Ici, c’est un raisonnement in abstracto.
Les juges ont le pouvoir de qualification des faits : fautifs ou non fautifs.

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B. L’imputabilité de la faute
En principe, il faut qu’il y ait capacité de discernement : pour commettre une faute, il faut qu’on
comprenne qu’on la commette. Mais le droit civil écarte quasi systématiquement cette notion de
discernement parce que ce qui compte pour le droit civil, c’est l’indemnisation des victimes.

1. Faute de la personne sous l’empire d’un trouble mental


L’art. 489-2 du code civil dispose que celui qui a causé un dommage à autrui alors qu’il était sous
l’empire d’un trouble mental n’en est pas moins obligé de réparation.

2. Faute du très jeune enfant


Très jeune enfant = enfant de moins de 7 ans, 7 ans étant l’âge de la raison.
Jusqu’en 1984, en-dessous de 7 ans, l’enfant n’était pas responsable parce qu’il n’avait pas la capacité
de discernement. La victime pouvait demander réparation aux parents de l’enfant mais seulement pour
responsabilité du fait d’autrui.
En 1984, on observe un revirement de jurisprudence.
Ex : deux enfants de 5 ans jouent avec un bâton, et l’un crève l’œil de l’autre. L’enfant qui a crevé
l’œil de son camarade est orphelin et vit chez sa tante qui ne dispose que de maigres revenus. Cet
enfant avait hérité d’une somme assez conséquente, l’enfant était donc solvable, et la responsabilité du
fait personnel est engagée.
La jurisprudence dispose qu’ « il n’est pas nécessaire pour engager la responsabilité du fait personnel
d’avoir la qualité de discernement ».

C. Les faits justificatifs


Est-ce qu’on ne peut pas justifier que dans certaines circonstances, on était obligé de commettre la
faute, sinon quoi elle aurait été pire ? Ou alors peut-on prouver que c’est le comportement de la
victime qui a généré une faute de notre part ?

1. Les circonstances extérieures


Si elles n’avaient pas existé, on n’aurait pas commis la faute. Ex : une vieille dame traverse sur un
passage piéton. Il est trop tard, même en freinant. On contre-braque et on se retrouve dans la vitrine
d’un magasin. La faute est d’avoir casser la vitrine de la boutique, mais c’est moins grave que d’avoir
ôté la vie de la vieille dame.
Problème : l’état de nécessité est extrêmement difficile à prouver.

2. L’attitude de la victime
Très souvent, l’attitude de la victime n’est pas étrangère à la réalisation du dommage. Dans certains
cas, on peut prendre en compte l’attitude de la victime pour s’exonérer d’une partie des
dédommagements. Il faut prouver la faute de la victime, et c’est à l’auteur de l’accident de la prouver.

Par 2. La responsabilité du fait des choses


L’art. 1384-1 dispose qu’on est responsable non seulement d’un dommage qu’on cause par son propre
fait mais encore de celui des personnes dont on doit répondre ou des choses que l’on a sous sa garde.
L’art. institue une présomption de responsabilité et non, comme 1382, une simple présomption de
faute. Cet article est quasi inéfragable, càd qu’il est pratiquement impossible à combattre.
On ne peut pas s’exonérer de sa responsabilité en prouvant qu’on n’a pas commis de faute.
Pour que la responsabilité du fait des choses puisse être invoquée, il faut un fait de la chose, et un
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gardien de la chose.
A. Un fait de la chose
1. Une chose inanimée
Ex de chose inanimée : un meuble.
Une chose inanimée peut donner lieu à la responsabilité du fait des choses. Dès que la chose existe et
est impliquée dans l’accident, 1384 s’applique. Cependant, il existe quelques exceptions :
− Les véhicules terrestres à moteurs pour lesquels on applique la loi 2-85 ;
− Les accidents d’avions qui sont régis par une loi spéciale ;
− Les accidents impliquant des navires qui là aussi nécessitent une loi spéciale.
− La chose qui n’existe à personne car elle n’a pas de gardien.
Ex : on se fait assommer par 2m3 de glace (neige accumulée sur un toit), sachant qu’on est aux
sports d’hiver. La glace n’appartient à personne, si l’accumulation n’est pas fautive.
Ex 2 : accident de ski. On tombe sur une plaque de verglas et en tombant, on fauche un autre
skieur qui voit ses deux jambes fracturées. Comme on fait corps avec nos skis, on est
considéré comme une chose, on n’est pas gardien de nos skis dans ce cas, et la responsabilité
du fait de la chose ne peut donc pas être invoquée.

2. Un fait de la chose
Ex de chose animée : un animal.
Le fait de la chose est le lien de causalité qui existe entre la chose et le dommage : la chose doit être
génératrice du dommage. L’art. 1384 n’est applicable que s’il y a un fait de la chose. Plusieurs choses
sont tout de même à noter :
− Il n’y a pas forcément de contact avec la chose.
Ex : une femme va à Biarritz pendant l’été et assiste à une corrida. Le taureau est
particulièrement en forme ce jour-là, et embroche la barrière derrière laquelle elle se trouve.
Elle n’est pas touchée mais elle a eu la peur de sa vie et tombe en dépression nerveuse. Ici, il
n’y a pas de contact avec la chose mais l’impact psychologique suffit pour causer le dommage
et donc pour parler de fait de la chose.
− Il n’est pas nécessaire que la chose soit en mouvement.
Ex : chez Carrefour, on va faire ces courses et on s’arrête devant le rayon des glaces. On
tombe à cause d’une flaque d’eau et on se casse le col du fémur. La chose est inerte mais elle
n’avait pas à être là.
Ex 2 : on tombe dans des escaliers qui ne sont pas normalement éclairés.
− Peu importe que la chose ait une dynamique propre ou qu’elle soit mue pas la main de
l’homme, il y a nécessité du rôle actif de la chose, la chose doit être l’instrument du dommage.
Une chose n’est pas l’instrument du dommage toutes les fois qu’elle a un comportement
normal.
Ex : si on glisse dans des escaliers bien éclairés et non glissants, ce n’est pas la peine
d’invoquer 1384.
− Il faut prouver le rôle actif de la chose. Mais qui doit le prouver ? La preuve du fait actif de la
chose/ de l’intervention de la chose incombe à la victime.
- Si la chose est en mouvement, et qu’il y a eu un contact matériel avec la victime ou la
chose endommagée : le rôle actif de la chose est présumé. Le gardien de la chose ne
pourra quasiment jamais s’exonérer de sa responsabilité sauf en prouvant la cause
étrangère (mais c’est très difficile).
- Si la chose est en mouvement mais qu’il n’y a pas eu de contact ; ou si la chose n’est pas
en mouvement : la victime doit prouver que la chose est intervenue et qu’il y a eu un rôle
actif de la chose.

B. Le gardien de la chose
1. Existence de la garde

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La garde est nécessaire pour invoquer 1384. La garde de la chose suppose trois caractéristiques : pour
être gardien de la chose, il faut en avoir :
− L’usage ;
− Le contrôle ;
− La direction.
Le propriétaire est présumé gardien de la chose quitte à ce qu’il démontre qu’au moment du fait de la
chose, il n’en était pas gardien, il en avait transféré la garde.
Ex : dans un accident de voiture, j’ai emprunté la voiture de mon père, je suis le gardien de la chose.
Ex 2 : le chauffeur n’est pas le gardien de la chose, c’est le préposé (état de subordination) du
propriétaire de la chose qui décide de la direction. Mais si le préposé s’affranchit des ordres que lui
donne son commettant, alors il devient le gardien de la chose : dès qu’il abuse de ses fonctions, le
préposé devient le gardien de la chose.
Ex : si un livreur de pizza utilise une autre route que celles indiquées sur son itinéraire, pour
faire autre chose que de livrer des pizzas, alors il est gardien de la chose (de son scooteur).

2. Perte de la garde
Le propriétaire de la chose, présumé gardien de la chose, peut parfois s’exonérer de ses responsabilité
en démontrant qu’il en a transféré la garde. Il s’agit alors d’une perte de garde volontaire. Ex : location
d’un immeuble, le transfert du bien est évident.
Mais c’est plus compliqué lorsque la perte de la garde est involontaire. En effet, en cas de vol, qui est
responsable ? L’arrêt de principe est l’arrêt Franck (1961) : un jeune homme avait emprunté la voiture
de son père pour aller en boîte mais il s’est fait voler la voiture pendant la nuit et elle a causé un
accident mortel. Le lendemain, le jeune homme s’est fait arrêté par les policiers car il était présumé
gardien de la chose et donc considéré comme responsable de l’accident. La cour de cassation a donc
procédé à un revirement de jurisprudence : à partir du moment où il y a usurpation (ex : vol), le
gardien de la chose est considéré comme ayant perdu l’usage, le contrôle et la direction de la chose.

En principe, il y a un propriétaire de la chose, mais il arrive qu’il y ait des copropriétaires. On doit
alors considérer le caractère alternatif de la garde :
Parfois on ne sait pas s’il y a un ou plusieurs gardiens de la chose.
Ex : accident de chasse, on a observé plusieurs tirs en même temps et il en résulte qu’un homme est
mort. La cour de cassation a disposé qu’en ce qui concernait les chasseurs qui avaient tous tirés en
même temps, ils étaient co-gardiens de la gerbe de plomb et coresponsables. Mais ce principe est
utilisé dans des circonstances précises : à partir du moment où on ne peut pas prouver qui était gardien
de la chose (càd celui qui avait au moment précis de l’action le contrôle, l’usage et la direction de la
chose), le gardien est le propriétaire. Il faut pouvoir prouver le transfert.

On doit aussi distinguer la garde de la structure de la garde du comportement :


Ex : marchandises transportées d’un point A à un point B. Le camion qui transporte les marchandises
provoque un accident et les victimes vont mettre en cause la société de transport mais aussi la société
de matière transportée si elle est dangereuse. Pour être indemnisées de la façon la plus globale
possible, les victimes ont intérêt à mettre en cause les deux sociétés.
Ici, garde de la structure : la matière ; garde du comportement : le conducteur.
Ex 2 : une femme achète une bouteille de Perrier. Elle lui explose entre les mains au moment de passer
en caisse, càd avant qu’elle l’achète, et lui sanctionne un tendon. Ici, il n’y a pas de responsabilité
contractuelle car elle n’a encore rien payé : il y a seulement responsabilité extracontractuelle.

3. Cause d’exonération
Le gardien peut-il s’exonérer de sa faute ? Le gardien de la chose est responsable du fait de la chose
qu’il a sous sa garde. Peut-il se dédouaner de sa responsabilité en prouvant qu’il n’a pas commis de
faute ? En principe, non car il ne s’agit pas d’une responsabilité de faute. Oui ssi il prouve qu’il y avait
un cas de force majeure, càd qu’il y a eu un fait extérieur irrésistible et imprévisible.
− Fait extérieur à la chose :
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Ex : une grue qui s’effondre une nuit de tempête alors qu’elle était bien arrimée, il n’y a pas de
vice interne de la chose.
− Fait irrésistible : fait qui arrive alors que le gardien de la chose avait fait tout ce qui était en
son pouvoir pour éviter le dommage.
− Fait imprévisible : ex, ne pouvait pas être prévu par la météo.

Quand il y a responsabilité du fait des choses, il arrive qu’un tiers soit en partie responsable. Le
gardien est responsable du fait de la chose sauf si :
− Le fait du tiers n’exonère pas la responsabilité du gardien de la chose ;
− Le fait du tiers était extérieur, imprévisible, irrésistible.
Par contre, le gardien de la chose aura la possibilité de se retourner contre un tiers et de lui demander
des dommages et intérêts : action récursoire. (La victime ne pourra, quant à elle, que s’en retourner au
gardien de la chose).

Par 3. Responsabilité du fait d’autrui


Relation parents/enfants, employeur/employé, commettant/préposé. Ces dernières années, la
juridiction a étendu la responsabilité du fait d’autrui, mais c’est dangereux car cette responsabilité est
irréfragable.

A. Responsabilité des parents du faits de leurs enfants mineurs


L’art. 1384-4 CC est basé sur la présomption de faute : on arrive en s’en sortir si on prouve qu’on n’a
pas commis de faute.

1. Conditions d’une telle responsabilité


Pour que la responsabilité du fait d’autrui soit engagée, et pour pouvoir invoquer 1384-4, il faut que :
− L’enfant soit mineur ;
− Les responsables de l’enfant soient le père et la mère (responsabilité liée au droit de garde) ;
− L’enfant habite chez ses parents ;
− Il faut qu’il y ait un fait de l’enfant, càd qu’il ait causé un dommage (que son acte soit la cause
directe du dommage invoqué par la victime).

2. Effets d’une telle responsabilité


Aujourd’hui, la capacité de discernement ne rentre plus en compte (peu importe l’âge, c’est pareil). En
général, l’enfant n’est pas solvable, et les parents sont assurés, le père et la mère sont solidairement
responsables. Jusqu’en 1998, les parents pouvaient s’exonérer de leur responsabilité en prouvant qu’ils
n’avaient commis aucune faute : pas d’erreur d’éducation ni de surveillance. Mais la cour de cassation
est revenue sur ce principe : la responsabilité du fait d’autrui doit être plus lourde, ça doit être une
présomption de responsabilité (et non de faute) et donc pour s’exonérer, il faut maintenant prouver le
cas de force majeure (événement extérieur, imprévisible, irrésistible).

B. Responsabilité du commettant vis-à-vis du préposé


L’art. 1384-5 CC dispose que les maîtres ou commettants sont responsables des dommages causés par
leurs domestiques ou préposés dans les fonctions dans lesquelles ils sont employés.

1. Conditions de la responsabilité des commettants


− il faut un lien de préposition, càd de subordination : on doit obéir à quelqu’un. Les maîtres ou
commettants ont un pouvoir de direction, de surveillance et de contrôle sur leurs préposés.
Ordinairement, ce lien découle du contrat de travail, mais parfois le lien de préposition peut

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servir plusieurs commettants. Que faire en cas de dommage commis par le préposé, si l’ordre
ne vient pas du commettant ?
Ex : chauffeur employé par une autre personne, mise aux ordres d’une autre personne.
Il faut effectuer un transfert du lien de subordination vers le donneur d’ordre, mais il faut
pouvoir le prouver : qui avait la direction effective sur le préposé au moment du dommage ?
− il faut un fait du préposé (le préposé doit faire qch causant un dommage), et pour que le
dommage du préposé entraîne la responsabilité du commettant, il faut :
- un fait illicite
- il faut que le fait ait été accompli dans l’exercice des fonctions du préposé
Problème : où se situe la ligne entre le cadre de mes fonctions et le hors-cadre ?
Il arrive qu’un préposé abuse ou dépasse ses fonctions. Avant 1988, on observait si le
préposé s’était mis lui-même en dehors de ses fonctions. L’arrêt ayant fait
jurisprudence en 1988 est l’arrêt de l’assemblée Phénicie de la cour de cassation : on
ne peut augmenter de telle façon les charges d’une entreprise avec des assurances pour
se prémunir. La cour de cassation a disposé que le commettant pouvait s’exonérer de
sa responsabilité s’il arrivait à prouver que le préposé avait agit :
- sans autorisation ;
- à des fins étrangères à ses attributions ;
- en se plaçant ainsi hors des fonctions auxquelles il était employé.
y-a-t-il dépassement des fonctions ? La cour de cassation estime que quand on
travaille dans un cabinet d’assurance, ça ne fonctionne pas, donc le commettant est
responsable.

2. Effets de la responsabilité des commettants


Seule possibilité pour le commettant : se retourner contre le préposé, mais ce dernier étant peu
solvable, ça ne pourra jamais rembourser le commettant. Présomption de responsabilité du fait d’autrui
beaucoup plus lourde. Ces dernières années, on va dans le sens de l’extension de la responsabilité du
fait d’autrui. Elargissement : l’arrêt Blieck, de la cour de cassation de l’Assemblée Plénière 1991
(suivi de l’arrêt 1995) concernait un jeune handicapé, sous la garde d’un établissement spécialisé. Ses
parents en avaient la responsabilité mais ils étaient peu solvables. Il n’y eu aucune faute de garde
commise car l’enfant n’était pas chez ses parents. La cour de cassation a admis que la responsabilité
du fait d’autrui pouvait concerner une autre personne que les parents pour un mineur.
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Section 3 : le lien de causalité


Lien de causalité entre le dommage et le fait générateur du dommage.

Par 1. Exigence d’un lien de causalité


A. Nécessité d’un lien de causalité
Le lien de causalité est nécessaire quand on veut obtenir réparation et il doit être un lien suffisamment
direct.

B. Caractère du lien de causalité


Lien de causalité direct : il doit être rapporté par la victime. Il peut y avoir plusieurs liens de causalité
mais il faut faire le tri entre les plus directs et les indirects (qu’on ne prendra pas en compte pour
l’indemnisation).
Il ne faut pas une trop grande disproportion entre le fait générateur du dommage et le dommage.
Ex : on bouscule une vieille dame. Conséquence : son fémur est cassé. Trois jours plus tard, elle meurt
à l’hôpital. Le défendeur va essayer de prouver que le lien de causalité est trop éloigné. On n’a pas à
réparer la mort mais seulement l’accident.
Arrêt de la cour de cassation : il ne faut pas qu’une trop grande disproportion existe entre le fait
générateur du dommage et le dommage.

C. Preuve du lien de causalité


C’est la victime qui doit prouver le lien de causalité. C’est ensuite l’avocat du défendeur qui devra
examiner tous les arguments de la victime et essayer d’écarter les liens de causalité en démontrant
qu’ils sont trop indirects.

Par 2. Les causes d’exonération


A. Causes étrangères au défendeur et à la victime
Le défendeur pourra s’exonérer s’il prouve qu’il y avait force majeure (événement extérieur
imprévisible et irrésistible). Si le défendeur prouve qu’il y a eu un fait d’un tiers, avec des caractères
de la force majeure à l’origine du dommage, il pourra s’exonérer de sa responsabilité.

B. Causes étrangères au défendeur mais provenant de la victime


1. Comportement de la victime
Lorsque le comportement fautif de la victime est la cause exclusive de l’accident, on estime que le lien
de causalité n’est plus valable et l’indemnisation de la victime est donc écartée. Si la faute de la
victime a contribué, pour partie, à la réalisation du dommage, mais n’en est pas exclusivement
responsable, les tribunaux observent un partage de responsabilités, mais c’est très inégal.
Il y a deux approches du lien de causalité :
− Certains juges ne se basent que sur la gravité de la faute de la victime
− D’autres se basent sur l’importance de la faute causale.
Les conséquences sont importantes car l’indemnisation ne sera pas la même en fonction de l’approche
choisie.
Ex : accident de voiture alors qu’on ne s’était pas attaché à l’arrière. On est simple passager, donc on
est victime, on se retourne contre le conducteur. Si le conducteur n’a pas fait de faute de conduite, on

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retient la faute de la victime : elle ne s’était pas attachée. Suivant la lecture du juge (gravité de la faute
ou importance du rôle causal), l’indemnisation ne sera pas la même.
On tient toujours compte de l’acceptation des risques. Si les risques sont acceptés, on ne peut pas
demander réparation sur les fondements 1382 et 1384.

2. Prédisposition de la victime au dommage


En ce qui concerne le lien de causalité, on ne doit pas tenir compte des prédispositions de la victime.
Mais pour l’indemnisation, on doit en tenir compte si ça a changé la nature de l’infirmité (s’il s’agit
d’une simple aggravation, on n’en tient pas compte).

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