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DOSSIER

Tourisme, le Maroc face à la crise


Malgré une année 2009 sur fond de crise, le secteur du tourisme a tiré son
épingle du jeu
L’Organisation Mondiale du Tourisme table sur une reprise de 1 à 3%
Le Maroc mise quant à lui sur une croissance de + 10 %

Yassir Zenagui : «pour un tourisme qualitatif, durable et


Dossier réalisé
par Rachid Alaoui responsable» 21
conjoncture@cfcim.org
Investissements touristiques, la dynamique se poursuit 23
Plan Azur : l’ambitieux programme qui a intégré le Maroc
dans le tourisme balnéaire 24
Entretien avec Abdelhamid Addou, Directeur général de l’ONMT 26
Compagnies low cost, Royal Air Maroc prépare sa contre-attaque 26
Entretien avec Marc Thépot, P-dg du groupe Accor Maroc 28
Ressources humaines, la quantité et la qualité doivent aller de pair 30
Entretien avec Othman Cherif Alami, Président de la Fédération
nationale du tourisme (FNT) 31
Entretien avec Mohamed Benamour, Pdg de KTI Voyages 32

pacité de résistance en réalisant des


performances plus qu’honorables.
Pour preuve, le bilan chiffré de l’an-
née 2009 : 8,35 millions de touristes
soit une croissance de + 6 % (contre
+ 5,5 % au niveau mondial), 16,2 mil-
lions de nuitées (légère baisse de - 1,6
par rapport à 2008), 52,4 milliards de
dirhams de recettes touristiques, soit
une baisse de – 5,7 % (contre - 20 %
au 1er trimestre 2009) et la création
de 13.000 nouveaux lits (dont 40 % à
Marrakech). «Tous ces résultats sont
Source : Mazagan Resort le fruit d’efforts concertés entre le
Le complexe touristique de Mazagan Resort situé dans la région d’El Jadida.
public et le privé, d’une capacité d’an-
ticipation et d’une dose d’innovation.
Malgré une année 2009 sur fond de le secteur du tourisme a tiré son Mais au-delà de cela, ces résultats dé-
crise économique internationale, épingle du jeu et a démontré une ca- montrent la qualité des choix straté-

Conjoncture N° 912 - Février 2010 - 21


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giques qui ont été faits dans le cadre l’économie mondiale. Les experts
de la «Vision 2010». Cela nous per- internationaux économiques et tou-
met, aujourd’hui, un positionnement ristiques tablent sur une reprise de
compétitif. l’économie mondiale
Nous devons le conso- «La «Vision 2020», de l’ordre de + 3,1 %,
lider et le développer», initiée par SM le Roi selon le FMI, et du tou-
indique Yassir Zenagui,
Mohammed VI doit risme mondial entre +
le nouveau ministre 1 % et 3 %, selon l’Or-
en charge du Tou- consolider les acquis ganisation Mondiale
risme et de l’Artisanat. et les réalisations du Tourisme. Pour
Pour lui, l’année 2010 de la «Vision 2010» notre part, et dans ce
sera une année cru- contexte, nous ambi-
ciale durant laquelle avec la poursuite tionnons de réaliser Source : R. Alaoui

les défis conjonctu- de la dynamique une croissance de + Yassir Zenagui, nouveau ministre du Tourisme.
rels et structurels se- d’investissement». 10 %, soit 3 fois la ten-
ront nombreux. «Sur dance internationale, ditionnelle de lits. Ceci nous impose
le plan conjoncturel, l’année 2010 une partie de cette croissance pro- de faire face à des défis importants
devrait renouer avec la reprise de venant de la nouvelle capacité ad- pour réaliser nos objectifs», annonce
Yassir Zenagui. Pour cela, et selon le
ministre, le Maroc devra continuer à
anticiper et innover pour renforcer la
destination Maroc auprès des mar-
chés émetteurs, de renforcer la force
de frappe commerciale afin d’inciter
les partenaires à programmer la des-
tination et faire face à la concurrence
de plus en plus agressive, de réunir
toutes les conditions pour maintenir
et densifier les dessertes aériennes
et accélérer la dynamique d’investis-
sement. «C’est vital pour concrétiser
les projets en cours et pour donner de
la visibilité à moyen terme sur les op-
portunités d’investissement. Et enfin,
à améliorer la compétitivité du pro-
duit marocain notamment à travers
le renforcement de la qualité d’hé-
bergement», dit-il.
Il appelle à une action d’ordre struc-
turelle avec la concrétisation de la
refonte du dispositif de contrôle et
de classement des hôtels et à donner
plus de place (et de sens) à la notion
de service, conformément aux stan-
dards internationaux.
2010 sera également l’année du lan-
cement de la «Vision 2020», initiée
par SM le Roi Mohammed VI. «La
«Vision 2020» doit consolider les ac-
quis et les réalisations de la «Vision
2010» avec la poursuite de la dyna-
mique d’investissement. Le tout en
se focalisant sur un tourisme plus
qualitatif, plus durable et plus res-
ponsable. Seule une mobilisation pu-
blic / privée, comme celle qui a préva-
lue pour la «Vision 2010», permettra
d’initier les grands chantiers à même
de réaliser cette nouvelle ambition»,
souligne Yassir Zenagui.

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Investissements touristiques
La dynamique se poursuit
Les investissements continuent à tirer vers le haut le secteur touristique marocain
50 milliards de dirhams de conventions d’investissement
Création de plus de 48 000 lits supplémentaires et de plusieurs dizaines de milliers
d’emplois
Crise ou pas, la dynamique des inves- 618 millions de dirhams sur une unité
tissements touristiques ne semble pas de 800 chambres. HParteners réalisent
fléchir. Un peu plus de 50 milliards de 2 unités hôtelières à Marrakech d’une
dirhams d’investissements touristiques capacité de 514 lits pour un montant de
ont fait l’objet de signatures de conven- 230 millions de dirhams. Le Domaine
tions d’investissement entre opérateurs Palm mise sur 2 hôtels à Marrakech
locaux et/ou étrangers et l’Etat maro- pour un investissement de 1 180 mil-
cain entre 2007 et 2009. lions de dirhams. Quant au Groupe
Hors investissements liés aux stations Saham, il construit un hôtel pavillon
des plans touristiques (Azur, Madaa’In à Marrakech. De même, Pierre & Va-
et Biladi), plusieurs projets d’investisse- cances et la CDG vont investir 1,1 milliard Source : Internet
ments d’envergure continuent à être de dirhams sur la période 2009-2012 sur Palais des Congrès de Marrakech.
lancés dans les grandes villes touris- la réalisation de résidences touristiques
tiques du Maroc. Rien que pour 2009, (1 740 appartements et résidences) La poursuite de l’engouement des in-
les différents projets d’investissement d’une capacité de 15 000 lits sur 4 sites vestisseurs pour le secteur touristique
annoncés et ayant fait l’objet de signa- (Marrakech, Rabat, Fès et Casablanca). s’explique essentiellement par le fait
tures de conventions d’investissement Grâce à cette dynamique des investis- que le secteur est érigé en secteur stra-
ont atteint 10,8 milliards de dirhams et sements touristiques, on est passé de tégique depuis le lancement de la «Vi-
devront créer environ 9 000 emplois di- la réalisation de 1 500 lits en moyenne sion 2010». Outre la visibilité offerte
rects. «Ces investissements démontrent sur la période allant de 1980 à 2000 à par cette nouvelle politique de déve-
la confiance des investisseurs pour les plus de 8 000 lits en moyenne annuelle loppement du secteur, les investisseurs
fondamentaux de notre pays», a souli- sur la période 2003-2008. Et pour 2009, ont été encouragés par les incitations
gné le nouveau ministre du Tourisme, une capacité de 13 000 lits supplémen- (foncier accordé à des prix symboliques,
Yassir Zenagui, lors du Moroccan Travel taire a été enregistrée dont 40 % sur incitations fiscales, aménagement des
Market, le Salon international des pro- la seule ville de Marrakech. Ainsi, la ca- infrastructures hors site, etc.) accordées
fessionnels du tourisme de Marrakech, pacité litière du secteur est passée de par l’Etat aux opérateurs. Les investisse-
qui s’est tenu du 14 au 17 janvier 2010. 97 000 lits en 2001, dont une importante ments touristiques ont été également
Si l’aménagement des cités d’Atta- partie non commercialisable, à plus de permis par la mise en place au cours
layoum et de Marchica à Nador consti- 162 000 lits classés actuellement. de ces dernières années de fonds d’in-
tue l’annonce phare de l’année 2009, vestissement hôtelier qui participent
avec un investissement de 7 milliards de Visibilité de la «Vision 2010» activement au financement du secteur.
dirhams pour la première tranche de ce Malgré cette dynamique des investisse- Parmi les fonds les plus dynamiques
projet qui nécessitera un investissement ments, on est encore loin des objectifs figurent HParteners, piloté par Attija-
global de 46 milliards de dirhams, plu- de 230 000 lits programmés pour 2010 riwafa bank et la Banque Populaire,
sieurs autres programmes d’investisse- dans le cadre de la «Vision 2010». Cette Actif Invest et Maghreb Siyaha Fund,
ments hôteliers et touristiques ont été politique aura tout de même permis la gérés par BMCE Bank, et TCapital de la
annoncés par des opérateurs nationaux création de plus de 50 000 emplois di- banque d’affaires CFG Group.
et étrangers et ont fait l’objet de signa- rects depuis son lancement en 2001. Pour l’avenir, les investissements tou-
ture de conventions d’investissement. Par ailleurs, du point de vue de la ré- ristiques pourraient connaître une nou-
C’est le cas d’Accor Hospitality qui s’est partition géographique des investis- velle impulsion si les signes de reprise
engagé sur un investissement de 1,5 mil- sements touristiques, la ville de Mar- de l’économie mondiale se confirment
liards de dirhams devant permettre au rakech demeure de loin la plus attrac- et que le secteur touristique en tire
leader du secteur hôtelier marocain de tive aux yeux des investisseurs. La pre- profit. Le ministère du Tourisme reste
faire passer de 15 à 25 le nombre de ses mière destination touristique du pays optimiste quant aux perspectives de
unités hôtelières à l’horizon 2013 tout a ainsi vu sa capacité litière croître de croissance des investissements touris-
en accordant une attention particulière plus de 50 % depuis le lancement de la tiques et table ainsi sur 80 milliards de
à l’hôtellerie économique (EtapHotel «Vision 2010» et elle devrait doubler sa dirhams d’investissements sur la pé-
et Ibis). Actif Invest et le groupe fran- capacité avec les nombreux projets en riode 2009-2014, soit une moyenne de
çais, «Nouvelle Frontière» investissent cours de réalisation. 20 milliards de dirhams par an.

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Plan Azur
L’ambitieux programme qui a intégré le Maroc dans le tourisme balnéaire

Lancé en 2001, dans le cadre de la «Vision 2010», le Plan Azur visait la créa-
tion de 110.000 lits dont 70.000 lits hôteliers pour un investissement global de
50 milliards de dirhams
Avec la crise financière et son impact sur le secteur touristique, le plan a été
redimensionné
N’empêche, avec les ouvertures des stations de Saïdia et de Mazagan Beach
Resort, le Maroc intègre désormais le balnéaire dans son offre touristique

Dans le sillage de la «Vison 2010»,


déclinée lors des premières Assises
nationales du tourisme lancées en
2001, érigeant le tourisme en secteur
stratégique, le Maroc avait affiché
son ambition de devenir une destina-
tion balnéaire de référence. Partant de
rien ou presque dans ce domaine, les
concepteurs de la «Vision 2010», dont
l’objectif est d’accueillir 10 millions de
touristes en 2010 ont fait du Plan Azur,
qui consistait en la mise en place de 6
stations balnéaires – Taghazout (Aga-
dir), Mogador (Essaouira), Port Lixus
(Larache), Saïdia, Mazagan (El Jadida)
et Plage Blanche -, la colonne verté-
brale de cette nouvelle stratégie tou-
ristique.
L’Etat a fait appel à des investisseurs
aménageurs-développeurs étrangers
disposant de ressources financières
et des expertises requises dans le do-
maine. L’objectif était de créer, sur un
foncier total de 3 500 hectares, plus de
50 hôtels, des milliers de villas et de
résidences touristiques, des villages
de vacances, des maisons d’hôtes, des Saidia Mediterranea, le premier site du Plan Azur à être inauguré en 2009.
golfs, des marinas, des centres com-
merciaux, et d’autres infrastructures veloppement économique et social, a stations ont été accordés à des inves-
sportives et de loisirs. En tout, le Plan pris en charge les infrastructures hors tisseurs étrangers : Saïdia à l’espagnol
Azur devait permettre la création d’une site et a accordé des subventions aux Fadesa Martinsa. Ou à des consortiums
capacité litière de 110 000 nouveaux investisseurs en leur cédant le fon- dirigés par des opérateurs étrangers
lits dont 70 000 lits hôteliers pour un cier à moitié prix. Les banques locales dont le néerlandais Orco, le belge Tho-
investissement évalué à 48,5 milliards aussi ont été mises à contribution en mas & Piron (Port Lixus), le sud-africain
de dirhams. Ce projet structurant de- accordant des lignes de crédits aux Kerzner (Mazagan) et le saoudien Dallal
vait avoir une répercussion socio-éco- promoteurs. Al-Baraka (Taghazout).
nomique indéniable dans toutes les Reste que le programme a connu
régions où sont implantées les sites Promoteurs marocains quelques ratées. Des retards impor-
avec à la clé la création de 210 000 em- Grâce à ces incitations et facilités d’ac- tants par rapport aux deadlines de
plois dont 35 000 emplois directs. Afin cès aux lignes de crédits bancaires, départ ont été enregistrés pour les dif-
d’encourager les investisseurs, l’Etat, à les investisseurs étrangers se sont férentes stations. Le non respect des
travers le Fonds Hassan II pour le dé- positionnés. Les aménagements des engagements par certains investis-

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seurs, les problèmes liés au foncier, le Ambitions revues à la baisse Fonds Renovotel 2010
manque de moyens financiers et, enfin, Du fait des retards signalés, seules deux
l’impact bousculé de la crise financière stations ont été ouvertes en 2009 : Saï- Un coup de fouet pour
sur certains investisseurs ont le dérou- dia (juin) et Mazagan (octobre). Ces deux le secteur hôtelier !
lement du programme stations, inaugurées en
de réalisation des dif- Le Plan Azur devrait grandes pompes, n’of- C’est enfin signé ! La convention de
férentes stations. Ainsi, permettre la création frent actuellement que 3 mise en œuvre du fonds Renovotel
Colbert Orco, Thomas unités hôtelières (2 à Saï- 2010 a été officialisée, le 15 décembre
& Piron et Colony Capi- d’une capacité litière dia et 1 à Mazagan). Pour 2009. Très attendu, programmé puis
tal (qui avait remplacé de 110.000 nouveaux les stations Port Lixus et déprogrammé, le fonds Renovo-
Dallal Al-Baraka) ont lits. Mogador, les premières tel 2010 a été signé en présence de
été dans l’incapacité de unités hôtelières de- Othmane Benjelloun, président du
tenir leurs engagements et ont cédé vraient ouvrir leurs portes aux touristes GPBM (Groupement professionnel
leurs participations au promoteur en 2011, même si certaines villas, rési- des banques du Maroc), Salah Eddine
immobilier et touristique marocain dences hôtelières et golfs seront livrés Mezzouar, ministre de l’Economie et
Alliances et au fonds d’investisse- dès 2010. Pour la station Plage Blanche des Finances, Mohamed Boussaïd, mi-
ment touristiques HPartners. Mar- de Guelmim, après les difficultés de nistre du Tourisme alors en exercice et
Fadesa, c’est la société égyptienne «Big Ali Ghannam, président de la Fédéra-
Albatros» qui reprend l’aménagement tion nationale de l’industrie hôtelière,
de la station. Celle-ci va investir une en- réunis pour signer les conventions
veloppe de 1,5 milliard de dirhams sur 2 relatives à ce fonds et ce à l’issue de
hôtels et des parcs de plaisance sur une la réunion du comité de veille straté-
superficie de 50 hectares. Rappelons que gique. Pour Salah Eddine Mezzouar,
Fadesa s’était engagée sur la réalisation «le fonds Renovotel 2010 s’inscrit dans
de 8 hôtels de 4 et 5 étoiles, 5 000 rési- le cadre de la mise en place de mesures
dences (villas et appartements) et un volontaristes d’accompagnement
parcours de golf. du tourisme», tient-il à souligner. Ce
Face aux retards et à la révision à la fonds est ouvert aux hôtels classés de
baisse de certains programmes d’in- 1 à 5 étoiles, aux hôtels clubs et aux ré-
vestissement, l’ancien Ministre du Tou- sidences hôtelières pour la réalisation
risme et de l’Artisanat, M. Mohamed de leurs programmes d’investisse-
Boussaïd, a lui-même reconnu que «le ment, avec pour objectifs, la création
Plan Azur, tel qu’il a été conçu, pêche par de valeur ajoutée, l’amélioration de la
excès d’ambitions en termes de délais qualité des prestations et la prise en
de réalisation et de capacités litières». compte des dimensions environne-
Du coup, le projet a été redimensionné, mentales. Le financement des projets
tenant compte bien évidemment des se décline en fonction de la catégorie
effets de la conjoncture économique visée avec un autofinancement qui
mondiale sur le secteur touristique et de varie entre 10 et 15 %, une contribution
la mise en veilleuse de la station Tagha- du fonds «Renovotel 2010» se situant
zout. Désormais, l’objectif de la capacité entre 35 et 45 % et un financement
litière a été ramené à 35.000 lits, contre bancaire pouvant atteindre jusqu’à
85 000 lits au départ, et le délai de réa- 50 % du coût global du projet. Pour Sa-
Source : Internet lisation a été prolongé à 2016 au lieu de lahedinne Mezzouar, «le mécanisme
2010. d’accompagnement financier des éta-
Malgré ces retards et ce redimensionne- blissements hôteliers intervient dans
tinsa Fadesa, en quasi faillite, a cédé ment, le Plan Azur a créé une véritable une conjoncture internationale diffi-
50 % de sa filiale marocaine, Fadesa dynamique touristique et deux nou- cile, qui accentue les exigences des tou-
Maroc, au promoteur immobilier ma- velles stations balnéaires ont été lan- ristes en matière de qualité et de choix
rocain Addoha qui a joué un rôle ma- cées : Oued Chbika (région de Tan-Tan) de leur destination de vacances et aussi
jeur dans la finition de la première et Clara Iris (Al Hoceima). Et avec 8 mil- les difficultés d’accès au financement
tranche de la station Saïdia. Du coup, lions de touristes en 2008, le Maroc est des établissements hôteliers».
parmi les investisseurs étrangers, seul toujours en ligne avec son objectif de 10 Doté d’une enveloppe de 500 millions
l’aménageur sud-africain de la station millions de touristes en 2010. de dirhams, ce fonds Renovotel est
Mazagan, Kerzner International, a tenu Le nouveau ministre du Tourisme, Yas- opérationnel depuis le mois de janvier
ses engagements. Partant, l’un des sir Zenagui, compte redonner un nou- 2010. Au-delà de la simple rénovation
premiers acquis du Plan Azur reste sa veau souffle au Plan Azur et parmi ses des locaux, il devrait permettre l’enri-
contribution à l’émergence d’aména- priorités figure la relance de la station chissement des produits et la qualité
geurs touristiques marocains d’enver- Taghazout qui n’a pas encore trouvé de des prestations offertes. Tel est le but
gures: Addoha, Alliances, Risma, etc. repreneur. recherché !

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DOSSIER

Nous avons fait en sorte que la crise se


transforme en opportunité pour le Maroc
Entretien avec Abdelhamid Addou, Directeur général de l’Office National Marocain du
Tourisme (ONMT)

Conjoncture : Comment se présente nous mettrons en avant via des cam-


l’année 2010 au niveau de la destination pagnes présentant la destination, ses
Maroc ? potentialités, son authenticité et sa
Abdelhamid Addou : L’année 2010 culture vivante.
sera une année difficile pour le secteur Le deuxième axe de communication
touristique à l’échelle internationale. porte sur la marque «Marrakech» au-
Toutefois, nous n’arrêterons pas pour tour de laquelle nous communiquons
autant notre investissement. Nous lan- régulièrement avec le lancement, de-
cerons plusieurs projets axés davantage puis septembre dernier, d’un portail
sur la commercialisation et la distribu- internet qui lui est entièrement dédié :
tion en tirant profit de la bonne image www.marrakech.travel. Cette cam-
dont jouit la destination Maroc auprès pagne comprendra également des
des marchés émetteurs. Nos efforts spots télévisés en partenariat avec les
sur le plan de la communication seront TO, des campagnes sur Internet avec Source : Internet
également soutenus et nous démar- la mise en avant de plusieurs segments Abdelhamid Addou, Directeur général de l’Office
cherons les TO et agents de voyage de et plus particulièrement le segment fa- National Marocain du Tourisme (ONMT)
ces marchés émetteurs pour renforcer mille. En effet, nous avons pour objectif
la programmation du Maroc. de faire de Marrakech une destination munication portera sur le produit
de famille davantage qu’une destina- balnéaire avec le lancement en juin
Quelle sera votre stratégie en matière tion de city break. Nous mettons donc 2009 de la station Mediterrania Saï-
de campagne de communication à l’in- en avant les activités de loisirs qui cor- dia et de Mazagan en octobre 2009.
ternational ? Qu’en est-il des nouvelles respondent au segment «famille». La L’offre balnéaire sera prochainement
populations cibles? campagne Marrakech a été lancée en enrichie avec la station Mogador. Ces
Nous avons axé notre communica- octobre 2009 sur six marchés émet- trois stations viendront soutenir la ville
tion sur trois marques : tout d’abord la teurs. d’Agadir, déjà confirmée en tant que
marque institutionnelle « Maroc » que Le troisième et dernier axe de com- destination balnéaire par excellence.

Compagnies low cost


Royal Air Maroc prépare sa contre-attaque
Lancée en février 2004 dans le cadre de la Vision 2010, la libéralisation du ciel marocain se traduit par une affluence sans pré-
cédent de compagnies aériennes régulières low cost. Alors qu’on pouvait comptabiliser 22 compagnies desservant le Maroc
de manière régulière en 2003, en plus de l’organisation de vols charters saisonniers, elles sont aujourd’hui plus de cinquante
sur le créneau du low cost.
Cette évolution s’est faite sentir dès l’année 2004 avec l’arrivée des premières compagnies (Aigle Azur, Air Europa, Corsair,
TUI, Air Lines Belgique, …) et elle s’est traduite par une croissance du trafic à un rythme annuel moyen de 20 %. Cette ruée des
compagnies low cost a évidemment tiré les prix vers le bas. Aujourd’hui, l’Europe et le Maroc sont devenus accessibles au plus
grand nombre. Selon des professionnels du secteur, le prix low cost est de 20 euros par heure de vol. Cette nouvelle configu-
ration n’est pas sans conséquence pour la compagnie nationale, la Royale Air Maroc (RAM).
Très affaiblie depuis l’ouverture du ciel national avec l’Open Sky et l’arrivée massive des low cost, la RAM prépare sa contre
attaque. Présent au congrès annuel de la Fédération Nationale du Tourisme (FNT) qui s’est déroulé à Marrakech, mi janvier
2010, Driss Benhima, PDG de Royal Air Maroc, a dénoncé devant un parterre de professionnels, la concurrence déloyale des
compagnies à bas coûts affectant sérieusement son activité. «L’Open Sky, le Maroc en avait besoin pour être en phase avec
ses ambitions et la Vision 2010. Cependant, cette ouverture devait favoriser l’accès à des villes touristiques comme Marrakech,
Fès, Agadir, Tanger ou encore Essaouira. Seulement voilà, c’est surtout vers Casablanca, notre hub, qui n’est pas une plate-
forme touristique mais d’affaires, que sont venus se poser ces acteurs subventionnés, mettant en péril notre survie», dit-il.
Déterminé à se battre avec ses armes, le PDG de la RAM a annoncé l’ouverture de nouvelles lignes vers l’Europe (Dusseldorf,
Varsovie,…) dont deux sur la France. Ainsi, Lyon accueillera des rotations dès le 23 février 2010, suivie par Nantes, grosse plate-
forme de départs. «2009 aura été une année anxiogène qui a établi de nouvelles règles du jeu. Nous allons jouer, mais avant,
nous allons revoir les contours de l’Open Sky avec le gouvernement», poursuit Driss Benhima, avant de rappeler «qu’aucune
compagnie low cost n’avait d’école de pilotage qui coûte 75 millions de dirhams». Driss Benhima contre attaque !

Conjoncture N° 912 - Février 2010 - 26


DOSSIER

Publication
Sortie du guide
«Tourisme»
La Chambre Française de Com-
merce et d’Industrie du Maroc,
en partenariat avec UBIFRANCE,
réalise de nombreuses études et
publications sectorielles sur le Ma-
roc. Au cours du mois de février
sera publié un guide sur le sec-
teur du tourisme qui constitue un
pilier majeur du développement
Source : Accor Maroc économique du pays. La «Vision
Nouvel hôtel Sofitel de Rabat. 2010» a en effet constitué un im-
portant moteur de croissance de
Nous préparons donc une campagne menées un ensemble d’actions qui l’activité touristique en créant une
spécifique au balnéaire, avec Agadir en nous a permis de gagner des parts de dynamique d’investissement sans
tête de file, ville très bien desservie en marché par rapport à cette cible dont le précédent pour le secteur. Si 2010
termes de connexions aériennes, grâce comportement a changé. pourrait être une année de baisse
notamment à l’ouverture de nouvelles Nous avons fait en sorte que cette crise d’activité du fait de la crise éco-
liaisons à partir de Düsseldorf, Frank- se transforme en opportunité pour le nomique internationale, elle sera
fort, Liverpool et Londres, sans parler Maroc en nous positionnant comme surtout l’occasion pour l’Etat maro-
des prochaines liaisons prévues à partir étant une destination accessible à cain de définir les derniers contours
de la France (Lyon et Nantes). moins de 3 heures de vol des princi- de la «Vision 2020», attendue pour
pales capitales européennes, tout en juin prochain. Celle-ci
ochain. Celle ci devrait
La conjoncture sur fond de crise inter- garantissant un dépaysement total et mettre l’accent
accent
nationale a-t-elle impactée la destina- la découverte d’une destination au- sur la qualité
ualité
tion Maroc ? thentique dotée d’une culture riche et du service,
ce, la
L’année 2009 a été fortement mar- vivante. formation n du
quée par cette crise internationale. Ce- personnel,el, la
pendant, l’ONMT a redoublé d’efforts Qu’en est-il de la position des tours promotion ion
en renforçant ses investissements en opérateurs à l’égard du Maroc ? régionale
termes d’image et de communication Le Maroc est une destination privilé- ou encoreore
sur la marque Maroc. Nous avons été giée pour les Européens au vu de sa le respectct
présents dans les salons profession- proximité géographique, ses attributs de l’en- n-
nels à l’étranger, nous avons mené culturels ou encore la richesse de sa na- vironne--
plusieurs campagnes de communi- ture. Dès lors, il représente un produit ment.
cation en Europe et nous avons or- de premier choix pour les tour-opéra-
ganisé de nombreux Eductours qui teurs, en termes de commercialisation. Le but dee ce
ont touché des centaines de TO et Nous avons donc signées des conven- guide répertoire
pertoire est de
agents de voyages, notamment un tions importantes avec des TO visant présenter un secteur pour lequel la
road show que nous avons mené à mieux promouvoir leur offre maro- décennie 2000-2010 a été particu-
dans 24 villes européennes où nous caine et nous sommes très satisfaits lièrement dynamique. Les grands
avons pu réunir, à chaque fois, entre des résultats enregistrés. projets, les perspectives de déve-
200 à 300 agents de voyages. Toutes loppement, ainsi que les nouveaux
ces actions nous ont permis de ga- Quelle est la part de marché de la dias- défis qui attendent le secteur y oc-
gner des parts de marché (les arrivées pora marocaine sur l’activité touris- cupent donc une place de choix. Ce
ont enregistré une augmentation de tique nationale et son profil ? panorama est suivi d’un répertoire
7 %) et d’augmenter nos recettes tou- Les MRE représentent une part impor- de 47 fiches qui présentent les ac-
ristiques, alors que la concurrence a en- tante des arrivées aux postes frontières. teurs majeurs du tourisme au Ma-
registré des baisses atteignant parfois Ils sont certes sensibles au fait de rendre roc.
-6 % en termes d’arrivées. visite à leurs familles, néanmoins, ils Le secteur du tourisme au Maroc
sont aussi extrêmement réceptifs aux 146 pages dont 47 fiches
Quelle est la place du Maroc sur la carte messages sur la destination, aux évolu-
mondiale du tourisme ? Assiste-t-on à tions touristiques de la destination, en Votre contact
une redistribution des cartes? termes de qualité du «produit» ou en- Charafa CHEBANI
Avec ce contexte de crise, les touristes core à l’amélioration des conditions de Nicolas NDIAYE
ont réduit leurs dépenses touristiques transport, notamment une meilleure cchebani@cfcim.org
et voyagent moins loin. Nous avons accessibilité sur l’aérien.

Conjoncture N° 912 - Février 2010 - 27


DOSSIER

La croissance des arrivées profite


aux destinations d’affaires
Entretien avec Marc Thépot, Président-directeur général du groupe Accor Maroc

Conjoncture : Quel regard portez- Ce qui est quasi inespéré ! Le tourisme est devenu un marché
vous sur le tourisme international et Mieux encore, les arrivées compta- très concurrentiel. Le Maroc arrive-
national en ce début d’année 2010 ? bilisées aux postes frontières, soit t-il à se faire «entendre» auprès des
Marc Thépot : Comme vous le près de 8 millions à fin novembre grands tours opérateurs ?
constaterez si vous portez un regard 2009, attestent d’une progression Le Maroc dispose d’atouts incontes-
rétrospectif sur notre secteur, vous de 7 % par rapport tables qui résis-
verrez que c’est un secteur hyper ré- à 2008. Quand au tent aux tensions
sistant qui a - au cours de la dernière nombre de passa- concurrentielles.
décennie - à chaque fois confirmé gers internatio- C’est une destina-
une évolution positive malgré naux qui ont tran- tion extrêmement
toutes les embûches qui ont jalonné sité par les aéro- diversifiée (bal-
son histoire récente. ports marocains, néaire, culturel,
Depuis 2001, avec les attentats du il a augmenté de montagne, désert,
11 septembre, les attentats de Ca- 4 %. Seules les de l’économique
sablanca de mai 2003, le SRAS, la recettes touris- au luxe), extrême-
grippe aviaire et la H1N1, les séismes tiques ont baissé ment proche (2 à 3
divers, le Tsunami, les attentats sur cette période heures maximum
dans des destinations touristiques de près de 6 %. La des principaux
établies ou encore les bouleverse- destination Maroc marchés émet-
ments politiques ici ou là, n’ont pas reste une destina- teurs), et, dans
infléchi la tendance longue de crois- tion résistante et le même temps,
sance de ce secteur au niveau mon- attractive. Le Ma- Source : Accor Maroc dépaysant et aux

dial. roc peut se préva- Marc Thépot, Président-directeur général du atouts climatiques
Il est vrai que les fondamentaux qui loir d’un réel dy- groupe Accor Maroc certains.
dictent nos comportements en la namisme écono- Le Maroc dispose
matière sont extrêmement moteurs : mique interne et d’atouts qui - in- de destinations qui ont - déjà - une
hausse des niveaux de vie, allonge- contestablement dans le contexte vraie notoriété internationale. C’est
ment de la durée de vie, baisse des actuel - lui donnent un avantage un pays qui a mis le tourisme au
coûts des transports, évolution so- concurrentiel notoire. centre de sa stratégie de développe-
ciale… Tout cela «porte» cette indus- La croissance des arrivées profite ment économique avec la fameuse
trie et la portera encore bien long- aux destinations «affaires» du «Vision 2010». C’est un pays qui at-
temps. nord du Maroc (Casablanca, Rabat, tire de nombreuses nouvelles en-
Je reste donc optimiste et confiant Tanger) et l’effritement des nui- seignes hôtelières internationales de
pour ce secteur qui a toujours tées est lié à une modification des renom tels que Park Hyatt, Mandarin,
confirmé sa résistance et son haut comportements des touristes dans Banian Tree ou Four Seasons. C’est
potentiel de développement - a les destinations «loi- un pays qui consacre
fortiori dans un espace désormais
mondialisé.
sirs ou balnéaires» :
réduction de la du-
Le Maroc dispose de des ressources impor-
tantes à la promotion
rée des séjours, frac- destinations qui ont de son industrie tou-
La conjoncture sur fond de crise a-t- tionnement des va- - déjà - une vraie noto- ristique et qui - en plus
elle provoquée une redistribution cances et utilisation - propose des contrats
riété internationale.
des cartes à l’échelle mondiale? de formes d’ héber- de co-marketing avec
Qu’en est-il pour la destination Ma- gement alternatif les principaux TO.
roc ? qui échappent, pour l’instant, aux Bref, le Maroc se fait entendre au-
Dans un contexte sur fond de crise, la statistiques, comme les maisons d’ près des grands TO, en partie, par
destination Maroc est une destina- hôtes et l’immobilier résidentiel. le fait que ces derniers sentent que
tion qui se porte plutôt bien. Comme Le Maroc reste principalement - et ce secteur est prioritaire et central
vous le savez, avec plus de 15 mil- pour longtemps encore - proche des pour le Royaume. Il existe une vraie
lions de nuitées déclarées à fin no- marchés européens dont la France dynamique interne, sous l’impulsion
vembre 2009 par les établissements (38 %) et l’Espagne (22 %). Les autres de SM Mohamed VI, qui ne peut que
touristiques classés, le Maroc subit pays européens (Royaume Uni, Ita- conforter investisseurs, opérateurs
une évolution très légèrement né- lie, Belgique et Allemagne) repré- internationaux et promoteurs, dans
gative par rapport à 2008, soit - 2 %. sentant à peine 20 % à eux quatre. leur choix du Maroc.

Conjoncture N° 912 - Février 2010 - 28


DOSSIER
Un mot sur l’impact des low cost ? engagement est ancien et durable. L’année 2010, comme du reste les
Des destinations ont-elles bénéfi- Il s’appuie sur des partenaires inves- années 2011, 2012 et 2013, coïnci-
ciées plus que d’autres de la libérali- tisseurs marocains de premier plan à dera avec la période de Ramadan
sation du ciel ? travers notre filiale Risma qui réalise durant la période estivale. Que cela
Le tourisme au Maroc a profité - in- les investissements et porte notre vous inspire-t-il ?
contestablement - de la libéralisa- développement. Nous sommes, bien sûr, préparés
tion du ciel aérien. Les Compagnies Nous sommes confiants car nous à cette donne du calendrier qui
low cost profitent de la proximité avons pris des positions stratégiques risque effectivement d’affecter
géographique du Maroc et d’une de premier ordre dans l’hôtellerie de la fréquentation de certaines des-
offre à la fois diversifiée, fiable et luxe avec Sofitel qui tinations loisirs par
attractive. vont être gagnantes «Le Maroc se fait une clientèle prati-
Le Maroc - destination par excel- dans les prochaines entendre auprès des quante ou - du moins
lence des courts séjours - profite, en années, en particulier - respectueuse des
outre, du développement des nou- grâce au Sofitel Rabat grands TO, en partie, traditions.
veaux modes de distribution, inter- Jardin des Roses qui va par le fait que ces D’ abord, le Ramadan
net en particulier. monter en puissance derniers sentent que ne veut pas forcé-
Il est clair que la bonne tenue de en 2010. ment dire désaffec-
Marrakech dans le contexte éco- Nous avons des ré-
ce secteur est priori- tion totale des lieux
nomique international actuel s’ex- sultats très satisfai- taire et central pour le de loisirs. Il faudra
plique également par ces nouvelles sants dans l’hôtellerie Royaume». trouver des offres
dessertes aériennes et les chan- économique avec Ibis commerciales et des
gements intervenus dans les poli- Moussafir (actuellement 15 unités) modalités de service adaptées.
tiques de promotion et de distribu- et avec l’ambition de monter - sous Nous y travaillons. Ensuite, nous
tion. 4 ans - à 25 unités. Nous lançons une avons avec les marques Accor un
chaîne très économique Etap Hôtel réel atout, nous allons accentuer
Comment le Groupe Accor Maroc ap- en 2010 et nous renforçons la per- nos efforts de commercialisation
préhende-t-il la nouvelle décennie ? sonnalité de nos marques hôtelières auprès des marchés européens
Au Maroc, notre groupe appré- et leurs positionnements. pour cette période. C’est une de
hende la prochaine décennie avec Nous resterons un des acteurs de ré- nos priorités pour cette nouvelle
optimiste et détermination. Notre férence de ce secteur au Maroc. année.

Nouvelle certification ISO pour Accor Maroc


Après avoir obtenu, en 2003, la certi-
fication ISO 9001 version 2000 en fa-
veur des hôtels Ibis du Maroc, le siège
des hôtels Accor Maroc ainsi que les
hôtels Ibis El Jadida, Ibis Marrakech
Palmeraie et Ibis Meknès ont été certi-
fiés ISO 14001 version 2004, grâce à la
mise en place d’une politique prenant
en compte les exigences légales et les
informations liées à des aspects en-
vironnementaux significatifs. «Notre
politique vise à engager nos hôtels
dans une dynamique d’amélioration
continue de leurs performances envi-
ronnementales et de prévention de la
pollution, tout en respectant le cadre
réglementaire et toute exigence fixés
à leurs activités », indique la direction Source : Accor Maroc
générale.
Hôtel Ibis Maroc, une des marques d’Accor.
La politique menée par Ibis Maroc en-
gage les unités commercialisées sous cette enseigne à l’amélioration continue de leurs performances environnemen-
tales, de leurs produits et de leurs services : maîtrise des déchets, maîtrise des consommations d’eau et d’énergie,
respect de la réglementation applicable aux aspects environnementaux sur chacun des sites, sensibilisation et for-
mation des collaborateurs à l’environnement, sensibilisation des clients au respect de l’environnement, association
des sous-traitants et des fournisseurs à cette démarche et à la communication spontanée et volontaire des résultats
environnementaux auprès du groupe Accor.

Conjoncture N° 912 - Février 2010 - 29


DOSSIER

Ressources humaines
La quantité et la qualité doivent aller de pair
Les besoins du marché en terme de ressources humaines sont évalués à environ
62 000 sur la période 2008-2012
Les contrats programmes signés avec l’OFPPT devraient contribuer à résoudre une
partie du déficit en ressources humaines du secteur
La formation en interne aussi se développe. Toutefois, la qualité de l’offre en
ressources humaines ne semble pas être à la hauteur
Parmi les faiblesses du secteur touris- 52 % des besoins proje-
tique marocain figure en bonne place tés sur la période. Pour
la déficience quantitative et qualitative sa première année
de l’offre en ressources humaines. Le d’exécution - de juin
décalage entre l’offre et la demande du 2008 à juin 2009- les
marché est jugée par beaucoup d’obser- objectifs de ce contrat
vateurs du secteur comme un obstacle RH ont été dépassés
majeur au développement du tourisme avec 11 254 lauréats
marocain. A titre illustratif, alors que la contre un besoin iden-
«Vision 2010» tablait sur la création de tifié de 9 015.
70 000 postes dans le secteur hôtelier, Rappelons que dans le
le rythme annuel de la formation n’ex- cadre de son plan quin-
cédait pas 3 000 lauréats par an. D’où quennal 2002/2003-
le gap très important entre l’offre et la 2007/2008, l’OFPTT a Source : Accor Maroc

demande d’un secteur qui connait une assuré la formation de Améliorer la qualité des ressources humaines, c’est l’une des grandes
dynamique d’investissement remar- 40 000 stagiaires du tâches que relèvent aujourd’hui les responsables de la politique touris-
quable. Face à cette situation, un accent secteur du tourisme. tique marocaine.
particulier a été mis sur la formation Par ailleurs, le contrat programme si- d’un partenariat privé/public, vise à
dans les métiers du tourisme et de l’hô- gné entre la Fédération nationale du impliquer davantage l’entreprise dans
tellerie en particulier. Instituts publics tourisme (FNT) et l’OFPTT et qui prévoit la formation et ce afin de favoriser une
et écoles privées se sont multipliés au la formation de 12 000 personnes a per- meilleure adéquation du couple forma-
cours de ces dernières années permet- mis la formation de 4 800 personnes en tion/emploi. Basé sur la mise en place
tant d’accroître l’offre en ressources hu- 2008. des Centres de Formation par Appren-
maines du marché. Il n’en demeure pas tissage (CFA), 5 CFA & Inter-Entreprises
moins que les formations profession- L’indispensable capital humain (CFA-IE) sont aujourd’hui opération-
nelles n’arrivent pas à suivre la cadence Reste que dans les métiers liés au tou- nelles et la FNIH table sur 20 CFA - IE d’ici
imposée par les ouvertures d’unités hô- risme, où la qualité de service est pri- 2010. Grâce à ces formations internes, le
telières. mordiale, l’apport du capital humain secteur hôtelier compte venir à bout, à
prend une importance particulière. Et terme, de la problématique de la qualité
Rôle du Contrat RH grâce à l’implantation de nouvelles en- des ressources humaines, clé de voute
Pour faire face à cette situation, les au- seignes (Best Western, Naoura Barrière, d’un service de qualité. De même, la
torités et les professionnels du secteur etc.), qui sont très regardantes sur le création d’un Centre de Développement
ont signé lors des Assises nationales du volet qualitatif, lors des recrutements, des Compétence Hôtellerie/Tourisme à
tourisme en 2008 un «Contrat RH» pour l’approche de la formation, qui était Marrakech, structure chargée d’assurer
la période 2008-2012. Ayant pour cadre surtout basée sur le volet quantitatif la veille pédagogique, la mise à niveau
institutionnel un partenariat public/pri- commence à évoluer en intégrant da- et le perfectionnement des formateurs
vé, celui-ci vise la mise en place d’enga- vantage le qualitatif. Et afin de se do- devrait contribuer à améliorer la qualité
gements précis en matière de formation ter de ressources humaines de qualité, des enseignements.
professionnelle prévoyant ainsi la for- les professionnels du secteur hôtelier, Reste que la qualité des ressources hu-
mation de 62 000 personnes entre 2008 regroupés au sein de la FNIH (Fédéra- maines implique aussi, en plus de la
et 2012 dans les métiers du tourisme. Et tion nationale de l’industrie hôtelière), formation, la motivation, l’écoute et la
c’est à l’OFPTT (Office de la formation misent beaucoup sur le concept de For- responsabilisation du salarié, …
professionnelle et de la promotion du mation Professionnelle en Milieu du Si le Maroc est en train de gagner le pari
travail) qu’incombe la lourde tâche de Travail (FPMT) pour améliorer la qua- de la formation quantitative, des efforts
mettre à la disposition du secteur touris- lité et adapter les compétences de leurs importants sont encore à fournir pour
tique 35 000 personnes qualifiées, soit ressources. Ce concept, fruit également répondre aux exigences qualitatives.

Conjoncture N° 912 - Février 2010 - 30


DOSSIER

«Le secteur doit faire preuve d’imagination


et d’innovation»
Entretien avec Othman Cherif Alami, président de la Fédération nationale du tourisme (FNT)

Conjoncture : Quel bilan tirez-vous tional. La promotion régionale peut


de la saison touristique 2009 ? être un moteur puissant pour faire
Othman Cherif Alami : L’année 2009 connaître de nouvelles destinations
a été marquée par une crise inter- et le tourisme interne doit répondre
nationale qui a impacté l’activité à une demande exponentielle en of-
économique en général, et touris- frant des produits et des services à la
tique en particulier. Mais grâce à la hauteur d’une clientèle marocaine
solidarité des professionnels, et à la de plus en plus exigeante.
mobilisation de nos associations re-
présentatives aux côtés des pouvoirs Comment se positionne la FNT pour
publiques, nous avons pu mettre en accompagner le développement du
place des mesures d’urgence qui ont secteur ?
pu à notre destination de limiter les Depuis deux ans, la FNT s’est enga-
effets de cette crise. «CAP 2009» et gée dans une démarche volontariste
les mesures adoptées dans le cadre où l’écoute, la réflexion et l’action
Source : Internet
du Comité de veille stratégique pour constituent les axes fondamen-
un budget global de 375 millions de Othman Cherif Alami, président de la Fédération taux de la dynamique impulsée par
nationale du tourisme (FNT).
dirhams, ainsi que la maturité des l’actuel bureau de la fédération. La
professionnels, et leurs efforts sou- stratégie adoptée par la FNT met en
tenus dans la rigueur et l’innovation Lixus et de Mogador, le tourisme œuvre un plan d’actions construit
nous ont permis de faire face à cette marocain va et doit connaître une autour d’une volonté sans faille pour
crise de manière sereine et surtout nouvelle ère : celle de l’innovation. fournir des services de qualité à nos
sans panic management. 8,35 millions 2009 année de crise doit faire place adhérents et pour être l’interlocuteur
d’arrivées auront été enregistrées en à 2010, année d’imagination et d’in- de l’ensemble du secteur du tourisme
2009, soit une augmentation de 6 % novation pour le tourisme marocain. auprès des instances dirigeantes.
par rapport à l’année 2008 ; la crois- Les enjeux portés par le secteur sont Dans le cadre de la définition des vi-
sance des recettes touristiques en- nombreux et complexes : levier es- sions stratégiques, la FNT a accom-
registrée au dernier trimestre a pu sentiel du dévelop- pagné les différentes
réduire l’impact sur la balance des pement national, il parties prenantes pour
paiements passant ainsi de -22 % est générateur de
«La stratégie adop- faire entendre la voix
en janvier 2009 à -5,7 % cumulé sur business, créateur de tée par la FNT met en des professionnels.
toute l’année. Néanmoins, les taux milliers d’emplois, œuvre un plan d’ac- L’année 2010 sera aussi
d’occupation dans les hôtels, la et catalyseur d’une
tions construit autour une année de travail
baisse des nuitées et les statistiques nouvelle voie pour dans la rigueur et l’in-
enregistrées dans des villes comme l’économie marocaine d’une volonté sans novation pour soutenir
Marrakech ou Agadir nous obligent dans son ensemble, faille pour fournir des le développement du
à rester vigilants. Le tourisme est sans parler des effets services de qualité à secteur avec des chan-
aujourd’hui une locomotive de l’éco- induits, comme l’im- tiers structurants tel
nomie nationale mais il est aussi un mobilier ou l’image nos adhérents». que la National Tou-
secteur fragile auquel il faut accorder du Maroc développée risme Académie, pour
un soutien particulier pour le renfor- en interne et à l’étranger. C’est dans le développement et la valorisation
cement de la compétitivité de la pro- cet esprit que nous avons d’ailleurs du capital humain, la Convention
fession. inscrit les travaux de notre dernier collective, pour la filière hôtelière,
Congrès des métiers du tourisme or- puis pour les autres métiers compo-
Comment se présente l’année 2010 ? ganisé le 13 et 14 janvier 2010 à Mar- sant la chaîne de valeurs ou encore
Et quels sont les défis et les enjeux rakech. En mettant au centre de ses la Moroccan Green Card, pour un
pour la destination Maroc ? débats la promotion régionale et le tourisme durable et responsable.
Dix ans après le lancement de la tourisme interne, la FNT entend tra- Nous travaillerons aussi à la co éla-
«Vision 2010», le tourisme marocain cer la route pour accompagner ce qui boration d’une stratégie de déve-
est en train de vivre une nouvelle doit devenir des relais de croissance loppement de notre secteur à l’ho-
étape de son développement. Après importants pour les professionnels rizon 2020, en s’inscrivant dans les
les livraisons de Saïdia et dernière- du tourisme au Maroc, et donc pour hautes orientations de Sa Majesté le
ment de Mazagan, bientôt celles de le développement économique na- Roi Mohammed VI.

Conjoncture N° 912 - Février 2010 - 31


DOSSIER

Le Maroc s’apprête à recevoir 9 millions de


touristes
Entretien avec Mohamed Benamour, Pdg de KTI Voyages

Conjoncture : Dans quel état d’esprit promotion annuel qui atteint 800
abordez-vous la nouvelle décennie millions de dirhams. Une croissance
qui s’ouvre pour le secteur ? remarquable de la capacité litière,
Mohamed Benamour : Tout le dépassant 60 % depuis 2001, grâce
monde s’accorde pour reconnaître à des projets notamment privés,
que la décennie 2000- 2010 a consti- dont 95 % de nationaux, avec une
tué une excellente étape dans le dé- offre haut de gamme.
veloppement de notre pays. En ce
qui concerne le tourisme, la «Vision Qu’en est-il des effets de la crise in-
2010» initiée par le discours royal de ternationale sur le secteur ?
Marrakech en 2001 constitue l’acte L’année 2009 est probablement
fondateur. Les acquis de cette vision une année «noire» pour le tourisme
sont fort nombreux puisqu’ils réali- mondial. Cependant, le Maroc s’en
sent plus de 90% des objectifs fixés tire bien. Cela démontre une fois de
par cette feuille de route. La dyna- plus que les bons choix stratégiques
mique créée les 8 dernières années, de la «Vision 2010» ont permis au
doit être impérativement maintenue Maroc une résilience, mais aussi un Source : Internet

et entretenue pour garder intacts la positionnement compétitif. Mohamed Benamour, Pdg de KTI Voyages
foi, la mobilisation et l’engagement
des acteurs publics et privés du sec- Que faut-il craindre et espérer pour vision, perçue comme utopique, n’a
teur du tourisme. Nous devons fé- le secteur ? réellement démarré que depuis les
dérer et mobiliser tous les acteurs Il va sans dire que les facteurs de 8 dernières années, et son premier
et professionnels du tourisme, en succès de la construction d’une «Vi- succès indéniable est d’avoir placé le
impliquant un large panel de per- sion 2010 - 2020», aussi bien quanti- tourisme de notre pays sur la voie du
sonnalités expérimentées du secteur tative que qualitative, doivent s’ins- développement et de la modernité.
économique et financier, pour que crire dans la continuité et non dans Les mécanismes principaux pour
les métiers du tourisme soient à la la rupture pour assurer la pérennité drainer les dix millions de touristes
hauteur de nos ambitions et de nos de ses bons choix stratégiques. Si ont été définis et tracés dans le
attentes. le quantitatif a été réalisé ou est en contrat programme et l’accord cadre
cours, il faut faire place au qualitatif. de la «Vision 2010».
Quel bilan faîtes-vous de la décennie Et sur ce point là, c’est sans aucun
écoulée ? doute le capital humain qui fera la Un mot sur le secteur de l’artisanat
La chaîne de valeur de notre tou- différence. et son essor ?
risme permet un état des lieux posi- C’est la diversité géographique, cultu-
tif et encourageant, ayant fortement A quelle échéance l’objectif d’ac- relle et des produits marocains qui lui
gagné en compétitivité, et des gains cueillir 10 millions de touristes par permettent une place de choix sur
de parts de marchés significatifs. Le an ? le marché international. Le secteur
Maroc s’apprête à recevoir plus de Il est vrai que la «Vision 2010» de l’artisanat en est le corollaire in-
9 millions de touristes dans les pro- constitue un véritable succès et une contournable en tant que témoin de
chains mois avec un parfaite réussite qui cette diversité et de l’authenticité de
taux de croissance de «C’est la diversité a positionné le Maroc nos produits. Beaucoup d’efforts sont
9 % / an et un cumul comme destination déployés par nos institutions natio-
de recettes dépas- géographique, cultu- de premier ordre du nales travaillant dans ces domaines
sant les objectifs, de relle et des produits tourisme mondial. en vue de structurer et développer et
plus de 7 milliards de marocains qui lui per- L’échéance 2010 a été accompagner les artisans dans leur
dollars, sans oublier
l’impact direct et in-
mettent une place de retenue comme hori-
zon pour réaliser ses
adaptation à la modernité dans ce
secteur. La «Vision 2010-2020» devra
direct sur l’emploi, choix sur le marché objectifs, en partant se fonder sur les enseignements tirés
ainsi que les retom- international». de trois décennies de l’expérience de ces dernières an-
bées bénéfiques en d’improvisation. En nées, et assurer une articulation plus
matière d’aménagement du terri- dépit de la conjoncture internatio- étroite du secteur touristique natio-
toire comme la mise en œuvre de la nale morose, il ne faut pas oublier nal avec les autres secteurs écono-
politique d’open sky et un budget de non plus que la dynamique de cette miques et sociaux.

Conjoncture N° 912 - Février 2010 - 32

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