Ca tourne au vinaigre
Vingt personnalités, parmiles-
quelles Michel Rocard, Boris
Cyrulnik, Richard Descoings,
Marcel Rufo et Daniel Pennac,
ont rejoint la semaine derniére
un appel visant a supprimer les
notes 4 l’école élémentaire,
lancé en septembre par l’Afev,
une association d’étudiants fai-
sant du soutien scolaire (1).
Lassociation dénonce « [’ob-
session de la note » qui enferme
les éléves « dans une spirale
d@échec » alors que « la con-
fiance en soi est indispensable
4 laréussite scolaire ». A Vappui
de lexemple finlandais, pre-
mier pays dans les classements
en matiére d’éducation, ot les
éléves sont notés a partir de
lans, l’Afev appelle a « suppri-
mer la notation a Vécole élémen-
taire, qui doit devenir l’école de
1a coopération et non de la com-
pétition ».
Lambition est belle. Tout le
monde garde en mémoire des
souvenirs cuisants de sa scola-
rité. Ainsi ce maitre de CM2
qui, dans une géographie de
TECERAY E23 -I)-10
Zéro pointé ?
Vhumiliation, place ses éléves
en fonction de leur classement
trimestriel : au premier rang &
gauche, le premier, au dernier
rang a droite, le dernier. Est-ce
la note, la scélérate ? Est-ce le
classement qui stigmatise ? Ou
bien usage qu’en font certains
professeurs ? Enfant ou pas, on
peut briser des étres humains
sans les noter sur 10 ou sur 20.
Le monde de l’entreprise four-
mille d’exemples. La famille
aussi. Les notes stigmatisent
les éléves dés lors qu’elles sont
présentées comme leur valeur
définitive, les chiffres qui les
définissent. Il est aussi des sou-
venirs rassurants : ce prof de
francais qui, devant le visage
effondré de ’éléve, lui lance :
« Vous n’étes pas ce 7/20. Ce
7/20, c’est ce que valait votre
travail la semaine derniére
entre 8 heures et midi. Faites
bien la différence. » En pédago-
gie, ce prof méritait 18/20.
NICOLAS DELESALLE
(1) www.suppressiondesnotes
elementaire.org