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SERVICE eSatica RD CIVIQUE rene onder Paris,le 034 Monsieurle Ministre, Oly Maw Wolpe Vous avez été chargé par le Président de la République d’une mission destinée a faire des propositions pour améliorer et faire évoluer le RSA, en particulier sur son volet insertion. ‘Au méme moment s‘expriment des remises en cause dun des principes fondamentaux qui ont justifié le RSA : rendre le travail rémunérateur. En ma qualité de président de la Commission qui a proposé la eréation du RSA en 2005, puis de membre du gouvernement chargé de le mettre en ceuvre, il ma semblé utile de vous transmettre ma contribution 4 vos travaux. Vous trouverez ci-joimte une note de propositions ainsi que le texte de la tribune publiée dans le Monde sur ce sujet. Dans les idées suggérées, certaines avaient déja été transmises au Président de la République et au Premier ministre mais n’avaient pas pu alors connaitre de suite favorable. Je sais votre parfaite connaissance du sujet, vous qui avez été le rapporteur & I’Assemblée nationale de Ia loi du Ler décembre 2008, puis qui en avez eu la responsabilité comme ministre des solidarités actives. Sespére que ces propositions vous seront utiles et permettront d’améliorer le revenu de solidarité active, qui a pu étre mis en ceuvre grace & la volonté du Président de la République et du vote de la majorité présidentielle, avec le concours des départements, Méme si des améliorations sensibles peuvent et doivent étre apportées, il est difficile de nier que le RSA a constitué un progrés par rapport au RMI et aux différents dispositifs auxquels il s'est substitu. Réduire le nombre de travailleurs pauvres, augmenter le taux de retour 4 Pemploi des allocataires de minima sociaux, garantir que le retour au travail est rémunérateur, faire en sorte qu'il soit toujours plus intéressant de travailler que d’étre sans activité, rendre cohérents les différents mécanismes de soutien aux revenus, qu’ils relevent de Etat ou des collectivités territoriales demeurent des objectifs essentiels. IIs ont motivé la création du RSA, ils peuvent orienter les améliorations & apporter. Monsieur Mare-Philippe Daubresse Secrétaire général adjoint de ' UMP ‘Ancien Ministre Député du Nord 55, rue de la Boétie 75008 PARIS. 5 avenue de Fone, 75013 J'ai cru comprendre qu’une convention de I’ UMP serait consaerée a ce theme dans les semaines qui viennent. J’avais participé, en 2008, la convention de I" UMP que vous aviez organisée et qui avait été occasion de conjuguer nos efforts pour sensibiliser le pa présidentiel au RSA, Sachez, que je me tiens disponible pour participer a cette nouvelle convention et j'espére que vous voudrez bien m’y inviter pour que je puisse participer a nouveau a ceite réflexion importante et consolider cette réforme sociale importante du quinquennat. Je vous prie de eroire, Monsieur le Ministre, en expression de mes sentiments les meilleurs. ew ofa k— KR Martin HIRSCH Quelles pistes de réforme pour le revenu de solidarité active Par Martin Hirsch, Ancien président de la commission « familles, pauvreté, vulnérabilité » Ancien Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté. ~3 mai 2011 - Le revenu de solidarité active est né d’une commission, mise en place en 2004, regroupant ensemble des organisations syndicales, des représentants des entreprises, les représentants des collectivités tervitoriales, des associations luttant contre la pauvreté, des chercheurs et deux parlementaires I'un de la majorité (Laurent Wauquiez, alors député de Haute-Loire) et T'autre de lopposition (Paulette Guinchard, alors députée du Doubs). Le revenu de solidarité active est le fruit d’un consensus entre l'ensemble de ces acteurs pour poursuivre plusieurs objectifs : = garantir que le retour au travail des allocataires de minima sociaux produise un supplément de revenu, pour que le travail paye, pour mettre fin aux désincitations au travail ot réduire les effets de seuil ; ~ Réduire le nombre de travailleurs pauvres, sans alourdir le cotit du travail afin d'éviter des effets négatifs sur ’emploi des personnes peu qualifiées ; = Simplifier l’enchevétrement des aides et des dispositifs daccompagnement ; = Mettre fin aux stigmatisations liges aux statuts ; ne pas donner le statut de « allocataire du RSA », mais en faire une prestation qui concere aussi bien des personnes qui travaillent que des personnes qui n’ont pas d’activité. é congu a un moment oi: ~ le nombre d'allocataires du RMI grimpait vertigineusement : + 30% entre 2001 et 2005 ; = Ia proportion d’allocataires du RMI suiv faible : A peine un tiers des allocataires ; - le taux de retour a l'emploi de ces allocataires n’était pas satisfaisant ; = le nombre de travailleurs pauvres avait connu une augmentation spectaculaire : +21% en trois ans. par le service public de Vemploi était trés La conception du RSA s'est faite dans un contexte d’échee patent et d’indicateurs au rouge. ‘Avant toute chose et dans un contexte oi certaines voix s‘expriment pour critiquer le RSA, en oubliant la situation de départ, on remarquera que = malgré la crise la plus sévére depuis 1929, le nombre d’allocataires du RSA sans activité est sensiblement le méme fin 2010 que le nombre d’allocataires du RMI fin 2007 : c’est inédit par rapport aux autre périodes d’augmentation du chémage ; = que le comité ¢’évaluation du RSA, instance indépendant, considére que la premitre année, le RSA a permis de faire sortir 70 000 personnes de la pauvreté : le mouvement continu d’augmentation du nombre de travailleurs pauvres a peut-étre enfin &té infléchi ; 2 = que le RSA est la seule mesure dont il a été prouvé par une année d’expérimentation qu'elle augmentait significativement le taux de retour & l'emploi. I Les différences entre le RSA concu par la commission et le RSA issu de la loi du 1° décembre 2008 pourraient étre avantageusement atténuées: Les résultats rappelés plus haut _ne doivent pas étre ocoultés. Ils ont été obtenus alors méme que le RSA mis en ceuvre par la loi du I* décembre 2008 a été une réforme moins complete que celle qui était prévue par la commission qui a congu le revenu de solidarité active. Ia fallu renoncer a plusieurs éléments. Ces différences sont les suivantes 1°) le RSA aurait dd intégrer la prime pour l'emploi. La commission considérait que la prime pour l'emploi était une mesure coiiteuse, inefficace pour le retour a l'emploi, incroyablement diluée puisque concernant 9 millions de personnes et inéquitable puisqu’elle excluait les salarigs les plus modestes avee un temps trés partiel. Les mémes critiques ont d'ailleurs été formulées par Nicolas Sarkozy pendant sa campagne puisqu’il avait dénoncé la prime pour Vemploi, telle qu'elle avait évolué et s*était engagé a la supprimer. L’intégration de la prime pour l’emploi dans le RSA avait plusieurs logiques, ~ recentrer Jes moyens budgétaires sur ceux qui en avaient Je plus besoin alors que la prime pour l'emploi pouvait concerner, dans certaines configurations familiales, des foyers dont le revenu ¢quivalait a plus de 4 fois le SMIC ; Faire un lien direct avec la reprise d’emploi, alors que la prime pour l'emploi n'est en fait pas lige dans le temps avec le moment ot un emploi est repris ; = Pouvoir consacrer plus de moyens au RSA ; ~ Metre de la cohérence dans des mécanismes de soutien aux revenus faibles, complexes, souvent incompréhensibles et parfois incohérents. Cette fusion n'a pu avoir lieu, & cause de opposition — pour des raiso dune partie de la majorité, dune partie de opposition et de Bercy 1s contradictoires ~ 2°) Le revenu de solidarité active devait avoir une « pente » plus forte, pour étre davantage incitatif au travail. Nous avions proposé que les personnes qui reprennent un emploi aient la garantie de conserver au moins 70% des gains liés 4 la reprise d’emploi. Nous n'avons obtenu qu'un taux de 62%, ce qui est significativement plus faible. Les oppositions que nous avons rencontrées étaient de deux ordres: dune part des motifs budgétaires : plus la pente est Glevée, plus le coat est élevé et l’enveloppe prévue de 2,5 milliards & 3 milliards d’euros n’a finalement é1é que de 1,5 milliards. Mais aussi des oppositions de principe : une partie du gouvernement et notamment le ministére de lemploi était hostile 4 ce que des personnes percevant plus que le SMIC puissent bénéficier du RSA, ce qui aurait été le cas avee une pente plus forte. Or le RSA était congu pour ne pas désavantager les foyers les plus modestes parmi les classes moyennes, c'est-i-dire ceux dont les revenus sont voisins du revenu médian. Il est paradoxal de voir aujourd'hui le theme des classes moyennes étre remis au centre du débat, alors que celles-ci ont été privées du bénéfice du RSA en complément de leur salaire, ce qui était explicitement prévu par la commission de 2005, de méme que la suppression de la dilution de la prime pour Temploi vers les classes moyennes _supérieures.

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