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Bonjour et merci de m’avoir invité à participer à vos travaux.

Le sujet qui
nous occupe est une question partagée par beaucoup d’intervenants dans le
monde la formation et de l’éducation. Je vais pour ma part tenter d’apporter des
éléments, les plus concrets possibles en partant de l’ expérience que je vis avec
cette plate forme d’aide et de soutien scolaire sur internet. Il va donc s’agir
d’évoquer devant vous ce qui m’a conduit à créer le site « maths-videos ». Mais je
voudrais aussi et surtout vous faire entrer dans ce que j’appellerais « la salle des
machines ». Vous faire connaître certes l’itinéraire qui m’a conduit à l’élaboration
de ce projet mais et surtout et d’abord son intérêt pédagogique. Je vais également
tenter d’illustrer le plus possible cet exposé en utilisant internet et en montrant des
exemples concrets.

Quelques mots pour me présenter rapidement. Je suis enseignant de


mathématiques au collège de Morhange actuellement. Je pense que mon cursus
professionnel n’est pas étranger à ma démarche. Quelques précisions à ce sujet.
A 17 ans, je suis à l’école normale de Montigny les Metz en formation pour devenir
instituteur. Après deux années de formation pédagogique je deviens instituteur
titulaire en 1978 à 19 ans. En 1981, après le concours d’entrée je rentre pour deux
années au centre de formation des professeurs de collège. En 1983 je deviens
professeur de collège titulaire. En 2000, à 40 ans, je passe la licence des sciences
de l’éducation et devient certifié. Ceci pour souligner la chance que j’ai eue d’avoir
près de 5 années de formation pédagogique. Egalement un point qui me sert
beaucoup : c’est celui d’avoir été d’abord instituteur puis enseignant en collège.

I) Historique du projet « maths-videos »

- en 1993, suite à un congé de longue maladie, création du logiciel Mathoutor. Cet


ensemble de 30 modules couvre les points essentiels du programme jusqu’à la
cinquième du collège. Ce logiciel connaît un vif succès. L’universitaire Grégory
Miezelis consacre dans la revue PC Magazine un article sur le didacticiel.
Beaucoup d’établissements et de particuliers souhaitent acquérir le programme. Il
faut mettre en place une structure.
Mathoutor http://youtu.be/wA2WUHyeeU

- en décembre1995, l’association (loi 1908) LOGEDU voit le jour. Inscrite au


registre du commerce, elle a pour objectif la promotion des TICE dans le domaine
pédagogique. Elle regroupe une trentaine d’auteurs de logiciels éducatifs,
formateurs ou enseignants pour la plupart. La distribution des logiciels concerne
des établissements de toute la francophonie. Ce dispositif permet à Mathoutor
d’être distribué et utilisé encore aujourd’hui dans des centaines d’établissements
(écoles, collèges).
les débuts de Logedu http://bit.ly/lmamCn

- en 2004, les ordinateurs sont devenus beaucoup plus puissants. Il est à présent
possible de travailler facilement avec des vidéos. L’ émergence et la popularisation
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d’Internet offrent les moyens d’une réelle interactivité avec les élèves. Création
dans le collège du dispositif D.A.R.P.E.L (dispositif d’aide et de ressources
pédagogiques en ligne). Il s’agissait d’aide en direct en ligne et de mise à
disposition de clips pédagogiques.
DARPEL http://cyberprof.new.fr/

- en 2005, Premières ressources vidéos en ligne.

- en 2006, Mise en ligne sur Internet d’ une véritable plate-forme de ressources


vidéos ( Plate-forme http://bit.ly/lrcUEE) couvrant tous les programmes du collège de
la sixième. Parallèlement, mise à la disposition de tous d’ un forum doté de tous les
outils nécessaires à un fonctionnement optimal (réponses audio, vidéo possibles
etc…).

- en 2009, la plate forme est enfin complète et concerne tous les niveaux. Près de
500 vidéos sont accessibles à tous les internautes. Des exercices avec correction
vidéo ont également été mis à disposition. Tout cela permet à un élève, à un
parent, à un adulte souhaitant une remise à niveau de disposer d’un
environnement pédagogique complet accessible en ligne. Elle est fréquentée
actuellement par 800 à 1000 internautes par jour . Le forum d’aide en ligne
compte 900 membres et près de 1000 sujets ont été traités. Sans entrer dans les
détails, la plate forme est fréquentée par une immense majorité de collégiens mais
également par beaucoup de parents qui viennent se former pour pouvoir aider
leurs enfants. Je trouve également dans les témoignages un nombre important
d’adultes en formation (remises à nouveaux) ainsi que des formateurs et des
enseignants. A signaler l’impact grandissant de maths-videos au niveau de la
francophonie
Google Analytics http://bit.ly/jWwE0Y
Sénégal http://bit.ly/lj9DWn

II) Le déclic

Je reviens quelques instants sur une des raisons qui m’ont poussé à
poursuivre le projet « maths-videos ». En 2004, j’avais donc mis en ligne sur le site
du collège quelques vidéos touchant uniquement les niveaux 6ème et 5ème à ce
moment là. Je me souviens très bien des circonstances dans lesquelles j’ai réalisé
que cet outil pouvait être pédagogiquement très efficace.
Il s’agissait de cours particuliers que j’allais donner dans le cadre du dispositif
SAPAD à un élève de ma classe, il se prénomme Marc et habite un petit village
près de Morhange. Il s’était cassé la jambe. Marc avait des difficultés dans la
matière, se concentrait difficilement en classe. A une de ces séances, je
m’aperçois que Marc, non seulement connaissait le cours que je lui faisais pour la
première fois mais, plus fort, qu’il parvenait à effectuer sans peine les exercices
que je lui proposais. Il répondit à mes interrogations qu’il avait été voir sur le site du
collège une des premières vidéos qui couvrait le chapitre en cours. Des cas
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similaires touchant des élèves absents se sont produits plusieurs fois. Les élèves
revenaient en classe et ne nécessitaient de ma part pratiquement aucun
aménagement particulier pour rattraper les cours manqués.
Pourtant, ces situations concernaient des élèves qui n’étaient pas toujours
parmi ceux ayant le plus de facilité dans la matière. C’est à partir de ce moment là
que je décidais de développer sérieusement un outil pédagogique à base de
vidéos.

III) les cours vidéos : un outil véritablement pédagogique ?

a) le dispositif Sénégal http://bit.ly/jQgEqU


Je pense qu’un élément essentiel de l’efficacité de ces vidéos est la nature même
du dispositif d’apprentissage. L’élève se trouve seul face à son écran. Son
attention est accaparée par l’image et le son. Dans la mesure où, volontairement, il
s’installe devant son ordinateur, il est dans une situation idéale pour recevoir les
informations et apprendre. J’ai d’ailleurs l’exemple d’un élève récemment absent
que je suis en quelque sorte par correspondance en utilisant le forum et les vidéos.
Cet élève, en situation habituelle de classe, se dissipe souvent, ne suit pas
correctement le cursus du cours. Je me suis aperçu qu’il assimilait beaucoup
mieux en utilisant la plateforme (quand je parle de la plate forme je parle du forum
et du site de vidéos).
Un autre aspect me semble important. Je vais l’évoquer en parlant d’un
phénomène que vous avez sûrement remarqué. A chaque fois que le progrès fait
un pas en mettant au point une nouvelle technique, on ne parvient pas à se
détacher de ce qui se passait jusque là. On tente d’utiliser la nouvelle technique
dans le cadre qu’on connaît déjà. A ce sujet, une anecdote relatée par l’écrivain
Paulo Coehlo dans son ouvrage Zahir, illustre bien ce phénomène. Paolo Coehlo
affirme que les romains ont influencé la construction de la navette spatiale. Je vous
résume rapidement son propos. http://bit.ly/lY6rIF C’est l’auteur qui parle :
« Savez vous pourquoi l’écartement des rails de chemin de fer est exactement de
1,435 m ? Parce qu’au début, pour construire les wagons on utilisait les mêmes
outils que pour la construction de voitures. Mais pourquoi cette distance entre les
roues de voitures ? Parce que les romains l’ont décidé ainsi. Pourquoi ont ils
décidé d’adopter cette mesure ? Car les chars de guerre tirés par deux chevaux de
race avaient exactement une largeur de 1,43 m. En quoi les romains ont ils eu une
action sur la conception de la navette spatiale ? Car il fallait transporter par voie de
chemin de fer les réservoirs de combustible du centre de construction jusqu’au
centre spatial. Il a donc fallu adapter leur taille (qu’on souhaitait au départ plus
grande) pour pouvoir les transporter par rail ». On peut donc affirmer que les
romains ont eu une influence sur la conception de la navette spatiale. Dans le
même registre, les premières voitures étaient une reproduction des carosses. On
allait même jusqu’à ne pas protéger le chauffeur des intempéries comme ce qui se
passait pour les cochers.
C’est pour ce type de raisons que la plupart des cours vidéos, encore
aujourd’hui, sont des cours magistraux filmés. On voit un tableau parfois
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difficilement lisible devant lequel se trouve un enseignant qui expose le cours sous
forme écrite. J’ai pensé qu’il fallait adapter le dispositif aux exigences ‘une
pédagogie qui se voulait interactive (même virtuellement, j’y reviendrai) ? Les
nouvelles opportunités qui avaient vues le jour dans le domaine technique le
permettaient. C’est ainsi que j’adoptais le dispositif que vous voyez. Dispositif
http://bit.ly/jQgEqU En clair, tout se passe pour celui qui visionne une vidéo
comme s’il se trouvait dans une situation familière que nous avons tous connue.
Cette situation où nous nous trouvions quand un enseignant, un parent, un
camarade nous expliquait tel ou tel point au sujet d’une difficulté rencontrée. Celui
qui explique, le formateur a alors toutes les facilités à sa disposition pour
transmettre son savoir (utilisation de graphismes, schémas, manipulations etc..).
Le dispositif induit aussi un type de relation virtuelle. L’internaute, l’élève
n’est pas spectateur dans un groupe mais a le sentiment de bénéficier d’un cours
qui lui est destiné, à lui seul. Un peu le sentiment d’être en cours particulier. Je
dois dire que, lors des enregistrements, j’ai vraiment le sentiment non pas de
travailler pour un public large comme une classe mais bien de m’adresser à
quelqu’un en particulier. C’est un point plus important qu’il n’y paraît. Le formateur
quitte une situation de type cours magistral et cela lui donne alors davantage de
libertés (je pense particulièrement aux choix des termes, parfois à l’abandon
temporaire de formalismes qui peuvent entraver l’apprentissage. Je veux dire par
là employer des mots plus simples, des images). A ce sujet, il se trouve qu’une
équipe de journalistes de FR3 est allée voir cette semaine deux enfants (que je ne
connais pas) dont l’éducation est assurée par leur mère. Regardez cette remarque
d’un des deux enfants Témoignages FR3 http://youtu.be/jPmphIC_9hw
Un dernier élément est également à mettre en éxergue. La génération
actuelle est très sensible à tout ce qui est média, elle est aussi habituée à des
formats courts, on parle parfois de « génération zapping ». Des clips vidéos de 20
à 25 minutes, allant à l’essentiel, posant l’acte pédagogique (je reviendrai plus loin
sur cette notion fondamentale) sont des formats modernes, adaptés à la société
d’aujourd’hui. Je ne développe pas la question mais cette dimension de modernité
n’est pas à négliger. Elle peut constituer, elle aussi, un des aspects qui va motiver
un élève dans l’apprentissage.

b) un peu de théorie
Je voudrais à présent arriver à ce que j’appelais en préambule « la salle des
machines ». A ce qui me paraît l’essentiel. En quoi, une plate forme comme maths-
videos est elle un instrument véritablement pédagogique ? J’ai toujours été
intéressé par les travaux du pédagogue Antoine de la Garanderie
http://bit.ly/iifCmm (il nous a quittés l’an dernier en juin). Il est un des rares
chercheurs dans le domaine de la pédagogie qui s’occupait ou tentait de s’occuper
de ce qui se passe véritablement dans ce qu’un de mes professeurs à Nancy II
appelait la « boite noire », la tête, le cerveau quoi !. Quels sont les mécanismes
mis en route pour un véritable apprentissage, pour déclencher le processus de
compréhension ?
Vous avez tous déjà regardés des documentaires très bien faits avec des
prises de vue remarquables, les meilleurs effets spéciaux, demain la 3D. Vous les
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avez appréciés et pourtant quelques jours après il ne vous en reste pratiquement
rien. Vous avez oublié les chiffres, les informations, les raisonnements. En fait,
vous n’avez pas appris. Vous étiez en situation de perception, pas
d’apprentissage. A ce sujet, Antoine De La Garanderie pense qu ‘il y a trois
familles d’ élèves ou d’apprenants (je schématise, mme Kellner nous éclairera
sûrement à ce sujet dans son intervention). Ceux qui privilégient le visuel, d’autres
l’auditif et enfin ceux qui ont besoin de toucher, de « faire » pour comprendre. Il
souligne également que les concepts, les définitions doivent être réévoqués par
l’apprenant pour se les approprier avec ses propres moyens, ses propres mots.
Ces processus mentaux forment pour lui les éléments de base de sa théorie de la
gestion mentale. Si vous observez bien le contenu d’ une des vidéos, vous
constaterez qu’elles comprennent souvent une partie consacrée à des
manipulations, des activités. Le commentaire,lui, foisonne de mots,d’expressions
sciemment répétés. Il s’agit de réévoquer la notion, de faire en sorte qu’à la fin de
la séquence l’apprenant, l’élève soit imprégné du concept que vous voulez faire
passer. Il va de soi que l’apect visuel est omniprésent. On a donc là un outil
complet qui peut constituer un remarquable atout pédagogique.

Un autre point me semble important. Souvent, les enseignants se plaignent


de ce que les élèves n’apprennent plus. Le travail à la maison n’est pas effectué,
les leçons ne sont pas apprises. Les fameux « devoirs à la maison » sont vécus
comme une corvée, sont parfois effectués par les parents quand ils ne sont pas
recopiés. De plus ce travail demandé sur lequel on s’appuiera en classe est un
facteur de discrimination considérable. Le bain culturel joue alors un rôle
prépondérant (je vous renvoie à ce qu’écrivait Pierre Bourdieu http://bit.ly/iqjzdY
et Jean-louis Passeron dans La Reproduction). A cet égard, je rappelle ici
qu’en Finlande, pays nordique sans arrêt mis en avant pour la qualité de son
système éducatif, il n’y a pas de devoirs. D’autre part, une étude récente confirme
ce que l’on pressentait : le temps disponible pour un enfant s’est réduit
considérablement. L’offre multimedia (bouquets de chaînes télé, smartphones,
réseaux sociaux comme facebook) est tellement importante et attractive (souvent à
juste titre) qu’elle accapare les élèves notablement. Il s’agit bien, aujourd’hui,
davantage encore qu’hier d’apprendre à l’école, pas d’organiser le travail que
l’élève devra faire chez lui pour ensuite le corriger en classe le lendemain. Un
exemple concret pour illustrer cela. Tables de multiplication
http://youtu.be/LaTsxCCdarQ Les sempiternelles tables de multiplication. Imaginez
le désarroi d’un enfant à qui on dit d’apprendre les tables de multiplication.
« Combien de temps va-t-il me falloir ? comment faire ? Est ce que ce travail aura
une fin ? » Il faut donner à l’enfant les clés, les moyens de parvenir au résultat
escompté. Dans ce cas précis, je pense à la technique de la boîte à vider chaque
soir une certain nombre de fois. Au départ, vous mettez seulement une table (celle
de 4 par exemple) et vous demandez à l’élève de vider la boîte trois fois chaque
jour. Vous lui avez donné là une stratégie d’apprentissage avec des perspectives.
Pour revenir à maths-videos, chaque vidéo a été conçue pour aborder donc le
sujet en ayant comme objectif l’apprentissage et non pas comme un exposé qui ne
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serait guère plus intéressant qu’un cours écrit. Bref il s’agit bien d’apprendre pas
de consulter des informations.

Je reviens maintenant un instant sur l’idée (exposée tout à l’heure) qu’il est
nécessaire de poser l’acte pédagogique. Dans un cours, (il m’arrive de le dire à ce
moment là aux élèves) il y a toujours 30 secondes capitales. C’est le moment où
vous allez extraire d’une situation problème, d’une activité manuelle le concept, la
propriété, la règle dans certains cas que vous voulez transmettre. Vous êtes à ce
moment là au cœur même du processus d’acquisition. C’est le moment où vous
devez capter l’attention de tous, faire attention qu’un tel ou un tel ne soit pas
focaliser par l’achèvement de l’activité elle même (un découpage, un collage, un
coloriage etc..). C’est à ce moment que vous posez ce que j’appelle l’acte
pédagogique. Permettez quelques mots pour bien faire comprendre l’importance
de cela. Comme vous le savez sûrement la plupart des notions en mathématiques
(y compris au lycée) sont abordées conformément aux instructions par le biais
d’activités. Elle se résument malheureusement souvent à une succession de
situations répétitives, avec des pointillés à compléter par des mots clefs délivrés
précédemment dans un énoncé ou un court texte. On pense alors que par le biais
de ce qu’il faut bien appeler un conditionnement, on va arriver à faire passer, à
« inculquer » la notion. On passe ensuite à une partie classique de cours
rassemblant une succession de définitions et de propriétés dont la trace écrite va
prendre quasiment un tiers du temps en classe. On risque de passer à côté de l’
essentiel : Poser l’acte pédagogique. http://youtu.be/80d0i3Smkf0. Il s’agira
ensuite pendant la séquence de réinvestir, de répéter la notion pour s’occuper de
la mémorisation, de l’apprentissage lui même. La vidéo permet d’arriver à ce
moment clef. Par sa chronologie, par le découpage qui va comporter une partie
activités, vous pouvez poser l’acte pédagogique. S’il est bien amené, vous voyez
des visages s’éclairer, des hochements de tête de la part des élèves. Vous avez
tous vécu ce genre de situation.
Vous pouvez remarquer également que sans arrêt dans les clips vidéos,
comme je le soulignais précédemment, il y a des répétitions, des mots expliqués
fréquemment, on a souvent recours à l’emploi de synonymes. Pour expliquer ce
qui suit, si j’osais, j’assimilerais mon travail au moment de l’élaboration d’une vidéo
à celui du « démineur ». Imaginez un instant l’apprentissage comme un chemin à
se faire dans un lieu mal entretenu, dans une forêt où pn trouverait des branches
par terre, des endroits où l’on risque de glisser. Ce serait en quelque sorte notre
espace de formation. Vous allez rencontrer des obstacles, vous allez devoir
contourner des diifcicultés, inventer d’autres chemins. C’est ce que je tente d’
intégrer dans la conception même de la vidéo. On « démine » le terrain. Je pense
par exemple au mot « consécutif » qui pose problème à beaucoup d’élèves.
Chaque fois qu’il est employé, il est accompagné d’une périphrase. Il est
régulièrement réinvesti au cours de la vidéo pour qu’il soit aquis à son issue. Il en
va de même pour la formulation des propriétés. Il va s’agir de trouver une
formulation rigoureuse mais qu’ un élève va pouvoir s’approprier. La vidéo permet
de prendre en compte ces aspects. Là aussi, il ne faut pas négliger l’importance de

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la qualité de réception d’un élève dont l’attention est totalement accaparée par le
dispositif. Mais j’en ai déjà parlé précédemment.

IV) le forum : interactivité et pédagogie


La plate forme « maths-videos » comprend également ce que j’ai appelé un
forum. L’interactivité est un aspect essentiel d’un apprentissage. Des outils
remarquables existent. Le forum en est un. Qu’est ce qu’un forum ? En résumé et
pour faire simple, un élève va pouvoir poser une question et consulter une
réponse. Mais attention. Il ne s’agit pas de susciter davantage de difficultés que
celles vécues par rapport à la matière elle même. Il faut que le forum possède tous
les outils pour être efficace sur le plan pédagogique. http://bit.ly/ma0eXn Pouvoir
répondre rapidement sous forme vidéo, pouvoir intégrer très vite un document
même écrit à la main, pouvoir écrire facilement des expressions mathématiques,
pouvoir afficher toutes sortes d’images. Je pense que dans les années qui
viennent, très rapidement, les enseignants devront être formés dans ce domaine.
Rien qu’une réponse aves des couleurs, des termes en gras etc.. va permettre la
compréhension. Il est parfois nécessaire de 10 échanges ou davantage avant de
trouver la bonne manière de résoudre la difficulté rencontrée. Le forum va
permettre également d’encourager un élève, de l’inciter à effectuer le problème qui
lui est proposé. Des élèves sont souvent découragés par un énoncé long. Le fait
d’être accompagné à distance, en tout anonymat les rassure et contribue à faire
disparaître nombre de blocages. Je remarque que ce sont souvent les mêmes
types de questions qui reviennent. J’ai donc préparé un certain nombre de clips
vidéos type que j’incorpore à mes réponses. Quand la difficulté est repérée, il s’agit
alors non pas de faire l’exercices « à la place de » mais bien d’apporter les
éléments pédagogiques nécessaires (j’insiste sur le mot pédagogiques) pour un
apprentissage efficace de la notion à utiliser.

V) conclusion et perspectives
Je pense sincèrement que nous ne tiendrons pas longtemps (quand je dis
nous je parle des enseignants) sans bouleverser nos pratiques. Le mot capital est
« ressources ». A terme, le professeur, le formateur va devenir une personne
« ressource ». Les TICE sont déterminantes dans ce domaine. On parle nécessité
de différenciation, d’individualisation de l’enseignement. Comment imaginer les
choses autrement ? Vous avez aujourd’hui un étalement de notes de 2 à 20 avec
non plus comme le disait Philippe Meirieu il y a peu, trois groupes dans une classe
(un tiers de très faibles, un tiers de moyens et un tiers d’ excellents) mais plutôt
l’émergence de deux groupes (faibles ou très faibles et forts). Cela a des
conséquences terribles. Des élèves qui s’ennuient, qui ne supportent plus cette
souffrance. certains vont passer une ou deux années au fond d’une classe à se
morfondre. Ils décrochent. Les TICE (et je reviens à l’intitulé de notre débat)
peuvent constituer un atout extraordinaire pour permettre une prise en compte des
niveaux très différents (de plus en plus différents) auxquels nous avons affaire.
Mais attention, ne nous laissons pas berner par la déferlante de gadgets ou
d’outils. Ipad, facebook, twitter etc… Il ne s’agit pas d’incorporer sous prétexte de
modernité tel ou tel gadget mais bien de pédagogie. Je vais être un peu polémique
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mais c’est un bon moyen de susciter le débat. En quoi par exemple
pédagogiquement les tableaux numériques interactifs sont ils une réussite ?. Je
lisais récemment les conclusions d’un rapport canadien à ce sujet qui concluait à
un échec sur le plan des résultats obtenus. Vous êtes dans la situation d’un cours
on ne peut plus magistral. Vous allez avoir de belles images, de belles simulations.
Mais l’interactivité va être réduite à celui ou celle qui touchera le fameux tableau.
Pensez au meilleur documentaire dont je parlais tout à l’heure, avec les plus belles
couleurs, les plus beaux paysages. Vous avez certes passé un bon moment. Mais,
avez vous appris ? Pas toujours, pas forcément. Nous avons tous vécu cela.
Rappelez vous d’une projection en classe. C’est la reprise, l’exploitation
pédagogique du document qui va permettre l’apprentissage. Il faut donc être
vigilant. Les TICE, c’est un peu comme la télé. On dit par exemple « tiens, hier soir
j’ai regardé la télé ». Mais en fait, vous n’avez pas regardé la télé. Si elle était
allumée, vous avez visionner un film, un documentaire ou autre chose.. vous
n’avez pas regardé la télé. De la même façon, on utilise des TICE mais, dans ce
que j’ai exposé, quoi de neuf à part la possibilité de communiquer facilement à
beaucoup de personnes. J’utilise la vidéo, ce n’est pas neuf. Je peux aider les
élèves sur un forum en échangeant des propos. Rien de bien nouveau. La
pédagogie, elle ne change pas. Aujourd’hui Célestin Freinet utiliserait l’ordinateur à
la place de pommes de terre pour imprimer en classe. Qu’est ce que cela change ?
Et pourtant, pourtant nous sommes face à un bouleversement, à une évolution des
techniques considérables. Charge à nous de nous adapter, d’intégrer ces
formidables outils sans perdre de vue l’esentiel : la pédagogie.
Je termine donc en vous remerciant de votre attention et suis prêt à répondre
à vos questions.

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