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• L’enfant apprend en observant les conduites des adultes, en les imitant et en les reproduisant.
• Mais l’enfant ne reproduit pas systématiquement le comportement observé : on ne peut postuler que
l’enfant va imiter tous les modèles qui lui sont présentés
• Car l’enfant ne fait pas qu’assimiler bêtement ce qu’il reçoit de son environnement, il réfléchit, il
intègre, il donne un sens à ce qu’il perçoit de la vie adulte.
• L’enfant à d’autant plus de chances de s’identifier à l’adulte et à reproduire les comportements
souhaités qu’il s’est établi une relation affective avec la personne de référence (le père, la mère,
l’éducateur, etc .), que le socialisé l’admire.
• Dans le cas contraire le risque de rejet est important. On voit donc que les conceptions traditionnelles,
qui préconisaient l’imposition de modèles par des adultes devant garder leurs distances et imposer leur
autorité, ne sont pas sans accroître le risque d’échec de la socialisation par l’imitation.
• la socialisation primaire est la première socialisation que l’individu subit dans son
enfance, et grâce à laquelle il devient un membre de la société
Remarque :
• Traditionnellement on considérait que la socialisation primaire exercée pendant l’enfance jouait un rôle essentiel
puisque l’enfant étant plus malléable, intériorisait les modèles de comportement qui étaient souhaités. La
socialisation secondaire occupait alors une place d’autant plus réduite que la mobilité sociale était faible et que les
individus reproduisaient (par le mariage, par le travail) le modèle de leurs parents.
• Aujourd’hui on accorde de plus en plus d’importance à la socialisation secondaire, en particulier car nous vivons
dans une société plus complexe, en évolution rapide qui n’attend pas seulement des individus qu’ils reproduisent tout
au long de leur vie des modèles appris durant l’enfance. Au contraire les individus doivent être capables de s’adapter.
Traditionnellement on distingue :
• les agents de socialisation dont l’action est directe et dont c’est une des fonctions
explicites : la famille, l’école.
Alors que les premiers visent une socialisation de la totalité de la personne , les
seconds s’intéressent essentiellement à une partie de la personne : celle qui est en
rapport avec le groupe en question .
Fiche 4 – Les approches théoriques de la
socialisation
E Durkheim (comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents) inscrit son analyse dans une
perspective holiste qui le conduit à poser que :
- la culture est un tout relativement cohérent et homogène
- qui préexiste aux individus qui composent la société (« or , les coutumes et les idées ---
antérieures »)
- ceux ci ne peuvent s’intégrer que s’ils maîtrisent et appliquent le système de valeurs et de normes
définies par la société(« il y a des coutumes --- harmonie »)
- si les individus ne respectent pas la culture de la société parce qu’ils ne l’ont pas intérioriseé , alors
ils seront rejetés : « si nous y dérogeons—elle se venge sur nos enfants »
Donc la socialisation aura pour fonction de constituer en chaque individu l’être social qui exprime non
pas la personnalité individuelle mais le groupe dont-il fait partie.
La conception de la socialisation développée par Durkheim repose donc sur le postulat que :
- l’enfant est un être vierge et passif donc très malléable
- que la société (et non pas seulement la famille : « il est vain – nos enfants comme nous le
voulons ») doit socialiser en lui inculquant méthodiquement un système de normes qu’il
intériorisera et respectera
A Percheron peut alors écrire : « la conception de la socialisation chez Durkheim est extrêmement
autoritaire et découle de la fonction essentielle qu’il lui prête, perpétuer et renforcer l’homogénéité de la
société »
Les théoriciens culturalistes s’inscrivent dans la filiation durkheimienne (cf. chapitre précédent)
Constat : Pour les culturalistes la psychologie génétique permet certes d’éclairer certains mécanismes
essentiels qui font du nouveau né , égocentrique et totalement dépendant , un adulte membre coopératif
et relativement autonome de la société. Mais cette approche est beaucoup trop restreinte car trop
centrée sur l’individu. Elle ignore donc les fortes variations que l’on peut observer dans les produits de la
socialisation selon les époques, les milieux sociaux ou les lieux.
Conséquences : A partir des multiples enquêtes que les culturalistes ont mené dans les sociétés
traditionnelles, ils peuvent en conclure quels adultes produits par les diverses sociétés sont aussi
différents que les procédés éducatifs qui leur étaient appliqués quand ils étaient enfants et que ces
procédés ne peuvent être facilement ramenés à des mécanismes universel (cf. dans le chapitre
précédent l’ étude de M Mead sur le comparaison des cultures Arapesh, Mundugomor et Chambuli).
Bourdieu se définit comme un sociologue qui essaie d’opérer une synthèse des auteurs clés de la
sociologie que sont Durkheim, Weber et Marx. Pour cela il va forger un concept l’habitus qui selon lui
vise à :
• « dépasser les alternatives du déterminisme et de la liberté, du conditionnement et de la créativité,
de la conscience et de l’inconscient ou de l’individu et de la société .
• parce que l’habitus est une capacité infinie d’engendrer en toute liberté (contrôlée) des produits –
pensées, actions- qui ont toujours pour limite les conditions historiquement déterminées et
socialement située de sa production. La liberté conditionnée et conditionnelle qu’il assure est aussi
éloignée d’une création d’imprévisible nouveauté que d’une simple reproduction mécanique des
conditionnements initiaux » ( le sens pratique)
• Bourdieu pense donc grâce à ce concept avoir dépassé les critiques faites aux théoriciens
déterministes dont on est contestée la vision d’un individu conditionné par la société , sans
véritable liberté d’action. Mais aussi aux théoriciens individualistes et actionnalistes qui
surestiment la capacité de l’acteur social à agir sans contrainte.
• Les habitus sont différents suivant le milieu social et donc la sous-culture dans laquelle l’individu a
été socialisé. Mais Bourdieu cherche surtout à montrer qu’il permettent aux individus de se
distinguer : « les goûts sont l’affirmation pratique d’une différence inévitable. Ce n’est pas par
hasard que lorsqu’ils ont à se justifier, ils s’affirment de manière toute négative, par le refus
opposé à d’autres goûts. En matière de goûts plus que partout toute détermination est négation ;
et les goûts sont sans doute avant tout des dégoûts, faits d’horreur ou d’intolérance (c’est à vomir)
pour les goûts des autres. Des goûts et des couleurs on ne discute pas : non parce que tous les
goûts sont dans la nature mais parce que chaque goût se sent fondé en nature, et il l’est quasiment
étant habitus,ce qui revient à rejeter les autres dans le scandale du contre nature » (la distinction, p
61) car comme l’écrit L Mucchielli : « le jeu social où qu’il s’exerce repose toujours sur des
mécanismes structurels de concurrence et de domination »
• Elle privilégie les expériences de la petite enfance et les disciplines imposées par la culture social
du groupe d’origine et donc sous-estime l’influence des agents de socialisation secondaire (31 p
129). L’individu est déterminé une fois intériorisé les normes et valeurs inculquées au cours de la
socialisation primaire, c’est donc une conception de la socialisation statique à laquelle il manque
une approche dynamique.
• Il n’en reste pas moins son analyse cède finalement au travers de l’inculcation et de l’individu
passif. Et donc qu’ elle se trouve très démunie pour expliciter le changement social qui occupe une
place centrale dans nos sociétés
• la socialisation est donc avant tout un processus de construction dynamique d’une identité
permettant à l’individu d’appartenir à des groupes multiples et parfois contradictoires, d’y
développer des relations .
• Mais ce processus d’identification est d’autant plus complexe qu’il n’y a pas d’identification unique
de l’individu :
- l’individu s’identifie à plusieurs groupes auxquels il appartient ou fait référence
- Mais il veut tout à la fois s’intégrer dans un groupe, être accepté par les membres, tout en
ne se fondant pas dans le groupe , en se différenciant.
Conclusion : on pourrait à titre de conclusion citer la phrase de Lacan (célèbre psychanalyste) : « le moi
est un objet fait comme un oignon : on pourrait le peler et on trouverait les identification successives qui
l’ont constitué »