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Partie 1 – Les activités économiques et sociales Notions du référentiel : valeur ,

1.1 – L’organisation sociale-La structure sociale norme , statut ,rôle , reproduction

CHAPITRE II- LA SOCIALISATION


Fiche 1 – Définition de la
socialisation

Guy Rocher définit la socialisation comme : « étant le processus par lequel la


personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments
socio-culturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous
l’influence d’expérience et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à
l’environnement social où elle doit vivre »
Guy Rocher peut alors distinguer trois aspects essentiels de la socialisation :
• La socialisation est un processus d’acquisition :
- de modèles de comportements, de normes et de valeurs c’est à dire
d’éléments composant une culture.
- Il est donc spécifique et fonction de la société, du groupe auquel
l’individu appartient
- C’est un processus ininterrompu puisqu’il débute à la naissance et ne
se termine qu’à la mort de l’individu.

• la socialisation intègre la culture et la structure sociale de la société à la


personnalité psychique de l’individu :
- de telle façon que les règles, les obligations définies par la société
paraissent naturelles et influencent les manières de penser, d’agir et
de sentir.
- C’est grâce à cette intégration des éléments socio-culturels que le
poids du contrôle social n’est en définitif que peu ressenti
consciemment. L’individu n’a pas le sentiment d’obéir à la pression
d’une autorité extérieure, c’est de sa propre conscience que jaillit la
source de sa conformité.

• L’individu est ainsi adapté à son environnement social et peut communiquer


avec les autres membres de la société dont-il partage avec les idées, les
goûts et les aspirations qui lui permettent de s’identifier au nous collectif.

Fiche 2 – Les processus de socialisation


I - Les méthodes traditionnelles de socialisation (doc7 p123 jusqu’à prescriptions)
Le point commun à toutes les méthodes traditionnelles de socialisation est qu’elles considèrent que :
• l’enfant est un être imparfait
• qui doit donc être réformé et subir un conditionnement
• qui lui est imposé ( l’enfant est considéré comme passif)
• afin de pouvoir être intégré à la société

A - La socialisation par l’application de récompenses et de punitions

Traditionnellement, les parents recourent :


• à l’application de sanctions ou de punitions quand leur enfant ne se conforme pas aux comportements
souhaités.
• Par contre dès lors que l’enfant respecte les attentes des parents ceux ci vont le récompenser afin de
lui démontrer leur satisfaction.

B – La socialisation par la répétition


L’enfant que ses parents entraînent à la propreté, aux bonnes manières subit un apprentissage par la
répétition des mêmes gestes qui est destinée à développer en lui des réflexes conditionnés et des
habitudes qui se perpétueront tout au long de sa vie.

II - Les orientations contemporaines : une vision moins dirigiste des processus de


socialisation.
Les points communs à toutes les modes modernes de socialisation est qu’ils :
• n’ont plus une vision aussi négative de l’enfant ( au contraire sa pureté et son innocence sont valorisées)
• la socialisation ne doit plus être imposé à l’individu qui n’est pas passif
• mais qui au contraire est considéré comme étant un acteur social qui, par les relations qu’il va entretenir avec son
environnement, va participer au processus de socialisation

A - La socialisation par l’observation et l’imitation

• L’enfant apprend en observant les conduites des adultes, en les imitant et en les reproduisant.
• Mais l’enfant ne reproduit pas systématiquement le comportement observé : on ne peut postuler que
l’enfant va imiter tous les modèles qui lui sont présentés
• Car l’enfant ne fait pas qu’assimiler bêtement ce qu’il reçoit de son environnement, il réfléchit, il
intègre, il donne un sens à ce qu’il perçoit de la vie adulte.
• L’enfant à d’autant plus de chances de s’identifier à l’adulte et à reproduire les comportements
souhaités qu’il s’est établi une relation affective avec la personne de référence (le père, la mère,
l’éducateur, etc .), que le socialisé l’admire.
• Dans le cas contraire le risque de rejet est important. On voit donc que les conceptions traditionnelles,
qui préconisaient l’imposition de modèles par des adultes devant garder leurs distances et imposer leur
autorité, ne sont pas sans accroître le risque d’échec de la socialisation par l’imitation.

B – La socialisation par l’expérimentation (doc 13 p128 à partir de le modèle ancien et 7 p 123 à


partir de il faut rappeler)
L’enfant qui est confronté à une nouvelle situation ( par exemple un jeu) va :
• opérer une série d’essais qui vont lui permettre de tester son comportement
• et en fonction des erreurs qu’il aura commis, il se corrigera et progressera.
• La socialisation par essai et erreurs est d’autant plus valorisé aujourd’hui qu’elle donne un rôle actif
à l’individu qui n’assimile plus bêtement des règles dont il ne comprend pas forcément l’utilité

Fiche 3 – Etapes et agents de socialisation


I – Les étapes de la socialisation (11 p126)

P Berger et T Luckmann différencient socialisation primaire et secondaire :

• la socialisation primaire est la première socialisation que l’individu subit dans son
enfance, et grâce à laquelle il devient un membre de la société

• la socialisation secondaire consiste en tout processus postérieur qui permet


d’incorporer un individu déjà socialisé dans de nouveaux secteurs de la société :

Etapes Ages Principales acquisitions Agent de socialisation


Socialisation primaire Enfance Langage , politesse , attributs Famille
identitaires de base ( prénom , Ecole
nom , sexe , nationalité )
Adolescence Formation aux engagements Pairs
professionnels , civiques et Medias
familiaux
Socialisation secondaire Maturité Identité professionnelle et Entreprise
familiale, engagement citoyen amis
Source : Breal , 2001

Remarque :

• Traditionnellement on considérait que la socialisation primaire exercée pendant l’enfance jouait un rôle essentiel
puisque l’enfant étant plus malléable, intériorisait les modèles de comportement qui étaient souhaités. La
socialisation secondaire occupait alors une place d’autant plus réduite que la mobilité sociale était faible et que les
individus reproduisaient (par le mariage, par le travail) le modèle de leurs parents.

• Aujourd’hui on accorde de plus en plus d’importance à la socialisation secondaire, en particulier car nous vivons
dans une société plus complexe, en évolution rapide qui n’attend pas seulement des individus qu’ils reproduisent tout
au long de leur vie des modèles appris durant l’enfance. Au contraire les individus doivent être capables de s’adapter.

II – Les agents de socialisation

Traditionnellement on distingue :

• les agents de socialisation dont l’action est directe et dont c’est une des fonctions
explicites : la famille, l’école.

• des milieux de socialisation dont l’influence est indirecte et qui contribue à la


formation de l’individu sans qu’une volonté explicite de socialisation soit mise en
œuvre : le groupe des pairs ( 12 p 126), l’entreprise, les média, le milieu social.

Alors que les premiers visent une socialisation de la totalité de la personne , les
seconds s’intéressent essentiellement à une partie de la personne : celle qui est en
rapport avec le groupe en question .
Fiche 4 – Les approches théoriques de la
socialisation

I - Les conceptions déterministes de la socialisation


A -Un précurseur : Durkheim

E Durkheim (comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents) inscrit son analyse dans une
perspective holiste qui le conduit à poser que :
- la culture est un tout relativement cohérent et homogène
- qui préexiste aux individus qui composent la société (« or , les coutumes et les idées ---
antérieures »)
- ceux ci ne peuvent s’intégrer que s’ils maîtrisent et appliquent le système de valeurs et de normes
définies par la société(« il y a des coutumes --- harmonie »)
- si les individus ne respectent pas la culture de la société parce qu’ils ne l’ont pas intérioriseé , alors
ils seront rejetés : « si nous y dérogeons—elle se venge sur nos enfants »

Donc la socialisation aura pour fonction de constituer en chaque individu l’être social qui exprime non
pas la personnalité individuelle mais le groupe dont-il fait partie.
La conception de la socialisation développée par Durkheim repose donc sur le postulat que :
- l’enfant est un être vierge et passif donc très malléable
- que la société (et non pas seulement la famille : « il est vain – nos enfants comme nous le
voulons ») doit socialiser en lui inculquant méthodiquement un système de normes qu’il
intériorisera et respectera
A Percheron peut alors écrire : « la conception de la socialisation chez Durkheim est extrêmement
autoritaire et découle de la fonction essentielle qu’il lui prête, perpétuer et renforcer l’homogénéité de la
société »

B - La conception culturaliste de la socialisation .

Les théoriciens culturalistes s’inscrivent dans la filiation durkheimienne (cf. chapitre précédent)

Constat : Pour les culturalistes la psychologie génétique permet certes d’éclairer certains mécanismes
essentiels qui font du nouveau né , égocentrique et totalement dépendant , un adulte membre coopératif
et relativement autonome de la société. Mais cette approche est beaucoup trop restreinte car trop
centrée sur l’individu. Elle ignore donc les fortes variations que l’on peut observer dans les produits de la
socialisation selon les époques, les milieux sociaux ou les lieux.

Conséquences : A partir des multiples enquêtes que les culturalistes ont mené dans les sociétés
traditionnelles, ils peuvent en conclure quels adultes produits par les diverses sociétés sont aussi
différents que les procédés éducatifs qui leur étaient appliqués quand ils étaient enfants et que ces
procédés ne peuvent être facilement ramenés à des mécanismes universel (cf. dans le chapitre
précédent l’ étude de M Mead sur le comparaison des cultures Arapesh, Mundugomor et Chambuli).

Conclusion : Les théoriciens culturalistes vont alors affirmer que :


- la personnalité des individus est le produit de la culture dans laquelle ils sont nés c’est à dire selon
Lefort que : « les institutions avec lesquels l’individu est en contact au cours de sa formation
produisent en lui un type de conditionnement qui , à la longue, finit par créer un certain type de
personnalité »
- Il est donc nécessaire selon les culturalistes (comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent)
d’opérer un analyse de chaque société et de son modèle de socialisation afin d’appréhender les
modèles de comportement apparemment incompréhensibles.

C – La socialisation vue comme incorporation des habitus (13-17 p130-131)

Bourdieu se définit comme un sociologue qui essaie d’opérer une synthèse des auteurs clés de la
sociologie que sont Durkheim, Weber et Marx. Pour cela il va forger un concept l’habitus qui selon lui
vise à :
• « dépasser les alternatives du déterminisme et de la liberté, du conditionnement et de la créativité,
de la conscience et de l’inconscient ou de l’individu et de la société .

• parce que l’habitus est une capacité infinie d’engendrer en toute liberté (contrôlée) des produits –
pensées, actions- qui ont toujours pour limite les conditions historiquement déterminées et
socialement située de sa production. La liberté conditionnée et conditionnelle qu’il assure est aussi
éloignée d’une création d’imprévisible nouveauté que d’une simple reproduction mécanique des
conditionnements initiaux » ( le sens pratique)
• Bourdieu pense donc grâce à ce concept avoir dépassé les critiques faites aux théoriciens
déterministes dont on est contestée la vision d’un individu conditionné par la société , sans
véritable liberté d’action. Mais aussi aux théoriciens individualistes et actionnalistes qui
surestiment la capacité de l’acteur social à agir sans contrainte.

Explicitons donc la notion d’habitus :


• Chaque individu va au cours de sa socialisation primaire intérioriser un système relativement
cohérent de dispositions durables et transposables à beaucoup de situations qui va fonctionner
comme un guide d’appréciations , de perceptions influençant ses actions. P Cabin peut écrire : «
l’habitus est un sorte de matrice à travers laquelle nous voyons le monde et qui guide nos
comportements » . Ainsi nos goûts qui sont apparemment d’ordre naturels et qui dés lors ne
peuvent être discutés sont au moins en partie influencés par la socialisation que nous avons reçu
durant notre enfance.

• Les habitus sont différents suivant le milieu social et donc la sous-culture dans laquelle l’individu a
été socialisé. Mais Bourdieu cherche surtout à montrer qu’il permettent aux individus de se
distinguer : « les goûts sont l’affirmation pratique d’une différence inévitable. Ce n’est pas par
hasard que lorsqu’ils ont à se justifier, ils s’affirment de manière toute négative, par le refus
opposé à d’autres goûts. En matière de goûts plus que partout toute détermination est négation ;
et les goûts sont sans doute avant tout des dégoûts, faits d’horreur ou d’intolérance (c’est à vomir)
pour les goûts des autres. Des goûts et des couleurs on ne discute pas : non parce que tous les
goûts sont dans la nature mais parce que chaque goût se sent fondé en nature, et il l’est quasiment
étant habitus,ce qui revient à rejeter les autres dans le scandale du contre nature » (la distinction, p
61) car comme l’écrit L Mucchielli : « le jeu social où qu’il s’exerce repose toujours sur des
mécanismes structurels de concurrence et de domination »

• A voir et écouter l’interview de P.Bourdieu : http://www.dailymotion.com/video/x31ksa_bourdieu-les-


jugements-de-gout_politics

II - Le rejet des conceptions déterministes : une conception interactive de la socialisation .


A - Une critique des conceptions déterministes

Deux critiques essentielles sont émises à l’encontre de la conception culturaliste :


• Elle considère la formation de l’enfant sur le modèle du dressage ou du conditionnement. Ce qui
conduit à poser :
- comme modèle de référence celui de l’individu automate déterminé ou programmé par ses
expériences passées
- très éloigné de l’acteur libre de ses choix et responsable de ses actes dont le modèle semble
plus représentatif de nos sociétés selon des auteurs comme R Boudon.

• Elle privilégie les expériences de la petite enfance et les disciplines imposées par la culture social
du groupe d’origine et donc sous-estime l’influence des agents de socialisation secondaire (31 p
129). L’individu est déterminé une fois intériorisé les normes et valeurs inculquées au cours de la
socialisation primaire, c’est donc une conception de la socialisation statique à laquelle il manque
une approche dynamique.

Selon les théoriciens de ce courant même si P Bourdieu :


• fait de l’habitus non pas le produit uniquement de la condition sociale d’origine (je me comporte
ainsi car je sui ouvrier fils d’ouvrier), mais d’une trajectoire sociale définie sur plusieurs générations
( un fils d’ouvrier fils de paysan tendu vers l’ascension sociale ne sera pas élevé de la même façon
qu’un fils d’ouvrier lui même fils d’ouvrier persuadé qu’on ne peut sortir de la condition ouvrière )

• Il n’en reste pas moins son analyse cède finalement au travers de l’inculcation et de l’individu
passif. Et donc qu’ elle se trouve très démunie pour expliciter le changement social qui occupe une
place centrale dans nos sociétés

B ) Une analyse interactionniste de la socialisation ( 13-15 p 128-129)


Les interactionnistes proposent en conséquence une définition de la socialisation comme acquisition d’un
code symbolique résultant de transactions entre l’individu et la société :
• A Percheron est ainsi conduite à distinguer deux processus différents et complémentaires de
socialisation :
- l’assimilation par laquelle l’individu cherche à modifier son environnement afin de le rendre
plus conforme à ses désirs et donc à diminuer son insatisfaction et l’anxiété qui en résulte
- l’accommodation par laquelle l’individu tend à se modifier pour répondre aux contraintes et
pression de son environnement

• la socialisation ne peut dès lors :


- plus être assimilée à une simple transmission de valeurs de normes et de règles,
- elle vise à développer une certaine représentation du monde qui n’est pas imposée toute
faite par la famille ou l’école
- mais construite par l’individu qui se la compose lentement en empruntant certaines images
aux diverses représentations existantes mais en les réinterprétant pour en faire un tout
original et neuf

• la socialisation est donc avant tout un processus de construction dynamique d’une identité
permettant à l’individu d’appartenir à des groupes multiples et parfois contradictoires, d’y
développer des relations .

• Mais ce processus d’identification est d’autant plus complexe qu’il n’y a pas d’identification unique
de l’individu :
- l’individu s’identifie à plusieurs groupes auxquels il appartient ou fait référence
- Mais il veut tout à la fois s’intégrer dans un groupe, être accepté par les membres, tout en
ne se fondant pas dans le groupe , en se différenciant.

Conclusion : on pourrait à titre de conclusion citer la phrase de Lacan (célèbre psychanalyste) : « le moi
est un objet fait comme un oignon : on pourrait le peler et on trouverait les identification successives qui
l’ont constitué »

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