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Antoine Wenger

Une homélie inédite de Jean Chrysostome sur l'Epiphanie


In: Revue des études byzantines, tome 29, 1971. pp. 117-135.

Résumé
REB 29 (1971)Francep. 117-135.
A. Wenger, Une homélie inédite de Jean Chrysostotne sur l'Epiphanie. — L'homélie inédite de Jean Chrysostome sur l'Epiphanie
est tirée du Sinaiticus gr. 491, avec une finale plus développée (ou non abrégée) contenue dans le Parisinus gr. 700. Prononcée
pour une fête de l'Epiphanie, l'homélie développe principalement l'exégèse de Tite 2, 11. Texte grec et traduction française.

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Wenger Antoine. Une homélie inédite de Jean Chrysostome sur l'Epiphanie. In: Revue des études byzantines, tome 29, 1971.
pp. 117-135.

doi : 10.3406/rebyz.1971.1442

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1971_num_29_1_1442
UNE HOMÉLIE INÉDITE DE JEAN CHRYSOSTOME
SUR L'EPIPHANIE

Antoine WENGER

Dans l'immense œuvre homilétique de saint Jean Chrysostome, nous


ne trouvons qu'une seule homélie festale consacrée à la fête de l'Epiphanie1.
Ceci ne laisse pas de surprendre quand on considère que l'Epiphanie était,
après la fête de Pâques et de Pentecôte, la plus grande fête de l'année en
Orient et que l'activité oratoire de Chrysostome s'étend sur une vingtaine
d'années. Certes il existe dans les homiliaires un deuxième texte de Chrysos
tome pour la fête de l'Epiphanie et qui n'est autre que la douzième homélie
de son commentaire sur saint Matthieu2. Aussi bien, dans notre recherche
des inédits de saint Jean Chrysostome, notre attention a-t-elle été attirée
par le codex Sinaiticus graecus 491, écriture onciale du VIIP-IXe s.3 Cet
homiliaire ne contient pas moins de huit textes pour la fête de l'Epiphanie
dont cinq sont attribués à saint Jean Chrysostome4.
Le premier texte est le pseudo-Chrysostome publié en PG 64, 33-38
et une deuxième fois en PG 88, 1871-1884, sous le nom de Grégoire d'An-
tioche. Haidacher et Bardenhewer attribuent le texte à Grégoire d'An-

1 . PG 49, 361-372. Cette homélie se place dans le sillage de l'homélie sur Noël (PG 49,
347-362), dans laquelle Jean Chrysostome justifie devant le peuple d'Antioche la légit
imité de la fête de Noël, inconnue jusque-là (385) en Orient. Elle se situe, par conséquent,
au commencement de l'activité oratoire de Chrysostome à Antioche.
2. PG 57, 201-208.
3. Ce manuscrit a été signalé par l'ouvrage fondamental de A. Ehrhard, Ueberlie-
ferung und Bestand der hagiographischen Literatur, II, p. 195-197. Voir aussi notre étude
L'Assomption de la sainte Vierge dans la tradition byzantine, textes et documents inédits
(Archives de l'Orient chrétien 5), Paris 1956, p. 96-99.
4. Les trois autres textes sont l'homélie de Proclus (PG 65, 757-764), celle de Sévérien
de Gabala (PG 65, 15-25) et une mystagogie de Proclus sur le Baptême, publiée depuis peu
par F. J. Leroy, Uhomilétique de Proclus de Constantinople. Tradition manuscrite, inédits,
études connexes (Studi e Testi 247), Cité du Vatican 1967, p. 184-194.
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tioche. Marx, ignorant leurs conclusions, l'attribue à Proclus5. Le deuxième


texte est l'homélie authentique de PG 49, 361-372. Le troisième, Λαμπρά
και επίδοξος, αγαπητοί, της παρούσης εορτής ή πανήγυρις, à en juger
par cet incipit, est inconnu. En réalité, l'incipit est un piège car ces mots
servent à déguiser en homélie festale l'homélie 12 du commentaire de
Chrysostome sur Matthieu, concernant le baptême de Jésus6.
Il n'en va pas de même des deux autres textes : Διχη μοι της ψυχής
μεριζομένης αισθάνομαι (f. 103-1 15V) et Πρώην ύμΐν περί σωφροσύνης
διελέχθημεν (f. 116-129). Ces deux morceaux ont résisté à toutes nos
investigations à travers l'œuvre publiée de Jean Chrysostome et doivent
être considérés comme inédits. Nous avons déjà eu l'occasion de parler
brièvement du premier7. Dans sa péroraison, l'auteur s'adresse à l'empereur.
Il lui souhaite de nombreux consulats, l'assure des prières de l'Eglise et
fait le vœu que l'empereur régnant puisse dire à l'univers (comme à la scène
du Baptême le Père a dit du Fils) au sujet de son fils qui est baptisé : « Voici
mon fils bien-aimé, écoutez-le ». Il est probable que notre homélie a été
prononcée à Constantinople à la fête de l'Epiphanie de l'année 402, marquée
par le baptême de Théodose II, né le 10 avril 401. Nous sommes tenté
d'attribuer cette homélie à Sévérien de Gabala. Elle n'a ni la pureté de
style, ni l'élégance, ni la profondeur qui sont la marque des textes authenti
ques de Chrysostome8. Un passage d'une dizaine de lignes du texte inédit
se retrouve dans une homélie spuria de Chrysostome pour la même fête :
PG 50, 805-808.
Le deuxième texte se présente comme une homélie festale, bien qu'en
réalité ce soit plutôt un commentaire scripturaire de la péricope de l'épître
lue le jour de l'Epiphanie, Tite 2, 1 1 : Apparuit gratia Dei omnibus hominibus
erudiens nos. Dans la première partie l'orateur évoque le discours prononcé
l'avant-veille ou quelques jours auparavant sur la tempérance et le passage
de Matthieu 5, 28 : quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà

5. B. Marx, Procliana, Untersuchung über den homiletischen Nachlass des Patriarchen


Proklos von Konstantinopel, Münster in W. 1940, p. 71-72. Voir aussi l'appréciation de
Leroy sur les conclusions de Marx dans l'ouvrage cité à la note précédente (p. 256-272).
6. PG 57, 201-208.
7. A. Wenger, Notes inédites sur les empereurs Théodose Ier, Arcadius, Théodose II,
Léon Ier, REB 10, 1952, p. 51-54.
8. La mission américaine du Sinaï de 1948 a microfilmé intégralement le manuscrit
491. Malheureusement, il manquait pour l'homélie en question le recto d'un folio. Nous
avons pu, à l'occasion d'un voyage au monastère de Sainte-Catherine, en l'été 1970,
copier le passage qui nous manquait. Nous avons été heureux de constater à cette occa
sion que la bibliothèque du Sinaï n'avait aucunement souffert des événements et se trou
vait dans un état de conservation et d'entretien très satisfaisant.
UNE HOMÉLIE DE JEAN CHRYSOSTOME 119

commis l'adultère dans son cœur. Tous nos efforts pour retrouver dans l'œu
vre homilétique de Chrysostome ce point d'attache sont restés vains.
Matthieu 5, 28 est commenté dans l'homélie 18 sur Matthieu : PG 57, 255-
266. Il y est bien question de l'adultère des yeux dont parle notre homélie,
mais sans que l'on puisse conclure que ce soit le texte auquel Chrysostome
fait allusion.
Le deuxième lieu qui aurait pu nous permettre de retrouver notre homélie,
au cas où elle ne serait pas inédite, est le commentaire de Chrysostome sur
l'épître à Tite. Le verset 2,11 est commenté dans l'homélie 5 : PG 62,
687-696. En réalité Chrysostome passe rapidement sur le texte, alors que
notre homélie est essentiellement consacrée à un commentaire moral de
ce passage. Il est bien question dans le commentaire de l'épître à Tite de
la tempérance à propos de l'exhortation de Paul à renoncer à l'impiété
et aux désirs de ce monde, à vivre dans la justice et la tempérance, dans
l'attente de Jésus-Christ, mais je ne trouve rien qui, de loin ou de près,
serait en rapport avec la nouvelle homélie.
A la différence de l'homélie publiée dans PG 49, 361-372, et dont l'essent
iel est consacré à expliquer le sens de la fête de l'Epiphanie, le nouveau
texte est presque exclusivement un commentaire scripturaire. La seule
attache festivale est la mention qui se trouve au n° 9 : « saint Paul s'écrie
aujourd'hui : la grâce de Dieu s'est manifestée ». Or, nous savons par l'homél
ie authentique que Tite 2,1 1 était bien la lecture pour la fête de l'Epiphanie.
Chrysostome, expliquant pourquoi la fête s'appelle Epiphanie, dit qu'il y a
deux epiphanies : celle que nous fêtons en ce jour, à savoir la manifestation
du Christ aux foules à l'occasion du baptême de Jésus dans le Jourdain,
et le deuxième avènement du Christ que nous attendons. Au sujet des
deux epiphanies, poursuit Chrysostome, vous avez entendu aujourd'hui
Paul entretenir Tite et lui dire : la grâce s'est manifestée9.
L'on dira qu'il est facile à un faussaire d'insérer dans un texte ces mots :
Paul nous dit aujourd'hui. Mais sans compter que l'homélie présente toutes
les garanties d'authenticité, nous y trouvons un autre indice qui ne trompe
pas et qui prouve que l'homélie a été effectivement prononcée le jour de
l'Epiphanie au cours de la liturgie. En effet, après avoir annoncé le texte
à commenter, Chrysostome, pour éveiller l'attention de son auditoire,
lui dit : «Allons, levez-vous, voici que de nouveau nous ouvrons des

9. PG 49, 365^. Proclus, dans une homélie sur l'Epiphanie (pseudo-Chrysostome :


PG 61, 761-764), dit dans son exorde : le très sage Paul s'écrie disant : la grâce de Dieu
s'est manifestée... D'autre part, Conybeare {Rituale Armenorum, p. 517) confirme que
les lectures pour le premier jour de la fête de l'Epiphanie étaient Tite 2, 11-15, Psaume 110,
Matthieu 2, 1-12.
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trésors ». Cette manière de faire se retrouve assez souvent chez Chrysos


tome. Dans l'homélie sur Noël à laquelle nous avons fait allusion plus haut,
Chrysostome dit brusquement : « Levez-vous maintenant, je vous en prie,
car j'ai encore une longue histoire à vous raconter10 ».
La nouvelle homélie nous est apparue d'emblée comme un Chrysostome
authentique. La seule crainte que nous ayons longtemps gardée à son sujet,
c'est qu'elle se trouve déjà publiée quelque part — qui peut se flatter de
connaître et d'avoir présente dans l'esprit l'œuvre immense de Chrysos
tome ? Toutes nos recherches étant demeurées vaines, nous offrons aujour
d'huiau public une nouvelle homélie de Chrysostome, prémice de nom
breux autres textes que nous avons en chantier et dont nous pouvons envi
sager à présent la publication avec un espoir fondé11.
Nous avons passé outre au scrupule de Montfaucon qui signale l'incipit
de notre homélie dans son index des œuvres de Chrysostome avec la note
de réprobation : spuria et praetermissa12. Cette mention est la preuve que
Montfaucon a connu notre homélie directement ou indirectement. Comme
il n'avait pas accès au manuscrit du Sinaï, nous avons conclu que le texte
devait se trouver quelque part dans les manuscrits d'Europe. Le plus souvent
les papiers de Montfaucon (qui constituent les manuscrits de la Bibliothèque
Nationale de Paris, supplément grec 280-282) permettent de retrouver
l'origine des textes qu'il mentionne dans son index. Nous n'y avons rien
trouvé au sujet de l'homélie sur l'Epiphanie pour la bonne raison que Mont
faucon a pu la lire lui-même dans le Parisinus graecus 700 (IXe-Xe s.), où
nous l'avons effectivement trouvée, f. 163-166V. Le manuscrit de Paris
présente un texte identique à celui du Sinaiticus à l'exception de quelques
variantes minimes et d'une finale plus développée, que le Sinaiticus semble
avoir écourtée.
Les connaisseurs de Chrysostome reconnaîtront le caractère authentique
de l'homélie. Nous y retrouvons le style limpide et élégant de la Bouche
d'Or, son vocabulaire, sa méthode d'exégèse, ses procédés oratoires. Nous
y retrouvons également la conclusion : par la grâce et la bienveillance du
Christ, à qui soient, avec le Père et le Fils, la gloire, etc., qui constitue

10. PG 49, 354D.


11. L'auteur, qui de 1948 à 1957 avait consacré ses recherches aux textes inédits
de Chrysostome et qui a eu notamment le bonheur de publier en 1957 les Huit catéchèses
baptismales inédites (Sources Chrétiennes 50), fut enlevé à ses travaux pour diriger le
journal La Croix. En 1969 il a pu reprendre ses travaux scientifiques et espère mener à
bon terme la publication des inédits de Chrysostome, ainsi qu'un ensemble d'homélies
inédites qui appartiennent sûrement à Sévérien de Gabala.
12. PG 64, 1403-1404, première ligne.
UNE HOMÉLIE DE JEAN CHRYSOSTOME 121

une présomption très forte d'authenticité. Nous avons, dans notre étude
sur les catéchèses baptismales, attiré l'attention des chercheurs sur cet
indice qui semble avoir échappé à Montfaucon et aux éditeurs antérieurs
de Chrysostome, tout comme il a échappé aux faussaires qui ont placé
leurs productions ou leurs publications sous le nom de Chrysostome pour
leur assurer diffusion et pérennité. Nous oserions presque dire qu'une homél
ie qui comporte cette conclusion a toute chance d'être authentique, sans
que l'inverse dénote nécessairement un faux, Chrysostome usant de sa
formule coutumière dans la proportion de sept sur dix.
Mais venons-en au texte lui-même. L'orateur rappelle d'abord l'entre
tien précédent portant sur la tempérance, preuve de plus que l'homélie
a été effectivement prononcée devant un auditoire (nos 1-8). Puis il passe
au commentaire de Tite 2,11. Il développe assez longuement le sens du mot
grâce. Ce passage est très intéressant car il permet de corriger ce que l'on a
souvent appelé le pélagianisme de Chrysostome. Notre moraliste, en eifet,
est tellement porté à exhorter ses auditeurs à la vertu qu'il se laisse aller
à dire que tout dépend uniquement de nous pour faire le bien. Ici Chrysos
tome dit clairement que le salut n'est pas le fruit de notre vertu mais que
nous sommes sauvés par grâce (nos 9-13). Cette grâce est appelée salutaire
et elle est universelle (nos 14-18) ; elle est éducation et instruction (nos 19-
24). Dans la conclusion, où l'orateur veut achever l'exposé par une compar
aison très suggestive, le Sinaiticus a certainement fait des coupures à l'i
ntention sans doute d'un auditoire monastique ; la mimique de l'homme
chez le coiffeur suffisait à la leçon, sans y ajouter celle de la femme devant
son miroir. La finale conservée par le Parisinus s'adapte parfaitement au
contexte. Cependant, tout à fait à la fin, l'attention du copiste qui ne r
eproduit pas exactement la doxologie coutumière de l'orateur paraît s'être
relâchée ; cette variante ne nous semble pas compromettre l'authenticité
de l'ensemble. L'édition suit de près le texte du Sinaiticus, dont elle garde
en particulier le nu très fréquent à la troisième personne du verbe et quelques
particularités orthographiques ; mais la finale longue du Parisinus est inter
calée (n° 26) dans la suite normale du développement.
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SAINT JEAN CHRYSOSTOME


Homélie sur ce texte : « La grâce de Dieu s'est manifestée1 »
et sur l'Epiphanie

1. Hier, notre entretien a porté sur la tempérance, comme vous pouvez


vous le rappeler, et le texte de la loi que nous commentions était celui-ci :
« Quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà commis l'adultère
avec elle dans son cœur2 ». Parole redoutable, mais aussi passion sans pu
deur ; sentence terrible, mais aussi concupiscence lamentable.
2. Supposons qu'un homme possède un chien mal apprivoisé, qui
s'attaque à tous les passants, il ne le laisse pas délié ni en liberté, mais il
l'attache avec une chaîne de fer et le met entre les mains de ses serviteurs
qui le tiendront en sûreté. Ainsi fait Dieu pour nos yeux qui, plus impu
dents que des chiens, sont à l'affût des appâts des corps : il ne les laisse
pas en liberté mais il les contraint comme par une chaîne de fer sous la
menace de la loi et il les confie à la raison pour qu'elle les tienne en lisière ;
il avertit et il menace, s'ils s'échappent et s'emparent de l'un des passants,
du châtiment des adultères : « Car quiconque regarde une femme avec
convoitise a déjà commis l'adultère avec elle dans son cœur2 ».
3. Dieu a fait cette menace au bénéfice de ceux qui font usage du regard.
En effet, dans le cas du chien et des passants, ce n'est pas le chien mais
les personnes mordues qui reçoivent les plaies, tandis que dans le cas des
yeux au regard impudent et des femmes qui sont l'objet des regards, ce ne
sont pas les femmes vues mais les hommes qui les regardent qui reçoivent
les blessures. Là, c'est le patient qui est blessé, ici c'est celui qui mord qui
reçoit le poison.
4. C'est pourquoi les yeux sont enfermés et entourés de la barrière des
paupières et des cils, afin que nos fenêtres ne soient pas toujours ouvertes.
Car si les battants sont continuellement ouverts, le voleur entre avec une
grande facilité et emporte en toute liberté le trésor de la chasteté. C'est
la raison pour laquelle les parties mobiles de l'œil sont appelées pupilles
pour signifier que la modestie et la rougeur leur conviennent. Les jeunes
filles non mariées et qui vivent retirées n'oseraient pas lancer un regard
effronté même sur leurs proches. Ainsi la pupille de l'œil, retirée dans sa
cavité comme une jeune fille non mariée dans sa chambre secrète, ne doit

1 Tite 2, 11 (repris en refrain dans toute l'homélie)


2 Matth.5,28
UNE HOMÉLIE DE JEAN CHRYSOSTOME 123

116 TOT ΆΓΙΟΤ ΊΩΑΝΝΟΤ TOT ΧΡΤΣΟΣΤΟΜΟΪ

ομιλία εις το Έπεφάνη η χάρις του Θεοΰ


και εις τα Θεοφάνια

1. Πρώην ύμΐν περί σωφροσύνης διελέχθημεν καθάπερ μέμνησθε και


οίον δή νόμον άνέγνωμεν ούτως έχοντα · Πας ό έμβλέψας γνναικι προς το
επιθυμήσαι αυτήν ήδη εμοίχενσεν αυτήν εν τη καρδία αύτοϋ. Φοβερόν τό
ρήμα, και γαρ άναίσχυντον τό πάθος · δεινή ή άπόφασις, και γαρ χαλεπή ή
επιθυμία.
2. Καθάπερ οδν κύνα τις Ιχων άγριον1 και τοις παριουσιν έπιπηδώντα
πάσιν, ουκ ανέχεται λελυμένον είναι και άφετον, άλλα σιδηρά άλύσει δήσας
116* αυτόν παραδίδωσιν ταΐς χερσίν | των οίκετών μετά ασφαλείας κατέχειν,
ούτως και ό Θεός τους οφθαλμούς τους ημετέρους, κυνών άναιδέστερον
έπιπηδώντας τοις λαμπροΐς των σωμάτων, ούκ άφίησιν είναι λελυμένους,
άλλ'ώσπερ σιδηρά άλύσει τφ φόβω της νομοθεσίας άποδήσας αυτούς,
παρέδωκεν μετά ασφαλείας κατέχειν τω λογισμφ, προειπών και άπειλήσας,
ει διαφύγοιεν καί τίνος των παριόντων έπιλάβοιντο, τήν τών μοιχών αύτον
άπαιτήσειν τιμωρίαν. Πας γαρ ό εμβλέψας γνναικί προς το επιθυμήσαι
αυτήν ήδη εμοίχενσεν αυτήν εν τη καρδία αύτοϋ.
117 3. Τούτο δέ ήπείλησεν | τών όρώντων κηδόμενος. Έπί μέν γαρ τών
κυνών καί τών ανθρώπων, ούχ οι δάκνοντες κύνες, άλλ'οί δακνόμενοι
άνθρωποι τα έλκη λαμβάνουσιν · έπί δέ τών ασελγώς όρώντων οφθαλμών
καί τών δρωμένων γυναικών, ούχ αϊ όρώμεναι γυναίκες, άλλ'οί όρώντες
άνθρωποι τα τραύματα δέχονται. Έκεΐ ό δηχθείς έπλήγη, ενταύθα ό δάκνων
τόν ιόν Ιλαβεν. 4. Δια τοΰτο αυτούς ασφαλίζεται, δια τούτο βλέφαρα καί
βλεφαρίδας τοις δφθαλμοϊς περιέθηκεν, ίνα μή δια παντός άνεωγμένας
έ'χης τας θυρίδας. "Οταν γαρ θύραι δια παντός ώσιν άνεωγμέναι, μετά
πολλής τής ευκολίας ό ληστής έπεισέρχεται, μετά πολλής της εξουσίας
117ν τόν θησαυρόν | τής σωφροσύνης συλά. Δια τούτο κόραι καλούνται τών
οφθαλμών αϊ βολαί, ίνα μάθης βτι αίσχύνεσθαι χρή καί έρυθριαν · καθάπερ
γαρ αϊ άπειρόγαμοι καί θαλαμευόμεναι ούκ άνέχοιντο ουδέ προς τους
οικείους μετά αναίδειας ιδεΐν, οΰτω καί τάς κόρας τών οφθαλμών χρή,
καθάπερ κόρας άπειρογάμους εν θαλάμω, τω όφθαλμώ καθημένας, μή

Codices S= Sinaiticusgr. 491 (cujus folia notantur). P = Parisinus gr. 700, f. 136-166V.
Titulus τοΰαύτοΰ'Ι... S τοϋένάγίοις πατρός ημών Ί. αρχιεπισκόπου Κωνσταντινου
πόλεως του Χ. λόγος είς τό... Ρ
1 Αγριον : ατιμον Ρ
124 A. WENGER

pas lancer impudemment ses regards sur tous les objets sous peine de n'être
plus des pupilles mais des chiens impudiques.
5. Mais sur le sujet de la chasteté, ce qui a été dit auparavant et main
tenant suffit pour les auditeurs qui me suivent. Notre but d'ailleurs, ce
n'est pas que notre enseignement soit continu ni que votre attention soit
sans défaillance, mais que de notre parole et de votre assiduité découle
quelque avantage pour votre vie, pour notre satisfaction, pour la gloire
et la louange de Dieu, pour que je puisse moi aussi, en ce jour, me féliciter
de vos progrès et dire : « Me voici avec les enfants que Dieu m'a donnés3 ».
6. Que nos paroles, grâce à vous, se transforment en actes. Ainsi pour le
paysan, le but n'est pas d'atteler les bœufs, de creuser un sillon profond et
de jeter la semence, mais de montrer les moissons opulentes et l'aire pleine
d'épis afin que, lorsque viendra pour le triage « celui qui tient le van dans
sa main », il ne trouve nulle part sur l'aire de la paille mais partout du grain,
partout du fruit à point, qui mérite d'être déposé dans les greniers royaux.
Car il viendra, il viendra sans faute, celui qui vous baptise dans l'Esprit
Saint et le feu et il rassemblera le grain dans les greniers, « tandis qu'il
brûlera la paille au feu éternel4 ». Grave châtiment, mais il ne tient qu'à
nous de ne pas recevoir ce traitement et de n'être pas de la paille.
7. Le péché, en eifet, est comme la paille, qui est un aliment pour les
bêtes et une matière pour le feu. Ainsi le péché est destiné au feu éternel.
Voulez- vous savoir comment le péché est la matière du feu ? « Si l'on bâtit
sur ce fondement avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois,
du foin, du chaume, l'ouvrage de chacun deviendra visible ; car le jour du
Seigneur le fera connaître, parce qu'il va se révéler dans le feu5. Si l'ouvrage
de quelqu'un est consumé, il sera châtié6 ». Voilà le péché matière du feu.
8. Ecoutez comment il est aussi une folie et l'aliment des passions dérai
sonnables. Ecoutez David qui dit : « Mes iniquités s'élèvent au-dessus de
ma tête, comme un lourd fardeau elles m'accablent de leur poids. Mes
meurtrissures sont infectes et purulentes par l'effet de ma folie7 ». De plus,
la paille est légère et facile à emporter ; au moindre souffle du vent, elle
s'enlève rapidement et est dispersée en tous sens. Ainsi sont les hommes que
la colère enflamme facilement ou que la déraison gonfle si vite. C'est pour
quoi quelqu'un lui conseille : « Ne vanne pas à tout vent », si tu ne veux
pas rester de la paille, « mais reste fixé sur le rocher8 ».
9. Le Christ, en effet, est venu non seulement pour détruire les fautes
passées mais encore pour assurer nos progrès futurs. C'est bien cela que

3 Hébr. 2, 13 4 Luc 3, 16-17 5 1 Cor. 3, 12-13 6 1 Cor. 3, 15


7 Ps. 37, 5-6 8 Sir. 5, 9
UNE HOMÉLIE DE JEAN CHRYSOSTOME 125

αναίσχυντος άπάσαις έπαφιέναι ταΐς οψεσιν έαυτάς, έπεί ουκ αν κόραι


λοιπόν, άλλα κύνες αναίσχυντοι.
118 5. Άλλα τα μεν περί σωφροσύνης ίκανώς είρηται | και τότε και νυν
τοις προσέχουσιν · το δε ζητούμενον, ούχ 'ίνα συνεχής ή παρ'ήμών διδασκα
λία γένηται και συνεχής ή παρ'ύμών ή άκρόασις, άλλ'ϊνα τι και άπό της
ημετέρας διδασκαλίας και άπό της υμετέρας ακροάσεως γένηται πλέον
εις λόγον ζωής της υμετέρας, εις καύχημα ήμέτερον, εις δόξαν και επαινον
Θεοΰ, 'ίνα δυνηθώ κάγώ κατά τήν ήμέραν έκείνην καυχασθαι εκ των κατορ
θωμάτων υμών και ειπείν · 'Ιδού εγώ και τα παιδία α εμοι εδωκεν ο Θεός.
6. Γενέσθω τα ρήματα τα ημέτερα πράγματα δι'ύμών. Και γαρ επί τών
γεηπόνων ού τοΰτό έστιν το ζητούμενον ζευξαι βοΰς άροτήρας και βαθεΐαν
118ν αύλακα τεμεϊν | και καταβαλεΐν τα σπέρματα, άλλα δεΐξαι κομώντα τα
λήϊα και τήν άλωνα τών δραγμάτων πεπληρωμένην, ί'να, Οταν ελθη ό
διακαθαίρων αυτήν, ου το πτύον εν τη χειρί αύτοϋ, μηδαμοΰ της άλωνος
άχυρον ευρη, άλλα πανταχού σΐτον, πανταχού καρπόν ώριμον εις βασιλικάς
άποθήκας άπενεχθήναι δυνάμενον. "Ηξει γάρ, ήξει πάντως εκείνος ό βαπτί-
ζων υμάς εν πνεύματι άγίω και πυρί * και τόν μέν σίτον συνάξει εις τας
άποθήκας, το δε αχνρον κατακαύσει πυρί ασβέστω. Μεγάλη ή τιμωρία,
άλλ'έαν θέλωμεν, ού λημψόμεθα τήν τιμωρίαν ουδέ έσόμεθα άχυρα.
119 7. | Τοιούτον γαρ ή αμαρτία ' καθάπερ τα άχυρα τών αλόγων ζώων εστί
τροφή και πυρός δαπάνη, οΰτως και ή αμαρτία του μέλλοντος πυρός έστιν
δαπάνη. Βούλη μαθεΐν πώς έστιν πυρός δαπάνη ή αμαρτία ; Εϊ τις έποι-
κοδομεϊ - φησίν - επί τόν θεμέλιον τούτον, χρνσίον, αργύρων, λίθους
τίμιους, ξύλα, χόρτον, καλάμην, εκάστου το έργον φανερόν γενήσεται · ή γαρ
ημέρα δηλώσει, δτι εν πυρί αποκαλύπτεται. Εϊ τίνος το έργον κατακαήσεται,
ζημιωθήσεται. 'Ιδού πυρός δαπάνη ή αμαρτία. 8. "Ακουσον πώς και
αφροσύνη2 εστίν και αλόγων τροφή παθών * άκουσον του Δαβίδ λέγοντος ·
119ν \ΑΙ ανομίαι μου ύπερήραν την κεφαλήν μου ' ώσει φορτίον βαρύ εβαρύνθη-
σαν επεμε · προσώζεσαν και εσάπησαν οι μώλωπες μου από προσώπου
της αφροσύνης μου. Το άχυρον πάλιν κοΰφόν έστιν και εύρίπιστον και
120 μικρά ανέμου προσβολή ταχέως μετεωρίζεται και πανταχού περιφέρεται. |
Τοιούτοι είσιν τών ανθρώπων οι ραδίως υπό οργής έξαπτόμενοι, οι
ταχέως υπό άνοίας φυσώμενοι. Δια τοΰτο παραινεί τις λέγων * Μη
λίκμα παντι ανέμφ - hoc μή μείνης άχυρον - άλλ'ίσθι έστηριγμένος επί
τη πέτρα.
9. Δια τοΰτο γαρ ήλθεν ό Χριστός, ούχ ίνα τα παλαιά αμαρτήματα
κατάλυση μόνον, άλλ'ίνα και προς τα μέλλοντα ημάς διορθώσηται. Τοΰτο

2 αφροσύνης τέκνον Ρ
126 A. WENGER

Paul veut montrer, que le Christ est venu non seulement pour les fautes
passées mais aussi en vue des progrès futurs, et il s'écrie aujourd'hui :
« La grâce de Dieu s'est manifestée et elle nous enseigne ». Allons, levez-
vous ! Voici que nous ouvrons de nouveau des trésors, de nouveau nous
montrons des pierres précieuses. Que personne donc ne laisse passer la
beauté de ces paroles : « La grâce s'est manifestée ». 10. Pourquoi ne
dit-il pas : « La grâce a été donnée » ? C'est afin que vous compreniez
qu'avant la manifestation de la grâce, la nature humaine gisait dans les
ténèbres. Car le Christ apparaît aux hommes assis dans les ténèbres, comme
l'annonce le prophète : « Le peuple qui était dans la nuit a vu une grande
lumière9. La grâce de Dieu s'est manifestée, principe de salut10 ». Voyez-
vous l'accord de l'apôtre et du prophète ? Le peuple qui était assis dans
les ténèbres : telle est bien la nature de l'obscurité ; partout où elle sur
prend les hommes, elle les fige sur place et les empêche de pousser plus
loin : la marche devient glissante et dangereuse. C'est donc pour guider
notre nature inerte sur le chemin de la vertu que le prophète dit : « Le
peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ».
11. Mais ce n'est pas la seule leçon contenue dans cette parole de l'apôt
re.Elle a encore une autre signification. Laquelle ? Voici : Ce n'est pas
nous qui avons découvert la lumière au bout de nos recherches ; c'est
elle qui nous est apparue. Ce n'est pas nous qui sommes allés à Dieu c'est
lui qui est venu à nous. Dans le même sens, le Christ a dit : « Ce n'est pas
vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis11 ». Et l'apôtre de
son côté énonce des propos semblables quand il s'écrie : « Alors je connaît
rai comme je suis connu12 ». Et dans la lettre aux Philippiens : « Je pours
uisma course pour tâcher de saisir puisque moi aussi j'ai été saisi13 ».
Tous ces passages montrent bien que le salut n'est pas le fruit de notre
vertu mais que tous nous avons été sauvés par la grâce divine. C'est cela
aussi qu'il suggère en ce passage quand il dit : « La grâce de Dieu est
apparue ».
12. Quelle grâce ? Car il y a aussi une grâce de l'ancienne alliance et
Jean a dit : « Nous avons reçu grâce pour grâce14 ». Car même celle de
l'ancienne alliance était vraiment une grâce puisqu'elle a délivré de la
servitude d'Egypte et de mille autres maux. Mais la grâce dont il s'agit
est plus grande. Alors elle délivra des Egyptiens, maintenant elle libère
de la tyrannie des démons. Alors elle délivra de la folie du Pharaon, mainte-

9 Is. 9, 2 10 Tite 2, 11 11 Jean 15, 16 12 1 Cor. 13, 12


13 Phil. 3, 12 14 Jean 1,15
UNE HOMÉLIE DE JEAN CHRYSOSTOME 127

και Παύλος, δεικνύς δτι ου δια τα παλαιά μόνον ήλθεν αμαρτήματα, άλλα
και δια τα μέλλοντα κατορθώματα, έβόα τήμερον * Έπεφάνη ή χάρις
τον Θεον, παιδεύονσα ήμας. Άλλα διανάστητε * πάλιν γαρ τους θησαυρούς
120* διανοίγομεν, πάλιν τους | μαργαρίτας δείκνυμεν · μηδείς τοίνυν διαδράμη
των είρημένων3 το κάλλος · Έπεφάνη ή χάρις.
10. Δια τί ούκ ειπεν · εδόθη4 ή χάρις ; "Ινα μάθης δτι, προ του φανήναι
την χάριν, έν σκότει των ανθρώπων5 ή φύσις έκάθητο · τοις γαρ έν σκότει
καθημένοις ό Χρίστος φαίνει, δπερ οδν και ό προφήτης προαναφωνών
έ'λεγεν · Ό λαός ο καθήμενος εν σκότει εϊδεν φως μέγα. Έπεφάνη ή χάρις
τοϋ Θεον σωτήριος. Είδες αποστόλων και προφητών συμφωνίαν6 ; Ό
λαός δ καθήμενος εν σκότει ' τοιαύτη γαρ ή φύσις του σκότους * δπουπερ
121 αν καταλάβη τους ανθρώπους, | ευθέως καθίζει αυτούς και ούκ άφίησιν
προβήναι περαιτέρω, ή βάδισις σφαλέρα και επικίνδυνος γίνεται. 'Οδηγών
τοίνυν και τό άπρακτον της φύσεως ημών προς άρετήν, έ'λεγεν · *Ο λαός ο
καθήμενος èv σκότει εϊδεν φως μέγα.
11. Ου τούτο δέ μόνον ενδείκνυται ήμΐν τό άποστολικον ρήμα το επεφάνη,
άλλα και έτερον προς τούτοις. Ποίον δη τούτο ; "Οτι ούχ ήμεις ζητήσαντες
ευρομεν τό φως, άλλα τούτο ήμΐν έπεφάνη · ούχ ήμεΐς άπήλθαμεν προς
αυτόν, άλλ5 αυτός προσεγένετο προς ήμας. Και τούτο δηλών ό Χριστός
121 ν έ'λεγεν · Ούχ νμεΐςμε έξελέξασθε, αλλ' εγώ νμας εξελεξάμην. | Και ό
λος δέ πάλιν, συνωδα τούτοις βοών, έ'λεγεν * Τότε δε επιγνώσομαι καθώς
και έπεγνώσθην ' νϋν δε ουκ επέγνων, άλλ'έπεγνώσθην. Και προς Φιλιππη-
σίους δέ γράφων ελεγεν · Διώκω δε ει και καταλάβω εφ* ω και κατελήμ-
φθην, δια πάντων δηλών δτι ούχ ήμέτερον κατόρθωμα γέγονεν ημών
ή σωτηρία, άλλα θεία χάριτι πάντες έσώθημεν · Οπερ οδν και ενταύθα
αίνίττεται λέγων · Έπεφάνη ή χάρις τον Θεον.
122 12. Ποία χάρις ; Και γαρ | και της παλαιάς χάρις èVriv και ό Ιωάννης
έβόα λέγων · Χάριν αντί χάριτος ελάβομεν. Και γάρ όντως χάρις και ή
της παλαιάς, άπαλλάξασα αυτούς της δουλείας της έν Αιγύπτω και μυρίων
κακών ετέρων * άλλα μείζων αοτη ή χάρις. Τότε μεν γαρ τών Αιγυπτίων
άπήλλαξεν, νυν δέ της τών δαιμόνων ήλευθέρωσεν τυραννίδος · τότε άπήλ-

3 παραδράμτ) τών δρωμένων Ρ 4 κατεπέμφθη Ρ


5 τών ανθρώπων — έν σκότει om. Ρ 6 όμοφωνίαν Ρ
128 A. WENGER

nant de l'emprise du diable ; alors par Moïse, maintenant par le Fils monog
ène; alors par la verge, maintenant par la Croix ; alors par la mer Rouge,
maintenant par le bain de la régénération. Alors elle fit sortir de la boue
et de la terre à briques, maintenant de la mort et du péché. Alors elle in
troduisit dans la terre où coulent le lait et le miel, maintenant dans le royau
me des cieux.
13. En vérité, la grâce de Dieu s'est manifestée, salutaire. Mais pour
quoi, ô bienheureux Paul, as-tu renfermé en un seul mot tant de vertus ?
Découvre-moi les secrets de la grâce, dis-moi l'océan de ses bienfaits.
Il suffit pour en deviner la portée, dit-il, de songer à la bonté du donateur.
Du moment qu'il s'agit de la grâce de Dieu, la grâce n'a point de mesure.
La grâce de Dieu s'est manifestée, Dieu est devenu homme ; pour toi,
il a pris la condition d'esclave pour faire de l'esclave un être libre. De même
qu'un maître, qui aime bien son serviteur se revêt de son vêtement, ainsi
le Christ, par amour pour notre nature, s'est revêtu de son manteau :
«L'homme accorde la piété à son prochain ; Dieu l'étend à toute chair15».
Ainsi vous voyez comment il a démontré la grandeur de la grâce et l'uni
versalité du don en indiquant le donateur.
14. Voyons maintenant le sens du mot salutaire. Un don tire son nom
du donateur ; par exemple, si un prince accorde une grâce, on la nomme
grâce princière ; si c'est un roi, grâce royale. Or comme c'est ici le Sauveur
qui est le donateur, la grâce est appelée salutaire. C'est pour cela que l'Ecri
turedit : « Tu appelleras son nom Jésus, parce que c'est lui qui sauvera
son peuple de ses fautes16 ».
15. Mais comment se fait-il, si la grâce est universelle et si (le Christ)
en a répandu le bienfait sur toute la terre, que le Christ est promis comme
sauveur uniquement à son peuple ? Le peuple juif était seul d'abord à être
le peuple de Dieu mais il n'est pas resté seul à garder ce privilège et après
que les Juifs se furent montrés indignes de cet honneur, cette appellation
a passé à toute la terre.
16. Que nous soyons, nous, le peuple de Dieu, écoutez Osée le dire et
Paul l'expliquer clairement : « Celui qui n'était pas mon peuple, je l'appelle
rai mon peuple1 7 ». Il est bien évident dans ce passage que cela s'applique
à nous : c'est nous, qui ne sommes pas son peuple, nous, qui sommes
devenus son peuple. Ecoutez ce texte encore plus clair : « Au lieu où on
leur disait : Vous n'êtes pas mon peuple, on leur dira fils du Dieu vivant18 ».
De quel lieu s'agit-il ? De la Judée, car là où les prophètes disaient : « Vous

15 Eccl. 18, 12 16 Matth. 1, 21 17 Os. 1, 9 = Rom. 9, 25


18 Os. 2, 1 = 1 Pierre 2, 10
UNE HOMÉLIE DE JEAN CHRYSOSTOME 129

λαξεν της μανίας Φαραώ, νυν δέ της κατοχής του διαβόλου · τότε δια
Μωϋσέως, νυν δέ δια του Μονογενούς · τότε δια ράβδου, νυν δέ δια σταυρού *
τότε δια θαλάσσης ερυθράς, νυν δέ δια λουτρού παλιγγενεσίας * τότε άπό
122» πηλού" και πλινθείας έξήγαγεν, | νυν δέ άπο θανάτου και αμαρτίας · τότε
εις γήν ρέουσαν γάλα και μέλι, νυν εις βασιλείαν ουρανών είσήγαγεν.
13. "Οντως επεφάνη ή χάρις τον Θεον σωτήριος. Άλλα τίνος ένεκεν,
ώ μακάριε Παΰλε, τοσαυτα κατορθώματα παρέδραμες ένί ρήματι ; Άνακά-
λυψόν μοι τήν χάριν, είπε μοι το πέλαγος τών δωρεών. Άρκεΐ πάντα παρα-
στήσαι, φησίν, ή του δεδωκότος φιλανθρωπία · δταν γαρ Θεοΰ χάρις ή,
ουκ έχει μέτρον ή χάρις. 'Επεφάνη ή χάρις τον Θεον, 6 Θεός άνθρωπος
έγένετο, δια σέ μορψην δούλου Ιλαβεν, ίνα ελεύθερον ποίηση τον δουλον.
123 | Και καθάπερ δεσπότης, σφόδρα φιλών οίκέτην, το ίμάτιον αύτοΰ περι
βάλλεται, ούτω και ό Χριστός, φιλών τήν φύσιν τήν ήμετέραν, το ίμάτιον
αυτής περιεβάλετο. 'Ανθρώπου μέν έλεος επι τον πλησίον αντον, τον δε
Θεον το αλεος επι πασαν σάρκα. Είδες πώς και το μέγεθος έ*δειξεν τής
χάριτος και το καθολικον τής δωρεάς, τον δεδωκότα ειπών ;
14. Άλλα τίς έστιν σωτήριος ιδωμεν. Αι χάριτες άπό τών διδόντων
τα ονόματα λαμβάνουσιν, οίον δταν άρχων δω χάριν, αρχοντική καλείται
χάρις, δταν βασιλεύς δω χάριν, βασιλική καλείται χάρις · έπεί οδν και
123ν ενταύθα δ Σωτήρ έδωκε τήν χάριν, σωτήριος ή χάρις λέγεται. | Δια τοΰτο
γάρ φησιν · Και λέγεις το όνομα αύτοΰ Ίησοϋν, δτι αυτός σώσει τον λαόν
αντον από τών αμαρτιών αυτών.
15. Και πώς, φησίν, ει καθολική χάρις εστίν καί εις τήν οίκουμένην
έξέχεεν τήν δωρεάν, τον λαον αύτοΰ μόνον σφζειν έπηγγείλατο ; Ό γαρ
ιουδαϊκός μόνος οδτος έχρημάτιζεν δήμος έμπροσθεν, άλλ'ούκ έμεινεν
μόνος ούτος χρηματίζων · άλλ' επειδή μετά ταΰτα ανάξιοι της τιμής ευρέθη
σαν,μετέβην προσηγορία εις τήν οίκουμένην πασαν.
16. "Οτι γαρ λαός αύτοΰ ημείς, άκουσον σαφώς του Ώσηέ λέγοντος καί
124 του Παύλου έρμηνεύοντος · | Καλέσω τον ου λαόν μου λαόν μου. Καί δτι
περί ημών είρηται δήλον εκείθεν * ήμεΐς έσμεν οι ού λαός, ήμεΐς έγενόμεθα
λαός. Καί έτερον δέ τούτου σαφέστερον άκουσον · Και εσται εν τω τόπω
ού ερρήθη αντοΐς ού λαός μου, νμεΐς εκεί κληθήσεσθε υίοι Θεοϋ ζώντος.
Ποίω τόπω ; Έν τη 'Ιουδαία φησίν * εκεί γαρ οι προφήται ελεγον ού λαός
μου, καί εκεί τοις μαθηταΐς ε"λεγεν ό Χριστός * Εις δδόν εθνών μή εισέλθητε,
130 A. WENGER

n'êtes pas mon peuple », là le Christ a dit à ses disciples : « N'allez point
sur la route des Gentils19 ». Et dans cette même Judée, il a déclaré à nou
veau : « Allez, enseignez toutes les nations20 ». Vous voyez ainsi comment
au lieu où il leur fut déclaré : « Vous n'êtes pas mon peuple », là même
ils furent appelés fils du Dieu vivant. C'est pourquoi l'évangile dit : « II
sauvera son peuple de ses péchés21 ».
17. Elle est grande, en vérité, l'œuvre du salut ; en effet être délivré de
la mort est moins grand qu'être délivré du péché. Car par le péché est
venue la mort22 et non pas le péché par la mort ; d'où vous pouvez conclure
que la délivrance du péché est une œuvre plus grande et que, une fois le
péché détruit, la mort n'est plus à craindre. Voyez-le dans ce qui est arrivé
au corps du Seigneur. 18. Ce corps n'a pas commis le péché23 et lorsqu'il
tomba au pouvoir de la mort, il infligea à la mort une douleur atroce et lui
déchira les entrailles ; non seulement il ne fut pas absorbé par la mort mais
il a détruit la mort à jamais. De même que Daniel en jetant dans la gueule
du dragon une bouchée de pain a détruit la bête24, de même le Christ en
jetant sa chair dans la gueule de la mort a déchiré les entrailles de celle-ci.
Le péché, en effet, est l'aiguillon de la mort25. En lui ôtant l'aiguillon, il
a laissé la bête sans force à l'avenir.
19. Mais voici encore un point à examiner : Pourquoi donc, après avoir
dit : « La grâce de Dieu s'est manifestée, principe de salut », a-t-il ajouté :
« Elle nous enseigne26 ». La grâce, semble-t-il, n'enseigne pas ; elle remet
les péchés, accorde le pardon, elle ne donne pas une leçon. Ce mot d'édu
cation ne doit pas vous effrayer. Il y a une éducation qui est peine, il y a
une éducation qui est enseignement. « Le Seigneur châtie celui qu'il aime
et il frappe de la verge tout fils qu'il reconnaît pour sien27 ». Voilà l'édu
cation qui est peine. Ecoute, ailleurs, comment l'éducation est enseignement :
« Heureux l'homme que tu instruis, Seigneur, et à qui tu donnes l'ense
ignement de ta loi28 ». Voilà l'aspect sous lequel s'est manifestée la grâce
salutaire de Dieu pour nous enseigner.
20. Comment donc la grâce enseigne-t-elle ? La grâce remet les péchés
mais dans le pardon même des fautes il y a une leçon de vertu. Car chez les
hommes qui se gouvernent par la raison, les leçons appuyées de coups de
fouet ont pour beaucoup moins d'emprise que le pardon des fautes. La
seule vue de la bonté qui pardonne rend le délinquant plus zélé pour un
effort futur. C'est ainsi que la grâce éduque le pécheur, en lui inspirant la

19 Matth. 10, 5 20 Matth. 29, 28 21 Matth. 1, 21 22 Cf. Rom. 5, 12


23 Cf. 1 Pierre 2, 22 24 Cf. Dan. 14, 23-28 25 1 Cor. 15, 56
26 Tite2, 11 27 Hébr. 12, 16 28 Ps. 93, 12
UNE HOMÉLIE DE JEAN CHRYSOSTOME 131

άλλ'έν αύτη τη 'Ιουδαία πάλιν είπεν · Πορενθέντες μαθητεύσατε πάντα


τα έθνη. Είδες πώς εν τω τόπω οδ έρρήθη αύτοΐς ού λαός μου, εκεί έκλή-
124* θησαν υίοΐ Θεού ζώντος ; Δια τοΰτό φησιν · Αυτός σώσει τον λαόν | από των
αμαρτιών αυτών.
17. Μεγάλη σωτηρία βντως * ουδέ γαρ ούτω μέγα άπαλλαγηναι θανάτου
ώς μέγα άπαλλαγηναι αμαρτίας * δια γαρ την άμαρτίαν 6 θάνατος, ού δια
του θανάτου ή αμαρτία. ΚαΙ ίνα μάθης δτι αΟτη μείζων ή απαλλαγή καί,
ταύτης άνηρημένης, ούκ έστιν φοβέρας ό θάνατος, άπ'αύτοΰ σκοπεί τούτο
του δεσποτικού. 18. Το γάρ σώμα εκείνο άμαρτίαν ουκ εποίησεν, καί
έμπεσών εις τον θάνατον ώδΐνας αύτω πίκρας ήγειρεν καί διέρρηξεν αύτοΰ
τήν γαστέρα * καί ού μόνον ού κατεπόθη, άλλα καί ή φάνισεν αυτόν εις
τέλος. Καί καθάπερ ό Δανιήλ, μάζαν7 εις το στόμα του δράκοντος έμβαλών,
125 διέφθειρεν | το θηρίον, οΰτω καί ό Χριστός, τήν σάρκα τήν έαυτοΰ εις το
στόμα του θανάτου ρ'ίψας, διέσχισεν αύτοΰ τήν γαστέρα * καί γαρ κέντρον
θανάτου η αμαρτία. Άνελών τοίνυν το κέντρον, εϊασεν λοιπόν τό θηρίον
άνενέργητον8.
19. Άλλα καί τό ζητούμενον εκείνο έστιν · τί δηποτουν ειπών έπεψάνη
ή χάρις του Θεοϋ σωτήριος, έπήγαγεν παιδεύουσα ημάς. Ή γαρ χάρις
ού παιδεύει9, άλλα άφίησιν αμαρτήματα · συγγνώμην δίδωσιν, ού παι-
126 δείαν επάγει. Άλλα μή φοβηθης τό βνομα της παιδείας · | Ιστιν παιδεία
κόλασις καί εστίν παιδεία διδασκαλία · *Ον γαρ αγάπη. Κύριος παιδεύει -
φησίν - μαστιγοΐ δε πάντα υίόν δν παραδέχεται. Ένταΰθα παιδεία ή
κόλασίς έστιν. "Ακουσον άλλαχοΰ πώς ή παιδεία διδάσκαλος έστιν * Μακάρ
ιος άνθρωπος δν αν παίδευσης, Κύριε, και έκ τοϋ νόμου σου διδάξεις αυτόν.
Κατά τούτο τοίνυν έπεφάνη ή χάρις τοϋ Θεοϋ σωτήριος, παιδεύουσα ημάς.
άλλ*
20. Καί πώς διδάσκει ή χάρις ; Ή γαρ χάρις αμαρτήματα άφίησιν,
αΰτη ή άφεσις τών αμαρτιών διδασκαλία κατορθωμάτων εστίν · καί γαρ
επί τών ανθρώπων τόν νουν εχόντων ούχ οΰτω μάστιγες καί πληγαί παι-
δεύουσιν πολλούς10 ώς αμαρτημάτων συγχώρησις. "Οταν γουν £δη τήν
126ν φιλανθρωπίαν του συγχωρήσαντος, | ό ήμαρτηκώς εαυτόν άκριβέστερον
ποιεί προς τα μέλλοντα κατορθώματα. Καί οΰτως αυτόν παιδεύει ή χάρις,

7 μάζαν om. Ρ 8 νεκρόν Ρ 9 παιδεύει + άλλα δημηγορεΐ Ρ


10 πολλούς om. Ρ
132 A. WENGER

componction mieux que les férules : il rougit, il a honte de retomber dans


les mêmes fautes, il est confus de la grandeur de la générosité du bienfai
teur et ainsi la grâce fait son œuvre d'éducation.
21. Voulez-vous apprendre d'une autre façon qu'il y a une grâce qui est
enseignement, et comment le Christ a donné la grâce en même temps que
l'enseignement ? Il vit le paralytique, il raffermit ses nerfs, il guérit l'infi
rmitéde sa nature et rétablit son corps dans sa santé première ; puis le
revoyant quelque temps après, il lui dit : « Voici que tu es guéri », voilà
la grâce ; « ne pèche plus29 », voilà le propre de l'éducation et de l'ense
ignement. Ensuite il a remis aux apôtres ce double ministère. En leur disant :
« Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père, du Fils et du Saint-
Esprit », il indiqua l'œuvre de la grâce, qui est rémission des péchés ;
en ajoutant : « Enseignez-leur à observer tous les commandements que je
vous ai donnés30 », il proposa l'œuvre d'éducation. Voilà ce que Paul
nous montre en disant : « La grâce de Dieu s'est manifestée, salutaire et
éducatrice ».
22. De tout cela remercions Dieu et gardons continuellement présent à
l'esprit le souvenir de cette grâce. Que nous soyons tentés par l'orgueil
ou que nous ayons bon courage, la grâce nous enseignera la juste mesure.
Quand on pense que le maître des anges, Dieu (le Fils) assis sur le même
trône que le Père, a pris la forme de l'esclave, on ne peut plus jamais laisser
la colère ou l'emportement s'établir dans l'âme.
23. C'est donc en ce sens que Paul aussi nous instruit dans l'humilité,
montrant que c'est en cela même que consiste la grâce de l'enseignement ;
et pour cela il mentionne d'abord la grâce. Dans quel texte ? Dans la
lettre aux Philippiens ; quand il veut les exhorter à se concéder mutuelle
ment la première place, il leur donne ce conseil : « Grâce à la modestie,
dépassez- vous mutuellement comme serviteurs les uns des autres31 ». Puis
il fait découler cet enseignement de la grâce et dit : « Ayez en vous les mêmes
sentiments dont Jésus-Christ était animé : bien qu'il fût dans la condition
de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu, mais il s'est
anéanti lui-même en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable
aux hommes et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui, il s'est
abaissé lui-même32 ».
24. Vous voyez ! En mentionnant la grâce, il a qualifié son action d'en
seignement. De même, lorsqu'il veut nous exhorter à la charité, il fait appel

29 Jean 15, 14 30 Matth. 28, 19 31 Phil. 2, 3 (texte modifié)


32 Eph. 5, 2
UNE HOMÉLIE DE JEAN CHRYSOSTOME 133

μαστιγών μάλλον κατανύττουσα1 1 * έρυθριόρ γάρ καΐ αίσχύνεται πάλιν τοις


αύτοΐς περιπεσειν, δυσωπεΐται το μέγεθος της δωρεάς του εύεργετήσαντος
και γίνεται παίδευσις ή χάρις.
21. Βούλει μαθεΐν και έτέρωθεν πώς και χάρις εστίν και παίδευσις, πώς
και έχαρίσατο και έπαίδευσεν 6 Χριστός ; Εϊδεν τόν παραλελυμένον,
συνέπηξεν αύτου τα νεΰρα, διωρθώσατο της φύσεως αύτοΰ την άσθένειαν,
έπανήγαγεν προς τήν προτέραν ύγείαν τό σώμα, είτα ύστερον ίδών αυτόν
127 Ιλεγεν * Ίδον υγιής γέγονας \ - τοΰτο χάρις - μηκέτι άμαρτάνει, τούτο
παιδείας και διδασκαλίας. Και τοις μαθηταΐς αμφότερα ένεχείρισεν *
ειπών μέν γαρ πορευθέντες βαπτίζετε πάντα τα έθνη εις τα δνομα τον
πατρός και τον νιου και τον αγίον πνεύματος, τήν χάριν έδήλωσεν, τήν
άφεσιν των παραπτωμάτων * έπαγαγών δέ διδάσκοντες αντονς τηρεϊν
πάντα δσα ενετειλάμην νμΐν, τήν παιδείαν ένέφηνεν. rtA δή καΐ ό Παύλος
δηλών Ιλεγεν · Έπεφάνη ή χάρις τον Θεον σωτήριος, παιδεύουσα ημάς.
22. *Τπέρ δέ τούτων άπατων ευχαριστήσω μεν τφ Θεώ και δια παντός
127ν Ιχωμεν δια μνήμης τήν χάριν ταύτην · | καν τετυφωμένος ής12, καν εύθυμης,
παιδεύσει σε ή χάρις μετριάζειν. "Οταν γαρ έννοήσης δτι ό τών αγγέλων
δεσπότης, Θεός ο σύνθρονος του πατρός, δονλον μορφήν Ιλαβεν, ού δυνήση
ποτέ οργής ή άπονοίας πάθος κατασχεΐν εν τη ψυχή. 23. Οοτω γουν καί
Παύλος παιδεύει εν ταπεινοφροσύνη ήμας, δεικνύς δτι τούτο αυτό χάρις
εστίν και διδασκαλία * διό και της χάριτος άναμιμνήσκει πρότερον. Και
που τοΰτο ποιεί ; Φιλιππησίοις γράφων και βουλόμενος αυτούς πεΐσαι
παραχωρεΐν άλλήλοις τών πρωτείων, ούτως συνεβούλευσεν · Tfj ταπει-
128 νοφροσννγ) άλλήλονς προηγούμενοι υπηρετας εαυτών. \ Εϊτα τήν διδασκα-
λίαν από της χάριτος έπήγαγεν ειπών * Τοντο γαρ - φησίν - φρονείσθω
εν νμΐν δ κάί εν Χριστώ Ίησοϋ, δς εν μορφή Θεον υπάρχων ούχ αρπαγμον
ήγήσατο το είναι ϊσα Θεώ, άλλ'έαυτόν εκένωσεν, μορφήν δούλου λαβών ' και
σχηματι ενρηθεις ώς άνθρωπος εταπεινωσεν εαυτόν.
24. Είδες πώς τήν χάριν εις μέσον άγαγών διδασκαλίαν το πράγμα
έκάλεσεν ; Οοτω, και Οταν εις άγάπην προτρέπηται13, ποιεί, της χάριτος
άναμιμνήσκων και λέγων * Καθώς ο Χριστός ήγάπησεν ημάς και παρέδωκεν

11 κατανύττουσα Ρ : κατανοίγουσα (num κατανυγεΐσα ?) S


12 και απονενοημένος add. Ρ 13 προτρέπηται om. Ρ
134 A. WENGER

à la grâce : de même que le Christ nous a aimés et s'est livré pour nous,
de même aimez-vous les uns les autres33. Laissons-nous donc instruire par
la grâce et remercions Dieu dans sa bonté pour le don qu'il nous a fait et
pour l'enseignement qu'il nous donne par sa grâce : délivrés de nos fautes
passées, nous trouvons dans le pardon de ces fautes la meilleure assurance
de nos progrès futurs.
25. Ainsi, comme en un miroir — qui est l'enseignement de la parole —
examinons en détail notre propre vie et redressons les manquements de
notre conduite. Vois ce que font les gens assis chez le coiffeur : après la
coupe des cheveux, ils prennent le miroir de la main droite et inspectent
tout autour si aucune erreur de coupe ne dépare leur tête. Fais comme eux
toi aussi : prends comme miroir l'enseignement de la parole ; d'après cet
enseignement examine toute ta vie et si tu constates qu'une faute s'est
produite, corrige-la immédiatement toi aussi. 26. Ainsi font de leur côté
les femmes : aussitôt levées du lit, elles se nettoient le visage, remettent en
ordre leur chevelure et c'est en regardant le miroir qu'elles passent en revue
la beauté de leur aspect jusqu'à éliminer toute négligence. Pour ta part,
avec le miroir de l'enseignement, modèle d'après l'image la beauté de l'âme,
car tu as aussi un époux auquel tu dois plaire. De même que les femmes
n'ont rien de plus pressé que cette opération, de même toi n'estime rien
au-dessus de ce soin : même si tu vois toute la maison en désordre, avant
tout cherche à plaire à l'époux et après tu pourras mettre le reste en ordre.
Que tu aies toi aussi un époux, écoute, c'est Paul qui le dit : « Je vous ai
fiancés à un époux unique pour vous présenter au Christ comme une
vierge34 ». Plus grande est la dignité de cet époux, plus grand doit être
notre souci de lui plaire, car lui, il regarde à la beauté de l'âme et c'est
l'âme qu'il désire voir soigner son aspect. En effet « toute la gloire de la
fille du roi est à l'intérieur35 ».
27. Parons-nous donc de cette gloire, afin de nous présenter tous en
cette tenue au roi de gloire et d'obtenir la récompense éternelle et immorte
lle, par la grâce et la bonté de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui appart
ientla gloire avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours et
dans les siècles des siècles. Amen.

33 Cf. Jean 13, 34 et Col. 2, 20 34 2 Cor. 11, 2 35 Ps. 44, 14


UNE HOMÉLIE DE JEAN CHRYSOSTOME 135

εαυτόν νπερ ημών, ούτως καΐ ύμείς αγαπάτε αλλήλους. Παιδευθώμεν


τοίνυν άπό της χάριτος και ευχαριστήσω μεν τφ φιλανθρώπω Θεφ και δια
128* τήν γενομένην | εις ήμας δωρεάν και δια την εκ της χάριτος διδασκαλίαν,
δτι και των προτέρων αμαρτημάτων άπηλλάγημεν καΐ προς τα μέλλοντα
κατορθώματα μεγίστην έ'χομεν άσφάλειαν των αμαρτημάτων την άφεσιν.
25. Και καθάπερ εν κατόπτρω, τη διδασκαλία του λόγου, τόν βίον τον
ήμέτερον κατανόωμεν μετά ακριβείας και ρυθμίζωμεν τα ήμελημένα των
πράξεων. Και δπερ εν τοις κουρίοις καθεζόμενοι ποιοΰσιν άνθρωποι μετά
το την τρίχα άποκείρασθαι της κεφαλής, τό κάτοπτρον τη δεξιά κατέχοντες,
129 περισκοπούμενοι | μήπου τι κατά τήν κουραν αμάρτημα γέγονεν τη κεφαλή,
κατά τούτων καΐ σύ ποίησον * καθάπερ κάτοπτρον τήν διδασκαλίαν του
λόγου λαβών, άπ* αυτής σου τον βίον θεώρει πάντα, κάν ϊδης αμάρτημα τι
γεγενημένον, ευθέως διόρθωσαι. 26. <0ΰτω14 και αϊ γυναίκες ποιοΰσιν * άπό
γάρ της εύνής ευθέως διανιστάμεναι, τήν τε δψιν άποσμήχουσιν και τήν
τών τριχών κόμην διατιθέασιν, και προς το κάτοπτρον βλέπουσαι, του
κάλλους της βψεως οδτω τήν δοκιμασίαν15 ποιούνται, ώστε μηδέν ήμελημέ-
νον παραδραμεΐν>. Και σύ τοίνυν λαβών τδ κάτοπτρον της διδασκαλίας,
μόρφωσον και τύπωσον τό κάλλος της ψυχής · <ε*χεις γαρ άνδρα καΐ σύ
φ μέλλεις άρέσκειν * ώσπερ έκεΐναι ουδέν πρό του έργου τούτου ποιούνται,
οΰτω και σύ μηδέν ταύτης προτίμα της σπουδής, άλλα κάν άπασαν τήν
οίκίαν ήμελημένην ϊδοις, πρότερον άρεσον τφ άνδρί, και τότε τα άλλα
διάθες καλώς. "Οτι γαρ &χεις άνδρα και σύ, άκουσον του Παύλου λέγοντος *
'Ηρμοσάμην νμας ενί άνδρϊ παρθένον παραστησαι τω Χριστώ. "Οσω δέ
μείζων του ανδρός τούτου ή αξία, τοσούτω μείζονα παρ'ήμών γενέσθαι
χρή τήν σπουδήν * ό γαρ εις κάλλος βλέπει ψυχής και ταύτην βούλεται
καλλωπίζεσθαι τήν βψιν. Πάσα γαρ ή δόξα της θυγατρος τον βασιλέως
εΌωθεν.>
27. Ταύτην16 τοίνυν τήν δόξαν καλλωπίζωμεν, ?να μετά ταύτης άπαντες
τφ βασιλεΐ της δόξης <παραστήσαντες> της αιωνίου και αθανάτου τύχωμεν
τιμής * χάριτι17 και φιλανθρωπία του κυρίου ημών Ίησου Χρίστου, μεθ'οδ
τφ Πατρί ή δόξα σύν άγίω Πνεύματι, νυν καΐ άεί και εις τους αιώνας
τών αιώνων * αμήν18.

14 cap. 26 (partes uncis inclusas) add. Ρ 15 δοκίμασιν sic Ρ


16 Ταύτην - τιμής ut Ρ : ταύτην δέ τήν δόξαν καλλωπίζωμεν, ϊνα μετά ταύτης αΐω-
νίου καΐ αθανάτου τύχωμεν τιμής S 17 χάριτι - αμήν ut S : χάριτι του κυρίου ημών
Ί. Χ., φ ή δόξα καΐ τό κράτος εις τους αιώνας * αμήν Ρ 18 του Χρυσοστόμου είς
τά Θεοφάνια suscripsit S

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